Avril 1932. Les soucis mondiaux s'étendent.
 
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 Les adultes ont vraiment été petits...

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Laura K. Nakajima

Laura K. Nakajima
MessageSujet: Les adultes ont vraiment été petits...   Les adultes ont vraiment été petits... EmptyMar 20 Fév - 21:21

Laura peinait vraiment à retrouver ses marques, des points de repères quelconques lui permettant de ne pas se sentir trop étrangère à cette famille. Il y avait une certaine ambiance, un air caractéristique des maisons japonaise d’après le peu qu’elle avait pu voir jusqu’à présent, qui ressemblait à l’ancienne maison de monsieur Nakajima, à Gray. Mais elle ne se sentait pas à l’aise malgré tout, ne le montrant pas et tâchant de sourire, de se comporter comme d’habitude. Autant avec son frère qu’avec la famille Nakajima, même si Jasper devait ressentir la même chose qu’elle. Lorsqu’ils avaient parlé du Japon, Genji et elle, il était prévu qu’ils sortent tous les trois pour visiter le coin, voir un peu du pays afin de ne pas rester cloîtré à la maison durant deux semaines. Seulement, entre-temps, il y avait eu le sérieux accident de son… cousin qui l’empêchait légèrement de bouger. Et puis, cela ne faisait que trois jours qu’ils étaient arrivés, Laura décomptant mentalement les jours restant avant de revenir en France. Ce n’était pas par envie de rentrer parce qu’elle n’était pas à l’aise ici mais parce qu’elle ignorait ce qu’il se passait là-bas.

Et il y avait ce message dont le maître Shigeyuki avait parlé… Le message qui serait diffusé le 24 décembre, et que Laura ne pouvait s’empêcher de redouter, comprenant bien mieux les réactions de son tuteur. Elle faisait tous les efforts du monde pour le dissimuler, essayant de s’entraîner comme il le lui avait ordonné mais cela restait très difficile. Mais, pour l’instant, elle était restée bloquée, n’y parvenant pas, sortant dans le jardin pour « ressentir » comme il le lui avait dit sans que son esprit ne se laisse porter. Maintenant, la fatigue devait jouer aussi même si elle avait dormi autant que Solène, émergeant encore la veille lors du repas un peu… Non, très spécial avec l’ancien professeur de monsieur Nakajima. A vrai dire, elle se cherchait sûrement des excuses mais ne cessait de se dire que ce n’était pas très grave, pour un ou deux jours, qu’elle allait encore essayer mais qu’elle devrait peut-être demander à Eisen, son oncle donc, comme il le lui avait conseillé… En attendant, c’était le silence complet sur tout cela. Tout était trop intimidant ! Laura l’avait repéré dès le début, pourtant, lors des présentations, mais elle n’avait, tout simplement, pas encore pris le temps de lui parler comme il travaillait aussi. Seuls Jasper, Genji, Océane et elle étaient en vacances, en fin de compte.

Pour s’occuper, Laura avait demandé à la mère de Genji si elle pouvait aider à nettoyer la maison avec eux, demandant quelle tâche elle pouvait accomplir sans risquer de les gêner. Et puis, c’était aussi une manière de visiter un peu sous un autre angle, étant plus hésitante pour mener une véritable exploration comme ils en avaient l’habitude avec Jasper lorsqu’ils arrivaient quelque part. Lui aussi était occupé, d’ailleurs, s’entraînant avec son don dans un coin tranquille comme il faisait plutôt beau, dehors, mais très froid aussi. La matinée était relativement bien avancée, maintenant, la collégienne nettoyant un meuble dans une des pièces devant servir d’atelier ou de débarras ou… elle ne savait pas trop, en réalité. Voilà maintenant une heure qu’elle était agenouillée ici à tout nettoyer correctement, tombant sur des objets dont elle ne connaissait pas le nom, encore moins la définition, cheveux attachés en une queue de cheval pour ne pas avoir trop chaud. La mère de Genji lui avait prêté une tenue pour l’occasion pour éviter qu’elle ne se salisse, un genre de tablier un peu trop grand pour elle mais qui la protégeait bien. Avec un chiffon, elle termina de frotter, en tirant un peu la langue, un genre de vase assez imposant, très lourd, comme une jarre, qu’elle remit difficilement en place, manquant de la faire tomber, avant de souffler en se passant le bras sur le front.

Laura – Doucement, ce n’est pas le moment de casser des choses…

A genoux, à demi-redressée, elle lâcha très doucement le vase sans bouger pendant quelques secondes afin de s’assurer qu’il tienne bien, qu’il reste droit sans risque de tomber. Avec le vent qu’elle ne maîtrisait pas, elle ignorait si elle pouvait le renverser déjà maintenant ou non et préférait jouer la carte de la prudence – pour une fois. C’est aussi pour cette raison que Laura pensait de plus en plus à sa promesse de s’entraîner, chaque heure qui passait la faisant culpabiliser en repensant à la discussion avec son tuteur. Mais, pour l’instant, elle avait autre chose à faire et devait encore nettoyer certaines choses. Se relevant pour de bon, assurée que le vase ne bouge plus, l’adolescente déposa son chiffon sur un coin de meuble qu’elle n’avait pas encore frotté pour quitter la pièce. Son intention première était de boire un peu d’eau mais sa curiosité l’emporta lorsqu’elle tomba, sur le chemin, sur une porte un peu entrouverte. L’ouvrant complètement, bénissant le système du Japon qui faisait que l’ouverture des portes était silencieuse ici, Laura jeta un coup d’œil à gauche et à droite, à l’extérieur, pour être sûre de ne pas se faire surprendre avant de risquer un œil à l’intérieur.

Il s’agissait d’une chambre, avec des photos posées çà et là et un lit – ou un futon… c’était comme ça qu’ils appelaient les lits ici, non ? – dans la pièce ainsi qu’une décoration plutôt épurée à l’image du reste de la maison. Laura aurait pu tout regarder pour détailler un maximum la pièce et essayer de découvrir qui dormait ici mais, avant même qu’elle n’en ait le temps, une image attira son attention. Se rapprochant, elle attrapa le cliché, la bouche légèrement entrouverte, choquée. C’était… C’était monsieur Nakajima ? Il était tellement jeune, sur cette photo ! Pourtant, c’était lui, elle aurait pu le jurer, sinon que feraient ses frères de part et d’autre de lui ici ? Il lui ressemblait, c’était sûr, tous les trois devaient avoir… à peine vingt ans. En tout cas, son tuteur ne les avait pas, clairement, mais il lui était extrêmement difficile de juger l’âge à partir d’une photo, cette famille avait l’air de ne pas être marquée par les années. Ou plus lentement, en tout cas.

Et s’il y en avait d’autre ? La curiosité de Laura touchée, ses yeux se mirent à chercher presqu’aussitôt un endroit où elle aurait pu trouver un album ou d’autres photos, quelque chose qui les rassemblerait toutes pour voir comment était son tuteur avant. Et le père de Genji, aussi ! Et puis, si elle trouvait des photos de son professeur plus jeune, à l’époque où il était agité ? Trouvant une commode, elle en ouvrit le premier tiroir pour tomber sur des vêtements, le délaissant sans fouiller puisque cela ne la regardait pas, ouvrant le deuxième puis le troisième sans plus de succès. Se baissant, Laura regarda en-dessous du meuble, ses lèvres s’étirant en un immense sourire lorsqu’elle trouva une petite boîte noire aux bords usés par le temps, en bois, similaire à celles qu’elle avait aussi trouvées chez monsieur de la Valière en faisant plusieurs explorations avec son frère, boîtes qui contenaient différents articles de journaux ou photos anciennes. Comme celle-ci.

S’asseyant à même le sol, elle ouvrit la boîte précautionneusement en soulevant le couvercle qu’elle déposa à côté d’elle pour tomber, d’abord, sur des… papiers de… qui parlaient de… Heu. Problème. Elle ne parlait pas un mot de japonais, le lisait encore moins. Frustrée, Laura fit une moue en sortant ce qu’elle ne pouvait pas déchiffrer pour le mettre dans le couvercle avant d’arriver à ce qui l’intéressait véritablement. Un album à la couverture cartonnée avec une inscription qu’elle ne pouvait pas déchiffrer et… Des photos. Plein de photos ! Ses yeux s’illuminèrent immédiatement et elle ouvrit l’album pour découvrir une photo de trois garçons de cinq ou six ans, dans ces environs-là, en train de jouer ensemble autour d’une petite table. Ensuite, c’était dehors, tout simplement. Ils se couraient l’un après l’autre, un peu salis d’ailleurs, mais tellement différents d’aujourd’hui. Ils riaient et étaient assez petits et, même si Laura ne savait pas lire ce qui était écrit, elle devinait qui était sur ces photos. Monsieur Nakajima et ses frères… Ils étaient si petits, si jeunes ! Et ils avaient joué dehors, eux aussi, avec une taille plus comme la sienne avant, des cheveux moins bien « coiffés » à force de courir, des photos de sortie…

Sur l’une, elle vit un genre d’entraînement, les postures indiquant qu’ils s’entraînaient déjà assez jeunes. Quel âge avaient-ils, tous les trois, sur ces clichés… ? Pas plus de dix ans, Laura en était convaincue. Jetant un œil à la photo encadrée où ils étaient plus âgés, tous les trois, près du lit, elle resta un moment à relever et rabaisser la tête pour chercher des similitudes, des traits communs et fut bien obligée d’admettre que c’étaient bien eux. Quelque chose dans leurs yeux avait changé cependant, surtout dans ceux de son professeur… Il semblait moins… plus… Comment qualifier cela ? Sans doute était-ce l’événement dont il lui avait parlé avant les vacances. C’était à ce moment qu’il avait quitté la maison ? Songeuse, elle essaya de trouver d’autres informations pour comparer, restant sur la photographie des frères jouant ensemble qu’elle posa à côté d’elle, se tournant légèrement pour apercevoir sans le voir un des adultes de la famille avant de revenir à ses fouilles… pour réaliser ce que ses yeux venaient de voir. Laura eut un moment d’arrêt, se tournant juste pour vérifier, et constata qu'un des frères de son tuteur était là, à l’observer près de la porte, celui qui restait toujours avec le père de Genji. Problème en vue… Elle n’était pas censée être ici et n’avait rien entendu, rien du tout ! Désolée, désolée, désolée !

Frère de M. Nakajima – C'est la révélation qu'on a été petits, nous aussi ?

Laura – Je… Non, non, je savais que vous aviez été petits, dit-elle très vite, un peu gênée malgré tout. Je suis désolée, je n’aurais pas dû fouiller dans vos affaires, j’ai juste vu la photo de notre tuteur et je… J’ai été attiré, puis j’ai voulu chercher des informations ou… Pardon, c’est à vous. Je n’aurais pas dû.

Evidemment, Laura savait qu’ils avaient été petits, c’était logique ! Mais… Bon, d’accord, dans sa tête, elle avait réellement du mal à voir son tuteur comme un ancien enfant, il était si… Plus intimidant, non, mais il avait quelque chose qui la poussait à ne pas le contredire ni lui mentir. Surtout depuis leur discussion au presbytère. Elle se redressa, frottant un peu ses vêtements par réflexe puis tendit l’album au frère de monsieur Nakajima, promettant de tout ranger, vraiment tout. Elle avait seulement été curieuse et savait que ce n’était pas bien, ce qu’elle ajouta aussi à mi-voix.
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Munemori Nakajima
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Munemori Nakajima
MessageSujet: Re: Les adultes ont vraiment été petits...   Les adultes ont vraiment été petits... EmptyMer 21 Fév - 10:38

Ce client avait définitivement un terrible manque de goût, à moins qu’il n’aime tout simplement dépenser son argent à tord et à travers dans des objets de décoration tapageurs, trop gros et trop colorés. Enfin, tant qu’il était payé… Munemori termina de déposer le tout avec soin dans les emballages et les boîtes en bois, avec du papier de soie pour protéger le tout, ficelant ensuite les boîtes. Cette commande lui avait pris un temps fou, c’était le genre difficile à refuser, quand bien même le commanditaire avait des goûts artistiques particulièrement affreux. Une fois fait, il prit soin d’inscrire l’adresse, la sienne, les mentions légales, les prix puis quelques conditions d’ouverture des boîtes, avant d’entreposer le tout à l’arrière de la maison, quelqu’un devait passer le soir venu pour récupérer le tout et l’expédier. Maintenant, nettoyer son atelier, heureusement que plus personne ne se formalisait qu’il y ait eu tellement de tâches de peinture sur le parquet que ce dernier avait fini par en perdre sa couleur d’origine, même à force d’être nettoyé et re-nettoyé. Bon, au boulot. Il commença par mettre son tablier à tremper dans un baquet d’eau chaude, puis rangea, au moins soulagé d’avoir enfin achevé ce travail-ci.

On arrivait bientôt à la période où chacun allait cesser le travail et l’école pour se consacrer vraiment au grand nettoyage rituel de fin d’année, d’ici là, seuls ceux à la maison qui étaient déjà en repos ou n’avaient pas d’emploi à l’extérieur participaient à l’effort collectif. Munemori avait bien hâte d’être au Nouvel An, c’était une fête très importante et elle aidait chacun à se mettre de bonne humeur et détendue. Oh, il devait aussi songer aux kimonos à faire porter aux enfants de Kimmitsu, à Solène et à Océane, cette nuit-là. Lorsqu’on en était capable, on prenait soin de coudre soi-même les étoffes, mais bon, il doutait que leurs compétences en coutures aillent aussi loin, sans vouloir les dénigrer, ce n’était pas la même culture, par ailleurs, coudre un habit traditionnel d’un pas étranger était aussi plus difficile. Emmener tout ce petit monde en magasin sera plus simple. Pour Solène… Mmh, mieux valait voir ça directement avec un tailleur, pour ajuster une tenue qui lui plaira, avec sa grossesse, qu’elle ne se sente pas oppressée. Pour les enfants, il pensait trouver ce qu’il fallait en ville.

Tout en réfléchissant à ça, il remontait le couloir pour aller vérifier si les petits n’avaient besoin de rien, et aussi trouver les enfants pour les courses, lorsqu’il remarqua au passage un peu de mouvement dans la chambre de Josuke. Mmh ? Poussant avec douceur la porte coulissante en plus grand, il s’appuya contre le chambranle en souriant, lorsqu’il vit la petite Laura le regard plongé dans un album photo, assise par terre. Josuke aimait bien regarder les vieilles photos, de temps en temps, là où sa femme passait bien du temps à en prendre des nouvelles, ces deux-là étaient faits pour s’entendre. Parfaitement silencieux, il se contenta d’attendre et de l’observer, sans la déranger pendant son exploration, voyant juste qu’elle avait dû s’interrompre en plein ménage. A un moment, elle releva vaguement les yeux sur lui, sans doute perdue dans ses pensées car elle ne réagit pas tout de suite. Il faillit éclater de rire lorsque l’information lui tilta brusquement au cerveau et qu’elle sursauta à moitié. Son fils aîné avait exactement la même réaction lorsqu’il était plongé dans un sujet et qu’il ne voyait pas tout de suite qu’il n’était plus seul. C’était mignon quand les enfants faisaient ça.

Munemori – C'est la révélation qu'on a été petits, nous aussi ?

Laura – Je… Non, non, je savais que vous aviez été petits, dit-elle très vite, un peu gênée malgré tout. Je suis désolée, je n’aurais pas dû fouiller dans vos affaires, j’ai juste vu la photo de notre tuteur et je… J’ai été attiré, puis j’ai voulu chercher des informations ou… Pardon, c’est à vous. Je n’aurais pas dû.

Il n’y avait pas de mal, tous les jeunes faisaient ça tôt ou tard, de chercher des photos ou des albums, pour voir comment étaient leurs parents, leurs familles ou même la vie, plus simplement, avant qu’ils ne viennent au monde. C’était naturel, pour ainsi dire. Il s’approcha lorsqu’elle se redressa et tendit l’album, tout en bafouillant qu’elle était désolée, qu’elle allait tout ranger, et qu’elle savait que ce n’était pas bien d’être curieuse. Le lui reprochait-il ? Il lui posa une main sur l’épaule en lui disant de se détendre un peu, il ne lui avait rien reproché.

Munemori – Ce ne sont pas des secrets d’état, tu sais. Mes deux plus grands enfants adorent aussi mettre le nez là-dedans, dès qu’ils le peuvent. Enfin, « grands », ils sont beaucoup plus jeunes que toi. Tu as parfaitement le droit de regarder.

Assis par terre, il ramassa la photo, posée près du couvercle de la boîte et de quelques lettres, où ils jouaient tous les trois dans le jardin. C’était il y a une éternité… Quel âge avait-il là-dessus, cinq ans ? Peut-être six, tout de même. Le même âge que sa fille aujourd’hui, voilà qui ne le rajeunissait pas du tout. Il ne se souvenait même plus de l’endroit où avait été prise cette photo, le coin ne lui était pas familier… Ce devait être chez un des amis de son père, dans un autre village, il n’était pas certain. L’autre photo, où ils jouaient à l’intérieur, était chez eux, cette fois-ci, il reconnaissait la pièce à vivre, où ils avaient l’habitude de s’installer. Munemori souriait doucement, assez attendri, en revoyant ces clichés, c’était parfois incroyable comme on sentait que tout ça appartenait à une autre vie, les enfants en eux partaient loin pour qu’ils puissent se consacrer à leurs vies d’adulte. Il donna la photo à Laura en lui disant qu’elle pourra en garder quelques unes, si elle voulait, comme il savait que Kimmitsu n’avait absolument rien emporté en quittant le pays. Il n’avait pas pris grand-chose tout court, d’ailleurs. Il tapota du doigt une des photos dans les premières pages de l’album, montrant six hommes, près d’un couple plus âgé, puis mit le doigt sur l’homme le plus à droite. Un cliché bien vieux, celui-ci, jauni par le temps.

Munemori – Tiens, c’est lui notre père. Avec tous nos oncles. Ils sont morts à la guerre, tous.

Le ton restait neutre, il était dans leur culture d’honorer leurs morts et d’être fiers de leurs ancêtres qui avaient trouvé une fin honorable au combat. Il ne se souvenait pas beaucoup d’eux, cela remontait à loin. Un autre cliché, dessous, plus grand et moins abîmé, montrait leurs deux parents, debout dans une petite cour et tenant un bébé dans leurs bras. Si leur mère souriait à pleines dents en serrant son enfant contre elle, les traits tirés de fatigue mais rayonnante, leur père était toujours aussi sérieux et ferme, dans son attitude, sourire était définitivement trop lui demander. Il expliqua à Laura que cette photo datait de quelques jours après la naissance de Josuke, il y a de cela 45 ans, maintenant. Bon sang, dit comme ça, le coup de vieux était bon pour leur pomme. La photo prise à sa propre naissance suivait, puis celle avec Kimmitsu, puis leurs sœurs, etc. Chacune dans l’ordre. Sur la photo de naissance de Kimmitsu, ses deux frères étaient là, tous les deux. Josuke était debout, du haut de ses trois ans, lui-même était dans les bras de son père, âgé d’un an à peine, et le bébé dormait dans ceux de sa mère.

Munemori – J’ai su que ça se faisait aussi en France, de photographier la famille lors de la naissance d’un nouvel enfant, avec ses frères et sœurs s’il en a. On prend aussi des « photos officielles », si on peut dire ça, aux passages importants de la vie. Et des photos avec les mentors importants. Là, c’étaient ceux de ton père.

Il lui montra un cliché où Shigeyuki, parfaitement reconnaissable malgré ses trente ans ans de moins, était debout, bien droit et les mains dans le dos, regardant le photographe très formellement. Il avait bien plus de cheveux qu’aujourd’hui et était vêtu de l’habit traditionnel de son dojo. A ses côtés, assis sur un muret de pierre, un homme bien plus âgé avait les mains posées contre lui et souriait avec douceur. La photo était en noir et blanc et parvenait tout de même à rendre la douceur de son regard. Il souriait avec un air très serein, peut-être même légèrement amusé. Sa tenue était simple, un kimono léger, recouvert d’un manteau noir, des sandales et des chaussettes.

Munemori – Il s’appelait Ogai, c’était lui qui a enseigné la maîtrise du vent à notre frère. Un homme très… Il était patient, il avait vraiment un don pour écouter les autres et leur faire dire ce qu’elles avaient sur le cœur. Dans sa jeunesse, il a beaucoup voyagé, puis il est revenu s’installer au village et travailler avec les jeunes élémentaires. Il est décédé, de vieillesse, en 1911, quelques mois après le départ de Kimmitsu pour la France, puis il a été inhumé au cimetière du village. Kimmitsu l’aimait beaucoup, je crois qu’il le voyait comme un véritable père. Il aurait été curieux de vous voir, discuter avec toutes les personnes venant d’autres pays et cultures le fascinait beaucoup.
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Laura K. Nakajima

Laura K. Nakajima
MessageSujet: Re: Les adultes ont vraiment été petits...   Les adultes ont vraiment été petits... EmptyVen 23 Fév - 22:36

Contrairement à ce qu’elle pensait, son nouvel oncle n’était pas énervé ni vexé, au contraire, puisqu’il posa une main sur son épaule en lui disant de se détendre un peu, il ne lui avait rien reproché… Et ne comptait pas le faire, visiblement. Laura s’adoucit, se détendant d’un coup en entendant ces paroles, rassurée, son regard se reportant immédiatement sur l’album et les photos découvertes que le frère de son tuteur tenait dans les mains, une moue aux lèvres. C’était bizarre, quand même. Normal qu’ils aient été jeunes mais bizarre malgré tout, elle ne les imaginait pas… comme eux, en fait. Comme s’ils étaient devenus sérieux et adultes directement sans vivre les mêmes choses qu’eux – même si, en un sens, ce dernier point était vrai puisqu’ils avaient grandi au Japon. Et, peut-être était-ce une impression, mais il avait l’air d’être le plus jeune des trois. Peut-être. En tout cas, plus doux, ou alors habitué aux enfants, ou plus joueur, ou… Difficile à décrire. Qu’il soit un oncle était moins dur à accepter, pour Laura, même si c’était bête à dire alors qu’elle n’avait fait que l’observer, sans vraiment lui parler. C’était même lui qui était près de Jasper lors de leur dispute, elle-même était entre monsieur Nakajima et Solène.

Oncle – Ce ne sont pas des secrets d’état, tu sais. Mes deux plus grands enfants adorent aussi mettre le nez là-dedans, dès qu’ils le peuvent. Enfin, « grands », ils sont beaucoup plus jeunes que toi. Tu as parfaitement le droit de regarder.

Oh… C’est vrai ? Laura le remercia alors qu’il venait de s’asseoir à côté d’elle, ramassant les photos et documents qu’elle avait retiré de la boîte. Pendant qu’il les rangeait, elle l’observa, remarquant dans son air la même chose que chez certains adultes plus âgés qui croisaient de petits enfants occupés à courir dans la rue. Il souriait en les regardant, sans doute empreint de nostalgie parce qu’il ne les avait pas souvent sous les yeux. D’ailleurs, pourquoi toujours ranger les vieilles choses dans des boîtes ? S’il s’agissait d’un moyen de les préserver du temps qui passe, au moins un peu, Laura trouvait dommage de les mettre dans un coin caché et non en évidence. Mais, étant donné le passé de son tuteur, cela se comprenait… Ne pas regarder le passé et toujours se tourner vers l’avenir, sauf que c’était paradoxal puisque le passé les avait construits et menés à ceux qu’ils étaient aujourd’hui. C’était très étrange et compréhensible à la fois, rester dans le passé ne permettait pas d’avancer, son professeur le lui avait déjà fait comprendre cet été, tout comme Antoine lors de la dispute avec Jasper.

Son oncle la tira de ses pensées en lui donnant une des photos qu’elle avait déjà vues, celle où ils jouaient ensemble, à trois, dans une pièce, enfants, en lui disant qu’elle pourrait en garder quelques-unes si elle le voulait. Oh… Vraiment ? Mais pourquoi ? Laura ne comprenait pas, faillit d’ailleurs demander pourquoi il l’autorisait à prendre certaines photos, mais se ravisa en songeant qu’il la considérait sûrement comme faisant partie de sa famille à part entière comme son frère. C’était encore nouveau, pour elle, jamais elle n’aurait pensé que leur… nouvelle famille les accepterait aussi vite et sans aucun a priori. Pourtant, depuis qu’elle était ici, Laura n’avait ressenti aucune animosité, aucun rejet, comme si leur présence était naturelle. Le frère de son professeur continua à tourner les pages de l’album jusqu’à tapoter, sur une photo, l’homme le plus à droite dans une photo de groupe. Il y avait un couple, de ce qu’elle pouvait voir, et le cliché semblait très vieux, un peu jauni par le temps qui passe. La collégienne se pencha un peu par-dessus la main de son oncle pour voir la personne qu’il désignait, un homme… qu’elle aurait pu dire jeune mais estimer son âge était difficile. Son air, lui, était très dur, ou distant, mais pas de la même manière que le maître Shigeyuki.

Oncle – Tiens, c’est lui notre père. Avec tous nos oncles. Ils sont morts à la guerre, tous.

Laura ne put s’empêcher de lever le regard, quittant la photo des yeux, prête à dire qu’elle était désolée avant de se raviser. Ils ne voyaient pas la mort de la même manière qu’eux, en France, ni même en Europe d’ailleurs, alors lui présenter ses condoléances serait malvenu. Son ton était resté neutre, en plus de cela, ils ne considéraient pas les décès comme des « événements » malheureux mais comme la suite de quelque chose, d’après ce que la collégienne avait pu comprendre. Elle reporta son regard sur les photos suivantes, ce dernier tombant sur un cliché bien plus grand et en meilleur état, présentant deux personnes, un couple, avec un bébé dans les bras. Qui était-ce ? La femme souriait, bien qu’apparemment épuisée, tandis que l’homme restait impassible et distant, dur… Oh. C’était le père de son tuteur, le grand-père de Genji.

Mais qui était le bébé ? A quand remontait cette photo ? Laura n’eut pas le temps de demander que son oncle devança sa question, précisant la date à laquelle elle avait été prise et l’identité du bébé. C’était… C’était le père de Genji ? Vu comme ça, il était bien plus fragile, moins intimidant, l’air moins… moins père de Genji. Quarante-cinq ans… Wow. Ouvrant les yeux un peu plus grands, elle essaya de retenir le plus de détails possible pendant que le frère de monsieur Nakajima tournait les pages, chacune montrant une naissance dans l’ordre. Naturellement, celle de son professeur retint davantage son attention… Il était entouré de ses frères, l’un debout et l’autre dans les bras de leur père. C’était… bizarre. Si petit ? Un bébé ? C’était vraiment lui ? Eux ? Il avait l’air si fragile, si bébé, si… différent d’aujourd’hui.

Oncle – J’ai su que ça se faisait aussi en France, de photographier la famille lors de la naissance d’un nouvel enfant, avec ses frères et sœurs s’il en a. On prend aussi des « photos officielles », si on peut dire ça, aux passages importants de la vie. Et des photos avec les mentors importants. Là, c’étaient ceux de ton père.

Laura eut un léger temps d’arrêt sur la dernière phrase de son nouvel oncle mais tâcha de le dissimuler approuvant ce qu’il venait de dire et regardant les personnes qu’il lui désignait. Un des mentors, donc, de son tuteur était un visage qu’elle connaissait, même si plus jeune : maître Shigeyuki. Droit, mains dans le dos, sans doute jointes, beaucoup plus de cheveux qu’aujourd’hui. Il portait le même habit qu’eux, à peu près d’après ce qu’elle put voir, lorsqu’ils avaient cours d’arts martiaux au dojo au Pensionnat. Elle commençait à comprendre d’où son tuteur avait tiré ses exemples pour se construire et devenir celui qu’il était aujourd’hui, qui avaient été les personnes à influencer sa vie et celles qui lui avaient donné la force d’avancer malgré les coups durs. Enfin… Laura identifiait sans problème maître Shigeyuki avec qui elle avait déjà parlé, mais l’autre homme ? Assis sur un muret en pierre, à côté, il avait un air bien plus doux que les personnes qu’elle avait vues en photos jusqu’à présent, plus âgé aussi, mais serein et calme d’après son sourire. Il portait un kimono avec un manteau noir, des sandales et des chaussettes. Tenue sobre et simple. Non, elle ne l’avait jamais vu…

Oncle – Il s’appelait Ogai, c’était lui qui a enseigné la maîtrise du vent à notre frère. Un homme très… Il était patient, il avait vraiment un don pour écouter les autres et leur faire dire ce qu’elles avaient sur le cœur. Dans sa jeunesse, il a beaucoup voyagé, puis il est revenu s’installer au village et travailler avec les jeunes élémentaires. Il est décédé, de vieillesse, en 1911, quelques mois après le départ de Kimmitsu pour la France, puis il a été inhumé au cimetière du village. Kimmitsu l’aimait beaucoup, je crois qu’il le voyait comme un véritable père. Il aurait été curieux de vous voir, discuter avec toutes les personnes venant d’autres pays et cultures le fascinait beaucoup.

Laura – J’ai l’impression que c’est le cas de toute votre famille… Vous agissez tous avec nous comme si c’était normal que nous soyons là alors que vous êtes le seul à nous avoir vus, Jasper et moi, avec votre frère et sa femme.

C’était bizarre, désolée, elle ne comprenait pas comment il pouvait faire. Elle faisait beaucoup d’efforts pour ne pas se sentir étrangère, vraiment, mais qu’ils les intègrent aussi vite sans se poser de questions ? C’était la première fois que Laura parlait avec cet « oncle » aussi longtemps et lui la voyait, sans aucun problème, comme sa nièce ! Il y avait quelque chose qui clochait, non ? Bon, pas « clochait », mais c’était à croire qu’ils vivaient des événements similaires tous les jours, ou très régulièrement, et que l’accueil était dans leurs habitudes. Alors qu’eux, en France, rejetaient toute personne différente, même un tout petit peu… C’était ridicule. Stupide. Alors qu’ils pouvaient découvrir beaucoup s’ils se refermaient un peu moins sur eux-mêmes.

Oncle – Parce que c'est normal, oui. Même si c'était la première fois qu'on vous voyait, nous aussi, ça n'y changerait rien, vous faites partie de la famille, c'est un fait. Et puis on a gagné un neveu et une nièce en plus, comment refuser ?

Et il termina avec un sourire en lui frottant les cheveux, tirant presqu’immédiatement une moue à Laura qui détestait ça. Elle avait toujours l’impression d’être une petite fille, hyper jeune, lorsque quelqu’un d’autre lui frottait la tête comme ici ! Elle ne réagit, cependant, pas avec une réaction vive pour ne pas vexer son nouvel oncle et avoir, réellement, un comportement d’enfant. En plus, ses paroles ne répondaient pas vraiment à ce qu’elle avait dit, c’était très étrange de considérer de nouvelles personnes comme membre de leur famille à part entière sans jamais les avoir vues. A en croire ce qu’il disait, c’était eux qui éprouvaient le plus de difficultés à se faire à l’idée de faire partie de la famille… Ce qui n’était pas faux mais c’était perturbant, surtout que leur tuteur avait longuement réfléchi d’après Solène, il n’avait pas pris la décision à la légère.

Alors que Jasper et elle n’étaient pas des adolescents faciles, bougeant tout le temps et restant dans leur coin. Laura le savait et le réalisait, elle ne se l’était jamais caché puisque c’était précisément leur but jusqu’à présent. Ennuyer le plus possible leurs parents, être dans le rejet constant et ne jamais les écouter, surtout. Son frère s’était renfermé sur lui-même, petit à petit, uniquement dans le but de la préserver de leur père et ils n’avaient jamais parlé plus que nécessaire à un autre adulte… Enfin, jusqu’à ce que monsieur Nakajima se mette en tête de les faire parler. Et son frère venait de dire que Ogai, sur la photo, arrivait à faire parler tout le monde et à écouter lorsqu’il le fallait ? Pas de problème, Laura voyait de qui son tuteur avait tiré cette faculté, aussi frustrante et horrible était-elle pour eux sur le moment.

Laura – Monsieur Nakajima fait comme Ogai, finit-elle par dire au bout d’un moment. Lorsque vous êtes venus, avec votre frère, et que vous avez… qu’on est rentré pour manger, il avait tout compris aussi. Alors qu’on ne lui avait rien dit du tout, même pour la dispute et même quand on disait que tout allait bien. Et puis, il arrive toujours à nous faire parler, il annonce toujours que le mensonge est exclu des cours, en tout cas dans ceux que j’ai suivis avec lui. Un jour, un élève a essayé de lui cacher qu’il était blessé et… Votre frère l’a vu.

Oncle – Il se plaignait parfois que son maître arrivait à faire ça avec lui, mais au final, ça sert beaucoup. On aurait aimé avoir cette capacité-là, nous aussi, ça nous aurait aidé dans pas mal de situations. Ne fais pas la tête, tu le feras aussi sûrement, dans quelques années.

Laura n’était pas sûre de vouloir le faire aussi, ce qu’elle ajouta tout bas, mais le fait que son tuteur se soit plaint de cette « capacité » était perturbant. Lui aussi avait cherché à cacher des choses lorsqu’il était plus jeune ? Mais pourquoi est-ce qu’il mettait tant d’énergie à ce qu’eux ne le fassent pas, alors ? Elle réfléchit un moment, cherchant à comprendre pourquoi il agissait de cette manière, essayant d’imaginer ce qu’avait été sa vie avant de partir pour la France à partir de cette photo. Les mentors… Ils étaient importants pour lui et il avait été très agité, plus que Jasper et elle réunis. C’était à cause du vent, tout ça ? Pourtant, ils imposaient aussi de la discipline, et beaucoup, la photo parlait d’elle-même. Et puis, il y avait le sport, le dojo, tout ça… C’était forcément cadré, non ? Laura releva à nouveau la tête vers son oncle, une moue aux lèvres pendant qu’elle essayait de remettre de l’ordre dans ses idées pour ne pas tout demander dans le désordre.

Laura – Comment est-ce qu’il était quand il était tout petit ? Il m’a dit qu’il était plus agité que Jasper et moi réunis mais son maître est en tenue pour le sport, comme nous quand on va au dojo, donc il s’entraînait aussi. S’il avait un cadre, comment est-ce qu’il pouvait être… plus agité ? Son maître a dit qu’il était étonné qu’il soit professeur, en plus. J’ai du mal à imaginer comment vous étiez ou… ce que vous faisiez, enfants. Mais si je ne peux pas demander, vous n’êtes pas obligé de répondre.
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MessageSujet: Re: Les adultes ont vraiment été petits...   Les adultes ont vraiment été petits... EmptyVen 2 Mar - 11:07

Laura – J’ai l’impression que c’est le cas de toute votre famille… Vous agissez tous avec nous comme si c’était normal que nous soyons là alors que vous êtes le seul à nous avoir vus, Jasper et moi, avec votre frère et sa femme.

Munemori – Parce que c'est normal, oui. Même si c'était la première fois qu'on vous voyait, nous aussi, ça n'y changerait rien, vous faites partie de la famille, c'est un fait. Et puis on a gagné un neveu et une nièce en plus, comment refuser ?

Il tendit la main pour lui frotter les cheveux avec un large sourire, ravi en voyant qu’elle avait exactement la même réaction que sa fille, à savoir une moue boudeuse et un petit mouvement de recul. Ils comprendront plus tard que c’était le genre de petits gestes que les parents faisaient tout le temps, avec leurs enfants, c’était juste affectueux et qu’ils aient vingt ou soixante ans n’y changera rien ! Il la laissa ensuite regarder plus longuement la photo, comme elle se penchait à moitié dessus, tenant l’album entre ses genoux, assis en tailleur par terre. Cette photo-la avait bien failli ne pas être prise, le maître du dojo n’aimait pas particulièrement se poser pour être photographié, même pour les grandes occasions, il y avait eu du mal à le convaincre. Ogai, lui, avait été beaucoup plus doux et patient. Ils n’avaient su que beaucoup plus tard que c’était en réalité chez lui que leur frère avait passé les quelques jours ayant séparés son éjection de la maison de son départ du Japon, le vieil homme était resté très discret, là-dessus, ils n’avaient pu l’apprendre que grâce à un voisin, par pur hasard, près de cinq ans après la mort du vieil homme. Il était bon de savoir qu’il existait de telles personnes, dans le monde, capables de vous tendre aussitôt la main sans jugement, sans poser la moindre question, sans vous faire sentir mal à l’aise ou plus rejeté que vous ne l’étiez déjà, et sans, c’était le plus important, avoir de pitié pour vous mais juste de la compassion.

Laura – Monsieur Nakajima fait comme Ogai, finit-elle par dire au bout d’un moment. Lorsque vous êtes venus, avec votre frère, et que vous avez… qu’on est rentré pour manger, il avait tout compris aussi. Alors qu’on ne lui avait rien dit du tout, même pour la dispute et même quand on disait que tout allait bien. Et puis, il arrive toujours à nous faire parler, il annonce toujours que le mensonge est exclu des cours, en tout cas dans ceux que j’ai suivis avec lui. Un jour, un élève a essayé de lui cacher qu’il était blessé et… Votre frère l’a vu.

Munemori – Il se plaignait parfois que son maître arrivait à faire ça avec lui, mais au final, ça sert beaucoup. On aurait aimé avoir cette capacité-là, nous aussi, ça nous aurait aidé dans pas mal de situations. Ne fais pas la tête, tu le feras aussi sûrement, dans quelques années.

Même si elle ne le voulait pas aujourd’hui, ce qu’elle ajouta dans un murmure. Lorsqu’on s’occupait d’enfants ou d’adolescents, c’était un don très précieux, difficile d’en réaliser la valeur, par contre, lorsqu’on était encore jeune. Il sentit qu’elle avait d’un coup pas mal de questions lorsqu’elle releva la tête avec une petite moue aux lèvres. Tiens donc, cette expression-là était donc commune à tous les enfants, peu importe le continent où ils étaient nés ? C’était plus drôle, il ne l’aurait jamais réalisé sans l’arrivée de sa nouvelle nièce tout droit venue d’Europe. De toute manière, Munemori jugeait bien plus normal et agréable de pouvoir parler librement avec les enfants et répondre à leurs questions, la société avait évolué dans le bon sens, sur ce terrain. Lorsqu’ils étaient petits, ça ne se faisait pas de trop questionner les adultes. Il attendit qu’elle mette un peu d’ordre dans ses idées, sans rien dire, tout en terminant de ranger les papiers et les lettres correctement. Une fois fait, il remit l’album en place, qui commençait à glisser, les photos mal accrochées avec.

Laura – Comment est-ce qu’il était quand il était tout petit ? Il m’a dit qu’il était plus agité que Jasper et moi réunis mais son maître est en tenue pour le sport, comme nous quand on va au dojo, donc il s’entraînait aussi. S’il avait un cadre, comment est-ce qu’il pouvait être… plus agité ? Son maître a dit qu’il était étonné qu’il soit professeur, en plus. J’ai du mal à imaginer comment vous étiez ou… ce que vous faisiez, enfants. Mais si je ne peux pas demander, vous n’êtes pas obligé de répondre.

Munemori – Déjà, il faut te mettre dans le contexte. Quand nous étions enfants, le Japon peinait à sortir de la guerre et de crises assez violentes, beaucoup de choses étaient remises en question et dans le même temps, les traditions étaient plus ancrées que jamais car elles rassuraient tout le monde, le cadre de vie ramenait une stabilité dont tout le monde avait besoin.

Il lui montra une photo de la maison telle qu’elle était il y a une quarantaine d’années, en lui expliquant au passage que des gros travaux étaient faits tous les vingt ans, environ, pour changer les matériaux et les bases, car tout était fait pour durer une période donnée avant de restaurer, à cause des matériaux. C’était le cas pour une majeure partie des habitations, au Japon, on utilisait pas la pierre ou très peu. Elle était trop chère, le béton n’était pas non plus utilisé pour les habitats. Il lui montra ensuite une photo assez grande de leur mère, assez jeune et souriante à pleine dents. C’était au village, un soir de fête, sans doute le Nouvel An d’après sa tenue et le décor atour, avec tous les luminaires, les lampions, les échoppes… Il indiqua à sa nièce que le bébé que mère tenait dans les bras, une fillette âgée d’à peine un an, était Mustoko, leur petite sœur. Kimmitsu était juste à côté, s’accrochant au kimono de sa mère, à trois ans. Lui et Josuke portaient chacun lampion et regardaient ailleurs, au moment où la photo avait été prise.

Munemori – A cette époque, la vie était très simple. Nous allions à l’école, jouions dehors avec les copains et copines, apprenions à lire, à écrire… Le Nouvel An est la fête principale de l’année, dans ce pays. Jusqu’à ses sept ans, huit ans, Kimmitsu était plutôt calme, encore. Peut-être même plus timide que nous, maintenant que j’y pense. Il avait commencé ses cours au dojo à cinq ans, avec Shigeyuki. Josuke était déjà destiné à devenir chef de famille et avoir certaines responsabilités, moi, j’étais trop naïf et rêveur donc père ne savait pas trop ce que j’allais devenir. Kimmitsu, lui, arrivait à se concentrer longtemps et apprendre vite. Une vie complètement normale et cadrée… Puis il y a eu la naissance de son don, à sept ans, de mémoire. Et c’est à partir de là que tout est parti de travers, pour lui.

Il ne put s’empêcher de grimacer, tout en soupirant, feuilletant les pages avec lenteur jusqu’à trouver la photo qu’il cherchait. Sur celle-ci, leur frère devait avoir dix ou onze ans, déjà. Il était en tenue d’entraînement, en position de garde, son maître était juste derrière, les bras croisés, sa posture et son air montrant qu’il devait être occupé à lui expliquer quelque chose.

Munemori – Notre grand-père avait perdu ses deux dons, il avait le vent et le feu, depuis longtemps et ne vivait pas encore avec nous. Notre père détestait les élémentaires, surtout le vent pour être honnête, car c’était à cause de ça qu’il avait été blessé et que ses frères étaient morts, surtout. Nous étions enfants, on ne comprenait pas bien la situation… Ce n’est que maintenant, en réalité, que je réalise à quel point notre frère a dû se sentir de plus en plus isolé et que la cassure s’est faite plus profondément chaque jour. Son comportement a évolué, d’abord doucement, puis ça a « éclaté », si je peux dire ça, à ses dix ans. Il n’écoutait plus personne, à la maison, plus ça allait et plus les règles de vie lui pesaient. Puis les disputes ont commencé, entre lui et notre père, tous les jours, parfois plusieurs fois par jour, c’était juste infernal. Maître Shigeyuki a eu un mal de chien, au dojo, à le canaliser mais au final, c’est lui qui l’a beaucoup aidé. Il lui a fait contrôler son énergie, et Ogai lui a appris à s’en servir.

La tête tournée vers Laura, il lui expliqua comment ça s’était déroulé, plus en détails. A la maison, ce n’était pas possible de tenir, l’ambiance était trop mauvaise entre lui et leur père. Il aurait voulu que son fils ne se serve jamais de ce pouvoir, voire le fasse disparaître, et de son côté, Kimmitsu avait répondu clairement et dès le début, du haut de ses dix ans, qu’il était hors de question qu’il abandonne ce don et encore moins qu’il le cache. La pratique des arts martiaux l’avait énormément aidé à retrouver sa concentration, durant des périodes plus longues, et à se contrôler. Maître Ogai, ensuite, avait commencé à l’entraîner alors qu’il avait treize ans. A eux deux, ils avaient été pour lui bien plus formateurs et pédagogues que tous les professeurs de l’école primaire puis du collège réunis, sans parler de leurs propres parents. Néanmoins, cette période avait été très houleuse pour tout le monde… Il expliqua aussi à Laura que pour tout le monde, y compris pour lui et Josuke à cette époque, c’était clairement la faute de Kimmitsu s’il était ainsi avec leur père, qu’il ne le respectait pas assez. Son ton devint amer lorsqu’il dit que seuls les mentors de leur frère, sans aucun doute, avaient compris qu’il partira.

Munemori – A dix-neuf ans, il n’était pas encore prêt à vraiment enseigner et Shigeyuki a sans doute cru qu’il allait emprunter une autre voie. Je ne suis pas capable de te dire ce qu’il a vraiment vécu en France, les dix années suivantes. Mais c’est là-bas qu’il s’est construit peu à peu, ou reconstruit, plutôt. En étant embauché au pensionnat, je suppose que c’est là qu’il a enfin trouvé sa place. Il y est arrivé à peu près au même moment où Gabriella est revenue, de ce qu’on en a compris. J’ai l’impression que plus de la moitié des professeurs de cette école ont eu des histoires similaires et que le pensionnat leur a servi de refuge autant que de nouveau départ.

Il eut un petit rire un peu nerveux, ignorant totalement si cette affirmation pouvait avoir un fond de vérité ou si ce n’étaient que des conclusions farfelues, auxquelles il était arrivé en écoutant son frère ou en glanant des informations ci et là. Ça devait être normal, aussi, on ne pouvait que se sentir mieux entouré de personnes capables de vous comprendre car elles avaient vécu les mêmes choses.

Munemori – Il y a tellement de crises qui peuvent être évitées si on prend la peine ou le temps de s’intéresser au noyau du problème et de le comprendre. A mon avis, c’est pour ça qu’il s’efforce de vous faire dire ce que vous avez sur le coeur, il n’a pas envie de vivre avec vous ce qu’il a vécu avec son père. C’est comme ça aussi pour pas mal de ses collègues, de ce que j’en ai compris. On ne combat jamais sans une très bonne raison.
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MessageSujet: Re: Les adultes ont vraiment été petits...   Les adultes ont vraiment été petits... EmptyLun 9 Avr - 17:25

Oncle – Déjà, il faut te mettre dans le contexte. Quand nous étions enfants, le Japon peinait à sortir de la guerre et de crises assez violentes, beaucoup de choses étaient remises en question et dans le même temps, les traditions étaient plus ancrées que jamais car elles rassuraient tout le monde, le cadre de vie ramenait une stabilité dont tout le monde avait besoin.

Laura regarda attentivement la photo que lui montrait son oncle. Elle montrait la maison dans laquelle ils étaient, apparemment, toujours dans ce même style typique des maisons d’ici d’après ce qu’elle avait pu remarquer depuis leur arrivée au Japon. Son oncle lui expliqua alors qu’ils faisaient de gros travaux tous les vingt ans à cause du matériau pour prolonger la durée de vie de l’habitation. C’est vrai, ça… Laura n’y avait pas pensé, mais ils n’utilisaient pas la brique, ni le béton, encore moins le métal. Tout était en bois, en tout cas à première vue. Et le bois n’était pas éternel, il était même très fragile. Mais c’était comme cela pour beaucoup de choses ? Et les traditions, les métiers qu’ils exerçaient… ? A la fois patiente et curieuse, Laura ouvrit de grands yeux étonnés, se mettant un peu mieux pour bien voir les photos et entendre ce que son nouvel oncle lui racontait, soudain bien plus attentive, silencieuse.

Il lui montra un autre cliché représentant une femme tenant un bébé, une petite fille, dans ses bras et de jeunes garçons assez à ses côtés, lampions à la main et regards ailleurs. Tout autour, il y avait des lampions, des échoppes, une ambiance apparemment assez festive mais conservant une certaine solennité sans que Laura ne puisse en expliquer la raison. Le pays sortait de crises violentes, d’une guerre et les habitants avaient besoin de stabilité, de repères… Sans doute ce contexte contribuait-il à donner une telle impression de respect dans cette photo, comme si l’ambiance festive restait fragile malgré tout. Ce n’est que lorsque son oncle lui renseigna l’identité des enfants que la collégienne ouvrit légèrement la bouche, choquée, peinant à se représenter son tuteur aussi jeune. Il était tout petit ! Et presque un enfant, comme le père de Genji. Elle lança un petit regard à la photo puis à son oncle, essayant de faire des liens. Mais il était si jeune ! Et si… Il semblait tellement… Pas lui. Pas professeur, encore moins adulte. Comme eux, en fin de compte.

Oncle – A cette époque, la vie était très simple. Nous allions à l’école, jouions dehors avec les copains et copines, apprenions à lire, à écrire… Le Nouvel An est la fête principale de l’année, dans ce pays. Jusqu’à ses sept ans, huit ans, Kimmitsu était plutôt calme, encore. Peut-être même plus timide que nous, maintenant que j’y pense. Il avait commencé ses cours au dojo à cinq ans, avec Shigeyuki. Josuke était déjà destiné à devenir chef de famille et avoir certaines responsabilités, moi, j’étais trop naïf et rêveur donc père ne savait pas trop ce que j’allais devenir. Kimmitsu, lui, arrivait à se concentrer longtemps et apprendre vite. Une vie complètement normale et cadrée… Puis il y a eu la naissance de son don, à sept ans, de mémoire. Et c’est à partir de là que tout est parti de travers, pour lui.

Laura leva à nouveau la tête vers son oncle au moment où il soupira, reportant ensuite le regard sur les feuilles de l’album qu’il tournait lentement sans donner d’explication, comme s’il cherchait une photo précise. Donc, en fin de compte, le père de Genji avait vécu la même chose que Jasper… Sauf que son frère possédait l’élément feu, ce qui avait engendré une rébellion bien plus dure et décisive. Enfin… Elle ignorait si le père de son tuteur frappait ses enfants, peut-être était-ce le cas, peut-être pas. Dans tous les cas, elle imaginait un peu mieux ce qu’avait été l’enfance de monsieur Nakajima, comprenant sans trop de problème que son don ait tout fait basculer. C’était… un peu comme Genji, au final, non ? Lui aussi était très calme et discret, c’était seulement avec son père et sa famille qu’il s’était souvent disputé. C’était comme cela avec tous ceux qui avaient le vent en premier élément ? Mais… Et ceux qui grandissaient dans des familles moins fermées, traditionnelles, ils s’en sortaient sans dispute, sans révolte ? Adeline lui a dit que c’était normal, à son âge. Tous connaissaient sûrement cette phase, les élémentaires de vent la subissant à plus grande échelle…

Pensive, elle observa la photo que son oncle lui montrait, celle qu’il recherchait apparemment. Maintenant qu’elle avait vu son tuteur plus jeune, il lui était bien plus simple de le reconnaître ici, en tenue d’entraînement, un peu plus âgé, avec son maître derrière, bras croisés, lui parlant avec un air plus concentré. Difficile d’estimer son âge, en revanche, elle savait que c’était quelques années plus tard puisque son oncle venait de dire que tout avait commencé à mal tourner à partir des sept ans de son frère. Pour lui aussi, cela avait dû être difficile… Être pris au milieu de tout cela sans aucun avenir précis, d’après son propre père. S’il avait développé un don, comme il était « au milieu », il aurait subi la même chose ? Bon, stop les hypothèses, Laura recommençait à partir dans tous les sens et elle le savait. Son tuteur avait eu une vie normale et « simple » au début, avant le développement de son don. Mais le côté traditionnel du pays et de sa famille s’était violemment heurté à celui-ci…

Oncle – Notre grand-père avait perdu ses deux dons, il avait le vent et le feu, depuis longtemps et ne vivait pas encore avec nous. Notre père détestait les élémentaires, surtout le vent pour être honnête, car c’était à cause de ça qu’il avait été blessé et que ses frères étaient morts, surtout. Nous étions enfants, on ne comprenait pas bien la situation… Ce n’est que maintenant, en réalité, que je réalise à quel point notre frère a dû se sentir de plus en plus isolé et que la cassure s’est faite plus profondément chaque jour. Son comportement a évolué, d’abord doucement, puis ça a « éclaté », si je peux dire ça, à ses dix ans. Il n’écoutait plus personne, à la maison, plus ça allait et plus les règles de vie lui pesaient. Puis les disputes ont commencé, entre lui et notre père, tous les jours, parfois plusieurs fois par jour, c’était juste infernal. Maître Shigeyuki a eu un mal de chien, au dojo, à le canaliser mais au final, c’est lui qui l’a beaucoup aidé. Il lui a fait contrôler son énergie, et Ogai lui a appris à s’en servir.

Sentant le regard de son oncle posé sur elle, la collégienne releva à nouveau la tête, se détachant de la photo pour l’écouter expliquer comment cet « épisode » s’était déroulé. Elle savait déjà quelques éléments, son professeur lui en ayant parlé au presbytère, mais ce n’était pas le même point de vue. Et elle ne pouvait s’empêcher de comparer Genji à monsieur Nakajima en écoutant son oncle, trouvant des ressemblances incroyables, mais horribles, entre eux deux. D’un coup, elle commençait à comprendre pourquoi son père avait demandé à son frère, vivant en France, de l’aider comme lui n’y arrivait pas. Si les disputes étaient aussi féroces qu’à l’époque et si Genji se renfermait sur lui-même sans aucune aide extérieure… Mais pourquoi n’était-il pas allé trouver maître Shigeyuki, alors ? Peut-être son père en avait-il gardé un mauvais souvenir à cause de sa propre enfance et n’en avait-il donc pas parlé à son fils… C’était possible. Mais ils avaient perdu tant de choses et provoqué tant de disputes, à cause de cela. Laura essayait de comprendre les réactions, comme son tuteur le lui avait dit dans ce presbytère à la fin du voyage scolaire, mais c’était encore très difficile. Cependant, cette histoire et cette explication le rendaient plus… accessible. Moins étranger.

Monsieur Nakajima avait été un enfant comme eux, il avait vécu seul à cause de sa famille et s’était isolé très jeune à cause de son don et de l’incompréhension totale de ses proches. Le ton de son oncle changea un peu lorsqu’il lui expliqua alors qu’à l’époque, tout le monde pensait que c’était de la faute de leur frère s’il s’entendait si mal avec leur père, si la situation était aussi tendue, si… S’il y avait tous ces problèmes entre eux, au final. Plus amer, il ajouta que seuls les mentors de monsieur Nakajima avaient compris qu’il partirait. Comment ne pas le comprendre ? Il n’avait plus rien à perdre, au Japon, et toute cette distance, tout ce secret dans son passé se comprenait sans problème. Qui aurait voulu raviver d’anciennes blessures ? Généralement, ces sujets, on les évite. Il s’était retrouvé tout seul, dans un pays inconnu en pratique, sans aucune aide sur place… A cause de sa famille. Laura ne put s’empêcher de serrer très légèrement les poings, en entendant cela, même si la situation avait évolué depuis. Alexis avait connu la même chose, d’après son tuteur, Genji aussi… Et bon nombre d’autres élèves connaissaient la même situation depuis que les élémentaires et le Pensionnat étaient ciblés directement.

Oncle – A dix-neuf ans, il n’était pas encore prêt à vraiment enseigner et Shigeyuki a sans doute cru qu’il allait emprunter une autre voie. Je ne suis pas capable de te dire ce qu’il a vraiment vécu en France, les dix années suivantes. Mais c’est là-bas qu’il s’est construit peu à peu, ou reconstruit, plutôt. En étant embauché au pensionnat, je suppose que c’est là qu’il a enfin trouvé sa place. Il y est arrivé à peu près au même moment où Gabriella est revenue, de ce qu’on en a compris. J’ai l’impression que plus de la moitié des professeurs de cette école ont eu des histoires similaires et que le pensionnat leur a servi de refuge autant que de nouveau départ.

Ah ? Il eut un petit rire, sûrement nerveux, sans que Laura ne puisse confirmer ce qu’il avançait. A vrau dire, elle ne connaissait que l’histoire de sa tante, et encore. Quant à celle de monsieur Nakajima, elle venait de l’apprendre et constatait qu’ils avaient, effectivement, tous les deux eu un passé très mouvementé mais, de là à dire la même chose de tous les professeurs… Madame Martin était toute seule, maintenant, avec ses enfants. Mais de son passé, en dehors de certaines rumeurs, la collégienne n’en connaissait rien. D’ailleurs… C’était la même chose pour tous leurs professeurs. Bon nombre de rumeurs et ragots circulaient, surtout sur le professeur de mathématiques et de musique comme il s’était absenté très longtemps – et qu’en plus, elle avait vécu chez lui quelques temps. De là à affirmer que tout ce qu’elle avait entendu était vrai… Ah, si, il y avait leur infirmier aussi comme il avait eu beaucoup de problèmes l’année passée et le remplaçant de la directrice, très peu. Ils avaient tous des histoires difficiles, alors ? C’était pour cela qu’ils étaient ici et qu’ils avaient accepté de travailler dans une école dirigée par une femme ? Mais et monsieur Redfire ? Il n’avait rien, lui, si ? Ses parents semblaient gentils et lui-même était toujours de très bonne humeur, il les avait même beaucoup aidés cet été.

Oncle – Il y a tellement de crises qui peuvent être évitées si on prend la peine ou le temps de s’intéresser au noyau du problème et de le comprendre. A mon avis, c’est pour ça qu’il s’efforce de vous faire dire ce que vous avez sur le cœur, il n’a pas envie de vivre avec vous ce qu’il a vécu avec son père. C’est comme ça aussi pour pas mal de ses collègues, de ce que j’en ai compris. On ne combat jamais sans une très bonne raison.

Laura – Sauf que ce n’est jamais aussi important…, répondit-elle plus bas en faisant la moue. Je… comprends mieux, mais ça n’empêche pas la frustration de ne pouvoir rien garder sans qu’il ne s’en doute. Même si on doit « bien grandir », que c’est mauvais de tout garder pour soi, et tout le reste, ce sont toujours des choses sans importance par rapport à tout ce qu’il a vécu avec vous. On ne se dispute pas avec lui, on ne remet même rien en question… Puis, on ne fait pas de bêtises, maintenant.

Enfin, sauf à l’école où ils étaient un peu plus agités, mais Laura se garda bien de le souligner, ajoutant simplement un « Enfin pas trop » dans un murmure. Elle ne comprenait pas, c’était surtout cela. Il voulait bien faire, oui, mais ils restaient sages, surtout depuis qu’ils étaient chez lui. Laura avait bien fugué une fois, la nuit, pour aller sur la tombe d’Alexis, où elle s’était fait prendre. Mais l’autre fois, avec Genji… Non. Il n’en avait jamais été au courant, n’avait jamais rien su. Et puis, s’il était plus agité qu’eux deux réunis, pourquoi être aussi attentif à leurs réactions ? Laura garda cette question pour elle, cependant, se doutant que son oncle ne pourrait pas lui répondre comme son frère avait surtout forgé son identité durant son absence. Or, comme il venait de le lui dire, il ne savait pas grand-chose de ce qu’avait vécu monsieur Nakajima en France pendant tout ce temps… Mais ils n’avaient vraiment aucun contact ? Et comment cela se faisait-il, qu’aujourd’hui, ils aient l’air si… proches ? Si on s’éloignait de sa famille pendant dix longues années pour les retrouver après, rien n’est perdu ?

Pour Laura, l’imaginer était presque impossible, elle n’avait que quatorze ans. Mais c’était comme si… Comme si elle ne voyait plus Jasper du jour au lendemain pour ne le retrouver que dans dix ans. L’imaginer lui nouait la gorge. Elle ouvrit légèrement la bouche pour la refermer quelques secondes après, cherchant ses mots, commençant même une phrase avant de s’excuser. Elle ne comprenait pas tout, quelque chose restait comme flou dans son esprit, surtout cette absence et ces retrouvailles. D’après les longues discussions avec Genji, il apprenait aussi à connaître son oncle maintenant, n’avait eu que de brefs moments avec lui jusqu’à présent et ne le connaissait pas trop. Pourtant, son père l’avait envoyé avec son frère en Europe sans hésiter une seconde… Laura leva les yeux vers son nouvel oncle, expliquant qu’elle avait une question mais qu’elle ignorait s’il pouvait répondre, s’excusant d’avance si cela ne se faisait pas.

Laura – Comment est-ce que… vous avez fait pour rester aussi proches de votre frère après toutes ces années ? Vous venez de dire qu’il est parti pendant dix ans, il a beaucoup changé et… On dirait que vous êtes tous les trois très proches, malgré tout. Si vous vous êtes laissés dans un climat de disputes, vous pouviez tout de même vous parler, parfois ? J’ai parlé avec Genji et la famille semble être très importante donc j’ai du mal à… imaginer le quotidien après une séparation telle que celle-là. Vous avez pu parler à son maître ? C’est pour ça que vous êtes venus en France ?
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MessageSujet: Re: Les adultes ont vraiment été petits...   Les adultes ont vraiment été petits... EmptyJeu 12 Avr - 11:41

Laura – Sauf que ce n’est jamais aussi important…, répondit-elle plus bas en faisant la moue. Je… comprends mieux, mais ça n’empêche pas la frustration de ne pouvoir rien garder sans qu’il ne s’en doute. Même si on doit « bien grandir », que c’est mauvais de tout garder pour soi, et tout le reste, ce sont toujours des choses sans importance par rapport à tout ce qu’il a vécu avec vous. On ne se dispute pas avec lui, on ne remet même rien en question… Puis, on ne fait pas de bêtises, maintenant.

Bah, peu importe, ce n’est pas le degré d’importance des disputes ou des bêtises qui comptaient vraiment, le plus important, c’était de savoir comment on voulait élever ses enfants et quelle relation avoir avec eux, qu’ils soient de votre sang ou adoptés. Munemori posa l’album devant eux le temps de s’asseoir un peu mieux que ça, il commençait à avoir des fourmis dans les jambes, puis reprit le tout. Des photos mal accrochées glissaient un peu, il prit soin de les remettre en place pour ne pas les abîmer. Il ne fit pas vraiment attention quand Laura s’excusa de deux autres trucs qu’il ne comprit pas, sur le moment. Elle était du genre à demander pardon pour tout et pour rien, dès lors qu’elle ouvrait la bouche pour discuter, il laissait donc couler sans y prendre garde. Il y avait des gens comme ça, qui se sentaient comme obligés de demander pardon dès qu’ils ouvraient la bouche, comme si le simple fait de parler était un crime. Il comprendra peut-être un jour pourquoi, d’ici là, autant laisser tomber la question. En tout cas, niveau caractère, le jeune Jasper était beaucoup plus assuré que sa sœur, même s’il était aussi dix fois plus renfermé qu’elle. Mais ce n’était peut-être qu’avec eux, dans cette maison, il l’ignorait. Il avait parfois les mêmes réactions que Genji, ça aidait à le cerner.

Laura – Comment est-ce que… vous avez fait pour rester aussi proches de votre frère après toutes ces années ? Vous venez de dire qu’il est parti pendant dix ans, il a beaucoup changé et… On dirait que vous êtes tous les trois très proches, malgré tout. Si vous vous êtes laissés dans un climat de disputes, vous pouviez tout de même vous parler, parfois ? J’ai parlé avec Genji et la famille semble être très importante donc j’ai du mal à… imaginer le quotidien après une séparation telle que celle-là. Vous avez pu parler à son maître ? C’est pour ça que vous êtes venus en France ?

Munemori – Non, pas du tout. C’est notre père qui se disputait avec lui, pas nous. On est plus proches simplement parce qu’on passait tout notre temps ensemble, enfant. Nos sœurs jouaient entre elles, petites. Puis on a une grande différence d’âge avec nos plus jeunes frères, forcément, la relation ne peut pas être la même. Surtout, on étaient déjà adultes et mariés, quand notre père est mort, alors que Eisen et Akinori avaient quoi… sept et huit ans, je crois. On aidait notre mère à s’occuper d’eux et nos petites sœurs. Avec Kimmitsu et Josuke, notre différence d’âge est faible. On était les seuls à qui il parlait normalement, après la naissance de son don.

Il lui montra une des photos, prise par Josuke sans doute, où Munemori et Kimmitsu étaient assis cote à côte au bord d’une rivière, en train de préparer visiblement du matériel de pêche. C’était une activité que le peintre aimait toujours beaucoup faire, il y emmenait parfois ses enfants, il y allait parfois seul. Rien de mieux, un matin très tôt, pour se vider la tête, s’amuser et se détendre. Là-dessus, il devait avoir quinze ans et son frère quatorze, l’âge de Laura aujourd’hui. D’un ton posé, il raconta dans les grandes lignes qu’ils étaient rarement séparés, lorsqu’ils étaient jeunes, et que ça créait des liens solides, comme elle avec Jasper, somme toute. Ce qu’on vivait durant l’enfance marquait durablement votre existence toute entière, même si la vie décidait ensuite de vous séparer de vos proches. Elle-même n’oublierait jamais son frère même si elle devait être séparée de lui, pas vrai ? Il lui posa la question puis sourit, connaissant déjà la réponse. Munemori lui glissa le doigt sur la joue dans un geste affectueux, avant de reprendre l’album en mains. Il lui raconta ensuite que la vie, après ce départ, avait continué comme si de rien n’était, en apparence. Le sujet était évité, à la maison, surtout devant leur père et les plus jeunes, qui ne comprenaient pas vraiment. Tel un voile jeté sur un épisode douloureux, qu’on ne voulait plus soulever.

Munemori – On a gardé une relation à distance en pointillés. Lettres échangées, parfois téléphone. Puis on a entendu des rumeurs de plus en plus graves, sur la France, on a essayé de le contacter plus souvent. On ne savait pas encore qu’il faisait exprès de nous maintenir à distance et de ne pas avoir de femme dans sa vie, pour ne pas mêler d’autres personnes à ce qu’il vivait. Mais sinon, oui, il a énormément changé et on a dû se… « retrouver », si je peux dire ça. Rebâtir une partie de notre lien. Il parle si peu de ses premières années en France, peu de lettres, peu de photos envoyées.

Ils en avaient quelques unes, peut-être dix, voire moins. Le peintre en sortit une que son frère avait prise de l’école, la salle des professeurs visiblement. L’infirmier du pensionnat, enfin le docteur, était déjà là, nettement plus souriant et aussi avec un air de prime jeunesse triomphante, il devait avoir vingt-cinq ans, là-dessus. Munemori commençait à dire d’un ton perplexe que Solène était là, tiens, avant de s’interrompre, réalisant que ce n’était juste pas possible. Il pencha la photo entre lui et Laura pour la mettre à la lumière, puis comprit que c’était Gabriella, en fait. Elle riait en compagnie d’un autre homme, un grand rouquin musclé comme jamais qu’il n’avait jamais vu, qui lui souriait aussi, à moitié penché vers elle. Pour le coup, elle ressemblait beaucoup à Solène. Et le gars devait être un de ses anciens collègues, sans doute. L’autre photo qu’il avait sous la main était un qui devait dater d’il y a cinq ou six ans. Kimmitsu y posait avec la mère d’Océane, devant le dojo du pensionnat, en plein soleil. Tous deux souriaient paisiblement au photographe, le visage bien moins marqué par la fatigue ou les tensions. L’école, en arrière-plan, semblait elle aussi exempte de problèmes.

Munemori – Ah, et tant que j’y pense, je te cherchais aussi car toi, Océane et Jasper, vous avez besoin d’une tenue, pour le Nouvel An. Il y a un tailleur, au village, enfin en ville maintenant, qui pourra prendre vos mesure, tu dois juste choisir le tissu qui te plaît. Il est grand temps d’y penser, on arrive bientôt au 31. File chercher ta veste, je vais récupérer les autres.
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MessageSujet: Re: Les adultes ont vraiment été petits...   Les adultes ont vraiment été petits... EmptyVen 4 Mai - 19:14

Oncle – Non, pas du tout. C’est notre père qui se disputait avec lui, pas nous. On est plus proches simplement parce qu’on passait tout notre temps ensemble, enfant. Nos sœurs jouaient entre elles, petites. Puis on a une grande différence d’âge avec nos plus jeunes frères, forcément, la relation ne peut pas être la même. Surtout, on étaient déjà adultes et mariés, quand notre père est mort, alors que Eisen et Akinori avaient quoi… sept et huit ans, je crois. On aidait notre mère à s’occuper d’eux et nos petites sœurs. Avec Kimmitsu et Josuke, notre différence d’âge est faible. On était les seuls à qui il parlait normalement, après la naissance de son don.

Laura hocha la tête, comprenant mieux, avant de reporter le regard sur la photo que lui montrait son oncle. Dessus, elle y voyait son tuteur et Munemori assis au bord d’une rivière, l’un à côté de l’autre, en train de… pêcher ? Ils étaient très jeunes par rapport à maintenant mais, si la collégienne se fiait aux clichés précédents, ils devaient avoir plus ou moins le même âge que Jaz et elle aujourd’hui, au moment de cette partie de pêche. La pêche… Jamais fait, jamais pris le temps. Antoine dirait qu’elle était trop impatiente pour, tout comme son frère. Rester des heures assis au bord d’une rivière pour attraper un poisson… Autant Laura aimait l’eau, autant Jasper en deviendrait très vite malade et lassé. Donc, non, jamais fait. Mais il ne s’attarda pas sur cet épisode, lui racontant qu’ils étaient rarement séparés, durant l’enfance, et que ça avait créé des liens solides, comme elle et Jasper. L’enfance et les événements marquaient une relation, la construisant et la solidifiant ou non selon ce qui se passait. Or, ici, les deux adolescents avaient déjà vécu des choses très fortes, c’est même ce qu’avait dit indirectement son père adoptif : Laura avait cherché à sauver ce qui lui restait de sa famille en demandant à avoir un tuteur. Donc, des liens solides, ils en avaient, un peu comme eux trois.

Il lui demanda, soudain, si elle pouvait oublier son frère même s’ils étaient séparés à l’avenir, ce à quoi Laura répondit vivement par un « Non ! » offusqué et convaincu. Comment pourrait-elle l’oublier ? Impossible ! Ils se disputaient, parfois, évidemment, mais elle ne pourrait jamais oublier et ne plus parler à son frère. Surtout pendant dix ans… Elle en souffrirait trop. Même si lui refuserait de lui parler pour une raison quelconque, elle chercherait à le retrouver. Aussitôt après sa réponse, Munemori glissa un doigt sur sa joue, encore comme si elle était toute petite, Laura ayant un léger sursaut, une moue aux lèvres. Il se sentait vraiment obligé de faire ça… ? Elle n’était pas une enfant ! Elle avait quatorze ans et même Jasper n’avait plus ce genre de gestes, sauf pour l’ennuyer ou lorsqu’il voulait la rassurer. Mais soit, ne rien dire. Son oncle avait repris l’album entre ses mains, lui racontant ensuite que la vie, après le départ de leur frère, avait continué comme si rien ne s’était passé. Le sujet était tabou, personne ne l’évoquait et eux n’avaient plus de contact… Comment avaient-ils fait pour supporter ce silence ? Il lui avait expliqué, oui, bien sûr, mais Laura peinait à imaginer un quotidien sans contact avec un frère si proche.

Oncle – On a gardé une relation à distance en pointillés. Lettres échangées, parfois téléphone. Puis on a entendu des rumeurs de plus en plus graves, sur la France, on a essayé de le contacter plus souvent. On ne savait pas encore qu’il faisait exprès de nous maintenir à distance et de ne pas avoir de femme dans sa vie, pour ne pas mêler d’autres personnes à ce qu’il vivait. Mais sinon, oui, il a énormément changé et on a dû se… « retrouver », si je peux dire ça. Rebâtir une partie de notre lien. Il parle si peu de ses premières années en France, peu de lettres, peu de photos envoyées.

Laura réprima un frisson, imaginant la même relation avec Jasper et les conséquences que cela engendrerait. Ils étaient aussi proches qu’eux, apparemment, donc tout était possible… Sauf que le Japon était bien plus calme, moins habitué aux guerres comme celle qui se déroulait actuellement en France. C’était pour cette raison que son tuteur n’avait rien dit, d’après Munemori, les ménager était sa priorité et il ne voulait pas les inquiéter, sûrement. Honnêtement, la collégienne ne se voyait pas cacher de telles choses à son frère… Elle avait essayé mais l’agression avec Clémence n’était rien en comparaison à de tels événements. Et puis, même à distance, elle était sûre que Jasper finirait par tout savoir. Impossible de dire comment, par contre, mais il le saurait, il n’y avait aucun doute possible là-dessus. Peut-être à cause de leur enfance, comme l’avait souligné son nouvel oncle…

Il lui tendit une photo, soudain, interrompant le fil de ses pensées, Laura découvrant une grande salle avec des tables, fauteuils et adultes occupés à travailler. Elle fronça les sourcils, ne reconnaissant pas l’endroit mais… Eh ! C’était l’infirmier, là-bas ? Monsieur de Sora était là, souriant et plus jeune aussi, elle était sûre que c’était lui. Munemori dit, ensuite, que Solène était déjà là, Laura portant directement son regard sur elle avant de faire un rapide calcul mental. Heu non, pas possible, si monsieur de Sora était aussi jeune… C’était sa tante, là-dessus, elle la reconnaissait pour l’avoir vue sur d’autres photos de la même époque, ce qu’elle n’eut pas besoin de confirmer lorsqu’il plaça la photo entre eux, à la lumière pour mieux voir. Et puis, à ses côtés, il y avait un des professeurs qu’elle reconnaissait entre mille, à présent, pour avoir vécu sous son toit plusieurs jours. Et pour s’être fait prendre bêtement face à lui… Monsieur de la Valière. Laura le dit à Munemori avant qu’il ne montre un autre cliché représentant, cette fois, son tuteur et la mère d’Océane devant le dojo, plus jeunes eux aussi. Ils étaient souriants et plus… calmes. Pas un seul militaire en arrière-plan, un grand soleil et même des élèves au loin qui jouaient dans le parc. C’était… très bizarre, comme venant d’un autre monde. Elle comprenait bien mieux pourquoi monsieur Nakajima n’avait pas parlé à sa famille ces derniers temps, avant qu’elle-même ne reprenne le contact ; il suffisait de voir les souvenirs partagés…

Oncle – Ah, et tant que j’y pense, je te cherchais aussi car toi, Océane et Jasper, vous avez besoin d’une tenue, pour le Nouvel An. Il y a un tailleur, au village, enfin en ville maintenant, qui pourra prendre vos mesures, tu dois juste choisir le tissu qui te plaît. Il est grand temps d’y penser, on arrive bientôt au 31. File chercher ta veste, je vais récupérer les autres.

Ah ? Heu, d’accord. Laura n’avait même pas pensé à ce détail, à vrai dire, elle pensait simplement à… Heu. Mais elle n’avait pas pris de tenue spéciale pour le Nouvel An, c’est vrai ! Un peu prise de court, elle hocha la tête avec un léger temps de retard, se redressant avant de s’arrêter un court instant à l’endroit où elle avait posé ses affaires pour nettoyer. Ramener tout pour ne pas laisser traîner, ce serait déjà bien. Descendant les escaliers avec le tout dans ses bras, elle croisa la mère de Genji et lui dit que Munemori les emmenait choisir une tenue pour le Nouvel An, ce à quoi elle répondit qu’il était plus que temps, en effet, avant de la débarrasser de ses affaires pour tout ranger elle-même. Oh, merci ! Laura fila chercher sa veste, sortant devant la maison pour attendre les autres. Les essayages n’avaient jamais été son activité préférée, elle détestait même tout ce qui y ressemblait de près ou de loin, en France. Toute petite, acheter des vêtements était même devenu un véritable sport pour sa mère comme elle faisait absolument tout pour rendre ce moment le plus pénible possible. Jusqu’à ce que son frère lui fasse réaliser que c’était stupide parce qu’ils duraient plus longtemps. Peut-être, sauf que c’était plus amusant !

Après quelques minutes, le temps de les trouver sûrement, Jasper, Océane et Munemori la rejoignirent alors qu’elle se frottait les mains, un peu refroidie d’avoir attendu dehors sans bouger. Il faisait frais, bien plus qu’en France, et elle n’était pas habituée encore. Ils étaient tous habillés plus chaudement que lorsqu’ils restaient à l’intérieur, histoire d’éviter d’attraper froid bêtement. D’ailleurs… Où allaient-ils ? Son oncle avait parlé de « prendre ses mesures », cela signifiait que tous les vêtements plus festifs étaient faits sur mesure, comme pour les mariages ? Ils n’avaient pas de tuniques, des modèles qui correspondaient à toute occasion, etc. ? Quelles étaient les couleurs portées pour les fêtes, si le Nouvel An était aussi important qu’ils le répétaient depuis plusieurs semaines maintenant ? Elle s’interrogeait aussi sur la taille du village, ou de la ville plutôt comme il s’était corrigé, sur ce qu’ils y trouveraient, les types de magasins, les marchands… Tout, en fait, sa curiosité éveillée maintenant qu’il avait parlé d’aller en ville. Mais Laura garda ces dernières questions pour elle, sachant qu’elle aurait ses réponses une fois sur place.

Laura – Si les tenues sont faites sur mesure, on doit choisir certaines couleurs ou il y a des modèles ? En France, les femmes portent une robe, les hommes un costume, pour le Nouvel An mais il ne dure pas aussi longtemps qu’ici.
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MessageSujet: Re: Les adultes ont vraiment été petits...   Les adultes ont vraiment été petits... EmptyVen 25 Mai - 15:37

Allez, on était parti, il aurait dû y penser bien plus tôt, Josuke allait encore lui dire qu’il n’avait pas de tête et qu’il pensait toujours à ça au dernier moment, même pour ses propres enfants. Il ramassa assez vite l’album et les papiers qui traînaient, rangeant le tout dans le placard, pendant que Laura récupérait ses propres affaires de ménage puis filait hors de la chambre. Une fois fait, il descendit puis prit sa veste, avant d’enfiler ses chaussures, dans le petit hall. Le père de famille glissa la bandoulière de son sac par-dessus son épaule et prit de l’argent, avant de sortir avec les enfants. Océane lui avait déjà dit avoir tout ce qu’il fallait, par contre, elle pourra peut-être aider les deux autres à choisir et ça lui fera une petite sortie. Une fois quitté l’enceinte de la maison, il les entraîna à pieds sur la route menant au village. Dire « ville » était encore un peu tendu, dans sa tête, quand bien même il avait vu cet endroit grandir, pour lui, ça restait le village de son enfance. Il y avait plus de voitures, par contre, ils ne pouvaient plus marcher au milieu du chemin comme avant, c’était un peu dommage. Par contre, il trouvait drôle ceux qui dévisageaient Jasper, au passage, les cheveux blonds étaient une rareté infinie, dans ce pays.

Laura – Si les tenues sont faites sur mesure, on doit choisir certaines couleurs ou il y a des modèles ? En France, les femmes portent une robe, les hommes un costume, pour le Nouvel An mais il ne dure pas aussi longtemps qu’ici.

Munemori – Les hommes et les femmes portent un kimono. Dans des couleurs vives, avec certains motifs, on évite le blanc et le noir. Vous allez choisir les tissus, avec les couleurs, la ceinture du kimono, puis comment vous coiffer, enfin, surtout toi, Laura, les femmes peuvent mettre des accessoires dans leurs chignons. Vous allez faire tous les essayages aujourd’hui, puis le marchand fera les finitions si besoin.

Il expliqua pour les trois jeunes que dans ce pays, la tradition voulait que tous les membres de la famille se réunissent chez l’aîné de la fratrie, pour cette fête, du 1er janvier au trois, ou bien à partir du 31 décembre pour certaines familles, et ce pour des questions de pratique le plus souvent. Le nettoyage qui se déroulait depuis mi-décembre avait lui aussi lieu partout, c’était aussi un symbole, on nettoyait la maison de toutes les peines d’une année pour faire place neuve à l’année suivante et souhaiter qu’elle soit meilleure. Il leur expliqua également que le kadomatsu installé aux portes de la maison était destiné à recevoir les kamis et esprits portant chance à la famille pour cette nouvelle année. On pouvait dire que c’était la fête la plus importante, dans le pays, celle qui réunissait les familles, plus dispersées en ville qu’ils ne l’étaient ici, dans ces régions de campagne. C’était d’autant plus important cette année, comme il le murmura à voix plus basse, comme leur frère était en pleine guerre, en France, et que ce conflit s’étendait à d’autres pays. L’Autriche, l’Angleterre, l’Allemagne, des pays où le ton montait.

Munemori – Le soir du réveillon, on mange en famille en famille un bouillon de soba, c’est un genre de pâtes, puis on fait des jeux en famille. A minuit, c’est la visite au sanctuaire. Là, on prie en sonnant la cloche, on tire une prédiction, il y a aussi quelques autres activités, on vous montrera. Après ça, c’est le retour à la maison où on fait le vrai repas du réveillon, toujours avec la famille au complet. Le matin du 1er janvier, on se lève tous à l’aube pour assister au premier lever de soleil de l’année.

Tout en parlant, ils marchaient à un bon pas et arrivèrent bientôt aux portes de la ville. Il y avait pas mal de monde, évidemment, entre ceux faisant les courses pour la fête, les membres des familles qui arrivaient d’un peu partout retrouver leurs proches… Quelques moines se pressaient dans les rues, les bras chargés et l’air affairés. Munemori fit éviter aux enfants les rues les plus bondées puis les fit passer par les petites ruelles, plus apaisées, pour atteindre la boutique. A leur entrée, le gérant les salua d’une légère courbette puis leur demanda ce qui les amenait. La boutique était grande, des centaines de rouleaux de tissus, draperies et autres couvraient es murs, remplissaient les étagères ou étaient empilés sur des présentoirs. Le patron commença par pousser Laura dans une cabine et la faire se mettre en tee-shirt et culotte pour prendre ses mesures et vérifier sa taille. Pendant ce temps, Munemori promena le regard sur les tissus proposés, commençant à discuter avec Jasper des couleurs qui lui plaisaient. Il ne semblait pas très enjoué à l’idée des essayages et commença par dire quelles étaient les couleurs favorites de sa petite sœur. Au même instant, le gérant repassa dans la boutique et lui demanda de bien vouloir faire la traduction, s’étant visiblement rendu compte que sa jeune cliente ne parlait pas un mot de Japonais.

Munemori passa dans la cabine à son tour, avec plusieurs pièces de kimono dans les couleurs que Jasper avait indiqué, puis en fit essayer une première à Laura. Pour les kimonos et yukatas simples, on pouvait enfiler tout seul l’habit, pour les kimonos plus complexes, à plusieurs couches ou de fêtes, il fallait de l’aide, impossible de s’en sortir autrement. Il lui fit lever les bras pour passer un pan autour de la taille et le ramener dans le dos, tenant à une main avant de croiser l’autre pan. Ce-tissu-là était d’un rose léger, avec des motifs d’oiseaux plutôt délicats. Il indiqua à Laura où tenir le tissu le temps qu’il passe et repassa le ceinture épaisse autour de la taille et l’ajuste, avant de s’occuper de l’arrière. Bon sang qu’elle était petite, finalement… Le gérant revint puis vint l’aider à ajuster comme il fallait, pliant puis arrangeant les manches larges, tombant presque jusqu’au sol, tout en émettant quelques commentaires en Japonais sur la taille de crevette de sa jeune cliente et qu’il allait falloir des retouches pour que le tout lui aille bien. Oui, bon, elle n’avait que quatorze ans, après tout.Bientôt quinze ans, non ? Il ignorait sa date de naissance.

Munemori – Le rose te donne un air un peu maladif, jugea-t-il en Français en la faisant un peu tourner sur elle-même. Marche un peu, pour qu’on voit au moins la longueur, au niveau des jambes. Quelles couleurs aimes-tu porter, pour les fêtes ?
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MessageSujet: Re: Les adultes ont vraiment été petits...   Les adultes ont vraiment été petits... EmptySam 14 Juil - 23:29

Oncle – Les hommes et les femmes portent un kimono. Dans des couleurs vives, avec certains motifs, on évite le blanc et le noir. Vous allez choisir les tissus, avec les couleurs, la ceinture du kimono, puis comment vous coiffer, enfin, surtout toi, Laura, les femmes peuvent mettre des accessoires dans leurs chignons. Vous allez faire tous les essayages aujourd’hui, puis le marchand fera les finitions si besoin.

Laura était curieuse de nature, les nombreuses explorations avec Jasper le prouvaient, elle aimait donc entendre les histoires des autres pays ou familles. Mais la perspective de faire « tous les essayages » aujourd’hui ne l’enchantait pas plus que cela. Au contraire… Avec sa mère, elle ne pouvait rester immobile très longtemps lorsqu’il s’agissait de lui faire une coiffure plus travaillée, ses longs cheveux le permettant. Ce n’était qu’au fil des années que son frère, même pas sa mère, avait réussi à l’occuper suffisamment pendant ces quelques minutes de manière à ce qu’elle arrête de bouger pendant le moment « coiffure ». Et ici, ils risquaient d’y passer le reste de la journée, et même encore une heure un autre jour… Faisant une légère moue, Laura observa distraitement le paysage, promenant ses yeux partout tout en écoutant ce que son nouvel oncle leur expliquait.

Apparemment, le Nouvel An était une fête extrêmement importante, sinon la plus importante de toutes d’après ce que la collégienne entendait. Pour le grand nettoyage, ils avaient eu les informations et aidaient autant que possible, donnant un coup de main pour telle ou telle pièce lorsque le reste de la famille était au travail. Avec les imprévus en France, ils avaient sans doute pris un peu de retard sur leur planning, surtout si le nettoyage commençait à la mi-décembre. Mine de rien, sans le père et la mère de Genji en plus de son oncle, cela faisait trois personnes en moins pour aider… Laura retint une grimace, se concentrant sur l’explication des traditions au Japon pour le Nouvel An, trouvant incroyable ce lien familial aussi poussé mais ne faisant aucun commentaire à ce sujet. Pour eux, c’était parfaitement normal. Elle échangea un simple et rapide regard avec Jasper qui pensait peut-être la même chose qu’elle. Rien que l’idée de passer plusieurs jours en tête à tête avec leurs parents…

Leur oncle parla ensuite du kadomatsu, quelque chose que les familles installaient aux portes des maisons pour recevoir les kamis et esprits portant chance à la famille pour la nouvelle année. Ils en croisèrent quelques-uns sur le chemin, qu’il leur désigna à chaque fois, Laura les observant au passage alors que le frère de leur tuteur ajouta, dans un murmure, que tout ceci était encore plus important cette année étant donné la situation mondiale. La guerre en France, avec son frère, guerre qui emportait plusieurs pays dans sa suite… La tension, les problèmes, l’année qui se termine très mal et cela risquait de ne faire qu’empirer en 1932. Elle garda cette pensée pour elle, cependant, refusant de le dire tout haut malgré le fait que tous le pensaient déjà.

Oncle – Le soir du réveillon, on mange en famille en famille un bouillon de soba, c’est un genre de pâtes, puis on fait des jeux en famille. A minuit, c’est la visite au sanctuaire. Là, on prie en sonnant la cloche, on tire une prédiction, il y a aussi quelques autres activités, on vous montrera. Après ça, c’est le retour à la maison où on fait le vrai repas du réveillon, toujours avec la famille au complet. Le matin du 1er janvier, on se lève tous à l’aube pour assister au premier lever de soleil de l’année.

Marchant en pressant le pas, Laura peinait parfois à suivre le groupe, ses jambes n’étant pas très grandes, arrivant bientôt aux portes de la ville. Et, sur place, il y avait énormément de monde. Elle ne comprenait pas un mot de ce qui se disait autour d’eux, suivant de très près Jasper dont elle tenait la main pour ne pas se perdre, réflexe qu’ils avaient adoptés lorsqu’ils étaient dans une foule. C’était automatique et cela l’obligeait à avancer plus vite et à ne pas être distanciée des autres, lui laissant ainsi l’occasion d’observer un peu plus la ville. Tellement différente de celles qu’ils avaient l’habitude de voir en France… L’ambiance était différente, les genres des magasins aussi, tout comme les étals des marchands ou les manières de procéder pour vendre un produit. Par chance, ils quittèrent très vite les rues bondées pour passer par des ruelles plus calmes dans lesquelles Laura put relâcher la main de son frère, avançant aux côtés des autres jusqu’à un magasin à la devanture remplie de tissus de toutes les couleurs et matières. Oh, c’était là ?

La boutique en elle-même était très grande, débordante de tissus de toutes les couleurs et textures quel que soit l’endroit où se posaient les yeux. Le gérant les salua en faisant une courbette très polie, Laura restant un peu en arrière avec un air plus timide que d’habitude. Aussitôt après les premiers mots échangés entre leur oncle et le commerçant, elle se fit kidnapper dans une cabine sans comprendre ce qu’elle devait faire, se déshabillant seulement sans répondre aux indications de l’homme par la suite. Il lui parlait en japonais, comment voulait-il qu’elle comprenne ?! Lui lançant un regard perdu, elle resta droite, les mains jointes devant elle jusqu’à ce que le gérant ressorte de la cabine sans qu’elle n’en comprenne la raison. Elle avait fait quelque chose de mal… ? Mais non, très vite, il revint avec monsieur Nakajima qui lui expliqua, en français, ce qu’attendait le commerçant. Oh, c’était pour traduire…

L’écoutant après qu’il a reçu les instructions du gérant, elle leva les bras, se laissa faire, ne bougeant plus quoi qu’un peu pudique de se retrouver dans cette tenue ici, même si c’était normal. Des tissus de plusieurs couleurs et cousus ou mis autour d’elle de plusieurs manières différentes dans des tons rosés qu’elle aimait bien. Jasper avait dû les prévenir, elle-même n’avait rien dit. Mais c’était normal que ces tissus soient aussi lourds et grands ? Il fallait toujours recouper énormément, de ce qu’elle ressentait au fur et à mesure des essayages, et elle comprenait bien mieux pourquoi leur oncle avait insisté pour prendre du temps et choisir leurs tenues. Celle-ci ne la convainquait pas tellement, pour être honnête… Son reflet était très doux mais elle avait l’air très fatiguée, là-dedans. Sauf si elle l’était et que son image était celle-ci depuis ce matin ? Une petite moue aux lèvres, elle leva le regard vers son nouvel oncle, attendant son avis.

Oncle – Le rose te donne un air un peu maladif, jugea-t-il en Français en la faisant un peu tourner sur elle-même. Marche un peu, pour qu’on voit au moins la longueur, au niveau des jambes. Quelles couleurs aimes-tu porter, pour les fêtes ?

Laura – Heu… Pour les fêtes, je porte très souvent du rouge, du noir et des couleurs assez…, commença-t-elle en faisant quelques pas, réfléchissant. Je ne sais pas comment dire, ce sont des couleurs différentes de la vie de tous les jours, on porte aussi des tenues qui font « habillé » pour marquer l’importance de la date. On peut peut-être essayer des mélanges de bleu, violet, rouge ou… De ce genre-là ?

Laura fit une légère moue, perdue. Des couleurs, des tissus… Elle n’en avait aucune idée, elle ! Les kimonos étaient très grands, elle avait l’impression de porter des couches et des couches, le tout était très lourd. Et il y avait plusieurs séances d’essayage… ? Lorsque leur oncle avait parlé de passer la journée ou le reste, du moins, à aller en ville pour choisir leurs tenues, il ne plaisantait pas. Détail qui refroidissait très franchement la collégienne, peu habituée à passer des heures et des heures dans les essayages. Cependant, elle se plia aux demandes et continua à enfiler des tenues les unes à la suite des autres, optant pour un genre de kimono avec plusieurs couches dans des tons colorés et rouges mais sans ressembler à un clown pour autant. Comme pour les autres tenues essayées, le gérant devait raccourcir celle-ci et prit ses mesures avant qu’elle ne sorte de la cabine, soufflant un peu, rejoignant Océane qui les accompagnait alors que c’était au tour de Jasper de passer aux essayages avec autant d’enthousiasme qu’elle. L’encourageant du regard, elle patienta, discutant avec son amie comme elles étaient toutes seules.

L’essayage de Jasper parut beaucoup moins long que le sien, mais ce n’était sûrement qu’une impression comme ce n’était pas elle qui faisait l’essayage. Jetant parfois des regards vers la cabine, elle se releva, attendant que monsieur Nakajima termine sa discussion avec le commerçant dans leur langue avant de sortir pour regagner une des rues principales, apparemment. Donc, maintenant… Si elle avait bien suivi, ils allaient dans un autre endroit pour les coiffures, c’est cela ? Enfin, Jasper y échappait, mais Océane et elle y auraient droit. Parce qu’Océane avait une tenue mais pas de coiffure, si ? Donc elle devait se préparer et en choisir une. Cela irait vite, au moins, une coiffure est moins difficile à choisir qu’une tenue, surtout qu’elles n’auraient pas besoin d’autant de temps pour chaque test. Laura n’avait pas les cheveux très longs, cela réduisait la quantité de coiffures possibles, et elle n’était pas bien difficile. La première serait sûrement la bonne. Par contre, après, ce serait effectivement terminé… Ils allaient rentrer directement, sans rien voir d’autre ? La collégienne leva la tête vers le frère du prof, une demande à lui faire en tête. S’il voulait bien, du moins.

Laura – Excusez-moi mais… Est-ce qu’on sera obligé de rentrer immédiatement à la maison ? Il n’y aurait pas possibilité de visiter un peu le coin, peut-être certains endroits que vous m’avez montrés sur les photos ? Comme certaines avaient été prises en ville.
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MessageSujet: Re: Les adultes ont vraiment été petits...   Les adultes ont vraiment été petits... EmptyLun 16 Juil - 13:05

Laura – Heu… Pour les fêtes, je porte très souvent du rouge, du noir et des couleurs assez…, commença-t-elle en faisant quelques pas, réfléchissant. Je ne sais pas comment dire, ce sont des couleurs différentes de la vie de tous les jours, on porte aussi des tenues qui font « habillé » pour marquer l’importance de la date. On peut peut-être essayer des mélanges de bleu, violet, rouge ou… De ce genre-là ?

Oh, le violet ne lui irait pas tellement au teint, selon lui, et le gérant de la boutique était d’accord là-dessus, lorsqu’il le lui répéta en Japonais. Ils prirent d’autres tissus pour faire des essais de couleur, Munemori veilla à rester dans un coin de la cabine, autant pour ne pas déranger le patron dans son travail que pour ne pas gêner Laura lorsqu’elle était en plus petite tenue, pour ne pas la mettre mal à l’aise. Vers ces âges, les filles n’aimaient pas qu’un adulte les regarde et c’était bien ordinaire. Ils finirent par trouver ce qui conviendra, le peintre souriant discrètement en entendant le patron marmonner dans sa barbe qu’il faudrait la nourrir plus que ça, cette enfant, car elle n’avait que la peau sur les os. Elle mangeait bien, pourtant ! Même leur mère et quelques autres femmes de la maison l’incitaient toujours à en reprendre, lors des repas, mais rien à faire, elle ne prenait pas un peu de poids, ça ne lui ferait pourtant aucun mal. Une fois les mesures prises, elle put reprendre ses vêtements plus classiques, puis ils passèrent aux essayages avec Jasper. Les tenues des hommes étaient plus simples, ce sera beaucoup plus rapide. C’était toujours ainsi, on préférait laisser le regard dériver sur les femmes, qui méritaient plus d’attention.

Lorsque les deux enfants eurent ce qu’il fallait, Munemori s’occupa de régler puis de discuter des derniers détails avec le patron, au comptoir du magasin. Pour le garçon, il y aura peu de retouches, c’était surtout concernant Laura. Océane, de son côté, avait déjà ce qu’il lui fallait, bien pratique, quand les cultures se rapprochaient ainsi. Une fois les derniers détails faits, ils allaient pouvoir sortir un peu, se balader, et ensuite, ils verront bien, on improvisera. En sortant de la boutique avec les jeunes, il les fit se pousser sur le côté pour éviter toute une bande de jeunes enfants qui courraient derrière un ballon, leur faisant prendre ensuite par d’autres petites rues. Les avenues principales étaient bondées, comme toujours, à l’approche du réveillon, pour les achats et préparatifs de dernière minute. Ah là là, où était passé le petit village de leur enfance… ? Celui où rien ne venait jamais troubler le quotidien, le village tranquille, sans énormément d’habitants ? Il aimait moins les grandes villes, depuis toujours, à moins qu’il ne simplement trop habitué à vivre à la campagne, depuis sa naissance. C’était sans doute plutôt ça, oui, difficile de se détacher des décors auxquels on était habitué depuis la plus tendre enfance.

Laura – Excusez-moi mais… Est-ce qu’on sera obligé de rentrer immédiatement à la maison ? Il n’y aurait pas possibilité de visiter un peu le coin, peut-être certains endroits que vous m’avez montrés sur les photos ? Comme certaines avaient été prises en ville.

Munemori – Ne t’inquiète pas, c’est prévu. Et vous n’êtes pas obligé de dire « vous », j’ai l’impression d’avoir quatre-vingt ans.

Il avait lancé cette dernière phrase d’un ton faussement dramatique, sans pouvoir s’empêcher de sourire, tout en les conduisant dans le dédale des petites rues.Pour la coiffure, ce n’était pas si loin. La boutique était tenue par Qira-chan, une toute jeune femme d’à peine vingt-cinq ans qui avait la réputation de faire saliver tous les hommes du coin. Elle avait un visage plutôt commun mais des yeux bridés d’un bleu profond comme personne ne les avait ici, où on était accoutumé aux yeux noirs ou marrons, un bleu comme le ciel d’été qu’elle tenait d’on ne savait où. Un petit détail qui surprenait vraiment, quand on la voyait, et qui lui donnait un charme particulier, ainsi qu’un attrait certain à l’égard des jeunes hommes. Plutôt timide, quoi que très souriante, elle s’occupa de ses deux nouvelles clientes après en avoir terminé avec un homme entre deux âges, l’air un peu triste, qui quitta la boutique avec un au revoir discret. Munemori s’assit sur une chaise dans un petit coin, en attendant que les filles soient prêtes, Qira pouvait communiquer avec elles en Anglais, lisant un magazine qui traînait dans le coin.

Une fois terminé pour cette partie-là, il était temps de profiter un peu des alentours, comme prévu. Shiromizu était encore désigné comme un village alors qu’il s’agissait d’une petite ville, maintenant. Il fallait une petite heure de route, avant d’arriver à la gare où il avait récupéré les enfants et Solène, au début des vacances. Pour commencer, il les emmena se promener sur les petits chemins, non loin de la forêt, pour qu’ils aient une vue plus d’ensemble sur le village, puis leur fit emprunter un autre chemin, s’éloignant. Au bout de cinq ou six minutes, ils arrivèrent dans une minuscule prairie, dont les hauts arbres recouvraient entièrement d’ombre le coin, avec quelques rayons de soleil ci et là. La rivière formait une grosse courbe, ici, il avait toujours trouvé cet endroit très beau et apaisant.

Munemori – Quand j’étais petit, je venais souvent pêcher ici, avec mes frères. Une fois toutes les semaines, au moins, le dimanche. Notre père nous avait appris très jeunes. On revient parfois de temps en temps, Josuke et moi.

Moins souvent, à vrai dire, le départ de leur frère avait comme creusé un trou et jeté pas mal de froids. C’était bizarre, au début, de ne revenir ici que tous les deux, d’autant plus que leurs autres frères et sœurs n’aimaient pas vraiment pêcher. Il parla un peu des espèces de poissons qu’on trouvait dans le coin, sans s’étendre là-dessus, puis poursuivit. Plus loin, en revenant vers le village, on trouvait un petit Temple Shintoïste secondaire, laissé il y a longtemps car manquant d’espace mais il n’avait jamais été détruit pour autant. Ça participait au charme de la région, comme on dit. Il revint ensuite vers le village, dans un style très traditionnel et « pur » encore. Ils passèrent, au loin, devant le collège et le lycée, où Genji était avant de partir pour la France, des bâtiments entièrement refaits à neuf il y a un ou deux ans, et ça se voyait, le tout rendait un air récent. Tout en marchant, Munemori leur racontait parfois des petits anecdotes, selon ce qui lui revenait en mémoire. Comme la fête qu’il y avait au village il y a une dizaine d’années, pour le mariage de la fille du maire, ce dernier avait invité tout le monde, ils s’étaient bien amusés, ce jour-là.

Munemori – On va faire un détour par le cimetière, déposer une offrande. Kimmitsu aurait aimé le faire lui-même, s’il avait pu venir. Enfin bon…

Il acheta en chemin une petite offrande puis partit vers l’Est, avec les enfants, dans le cimetière. La tombe qu’il cherchait était dans la troisième rangée, tout au fond. Une petite dalle blanche, surmontée d’une autre perpendiculaire plus grande, où était gravé « Ogai Tanaka, 12 juillet 1839 – 23 décembre 1922 ». Une photo, assez grande d’ailleurs, était encastrée dans la pierre perpendiculaire, dans un cadre noir. Elle montrait un très vieil homme, que Laura avait d’ailleurs déjà vu plus tôt en photo, un homme qui souriait paisiblement à l’objectif. Munemori s’agenouilla, déposa l’offrande à deux mains, puis les joignit devant lui, bien à plat, avant d’incliner la tête, les yeux fermés. Sur la photo, on avait le sentiment que le vieux maître riait de les voir là, à rendre visite sur une tombe où plus rien ne se trouvait, à part peut-être quelques os, son âme était déjà partie vers d’autres cieux. Le jeune père reposa les mains contre ses genoux, souriant en regardant la photo.

Munemori – Il était un élémentaire vent et foudre, mais très respecté malgré tout. Il a voyagé, dans quelques autres pays, et a recueilli chez lui, plus ou moins longtemps, plusieurs jeunes qui avaient besoin, disons, de changer d’air. C’est lui qui a a entraîné Kimmitsu, il l’avait aussi hébergé une semaine avant qu’il ne quitte le Japon. C’est dommage qu’il n’ait pas pu être présent pour l’enterrement, il devait savoir avant de partir qu’il n’allait plus jamais le revoir.

On s’attache bien plus aux personnes qui vous forment durant des années qu’aux personnes qui ne vous enseignent une matière que durant un an ou deux, c’était très naturel. Il resta un instant à regarder la photo puis se releva, époussetant un peu la poussière de sa tenue avant de quitter le cimetière.

Munemori – A quoi vous occupez-vous, en France, pendant les congés, d’habitude ?
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MessageSujet: Re: Les adultes ont vraiment été petits...   Les adultes ont vraiment été petits... EmptyLun 3 Sep - 0:04

Oncle – Ne t’inquiète pas, c’est prévu. Et vous n’êtes pas obligé de dire « vous », j’ai l’impression d’avoir quatre-vingt ans.

Oh… D’accord, si c’était lui qui le demandait. Laura acquiesça d’un signe de tête avec un petit sourire gêné en réponse à son propre sourire et air dramatique, peu habituée à tutoyer les membres de la famille Nakajima. Enfin, elle tutoyait Genji mais elle le considérait davantage comme un ami, un copain de classe, que comme un cousin. C’était donc différent. Et puis, il était à peine plus âgé qu’elle ! Ce serait comme vouvoyer Antoine ou Jasper… Très bizarre. Mais soit, tutoyer, plus vouvoyer, compris. Suivant le chemin sans ajouter quoi que ce soit pour l’instant, ils arrivèrent assez vite devant le magasin de la prochaine étape de leur tenue pour le Nouvel An. Enfin, « magasin »… C’était plus une coiffeuse comme on en voyait en France mais d’un style différent. Il n’y avait pas de publicité comme chez eux, la devanture était très sobre, épurée, n’ayant guère le besoin d’attirer les yeux comme en Europe. Encore que… Pouvait-ils vraiment faire la comparaison ? Ils étaient dans un petit village, ici, pas dans une ville comme Paris. S’ils avaient vécu dans la capitale, peut-être les magasins et salons de coiffure étaient-ils différents.

Lorsqu’ils entrèrent dans la boutique, la jeune femme était occupée avec un homme d’âge moyen, l’air un peu triste, qui quitta la boutique très discrètement – tellement que Laura faillit bien ne pas le remarquer. Pendant que Munemori expliquait la raison de leur venue ici, elle ne put s’empêcher de jeter un regard partout, sa curiosité reprenant le dessus jusqu’à ce qu’Océane et elle doivent s’avancer pour être coiffée. Au passage, elle lança un petit regard noir et implorant à son frère, l’avertissant du même coup de ne faire aucun commentaire. Il savait l’épreuve que c’était, pour elle, de rester assise sans bouger pendant qu’on la coiffait… Une petite moue aux lèvres, Laura laissa Océane passer d’abord, observant les gestes de la jeune femme sans trop parler, à la fois pour ne pas la déranger et, à la fois, parce qu’elle n’avait pas d’excellentes notes en anglais ce premier trimestre, alors tenir une conversation sans problème avec une inconnue… Au moins pouvait-elle observer un peu le genre de coiffure du Nouvel An. Elle-même n’avait pas la moindre idée, elle comptait bien se laisser faire et ne rien imposer, peu importe après tout, cela ne tenait jamais très longtemps.

Finalement, ce fut la jeune femme qui montra une coiffure traditionnelle qui irait bien à Laura, qu’elle adopta immédiatement d’ailleurs pour ne pas rester des heures ici. Elle n’avait pas l’habitude d’être coiffée de la sorte, au Pensionnat, les filles devaient avoir des cheveux attachés en permanence. Alors, les coiffures… Elles étaient limitées. Dehors, lorsqu’ils n’étaient pas en public, la collégienne les laissait pendre, tout simplement, pour profiter un peu. Pendant toute la durée de leur passage, Munemori était resté assis dans un fauteuil, occupé à lire un magazine, pendant que Jasper flânait dans une autre boutique du coin pour passer le temps. Dès qu’elles eurent terminé, ils se retrouvèrent tous les quatre, leur nouvel oncle réglant les derniers détails, puis marchèrent un moment dans le village dont Laura avait encore oublié le nom malgré les différentes fois où Munemori l’avait nommé. Pour lui, c’était déjà une ville, mais Jasper et elle avaient échangé un regard lorsqu’il avait dit cela. Une ville… Oh non. Pas du tout. Tout, ici, donnait l’image du village. Entre le coin assez isolé de la gare, les chemins proches de la forêt, les rues du village, le genre des boutique… Il n’y avait pas cette même agitation que dans une ville. Ils arrivaient, d’ailleurs, dans un coin paisible, bordé par le coude d’une rivière et recouvert par de hauts arbres. Une prairie ou une clairière. En tout cas, c’était très beau… Apaisant, comme tout ce qu’ils avaient vu jusqu’ici.

Oncle – Quand j’étais petit, je venais souvent pêcher ici, avec mes frères. Une fois toutes les semaines, au moins, le dimanche. Notre père nous avait appris très jeunes. On revient parfois de temps en temps, Josuke et moi.

Laura fronça un peu les sourcils, peinant à imaginer leur tuteur avec une canne à pêche. De même que le père de Genji. Munemori… C’était plus facile. Il paraissait plus posé, plus enclin à ce genre d’activité. Mais ses frères ? Vraiment ? L’adolescente garda ses réflexions pour elle, cependant, ne voulant pas vexer qui que ce soit, et écouta les noms des espèces de poissons que son oncle citait et que l’on pouvait trouver ici. Elle n’y connaissait absolument rien, ces poissons-là ne se pêchant pas chez eux ou très peu, mais reconnaissait certains noms pour les avoir entendus quelques fois. Par chance, il ne s’étendit pas sur le sujet et ils reprirent la route vers le village, trouvant sur le chemin un genre de bâtisse, un Temple Shintoïste secondaire laissé à l’abandon par manque de place comme Munemori le leur apprit. Cela apportait un petit plus à la région, à l’endroit, rendant le tout plus apaisant, plus typique, plus… Laura ignorait quel mot convenait le mieux à ces chemins que leur montrait leur oncle. Elle sentait que beaucoup d’histoires étaient liées à ce trajet, pensant au fait que les trois frères avaient le même âge qu’eux et exploraient, vivaient paisiblement alors qu’eux n’étaient même pas nés. Ils passèrent même devant l’ancienne école de Genji ! Et le mariage avec tout le village, le maire qui invite tout le monde… La collégienne écoutait plus attentivement que jamais, en bonne curieuse qu’elle était, ne loupant aucune information. Elle était là pour apprendre aussi, non ? Pour une fois qu’elle écoutait en restant concentrée, personne n’allait le lui reprocher !

Oncle – On va faire un détour par le cimetière, déposer une offrande. Kimmitsu aurait aimé le faire lui-même, s’il avait pu venir. Enfin bon…

Laura hocha la tête, silencieuse, échangeant un bref regard avec Jasper. Ils ne dirent rien, respectant le léger silence s’étant installé, pendant que Munemori achetait quelque chose, l’offrande dont il avait parlé quelques secondes auparavant. Ils se dirigèrent ensuite vers le cimetière, faisant le détour même si eux auraient été incapables de dire qu’il s’agissait d’un détour si leur nouvel oncle ne leur avait rien dit. Se préparant mentalement, par habitude, à entrer dans un endroit plutôt froid et triste, Laura fut presque choquée de trouver un cimetière tel que celui-ci. Fleuri, ambiance bien plus légère que celle qui couve les cimetières en France, un voile de respect pesant sur le lieu bien plus que la peine. Munemori y compris ne semblait pas triste, renfermé. Que du contraire.

Ils s’approchèrent d’une tombe en particulier, au fond de la troisième rangée. Une dalle blanche avec le portrait d’un homme que la collégienne avait vu sur des photos le matin-même avec le frère de leur tuteur. Ogai, le maître qui avait accompagné, formé et soutenu leur père adoptif lorsqu’il en avait eu le plus besoin. Il était mort en 1922, il y avait à peine dix ans. Oh… C’était pour cette raison qu’il n’avait pas pu être présent, il était déjà en France. S’écartant un peu pour laisser à Munemori un peu d’espace, Laura l’observa en silence s’agenouiller et déposer l’offrande sur la tombe avant de reposer ses mains sur ses genoux, un sourire aux lèvres. Sourire… Tout à coup, la discussion avec son tuteur au sujet de la mort et des cimetières au Japon lui revint en tête. Ils n’étaient pas synonymes de tristesse, loin de là. Ils prenaient du temps pour venir passer une journée avec leurs ancêtres, mangeaient ici, partageaient quelque chose pour honorer la mémoire de celui ou celle qui les avait quittés. Elle le savait, s’en rappelait. Mais le voir en vrai, dans un comportement tel que celui-ci, était… très perturbant.

Oncle – Il était un élémentaire vent et foudre, mais très respecté malgré tout. Il a voyagé, dans quelques autres pays, et a recueilli chez lui, plus ou moins longtemps, plusieurs jeunes qui avaient besoin, disons, de changer d’air. C’est lui qui a entraîné Kimmitsu, il l’avait aussi hébergé une semaine avant qu’il ne quitte le Japon. C’est dommage qu’il n’ait pas pu être présent pour l’enterrement, il devait savoir avant de partir qu’il n’allait plus jamais le revoir.

Oui… Laura n’osait imaginer ce qu’avait dû ressentir monsieur Nakajima en apprenant la nouvelle, même après coup, immédiatement ou des années après. Peut-être le savait-il déjà avant de quitter le Japon, peut-être même son maître l’avait-il prévenu avant de ne plus le voir… Mais rien n’était moins sûr. Quoi qu’il en soit, leur tuteur avait dû être touché par cette perte, bien qu’il ne concevait pas la mort de la même manière qu’eux à cette époque. Munemori se releva alors, la tirant de ses pensées alors que Laura contemplait l’image d’Ogai au visage paisible, souriant comme si ce qui lui était arrivé était naturel et prévisible. Ce qui était tout à fait vrai, en plus, mais le voir sur une photographie… Frissonnant un peu, Laura se frotta les bras, suivant leur nouvel oncle qui quittait le cimetière pour reprendre la route. Le détour était fait, il avait donc autre chose en tête et reprenait la discussion comme s’il venait de montrer un point d’intérêt classique dans un parcours touristique. C’était… perturbant. Normal, mais perturbant.

Oncle – A quoi vous occupez-vous, en France, pendant les congés, d’habitude ?

Laura – Pendant nos congés ? Heu…, tâcha-t-elle de se reprendre. On se balade, on sort ou on va voir des amis si on peut. Mais, souvent, nos parents voulaient que nous assistions à des soirées, repas, ou des cours en plus.

Enfin, c’était surtout parce qu’ils n’avaient pas un comportement exemplaire au Pensionnat, leurs parents espéraient sûrement les inciter à changer pour la rentrée chaque année. Ce qui n’était jamais arrivé, précisément parce qu’ils savaient que ce comportement les exaspérait. Laura garda cela pour elle, cependant, échangeant un regard discret avec Jasper qui devait penser à la même chose qu’elle. Elle ignorait comment allaient se passer les vacances, maintenant, dans cette nouvelle « famille »… Ce qu’elle dit tout haut, sur un ton plus timide, se doutant qu’ils ne pourraient plus du tout sortir une fois rentrés en France, et ce, durant toute la durée de la guerre. Ici, dans ce paysage, dans un village aussi paisible que celui-ci, il était difficile d’imaginer l’ambiance régnant chez eux à cet instant précis. Sans doute était-ce « l’environnement » qu’ils venaient de quitter qui poussait aux confidences, mais elle le murmura en se rapprochant un peu de son frère, lui attrapant la main discrètement tout en tournant la tête vers Munemori.

Laura – A quoi ressemblaient vos vacances, avant ? Genji ne m’en a pas vraiment parlé, comme s’ils n’en vivaient presque pas… En France, il arrive très souvent que l’on voyage pendant les grandes vacances comme nous avons deux mois.
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MessageSujet: Re: Les adultes ont vraiment été petits...   Les adultes ont vraiment été petits... EmptyMer 17 Oct - 18:58

Laura – Pendant nos congés ? Heu… On se balade, on sort ou on va voir des amis si on peut. Mais, souvent, nos parents voulaient que nous assistions à des soirées, repas, ou des cours en plus.

Oh, comme ici, alors, c’était marrant, il n’aurait pas pensé que les deux pays fassent la même chose avec leurs jeunes, même si les enfants Français avaient bien plus de congés que les enfants Japonais. Enfin, pour les vacances de fin d’année, c’était différent, cette période très particulière incitait tout le monde à plus de repos, lorsque tout était prêt pour l’année à venir, y compris pour les enfants. Laura ajouta qu’elle ignorait comment allait se passer ces vacances-ci, manquant bien d’arracher un rire à Munemori, face au ton employé. Allons, personne n’allait la dévorer, ici, on se détend ! Il y avait des problèmes, dans le pays, comme absolument partout, en revanche, ils étaient bien loin d’en être rendus au même état que la France. Pour beaucoup de citoyens, ils le savaient, simplement se promener à l’air libre et à visage découvert n’était même plus possible. Même leur propre frère, recherché dans les deux pays à la fois, ne pourrait pas venir sereinement dans son pays natal, c’était bien cruel. Munemori soupira très légèrement, à cette pensée, les deux mains dans les poches tout en marchant. La vie vous réservait parfois des vies bien étonnantes et éprouvantes.

Laura – A quoi ressemblaient vos vacances, avant ? Genji ne m’en a pas vraiment parlé, comme s’ils n’en vivaient presque pas… En France, il arrive très souvent que l’on voyage pendant les grandes vacances comme nous avons deux mois.

Munemori – Et bien, les adultes ont droit entre dix et vingt jours de congés payés par an, selon leur ancienneté, mais la norme n’est d’en prendre que sept ou huit par an. Il y a par contre trois semaines par an où on a quelques jours fériés, ça permet d’avoir des week-ends de trois ou quatre jours. Il y a la Golden Week, début mai, avec quatre jours fériés. C’est la semaine où tout le monde part, en général, voir la famille ou passer quelques jours loin de chez eux. En Automne, il y a la Silver Week mais celle-ci est moins sûre, ça dépend du calendrier et des années, elle peut être de trois jours ou juste un, le vendredi. Et enfin, la semaine du Nouvel An. Les enfants, eux, ont un peu plus de vacances, pendant le mois d’août, ce sont leurs congés d’été. La rentrée scolaire est en avril, ici.

Il avait compté sur ses doigts à mesure pour être certain de ne pas en oublier au passage, une vieille habitude dont on se moquait souvent et qu’il n’avait pas réussi à se débarrasser. Sa femme lui avait déjà dit qu’il avait un air plus enfantin, en agissant ainsi, ce qui ne l’avait jamais gêné. Dans sa tête, il restait un éternel rêveur et grand enfant, bien loin d’être aussi sérieux et rigide que ses frères et sœurs, bien loin d’être aussi posé et calme. Grand gamin qui adorait les gamins, une âme toujours frétillante à la recherche de nouvelles idées, c’était ainsi, personne n’y changera jamais rien. Tout en discutant, il guida les enfants plus vers le centre du village, pour qu’ils puissent voir l’architecture et la façon dont les gens se promenaient et discutaient, dans le pays. Si Laura passait relativement inaperçu, Jasper, lui, attirait le regard comme jamais, à cause de ses cheveux blonds. C’était rare, ici, si rare qu’on ne pouvait que le remarquer, le pauvre. Certains venaient même leur demander, poliment, d’où il venait, en Anglais ou en Japonais. Le peintre se chargeait de leur répondre, moitié en riant, espérant que ça ne vexe pas trop Jasper, personne ne pensait à mal.

Munemori – Les jeunes font exactement la même chose que vous, pendant les vacances. Le mois d’août est celui où les familles laissent le plus de liberté à leurs enfants, car ils relâchent toute la pression pendant cette période. On exige beaucoup d’eux toute l’année, en contrepartie, ils ont une liberté quasiment totale pendant leur mois de vacances d’été. Et puis, en campagne, ils peuvent facilement se retrouver sans risques, ce n’est pas comme dans les grandes villes, comme à Tokyo.

Ah ça, c’était sûr qu’il n’aurait pas aimé être perdu dans une ville de cette taille ! Tout plutôt que ça ! L’air était bon, ici, ils étaient comme protégés, dans une grande bulle, à l’abri du monde extérieur. C’était bine plus agréable.

Munemori – Les mœurs ont changé vite, en ville, contrairement à ici. Les jeunes se retrouvent plus vite dans des cafés ou ailleurs pour s’amuser. Quand j’avais votre âge, les vacances, ce n’était pas fait pour s’amuser, ça se résumait par des cours en plus ou des entraînements en arts martiaux eeeet… je dois bien avouer que j’ai complètement oublié lesdits entraînements. Pas assez discipliné, qu’on me répète. Dites-moi donc, vous auriez envie que je vous emmène aux sources chaudes, un jour ou deux ?
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MessageSujet: Re: Les adultes ont vraiment été petits...   Les adultes ont vraiment été petits... EmptyMar 11 Déc - 23:02

Oncle – Et bien, les adultes ont droit entre dix et vingt jours de congés payés par an, selon leur ancienneté, mais la norme n’est d’en prendre que sept ou huit par an. Il y a par contre trois semaines par an où on a quelques jours fériés, ça permet d’avoir des week-ends de trois ou quatre jours. Il y a la Golden Week, début mai, avec quatre jours fériés. C’est la semaine où tout le monde part, en général, voir la famille ou passer quelques jours loin de chez eux. En Automne, il y a la Silver Week mais celle-ci est moins sûre, ça dépend du calendrier et des années, elle peut être de trois jours ou juste un, le vendredi. Et enfin, la semaine du Nouvel An. Les enfants, eux, ont un peu plus de vacances, pendant le mois d’août, ce sont leurs congés d’été. La rentrée scolaire est en avril, ici.

Aussi peu de vacances… Laura faillit demander comment ils faisaient, avec si peu de jours de repos, mais se retint au dernier instant en songeant à la stupidité de sa question. Ils avaient un autre rythme de vie qu’eux, se levaient très tôt mais vivaient très soudés pour la plupart et ne se déplaçaient pas de la même manière qu’eux. Leur manière de penser, elle aussi, était très différente… Laura l’avait remarqué par plusieurs aspects, surtout en discutant avec Genji et lorsque son ami et nouveau cousin s’étonnait de tel ou tel élément durant la semaine. C’était très étrange et très intéressant en même temps, un choc des cultures qui les poussait à se rapprocher sans que cela ne devienne tendu. Mais certaines choses restaient incompréhensibles pour l’un et l’autre, comme les vacances par exemple. Jamais Laura ne tiendrait avec si peu de repos, surtout en France. Alors que Genji, lui, allait s’ennuyer à mourir lorsque les choses seraient rentrées dans l’ordre. Parce qu’un jour, la France redeviendrait forcément plus calme…

Tout en écoutant Munemori leur raconter les vacances habituelles au Japon en plus de quelques anecdotes, les adolescents avancèrent dans le village, semblant se rapprocher de son centre. Et, plus ils croisaient de monde, plus on les dévisageait… Mal à l’aise, Laura finit par prendre la main de son frère, ne comprenant définitivement pas ce qu’il se passait ni pourquoi les gens regardaient dans leur direction avec autant d’insistance. Jusqu’à ce que les questions arrivent, les villageois leur adressant carrément des questions en anglais ou en japonais selon leur maîtrise de la langue pour leur demander d’où ils venaient. Munemori, lui, répondait toujours avec l’air de celui qui a envie de rire, les laissant perdus pendant un long moment jusqu’à ce qu’il leur explique la raison de tous ces regards. Les cheveux de Jasper… Juste pour ça ? Et comme Laura était collée à lui, forcément, elle avait pris certains regards pour elle alors qu’ils se dirigeaient, en fait, vers son frère. Le blond… Juste pour du blond. Désolée, mais, tout à coup, elle était bien contente de ne pas avoir hérité de ce gêne-là, bénissant les différentes couleurs de cheveux de leurs parents.

Oncle – Les jeunes font exactement la même chose que vous, pendant les vacances. Le mois d’août est celui où les familles laissent le plus de liberté à leurs enfants, car ils relâchent toute la pression pendant cette période. On exige beaucoup d’eux toute l’année, en contrepartie, ils ont une liberté quasiment totale pendant leur mois de vacances d’été. Et puis, en campagne, ils peuvent facilement se retrouver sans risques, ce n’est pas comme dans les grandes villes, comme à Tokyo.

Laura se reconcentra sur les paroles de Munemori mais, très sincèrement, elle ne pouvait avoir un point de vue objectif concernant la taille des villes. Pour elle, ici, c’était un petit village tranquille et très calme alors que leur nouvel oncle qualifiait cet endroit de « petite ville »… Elle était habituée à l’agitation des grandes villes, surtout en ayant passé toute son enfance et le début de son adolescence à Paris. Certes, pendant l’année, ils étaient au Pensionnat, à Gray qui n’était qu’un petit village. Mais ils revenaient régulièrement chez leurs parents, malheureusement, et Laura s’était habituée à vivre de cette manière. Et puis, ce n’était que sa troisième année au Pensionnat, dont une seule « normale » en fin de compte… Difficile de se faire un point de vue extérieur sur ce qu’était une « grande ville ». La perspective de se déplacer librement, sans devoir rendre de comptes, était très alléchante et faisait rêver. Strict, oui, étouffant… Non. Ce séjour au Japon s’annonçait meilleur que prévu.

Oncle – Les mœurs ont changé vite, en ville, contrairement à ici. Les jeunes se retrouvent plus vite dans des cafés ou ailleurs pour s’amuser. Quand j’avais votre âge, les vacances, ce n’était pas fait pour s’amuser, ça se résumait par des cours en plus ou des entraînements en arts martiaux eeeet… je dois bien avouer que j’ai complètement oublié lesdits entraînements. Pas assez discipliné, qu’on me répète. Dites-moi donc, vous auriez envie que je vous emmène aux sources chaudes, un jour ou deux ?

Laura – Oh, ce serait possible ? Vraiment ? Ce serait super ! Genji en avait parlé, on comptait y aller ensemble mais il ne nous a pas précisé ce que c’était. C’est dans une salle comme des piscines publiques ou c’est totalement différent ? Et nous devrions partir deux jours, c’est si loin que cela ? Avec les fêtes…

Laura avait vraiment envie de sortir, voir l’extérieur et pas uniquement la maison dans laquelle ils vivaient. Tout le monde était très… gentil, au final, contrairement à ce qu’elle avait pensé en écoutant Genji. Mais l’envie de visiter et de voir autre chose, pas seulement le village ou les coins plus proches, se faisait de plus en plus sentir. Quitte à avoir fait autant de kilomètres, autant en profiter, non ? Leur tuteur et père adoptif voulait qu’ils se changent les idées, soient loin du danger… Eh bien, voilà. C’est ce qu’ils allaient faire. Au moins, à leur retour en France, ils pourraient raconter ce qu’ils avaient fait, elle-même expliquerait tout à Antoine pour lui remonter un peu le moral. Nul doute qu’il ne serait pas très bien une fois dans la nouvelle école… Pas alors qu’il ne pourrait plus voir ses parents, comme bon nombre d’élèves du Pensionnat qui restaient. Quant à ceux qui ne revenaient pas, eh bien… Laura croisait les doigts pour qu’il ne leur arrive rien.

Oncle – Non, ce sont des sources chaudes, naturelles, qui jaillissent des profondeurs, pas des piscines, c'est très différent, et on peut y passer une seule journée. Je pensais vous y emmener demain, passer la journée, en voiture ce n'est pas loin.

Puisqu’ils pouvaient, alors ! Laura fit un grand sourire, cette fois, la bonne humeur retrouvée à l’idée de s’éloigner un peu de la maison des Nakajima. Puisqu’il ne parlait pas du nettoyage à faire, mieux valait ne pas le lui rappeler et laisser cette histoire pour le reste de la famille, n’est-ce pas ? Elle avait bien aidé, aujourd’hui, en plus, tout comme Jasper qui était consciencieux et sans doute Océane que la collégienne avait moins croisée aujourd’hui en dehors de cette visite du village. Malheureusement, l’heure de rentrer se rapprochait à grands pas et ils ne purent pas s’éterniser plus longtemps dehors, surtout avec tout ce qu’ils avaient fait aujourd’hui. Les tenues étaient choisies, les tissus du moins, les mesures prises, les accessoires éventuels également… Ils étaient fin prêts pour les fêtes de fin d’année. Ce serait… bizarre de ne pas les célébrer en France, avec leurs parents biologiques. Comme leur père adoptif, d’ailleurs…

Jasper – Les fêtes seront différentes mais on va bien s’amuser, t’en fais pas, dit-il en la tirant de ses pensées, passant un bras par-dessus ses épaules.

Laura fit un petit sourire, contente que Munemori soit plus loin et qu’il n’ait pas entendu ce qu’avait dit son frère. D’un autre côté, elle savait qu’il lui avait dit cela en sachant que le seul adulte présent ne les écoutait pas. Il avait repéré son air la seule minute durant laquelle Laura avait eu une pensée un peu plus triste… Sérieusement ? Elle lui fit une petite moue, lui répondant qu’elle savait qu’ils allaient s’amuser, que ce serait un chouette réveillon. Très différent, et très loin de la France, mais ils étaient dans une famille bien plus aimante avec leurs amis. Que demander de plus ? C’était bien, surtout pour Jasper, et elle essaya de le lui faire comprendre. C’était juste étrange, surtout avec le contexte dans lequel leur pays natal était aujourd’hui. Ils firent le chemin en sens inverse en empruntant d’autres rues, lorsque c’était possible, écoutant les anecdotes de leur nouvel oncle lorsqu’il en avait. Définitivement, il n’était pas comme ses frères : plus drôle, plus enfant, plus compréhensif mais moins… proche à certains niveaux. Comme s’il ne comprenait pas tout ou ne souhaitait pas se mêler de certaines histoires.

Le reste de la journée, et la soirée surtout, se passèrent sans que rien d’exceptionnel ne se passe. Il y avait énormément d’agitation, à leurs yeux, mais c’était une agitation « contrôlée » et respectueuse à un point inimaginable. Ils étaient beaucoup, oui, mais… Parler fort n’était pas nécessaire pour autant. Laura ne connaissait pas le nom des trois-quarts des plats qu’on leur servit, mangeant par pure politesse mais l’un d’entre eux, à un moment, fut incroyablement difficile à avaler. Elle ne sut pas exactement ce que c’était, il y avait un mélange de… légumes avec quelque chose tiré de la mer ou… En tout cas, c’était amer, très, et un peu gluant à certains endroits. Elle avait sans doute mangé avec les yeux mais, après tout, c’est ce qu’on dit toujours, non ? Bon, non, pas vraiment, mais le pâtissier chez lequel elle s’était souvent réfugiée lors de ses fugues à Paris n’avait cessé de le lui répéter. Au bout d’un moment, ce fut le père de Genji qui lui fit un petit signe discret pour lui faire comprendre qu’elle n’était pas obligée de finir. Inutile de se rendre malade et elle avait essayé, lui avait-il dit après, c’était tout à son honneur. Même si certains regards, autour de la table, l’avaient un peu refroidie…

M. Nakajima – Allez, au lit ! Une longue journée vous attend demain, si vous comptez aller aux sources chaudes. Bonne nuit, les enfants.

Ils saluèrent poliment tout le monde, se préparèrent pour aller dormir et Laura prépara aussi un petit sac à dos pour demain avec ce qu’il fallait pour passer la journée. Debout très tôt, en tout cas pour des vacances, histoire de bien profiter de cette journée à souffler et à respirer l’air des sources chaudes ! Elle s’était également fait la promesse de ramener un petit quelque chose des sources à Genji, si elle pouvait, comme c’était son idée à la base. Le pauvre, être coincé ici jusqu’à ce que ses blessures guérissent et qu’il puisse à nouveau bouger tout seul… Elle-même deviendrait folle. C’est sur ses pensées qu’elle s’endormit, très rapidement malgré les préoccupations de son esprit, la fatigue la gagnant à cause de la marche et de tous les essayages, sans compter les derniers effets du décalage horaire et de la journée nettoyage. Au programme, les sources chaudes !
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Munemori Nakajima
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Munemori Nakajima
MessageSujet: Re: Les adultes ont vraiment été petits...   Les adultes ont vraiment été petits... EmptyMar 18 Déc - 19:12

Laura – Oh, ce serait possible ? Vraiment ? Ce serait super ! Genji en avait parlé, on comptait y aller ensemble mais il ne nous a pas précisé ce que c’était. C’est dans une salle comme des piscines publiques ou c’est totalement différent ? Et nous devrions partir deux jours, c’est si loin que cela ? Avec les fêtes…

Ah là là, l’enthousiasme naturel des jeunes enfants, il n’y avait pas dire, il adorait ça, c’était tellement rafraîchissant ! Il lui dédia un sourire chaleureux avant de lui répondre, décrivant rapidement ce que c’était, et qu’ils pourront y passer la journée de demain, si ça les tentait. Après tout, ils étaient là pour s’amuser ! Se détendre, profiter du pays, en voir les bons aspects, et se vider la tête avant de rentrer en France ! En tout cas, c’était sûrement ce que Kimmitsu souhaitait aussi pour eux et son grand frère adorait jouer les grades d’enfants, nounou ou protecteur, suivant les occasions. Il pourrait passer des heures entières à veiller sur ses neveux et nièces ou jouer avec eux comme s’ils étaient ses propres enfants. Surtout lorsqu’il était récompensé par ce genre de sourire mignon. Il leur fit ensuite signe de suivre, dans les rues du village, prenant le chemin du retour. Ces achats étaient déjà une bonne chose de fête, même s’il restait beaucoup à faire à la maison, il ne pensait que Josuke allait râler s’il emmenait les enfants aux sources ! Surtout vu la situation actuelle en France, c’était le moment ou jamais, pour eux, de changer d’air et ne s’occuper de rien.

Le reste de la journée fut, encore et toujours, consacré aux divers préparatifs. Faire le ménage n’était pas tout, il fallait aussi préparer des chambres pour recevoir tout le monde, durant ces trois jours de fête, mettre les décorations traditionnelles et celles contre les anciens démons, dans la maison et au portail, puis prévoir les courses, ce genre de choses. Une fête, surtout aussi grande comme toute la famille se réunissait, ce n’était pas rien ! Enfin, « toute » la famille… Himako et son mari allaient rester chez eux, avec leur bébé, cette année. Kimmitsu ne sera pas là, une année de plus. Ça fera pour la… vingt-troisième année consécutive, à présent. Il ne comptait pas vraiment la seule fois où il était revenu pour les fêtes,a près une absence de dix ans, car il était reparti presque aussi vite et n’avait pas réellement participé. Ses enfants virent l’aider à accrocher les dernières décorations, un peu malhabiles à cause de leurs âges mais leurs bouilles si mignonnes compensaient très largement ce petit détail. Sa fille, surtout, courrait toujours partout, excitée comme une petite puce, et souriait sans arrêt, comme sa maman. Un petit coeur qui avait le don de le faire fondre sur place.

Le soir venu, ils mangèrent et discutèrent ensemble, en famille, comme à leurs bonnes habitudes. Munemori discutait surtout avec Kimi, dans ces moments-là, il lui racontait sa journée de long en large, tout comme elle, puis ils en arrivaient invariablement à parler de leurs enfants, assis un peu plus loin. L’école, les amis qu’ils fréquentaient, leurs jeux, leur éducation, tout y passait en quelques minutes, seul leur petit dernier y échappait un peu car c’était encore un bébé. Après avoir mangé et tout nettoyé, il s‘isola un long temps avec sa femme et leurs enfants, pour passer une soirée tranquille en famille, avant d’aller dormir. Au matin, il se leva tôt pour manger, mettre quelques affaires dans la voiture, puis appeler les enfants. Allez, on y va ! Munemori n’avait passé son permis que depuis deux ans, avant, il n’en avait jamais éprouvé le besoin. Après tout, c’était toujours Josuke qui prenait la voiture, quand il fallait aller en ville, pour tout le reste, ils trouvaient ce qu’il fallait au village, sans avoir à faire beaucoup de kilomètres. Sa femme, Kimi, vint l’embrasser juste avant de démarrer, leur bébé dans les bras.

Munemori – A ce soir, lui sourit-il avant de l’embrasser puis partir sur un signe.

Il sortait de la cour quand Jasper, derrière, demanda quel âge avait leur troisième enfant. Ah, huit mois, à présent ! C’était presque un petit garçon ! Munemori sourit de plus belle en ajoutant que lui aussi avait eu des enfants très tard, normalement, on devenait parent peu de temps après le mariage. Quelques années, tout au plus, alors que lui les avait eu beaucoup plus tard que ça. Mais ce n’était pas grave.

Munemori – Il y a des milliers de sources chaudes, dans le pays, vous le saviez, les enfants ? On s’y baigne pour se détendre, pas pour se laver, car on dit que ce sont les eaux des kamis, des Dieux, et qu’il faut être propre comme un sou neuf avant d’y entrer. L’eau peut parfois être vraiment très chaude, donc attention en y entrant. Si la chaleur monte à la tête, on sort un moment. Les femmes sont d’un côté, les hommes de l’autre, il n’y a pas de maillots de bains, on s’y baigne nu. A l’arrivée, on vous fournira un yukata et une serviette. Des sandales, aussi, on n’entre pas avec ses chaussures, comme partout.

Il leur expliqua qu’il leur faudra se laver entièrement et avec un grand soin, puis allez, nu, dans les sources. La serviette ne doit pas toucher l’eau, ils pourront soit la laisser sur le rebord de la source, soit la plier et la garder sur la tête le temps de se baigner. Les deux filles devront obligatoirement s’attacher les cheveux ! Et on se baigne doucement, d’abord jusqu’au ventre, puis aux épaules, car l’eau est brûlante. Lorsque le front commence à transpirer, il est temps de sortir, pour éviter le malaise. Dans ce contexte, tout le monde est très à l’aise, nu, bien que ça n’aille pas dans l’exhibition. Par contre, désolé, Jasper, mais beaucoup allaient le dévisager, ici, les blonds et les roux étaient si rares ! Il leur expliqua aussi que les eaux, jaillissant directement des profondeurs de la terre, étaient riches en sodium, fer, sel et autres minéraux, ce qui aidait à soigner pas mal de maladies ou fortifier le corps, en s’y baignant. Ils allaient entrer dans une auberge traditionnelle, tenant les bains, pas mal de personnes passaient plusieurs jours d’affilée aux sources pour des cures ou des séjours de détente.

En hiver, il était plus fréquent qu’ils aillent aux sources, ça maintenait en forme. Après ce temps en voiture, il se gara devant un grand hôtel dans le plus pire style traditionnel. La patronne les accueillit à l’entrée, en Japonais, vêtue d’un kimono traditionnel, puis reprit en Anglais en voyant Jasper. A la réception, elle leur fit choisir les yukatas puis présenta la station thermale, avant de les conduire dans une pièce de vie très calme où ils allaient déposer leurs affaires, déjeuner un peu plus tard et se détendre, cet après-midi.

Munemori – Toi, Océane, tu dois déjà bien connaître, non ? Il y en aussi pas mal en Chine.
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MessageSujet: Re: Les adultes ont vraiment été petits...   Les adultes ont vraiment été petits... EmptyMar 12 Mar - 10:00

Le battant en bois fut légèrement difficile à soulever, puis Océane y parvint en y allant plus fort, laissant entrer la lumière du jour. Une légère brume recouvrait le jardin, jusqu’aux hauts murs plus loin, bouclant la vue sur les collines. Elle sourit à Laura en la voyant se retourner dans son futon, puis reporta le regard un long instant sur le dehors, appréciait le calme ambiant. C’était un très bel endroit, vraiment, elle pourrait passer des heures ici à juste observer les alentours. Il fallait bien bouger, pourtant. Préparer leur sac, s’habiller, aller manger avec le reste de la famille, avant le départ. Au passage, elle vint ébouriffer les cheveux de Laura pour la pousser à se lever, un large sourire aux lèvres, et la secouer un peu. Allez, debout, il était l’heure ! On se lève ! Océane tira des vêtements au hasard, de sa valise, avant de s’habiller rapidement et sortir. Comme d’habitude, l’arrière-grand-père de Genji était assis dans un coin de la cuisine, avec une tasse de thé fumante et un livre entre les mains. Il occupait cette même place et activité tous les matins, avant de se réfugier dans le jardin ou sa chambre pour reste de la journée. Peu causant, comme homme… Il devait avoir 80 ans, ou un peu plus, si elle avait bien compris.

Après avoir mangé, ils s’engouffrèrent tous les trois dans la voiture, sacs dans le coffre, avec Munemori au volant. Genji restait à la maison, tout comme Solène, qui avait l’air assez fatiguée. Tout en discutant, le peintre de la famille les fit quitter l’enceinte de la maison puis s’engager sur la route serpentant dans les collines. Océane s’était assise devant, Laura et Jasper derrière, le nez presque collée à la vitre pour détailler les alentours au petit jour. D’autres maisons, ou domaines comme celui des Nakajima, se faisait voir ici et là, au milieu de petits hameaux ou maisons plus modestes. La lycéenne s’étant tant habituée aux paysages de la France que même ces régions étaient comme une découverte, pour elle. C’était à la fois semblable et dissemblable de la Chine, on retrouvait des signes familiers et d’autres inconnus, elle aimait bien cette ambiance. Le tout lui donnait envie d’aussi revoir la Chine, mais ça, c’était impossible… Ses parents ne pouvaient plus s’y rendre, interdits de séjour, tout comme elle par association. Ses grands-parents et sa famille lui manquaient, elle ignorait si elle les reverra un jour, alors qu’elle savait pouvoir retrouver ses parents bientôt.

Munemori – Il y a des milliers de sources chaudes, dans le pays, vous le saviez, les enfants ? On s’y baigne pour se détendre, pas pour se laver, car on dit que ce sont les eaux des kamis, des Dieux, et qu’il faut être propre comme un sou neuf avant d’y entrer. L’eau peut parfois être vraiment très chaude, donc attention en y entrant. Si la chaleur monte à la tête, on sort un moment. Les femmes sont d’un côté, les hommes de l’autre, il n’y a pas de maillots de bains, on s’y baigne nu. A l’arrivée, on vous fournira un yukata et une serviette. Des sandales, aussi, on n’entre pas avec ses chaussures, comme partout.

Océane n’écoutait que d’une oreille car elle connaissait déjà ce genre d’établissements et les règles à y suivre. A la place, elle pensait à sa mère, en pleine mission d’infiltration devant durer jusqu’à début janvier, et à son père, qui lui aussi ne devait revenir qu’au début de l’an 1932. Pendant ce temps, Munemori expliquait les règles à suivre, comment on se baignait, la prudence à observer à cause de la chaleur, et pourquoi ces eaux servaient pour les cures et la remise en forme. Après vingt minutes de voiture, ils arrivèrent devant l’auberge, très traditionnelle. Derrière les hauts murs de pierre, ils voyaient les volutes de vapeur s’élever vers le ciel, l’air avait une certaine pureté, ici. Accueillis par la patronne, ils prirent sandales et yukatas, avant de la suivre jusqu’aux quartiers où ils allaient déjeuner plus tard et se reposer. Elle déposa son sac à dos dans un coin, pour ne garder que le nécessaire pour la bain dans les bras. L’auberge accueillait peu de monde, pour cette période, toute l’attention était avant tout donnée à la préparation du Nouvel An.

Munemori – Toi, Océane, tu dois déjà bien connaître, non ? Il y en aussi pas mal en Chine.

Océane – Moins qu’au Japon, je pense. Sinon oui, j’y allais toujours avec ma famille, quand on rentrait en Chine.

Il y a… Longtemps. Mais bref. Elle fit signe à Laura de la suivre, ensuite, passant dans le couloir réservée aux femmes, pour d’abord aller se laver. Même si on était nu avec une simple serviette, dehors, personne n’avait froid en traversant le petit espace avant les bains car la vapeur qui s’en dégageait était si forte qu’elle vous réchauffait même à distance. Dans la salle d’eau, elles retrouvèrent d’autres femmes, de tous les pages, qui bavardaient ensemble et riaient. Si Laura attira quelques regards à cause de ses yeux ou des traits de son visage, personne ne l’embêta trop car de dos, avec ses longs cheveux noirs, elle passait inaperçue. Océane prit soin d’attacher les siens en un chignon serré après s’être lavée, serviette autour du corps pour le moment. Près d’elles, une très vieille dame parlait toute seule, à voix basse, les yeux fermés, en procédant au même rituel, avec des gestes tremblants. Une autre femme beaucoup plus jeune vint l’aider l’instant d’après e voyant qu’elle n’y arrivait pas, les gestes très doux. C’était ce qui était appréciable, dans certains pays, le respect des aînés.

La source où elles s’étaient rendues était grande, comme un bassin ou un lac naturel, formant parfois des angles. L’endroit était magnifique… On se croirait véritablement en pleine nature, avec les rochers, buissons et arbres en bords, les galets serrés disposés sur les rebords. Beaucoup de personnes, même si ça ne donnait pas l’impression d’être serré comme des sardines. La jeune femme entra avec précaution dans l’eau, brûlante comme jamais au premier abord, laissant sa serviette pliée sur le rebord. Chaud, très chaud, doucement… Une fois immergée jusqu’aux épaules, elle s’assit sur un des rochers dans le fond, l’eau lui arrivait presque jusqu’au menton.

Océane – Vas-y doucement, Laura, si tu n’as pas l’habitude. Une fois qu’on est bien installé, il n’y a rien de mieux pour se détendre.
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Laura K. Nakajima

Laura K. Nakajima
MessageSujet: Re: Les adultes ont vraiment été petits...   Les adultes ont vraiment été petits... EmptyVen 19 Avr - 17:26

La journée promettait de belles découvertes, Laura avait hâte de voir à quoi ressemblaient les sources chaudes dont avait parlé son nouvel oncle. Elle avait imaginé l’endroit comme dans un genre de grotte avec de la fumée partout, de grosses pierres fumantes avec une ambiance tamisée. En réalité, elle savait que l’endroit serait totalement différent, mais la collégienne se plaisait à laisser ses pensées voguer au loin avant de dormir. Surtout pour l’instant, avec l’ambiance et les tensions qu’elle ressentait à cause de la France. Elle ne l’avait pas avoué à sa nouvelle « famille », mais dormir était très difficile. Elle ne parvenait pas à se détendre sitôt allongée, songeant qu’un danger rôdait et qu’on allait leur demander de s’habiller en vitesse pour quitter les lieux. C’était devenu… un réflexe, en fait. Et si elle l’avouait, probablement feraient-ils quelque chose pour la détendre, mais Munemori serait bien plus attentif à elle, tout comme Jasper. Surtout Jasper, s’il s’inquiétait et savait que cela la perturbait autant. Mais bon, c’était normal, après tout, c’était la vie, même leur père adoptif en était conscient, il le leur en avait déjà parlé.

Ils montèrent tous dans la voiture, mettant les sacs pour la journée à l’arrière et s’installant, Océane à l’avant, elle-même et son frère à l’arrière. Genji et Solène ne les accompagnaient pas, ce qui était prévisible étant donné leur état, ils resteraient à se reposer confortablement ici. Laura ne s’inquiétait pas pour eux, ils étaient bien entourés et un long moment à se détendre leur ferait le plus grand bien. Si ces sources étaient si chaudes que cela, ils reviendraient tous les trois détendus et apaisés pour la soirée. Peut-être même dormirait-elle enfin correctement, sur ses deux oreilles ? Pendant le trajet, Munemori leur expliqua ce qu’étaient les sources et le comportement à adopter là-bas, les précautions à prendre, ce qu’il fallait ou ne pas faire… Le trajet passait, Laura regardait les paysages et les maisons, les gens lorsqu’ils en croisaient. Elle écoutait et participait à la discussion, mais écoutait surtout, leur nouvel oncle aimait bien raconter les anecdotes, histoires, us et coutumes de la région et du pays. Et cela se voyait.

Oncle – Il y a des milliers de sources chaudes, dans le pays, vous le saviez, les enfants ? On s’y baigne pour se détendre, pas pour se laver, car on dit que ce sont les eaux des kamis, des Dieux, et qu’il faut être propre comme un sou neuf avant d’y entrer. L’eau peut parfois être vraiment très chaude, donc attention en y entrant. Si la chaleur monte à la tête, on sort un moment. Les femmes sont d’un côté, les hommes de l’autre, il n’y a pas de maillots de bains, on s’y baigne nu. A l’arrivée, on vous fournira un yukata et une serviette. Des sandales, aussi, on n’entre pas avec ses chaussures, comme partout.

Laura écouta les explications de son oncle, essayant de tout retenir pour la journée. Se laver, s’attacher les cheveux – ce qu’elle faisait déjà beaucoup à l’école à cause de l’uniforme – et ne pas entrer avec ses chaussures. Ils recevaient, sur place, une serviette qui ne devait pas toucher l’eau et qu’ils pouvaient laisser sur le côté ou sur leur tête. D’accord… Quant à Jasper, il allait attirer les regards, elle lui lança un coup d’œil en compatissant d’avance. Si lui avait hérité des cheveux blonds de leur mère, elle avait eu un mélange de leur père et de leur mère, tirant même sur le noir selon l’exposition au soleil. Ce qui était bien pratique pour passer inaperçue au Japon. Ensuite, et c’était logique mais un peu effrayant tout de même, il fallait entrer dans l’eau très doucement comme elle était brûlante. Si le front transpirait, ils devaient sortir pour éviter le malaise. Mais, alors, pourquoi s’y baigner si c’était dangereux ou trop chaud ? La collégienne n’eut pas le temps de poser sa question, Munemori la devança en ajoutant que l’eau contenait divers minéraux qui aidaient à soigner les maladies et à fortifier le corps. Oh… D’accord.

Les sources étaient dans une auberge traditionnelle, derrière sûrement, dans laquelle certaines personnes passaient parfois plusieurs jours de suite pour se détendre ou faire une cure. En hiver, ils y allaient même plus souvent ! C’était incroyable, cela ressemblait à un rendez-vous ou à quelque chose de normal, une habitude prise par les Japonais pour rester en forme malgré le froid et l’absence de soleil, de certains aliments… Jamais Laura ne l’aurait deviné, très honnêtement. Elle pensait que le sport et l’alimentation saine était leur secret, et c’est tout. Pas… tout le reste. Oui, elle vivait un peu à partir des clichés et son père adoptif était Japonais. Faisant une petite moue en échangeant un regard avec Jasper, elle eut quelques remords en se promettant de faire davantage de recherches sur un peuple et un pays avant de porter des jugements hâtifs à l’avenir. Mais, à peine cette promesse faite, ils arrivèrent à l’auberge et sortirent de la voiture, accueillis par une dame en kimono qui avait commencé à parler en japonais puis en anglais en voyant son frère. Bon, c’était pratique, au moins. Elle leur laissa choisir des yukatas, mais Laura prit le premier qu’on lui présenta, n’y connaissant absolument rien, puis leur présenta l’endroit où ils allaient passer la journée. Il y avait même une pièce pour déposer leurs affaires et déjeuner ! C’était immense… Jamais la collégienne n’aurait pu imaginer que cela existait. Surtout sous cette forme. Elle pensait à la grotte, elle…

Oncle – Toi, Océane, tu dois déjà bien connaître, non ? Il y en aussi pas mal en Chine.

Océane – Moins qu’au Japon, je pense. Sinon oui, j’y allais toujours avec ma famille, quand on rentrait en Chine.

Laura lança un regard à Océane, devinant que sa famille lui manquait, mais ne fit aucune remarque et se contenta de la suivre avec un sourire et un geste pour son frère. Comme ils étaient séparés pour les sources, lui serait avec leur nouvel oncle de son côté pendant qu’ils se baigneraient. Arrivés à la salle dans laquelle ils devaient se changer et se laver, l’adolescente se déshabilla avec une certaine gêne, son visage attirant les regards lorsque les autres femmes la voyaient de face, mais elle resta très près de son amie et ne prononça pas un seul mot, copiant ses gestes en prenant soin de ne pas regarder. Les femmes étaient vraiment nues et… personne ne semblait être dérangé par cette tenue. C’était… perturbant. Elle se lava relativement vite et bien, par la force de l’habitude comme après le cours de sport, puis serra sa serviette autour de sa poitrine. Comme Océane, elle s’attacha les cheveux avant de sortir, marchant un peu en retrait avec des gestes plus lents. Elle n’était pas habituée, désolée… C’est le temps d’adaptation, rien de plus. Et elles allaient avoir froid, non, dehors ? Pourtant, non… Les vapeurs de chaleur se dégageant étaient si fortes qu’elle n’avait pas froid, pas du tout. Au contraire.

La source destinée aux femmes était… immense. Laura avait l’impression de se retrouver devant un grand lac avec beaucoup de monde. Pourtant, chacun avait une place et personne ne semblait être serré dans cet endroit. Il y avait l’aspect naturel auquel elle s’était attendue avec les rochers, les buissons, les arbres, mais… Ce n’était pas une grotte. Pas du tout. C’était un endroit qui avait l’air agréable, et vraiment connu vu le nombre de femmes qui se baignaient déjà dans l’eau. Certaines d’entre elles portaient une serviette sur la tête mais beaucoup l’avaient laissée sur le côté du bassin, aucune ne touchant l’eau comme annoncé par Munemori. Et personne ne se regardait, ne se jugeait. Même si cette source était tenue par une auberge, il n’y avait pas l’aspect humain tel qu’on pourrait le croire. La dame qu’ils avaient rencontrée à l’entrée avait conservé à l’endroit tout son charme naturel. C’était magnifique.

Océane fut la première à avancer, tirant Laura de ses pensées qui la suivit maladroitement, son regard se baladant toujours sur les éléments du bassin. Mais personne ne se touchait jamais, vraiment ? Elle observa son amie se glisser doucement dans la source chaude, très chaude, à un endroit encore désert et resta immobile, la serviette serrée autour de sa poitrine sans réussir à bouger lorsqu’elle sentit que c’était à son tour. C’est que… l’eau avait l’air très chaude, Munemori l’avait dit. Et si quelqu’un faisait un malaise, qui aidait ? Et si… Il n’y avait jamais de problème, ici ? Sans que Laura ne s’explique pourquoi, elle se sentit plus tremblante et mal à l’aise, n’osant pas faire un seul pas vers le bain, encore moins retirer sa serviette. Comme si l’enlever signifiait s’exposer. A quoi ? Elle l’ignorait. Il n’y avait aucune critique, aucun regard si ce n’est à cause de ses traits. Et puis, elle était jeune, ses formes commençaient seulement à se montrer, il n’y avait aucune comparaison à faire. Alors, pourquoi ?#ffff00

Océane – Vas-y doucement, Laura, si tu n’as pas l’habitude. Une fois qu’on est bien installé, il n’y a rien de mieux pour se détendre.

Laura – Ce n’est pas vraiment ça qui me dérange…, dit-elle en regardant timidement autour d’elle. Mais je vais faire doucement. Je vais… juste attendre un peu, là, avant. Pour m’habituer. Comment tu fais, toi, pour entrer aussi vite ?

Laura tenait la serviette serrée contre elle, mal à l’aise. Elle prenait vraiment beaucoup sur elle, n’imaginant pas que la situation réveillerait autant de souvenirs et de pression. Elle jetait de petits regards sur le côté et essayait de ne toucher personne, adoptant involontairement une posture plus défensive. Heureusement, ses dons ne se manifestaient pas, ils seraient malvenus dans ce genre d’endroit. Enfin, probablement… Son tuteur lui avait dit qu’elle ne devrait pas se cacher, mais montrer ses pouvoirs ici n’était pas une bonne idée selon elle. Se maîtriser n’était pas si difficile que cela ! Il fallait qu’elle se calme, c’est tout, qu’elle respire. Pourquoi cette impression d’agression, tout à coup ? Laura resta stoïque, mal à l’aise et légèrement en arrière pendant un très long moment, dont elle ne put estimer la durée, comme paralysée. Ce n’est que lorsqu’Océane lui sourit, sortant de l’eau, et qu’elle lui dit que personne ne la regardait que la collégienne se tira de sa torpeur soudaine. Qu… Mais… Laura lui lança un regard un peu perdu pendant que son amie la recouvrait de sa propre serviette pour la cacher aux yeux des autres femmes. Mais… Mais, non, elle ne devait pas sortir de l’eau pour ça !

Laura – Mais… Mais je vais bien, retourne dans l’eau, je t’assure que ça va. Ne te prive pas pour moi, Munemori a dit lui-même que ça prenait du temps d’entrer dans l’eau.

Laura s’attendait à ce qu’Océane lui laisse la serviette et retourne dans l’eau mais… Non. Elle la maintint juste devant elle, sans rien dire, comme si elle-même n’avait rien ajouté de plus. Elle fit une petite moue, n’insistant pas cependant, assez mal à l’aise, et ôta difficilement sa propre serviette avant d’entrer progressivement dans l’eau. Il lui fallut quelques secondes pour réaliser qu’elle tremblait un peu, que ses gestes étaient maladroits, mais elle n’avait pas froid. Forcément, même un léger courant d’air, très bref, vint faire voler très faiblement une mèche rebelle de son amie qui ne dit rien. Personne ne l’avait remarqué, heureusement. Le pire est que ce n’était même pas l’idée de se retrouver nue ici qui la dérangeait, c’était… C’était… Elle ne savait pas. Sans cette serviette, et sans ses vêtements, elle se sentait plus vulnérable. Peut-être était-ce pour cette raison que le vent s’était manifesté ? Pour se défendre, comme elle-même n’était pas très bien.

Cependant, elle finit par entrer dans l’eau entièrement dans l’eau très chaude, trop chaude au premier abord, mais qui permit à Laura de se réchauffer un peu. Elle ne voulait pas s’éloigner d’Océane, son amie la rassurant considérablement dans ces circonstances, et rechercha un rocher un peu plus haut sur lequel s’asseoir pour ne pas être immergée jusqu’aux yeux à cause de sa petite taille. Elle tâcha de se détendre, fermant les yeux durant quelques minutes sans rien dire, essayant de s’habituer à la chaleur et à tout ce qu’elle touchait. En soi, cela relevait de l’adaptation comme pour le reste, sauf qu’elle n’était pas habituée à sentir la matière directement sur sa peau. C’était étrange, et un peu désagréable au premier abord, mais Laura faisait des efforts pour ne pas y prêter attention. On respire, on se calme, tout va bien. Océane était là, juste à côté d’elle. Rouvrant les yeux, elle voulut s’excuser auprès de son amie pour cette réaction, ne comprenant pas ce qu’il venait de se passer. Elle avait été… terrorisée, paralysée, et elle ignorait pourquoi. Ou, plutôt, elle ne voulait pas rechercher la raison tout de suite, pensant y réfléchir plus tard.

Laura – Je… Je suis désolée, je ne sais pas ce qui m’a pris. Merci d’être restée près de moi, je… Je ne sais pas ce que j’aurais fait autrement.

Laura essaya de lui faire un petit sourire, encore crispée, mais ça allait mieux. Elle se concentra sur l’endroit qu’elle avait déjà observé en long et en large en arrivant, mais cela l’aidait à se détendre. La vapeur, l’eau, les femmes installées ici, de tout âge, sans que cela ne dérange qui que ce soit. Pourtant, elles étaient toutes nues et il n’y avait aucun jugement dans le regard des unes et des autres, c’était… très particulier. Laura ne se cachait même pas, en réalité, l’eau lui donnait l’impression d’être protégée, comme dans un cocon, et elle se sentait bien mieux ici, une fois installée et près d’Océane. Son premier élément l’aidait énormément, en cet instant précis. Elle pouvait rester ici longtemps sans problème mais leur journée serait peut-être écourtée à cause de Jasper, lui ne tolérait pas l’eau aussi bien qu’eux – même s’il y avait plus de vapeur, que l’eau était brûlante.

Enfin, ils verraient bien, mais qu’il ne se force pas. Munemori le surveillerait, dans tous les cas, puisqu’ils étaient ensemble toute la durée du bain. Laura éloigna son frère de ses pensées et chercha un sujet, une question, quelque chose qui pourrait démarrer la conversation pour qu’elle ne se concentre plus sur ce qui la bloquait. Et puis, elle songea qu’Océane aussi possédait l’élément feu… Et elle avait dit à Munemori qu’elle allait souvent aux sources avec sa famille. Cela ne les dérangeait donc pas du tout, vraiment ? Et… d’où ces bains venaient, comment ils fonctionnaient ? S’ils jaillissaient des profondeurs, certains pouvaient disparaître, non ?

Laura – Tu as dit à Munemori, tout à l’heure, qu’il y avait moins de sources chaudes en Chine… Tu sais pourquoi ? Si elles sont naturelles, cela signifie qu’elles disparaissent et apparaissent au fur et à mesure du temps et des événements ? Et, c’est une bête question, mais… Toute cette eau ne te rend pas malade ? J’ai l’impression qu’elle forme comme un… cocon autour de moi, ce qui m’aide un peu, mais je pensais que ce serait plus difficile pour Jasper et toi de passer la journée entière ici.
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