Avril 1932. Les soucis mondiaux s'étendent.
 
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 Une tenue pour le mariage

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Récits : 142

Âge RPG : 43 ans
Don(s) : Aucun
Taille : 1m78
Munemori Nakajima
Peintre
Munemori Nakajima
MessageSujet: Une tenue pour le mariage   Une tenue pour le mariage EmptyDim 18 Oct - 21:46

Un des habitants du village était passé distribuer dans toutes les maisons des invitations pour la prochaine fête de l'hiver, qui arrivait bien tôt. Munemori lut rapidement le programme en rentrant à l'intérieur, s'arrêtant juste pour enlever ses chaussures. Il pourra y emmener les enfants, il avait quelques jours de congé, pour le mariage de Kimmitsu. Déposant les papiers et le courrier sur une table basse près de l'entrée, il revint dans la principale pièce de vie, où les derniers préparatifs du mariage se faisaient. Les enfants s'amusaient beaucoup à décorer la maison et le jardin, surtout les filles qui tissaient des couronnes de fleurs avec leur grand-mère, dans la cuisine. Elles riaient et se les mettaient sur la tête, leurs bouilles très souriantes. Il ébouriffa les cheveux de sa fille au passage, doucement, revenant ensuite dans le salon, tendant ensuite à Josuke une lettre de la mairie du village, qui annonçait les travaux sur la route. Il allait repartir lorsqu'il vit la sœur de Solène sur le point de partir. Il lui demanda où puis entrouvrit la bouche avec choc lorsqu'il apprit qu'elle n'avait pas pensé à acheter une robe pour le mariage...

– Vous comptez y aller seule... Vous parlez Japonais ?

– Non, mais je parle Anglais.

Mais la première ville était à plus de cinquante kilomètres ! Il allait lui falloir du temps pour y aller, et le vendeurs parlant Anglais étaient loin d'être une majorité, même avec l'ouverture de l'île aux visiteurs étrangers. C'était la veille du mariage, en plus, elle allait se fatiguer encore plus de temps à partir seule, ce n'était pas une bonne idée. Sans guide dans un pays inconnu... Même si ce pays était moins dangereux que le sien... Il jeta un bref coup d'œil aux autres, voyant son frère choqué lui aussi, et surtout indigné.

– Ce pays est peut-être moins à cran que le vôtre, mais partir seule, c'est une mauvaise idée. Vous allez vous fatiguer plus qu'il ne faut pour rien, surtout avec le mariage demain.

– Me fatiguer... A la veille de mon propre mariage, j'avais été enlevée. On est revenus à deux heures du matin, après avoir passé la journée à se battre pour s'en tirer vivants, donc pour aller chercher une simple robe, ça va sûrement bien se passer.

Munemori eut l'impression de s'être pris un coup de poing en plein dans l'estomac. Elle... Non mais... Il fit un effort surhumain pour ne pas lâcher un hoquet, encore plus inquiet pour Kimmitsu qui vivait aussi là-bas. Quel pays de dingues ! Il faillit reculer d'un pas, scié qu'elle lâche ça aussi naturellement, comme si ça ne la touchait même pas, comme si c'était tout à fait ordinaire de vivre ce genre de choses ! Mais c'était tout sauf naturel ! Il fit un signe, puis s'interrompit, se demandant comment on pouvait vivre en France sans en devenir complètement fou. Il chercha quoi répondre, au milieu d'un silence un peu lourd, soudainement.

– Ici, il ne s'agit pas de votre mariage mais de celui de votre sœur. De plus, vous ne trouverez aucune robe française et je doute que vous arriviez à les mettre sans aide. Donc Munemori vous accompagnera, s'il est d'accord.

Hein ?! Il jeta un regard halluciné à son frère, choqué. Lui ?! Eh ! Et puis, et puis... Mais il ne voulait pas la voir en sous-vêtements, lui, il y avait une différence entre aider sa femme à enfiler des kimonos de fête et aider la future belle-sœur de son petit frère, qui l'effrayait, en plus.

– J'ai un peu peur de vous, moi, avoua-t-il, un peu plus pâle.

– Peur de moi ?! Et je vous ai fait quoi, pour ça, on peut savoir ?!

– Mais rien ! s'exclama-t-il en levant très vite les deux mains devant lui. C'est juste que... Heu...

Trouver autre chose à dire et très vite, il avait comme l'impression que c'était un sujet extrêmement épineux et sensible, rien qu'à voir son expression. Et puis, ça ne changeait pas grand-chose au fait qu'il valait mieux qu'elle ne parte pas seule et qu'elle allait avoir besoin d'aide, mais bon, il voulait bien, lui, pour ne pas déranger les autres, et Genji devait être veillé, mais bon, elle était... Elle le foudroyait du regard et il se sentit encore plus gêné. Elle était invitée ici, après tout, il n'aurait pas dû dire qu'elle l'effrayait, c'était vraiment grossier. Même si vu son expression, ce ne devait pas être la première fois... Il prit une longue inspiration, cherchant quelque chose à dire pour calmer les choses et rationaliser, calmant sa peur. Il savait que c'était stupide mais elle l'intimidait, il ne pouvait pas s'en empêcher. Il y avait un gouffre si profond entre elle et Solène qu'il ignorait vraiment ce qui pouvait le combler, seul la ressemblance physique pourrait prouver leur lien de parenté, et encore.

– Vous n'allez pas y aller seule, il vous faut de l'aide. Et il vaut mieux vous dépêcher, le mariage est demain, au cas où vous l'auriez oublié.

Il l'incita à partir mettre ses chaussures, prêt à y aller lorsque Kimmitsu l'arrêta tout à coup en l'appelant, appuyé contre le battant de la porte. Il avait tout entendu ? Il avait un air grave et son frère douta un coup que sa préoccupation portait sur des tenues de mariage.

– Elle a des cicatrices, dit-il d'une voix plus basse. Sur tout le corps. Ne lui en parle pas et ne fait aucun commentaire.

Il repartit aussitôt, comme il était venu, laissant Munemori assez en désarroi. Il échangea un regard avec son aîné, hésitant, puis referma la bouche. Des cicatrices... Autre sujet très sensible, étant donné la façon dont son petit frère l'avait averti. Josuke lui fit un signe de tête pour l'encourager à y aller, voulant sans doute se montrer encourageant. Il retint une petite grimace puis alla mettre ses chaussures assez vite, enfilant son manteau avant de sortir. Allons-y, à présent. Ils prirent la voiture pour y aller, Munemori s'installant au volant en silence. Il aurait voulu lui dire qu'il était désolé, qu'il avait été grossier avec elle, mais ignorait comme l'expliquer, se lancer. Il fallut un long moment avant qu'il n'ose enfin lui présenter ses excuses. Il ne dit ensuite presque rien sur tout le reste du trajet, silencieux. Il était de dix ans plus âgé qu'elle mais elle avait plus vécu que lui, étant donné le peu qu'ils savaient de la situation, Kimmitsu étant toujours très réticent à donner des détails. Il jeta parfois des regards à sa passagère, jusqu'à arriver en ville. Elle avait déjà porté un kimono de fête ? Les kimonos usuels étaient très simples à porter mais ceux de fête comportaient trois couches, une ceinture qu'il était très difficile à mettre seul, ce genre de vêtements était un peu compliqué. Il indiqua un magasin qui ne vendait, après avoir un peu marché dans la longue rue commerçante.

– Bonjour, dit-elle en Japonais à la patronne en entrant.

Il guida la Française dans les rayons, lui montrant quel genre de tenues on portait pour les mariages. Il fallait bien avouer que leurs femmes étaient moins chanceuses, leurs kimonos de soirée étaient d'une complexité à vous dégoûter. La première fois que Solène en avait enfilé un, Himako avait passé beaucoup de temps pour lui apprendre comment on s'y prenait, mais pour un très beau résultat. Il en prit un couleur mauve profond, avec des motifs de cygnes, la ceinture, les couches inférieures et tout ce qu'il fallait. Il y avait une robe légère en coton, puis un kimono blanc par-dessus, afin le vêtement coloré à manches et la ceinture, très épaisse, qu'on passait trois fois autour de la taille avant de faire le nœud derrière. Allant ensuite avec elle dans une cabine, il ferma les yeux lorsqu'elle se changea, les rouvrant pour lui donner ensuite la première robe. Il retint de justesse la moindre exclamation en voyant sa peau pâle marquée par les fameuses cicatrices. Il l'aida à passer les différentes couches, puis replier les pans comme il se doit, avant de se pencher et passer la ceinture autour de sa taille, faisant ensuite le nœud derrière.

– Ça peut sembler incommode lorsqu'on n'est pas habitué, mais cela vient vite, dit-il en la laissant se regarder dans le miroir.

Il était un peu gêné. Cette femme l'intimidait, mais il voudrait aussi savoir pourquoi Kimmitsu était aussi déterminé à la suivre, quitte à y laisser sa santé ou sa vie. Il l'incita à s'asseoir sur le banc pour qu'il la coiffe, qu'elle puisse ainsi juger du rendu final. Il se mit derrière elle, prenant les longs cheveux blonds entre ses mains pour enlever d'abord les nœuds en y passant les doigts, avant de les ramener ensemble, commençant à faire une longue tresse. Il voulait savoir mais comment demander ? Apparemment, il y avait plusieurs sujets sensibles et minés, qu'il valait mieux ne pas aborder. Si jamais ce sujet était l'un d'eux... Il n'avait pas envie de déclencher une dispute. Il se souvint à ce moment de ce que leur frère avait dit, qu'elle sortait tout juste de l'hôpital.

– Dites-moi, reprit-il en nouant la tresse en un chignon serré, avez-vous... Avez-vous vraiment cessé de craindre la mort ? Lorsque vous parlez, on sent que vous ne vous souciez plus de la fin, comme si ça ne vous touchait plus. Vous ne craignez plus de mourir ?
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Fonction :
  • Fonda
Récits : 1453

Âge RPG : 34 ans
Don(s) : Fulgumancienne et Aquamancienne
Taille : 1m78
Gabriella de Lizeux
Leader
Gabriella de Lizeux
MessageSujet: Re: Une tenue pour le mariage   Une tenue pour le mariage EmptyLun 19 Oct - 16:09

Solène dormait près d'elle en attendant le mariage, dans une petite chambre à l'arrière de la maison. Gaby avait passé une bonne partie de la nuit à la regarder dormir, se demandant si Kimmitsu pourra la préserver de ce qui se passait, si elle-même pourra toujours l'éloigner des ennuis. En étant attachée à eux deux, elle courait un tel danger... Elle était toute jeune, encore, fragile comme jamais, même si elle devait disposer de quelques ressources cachés, gênes obligent. Et s'il lui arrivait du mal, à elle aussi ? Au matin, Gaby nourrit ses bébés, que Solène gardait ce matin, puis embrassa sa petite sœur sur le front, sans la réveiller, après s'être habillée. Elle devait aller acheter une tenue pour le mariage, n'ayant pas pensé à en emmener une. Lorsqu'elle était partie de la France, toutes ses pensées étaient alors tournées vers son combat, les paroles de ses coéquipiers et de Gavin tournant encore en boucle dans sa tête. Elle pensait surtout à se préparer, s'organiser, contacter les personnes avec qui elle travaillera pour mettre en place ses plans, et dans la foulée, oublié complètement qu'elle ne pouvait pas assister au mariage de Kimmitsu et Solène en pantalon.

Son sac sur les épaules, elle arriva dans une autre pièce, encore pieds nus, où quelques membres de la famille à son collègue étaient aussi debout. Posant son sac sur une commode, elle sortit le plan de la région qu'elle s'était procuré, y jetant un coup d'œil pour se repérer. Au même moment, un des frères de Kimmitsu, dont elle eut de la peine à se remémorer le nom, lui demanda où elle allait. Elle lui jeta un coup d'œil puis répondit d'un ton neutre qu'elle devait aller s'acheter une robe pour le mariage demain, reportant ensuite le regard sur la carte. Voyons voir... La première ville était assez loin, mine de rien, mais elle avait le temps, ce matin, pour le trajet. De toute manière, elle n'aurait pas pu emmener une robe de chez elle, aucune ne convenait, à part sa robe de mariée. Se sentant observée, elle retint un long soupir, agacée d'être dévisagée sans cesse depuis son arrivée. Ils avaient observé Solène de la même façon, lorsqu'elle était venue ici pour la première fois ? Vraiment charmant. Dépliant une autre partie du plan, elle observa les routes, cherchant le chemin le plus rapide. Peu de chances qu'il y ait des tenues Européennes ici pour les soirées, cependant, mais elle pouvait toujours chercher. Ce n'était pas un vêtement qu'elle portera de nouveau, de toute façon. Etant donné la façon dont les choses évoluaient, elle ne refera pas la fête avant un moment.

– Vous comptez y aller seule... Vous parlez Japonais ?

– Non, mais je parle Anglais.

Elle glissa un doigt sur la carte en suivant un tracé bleu, calculant le temps qu'il faudra pour parvenir en ville puis pour trouver une tenue convenable. En se dépêchant assez, elle pourra être rentrée avant midi, ou peu de temps après. Histoire de ne pas laisser ses enfants seuls trop longtemps, fut-ce avec Solène. Son petit était encore ben traumatisé, à cause de l'autre garce, il pleurait et criait lorsque Gaby n'était pas près de lui assez souvent. Gaby regrettait tellement de ne pas avoir liquidé cette folle ! Qu'elle aille pourrir en enfer une bonne fois pour toute ! Enfin... Grimaçant, elle se frotta le cou, toujours penchée sur la carte, son corps réclamant encore beaucoup de repos. Elle n'avait plus utilisé son don depuis la fin des orages, trop épuisée, et même aujourd'hui, elle avait les jambes en coton.

– Ce pays est peut-être moins à cran que le vôtre, mais partir seule, c'est une mauvaise idée. Vous allez vous fatiguer plus qu'il ne faut pour rien, surtout avec le mariage demain.

– Me fatiguer... A la veille de mon propre mariage, j'avais été enlevée. On est revenus à deux heures du matin, après avoir passé la journée à se battre pour s'en tirer vivants, donc pour aller chercher une simple robe, ça va sûrement bien se passer.

Elle se retint de lever les yeux au ciel, avec un grand soupir agacé. Se fatiguer, pour chercher une robe de mariage ! Elle pouvait se fatiguer pour déclencher des orages d'apocalypse, en s'entraînant, en préparant une bataille, lors de réunions avec le maréchal ou avec n'importe quoi d'autre, mais pour une simple robe ! Elle n'était pas fragile à ce point, merci bien ! Peut-être plus épuisée en ce moment, mais ce n'était rien, en comparaison de ce qu'elle avait déjà vécu. Comme la journée où elle avait dû appeler le maréchal à l'aide, par exemple, on pouvait la taxer d'épuisement moral et physique. Repliant la carte, elle la glissa dans son sac, un peu blasée. La famille de Kimmitsu ne vivait pas dans le même monde, cela se voyait, et c'était bien mieux pour eux, dans un sens. Ils ne devaient pas se lever tous les matins en se demandant quel nouveau problème allait tomber, qui risquait de mourir, et se coucher le soir en pensant aux enfants tués et que personne n'avait pas eu aider. Ils ne devaient pas passer leur journée à veiller sur tout le monde, regarder les allées et venues des soldats, craindre lorsqu'un élève ou un professeur était perdu de vue, guetter les hurlements, être prêt à sauter sur le téléphone pour appeler une ambulance, courir à droite et à gauche pour aider une personne étranglée par son propre sang, voir des élèves disparaître, chercher des idées pour pousser des adultes lâches et égoïstes voir plus loin que le bout de leur nez. Ils ne devaient pas chercher des moyens de mettre leurs proches à l'écart pour qu'il ne leur arrive à rien, ils n'avaient pas besoin de réfléchir à des manœuvres pour éviter que le pays tout entier ne devienne vraiment une dictature, comme c'était déjà le cas en Italie. Alors non, au milieu de tout ça, Gaby affirmait sans peine ni honte qu'une tenue pour un mariage n'était pas son souci premier.

– Ici, il ne s'agit pas de votre mariage mais de celui de votre sœur. De plus, vous ne trouverez aucune robe française et je doute que vous arriviez à les mettre sans aide. Donc Munemori vous accompagnera, s'il est d'accord.

Elle plissa légèrement les yeux, les mains sur son sac. Ah oui, exact, il y avait ça aussi... Mais elle devait pourtant se débrouiller toute seule, n'ayant pas spécialement envie qu'on vienne la reluquer en sous-vêtements. Même si elle n'avait pas honte de son corps, il y avait des limites, et elle ne voulait pas non plus exposer ses cicatrices comme ça à un étranger, qui ne devait pas savoir grand-chose de la situation en France. Soupirant un peu, elle vérifia l'argent qu'elle avait à disposition, ayant passé à la banque de change avant de venir ici.

– J'ai un peu peur de vous, moi, avoua-t-il, un peu plus pâle.

Le sang de Gaby ne fit qu'un tour et elle se retourna aussitôt vers lui, le regard noir, les mains serrées sur son sac. Peur d'elle ?! Il ne la connaissait pas, ne lui avait parlé qu'une fois, et il avait peur d'elle ?! Et en quel honneur, elle avait essayé de le bouffer cette nuit ?! Il avait fait un cauchemar où elle se trouvait dedans ?! Même un type à l'autre bout du monde qui ne l'avait jamais vu avant et ne savait rien d'elle avait peur ?!

– Peur de moi ?! Et je vous ai fait quoi, pour ça, on peut savoir ?!

– Mais rien ! s'exclama-t-il en levant très vite les deux mains devant lui. C'est juste que... Heu...

"Heu" quoi ?! Elle le foudroya du regard, à la fois vexée et blessée. Elle faisait peur, hein ?! Mais qu'il aille bien se faire foutre, ce n'était pas elle qui avait déclenché tout ça, ce n'était pas elle qui avait demandé à l'armée d'investir l'école et de torturer ses élèves ! Ils avaient "peur", enseignants, militaires, Cyprien, et même lui ?! Elle ravala sa colère en détournant le regard, le cœur battant la chamade. Peur... Et bien qu'ils aient "peur", grand bien leur fasse, elle n'allait pas s'adoucir juste pour leur faire plaisir. Il auront bien d'autres raisons d'avoir peur, en France, si la guerre reprenait. Peur... Elle rangea son sac avec un peu plus de force que nécessaire, son regard accrochant une cicatrice, disparaissant ensuite sous sa manche. La peur n'était qu'un poison violent qui pouvait vous empêcher d'agir, vous rendre aveugle et lâche. Un poison qu'elle combattait depuis le début et qu'elle devait éloigner d'elle si elle voulait atteindre son but.

– Vous n'allez pas y aller seule, il vous faut de l'aide. Et il vaut mieux vous dépêcher, le mariage est demain, au cas où vous l'auriez oublié.

Gabriella ne prit même pas la peine de répondre, étant loin d'avoir oubliée le mariage, mais ne voulant pas repartir dans une autre dispute. Tremblant un peu en mettant ses chaussures, elle regarda son visage dans le miroir de l'entrée. Elle avait quelque chose sur la figure qui effrayait les gens ? Qui poussait à avoir peur d'elle ? Elle était pourtant on ne peut plus banale. C'est à ce moment qu'elle remarqua qu'elle avait pas mal maigri, ne s'étant pas observée depuis longtemps, et que son regard était plus froid. Fermant les yeux, elle se redressa puis enfila une veste, alors que Munemori arrivait à son tour. Elle ne dit plus rien par la suite, trop lasse pour crier ou se disputer. Qu'il ait peur, tant pis, chacun son poison. Elle avait déjà le sien à gérer. Il s'excusa peu de temps après leur départ, pour toute à l'heure, et elle lui répondit d'un vague signe de tête, sans plus. Durant le trajet, elle songea aux dossiers qui l'attendaient, à Paris. Son subordonné avait pu récupérer des informations sur le passif de l'armée et elle devait éplucher tout cela avec soin. Il était encore en train de chercher, elle pourra voir ce qu'il avait récupéré à son retour au pays. Cyprien, lui, avait été un peu plus distant, avant qu'elle ne parte au Japon, mais c'était sans doute normal. Il avait "peur", lui aussi, après tout. Son propre mari ! Peur d'elle ou de son pouvoir. Peur parce qu'il n'en voyait que le côté dangereux. C'était ridicule.

Une fois en ville, elle suivit le frère de Kimmitsu dans un magasin qu'il lui indiqua. Elle salua une femme de la tête en entrant, espérant en finir vite. Il y avait cinq autres clientes, toutes accompagnées de leur maris. Terrifiant, aucune femme ne se déplaçait seule, dans ce pays ? Une fois encore, elle vit deux ou trois regards choqués ou étonnés. Bon, pas de quoi s'agacer, Gaby n'avait vu personne avec les cheveux blonds, pour le moment, sans compter que ses yeux clairs et son teint très pâle, voire blafard, n'arrangeait pas les choses, elle semblait venir tout droit d'Europe du Nord, avec un teint qui semblait n'avoir jamais vu le soleil de sa vie. Le grand frère de son collègue choisit lui-même un des kimonos, alors qu'elle examinait les couches du vêtements avec un regard circonspect. Elle devait vraiment enfiler tout ça ? Comment pouvait-on courir avec ce truc sur le dos ?! Enfin, ce n'était pas non plus fait pour... Il eut la grâce de fermer les yeux lorsqu'elle se déshabilla, puis il l'aida à s'habiller. Il ne fit pas un seul commentaire sur les marques de sa peau, ce dont elle lui fut reconnaissante. Un grand miroir leur faisait face, sur tout le mur de la cabine, montrant les différentes étapes. Gabriella ne s reconnaissait pas, là-dedans, elle avait l'impression de voir une étrangère. Elle ne se sentait même plus véritablement femme, à vrai dire, depuis quelques mois, sans l'avoir jamais avoué à Cyprien. Munemori plia les coutures puis attacha la ceinture, avec méthode.

– Ça peut sembler incommode lorsqu'on n'est pas habitué, mais cela vient vite, dit-il en la laissant se regarder dans le miroir.

Bah, ce n'était que pour le mariage, elle ne s'habillera plus jamais ainsi ensuite. Il la fit asseoir puis détacha ses cheveux, debout derrière elle, puis se mit à la coiffer. Elle l'observa dans le miroir, cherchant malgré elle des ressemblances avec Kimmitsu. Il était plus vieux ou plus jeune que lui ? Fermant les yeux un moment, elle fit un effort pour se détendre, les muscles très noués. Cyprien qui avait peur d'elle, Auguste qui était revenu, son bébé encore malade, les changements apportés à l'école, les nouveaux élèves, le maréchal... Faire le vide dans son esprit était quasiment impossible.

– Dites-moi, reprit-il en nouant la tresse en un chignon serré, avez-vous... Avez-vous vraiment cessé de craindre la mort ? Lorsque vous parlez, on sent que vous ne vous souciez plus de la fin, comme si ça ne vous touchait plus. Vous ne craignez plus de mourir ?

Elle entrouvrit légèrement la bouche, tête baissée, réfléchissant. Si elle craignait la mort... Oui ? Ou... En fait... Elle rouvrit les yeux, peu à l'aise devant son propre reflet, cette image qui ne correspondait pas à ce qu'elle était vraiment. Elle avait l'impression de jouer une farce, une immense comédie en essayant d'être belle.

– Je ne sais pas, avoua-t-elle. J'ai peur de voir mes proches mourir... De voir la mort de ceux que je dois protéger et ceux qui combattent avec moi. Je ne sais pas si je crains ma propre mort. Je n'y pense pas, la peur est juste un poison, à mes yeux.

Un venin qui pouvait vous rendre lâche, le pire des humains. Elle porta une main derrière sa tête pour effleurer le chignon qu'il venait de faire. C'était bien pour Solène, qu'elle se mettait ainsi, elle ne le ferait jamais d'elle-même. Elle ne trouvait plus d'intérêt à se faire belle, se maquiller, prendre le temps de se coiffer ainsi, apparaître désirable, à quoi cela pouvait-il servir ? Elle ne voulait pas plaire mais juste vivre en faisant en sorte de préserver son pays comme elle le pouvait.

– La peur rend plus prudent, dit-il d'un ton calme. On a encore peur lorsqu'on a quelque chose à perdre. Vous pensez trop à... tout ce qui se passe. Vous n'êtes pas détendue.

– Et ensuite ? soupira-t-elle en se levant. Ça n'a aucune importance. Peu importe que je ne sois pas détendue ou que je meurs jeune, tout ce qui compte, c'est d'empêcher mon pays de tomber dans le fascisme et de voir mes élèves mourir encore. Je fais ce que je peux, à mon niveau, d'autres combattent aussi. Ça vous a peut-être choqué que j'oublie une tenue pour le mariage de ma propre sœur, mais navrée de ne plus penser à ce genre de choses, plus jamais.

Bon, cette tenue ira pour le mariage ou non ? Ça faisait assez habillée ? Elle se rassit sur le banc, refermant les yeux en s'appuyant au mur derrière elle, une main sur le visage. Autant se reposer un peu, aujourd'hui, après son don, l'hôpital et la fatigue du voyage... A cette heure, Solène aussi devait être en train de faire les derniers essayages pour sa tenue de demain, Kimmitsu aussi, peut-être. Combien de temps allait durer le mariage ? Elle n'aurait jamais cru qu'il allait craquer pour sa petite sœur... Tant mieux pour eux deux, oui, tant que Solène restait protégée, elle pouvait faire ce qu'elle voulait avec qui elle voulait. Elle sentait le noir l'envahir peu à peu lorsqu'elle sentit une présence s'asseoir à côté d'elle et un bras entourer ses épaules. Mmh ? Mais c'est bon, elle allait bien, elle était juste un peu fatiguée. Pas très bien dormi, cette nuit, rien de grave. Munemori lançant tout à coup qu'il ramassait ses affaires. Ah, c'est bon, alors ? Elle sortit son porte-monnaie pour payer, voulant se rhabiller, mais il lança que ce n'était pas la peine. Hein ? Mais c'est bon ! Elle se laissa faire, néanmoins. Une fois revenue dans la voiture, elle s'endormit dans le siège passager, dans un sommeil agité et beaucoup entrecoupé, assez mauvais.

Après trois quarts d'heure de trajet, ils étaient revenus à la maison des Nakajima. Elle entrouvrit les paupières pour se réveiller pendant que son accompagnateur courait à l'intérieur. C'est bon, pas la peine de paniquer... Il revint avec son frère aîné, alors qu'elle se frottait le visage des deux mains, pendant qu'il demandait si ça faisait longtemps qu'elle avait quitté l'hôpital, en réalité. Elle marmonna qu'elle en était sortie il y a deux jours, à peu près, mais qu'elle allait bien, que ce n'était que de la fatigue accumulée, voilà tout. Son interlocuteur marmonna que c'était une maladie, en France, de ne pas se soigner comme il faut, même quand on était complètement épuisé. Nouveau soupir. Ils n'allaient quand même pas s'inquiéter pour un coup de fatigue, tout de même ! D'autant plus qu'ils avaient bien plus important à se préoccuper pour le moment, c'était le mariage de leur frère, dont il était question. Elle sortie de la voiture, avec un léger tournis, puis le frère de Kimmitsu la rattrapa tout à coup par les deux bras. Elle eut un mouvement de recul, avant beaucoup de mal qu'on la retienne, même pour l'aider.

– On a pas l'intention de vous faire du mal, vous savez, dit-il d'un ton perplexe.

– On ne tient pas les gens comme ça, pour commencer, soupira une voix derrière eux.

Gaby tourna la tête, la gorge un peu sèche, alors que Kimmitsu contournait ses frères. Il lui fit passer son bras autour de ses épaules et mit le sien autour de sa table avant de la soutenir pour rentrer dans la maison. Situation inverse de la fois où elle été allée le chercher dans les souterrains de l'école... Elle ne dit rien jusqu'au moment de rentrer, le remerciant lorsqu'il l'aida à se rasseoir dans le salon. Il pouvait vaquer à ses affaires, elle n'était pas le déranger ou déranger ou déranger sa famille, tout allait bien. En plus de ça, Solène allait s'en faire pour rien si elle la voyait ainsi, elle ignorait encore à quel point Gaby avait forcé sur son don cet été, en juillet. Elle tourna la tête vers Munemori, un peu plus pâle.

– Merci de m'avoir ramenée. Je ne vais pas rester au japon trop longtemps pour ne pas déranger.
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Récits : 142

Âge RPG : 43 ans
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Taille : 1m78
Munemori Nakajima
Peintre
Munemori Nakajima
MessageSujet: Re: Une tenue pour le mariage   Une tenue pour le mariage EmptyJeu 29 Oct - 23:27

Munemori termina la coiffure, avant de la laisser regarder le résultat, curieux d'entendre ce qu'elle allait répondre. Cette femme lui laissait une impression bizarre, en réalité, lorsqu'il était à côté d'elle. Au-delà d'une certaine peur, il avait le sentiment qu'elle ne vivait même pas sur la même planète qu'eux. Il avait aussi une étrange impression de déjà-vu, ce regard qu'elle avait, c'était... La mémoire lui revint alors d'un bloc, alors qu'il se redressait. Il avait déjà vu un de ses oncles avec ce regard, alors qu'il était tout jeune, le jour où il était revenu blessé gravement de la guerre, pour mourir deux jours plus tard. C'était le regard de celui qui en avait déjà trop vu et qui ne pourra jamais revenir en arrière, ce qui était horrible en un sens. Lui assimilait ça à un piège. Il espérait très sincèrement ne jamais trouver leur frère ainsi... Surtout après ce qui s'était passé la veille au soir. Munemori aurait voulu le prendre dans ses bras pour le réconforter mais il avait eu l'impression que Solène aurait bien été capable de les frapper s'ils s'étaient approchés de trop près.

– Je ne sais pas, avoua-t-elle. J'ai peur de voir mes proches mourir... De voir la mort de ceux que je dois protéger et ceux qui combattent avec moi. Je ne sais pas si je crains ma propre mort. Je n'y pense pas, la peur est juste un poison, à mes yeux.

Mais c'était aussi ce qui vous préservait, vous empêchait de foncer tête baissée dans certaines situations et vous aidait à rester en vie. Lorsqu'on se mettait à penser uniquement aux autres et jamais à soit, on pouvait très facilement se détruire sans même s'en rendre compte, trop en faire, trop en donner, et ainsi se détruire, y laisser sa santé, voire sa vie dans les plus extrêmes des cas. Perdre toute once d'énergie jusqu'à ne plus pouvoir s'en relever.

– La peur rend plus prudent, dit-il d'un ton calme. On a encore peur lorsqu'on a quelque chose à perdre. Vous pensez trop à... tout ce qui se passe. Vous n'êtes pas détendue.

Bel euphémisme mais il ne se voyait pas lui dire platement qu'elle allait se tuer en continuant ainsi, il ne la connaissait que depuis hier ! De toute façon, sa tension était bien assez évidente, son corps tout entier était aussi crispé que si elle vivait assise sur une bombe prête à exploser. Même sa voix la trahissait, ses expressions, ses gestes, elle aussi devait faire de l'hypertension, peut-être même plus que Kimmitsu. Il comprenait un peu comment elle en était arrivée là, d'après ce qu'ils savaient de la situation en France, mais il n'avait jamais imaginé que ce serait à ce point. Déjà, pour que leur frère en arrive à pleurer devant eux aussi fort, c'est qu'il était à bout. Et sa chef était elle aussi dans un état... Elle pourrait mourir d'une crise cardiaque, faire de l'asthme ou être emportée par une fatigue trop conséquente, il était déjà étonnée qu'elle tienne encore debout, depuis il ne savait combien de temps. Kimmitsu leur avait dit qu'elle avait été malade à la même période que lui, en juin, et qu'elle avait été à 'hôpital il y a peu de temps, mais depuis combien de temps en était-elle sortie, exactement ? Ça ne lui suffisait toujours pas pour s'inquiéter un peu de sa santé ?

– Et ensuite ? soupira-t-elle en se levant. Ça n'a aucune importance. Peu importe que je ne sois pas détendue ou que je meurs jeune, tout ce qui compte, c'est d'empêcher mon pays de tomber dans le fascisme et de voir mes élèves mourir encore. Je fais ce que je peux, à mon niveau, d'autres combattent aussi. Ça vous a peut-être choqué que j'oublie une tenue pour le mariage de ma propre sœur, mais navrée de ne plus penser à ce genre de choses, plus jamais.

Donc non, ça ne l'inquiétait toujours pas, elle était aussi bornée que leur frère, voire plus ! Il soupira longuement, alors qu'elle retombait assise contre le banc et mettait une main sur son visage, la tête appuyée contre le mur derrière elle. Hum, ça va ? Il lui coula un regard inquiet, l'imaginant déjà s'évanouir là et la panique qui allait suivre. Elle voulait de l'eau, de l'air, heu, un truc ? Ils 'assit à côté d'elle, passant un bras autour de ses épaule, inquiet devant son teint blême. Qu'est-ce qu'il allait faire, lui, si elle s'évanouissait ? Appeler une ambulance ? Elle ne dormait même pas, la nuit ?! Il se releva puis lui dit qu'il ramassait ses affaires, passant la tête dehors de la cabine pour prévenir une vendeuse, qu'elle fasse payer la robe sans obliger la jeune femme à remettre ses autres habits, tant pis, elle rentrera comme ça. Dès que ce fut réglé, il la soutint jusqu'à la voiture, s'assurant qu'elle était toujours consciente. Démarrant, il lui jeta de longs regards tout le long du chemin, la voyant plongé dans un sommeil mauvais et très peu réparateur. Et bien, si tous les Français et ceux qui vivaient dans ce pays étaient comme ça... Kimmitsu qui leur faisait une crise de nerfs, elle qui était à deux doigts de s'évanouir, c'était gai, seule Solène était encore détendue, dans le tas.

Dès qu'ils furent revenus à la maison, Munemori se gara au plus près de l'entrée possible, sortit de la voiture en lui disant de ne pas bouger, puis courut à l'intérieur, enlevant ses chaussures en une seconde avant d'appeler son frère. Ne le trouvant pas dans le salon, il arrêta son plus jeune frère dans un couloir en lui demandant où était passé Josuke, avant de le dénicher enfin plus loin, occupé avec les préparatifs du mariage. Munemori laissa tomber sa veste sur une chaise dans un coin, soufflant d'un assez paniqué que la chef de Kimmitsu avait failli tourner de l'œil toute à l'heure, qu'il lui avait dit d'attendre dans la voiture mais qu'il avait besoin d'aide, là. Au moins pour la faire rentrer, ou, ou... Lui faire boire de l'eau, la pousser à se reposer, enfin, quelque chose, il ne savait pas, sans oublier que Solène risquait encore de les accuser si elle voyait sa sœur malade et énerver la mariée la veille de son mariage n'était pas le meilleur des plans au monde. Elle allait être leur belle-sœur, tout de même, déjà que Kimmitsu leur en voulait, inutile de pousser Solène encore à bout.

– D'accord, je viens t'aider.

Repartant dans le sens inverse, il trouva la jeune femme, toujours assise dans la voiture, à se frotter le visage, marqué par la fatigue. Ouvrant la portière en grand, il lui demanda depuis combien de temps exactement elle avait quitté l'hôpital. C'est lorsqu'elle lâcha un "deux jours" d'une voix assez faible qu'il leva les yeux au ciel, surtout lorsqu'elle rajouta qu'elle allait bien et que ce n'était rien d'autre que de la fatigue accumulée. Et bah voyons. Il marmonna que ne pas se soigner, en France, était une maladie, cette année. Elle était sortie de l'hôpital depuis seulement deux jours et elle affirmait aller bien. Bref, soit. Elle sortit tout à coup de la voiture mais fit encore un malaise, le poussant à la rattraper par réflexe par les deux bras pour l'empêcher de tomber, lui arrachant un brusque mouvement de recul. Mais enfin, il ne lui avait rien fait, là, il essayait juste de l'aider !

– On a pas l'intention de vous faire du mal, vous savez, dit-il d'un ton perplexe.

– On ne tient pas les gens comme ça, pour commencer, soupira une voix derrière eux.

Kimmitsu était arrivé derrière eux sans bruit, allant lui-même soutenir sa chef pour la ramener doucement à l'intérieur. Munemori échangea un regard penaud avec son frère, ayant l'impression d'avoir fait une connerie. Même la retenir pour l'aider, il ne fallait pas ? Il se demanda un instant ce qu'elle avait vécu, de son côté, mais finalement, il était sans doute préférable de ne pas le savoir. Suivant avec Josuke, il vit que Kimmitsu avait aidé la directrice s'asseoir contre le mur, encore plus blême que toute à l'heure. Il se sentait extrêmement gêné, là. Kimmitsu leur en voulait encore pour hier soir, c'était évident, ce qui ajoutait à la tension ambiante. Désolé, mais ils n'auraient pas pu savoir avant que le retenir comme ça ou retenir Solène allait le rendre malade ! Ils ignoraient encore ce qui s'était passé précisément.

– Merci de m'avoir ramenée. Je ne vais pas rester au Japon trop longtemps pour ne pas déranger.

– De rien, c'était normal, et vous ne dérangez pas.

Il voudrait lui dire d'aller se reposer mais ignorait comment le faire sans déclencher de cris ou un refus tout net, ce serait contre-productif. Kimmitsu s'était assis face à elle, après avoir été chercher un verre d'eau, le regard plus sombre.

– Toute à l'heure, je voulais juste vous aider, rien de plus, je ne pensais pas que... Que ce serait mal pris.

– Munemori, soupira tout à coup leur frère en tournant la tête vers lui, le ton sec. Un jour, je vais te ligoter puis te jeter dans une pièce noire pendant deux jours, on verra dans quel état tu en sors.

Eh, il n'avait rien fait, cette fois, rien dit ! Ce qui ne l'empêcha pas de se ratatiner légèrement, les joues plus rouges. Désolé, c'est juste qu'il n'arrivait à prendre en compte toute l'ampleur du problème, pas alors qu'il n'en savait presque rien, qu'il venait tout juste d'apprendre des brides de ce qui se passait en France. Ils avaient appris seulement hier soir ce qu'avait subi leur frère en juin, ce matin que sa chef avait elle aussi un passé assez gros et avait visiblement été torturée, vu le nombre de cicatrices, alors non, il ne pouvait pas faire attention à ce point, pas comme ça. Leur frère leur en voulait mais il était assez injuste, cette fois.

– D'accord, c'était une mauvaise idée mais il ne pensait pas à mal. Elle est incroyablement mal en point, Kimmitsu, tu le sais aussi bien que nous ! Si ce n'est pas une mode en France, prendre soin de sa santé l'est ici, alors nous allons vous conduire vous reposer dans une chambre jusqu'au mariage.

– "Incroyablement mal en point", pour un simple malaise. Dans une heure, ça ira mieux. Ce n'est rien de grave.

– Je ne peux rien dire, sur ce coup-là, sourit faiblement Kimmitsu. Adrien va encore nous faire une crise en septembre sur le sujet.

Tous les deux... Ils étaient tous les deux désespérants... Il s'approcha avec lenteur, l'incitant du regard à se lever en lui tendant la main. Elle fit la moue mais l'attrapa tout de même, alors qu'il l'emmenait avec Kimmitsu. Ce fut lui qui se chargea de l'aider à enlever la robe puis la faire s'allonger. Munemori attendit dehors, marmonnant pour son grand frère qu'ils étaient tous les deux à tuer, sur ce sujet-là. Il n'y en avait pas un pour rattraper l'autre ! Kimmitsu n'avait jamais été ainsi, autrefois, il avait toujours su rester serein, détendu, ouvert, parlant facilement. Il y avait quelque chose qui s'était brisé, en lui, qui effrayait Munemori. Quand elle fut prête et couchée, il rouvrit la porte, jetant un regard à son frère. Lui aussi, il devrait dormir, non ? Vu sa tête....

– Tu ferais mieux de te reposer, toi aussi. Tous les deux, maintenant.

– Oui, tu n'as qu'à rester ici et dormir un peu, les préparatifs du mariage sont bientôt terminés et nos sœurs s'occupent de Solène, donc tout va bien. Vous êtes sûre qu'il ne faudrait pas appeler un médecin, madame ?
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Kimmitsu Nakajima
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Kimmitsu Nakajima
MessageSujet: Re: Une tenue pour le mariage   Une tenue pour le mariage EmptyLun 2 Nov - 15:06

– On a pas l'intention de vous faire du mal, vous savez, dit-il d'un ton perplexe.

– On ne tient pas les gens comme ça, pour commencer, soupira une voix derrière eux.

Ils allaient vraiment finir par s'en prendre une, si ça continuait... Jamais Kimmitsu n'osera lever la main sur eux, quoi qu'il arrive, même si lui-même s'était déjà pris des gifles, mais il doutait que sa collègue ait la même patience dans ce genre de situation, surtout dans son état. La petite scène d'hier soir n'avait donc pas suffit à son frère, il n'avait toujours pas intégré qu'il fallait éviter ce genre de gestes avec certaines personnes ? Le sous-directeur soupira en peu en le repoussant, passant un bras autour de la taille de la jeune femme et l'incitant à s'appuyer sur lui. Il la ramena doucement à l'intérieur, s'arrêtant juste une minute pour qu'elle laisse ses chaussures à l'entrée, puis l'accompagna dans la pièce principale de vie, l'aidant à s'asseoir et s'adosser contre le mur. Ses frères avaient suivi mais il ne leur adressa pas un regard, ce qui s'était passé hier soir lui était resté en travers de la gorge, autant l'avouer. Peu importe que ce soit idiot ou il ne savait quoi, mais il leur en voulait. Josuke avait été ignoble avec Solène, alors qu'elle était tout de même sa future belle-sœur, et ni lui ni Munemori n'avaient été capables de réfléchir et comprendre qu'il ne fallait pas pousser le bouchon trop loin. Une fois de plus, il était complètement décalé, par rapport à sa famille. Ils ne le comprenaient pas et lui-même ne parvenait plus à songer de la même façon qu'eux. Il observa la directrice, qui avait un teint bien pâle et de gros cernes. Forcément, avec ce qui s'était produit en juillet, il allait lui falloir beaucoup de temps avant de récupérer, elle avait trop forcé.

– Merci de m'avoir ramenée. Je ne vais pas rester au Japon trop longtemps pour ne pas déranger.

– De rien, c'était normal, et vous ne dérangez pas.

Kimmitsu fila dans la cuisine, prenant un verre propre avant de le remplir d'eau. Il revint le donner à sa collègue puis s'assit face à elle, ayant l'impression de la revoir dans les bras du Maréchal, lorsqu'il l'avait ramené au pensionnat. Il se demandait pourquoi Cyprien n'était pas venu... Pourquoi avoir refusé, alors qu'il ne cessait de chercher une occasion de détendre sa femme. En plus de ça, elle sortait de l'hôpital, pourquoi l'avait-il laissé partir seule avec deux enfants ? Ce n'était pas du tout son genre. Il reprit le verre lorsqu'elle eut fini de boire pour le poser plus loin, espérant qu'il n'y ait pas d'autres problèmes à les attendre en France. Kimmitsu quittait le Japon après le quinze août, avec Solène et Genji, et craignait sincèrement de retrouver l'école dans un sale état. Démolie et reconstruite, des salles disparues et d'autres ouvertes, des programmes imposés... Le village, lui, aura sûrement repris des couleurs, mais l'école aura changé. Tout cela devait bien travailler la directrice, telle qu'il la connaissait, difficile de bien se reposer dans ces conditions.

– Toute à l'heure, je voulais juste vous aider, rien de plus, je ne pensais pas que... Que ce serait mal pris.

Ah non ? Donc il n'avait toujours pas capté, malgré ce que Solène avait avoué hier ?! Kimmitsu lui jeta un regard exaspéré, les nerfs assez à vif lorsqu'il repensait à la scène. Retenir Solène comme ça ! Tous les deux... Ils étaient tous les deux juste incapables de comprendre qu'on change forcément lorsqu'on vit dans un pays au bord de la guerre civile. C'était encore plus vrai pour la directrice qui avait subit plus que son lot d'agressions, elle aurait pu le frapper, toute à l'heure, et ce n'est pas lui qui aurait fait quoi que ce soit pour l'en empêcher.

– Munemori, soupira tout à coup leur frère en tournant la tête vers lui, le ton sec. Un jour, je vais te ligoter puis te jeter dans une pièce noire pendant deux jours, on verra dans quel état tu en sors.

Son frère rougit et le professeur leva légèrement les yeux au ciel, déjà fatigué de cette "conversation". Il ne s'était presque jamais énervé contre ses frères, de sa vie toute entière, à part les chamailleries habituelles lorsqu'ils étaient enfin. Et n'aurait jamais cru qu'ils réussissent à l'énerver à ce point la veille de son mariage, félicitations, c'était une situation inédite. Enfin... Au fond, il savait qu'ils ne pouvaient pas vraiment comprendre mais ce n'est pour ça qu'il parvenait à le digérer. Venir ici pour crier, très bien, il aurait mieux fait de rester en France, dans ce cas-là, il y avait aussi son compte pour les hurlements.

– D'accord, c'était une mauvaise idée mais il ne pensait pas à mal. Elle est incroyablement mal en point, Kimmitsu, tu le sais aussi bien que nous ! Si ce n'est pas une mode en France, prendre soin de sa santé l'est ici, alors nous allons vous conduire vous reposer dans une chambre jusqu'au mariage.

Ne "pas prendre soin de santé" n'était pas une mode ! Ce n'est pas possible de... Il soupira, contenant son ressentiment, sachant que cela le poussait à être plus injuste ou moins réfléchir. Une mode, bien sûr, c'est vrai que faire en sorte de tenir au maximum pour combler la lâcheté profonde de certains était une mode... Il se demandait comme réagiraient ses frères s'ils savaient que la directrice, lui et d'autres avaient dû travailler deux fois plus pour la protection des enfants uniquement parce que toute une tribu de lâches avait abandonné sans crier gare en avril. Qu'il avait fallu garder un œil sur tout le monde, écouter les rumeurs, intervenir à la place des lâches lorsqu'un enfant était en danger, même lorsqu'on était loin et qu'il fallait courir pour arriver à temps, passer ses journées à craindre une nouvelle catastrophe. Sans oublier la fameuse réunion où Alice et d'autres avaient bien montré qu'ils ne comprenaient rien au danger.

– "Incroyablement mal en point", pour un simple malaise. Dans une heure, ça ira mieux. Ce n'est rien de grave.

– Je ne peux rien dire, sur ce coup-là, sourit faiblement Kimmitsu. Adrien va encore nous faire une crise en septembre sur le sujet.

Enfin soit... Il aida Munemori à faire lever la directrice puis l'accompagner jusqu'à la chambre où elle dormait avec Solène avant le mariage. C'est en la tenant qu'il nota aussi qu'elle avait beaucoup maigri. Entrant dans la chambre avec elle, il s'agenouilla derrière elle puis enleva la ceinture et l'aida à retirer le vêtement, les yeux fermés pour respecter son intimité. Elle lui murmura qu'elle était désolée de le gêner comme ça mais il souffla, d'une voix basse lui aussi, que ce n'était rien, il savait qu'elle serait très fatiguée après ce qui s'était passé en juillet. Il la fit s'allonger sous la couverture dans son futon, ouvrant ensuite la porte, ses frères attendant toujours dans le couloir. Soupirant, il se détourna pour plier le kimono de fête et le déposer plus loin, à l'abri, pour le lendemain.

– Tu ferais mieux de te reposer, toi aussi. Tous les deux, maintenant.

Se reposer... Pas comme hier soir, somme toute ? Il avait dormi après, en tout cas, pleurer autant l'avait à moitié assommé de fatigue, heureusement que personne n'était ensuite passé dans les couloirs à ce moment-là, il aurait du mal à s'expliquer.

– Oui, tu n'as qu'à rester ici et dormir un peu, les préparatifs du mariage sont bientôt terminés et nos sœurs s'occupent de Solène, donc tout va bien. Vous êtes sûre qu'il ne faudrait pas appeler un médecin, madame ?

Elle refusa d'un signe de main, l'autre bras sur les yeux, pendant que Kimmitsu se relevait, couvant ses frères d'un regard assez noir, les lèvres pincés. Bien, tant pis si cela les choquait mais il y avait autre chose qu'ils devaient savoir. Il jeta un coup d'œil à la directrice, n'ayant pas spécialement envie de lui jeter ces souvenirs en pleine figure, hésitant. Il ne voulait pas parler de ça devant elle et fit donc signe à ses frères de reculer dans le couloir, sortant et refermant la porte avec soin. Très bien, comment dire cela ? "Nos collègues ont agi comme des lâches et ça nous faisait une raison de plus de tout donner pour pouvoir s'en sortir, aucune erreur n'était tolérée" ? Ou bien, serait-ce mieux "Bien sûr qu'on culpabilise de tomber malade, puisqu'une ou deux personnes de moins, c'est un risque accru qu'un enfant meure" ? Il posa la main à plat contre la porte, les yeux fermés et les dents serrées.

– Ne pas se reposer assez n'a rien d'une "mode", Josuke, soupira-t-il. En avril, cette année, la majorité de nos collègues ont décidé d'abandonner sous la pression et n'ont plus rien fait pour protéger les enfants. Nous ne sommes restés qu'une poignée à continuer de résister. Juste une poignée pour faire attention à tous nos élèves, plus de quatre cents enfants. Essayer de les protéger. On ne pouvait pas se permettre d'en faire trop peu, on culpabilisait lorsqu'on tombait malade, c'est évident. Pourquoi penses-tu qu'elle soit si épuisée ?

Il avait parlé un ton plus bas pour éviter que la directrice ne l'entende et repense à cette histoire. Elle avait besoin de se reposer, oui, surtout après le mois qu'elle venait de passer, et ne plus songer une fois de plus à la lâcheté de certains de leurs collègues, trop aveugles ou naïfs. Tous n'étaient pas irrécupérables, c'est vrai, mais il fallait les pousser, leur faire ouvrir les yeux. Jetant un coup d'œil à ses frères, il les vit afficher une mine assez choquée, avec mélange de dégoût. Ils n'avaient absolument jamais envisagé ça ? Dans un sens, c'était logique, lui aussi avait été furieux, dégoûté, peinant à avaler une trahison pareille.

– Si c'était pour des disputes ou pour ce qui s'est passé hier soir, j'aurai mieux fait de rester en France, marmonna-t-il.

Le village était calme, en été, il aurait pu se reposer, lui aussi, oublier certains événements de juin, une bonne fois pour toute. Venir ici pour crier ou se faire engueuler parce que ses frères ne pouvaient pas comprendre certaines choses et parce qu'il avait peur de trop les mêler à cette histoire, c'était fantastique, particulièrement brillant. Il secoua la tête puis repartit dans le couloir, allant terminer ce qu'il préparait pour le mariage du lendemain. Il n'était pas encore prêt à pardonner à ses frères et ignorait si les choses allaient s'arranger pendant ces vingt derniers jours au Japon.
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