Avril 1932. Les soucis mondiaux s'étendent.
 
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 En langage des signes

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Anonymous Invité
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MessageSujet: En langage des signes   En langage des signes EmptyLun 16 Mar - 20:17

La fumée s'élevait encore du bâtiment en ruine... Jasper avala difficilement sa salive, avec un long regard terrifié pour la directrice, qui venait de se rasseoir. D'accooord... Non, tout était normal, elle venait d'exploser un bâtiment à elle seule en trois minutes, rien de nouveau sous le soleil ! Il se remit à sa place initiale, un peu choqué, alors que les rumeurs allaient bon train. Elle venait de faire exploser tout un immeuble ! A elle seule ! En quelques minutes ! Son don lui sembla ridicule, d'un seul coup. Et après elle ne comprenait pas pourquoi l'armée voulait la recruter... Pourquoi de tels articles sortaient. Lui voyait très bien pourquoi, pas de soucis là-dessus ! Il ramassa le journal qu'il avait laissé tomber dans l'herbe, regardant la photo de couverture. C'était dingue, et en même temps horrible, ils la décrivaient d'une façon, si, si... Bon, tout n'état pas exactement faux, mais tout de même ! Il échangea un long regard avec Antoine, la main crispée sur le journal. Plus militaire que professeur, hein ? Bizarrement, cela ne l'étonnait pas. Il laissa retomber le journal en s'allongeant dans l'herbe, fatigué d'un seul coup.

Antoine le secoua une minute plus tard, alors qu'il s'endormait pour de bon, pour lui monter le prof de SVT qui venait d'enlacer la directrice et l'embrassait à pleine bouche devant tout le monde. Rooh ! Il applaudit avec les autres, à moitié mort de rire, alors que leur professeur faisait en public sa demande en mariage. C'était trop mignon ! Il se laissa retomber dans l'herbe, la torpeur l'envahissant encore, sans qu'il comprenne pourquoi. Il se sentait bizarre, depuis un peu moins d'une semaine, fatigué comme jamais, lui qui était plutôt du genre hyperactif. Il intercepta le regard inquiet d'Antoine et lui dit que c'était bon, qu'il allait bien. Il lui sourit pour le convaincre puis referma les yeux, le bras sur le visage, avec un léger soupir. Dormir... Juste un peu... Il somnola un bon moment, à peine conscient de ce qui se passait autour de lui.

Jasper – Va te baigner, finit-il par marmonner à son meilleur ami. J'ai bien le droit d'être fatigué, moi aussi.

Il se redressa un tantinet puis passa une main dans ses cheveux pour essayer de se réveiller, clignant des yeux. Il aurait pu aller se baigner aussi, mais l'eau n'étant pas exactement son élément de prédilection, il avait évité. Se ré-installant dans l'herbe, il allait se rendormir lorsqu'une ombre apparut au-dessus de lui. Il intercepta un regard inquiet, un regard chocolat. Il eut un petit sourire, alors que sa visiteuse s'installait dans l'herbe à côté de lui. Elle fit une série des signes, les yeux braqués sur lui. Il dû s'y reprendre à deux fois pour comprendre, car bien qu'il ait étudié le langage des signes en secret, il avait l'esprit un peu embrouillé, aujourd'hui.

Jasper – Un petit coup de fatigue, ça va, sourit-il. Tu ne vas pas te baigner non plus ?

Elle secoua la tête avec un maigre sourire. Il se rassit dans l'herbe, attendant une seconde que la tête arrête de lui tourner, puis prit dans son sac un bout de pain et de l'eau, dans l'espoir que cela atténue la fatigue. Adeline semblait inquiète, le couvant du regard. Regard qu'il lui rendit, la bouche entrouverte, comme un parfait crétin, incapable de parler, alors que toute pensée cohérente se dissolvait dans son esprit. Il ne pouvait pas réfléchir, là, elle était un peu trop proche de lui. Il lui sourit maladroitement, puis se redressa, s'écartant de deux centimètres, quand même. Respire, mon vieux. Mais il n'en pouvait plus. Vraiment plus. Il se laissa retomber de tout son long dans l'herbe avec un gros soupir. Elle se pencha aussitôt, lui secouant l'épaule.

Jasper – Tu me prêtes tes genoux dix minutes ? murmura-t-il.

Elle le regarda avec des yeux ronds puis éclata de rire, s'asseyant dans l'herbe correctement en étendant les jambes. Il s'installa aussitôt contre elle, refermant les yeux, alors qu'elle lui massait la nuque du bout des doigts. Il s'endormit presque aussitôt, fermant les yeux, à moitié blotti contre elle, plongeant dans des rêves étranges et un certain mal de tête. Combien de temps sombra-t-il, il n'en savait rien. Lorsqu'il se réveilla, il était toujours contre Adeline, qui ne semblait pas avoir bougé de position. Il se frotta doucement les yeux pour se reprendre, désorienté, puis leva le regard vers elle. Elle lui souriait, imperturbable, et il sourit à son tour.

Jasper – Désolé, souffla-t-il en se redressant. Je suis un peu fatigué, en ce moment. Mais merci !

Il voudrait bien lui rendre la pareille, mais ne voyait pas comment lui demander s'il pouvait la prendre dans ses bras. Il se contenta donc de se rasseoir correctement, s'étirant pour se réveiller un tantinet.

Jasper – Dis, il paraît que tu fais partie des Guetteurs... C'est vrai ? Pourquoi entrer là-dedans ?
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Anonymous Invité
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MessageSujet: Re: En langage des signes   En langage des signes EmptyJeu 16 Avr - 14:57

Elle était habituée à ce genre de manifestations mais cela restait impressionnant. Un tel pouvoir, un tel déchaînement, c’était rare, exceptionnel, très marquant. Elle regarda les ruines qui restaient du malheureux bâtiment, jouant un peu avec l’eau pendant que ses amis se baignaient. Elle-même trouvait l’eau un peu trop froide à son goût pour y plonger dès aujourd’hui. Bien sûr, ceux qui maniaient l’eau s’y trouvaient comme de véritables poissons. Chacun son élément, après tout, elle leur laissait le lac sans aucune difficulté. Elle les écoutait parler et rire, prise d’une certaine mélancolie. Elle avait un ou deux amis qui avaient appris, plus jeunes, le langage des signes et qui traduisaient pour les autres, mais la plupart du temps, ils se contentaient de parler et elle interagissait avec des hochements de tête ou coups d’œil. Ils ne prenaient pas la peine de vraiment traduire ce qu’elle voulait rajouter, car ce n’était qu’un commentaire ou une parole. Cela ne valait sans doute pas la peine, à leurs yeux… Il arrivait qu’elle se sente très seule.

Avec d’autres élèves, parfois, c’était différent. Il y avait Jasper, par exemple, avec qui elle passait plus de temps, depuis le début de l’année. Au début, ils communiquaient en écrivant sur leurs cahiers, puis un jour, il avait commencé à utiliser le langage des signes. Elle avait été vraiment très touchée qu’il l’ait appris juste pour parler avec elle. Jusqu’ici, ceux qui avaient fait cet effort étaient les membres de sa famille, un ou deux amis de son père, et un professeur d’une école primaire où elle était passée, mais jamais personne au pensionnat. Elle l’avait trouvé adorable lorsqu’il avait fait ses premiers gestes dans cette langue, parfois confus, mais il avait fait des efforts. L’écrit restait plus facile, entre eux, mais il l’avait touché. Essuyant ses mains, elle le chercha du regard, se doutant qu’il n’allait pas non plus aller se baigner. L’eau était l’élément opposé au sien, il ne risquait pas de l’aimer.

Elle finit par le voir plus loin, allongé dans l’herbe. Elle se leva avec souplesse pour aller le voir, voulant passer un peu de temps avec lui comme ses amis allaient sûrement courir dans le lac eux aussi. Mais en s’approchant, elle vit qu’il n’avait pas l’air très en forme… Elle s’inquiéta aussitôt, bien consciente qu’il ne tombait jamais malade, d’ordinaire. Il était toujours vif, toujours en forme, toujours souriant. Oui, c’était bien son sourire qui la faisait fondre et qui… Hum, bon, bref. Elle arriva à leur hauteur, se demandant ce qui se passait, s’il était vraiment malade ou si c’était un gros coup de fatigue.

Jasper – Va te baigner, finit-il par marmonner à son meilleur ami. J'ai bien le droit d'être fatigué, moi aussi.

Elle s’approcha de lui alors qu’Antoine partait, inquiète. Dès qu’il croisa son regard, elle ramena le bras vers elle, bougeant pour lui demandant s’il allait bien. Il voulait peut-être qu’elle appelle Adrien, ou quelque chose de ce genre ? Elle pouvait, si elle voulait, l’infirmier ne devait pas être loin. Ou s’il préférait, elle pouvait le raccompagner au pensionnat pour qu’il aille se coucher ? Il se sentira sans doute mieux dans son lit à se reposer, lire, ou dormir un peu, selon elle, même s’ils n’étaient pas si mal, dans l’herbe au soleil. C’était peut-être la proximité de l’eau qui le fatiguait, aussi. Chez certaines personnes possédant le feu, même la pluie seule, forte ou non, suffisait à les rendre mal à l’aise, fatigués… Au pensionnat, lors des jours de pluie, beaucoup d’élèves étaient ainsi plus mous et épuisés. A l’inverse, lors des jours de canicule, ceux qui utilisaient l’eau ou la glace n’étaient pas biens à leur tour. C’était une loi de la nature qui s’appliquaient à eux tous, peu importe l’âge. Jasper souffrait peut-être de ça en plus, de la présence trop proche du lac, qui l’épuisait.

Jasper – Un petit coup de fatigue, ça va, sourit-il. Tu ne vas pas te baigner non plus ?

Elle secoua la tête, avec un petit sourire. Elle n’était pas très frileuse, mais tout de même, elle n’avait pas envie de sauter dans un lac qui devait atteindre avec peine les quatorze degrés, elle ne voulait pas tomber malade. Qu’il y ait du soleil ou non ne changeait rien à l’affaire. Jasper se redressa et elle entrouvrit la bouche, soudain confuse de le voir aussi près. Elle aurait tant aimé lui parler normalement, libérer tous les mots enfouis en elle pour les déverser, ne pas être contrainte à utiliser un autre langage. Elle l’aimait bien, beaucoup, même, et s’en voulait de l’obliger à faire des efforts à chaque fois qu’il devait regarder ce qu’elle voulait lui dire. Cette barrière la poussait à garder bien des choses pour elle, se privant de tous ces mots et expressions que chacun lançait sans réfléchir,  juste pour exprimer un quelconque sentiment ou une pensée à la volée. Même le rire lui était interdit. Jasper se rallongea tout à coup, presque en tombant, et elle se pencha aussitôt, lui secouant l'épaule. Elle était prête à courir chercher Adrien, s’il s‘évanouissait. Il rouvrit d’un coup les yeux, l’air très endormi.

Jasper – Tu me prêtes tes genoux dix minutes ? murmura-t-il.

Il… Elle sourit, légèrement tremblante comme si elle riait, puis se réinstalla correctement pour lui permettre de s’allonger sur ses jambes. Il se mit contre elle et ferma les yeux, alors qu’elle lui massait la nuque avec douceur. Il s’endormit aussitôt, alors qu’elle continuait plus lentement. Il devait vraiment être épuisé, en plus de la présence du lac… Elle ne bougea pas, pas mécontente qu’il puisse s’endormir ainsi contre elle. Elle trouvait cela si mignon et si touchant, comment s’en plaindre ? Et elle ne voulait pas le réveiller, pas s’il était fatigué comme ça. Elle fit juste un signe de loin à ses amis pour les rassurer. Ils détestaient Jasper, le tenant pour responsable d’une grosse partie des problèmes qui s’étaient abattus sur le pensionnat, comme si cela pouvait être de sa faute ! Chacun suivait la vie à son rythme, elle respectait les opinions de tout le monde. Elle-même avait déjà choisi le chemin qu’elle voulait emprunter et s’y tenait. Elle avait trouvé sa place, dans l’armée, y travailler lui donnait confiance en elle et lui offrait un bien meilleur entraînement que ce qu’elle aurait pu espérer.

Il se passa presque une heure avant que Jasper ne donne des signes de réveil. Elle lui sourit lorsqu'il se redressa, tout à fait détendue, et espérant qu'il se sente mieux. C'était la première fois de sa vie qu'une personne s'endormait ainsi sur ses genoux. Elle était heureuse qu'il lui fasse assez confiance pour ça. Avoir de véritables amis était un bonheur, d'autant plus pour elle qui avait encore du mal à aller vers les autres, freinée par son handicap. Mais Jaz avait toujours respecté ce trait de caractère, il avait accepté qu'elle prenne son temps. Elle lui était reconnaissante pour cela car rares étaient ceux qui n'essayaient pas de la pousser à s'intégrer plus vite ou qui ne savaient pas lui cacher qu'ils avaient pitié.

Jasper – Désolé, souffla-t-il en se redressant. Je suis un peu fatigué, en ce moment. Mais merci !

Elle pouvait recommencer dès qu'il le voudra, aucun problème. Et elle se fichait bien qu'on puisse les regarder ou faire courir des ragots ! Elle aussi avait besoin d'être proche de quelqu'un, d'avoir une personne à qui se confier, écrire, passer du temps. Elle était une fille normale, même si elle ne parlait pas, elle aussi avait des doutes, des peurs et des rêves.

Jasper – Dis, il paraît que tu fais partie des Guetteurs... C'est vrai ? Pourquoi entrer là-dedans ?

Elle hocha la tête pour confirmer que c'était vrai, oui. Ce n'était pas un secret, après tout, les élèves savaient en gros qui faisaient parti ou non du groupe. N'entrait pas qui voulait ! Il y avait un examen très sélectif d'entrée, qui écartait souvent d'office les moins de quinze ou seize ans et ceux qui n'étaient pas assez entraînés, aussi bien avec leurs dons que physiquement. Elle s'assura qu'il la regardait, afin de comprendre, avant de lui expliquer comment elle était entrée là-bas. Son père lui avait parlé des Guetteurs il y a trois ou quatre mois, lui disant qu'elle pourrait peut-être tenter sa chance. Elle s'était rendue au bureau de recrutement de la caserne pour avoir plus d'informations et se renseigner sur l'examen d'entrée. Elle s'était ensuite entraînée encore un mois avant de tenter sa chance. Elle avait été prise mais d'autres avaient échoué. Ce n'était pas si simple que ça, les guetteurs étaient très peu nombreux, tant l'examen était sélectif.

Elle lui "dit" ensuite pourquoi c'était important pour elle. Là-bas, elle avait un entraînement spécial, qui l'aidait à développer son don. Elle gagnait de la confiance en elle et se faisait de vrais amis. C'était un véritable groupe, parfois peu soudés entre eux mais chacun faisait des efforts en ce sens. Elle aimait cette ambiance, le fait d'être très encadrée, aussi. La discipline ne la gênait pas et on se sentait utile, surtout ! Chacun d'eux pourra ainsi devenir un soldat d'élite, qui interviendra sur des missions d'urgence ou dangereuses. C'était un défi à relever, pour elle. Même si don était défensif, elle pouvait en faire tellement de choses. Elle lui sourit à nouveau, heureuse juste à évoquer l'ambiance qui régnait lorsqu'ils étaient tous ensemble, à s'entraîner à la caserne.

Elle s'étira brièvement, puis lui demanda pourquoi il pensait tant de mal de ce groupe, des Guetteurs. Elle lui jurait que ce n'était pas mal. Ils étaient une équipe.
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Anonymous Invité
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MessageSujet: Re: En langage des signes   En langage des signes EmptyMar 28 Avr - 11:42

Elle confirma d’un signe de tête, alors qu’il se frottait les yeux pour s’éclaircir un peu les idées. Elle ne semblait pas avoir été forcée ni quoi que ce soit du genre, en tout cas. Elle avait plutôt l’air… détendue. Oui, c’était bien ça le mot. Elle n’avait pas l’air d’y voir le moindre mal ou quoi que ce soit du genre, bien au contraire. Il se demandait pourquoi, ce qui pouvait bien l’attirer dans l’armée. Avoir un père militaire ne voulait rien dire, lui-même en avait un et ne voulait pas devenir comme lui pour autant. Il avait dû apprendre plusieurs choses sur la Défense, bien assez pour savoir que ce n’était pas sa voie. Il aspirait à une toute autre vie, un métier où on ne lui demandera pas de prendre les armes ou de partir à l’étranger sous le drapeau de la France. Alors que les guetteurs… Là aussi, il savait peu de choses. Il tâchait d’en rester le plus éloignée possible, juste au cas où, il ne voulait pas être mêlé à eux, pour quelque raison que ce soit. Pour le moment, cela fonctionnait, enfin, il pensait. Il y avait quelques trucs bizarres qui se passaient parfois mais il n’avait aucune preuve pour accuser les guetteurs d’en être responsables.

Adeline lui expliqua ensuite par gestes comment elle était entrée chez les guetteurs. Il la regarda sans rien dire, tout de même étonné de ce qu’elle avait fait pour réussir. Il lisait sa passion sur son visage, son regard qui brillait lorsqu’elle évoquait l’entraînement qu’elle avait suivi, les examens, puis sa joie lorsqu’elle avait été prise. Il l’imaginait, bien chez elle, se muscler, s’entraîner, contrôler son souffle, courir tôt le matin puis travailler avec son don. Il arrivait à la visualiser, chez elle, en train de s’exercer autant qu’elle le pouvait, pendant presque quatre mois. Ses efforts… Tout cela pour faire parti des Guetteurs. Pour être honnête, Jasper était assez troublé. Il avait diabolisé ce groupe dès le départ, mais Adeline en parlait avec une telle liberté qu’il commençait à se demandait s’il ne s’était pas fait des films. Si ce groupe était vraiment bien distinct de l’armée elle-même. S’il n’avait pas trop exagéré, somme toute. Après tout, il ne savait rien ou presque d’eux… Il les avait jugés sur la base de ce qu’il pensait sur l’armée dans son ensemble, mais Adeline n’était pas malheureuse, ni maltraitée. Il la voyait rarement sourire ainsi.

Elle lui expliqua l’importance qu’elle attachait à ce groupe. Là-bas, elle gagnait confiance en elle, se faisait des amis, avait le sentiment de faire parti d’un groupe soudé. Il haussa les sourcils, s’apprêtant à lui demander pourquoi elle semblait si enjouée, mais elle rajouta que le groupe l’aidait à développer son don, qu’il n’y avait que là-bas que personne ne la dénigrait ou la rejetait à cause de son handicap. Elle évoqua pour lui l’ambiance qui régnait lors des entraînements, ses espoirs pour le futur, lorsqu’elle sera plus forte et très entraînée, les missions qu’elle pourra accomplir. Il pouvait comprendre ça… Pour elle, ce devait être un des rares endroits où elle pouvait s’épanouir sans être freinée par le fait qu’elle ne parlait pas. Elle souriait, véritablement heureuse. Et il ne pouvait s’empêcher de répondre à ce sourire. Personne ne lui avait parlé des guetteurs de cette façon… Il les avait toujours vus comme un rassemblement de monstres sans cœur assoiffés de sang. Autrement dit, à des kilomètres de ce qu’Adeline lui racontait.

Elle lui demanda pourquoi il pensait tant de mal, ce à quoi il haussa les épaules avec lenteur, perdu. Pourquoi ? Amalgame avec l’armée toute entière, peur, incompréhension, méfiance, les raisons étaient nombreuses. Comment expliquer ça ? Voilà des années que le mot « armée » s’apparentait à une prison, il ne pouvait pas changer cela du jour au lendemain. Il regarda Adeline la bouche entrouverte, cherchant ses mots. Il avait peur de la blesser ou de la vexer, de la faire fuir, en fait. Il l’aimait bien et avait peur de lâcher une parole malheureuse qui la pousserait à s’éloigner. Avec beaucoup d’autres, il ne mâchait pas ses mots, disant très clairement ce qu’il pensait. Mais pas avec elle, il n’avait pas envie de la perdre. Rah, c’était compliqué… Par où commencer ? Lui parler de son père, de son aversion pour l’armée, ce genre de choses ? Allait-elle comprendre ou pensait-elle que ce ne pouvait pas être possible ?

Jasper – Je ne sais pas par où commencer, avoua-t-il. Mon père est militaire aussi, il est général, et je n’ai pas de très bons rapports avec lui. Toute ma vie, j’ai associé armée avec poison, tu vois le genre ? C’est pour ça que lorsque j’ai su que l’armée montait le groupe des guetteurs, je ne l’ai vu que comme un nouveau danger, une menace. Je n’imaginais pas du tout ce que tu m’as raconté.

Il lui fit un petit sourire d’excuse, un peu gêné. Il se sentait complètement idiot, d’un seul coup, d’autant plus que la fatigue le reprenait, d’une façon très violente. Il avait envie de s’allonger, de ne plus penser à rien. Ou de façon plus claire, de s’effondrer comme une masse et ne plus bouger jusqu’à ce soir.

Jasper – Merci, murmura-t-il en l’embrassant sur la joue.
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