Avril 1932. Les soucis mondiaux s'étendent.
 
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 Derniers jours à Gray

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MessageSujet: Derniers jours à Gray   Derniers jours à Gray EmptyMer 17 Jan - 18:30

Cette fin de trimestre aura été plus rapide et houleuse que prévue. Enfin, au moins, les élèves pourront retrouver bientôt un environnement plus serein et protégé qu’ici, c’était déjà ça. Estelle soupira en voyant ce qui restait de l’école, au loin, puis referma la fenêtre de la chambre. Tous les matins, elle aérait la maison. En ce moment, c’était le grand ménage avant le déménagement, à partir de janvier, elle partira avec ses enfants, juste avant la rentrée. Gray allait beaucoup lui manquer, ce village était très agréable à vivre, le lac et la forêt n’étaient pas loin, pour faire de longues balades, et elle avait aussi pas mal d’amis, dans le coin. Heureusement, ses fils étaient encore trop petits pour aller à l’école, pas d’amis à quitter. Elle redescendit les escaliers et sourit au passage à Wyatt qui était occupé à jouer sur le tapis avec des cubes en bois. Son petit frère dormait paisiblement dans un berceau en osier et en bois, dans la salle à manger, enveloppé dans sa couverture. Il était encore très petit et passait la majorité du temps à dormir, alors que son grand frère pouvait commencer à courir partout. Estelle commença par tirer la rallonge de la la table pour que tout le monde puisse s’y tenir à l’aise, puis ajouta une longue nappe, d’un rouge sombre.

Elle devait recevoir ses collègues et amis, ce midi, un repas de détente, si on peut dire, avant que chacun ne parte à ses propres préoccupations pour les vacances de Noël. Céleste et Cyprien avaient prévu de partir quelques jours avec le petit Lucas, d’après ce qu’elle avait compris. Marie rejoignait son mari à Strasbourg, avec leur fille, pour passer les fêtes chez ses beaux-parents. Eugène avait prévu de rester sur Gray avec son fils et de préparer son déménagement, tout comme Estelle d’ailleurs. Quelques cartons étaient déjà faits et entreposés dans le salon, elle s’en servait pour délimiter un espace de jeux pour les enfants. Passant en cuisine, elle enfila un tablier puis prépara tout d’abord des amuses-bouches pour l’apéritif, mettant aussi le jus d’orange au frais, pour les enfants. Recevoir des gens chez soi n’était pas à négliger ! Elle passa une bonne heure à préparer ce qu’il fallait pour l’apéritif, puis s’occupa du plat en lui-même. Pour Wyatt et pour la petite Cassandre, respectivement âgé de un et trois ans, elle allait faire cuire des pâtes et avait acheté du jambon blanc chez le boucher, hier. Lucas et Bruno étaient tous les deux assez grands pour manger comme leurs parents. Elle avait prévu en entrée une salade de légumes et de riz, à la vinaigrette, puis du veau en ragoût, avec des pommes de terre et carottes. Enfin, en dessert, il y avait une tarte aux pommes.

Un peu avant midi, on sonna à la porte et elle fila ouvrir, faisant entrer Céleste et Cyprien, avec le petit, tout sourire. Elle leur prit leurs manteau pour les accrocher et leur dit d’avancer, ils étaient les premiers arrivés. Wyatt était venu d’un pas encore un hésitant pour regarder les intrus, avec de grands yeux écarquillés, sa peluche contre lui. Sa mère le regarda et il lança « Bonjour ! » d’une petite voix. Bien ! La politesse, mon chéri, c’est très important. Elle leur fit la bise et se pencha pour embrasser aussi le petit Lucas. Chris choisit juste ce moment pour se réveiller et commencer à pleurer dans son berceau. Sa mère faillit éclater de rire en voyant Wyatt courir aussitôt à côté et essayer de voir en se hissant sur la pointe des pieds, mais il était encore trop petit. Elle alla chercher son bébé, tout en disant à ses invités de s’asseoir, le berçant doucement et vérifiant s’il devait être changé. Il avait simplement dû faire un mauvais rêve. Par contre, il sera bientôt l’heure du biberon, elle devait le préparer. Après l’avoir reposé dans le berceau, sa mère alla prendre la boîte en fer où elle gardait la poudre de lait puis mit un biberon dans une casserole d’eau bouillante pour le nettoyer et stériliser.

Estelle – Si vous avez froid, je peux mettre la cheminée, sourit-elle.

On sonna une minute plus tard et elle alla ouvrir. Marie entra en saluant tout le monde, portant sa fille dans les bras. Cassandre semblait toute timide, s’accrochant à sa mère en mettant son poing contre sa bouche. La petite n’était pourtant pas farouche, il lui arrivait souvent de courir dans les couloirs de l’étage du personnel et des professeurs, au pensionnat. En tout cas, Wyatt l’avait tout de suite adoptée comme une camarade de jeu potentielle et la tira avec li par la main pour l’emmener jouer. Leur collège était sur son trente-et-un, comme d’habitude. D’aussi loin qu’elle se souvienne, Estelle l’avait toujours vue impeccable, bien coiffée, maquillée, jamais un pli en trop. Elle lui disait de s’asseoir lorsque le dernier invité arriva, Eugène et son fils, Bruno. Au contraire de Marie qui affichait toujours couleurs éclatantes et un rouge à lèvres vif, lui ne portait que des costumes marrons ou noirs, qui lui donnaient des airs de banquier ou de notaire. Il était l’un des rares à ne pas dormir le soir à l’école et c’était pour ça que tout le monde ne connaissaient son fils que de nom mais ne l’avaient jamais vu.

Eugène – Je vous présente mon fils, Bruno, il a neuf ans. Dis bonjour, mon chéri.

Le petit garçon n’était pas bien grand et aussi pâle que son père, avec des yeux d’un bleu à en faire pâlir le ciel lui-même. Estelle avait été un peu surprise que leur collègue réponde favorablement à l’invitation, il n’était guère du genre à se mêler au groupe et ne parlait presque jamais, menant sa classe et ses occupations dans son coin. C’était peut-être à cause de son don, on racontait que les personnes possédant la glace comme élément de naissance étaient plus isolés et renfermés que que quiconque d’autre. Eugène correspondait bien à cette réputation. Il n’était pas méchant ni méprisant, simplement en retrait et toujours très silencieux. Une fois tout le monde assis, Estelle servit l’apéritif, du jus d’orange pour les enfants, du porto pour eux, apportant aussi ce qu’elle avait préparé à grignoter. Dans le même temps, elle termina de préparer le biberon de Chris. Marie s’était arrêtée pour le regarder, avec un très large sourire attendri, avant de s’asseoir à son tour.

Estelle – Ton mari ne peut pas venir, du coup ?

Marie – Non, il ne peut pas quitter Strasbourg avec la préparation du concert de Noël. Je pars demain avec la petite pour le rejoindre, on passe Noël chez ses parents. Tu comptes partir, Eugène ?

Eugène – Non, je dois voir le couple qui va racheter ma maison, avant le vingt-cinq, puis nous allons déménager.

La jeune mère n’y songeait que maintenant, mais leur collègue devait être soit divorcé, soit veuf, il n’avait jamais évoqué sa femme et elle n’avait jamais abordé le sujet non plus, par politesse. Elle servit un verre à tout le monde et appela les deux petits pour qu’ils viennent boire quelque chose aussi. Il était rare qu’ils se retrouvent ainsi en dehors de l’école, avec leurs conjoints et enfants, pour se détendre, pourtant, c’était toujours agréable. Surtout en ce moment, après l’effondrement de l’école et plus encore la visite gouvernementale qui avait eu lieu la veille. Cela avait fait un tel foin ! D’un coup, ils avaient été envahis de policiers, avec leur nouveau gouvernement venu se féliciter de la fermeture de Sainte Famille, une école si dangereuse, et ainsi de suite. On s’en souviendra, de ce lundi… Eugène sourit tout à coup et leva son verre, un air ironique sur le visage.

Eugène – A notre chômage officiel, mes chers collègues ! Oh, et vous savez la dernière ? Emma était au pensionnat, hier, pour essayer de récupérer quelques unes de ses affaires, quand les types du gouvernement sont arrivés pour leur visite.

Son sourire cynique s’agrandit encore et Estelle attendit la suite avec une certaine appréhension. Leur jeune collègue, enseignant la maîtrise du vent, était très loin d’être la plus calme et sage d’entre eux tous, si elle avait croisé ceux qui s’acharnaient à faire tomber l’école et la résistance, ça avait dû très mal se passer.

Eugène – A ce qu’il semble, elle a pu mettre un coup de pied dans les bijoux de famille du premier ministre, avant de s’enfuir. Ils ont voulu l’arrêter et lui tirer dessus, c’était mal la connaître. Son don est fort, pour son âge, surtout avec la colère.

Pourquoi ça ne l’étonnait pas… La jeune mère en avait eu un brusque frisson de peur en entendant dire qu’on avait voulu lui tirer dessus, et en même temps, elle éprouvait une satisfaction sauvage à ce qu’elle ait pu frapper cet homme odieux, qui soutenait le nouveau président. Le petit Bruno demanda d’un ton innocent ce que c’était, les bijoux de famille, et son père sourit en lui disant qu’il lui expliquera plus tard. Hum, oui, il valait mieux, les quatre autres enfants présents dans cette pièce étaient encore plus jeunes et ne pouvaient pas entendre ça. Estelle alla prit le biberon de Chris puis son bébé dans ses bras, pendant que Marie souriait en répondant qu’elle était de plus en plus contente d’avoir Emma comme collègue.

Estelle – Qui sait où elle peut être rendue à cette heure. D’ailleurs, j’ai eu des nouvelles de Frédéric, l’autre jour, il semble qu’on va avoir de nouveaux collègues à la rentrée, il y a eu du recrutement parmi les résistants. Et aussi une infirmière en plus et un nouveau bibliothécaire. Je me demande à quoi ils ressemblent.
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Anonymous Invité
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MessageSujet: Re: Derniers jours à Gray   Derniers jours à Gray EmptyVen 19 Jan - 13:46

Comme toujours, leur collègue avait fait tous les efforts au monde, elle recevait toujours les gens, chez elle, avec le sourire et une très bonne odeur de cuisine qui flottait dans l’air. Il sourit tendrement en voyant le tout petit garçon de un an dire bonjour de sa petite voix, en se cachant à moitié derrière les jambes de sa mère, avant de repartir aussitôt en serrant sa peluche contre lui, courir vers son petit frère qui avait commencé à pleurer. En allant s’asseoir avec Céleste et le petit, il remarqua que des crayons étaient déjà faits et certains meubles débarrassés de tous objets, nettoyés et cirés. Un intérieur habituel, eux-mêmes avaient déjà faits pas mal de cartons et expédiés la plupart de leurs affaires. Les vêtements d’été, les jeux, les livres et certains objets, ainsi que des meubles, étaient déjà partis, il ne restait plus grand-chose dans l’appartement qu’ils occupaient au village, pour le moment. Ainsi, ils en envoyaient le maximum avant de partir quelques jours en vacances, puis feront partir le reste juste avant la rentrée. Il refusa d’un petit signe de tête lorsqu’Estelle proposa d’allumer la cheminée, en plus, ils avaient déjà assez chauds comme ça. Ils étaient à peine assis qu’ils se relevèrent pour faire la bise à Marie, lorsqu’elle entra avec sa fillette de trois ans dans les bras.

Cyprien se redressait, après s’être agenouillé pour embrasser la petite Cassandre, toujours aussi mignonnes avec ses yeux verts bien grands et ses couettes, lorsqu’un autre invité arriva, qui surprit considérablement le professeur. Leur collègue Eugène, qui enseignait la glace et la musique, était très loin d’être le plus sociable d’entre eux tous, il était même plus renfermé encore que Céleste, au sein du groupe, ce qui n’était pas peu dire. Il se reprit assez vite, néanmoins, saluant leur collègue et son fils, petit garçon aux yeux bleus très marquants, magnifiques, on pouvait le dire. Lucas allait avoir un camarade de jeux, avec un peu de chances, les repas et discussions entre adultes s’éternisaient toujours, ça leur fera du bien de s’amuser ensemble, comme le petit Wyatt et Cassandre s’amusaient déjà dans leur coin. Estelle servit du jus d’orange et du porto, apportant sur la table des assiettes entières de mignardises salées pour l’apéritif. Elle avait fait tout ça ce matin ?! Sachant qu’elle était seule avec deux enfants, dont un était encore tout bébé ? Impressionné, il s’assit à coté de Céleste, après avoir jeté un petit coup d’œil au bébé, dont le berceau était proche de la place où était assise sa mère, bien entendu.

Estelle – Ton mari ne peut pas venir, du coup ?

Oh, oui, le professeur de sciences avait complètement oublié que Marie s’était mariée, il y a quelques mois. Elle leur avait expliqué il y a déjà un moment que la naissance assez imprévue de sa fille avait repoussé le mariage, car ils avaient préféré garder leurs économies pour acheter de quoi s’occuper d’elle, bien évidemment. Il remercia Estelle lorsqu’elle fit passer une des assiettes, donnant de quoi grignoter à Lucas en lui disant au passage de ne pas en prendre trop car il n’aura plus faim ensuite. Ce serait dommage, en plus, de ne pas pouvoir apprécier pleinement la cuisine d’Estelle, elle s’y prenait toujours très bien. Cette femme était décidément l’archétype même de la bonne mère au foyer, comme on la décrivait dans les journaux et les magazines. Il se rappelait vaguement avoir parlé de son métier et le tout lui revint lorsqu’elle parla du concert qu’il devait préparer. Un musicien, c’était ça, soit chef d’orchestre, soit musicien connu, il ne savait plus exactement. Beaucoup allaient passer Noël en famille, comme ça, Eugène ajoutant aussi qu’il allait terminer de déménager. Il porta ensuite un toast avec un large sourire ironique, au moment où Cyprien comptait lui demander s’il allait racheter une maison ou s’il comptait vivre au sein du pensionnat avec son fils.

Eugène – A notre chômage officiel, mes chers collègues ! Oh, et vous savez la dernière ? Emma était au pensionnat, hier, pour essayer de récupérer quelques unes de ses affaires, quand les types du gouvernement sont arrivés pour leur visite.

Le professeur imagina aussitôt le pire, connaissant bien le caractère légèrement enflammé et rebelle de leur toute jeune collègue. Elle ne supportait pas l’autorité, ou très mal et seulement dans les cas d’urgence, et détestait ce nouveau gouvernement, elle en s’en était jamais cachée. Si elle était tombée sur ceux qu’elle jugeait comme responsable de tous les drames et de la mort des élèves depuis un an… Estelle aussi semblait craindre le pire, tout comme Marie, leurs expressions parlaient pour elles.

Eugène – A ce qu’il semble, elle a pu mettre un coup de pied dans les bijoux de famille du premier ministre, avant de s’enfuir. Ils ont voulu l’arrêter et lui tirer dessus, c’était mal la connaître. Son don est fort, pour son âge, surtout avec la colère.

Cyprien ne put s’empêcher de lâcher un rire nerveux, imaginant parfaitement bien sa jeune collègue s’adonner à ce genre d’activité, tout en soupirant longuement. Bien, ça, c’était fait ! Elle les avait tous vengés, même si ce n’était sans doute pas son intention première, et un coup dans les parties, ça faisait horriblement mal. Lucas n’avait pas l’air d’avoir compris, pas plus que le petit Bruno qui n’avait pas encore dix ans, mais soit, ils étaient encore un peu petits pour qu’on leur explique. Marie murmura qu’elle était vraiment contente d’avoir Emma comme collègue, de plus en plus. Oui mais si les autres avaient essayé de lui tirer dessus… Elle n’avait pas été blessée ? Cyprien ne s’était jamais très bien entendu avec elle, principalement à cause de son caractère et comportement, malgré tout, ils étaient collègues et elle était encore toute jeune, il n’aimerait pas entendre qu’elle se soit fait tuer, arrêter ou il ne savait quoi encore. Et dire que tout le monde s’était demandé pourquoi elle n’avait pas disparu avant, pour rejoindre la résistance… Ah, Emma, la petite Emma, elle avait un sacré cran, il fallait bien l’admettre.

Estelle – Qui sait où elle peut être rendue à cette heure. D’ailleurs, j’ai eu des nouvelles de Frédéric, l’autre jour, il semble qu’on va avoir de nouveaux collègues à la rentrée, il y a eu du recrutement parmi les résistants. Et aussi une infirmière en plus et un nouveau bibliothécaire. Je me demande à quoi ils ressemblent.

Cyprien – Il aura fallu attendre que l’école soit cachée pour qu’on ait enfin plus de collègues, sourit-il en buvant un peu. Ça fait déjà des mois qu’on est en sous-effectifs complet ! Les classes sont surchargées depuis trop longtemps. S’ils ont recrutés parmi les résistants, on peut-être imaginer des types baraqués, ou durs, genre les militaires ?

Eugène – Les personnes qui ont l’air normales sont souvent celles dont il faut le plus se méfier. Regarde Emma, elle fait à peine un mètre soixante et elle est aussi grosse que mon petit doigt. On aura bien une réunion de pré-rentrée où tout le monde sera présenté, de toute façon ?

Oh, sûrement, oui. Il hocha la tête tout en avalant ce qu’il avait dans la bouche, buvant un peu. De son côté, le jeune Bruno commençait visiblement à s’ennuyer et avait fait le tour de la table pour venir tirer Lucas par la main et lui dire de venir jouer avec lui. De leur côté, les spéculations sur les caractères et apparences de leurs futurs nouveaux collègues allaient bon train, accompagnés de ce qu’ils imaginaient être leurs compétences plus spéciales, pour leur place dans la résistance. L’image créé ressemblait assez à celle du gentleman cambrioleur, défenseur de la veuve et de l’orphelin, ce qui était sûrement très loin de la réalité. Marie imaginait un genre de guerrier solitaire et sombre, engagé pour défendre les jeunes enfants, et qui allait leur faire un grands discours à la rentrée sur le courage et l’honneur en combat. Leurs futurs collègues devaient en avoir les oreilles qui sifflent. Plus sérieusement, c’était rassurant de savoir que l’équipe allait être renforcée et surtout, que ces hommes et femmes seront prêts à défendre l’école coûte que coûte, ainsi que les élèves. Au fait, s’ils changeaient aussi de bibliothécaire, où était passée Eva ? Il posa la question pour savoir si quelqu’un pouvait bien avoir la moindre idée. Personne n’était proche de celle dont les élèves étaient tous convaincus qu’elle était un vampire, on ne savait même pas pourquoi elle était venue travailler au pensionnat.

Marie – La dernière fois que je l’ai vue, c’est lorsqu’on récupérait tous les affaires qu’on pouvait, à l’école. Elle ne disait rien, comme d’habitude, c’est impossible de deviner à quoi elle peut bien songer. Je me suis toujours demandé ce qu’elle a bien pu vivre, par le passé.

Ils ne sauront jamais, maintenant, et même si quelqu’un lui avait posé la question, Cyprien était sûr qu’elle n’aurait pas répondu. Ils spéculèrent aussi sur le futur maître de la bibliothèque, le ou la, d’ailleurs, puis parlèrent de ceux déjà présents et qui continuaient dans la prochaine école. Au niveau des professeurs, le coup avait été violent, beaucoup avaient démissionné, dans le meilleur des cas, il restait à peine un professeur par matière, ce qui n’était clairement pas assez. Valentin et Daniel restaient, ça, on était certains. Xiao-Hong aussi, plus Kimmitsu, qui gardait sans doute son poste de sous-directeur avec. En Français, deux démissions, Frédéric était seul pour cette matière, sauf si un des nouveaux enseignait aussi le Français. Eugène était l’unique prof pour l’élément glace, mais ça, ce n’était pas gênant, il y avait très peu d’élèves possédant cet élément. C’était déjà plus emmerdant pour Alice, qui se retrouvait seule avec ses élémentaires feu. Plus personne à part Auguste pour enseigner les maths, lui-même n’avait plus de collègue pour les sciences et vie de la terre. Idem pour l’histoire-géo, comme André était parti, et il n’y avait plus personne pour l’éducation civique.

Marie – On a même plus de collègues pour les éléments eau et terre, marmonna-t-elle en soupirant. L’ancien directeur est là pour la foudre avec toi, Céleste, et je suppose que Gabriella pourra participer en cas de besoin. Alice doit gérer tous les élémentaires feu sans aide… Pareil pour Emma, avec les élémentaires vent. Pour les matières générales, il faudrait au moins deux ou trois personnes à chaque fois. Et minimum deux par élément. Sinon, on continue avec des gros groupes, par niveau, mais ce n’est pas très pratique.

Cyprien – On fait avec depuis des semaines, on continuera tant que l’équipe ne sera pas vraiment au complet.

Ils n’avaient pas le choix, donc autant garder le moral et le sourire ! Après avoir terminé l’apéro, il se leva, avec Marie, pour aider Estelle à mettre le couvert et apporter l’entrée sur la table, avant d’appeler les enfants.

Cyprien – Nous en ferons un comme ça, pendant les vacances ? murmura-t-il au passage à Céleste en lui désignant le berceau de Chris d’un signe du menton.
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Céleste Dumoulin
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Céleste Dumoulin
MessageSujet: Re: Derniers jours à Gray   Derniers jours à Gray EmptyJeu 15 Fév - 16:09

La fin de cette longue période mouvementée était enfin arrivée, se terminant par un repas chez Estelle qui savait toujours si bien les recevoir. De tous leurs collègues, en plus de Cyprien naturellement, la jeune mère était une des rares avec laquelle Céleste se sentait plus à l’aise, se détendant petit à petit à force de passer du temps ensemble. C’était très étrange et il aura fallu pas mal de temps mais elle s’ouvrait au moins un peu. Enfin… Il faut dire que le bras cassé et l’arrivée de Lucas avaient forcé les choses, jamais la jeune professeure ne s’en serait tirée toute seule et sa collègue et amie avait été d’une aide précieuse, même si Céleste ignorait comment le lui faire comprendre. Ce n’était pas dans ses habitudes, pas du tout, et elle doutait même qu’Estelle le sache, au fond. Ce n’était pas très étonnant, en soi, tout le monde aimait la jeune mère au Pensionnat, elle était tellement gentille qu’on ne pouvait pas la détester, c’était impossible. D’ailleurs, c’était précisément pour cette raison que Céleste avait été si surprise lorsque sa collègue s’était énervée et l’avait directement conduite devant l’ancien directeur de l’école…

Mais Estelle restait Estelle et, grâce à elle, l’entraînement de ses dons avait repris de plus belle même si son ancien professeur n’était plus avec eux depuis que la situation s’était aggravée. Sitôt arrivés dans la nouvelle école, il faudrait qu’elle aille le trouver pour voir comment se rendre utile sur place et pour travailler ses dons, retrouver un vrai niveau pour la foudre. Elle travaillait dur, oui, se remémorait les exercices réalisés durant ses études au Pensionnat et celles d’après pour devenir professeur d’élément. Mais, le faisait-elle bien ou non… Et ce n’était pas à Cyprien qu’elle pouvait le demander, lui n’avait comme point de repère « adulte » que celui de son ex-femme. Mais ce n’était, sincèrement, pas la plus grosse préoccupation qu’elle avait, tout son esprit focalisé sur le déménagement de Gray, les vacances en préparation, la mission confiée par Gaby pour la Résistance et l’emménagement prochain dans la nouvelle école. Beaucoup de professeurs partaient, d’ailleurs… Sans doute seraient-ils remplacés par d’autres mais cela serait très bizarre de voir autant de nouvelles têtes d’un coup.

Eugène – A notre chômage officiel, mes chers collègues ! Oh, et vous savez la dernière ? Emma était au pensionnat, hier, pour essayer de récupérer quelques unes de ses affaires, quand les types du gouvernement sont arrivés pour leur visite.

Pardon… ? Mais… Et elle n’avait rien eu ? Céleste imagina le pire comme Marie, Estelle et Cyprien vu les têtes qu’ils faisaient, un court silence s’étant installé. Tous connaissaient Emma ici, même la jeune professeure qui ne parlait pas à beaucoup de ses collègues. Enflammée et rebelle, elle n’était pas appréciée de tous à cause de son comportement et ses façons de parler, parfois, mais on ne pouvait espérer qu’il ne lui soit arrivé quelque chose de mal. Elle pouvait être arrêtée, blessée ou pire, surtout si elle avait croisé ceux qui s’opposaient directement à la Résistance… Qu’avait-elle fait ou, eux, que lui avaient-ils fait ? Avec appréhension, Céleste attendit la suite, se disant que cela ne pouvait pas être grave. Autrement, Estelle l’aurait su et Eugène n’en aurait pas parlé comme cela. Elle était la première au courant lorsqu’un collègue allait moins bien, souvent parce qu’on lui en parlait immédiatement ou alors parce qu’elle était toujours là lorsqu’il le fallait. Même si, cette année, c’était plus difficile d’être au courant de tout puisque bon nombre de professeurs ne vivaient plus au sein de l’école…

Eugène – A ce qu’il semble, elle a pu mettre un coup de pied dans les bijoux de famille du premier ministre, avant de s’enfuir. Ils ont voulu l’arrêter et lui tirer dessus, c’était mal la connaître. Son don est fort, pour son âge, surtout avec la colère.

Bizarrement, cette réaction ne l’étonnait même pas… Céleste camoufla un léger sourire mêlé à une sorte de grimace derrière sa main, tenant son verre d’une main pendant que Cyprien rit nerveusement avant de soupirer plus longuement. Ils lui avaient tiré dessus mais elle s’était bien défendue, apparemment. D’accord, pas d’inquiétude pour la petite Emma, elle se débrouillait très bien sans eux ! Aucun doute, non plus, sur le fait qu’elle devait s’être fait pas mal d’amis ou de fans en réagissant de la sorte, nombreux étaient les professeurs de l’école à rêver de faire la même chose sans oser par peur des représailles et pour une question d’éthique. Devant les élèves, mieux valait bien se tenir, Céleste l’avait appris à ses dépens… Les enfants, heureusement, n’avaient pas tout compris, comme le petit Bruno qui demanda ce qu’étaient les bijoux de famille, son père lui répondant avec un sourire qu’il lui expliquerait plus tard. Oh oui, bien plus tard, les enfants n’avaient pas besoin de savoir ce que c’était, ils avaient encore le temps. Aucun d’eux n’avaient compris ou peut-être n’avaient-ils même pas suivi la discussion – ce qui était sans doute le cas de son frère… - et pensaient à autre chose. Estelle se leva pour chercher le biberon de son fils avant de prendre Chris dans ses bras, Marie ajoutant qu’elle était contente d’avoir Emma comme collègue.

Estelle – Qui sait où elle peut être rendue à cette heure. D’ailleurs, j’ai eu des nouvelles de Frédéric, l’autre jour, il semble qu’on va avoir de nouveaux collègues à la rentrée, il y a eu du recrutement parmi les résistants. Et aussi une infirmière en plus et un nouveau bibliothécaire. Je me demande à quoi ils ressemblent.

Cyprien – Il aura fallu attendre que l’école soit cachée pour qu’on ait enfin plus de collègues, sourit-il en buvant un peu. Ça fait déjà des mois qu’on est en sous-effectifs complet ! Les classes sont surchargées depuis trop longtemps. S’ils ont recrutés parmi les résistants, on peut-être imaginer des types baraqués, ou durs, genre les militaires ?

Eugène – Les personnes qui ont l’air normales sont souvent celles dont il faut le plus se méfier. Regarde Emma, elle fait à peine un mètre soixante et elle est aussi grosse que mon petit doigt. On aura bien une réunion de pré-rentrée où tout le monde sera présenté, de toute façon ?

Sûrement, avec une petite remise au point en prime pour présenter l’école, les lieux, les nouveaux collègues et les mesures de sécurité, ce qu’elle ajouta après avoir terminé ce qu’elle avait en bouche. Pour une fois, l’école aurait des allures militaires sans aucun doute mais ce serait entièrement volontaire… Céleste but un peu, baissant la tête vers Bruno qui venait de tirer son frère pour jouer avec lui plus loin, devant sans doute déjà s’ennuyer. Les pauvres, elle-même gardait un très mauvais souvenir des soirées entre adultes qui s’éternisaient sans qu’elle n’y trouve le moindre intérêt. Au moins, avec tellement d’enfants, ils pouvaient s’amuser et jouer ensemble, ils passeraient le temps plus vite et voudraient peut-être même ne pas rentrer le moment venu – sauf en cas de fatigue extrême.

Eux-mêmes commencèrent à parler de leurs futurs collègues, si bien au niveau comportement que physique pour essayer d’imaginer à quoi ils allaient ressembler. Les clichés en prenaient un tel coup, à ce moment précis… A cause de leur statut de Résistant, aucun d’entre eux n’échappa au physique assez caricaturé des personnes qu’ils imaginaient pouvoir travailler dans la Résistance. Ils envisageaient aussi leurs capacités, ce pourquoi ils en faisaient partie tout en pouvant, en même temps, s’engager dans l’équipe enseignante. Céleste, elle, restait plus sur la réserve sans oser trop dessiner un caractère, comportement ou physique à leurs futurs collègues, étant surtout rassurée par le fait qu’ils sachent se défendre et soient prêts à défendre l’école et les élèves. C’était ce dont ils avaient besoin, le plus, au fond… Elle ne le ressentait pas trop, encore, mais Estelle, Auguste et Cyprien, notamment, étaient les seuls à enseigner leur matière à présent.

Certaines classes s’étaient même retrouvées sans cours, faute de professeurs, depuis quelques semaines déjà. Des collègues, plus représentés dans leur matière, avaient alors accepté d’aider comme ils le pouvaient mais… Cela ne remplaçait guère un vrai cours. Cyprien souleva, tout à coup, le remplacement d’Eva, demandant où elle était passée. Céleste ne l’avait plus vue depuis leur départ, lorsque tous prenaient leurs affaires… Qu’elle soit remplacée était étrange même si les rumeurs allaient bon train sur la pauvre bibliothécaire et qu’elle ne devait, au fond, pas être trop attachée à cette école. Pourtant, elle y était forcément venue pour une raison précise, comme tous ici, chacun ayant un passé plus ou moins douloureux lorsqu’ils n’avaient pas connu l’école directement. Mais elle… difficile de le savoir. Elle parlait si peu…

Marie – La dernière fois que je l’ai vue, c’est lorsqu’on récupérait tous les affaires qu’on pouvait, à l’école. Elle ne disait rien, comme d’habitude, c’est impossible de deviner à quoi elle peut bien songer. Je me suis toujours demandé ce qu’elle a bien pu vivre, par le passé.

Mieux valait ne pas le savoir, si elle n’en avait pas parlé, c’était qu’elle n’y était pas prête avant. Là-dessus, Céleste ne put s’empêcher de lancer un regard à Cyprien, serrant très brièvement ses doigts sur son verre avant de le redéposer. Ce n’était pas elle qui allait lui en faire le reproche, elle avait agi exactement de la même manière et n’aurait probablement jamais parlé si son meilleur ami ne l’avait pas approchée aussi vite en dépit de son caractère renfermé. Ce qu’il pouvait être collant, à ce moment… Pourtant, cela ne faisait que deux ans, lorsqu’elle y repensait. Eva, elle, était restée à peine quelques mois là où elle-même n’avait parlé qu’au bout d’une très longue année, si pas plus.

Marie – On a même plus de collègues pour les éléments eau et terre, marmonna-t-elle en soupirant. L’ancien directeur est là pour la foudre avec toi, Céleste, et je suppose que Gabriella pourra participer en cas de besoin. Alice doit gérer tous les élémentaires feu sans aide… Pareil pour Emma, avec les élémentaires vent. Pour les matières générales, il faudrait au moins deux ou trois personnes à chaque fois. Et minimum deux par élément. Sinon, on continue avec des gros groupes, par niveau, mais ce n’est pas très pratique.

Cyprien – On fait avec depuis des semaines, on continuera tant que l’équipe ne sera pas vraiment au complet.

Oui, ils pouvaient tout à fait continuer, et puis ils allaient sûrement très vite retrouver des collègues dans cette nouvelle école ! Céleste partait plus positive à ce sujet, convaincue que la sécurité que permettait l’endroit allait aider à recruter du personnel. Et puis, avec la politique du Gouvernement actuel, beaucoup d’élémentaires ou de Français allaient devoir rechercher un refuge ou, tout simplement, ouvrir les yeux sur la politique dictatoriale en train de se mettre en place dans leur pays. Oui, la Résistance s’organisait et prenait de l’ampleur, mais de là à tout régler en quelques semaines alors que les problèmes avaient commencé depuis des années et s’étaient aggravés en l’espace d’à peine deux ans… Céleste se leva, suivant le mouvement lorsque Cyprien, Estelle et Marie se levèrent dès que l’apéro fut terminé pour mettre le couvert à table et apporter l’entrée. Eugène et elle allaient débarrasser des plateaux et de ce qu’il restait ici de manière à libérer de la place et, surtout, à éviter que les enfants ne provoquent une catastrophe en jouant trop près de la table. Cyprien revint près d’elle, appelant les enfants pour passer à table et manger.

Cyprien – Nous en ferons un comme ça, pendant les vacances ? murmura-t-il au passage à Céleste en lui désignant le berceau de Chris d’un signe du menton.

Céleste – Quand tu veux mais seulement si on peut éviter Lucas et tes parents, dit-elle sur le même ton avec un sourire après avoir regardé le berceau.

Céleste termina de rapporter les plats à la cuisine après avoir demandé à Estelle où elle devait tout déposer, aidant ensuite Lucas à s’installer à table en veillant à ce qu’il ne risque pas de tomber. Elle dut demander deux petits coussins en plus pour le rehausser un peu mais, maintenant, c’était bon ! S’installant à côté de Cyprien avec Lucas tout près, la jeune professeure lui sourit lorsqu’il la rejoignit en même temps qu’Estelle et Marie, tout le monde aidant leur collègue pour ce repas. C’était bête mais cela faisait du bien de se poser un peu, de prendre le temps de juste discuter sans penser à autre chose… Ces vacances étaient plus importantes que jamais et tous avaient plus ou moins des projets, au moins Eugène, et retrouver leur famille ou des amis. Mais Estelle était toute seule… Elle avait des amis, oui, mais elle n’allait pas passer les vacances toute seule avec les enfants, si ? Céleste se tourna vers son amie qui venait, enfin, de s’asseoir.

Céleste – Tu t’es pliée en quatre pour nous, profite au moins des vacances pour te reposer. Tu as des projets, d’ailleurs ? Tu ne vas pas rester toute seule pendant les deux semaines avec les enfants, si ?
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MessageSujet: Re: Derniers jours à Gray   Derniers jours à Gray EmptyMer 21 Fév - 11:28

Cyprien – Il aura fallu attendre que l’école soit cachée pour qu’on ait enfin plus de collègues, sourit-il en buvant un peu. Ça fait déjà des mois qu’on est en sous-effectifs complet ! Les classes sont surchargées depuis trop longtemps. S’ils ont recrutés parmi les résistants, on peut-être imaginer des types baraqués, ou durs, genre les militaires ?

Eugène – Les personnes qui ont l’air normales sont souvent celles dont il faut le plus se méfier. Regarde Emma, elle fait à peine un mètre soixante et elle est aussi grosse que mon petit doigt. On aura bien une réunion de pré-rentrée où tout le monde sera présenté, de toute façon ?

En plus des nouvelles mesures de sécurité, de la présentation générale de l’école et des changements apportés, comme le souligna ensuite Céleste. Leurs pauvres futurs collègues en prirent pour leur grade, au niveau des clichés, lorsqu’ils s’amusèrent à dresser un « portrait » de chacun d’eux, en leur imaginant des physiques, spécialités, aptitudes au combat et tout ce qui s’ensuit. Des genres de guerriers défendant l’honneur et se battant contre les idées du Mal et de la corruption. Ah là là. Elle sourit en se relevant pour déposer Chris dans son berceau, puis venant finir son propre verre. C’était sans doute Eugène qui était le plus dans le vrai, il y avait toutes les chances pour que leurs collègues soient tout ce qu’il y a de plus ordinaires. Des hommes et des femmes qu’on voyait tous les jours et qui ne se servaient de leurs compétences particulières que dans certain cas précis. Estelle espérait juste qu’ils sauront donner un bon exemple aux élèves et qu’ils ne seront pas trop « hors des clous ». Cyprien revint tout à coup sur le changement au poste de bibliothécaire, en se demandant où avait donc pu passer Eva. Ça… Ils l’avaient tous vu au pensionnat, lors des derniers moments pour récupérer leurs affaires, mais ensuite… Soit elle avait décidé de partir loin de tous ces ennuis, soit elle était cachée quelque part avec la Résistance et avait laissé son ancien poste, soit il lui était arrivé quelque chose.

La jeune mère eut un long frisson et préféra se chasser toutes ces idées morbides de la tête, il n’y avait pas de raison de penser qu’il lui soit forcément arriver quelque chose de grave ! Peut-être avait-elle décidé de quitter le pensionnat pour de bon, tout simplement. La discussion vira sur un tout autre problème, ensuite, qui était celui du manque cruel d’effectifs pour l’équipe enseignante. Il est vrai qu’ils avaient bien du mal à gérer… Les démissions s’étaient enchaînés en cascade et le recrutement pour remplacer tout ce beau monde n’avait pas suivi. Cela dit, Estelle ne pensait pas que faire passer des entretiens de recrutement avait été l’une des priorités de Gabriella au cours de cette dernière année,pas plus que pour leur sous-directeur, tous les deux avaient eu plus urgent à penser que de chercher des nouveaux profs. En aurait-on parlé avec Gaby qu’elle leur aurait répondu qu’éviter le massacre des élèves était plus pressant que d’assurer à tout prix un rythme sain des cours. Ça se défendait, la vie d’abord, la bonne marche d’une école ensuite. De toute manière, la professeur d’histoire ne pensait que qui que ce soit aurait été assez idiot pour, ces derniers mois, aller voir Gabriella et se plaindre du manque de professeurs. L’accueil aurait été un peu vif.

Marie – On a même plus de collègues pour les éléments eau et terre, marmonna-t-elle en soupirant. L’ancien directeur est là pour la foudre avec toi, Céleste, et je suppose que Gabriella pourra participer en cas de besoin. Alice doit gérer tous les élémentaires feu sans aide… Pareil pour Emma, avec les élémentaires vent. Pour les matières générales, il faudrait au moins deux ou trois personnes à chaque fois. Et minimum deux par élément. Sinon, on continue avec des gros groupes, par niveau, mais ce n’est pas très pratique.

Cyprien – On fait avec depuis des semaines, on continuera tant que l’équipe ne sera pas vraiment au complet.

Exactement ! En attendant, à table tout le monde, maintenant qu’ils avaient terminé l’apéro. Estelle se leva souplement puis commença à débarrasser, aidée de ses collègues et amis, pour amener ensuite les couverts, les assiettes et l’entrée sur la table. Passant en cuisine, elle alla soulever doucement le couvercle de la casserole, vérifier la cuisson de son ragoût de veau, avec les pommes de terre et les carottes, puis tourna doucement le tout avec une grande cuillère en bois, avant de laisser mijoter. Parfait, le temps qu’ils mangent l’entrée, la viande sera assez tendre et les légumes cuits à point. Le veau n’avait pas besoin d’être cuit aussi longtemps que le porc, certains l’aimaient rosé mais Estelle trouvait que ça gâchait le goût de la viande. Elle indiqua à Céleste et Eugène où elle rangeait les couverts et les assiettes, puis remplit une casserole d’eau qu’elle mit à bouillir, sur feu vif. Ce midi, ce sera jambon blanc et pâtes, pour Cassandre et Wyatt. Céleste revint chercher les deux saladiers contenant l’entrée, légumes et riz à la vinaigrette, pendant que les autres terminaient de mettre le couvert.

Une fois les nouilles mises à cuire, Estelle consulta rapidement sa montre pour noter quand elle les mettait et revenir les enlever dans dix minutes, puis elle alla s’asseoir avec les autres. Chacun lui passa son assiette pour qu’elle les remplisse d’entrée, pendant qu’Eugène remplissait les verres d’eau et finissait d’installer les enfants. L’odeur de la viande et des légumes avait doucement empli la pièce, sans qu’elle ne réalise vraiment, tant elle était habituée à souvent sentir les odeurs de cuisine. D’ailleurs, il faudra bien qu’elle pense à préparer des plats faciles à réchauffer à l’avance, avant de déménager ! Le pharmacien lui avait déjà préparé plusieurs pots de poudre de lait, en complément pour Chris car sa mère n’avait pas assez de lait pour l’allaiter, et aussi du lait infantile pour Wyatt, en plus des repas qu’il prenait maintenant. Elle tira d’ailleurs la chaise haute de son fils aîné un peu plus près d’elle, après avoir fini de faire passer les assiettes à chacun, et lui mit son bavoir autour du cou. La jeune mère avait mis de côté de l’entrée sans vinaigrette, pour les plus petits, avec à la place une petite sauce non acide qu’elle avait préparé.

Céleste – Tu t’es pliée en quatre pour nous, profite au moins des vacances pour te reposer. Tu as des projets, d’ailleurs ? Tu ne vas pas rester toute seule pendant les deux semaines avec les enfants, si ?

Estelle – Je vais profiter de ces vacances pour déménager et aménager l’appartement à la nouvelle école. Et si j’en crois Frédéric, je ne serai pas seule, non. Actuellement, il m’a dit qu’il y a encore, environ, deux cents personnes là-bas, pour finir les travaux et aménager le tout. Il semble aussi qu’un petit centre de formation et entraînement pour les adultes va être installé, à côté des bâtiments pour les élèves. Il y aura toujours du monde de passage. « Il ne faut pas s’en faire si vous entendez des gens tirer ou si vous voyez des manifestations de pouvoir assez fortes, » comme il dit, « ce sont des personnes qui s’entraînent. »

Marie haussa un peu les sourcils, tout en mangeant, puis demanda ce que leur collègue sous-entendait lorsqu’il évoquait des manifestations de pouvoir assez fortes. Alors là, aucune idée, mais s’il s’agissait de personnes qui combattaient directement sur le front, on pouvait imaginer des techniques élémentaires puissantes ou ayant une large portée, ce genre de choses ? En tout cas, ce sera très différent des cours avec les élèves, c’était certain. Eugène sourit faiblement puis ajouta qu’eux-mêmes ne connaissaient sûrement pas toutes les techniques spécifiquement dédiées au combat, plus particulièrement en ce qui concernait les trois éléments offensifs. Estelle ne pouvait pas vraiment beaucoup en dire, sur ce sujet, elle se servait très peu de la foudre et encore moins pour se battre. Ses seules références étaient ce qu’elle avait vu lorsque Gaby s’était un peu mise en colère contre ses ennemis.

Estelle – Ce ne sera pas le même niveau qu’avec nos élèves, si ces personnes s’entraînent avant de partir en guerre. Je ne pense pas qu’on soit censé s’en mêler, de toute façon, sauf si on veut s’exercer nous-même. Vous pensez vouloir tester ces cours ou entraînements, vous ?
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MessageSujet: Re: Derniers jours à Gray   Derniers jours à Gray EmptySam 31 Mar - 11:50

Céleste – Quand tu veux mais seulement si on peut éviter Lucas et tes parents.

Ce ne sera pas bien compliqué, la nuit, ils faisaient comme tout le monde, ils dormaient. Il l’embrassa rapidement avant qu’il n’y ait plus de mouvements pour apporter l’entrée, couverts et assiettes, débarrasser l’apéritif et installer les enfants à table. Bruno était assis à côté de son père, seul enfant à ne pas avoir besoin d’un petit aménagement pour dépasser le bord de la table. Cassandre et le petit Wyatt furent tous deux installés dans une chaise haute, près de leurs mères respectives, et Lucas installé sur une chaise, un peu rehaussé avec des coussins. Cyprien se souvenait encore combien, enfant, il s’ennuyait à ce genre de repas, que ce soit avec la famille ou les amis de ses parents, et que tous les petits n’attendaient qu’une chose, finir de manger rapidement pour sortir de table et aller jouer, pendant que les grands discutaient entre eux. Pour l’entrée, Estelle, toujours aussi prévoyante, avait mis deux assiettes moins remplies et sans vinaigrette, avec une sauce à la place, pour Lucas et Bruno. Il n’y avait vraiment qu’elle pour penser à ce genre de détails… Wyatt et Cassandre avaient eux aussi autre chose à manger, adapté à leur âge.

Ils passèrent leurs assiettes à leur hôte à mesure, en bavardant tranquillement. Il y avait un moment qu’ils n’avaient plus pris le temps de se retrouver comme ça pour déjeuner, alors même que ça devenait plus important que jamais. Ne serait-ce que pour se vider la tête ou prendre une « pause » avant de repenser à tout le reste. Ce midi sonnait un peu bizarre, déjà, leurs derniers temps passés au village, les déménagements à faire, puis la prochaine rentrée qui apportera son lot de changements et de nouveautés. Nouvelle école, nouvelle équipe, nouvelles règles ! Très bizarre lorsqu’on avait soi-même étudié puis enseigné dans un seul et même endroit, ça restait triste de tout quitter. Il trouvait aussi assez étrange que Gabriella n’ait pas tenté de « sauver » l’école. Frédéric leur avait juste transmis qu’elle leur avait demandé d’évacuer au plus tôt et c’est tout. Rien de plus, pas un mot sur l’effondrement ! Il aurait cru que ça la ferait bondir, mais non, les paroles rapportées par leur collègue montraient juste de la résignation, comme si elle avait déjà fait une croix sur cet endroit depuis longtemps.

Céleste – Tu t’es pliée en quatre pour nous, profite au moins des vacances pour te reposer. Tu as des projets, d’ailleurs ? Tu ne vas pas rester toute seule pendant les deux semaines avec les enfants, si ?

Estelle – Je vais profiter de ces vacances pour déménager et aménager l’appartement à la nouvelle école. Et si j’en crois Frédéric, je ne serai pas seule, non. Actuellement, il m’a dit qu’il y a encore, environ, deux cents personnes là-bas, pour finir les travaux et aménager le tout. Il semble aussi qu’un petit centre de formation et entraînement pour les adultes va être installé, à côté des bâtiments pour les élèves. Il y aura toujours du monde de passage. « Il ne faut pas s’en faire si vous entendez des gens tirer ou si vous voyez des manifestations de pouvoir assez fortes, » comme il dit, « ce sont des personnes qui s’entraînent. »

Un centre de formation pour adultes… Pour ceux et celles qui allaient partir au combat avec Gaby ou Bradley, non ? Ce sera une sorte de caserne, où chacun pourra s’exercer et se préparer à la guerre civile. Marie demanda ce qu’il avait voulu dire en parlant de manifestations de pouvoirs « assez fortes », sans qu’ils puissent donner une réponse précise. Sans doute des techniques de haut niveau, du même genre que celles que Gaby utilisait, non ? Des trucs qui pouvaient servir en guerre, contre des ennemis, ou pour libérer le passage des résistants de façon assez radicale. Il évoqua cette idée d’un ton peu sûr, peinant à imaginer jusqu’à quel point ça pouvait aller, avant qu’Eugène ne sourit faiblement en disant qu’ils ne connaissaient certainement pas toutes les techniques qu’on pouvait utiliser au combat, encore plus pour les trois éléments offensifs. Ah ça, c’était certain, et apprendre à les connaître n’était pas non plus un bon signe. Aucun d’eux, dans cette pièce, ne devait avoir la moindre idée de ce qu’on pouvait faire réellement avec le vent, le feu ou la foudre, dans une bataille rangées, ils étaient des professeurs, pas des combattants ! Même en observant Gaby, ils n’avaient eu que des brefs aperçus contre des cibles isolées, ça n’avait rien à voir avec une bataille rangée.

Estelle – Ce ne sera pas le même niveau qu’avec nos élèves, si ces personnes s’entraînent avant de partir en guerre. Je ne pense pas qu’on soit censé s’en mêler, de toute façon, sauf si on veut s’exercer nous-même. Vous pensez vouloir tester ces cours ou entraînements, vous ?

Cyprien – Un peu, avoua-t-il en souriant. Même si je doute franchement de pouvoir suivre le rythme. Il y a un gouffre hallucinant entre enseigner à maîtriser un pouvoir au quotidien et enseigner à s’en servir dans une guerre.

Eugène ajouta d’un ton lointain qu’il aimerait quand même observer ça, ne serait-ce que pour savoir ce qu’on peut vraiment faire d’un don, défensif ou offensif, lorsqu’on s’en donnait la peine, surtout avec un haut niveau. Il ajouta ensuite qu’il avait entendu dire qu’on pouvait dresser en quelques secondes des murs de glace épais de deux mètres et immenses, pour se protéger, ou bien faire sortir de son lit un fleuve de la taille de la Seine pour le déverser où on le voulait, avant que l’eau ne regagne son cours. Vu ainsi… La « norme » pour un adulte était plutôt de bouger une masse d’eau de la taille d’une mare ou d’un petit étang. Pour bouger carrément un fleuve, ça demandait un niveau bien plus élevé et une aussi bonne maîtrise pour ne pas dénaturer le cours du fleuve, une fois les choses remises en place. Concernant la glace, il n’en avait jamais vu des manifestations aussi grandes… La foudre était le seul élément, à cause de Gaby, dont il avait une vague idée, pour un pouvoir important. Il y avait comme une « envie » d’essayer, ne serait-ce que pour se tester soi-même, voir de quoi on était capable.

Pour ce qui était des entraînements plus normaux, le physique ou maniement des armes, pourquoi pas…. Il leur faudra sans doute y passer tôt ou tard, afin de s’assurer de toujours pouvoir défendre au mieux leurs élèves si jamais les choses tournaient mal. Enfin, Cyprien ne le dit pas comme ça à table pour ne pas effrayer les enfants mais le sous-entendu était assez clair pour ses collègues. Marie sourit en disant qu’elle adorerait aussi voir ce que donnerait un duel d’entraînement entre Alice et Emma, par exemple, ou bien entre Gabriella et Kimmitsu, juste par curiosité. Ils le verront peut-être un jour, qui sait ? Et puis, observer un personne avec un élément avancé donnait toujours envie de jeter un œil. Eugène approuva, en disant que lui voulait voir les tornades et autres techniques du genre que les élémentaires vent étaient capables de produire, une fois assez entraînés, que ça devait être très impressionnant. Tu m’étonnes… Une tornade haute de plusieurs mètres qui vous fonce d’un coup dessus sans prévenir, voilà qui devait aussi impressionnant que terrifiant, Cyprien n’aimerait pas du tout recevoir ce genre de trucs sur la tronche.

Cyprien – J’espère que chaque « partie » de l’école est bien isolée, ça pourrait effrayer les enfants de voir ce genre de trucs, même au loin. L’indispensable, pour nous, ce sera sans doute d’apprendre à combattre à mains nues, pour commencer. Vous avez déjà assisté à un des cours de Xiao-Hong ou Kimmitsu ? J’espère qu’ils ne sont pas trop méchants avec les débutants.
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MessageSujet: Re: Derniers jours à Gray   Derniers jours à Gray EmptyMar 1 Mai - 22:00

Estelle – Je vais profiter de ces vacances pour déménager et aménager l’appartement à la nouvelle école. Et si j’en crois Frédéric, je ne serai pas seule, non. Actuellement, il m’a dit qu’il y a encore, environ, deux cents personnes là-bas, pour finir les travaux et aménager le tout. Il semble aussi qu’un petit centre de formation et entraînement pour les adultes va être installé, à côté des bâtiments pour les élèves. Il y aura toujours du monde de passage. « Il ne faut pas s’en faire si vous entendez des gens tirer ou si vous voyez des manifestations de pouvoir assez fortes, » comme il dit, « ce sont des personnes qui s’entraînent. »

D’accord… C’était… normal, après tout. Enfin, peut-être. Marie la devança, demandant ce que Frédéric voulait dire par « manifestations de pouvoirs assez fortes », cherchant tous une réponse sans pouvoir la donner clairement. Pour Céleste, une forte manifestation de pouvoir évidente était celle de Gabriella durant l’été dernier mais c’était, là, une technique très dangereuse, voire mortelle, et ils devaient rester discrets en plus de cela. Il ne devait donc pas s’agir de manifestations aussi puissantes que cela, sous peine de se faire remarquer, mais jusqu’où ces élémentaires pouvaient-ils aller malgré tout ? Cyprien reprit la parole d’un ton manquant d’assurance pour une fois, évoquant des techniques de haut niveau du même genre que son ex-femme, ayant pensé à la même chose qu’elle sans que la jeune professeure n’ose le rappeler. En gros, des techniques servant en guerre et contre des ennemis plus dangereux qui se servaient d’armes à feu, par exemple… Eugène sourit faiblement en disant qu’ils ne connaissaient pas toutes les techniques de combats des dons offensifs en particulier. Là-dessus, Céleste était entièrement d’accord. Elle s’était renseignée pour la foudre lorsqu’elle était encore au Pensionnat mais cela ne restait que de la théorie à l’époque. Gabriella avait été la première personne que la professeure connaissait à avoir utilisé une technique aussi puissante que cet été…

Estelle – Ce ne sera pas le même niveau qu’avec nos élèves, si ces personnes s’entraînent avant de partir en guerre. Je ne pense pas qu’on soit censé s’en mêler, de toute façon, sauf si on veut s’exercer nous-même. Vous pensez vouloir tester ces cours ou entraînements, vous ?

Cyprien – Un peu, avoua-t-il en souriant. Même si je doute franchement de pouvoir suivre le rythme. Il y a un gouffre hallucinant entre enseigner à maîtriser un pouvoir au quotidien et enseigner à s’en servir dans une guerre.

Eugène ajouta à son tour qu’il aimerait quand même observer ça pour savoir ce que l’on pouvait vraiment faire avec un don offensif ou défensif lorsqu’on s’en donnait la peine avec un haut niveau. Il parla ensuite de techniques qu’il avait entendues : un mur de glace épais de deux mètres que l’on peut dresser pour se protéger, faire sortir un fleuve de la taille de la Seine de son lit comme on le souhaite… Sans oublier ce que Gabriella avait fait cet été qui était sûrement du même niveau que celui demandé pour les techniques citées par Eugène. Ce devait être impressionnant à voir, effectivement… Elle n’avait jamais vu de démonstrations aussi puissantes, en dehors de celles de Gabriella et de son ancien professeur de foudre au lycée. Si elle avait l’occasion d’assister à ce genre d’entraînements, elle irait, bien sûr ! Mais ils seraient très probablement fermés pour éviter que les élémentaires plus puissants ne soient dérangés.

Restaient les entraînements physiques, plus classiques, ceux que les soldats suivaient quotidiennement pour apprendre à défendre et à se défendre. Entraînements qu’ils devraient suivre à coups sûrs, juste au cas où… Ce que signala indirectement Cyprien, sans le dire platement à cause des enfants. Marie fut la première à réagir en disant qu’elle adorerait voir ce que donnerait un duel entre Alice et Emma ou, encore, Gabriella et Kimmitsu par pure curiosité. Là-dessus, Céleste ne put s’empêcher de sourire, approuvant intérieurement sans oser le dire aussi platement. C’étaient leurs collègues, tout de même ! Ils étaient puissants, oui, mais ne s’affronteraient pas s’ils venaient juste pour satisfaire leur curiosité. Ou alors, ils les mettraient à l’épreuve, eux aussi… La jeune professeure grimaça faiblement à cette pensée, voyant déjà le schéma se dessiner devant ses yeux alors qu’Eugène ne faisait qu’approuver Marie en ajoutant qu’il voulait aussi voir des tornades ou autres techniques plus poussées. En somme, ce que des élémentaires aguerris étaient capables de faire, s’ils étaient suffisamment entraînés pour produire des tornades, de la foudre comme leur directrice, ou autres techniques aussi poussées qu’effrayantes. Ce qu’ils pouvaient faire de vraiment utile sans se contenter des petites « démonstrations » de pouvoirs qu’eux-mêmes avaient l’habitude de faire avec les élèves ou au quotidien.

Cyprien – J’espère que chaque « partie » de l’école est bien isolée, ça pourrait effrayer les enfants de voir ce genre de trucs, même au loin. L’indispensable, pour nous, ce sera sans doute d’apprendre à combattre à mains nues, pour commencer. Vous avez déjà assisté à un des cours de Xiao-Hong ou Kimmitsu ? J’espère qu’ils ne sont pas trop méchants avec les débutants.

Céleste – Moi, j’ai pu voir Kimmitsu mais seulement à quelques cours et à un cours particulier avec Océane lorsqu’il était malade. Il est… ça va, mais c’est très dur lorsqu’on n’a pas l’habitude. Il mise beaucoup sur ce que ressentent les élèves, je crois, et sur la confiance. J’ignore si c’est la même chose avec Xiao-Hong mais Kimmitsu repère aussi les blocages en un ou deux coups d’œil, c’est assez impressionnant. Il ne faut pas être tendu pour participer, sinon bonjour la douleur et les courbatures par la suite…

Céleste leur raconta un des cours, avec le genre d’exercices qu’elle avait pu observer alors que leur collègue n’était même pas au mieux de sa forme. En tout cas, il mettait un point d’honneur à tout faire, tout montrer de manière à ce que les élèves ne se blessent pas, sans doute. Marie réagit la première en disant que seule la description suffisait déjà à montrer l’exigence de leur collègue. S’il s’était levé malgré son état… Seuls certains étaient au courant des « détails » - pas l’histoire, bien sûr -, la jeune femme l’avait côtoyé plus que de coutume parce qu’elle souhaitait s’assurer qu’il ne tombe pas évanoui en plein milieu d’un cours. Au cas où il était vraiment affaibli, épuisé, et qu’il avait besoin d’aide. Elle avait veillé un moment jusqu’à ce qu’elle soit convaincue qu’il aille vraiment mieux entre ses propres heures de cours.

Mais inutile de parler de tout cela devant les enfants, elle préférait éviter de les traumatiser, qu’ils ignorent ce dont étaient capables certains adultes. Ils devaient continuer à faire confiance, surtout à leurs âges. Ils étaient encore innocents, moins Lucas que les enfants d’Estelle à cause de son passé, mais elle tenait à le préserver. Elle s’assura, d’ailleurs, qu’il mangeait correctement, veillant bien plus sur lui depuis leur discussion, alors qu’Eugène ajoutait que ce comportement ne l’étonnait pas de Kimmitsu étant donné les quelques conversations qu’ils avaient eues ensemble. Isolé, il parlait peu, comme Céleste, mais le professeur d’arts martiaux avait le don pour parler à… tout le monde, en fait. Elle l’avait déjà remarqué lors du petit « cours » particulier qu’il lui avait donné malgré elle.

Eugène – Par contre, je ne sais pas si les cours d’arts martiaux seront repris dès le début, vu que nos collègues sont plus actifs que nous. Le rythme sera très certainement différent de celui qu’on connaît ici… Ça va me manquer, ce coin. On avait tous nos habitudes et tout était très près de nous mais il faut avouer que voir un nouvel endroit va faire du bien au moral.

Ah, ça, c’était clair. Au moins son frère serait-il en sécurité, ne serait-ce qu’un peu… Voir d’autres enfants, parce qu’il y en aurait forcément, lui ferait le plus grand bien, et il ne sera plus obligé d’aller dans cette école qu’il ne supportait pas. La discussion avait été incroyablement difficile mais nécessaire, comme le lui avait répété Cyprien. Surtout avec le déménagement. Céleste se doutait que Gabriella avait fait attention à la sécurité des plus petits, histoire de les protéger un minimum avec tous les parents et professeurs présents sur place, du moins peut-être, mais ils finiraient par voir des choses plus choquantes malgré toutes les précautions du monde qu’eux-mêmes pouvaient prendre. Et puis… Elle n’avait pas vu les bâtiments de la nouvelle école, n’en avait qu’entendu parler lorsqu’elle était allée voir Frédéric pour contacter l’ancienne directrice. Tous, ici, ignoraient à quoi s’attendre précisément, une page se tournait avec l’effondrement du Pensionnat. Seulement, ce qui s’était passé laissait une impression étrange à Céleste… Au fond, elle s’était vraiment attendu à ce que Gabriella réagisse et non pas qu’elle envoie seulement quelques hommes sur place en ordonnant de quitter les lieux.

C’était une réaction normale, logique, oui, mais de sa part ? Elle avait réagi comme si ce n’était qu’une page du passé qu’elle tournait, à présent, Gabriella évoluant dans un monde différent. La guerre… Et elle n’était pas la seule. Tous les résistants et ex-soldats agiraient comme elle, pensaient probablement la même chose. Après la Grande Guerre, de nombreuses personnes, étant montées sur le front, n’avaient pas pu reprendre leur vie à cause de ce qu’ils avaient vécu. Ils pensaient… différemment, n’étaient pas compris ou s’isolaient. Et, dans la nouvelle école, ils verraient des personnes au même caractère quotidiennement… Arriveraient-ils seulement à se comprendre ? A s’entraîner avec eux, même si chacun ici semblait en avoir l’intention ? Dans tous les cas, elle-même le ferait, elle ne pouvait plus rester en arrière et être incapable de protéger toutes les personnes qui lui étaient chères. Mais adopter un mode de pensée si différent du leur…

Céleste – Vous pensez vraiment qu’on pourra se mêler à ces entraînements sans problème ?, finit-elle par demander en avalant ce qu’elle avait dans la bouche. Gabriella est… différente, maintenant, sinon elle aurait envoyé bien plus de monde lorsque le Pensionnat s’est effondré. Elle n’a plus les mêmes priorités que nous comme toutes les personnes qui vivent là-bas et que nous allons côtoyer. Vous imaginez les entraînements ? Ils parleraient une autre langue que cela ne me surprendra même pas, pour être honnête. Ils n’ont même pas le même train de vie que nous, je ne suis même pas sûre qu’ils prennent le temps de manger comme nous le faisons maintenant.
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MessageSujet: Re: Derniers jours à Gray   Derniers jours à Gray EmptyMer 16 Mai - 11:56

Allaient-ils suivre le rythme ou non, ça, c’était une autre histoire, ils imaginaient déjà mal ce que pouvaient être ce genre d’entraînement. Comme le dit Eugène aussitôt après, ce serait déjà bien de pouvoir observer ce qui était possible ou non, jusqu’où il était possible de progresser avec son don. La jeune femme grimaça un peu en imaginant une personne faire sortir la Seine de son lit sur un simple claquement de doigts et les conséquences possibles, comment bloquer d’un coup un convoi militaire qui pourrait la poursuivre et aussi gagner un temps fou, pour s’enfuir. Mais les dégâts qui iraient avec ! Les riverains n’avaient rien demandé, eux ! Elle eut un petit frisson en imaginant ça à la porte de chez elle, les enfants seraient si angoissés en voyant des trombes d’eau entrer dans la maison. Quant aux autres entraînements, plus physiques, elle ne s’imaginait pas les suivre non plus. Merci, elle était professeure, maman à temps plein, ce n’était pas fait pour elle. Céleste semblait penser le contraire, qu’il faudra qu’il les suive quoi qu’il arrive, mais… non. Non, vraiment pas. Tout le monde ne pouvait pas être doué dans ce genre de matières et tout le monde ne pouvait pas combattre, Estelle refusait de frapper qui que ce soit ! Elle détestait la violence.

Tout en discutant, ils mangeaient l’entrée, échangeant sur les techniques possibles avec les différents dons, ce que pourraient donner des combats réels ou même des duels entre leurs collègues. Mmh, la jeune femme ne pensait pas qu’on allait les autoriser à venir voir ça, ce n’était pas non plus un spectacle ! Par contre, Cyprien avait raison, ce serait mieux que chaque partie de l’école soit bien isolée, pour que les enfants n’aient pas peur s’ils voient certaines dons ou techniques, au loin. Le seul point où elle demeurait réticente était « l’indispensable » entraînement à mains nues. Personnellement, elle imaginait très mal Gabriella les inciter, tous, à suivre ce genre d’entraînement et encore moins les obliger à le faire, pas plus que Kimmitsu. Cette nouvelle école avait été bâtie justement pour qu’ils soient à l’écart et en sécurité, pas pour que tous doivent absolument apprendre à se défendre et à combattre. Leur collègue leur raconta un des cours de Kimmitsu, pendant quelle-même se levait pour aller mettre le reste d’entrée au frigo, puis apporter ensuite le ragoût de veau avec les légumes. Les plus petits avaient des pâtes, avec du jambon blanc, elle leur prépara leurs assiettes avant de revenir s’asseoir à table.

Eugène – Par contre, je ne sais pas si les cours d’arts martiaux seront repris dès le début, vu que nos collègues sont plus actifs que nous. Le rythme sera très certainement différent de celui qu’on connaît ici… Ça va me manquer, ce coin. On avait tous nos habitudes et tout était très près de nous mais il faut avouer que voir un nouvel endroit va faire du bien au moral.

Il n’y avait pas de raisons d’avoir peur, malgré tout ! Oui, ce pensionnat, et le village, allaient lui manquer, Estelle l’avouait sans honte, elle avait passé beaucoup de bons moments, ici. Le village était très tranquille, dans ce coin de campagne, assez beau, surtout en été, il y avait beaucoup d’endroits où se promener, on pouvait se reposer près du lac, manger au bord de l’eau. Aller au marché le samedi matin et discuter avec les commerçants, se promener au parc. Même l’école était remplie de souvenirs il n’y avait pas que la guerre et certaines horreurs, rattachées à cet endroit ! Mais aussi les bons moments passés entre collègues, des élèves à qui on s’attachait vite, une progression personnelle faite à mesure qu’on gagnait en expérience dans son métier, des amitiés qui se nouaient. Ils n’avaient pas été foncièrement malheureux, dans cette école, en dépit de tout ce qui s’était produit en un an. Elle sourit doucement à cette pensée, puis demanda à ses collègues de lui passer leurs assiettes pour qu’elle les remplisse. Elle en mit bien sûr moins à Lucas et Bruno, sentant déjà leur impatience de sortir de table pour aller jouer dans le jardin. Ce genre de repas devait leur paraît interminable, beaucoup de paroles, pour eux qui n’avaient pas forcément envie d’écouter les adultes. Même Wyatt commençait à s’agiter devant son assiette de pâtes. Chris, lui, indifférent à l’agitation de son grand frère, dormait toujours profondément dans son berceau.

Céleste – Vous pensez vraiment qu’on pourra se mêler à ces entraînements sans problème ?, finit-elle par demander en avalant ce qu’elle avait dans la bouche. Gabriella est… différente, maintenant, sinon elle aurait envoyé bien plus de monde lorsque le Pensionnat s’est effondré. Elle n’a plus les mêmes priorités que nous comme toutes les personnes qui vivent là-bas et que nous allons côtoyer. Vous imaginez les entraînements ? Ils parleraient une autre langue que cela ne me surprendra même pas, pour être honnête. Ils n’ont même pas le même train de vie que nous, je ne suis même pas sûre qu’ils prennent le temps de manger comme nous le faisons maintenant.

Estelle – Oh, il ne faut pas exagérer, sourit-elle. Ils sont humains, comme nous, ils prennent aussi certains moments de détente, même si ce n’est pas dans les mêmes conditions. Sinon, ce serait des coups à devenir fou. Ce qui change vraiment, ce sont les priorités, l’échelle des valeurs, concernant les problèmes. Ce qu’on peut considérer comme grave ne l’est plus, pour eux. Regarde Gabriella, il y a quelques mois seulement, l’effondrement de l’école l’aurait fait bondir. Aujourd’hui, c’est une simple histoire qui appartient au passé. Elle ne restera peut-être même pas directrice.

Marie sourcilla, marmonnant que c’était quand même sacrément difficile à envisager. Un peu, mais après tout, pourquoi pas ? Si elle se consacrait à plein temps à la Résistance, ce n’était pas si inconcevable qu’elle laisse les rênes de l’école à quelqu’un d’autre. A Kimmitsu, sans doute, ou peut-être Frédéric si leur sous-directeur actuel ne voulait pas du poste au-dessus. Elle fit passer la carafe d’eau autour de la table, s’excusant car elle n’avait pas pensé à acheter une bouteille de vin pour ce midi, comme elle-même ne buvait jamais d’alcool. Bruno releva le nez de sa viande en demandant ce que c’était, du vin, attirant un sourire attendri à son père qui lui répondit que c’était du jus de raisin réservé aux grands. C’était bien ça, oui, finalement. Estelle passa le sel à Marie puis se tourna à moitié vers Wyatt, l’empêchant de manger avec les doigts et lui remettant sa petite fourchette entre les mains. Oui, maman sait que c’est plus facile avec les mains mais il devait apprendre à manger proprement. Et il était inutile de faire cette petite moue, jeune homme, ça restait elle qui décidait.

Estelle – On ira faire un tour au lac, après manger ? Il fait assez beau pour pouvoir se baigner, autant en profiter tant qu’on est dans le coin.
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