Avril 1932. Les soucis mondiaux s'étendent.
 
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 Voyage cahoteux

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Adrien de Sora
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Adrien de Sora
MessageSujet: Voyage cahoteux   Voyage cahoteux EmptyLun 30 Nov - 7:57

De nouveau sur les routes… Un nouvelle fois pour une destination inconnue. Un autre endroit sécurisé, leur avait-on dit, ils devaient changer régulièrement, ces derniers temps. Les enfants, quant à eux, avaient encore été dispersés ici et là… Beaucoup avaient retrouvé leurs familles et quitté ensuite le pays, soit pour aller en Europe, soit pour partir plus loin encore. Parmi les plus âgés, une partie non négligeable avait choisi d’intégrer pour de bon les rangs de la Résistance et avaient intégré différents groupes. D’autres avaient disparu dans la nature, sans qu’ils n’aient plus de nouvelles. Quelques-uns, sans familles, avaient été caché dans d’autres lieux par la résistance. Adrien retint un soupir en y pensant. Il était installé, avec son fils dans les bras et Josuke assis à côté, à l’arrière d’un camion de marchandise, à l’abri près de caisses et de lourds sacs. Les cahots de la route et les tremblements lui étaient extrêmement douloureux… Il était calé entre deux lourds sacs, un autre, mou, sous lui et un dernier derrière lui, pour compenser au maximum les remous, et était toujours presque intégralement recouvert de lourds bandages et d’attelles, aux jambes. Mais la route le faisait vraiment beaucoup souffrir.

Dans ses bras, Alexandre ne semblait pas vraiment comprendre ce qui se passait et s‘accrochait à lui comme si sa vie en dépendant. Son père le tenait bien, autant pour qu’il ne se blesse pas durant le trajet que pour le rassurer. Comment en vouloir au petit, un trajet entre des caisses de marchandise, dans le noir, avec une faible lampe pour unique éclairage, tous ces cahots… Même un garçonnet de son âge pouvait comprendre que ce n’était pas du tout normal. Pourtant, il fallait bien en passer par là… Ils avaient quitté l’orphelinat à leur tour assez tard, au cœur de la nuit, et avaient été installé dans ce camion de livraison. Adrien, encore incapable de marcher, se déplaçait en fauteuil roulant et devait compter sur les autres pour les soins de tous les jours, ainsi que pour s’occuper aussi de son fils. Devoir compter comme ça, sur les autres, en permanence, le rongeait, il se sentait tellement inutile… Mais il n’avait pas le choix. Outre ses blessures bien loin d’être guéries, son coma l’avait aussi laissé dans un état à faire pâlir de peur. Il était maigre, décharné, si affaibli qu’il suffirait d’une brève petite poussée pour qu’il s’effondre.

Même tenir dans ses bras son fils de deux ans devenait difficile, car l’enfant, bien qu’il n’en ait pas conscience, avait même plus e force physique que son père, réduit dans un tel état. Lorsqu’il devait absolument se reposer un peu ou se ménager, il était contraint de passer le petit dans les bras de Josuke. Et n’en pouvait plus… Incapable de s’occuper de son fils ou de lui-même… Une nouvelle fois, il dû confier l’enfant qui s’endormait à son compagnon de voyage, et se caler du mieux qu’il put contre les sacs. Il était désolé… Que ce soit vraiment de sa faute ou pas, impossible de ne pas s’en vouloir. Il somnola à moitié, comme il le put, épuisé autant par son état que par un sommeil difficile à rattraper. Même après que les blessures soient soignées, il faudra encore recouvrer ses forces et ne plus rester cette loque vivante qui ne pouvait tenir sur ses jambes. Histoire de se changer les idées, il réfléchit un moment à un sujet de conversation avec le frère de son collègue, autre que les quelques banalités échangées depuis le début de ce voyage douloureux. Hum…

– Eh bien, dites-moi, qu’est-ce qui vous fait rester en France ? Vous souhaitez veiller plus longuement sur votre frère ?
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Josuke Nakajima
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Josuke Nakajima
MessageSujet: Re: Voyage cahoteux   Voyage cahoteux EmptySam 5 Déc - 18:11

C’était un type de situation à laquelle il n’était pas du tout habitué et qui l’angoissait beaucoup. La fuite dans la nuit, devoir rester caché, vivre comme un clandestin… Il ne comprenait pas comment son petit frère pouvait tolérer ce genre de vie depuis des mois, maintenant, là où lui-même était déjà au bord de la crise de nerfs pour quelques semaines seulement. A l’arrière du camion, il fit de son mieux pour « caler » le jeune médecin, avec des sacs en guise de coussin, alors que le véhicule démarrait déjà. Il avait peur que ce voyage, avec ses nombreux cahots et bouleversements, ne rouvre les blessures du jeune homme… Mais ils n’avaient pas le choix… Il fit de son mieux pour l’aider à prendre la position la plus confortable possible, la moins… Comment dire… Que ce ne soit pas trop douloureux, somme toute. Lui garantir qu’au minimum, il ne se remette pas à saigner de partout. Dur de dire si c’était vraiment la meilleure manière de faire, néanmoins, dans ce genre de situation, il ne pouvait pas faire grand-chose de plus. Adrien était encore dans un tel état physique… Il faisait vraiment beaucoup de peine à voir. Si pâle, décharné et affaibli.

Il ne savait pas même où ils allaient ni dans combien de temps ils y parviendront… Depuis le départ de sa famille pour le pays, il avait surtout passé du temps à s’entraîner aux bases avec Gabriella. Cette dernière était partie, la veille, pour une réunion d’importance, mais il n’en savait pas plus. Quant à eux, ils devaient bouger dans un nouvel endroit, y demeurer en sécurité. Kimmitsu, lui aussi, était parti il y a peu… Avant qu’il ne file, Josuke l’avait très longuement serré dans ses bras, le plus fort possible, en lui répétant de faire attention à lui et qu’il l’aimait, que toute la famille l’aimait, et que ça restera ainsi, quoi qu’il arrive maintenant. Le regarder disparaître au loin, en sachant ce qu’il risquait de vivre, lui avait déchiré le cœur… Il ne pouvait protéger aucun des membres de sa famille plongés dans ce conflit en France. Il pouvait juste aider ceux qui étaient au pays, aider cet enfant à naître en l’emmenant avec lui au loin, en sécurité. Puis vivre en essayant de ne pas trop penser à tout cela, pour ne pas s’en rendre malade d’inquiétude. Être un soutien pour tous les autres.

Il reprit dans ses bras le petit garçon d’un an et demi pour permettre à son père de se reposer. Le petit Alexandre était effrayé, c’était bien normal… Jusque là accroché à son père, il s’accrocha aussi à lui dès qu’il arriva dans ses bras. Un tel environnement, sans compter le bruit, devait être très impressionnant et angoissant, à un tel âge. Pauvre petit bout de chou… Josuke le berça comme il le put, avec les cahots, et lui chantonna une berceuse pour l’aider à s’apaiser. Là, là, là, petit garçon… Il lui sourit en l’embrassant sur le front, puis le serra contre lui avec le plus de douceur possible. Ce pauvre enfant n’avait plus sa mère, emprisonnée, n’avait jamais eu le moindre contact avec aucun de ses grands-parents, pour des affaires familiales difficiles, il ne lui restait que son père, à ce petit ange. Quel malheur… Si jeune encore, déjà plongé dans la guerre. Adrien avait somnolé un temps, sans que le sommeil ne l’attrape vraiment. Avec de telles blessures, et la douleur du voyage, peu de chance qu’il parvienne à trouver le sommeil.

– Eh bien, dites-moi, qu’est-ce qui vous fait rester en France ? Vous souhaitez veiller plus longuement sur votre frère ?

– Je le voudrai, murmura-t-il doucement. Hélas, c’est impossible, je ne peux rien faire de plus pour mon frère ou mon neveu, malheureusement. Ils suivent leur voie, je ne peux qu’attendre derrière, en espérant qu’ils s’en sortiront vivants.

Devoir l’énoncer à haute voix lui faisait plus mal au cœur encore. Les larmes lui montèrent aux yeux et il les essuya d’un geste rapide, pour ne pas perturber encore plus le tout petit garçon qu’il tenait dans le creux de ses bras, contre son cœur. La vérité pouvait être… si terriblement cruelle et terre-à-terre. Ces moments où on réalisait qu’il était impossible de mettre tous ses proches à l’abri des horreurs de ce monde… Par choix de ces mêmes proches, car ils ne pouvaient pas tolérer de demeurer en arrière ou se cacher. Quitte à offrir en gage ce qu’ils avaient de plus précieux, leur vie.

– Ce que j’attends, réellement, c’est la naissance du troisième enfant de Gabriella. Je dois l’emmener dans notre pays, lui aussi, comme d’autres y sont déjà, pour qu’il grandisse en sécurité. Je m’entraîne aussi avec elle, en attendant cette naissance, pour maîtriser mon pouvoir. Un pouvoir fort et instable, c’est beaucoup de travail.

Il adressa un faible sourire, un peu désabusé, au médecin. En réalité, toute cette histoire le dépassait et il se contentait de suivre le mouvement. C’était encore ce qu’il y avait de mieux à faire, selon lui.

– Nous ne pouvons plus vraiment nous occuper comme il le faudrait de nos proches. Je le sais… C’est comme cela. Je voudrai juste comprendre ce qui justifie un tel besoin d’agir.
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Adrien de Sora
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MessageSujet: Re: Voyage cahoteux   Voyage cahoteux EmptyDim 20 Déc - 16:56

Il ne restait pas pour sa famille ? Mais… Pour qui alors ? Adrien était perdu, maintenant, car à part pour soutenir Kimmitsu ou le jeune Jasper, d’une façon ou d’une autre, il ne comprenait pas pourquoi cet homme n’était reparti dans son pays avec les autres. S’il ne pouvait pas combattre, s’il ne pouvait pas être un soutien, s’il ne pouvait rien d’autre que rester derrière et attendre, à quoi bon demeurer dans un pays en guerre ou il risquait sa vie tous les jours…. ? Alors qu’il avait une femme, des enfants, toute une famille qui attendait son retour au Japon ? Il s’apprêtait à lui poser la question, complètement éberlué, puis s’interrompit tout net lorsqu’il vit des larmes perler aux yeux de son interlocuteur. Aussitôt, il ravala tout ce qui lui était venu à l’esprit et détourna très légèrement les yeux. Depuis le temps, il avait appris à ne pas fixer ceux et celles qui pleuraient, ce n’était en rien quelque chose de bizarre ou de honteux, et il ne tenait pas à oppresser les gens. Tout le monde pleurait. Même Bradley, une fois, il l’avait su. Tout le monde était angoissé ou portait sa lourde cohortes de fantômes personnels.

– Ce que j’attends, réellement, c’est la naissance du troisième enfant de Gabriella. Je dois l’emmener dans notre pays, lui aussi, comme d’autres y sont déjà, pour qu’il grandisse en sécurité. Je m’entraîne aussi avec elle, en attendant cette naissance, pour maîtriser mon pouvoir. Un pouvoir fort et instable, c’est beaucoup de travail.

– Oh… Je comprends beaucoup mieux.

Il tenta de lui rendre son sourire, tant bien que mal, en hochant la tête. Effectivement, il avait deux bonnes raisons de s’attarder dans un pays en pleine guerre, deux raisons que le médecin n’aurait pu soupçonner d’ailleurs. Ça devait être compliqué, en ce moment, non… ? Gabriella était peu présente, ces derniers jours, les choses bougeaient vite… Et elles étaient d’importance.

– Nous ne pouvons plus vraiment nous occuper comme il le faudrait de nos proches. Je le sais… C’est comme cela. Je voudrai juste comprendre ce qui justifie un tel besoin d’agir.

– Eh bien… C’est selon les personnes… Ne pas accepter la perte de la démocratie, c’est simplement un besoin vital chez beaucoup de personnes, combien d’entre nous peuvent supporter plus ou moins sereinement la privation de liberté, après tout ? Certains s’accommodent peut-être de ce type de situation, à long terme, mais pas tous, c’est comme ça. Il y a aussi la colère, chez ceux et celles qui ont été touchés, directement ou pas, par les actions du gouvernement. Ceux qui ont perdu des proches ou qui eux-mêmes été ciblés. Le peur que tout empire, aussi, et donc le besoin d’agir et stopper le cycle avant qu’il ne soit trop tard ? L’envie que nos enfants n’aient pas à vivre les mêmes horreurs que nous… La colère, la terreur, le sentiment d’injustice…

Le ton était presque hésitant, car même engagé lui-même, il n’était pas sûr pour autant de toutes les raisons possibles et inimaginables de s’engager. Sans compter celles qui étaient « moins glorieuses ». Comme l’opportunisme, la possibilité de se sortir de tout ça avec une position politique ou financière plus avantageuse, par exemple. Ou encore le besoin avide de vengeance, comme le possédait Alan, et qui le conduisait à commettre les pires actes en son nom. Pour certains, plus simplement, c’était l’envie d’action, d’une vie plus palpitante, sans réelle conscience des risques encourus ou des enjeux ! Il y avait autant de raisons possibles qu’il y avait de rebelles. Adrien ne pouvait juste pas toutes les énumérer, car il ne les connaissaient pas toutes. En revanche, il comprenait très bien pourquoi Josuke s’interrogeait là-dessus et cherchait à comprendre. Il fit un vague geste de la main vers lui, toujours hésitant. Désolé, il ne possédait aucune réponse claire et nette. Il n’en existait peut-être même pas.

– Et puis, une fois qu’on a été victime soi-même, c’est impossible d’oublier ou de… Vouloir abandonner. De pouvoir le faire, plutôt, je devrai dire. Kimmitsu a subi, lui aussi, alors… Je pense qu’il ne peut juste pas rester comme ça, en arrière, et essayer d’oublier.
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Josuke Nakajima
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Josuke Nakajima
MessageSujet: Re: Voyage cahoteux   Voyage cahoteux EmptySam 2 Jan - 11:46

Josuke rehaussa un peu le bébé contre lui, avec douceur, pour mieux le maintenir et surtout ne pas le lâcher par accident, éviter qu’il n’aille se cogner quelque part avec les cahots de la route. L’enfant n’était sûrement pas plus à l’aise qu’eux et avait envie de bouger, il le comprenait très bien, mais malgré cela, il ne pouvait pas le laisser faire. Il écoutait Adrien donner son opinion, d’un ton lent, presque hésitant. Le père de famille comprenait… Enfin, il voulait comprendre et tentait donc de mettre de côté, le plus possible, ses sentiments personnels pour être le plus attentif et ouvert d’esprit possible. Il avait pourtant eu un père et un grand-père ayant eux aussi mené de nombreux combats et guerres, il avait perdu tous ses oncles dans la guerre, et malgré tout cela, il peinait toujours à comprendre et accepter que son petit frère soit engagé, à son tour, dans un conflit armé. C’était tout de même terrible et il s’en voulait de cela. Même si, au fond, personne ne lui demandait vraiment de comprendre, il se sentait un devoir de le faire, ne serait-ce que parce que ça concernait une bonne partie de sa famille, proche comme élargie, aujourd’hui.

Bien sûr, Adrien ne pouvait lui donner toutes les raisons possibles, Josuke en était bien conscient. Ce qu’il lui expliqua était déjà une bonne partie et toutes ces raisons étaient assez légitimes… Vouloir protéger l’avenir de leurs enfants était l’une des motivations les plus fortes qui soit. Néanmoins, même si le docteur n’en parlait pas, la vengeance était elle aussi un motif très puissant et qui devait hanter le cœur de très nombreux résistants aujourd’hui. Peut-être même plus que le désir de préserver l’avenir de tous, en mettant un point final à la dictature. Dans de telles circonstances, il était compliqué de penser véritablement à l’avenir, car le moment présent primait sur tout. Comment faire des projets sereinement dans des moments pareils… Il y avait aussi la liberté, la si grande question de la liberté, elle aussi un désir universel et traversant les âges. La colère d’en être privé… Josuke essayait d’imaginer dans quel état d’esprit son frère et son neveu se trouvaient en ce moment, au milieu de tous ces sentiments à la fois forts, négatifs, et pourtant très porteurs. Mais c’était bien difficile.

– Et puis, une fois qu’on a été victime soi-même, c’est impossible d’oublier ou de… Vouloir abandonner. De pouvoir le faire, plutôt, je devrai dire. Kimmitsu a subi, lui aussi, alors… Je pense qu’il ne peut juste pas rester comme ça, en arrière, et essayer d’oublier.

– Mais à quel prix.

Ce n’était pas une question, sachant déjà ce que son frère lui répondrait, face à ça. Le prix, ce sera sa vie, c’était déjà bien assez clair. Josuke soupira et ferma les yeux, un petit instant, tout en continuant à bercer doucement le petit Alexandre dans ses bras.

– J’ai du mal à admettre ne pouvoir rien faire pour protéger mes proches. A l’accepter, plutôt. Et j’imagine que c’est le cas pour des centaines de personnes dans ce pays, en ce moment, comme dans tous ceux où un mouvement de résistance se développe. C’est horrible de rester sans rien faire lorsque votre neveu, votre frère, vous dit qu’il part, qu’il sait qu’il ne reviendra probablement jamais, et que vous devez vous contenter de lui souhaiter bonne chance. Mais… je comprends… un peu. Ce qui m’effraie, c’est comment les choses vont se poursuivre si… Enfin, si monsieur Bradley ou Gabriella meurent tout à coup ?
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Adrien de Sora
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Adrien de Sora
MessageSujet: Re: Voyage cahoteux   Voyage cahoteux EmptyJeu 21 Jan - 11:34

A quel prix… Le prix qu’il faudra, on vieux, aussi fort ou douloureux qu’il soit. La liberté n’avait pas de prix. Si on laissait aller les choses sans rien faire sous prétexte que le prix à payer était trop élevé, ça signifiait qu’on laissait aussi toute latitude à la dictature de poursuivre ses horreurs et ses massacres, sans lever le petit doigt ! Adrien laissa reposa sa tête sur le sac derrière lui et ferma les yeux, les dents serrées. A ce rythme, ses blessures risquaient bien de se rouvrir, enfin, ce n’est pas comme s’il avait le choix non plus ! Il faisait partie des personnes recherchées, sa tête était venue sur les listes officielles il y a quelques temps. Certains résistants en étaient même fiers, ils clamaient que c’était une reconnaissance de leur statut de poil à gratter contre le gouvernement. C’était une… Manière de voir les choses, disons… Ou plutôt, ce point de vue était une façon de plus de mieux supporter la situation et ne pas simplement devenir complètement fou. Plutôt ça, oui, à son humble avis. Pour garder la tête sur les épaules, mieux valait apprendre à rire de tout plutôt que pleurer sans cesse.

– J’ai du mal à admettre ne pouvoir rien faire pour protéger mes proches. A l’accepter, plutôt. Et j’imagine que c’est le cas pour des centaines de personnes dans ce pays, en ce moment, comme dans tous ceux où un mouvement de résistance se développe. C’est horrible de rester sans rien faire lorsque votre neveu, votre frère, vous dit qu’il part, qu’il sait qu’il ne reviendra probablement jamais, et que vous devez vous contenter de lui souhaiter bonne chance. Mais… je comprends… un peu. Ce qui m’effraie, c’est comment les choses vont se poursuivre si… Enfin, si monsieur Bradley ou Gabriella meurent tout à coup ?

– Pourquoi ça ne se poursuivrait pas ? La rébellion n’en est plus du tout à ses débuts, les affaires ont beaucoup évolué. S’ils meurent, d’autres prendront la relève et poursuivront le combat à leur place. C’est tout.

Curieux qu’il pense que la rébellion puisse s’effondrer sur elle-même si les leaders actuels des réseaux de résistance se faisaient tuer… Voilà déjà longtemps, maintenant, que la rébellion s’était développée au-delà de la simple base, insufflée par Bradley et Gabriella, et qu’elle avait pris assez d’ampleur pour se soutenir elle-même. A partir de là, pourquoi s’en inquiéter ?

– Je ne sais spas comment ça se passe, dans votre pays, mais ici, les personnes peuvent se soulever assez rapidement dès lors que ça touche aux droits fondamentaux. Ou à la liberté. Ou les deux, comme aujourd’hui. Il faut des personnes pour lancer les choses de manière plus généralisée, et s’il faut, pour diriger ensuite, et une fois parti, ça ne s’arrête pas avant que la situation ne soit réglée. Les Français ont toujours été prompts à se rebeller ou se retourner contre leurs gouvernants s’il le fait, c’est… une sorte de sport national. Je ne sais pas vraiment si je peux présenter les choses ainsi, enfin soit. Vous voyez un peu l’idée générale.

Pas des plus flatteurs, comme manière de présenter son pas à un étranger. Adrien lâcha un petit rire et fit un vague geste de la main, pour lui faire comprendre qu’il y avait quand même une part d’ironie, là-dedans. Simplement, la France avait un passif déjà costaud, en ce qui concernait les révoltes, les manifestations, la révolution, tout ce genre de chose, c’était ancré dans leur culture et leur manière d’être. Le docteur ne savait pas du tout, en revanche, comment ça se passait dans les autres pays, hors Europe, pour préciser. Ils avaient vaguement des informations sur les pays voisins, quand les journaux voulaient bien en parler, mais si ça touchait les Amériques, l‘Asie ou l’Afrique, inutile de chercher, personne ne semblait s’en préoccuper. Il faut dire aussi que tout le monde avait déjà assez de problèmes, sans aller s’occuper de ceux des autres. En exemple, les États-Unis, en ce moment, en pleine ségrégation et dont les actes de violence et de racisme étaient souvent relatés dans les journaux.

– Qu’est-ce que vous faites, chez vous, lorsque vous n’êtes pas d’accord avec vos dirigeants ?
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Josuke Nakajima
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Josuke Nakajima
MessageSujet: Re: Voyage cahoteux   Voyage cahoteux EmptyJeu 4 Fév - 14:30

– Pourquoi ça ne se poursuivrait pas ? La rébellion n’en est plus du tout à ses débuts, les affaires ont beaucoup évolué. S’ils meurent, d’autres prendront la relève et poursuivront le combat à leur place. C’est tout.

– Ah…

Si c’était tout… Josuke avait toujours cru que le réseau pouvait se déliter si le chef tombait, ou était mis trop à mal, car sans grande figure à suivre, comment les partisans auront-ils la foi de continuer et quelle ligne de conduite suivront-ils, dès lors ? Non ? Il ignorait comment les gens pouvaient réagir, dans un tel cas, cela dit, la réalité était souvent très loin que tout ce qu’on pouvait s’imaginer, en lisant des récits de combattants ou en écoutant les histoires. Et le tableau que lui dépeint le docteur ensuite fut un nouveau choc culturel, bien qu’il ait déjà eu des échos de tout ça au travers de son frère. La rébellion n’avait jamais été dans sa culture ! Il leur en fallait beaucoup, avant de se soulever contre les règles en place et plus encore contre les traditions, presque sacrées pour la plupart, car elles cimentaient la communauté et les aidaient à se protéger de l’extérieur. C’était d’autant plus important que toutes ces petites règles renforçaient l’appartenance au groupe, un besoin communautaire presque viscéral et très rassurant, aux yeux du plus grand nombre. Se révolter contre le système en place ne pouvait donc pas être une idée naturelle.

– Qu’est-ce que vous faites, chez vous, lorsque vous n’êtes pas d’accord avec vos dirigeants ?

– Il est très rare que nous nous révoltions. Il en faut beaucoup, vraiment beaucoup, des cas extrêmes, comme par exemple, une guerre. Sinon… Les gens n’ont pas l’habitude de se soucier de la politique, à vrai dire, l’idée générale est de ne pas parler de ce qu’on ne saisit pas. Or, la politique est de ces sujets difficile à maîtriser, et qui ne fait pas l’objet de débats publiques. L’opposition s’exprime au parlement, dans les journaux, mais vous ne verrez pas de grande manifestation dans les rues tous les deux mois.

Ce serait complètement impensable ! Il répondit d’un ton plus bas, pour ne pas déranger le petit Alexandre, dans ses bras. Le garçonnet s’endormait à nouveau, doucement, son petit poing refermé et serré contre sa bouche. Il devait se sentir un peu plus en sécurité, dans leurs bras, et c’était très bien ainsi. A moins qu’il ne soit juste habitué aux cahots du voyage et aux roulements du camion, en plus du bruit bien entendu, et qu’il parvenait à passer outre. Josuke le serrait contre lui comme il aurait serré dans ses bras ses propres enfants, pour leur donner une sensation de chaleur et de sécurité.

– Notre façon d’envisager les choses est aussi… différente. Voilà finalement très peu de temps que le pays s’est ouvert au monde, si on puis dire, les habitudes communautaires sont extrêmement tenaces, le sentiment d’appartenance à un groupe l’est tout autant. Notre famille est sûrement la seule, et sans exagérer, à avoir quelques uns de ses membres partis à l’étranger, dans la région. Ce ne sont pas des choses qui se font, tout simplement. Ce qui compte par-dessus groupe, c’est le groupe, pas l’invidu seul. Les intérêts et la protection du groupe sont beaucoup plus importants que les intérêts individuels. Ce qui menace le groupe est combattu, même si cela peut se faire au détriment de certaine slibertés individuelles. La cohésion de l’ensemble prime sur tout, ainsi, la société n’éclate pas.

Par société, il entendait autant la société dans son ensemble, au niveau national, que les communautés plus restreintes, dans les villes et les villages. Sans oublier, bien sûr, la première des communautés, qui était la cellule familiale ! Pour lui, tout cela était très naturel. En serrant tous les rangs, ils permettaient une forte entraide et conservaient leurs coutumes et leurs lois, sans se laisser influencer par l’extérieur. On ne remettait pas en cause en permanence les choses, c’était une véritable force de cohésion.

– Le premier des groupes, et le plus fondamental, est la famille, bien sûr. Elle est au centre de tout. Mais cela, j’imagine que ça doit être pareil partout dans le monde.
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Adrien de Sora
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Adrien de Sora
MessageSujet: Re: Voyage cahoteux   Voyage cahoteux EmptyDim 7 Fév - 12:38

Oh, allons, ce n’était pas non plus tous les deux mois que des manifestations se produisaient, lorsque les circonstances dans le pays étaient normales, n’exagérons rien. Adrien laissa échapper un petit rire, puis le regretta aussitôt, car le moindre mouvement au niveau des côtes ravivait la douleur de ses blessures. Il lui fallait toute la volonté du monde pour ne pas lâcher un juron, ni réveiller son fils en gémissant, peu importe à quel point l’envie de hurler était forte. Tout ce qui le soulageait, en ce moment, c’était de parler, discuter avec un autre, peu importe de quoi, tant que ça lui permettait de ne pas penser à son corps en charpie et la douleur physique allant avec. Ils ne pouvaient pas avoir, forcément, toutes les installations et les traitements d’un véritable hôpital, et conséquence à cela, ils manquaient aussi de médicaments et d’anti-douleurs. Les déplacements, pour les blessés lourds, étaient de véritables calvaires. Pour endurer ça, un des seuls moyens était de s’appuyer sur les autres, travailler aussi sur le mental. Apprendre à supporter la douleur. Et ça n’avait rien d’évident, c’est le moins qu’on puisse dire.

– Notre façon d’envisager les choses est aussi… différente. Voilà finalement très peu de temps que le pays s’est ouvert au monde, si on puis dire, les habitudes communautaires sont extrêmement tenaces, le sentiment d’appartenance à un groupe l’est tout autant. Notre famille est sûrement la seule, et sans exagérer, à avoir quelques uns de ses membres partis à l’étranger, dans la région. Ce ne sont pas des choses qui se font, tout simplement. Ce qui compte par-dessus groupe, c’est le groupe, pas l’individu seul. Les intérêts et la protection du groupe sont beaucoup plus importants que les intérêts individuels. Ce qui menace le groupe est combattu, même si cela peut se faire au détriment de certaines libertés individuelles. La cohésion de l’ensemble prime sur tout, ainsi, la société n’éclate pas. Le premier des groupes, et le plus fondamental, est la famille, bien sûr. Elle est au centre de tout. Mais cela, j’imagine que ça doit être pareil partout dans le monde.

Oh, oui, sans doute, enfin, il ne connaissait que les habitudes de son propre pays. Mais ça lui semblerait logique que la famille tienne effectivement une place centrale, plus ou moins bien ancrée, dans tout type de société, à travers le monde. Après tout, le désir envers une autre personne et le besoin de procréer puis de protéger les êtres plus jeunes et fragiles que ça étaient très ancrés, eux, c’était des besoins très basique. Un besoin animal, si on peut dire ça comme ça. Adrien hocha simplement la tête, au moins pour ce sujet, mais ne pouvait pas trop s’avancer sur le reste. Le communautarisme poussé ne faisait pas parti de sa culture. La France était plutôt schizophrène, à ses yeux, sur ce sujet. D’un côté, elle poussait les différentes cultures présentes sur son territoire à s’intégrer pleinement, de gré ou de force, dans une seule masse, et d’un autre côté, elle prônait l’épanouissement individuel et la liberté de chacun de suivre croyances, traditions et cultures étrangères, tant que ça ne nuisait pas à l’intégrité de la nation. Un écart qui datait de bien loin et qui ne semblait pas gêner grand monde, même si c’était bien difficile de l’expliquer à des étrangers.

Il tenta quand même d’expliquer ça à Josuke, en essayant de ne pas l’embrouiller et de ne pas s’embrouiller lui-même. Là où c’était compliqué, c’est que cette manière de voir les choses venait aussi du passé colonial du pays et de son Histoire, en fait, plus globale. C’était… assez bizarre, en plus. Voilà où cette guerre les menaient aussi, en fuit dans un camion, au milieu de la nuit, occupé à expliquer les différences culturelles et sociétales entre deux pays n’étant même pas sur le même continent. Le tout alors qu’il était toujours gravement blessé et sortait depuis peu de temps de trois semaines de coma. Au fond, Adrien, malgré la fatigue, s’accrochait quand même à ce genre de moment car ça lui faisait aussi savourer cette chance qu’il avait d’être toujours vivant et donc capable de parler. C’était très con, oui, mais c’était comme ça. Il s’émerveillait intérieurement d’être toujours là pour voir son fils, même s’il devait pour le moment être tenu dans les bras d’un autre, de pouvoir discuter, de respirer. D’être… vivant, oui.

Cette joie profonde, pour autant, ne suffisait pas à elle seule à le maintenir bien éveillé sur le long terme. Au fil de son explication, la fatigue finit par l’emporter à nouveau et malgré les cahots, il se sentit sombrer encore une fois. Emporté dans un sommeil fiévreux et perturbé, il ne se réveilla que bien plus tard, car des bâches du camion filtrait une faible lumière. Tout son corps hurlait supplice, malgré les cales improvisées avec les sacs. Cette fois, il lâcha un gémissement, incapable de s’en empêcher.

– Vous savez où on est, maintenant ? bredouilla-t-il avec peine.
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Josuke Nakajima
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Josuke Nakajima
MessageSujet: Re: Voyage cahoteux   Voyage cahoteux EmptyLun 1 Mar - 18:00

Ils parlèrent un moment encore des différences entre leurs deux cultures. La place qu’occupait la famille au sein de la société, bien sûr, puis la manière dont un individu pouvait s’y épanouir. Le rôle tenu dans un groupe, l’individualisme, le communautarisme… Les différentes cultures, l’intégration dans un pays comme celui-ci lorsqu’on était étranger, comment il convenait d’y vivre. Des questions variées, intéressantes, mais dont le débat ne pourra sans doute jamais s’achever. Il était, de toute manière, bien compliqué de comprendre la manière de raisonner d’une nation, en si peu de temps, surtout dans de telles conditions. D’autant plus que le docteur finit par être emporté par le sommeil, malgré ses lourdes blessures et la douleur qu’il ressentait. Josuke lui souhaita, dans un murmure, de bien dormir malgré tout. S’il pouvait au moins grappiller un de repos, quelques forces, oui, ce serait très bien. Même le petit garçon s’était finalement endormi, complètement, sa peluche serré contre son cœur, dans son petit poing replié.

Ils voyagèrent plusieurs heures de plus, avec parfois quelques arrêts. L’aube perçait lentement les bâches du camion, quand le docteur se réveilla, avec un lourd gémissement de douleur. Quand il demanda où ils se trouvaient, maintenant, Josuke lui murmura « En Champagne-Ardennes », répétant mot pour mot ce que lui avait dit le chauffeur. Lui ne connaissait pas assez ce pays pour comprendre dans quel coin ils étaient arrivés, exactement, mais Adrien, lui saura sûrement. D’après le peu vu lors des pauses, même de nuit, il lui avait semblé que ça ressemblait beaucoup au département de l’ancien pensionnat, là où était le village de Gray. Ah, Gray… Il se souvenait bien du village, même s’il s’y était très peu rendu, lors de ses visites chez son frère et sa petite famille. Il se souvenait de l’ancien pensionnat, perché sur sa haute colline, dominant presque le village, de la forêt, du lac et des chemins sinueux. Tout cela semblait appartenir à un autre monde ou à une autre vie. La vie à Gray, pour Kimmitsu et les siens, aurait pu être si belle et paisible, sans tous ces problèmes.

Encore une heure supplémentaire de route fut nécessaire avant qu’ils n’arrivent à destination. Enfin… C’était un ensemble de bâtiments, sans doute une usine désaffectée qui avait été reconvertie, perdue en pleine nature, où ils arrivèrent. Un endroit idéal où se cacher. Il était soulagé d’arriver. Le temps qu’Adrien soit pris en charge, pour être emmené dans le petit centre médical, Josuke, malgré la fatigue et les courbatures sévères dû au voyage inconfortable, se fit un devoir de s’occuper du petit Alexandre. Le laver, le changer, lui mettre des vêtements propre, et enfin lui donner à manger, de l’eau, et bien de l’attention. S’il pouvait aider ainsi, même un peu… Ce sera au moins cela de bien, en attendant de faire plus.
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