Avril 1932. Les soucis mondiaux s'étendent.
 
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 Étouffer un don ?

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MessageSujet: Étouffer un don ?   Étouffer un don ? EmptyLun 15 Fév - 21:55

Dominique retint un très, très, très long bâillement, mettant une main devant sa bouche en baissant la tête sur son bureau pour ne pas se faire chopper. Ce cours était... totalement inintéressant. Encore deux heures avant le déjeuner et Dominique avait rarement eu autant envie de s'enfermer dans un coin à lire pour passer le temps plutôt que d'écouter ce que racontait Dumoulin. Elle ne lui revenait pas, celle-là. C'était typiquement le genre de personnes de la catégorie de leur ex prof de maths. Acariâtre, trop froide, ne souriant jamais, toujours en train de répéter "attention" lorsqu'elle ne se contentait pas de râler ou crier, ne faisant absolument aucune confiance à qui que ce soit et jamais satisfaite, même lorsqu'il y avait des progrès, ne voyant que le mauvais côté et les points négatifs. "Fais au moins l'effort de sourire, au moins, si tu n'es pas jolie", pensa très fort Dominique en la suivant du regard, en écoutant à peine la leçon du jour. Un peu de théorie avant la pratique, le jeune homme était déjà épuisé alors que le cours venait de commencer. Il était de nouveau dans une classe de collégien pour le cours d'élément, car il lui manquait bien trop de bases. Il mordilla son crayon en prenant deux ou trois notes, jetant un regard à Alexis, son voisin de table, qui n'écoutait pas plus, dessinant sur son cahier.

– Tu dessines quoi ? chuchota-t-il. Je peux voir ?

Il jeta un regard très discret, en biais, pour voir la création de son voisin de table. Ce n'était pas achevée mais cela suffisait déjà à éblouir Dominique, qui lui n'avait aucun talent pour ça. Alexis avait commencé à dessiner une pleine page, avec un paysage de campagne, un long chemin, où une fille marchait en tournant la tête pour jeter un regard mélancolique derrière elle. Le collégien était concentré sur les yeux de la fille, dessinant avec un grand soin. Très beau et bien plus intéressant que le cours théorique ennuyeux qu'ils devaient se taper. A quoi bon savoir qui avait fait progresser les techniques de foudre et comment ? A quoi bon savoir le nom des chercheurs ou les expériences menées ? Pour lui, soit on savait utiliser une technique, soit on ne savait pas, point final, pas la peine d'y passer trop de temps et en connaître les origines exactes. Puis cette prof, aussi ! Avec son ton de voix qui ne changeait jamais, sa démarche très raide, son air bien glacial, comme si elle avait envie de tous les liquider, ça ne donnait pas envie de l'écouter. Dominique avait été en cours avec la directrice avant de se faire littéralement éjecté puis placé dans cette classe. Pas le niveau et trop dangereux de le laisser avec les lycéens ! Boarf. C'était méchant, quand même.

Pour s'occuper, tout en gribouillant deux ou trois notes pour faire semblant, il songea à son petit Jason, souriant tout seul en se rappelant son adorable bouille d'ange et son sourire, ce matin, lorsqu'il buvait son biberon. Genji et Fabien étaient vraiment adorables de ne rien dire lorsque le petit pleurait de temps en temps, la nuit. Ce n'était pas le cas de tout le monde, bien des garçons, et aussi des filles, l'insultaient car il gardait son fils avec lui dans sa chambre, qu'il réveillait tout le monde en pleurant et que c'était insupportable, qu'on ne devrait pas l'autoriser à faire ça, qu'il n'avait qu'à dégager du pensionnat s'il voulait s'occuper de Jason, que le bébé n'avait rien à foutre ici. Même certains profs lui faisaient des remarques sur ça ! Lançant que Dominique devrait choisir entre étudier ici ou quitter l'école et travailler, tout en menant sa vie de jeune père,q u'il ne pouvait pas à la fois être élève et garder son enfant. Et bieeen, que tous aillent se faire voir ! Il n'était pas assez monstrueux pour abandonner son propre enfant, même si sa mère n'en voulait pas. Son fils restera avec lui, point barre. La directrice lui avait donné son accord et ses camarades de chambre ne voyaient pas le problème, l'aidant même parfois. Fabien craquait littéralement, demandant régulièrement s'il pouvait donner le biberon à Jason ou jouer avec lui. Genji était encore un peu timide, lui.

Après la théorie affreusement longue à son goût, même si ça n'avait duré qu'une demie-heure, ils allèrent enfin dans la salle d'entraînement. Dominique se frotta un peu les mains pour les réchauffer, se plaçant sur la ligne pour se préparer. Objectif du jour, parvenir à lancer la foudre sur une distance de plus deux mètres, sous la forme d'une lance compacte et solide, afin d'atteindre les rochers qui attendaient sagement. Matérialiser assez de foudre pour en faire une lance, se concentrer pour la rendre bien longue et solide, puis être capable de la projeter assez loin tout en maintenant la cohésion pour frapper les rochers. C'était sans doute le plus difficile, pouvoir maintenir le lancer compact alors qu'il n'était plus entre vos mains. Jetant un regard à Alexis, il le trouva encore moins motivé que toute à l'heure, alors même qu'ils n'étaient plus coincés sur un banc à écouter le cous ennuyeux d'une prof glaciale type La Hyène. Il avait vraiment l'impression que le collégien n'était pas bien du tout, depuis l'année dernière, depuis mai ou juin. Il parlait beaucoup moins, ne souriait plus et s'isolait souvent. Dominique espérait qu'il n'était pas en train de leur faire une bonne dépression des familles, on pouvait tomber dans des idées bien noires, à cet âge, c'était très mauvais. Tout en essayant de r'assembler assez d'énergie pour créer de la foudre en quantité suffisante pour en faire une lance, Dominique couva le jeune garçon du regard, inquiet pour lui.

– Dis, Alex... Je veux pas me mêler de ce qui me regarde pas mais je trouve que t'as pas très bonne mine. T'es plus... distant, depuis la rentrée.

Aborder ce genre de sujet n'était pas très simple, il en était parfaitement conscient, pour autant, il fallait bien parler lorsque ça n'allait pas, au lieu de tout garder pour soit, quitte à s'en rendre malade. Il se tut en voyant la prof s'approcher et passer près d'eux, ses mains grésillant avec beaucoup de force. Autant dire que ça n'avançait pas bien vite, comme il n'était pas concentré spécifiquement là-dessus.

– T'as des soucis avec d'autres élèves ? reprit-il. TU peux le dire, si quelqu'un t'emmerde, j'irai lui casser la figure.

Il lui fit un sourire encourageant, essayant de lui remonter un tantinet le moral.
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MessageSujet: Re: Étouffer un don ?   Étouffer un don ? EmptyDim 13 Mar - 0:17

La prof parlait depuis bientôt dix minutes en continu, tout le monde écrivant et notant ce qu'elle disait avec un grand sérieux, posant parfois quelques questions. Si, dans les autres cours, Alexis faisait un effort pour prendre des notes, écrire les définitions, les dates importantes, les notions clés, etc., mais dans ce cours, celui d'élément, il ne produisait absolument plus rien. Il ne se faisait pas remarquer, il ne parlait pas à ses voisins, restait très calme et sage, mais ne suivait pas plus le cours pour autant. Penché sur sa feuille, crayon à papier en main, il dessinait avec un très grand soin. C'était devenu son seul moyen de se défouler un tantinet, de s'évader une heure ou deux, sans plus penser à ses propres soucis. Il était en train de dessiner sa petite sœur, plus âgée, marchant en toute liberté sur un chemin de campagne, jetant un regard derrière elle. Un regard légèrement mélancolique, dévoilant la crainte d'avancer et devenir adulte, tout en ressentant une certaine joie quant à cette liberté nouvelle qu'elle découvrait. Il voulait la voir ainsi, un jour, libre et heureuse, lancée dans une vie où elle avait le droit d'être fière et détendue. Il se concentrait, présentement, sur les yeux de sa jeune sœur, le regard qu'il lui imaginait lorsqu'elle aura atteint cet âge.

– Tu dessines quoi ? chuchota-t-il. Je peux voir ?

Hum ? Oh, oui, s'il voulait. Alexis remua le coude pour lui laisser jeter un œil, tout en continuant ce qu'il faisait. Il aurait aimé avoir sa boîte de peinture, pour rendre un meilleur effet. Quelque touches de couleurs ici et là, particulièrement sur les yeux. Elle avait de très beaux yeux, sa petite sœur, verts sombre avec une légère pointe marron et doré au centre, scrutateurs, fascinant lorsqu'on s'y plongeait. Il prit plus de soin avec les cils et le contour des yeux, entendant vaguement la prof leur parler d'il ne savait quel grand chercheur qui avait réalisé une super technique de foudre qui avait bouleversé l'avancée des dons ou il ne savait plus quoi. Entendre simplement parler de ce don lui donnait de plus en plus envie de vomir, s'il avait pu s'en amuser ou s'en émerveiller, parfois, il en était dégoûté aujourd'hui. Respirant profondément pour chasser les idées noires, il se concentra ensuite sur les mains, une des parties les plus difficiles du corps humain, en dessin. Sa sœur avait les traits d'une jeune fille de dix-sept ou dix-huit ans, dix ans de plus qu'aujourd'hui.

Il était plongé dans son dessin lorsqu'il réalisa que tout le monde rangeait ses affaires pour aller en salle d'entraînement. Frustré, il rangea ses affaires à son tour dans son sac, suivant la classe dans les couloirs. Les lycéens ne s'entraînaient plus dans cette salle et les pires rumeurs couraient, comme quoi leurs exercices étaient devenus si dangereux qu'on devait absolument les isoler des autres pour ne pas risquer les accidents. Posant son sac dans un coin avec ceux des autres, il inspira profondément en se mettant en place, sentant déjà sa gorge se nouer d'appréhension, à l'idée d'utiliser son pouvoir. C'était devenu presque obsessionnel, le rejet devenait si profond qu'il se refusait à l'utiliser aussi souvent qu'il le faudrait et ayant peur de s'en servir en cours, même sous le contrôle des profs, ou des lycéens qui les aidaient à s'exercer, de temps à autre. Il regarda les autres faire puis ses mains, faisant naître à peine quelques étincelles. Si seulement tout cela pouvait disparaître, dès maintenant, s'il le désirait vraiment, peut-être... Non... Il n'y avait aucun moyen. Baissant les yeux, il faillit louper le regard inquiet que Dominique posait sur lui. Qu'est-ce qu'il y a ? Depuis la rentrée, en cours de foudre, le jeune homme se mettait souvent avec lui pour les exercices, sans qu'Alexis ne comprenne pourquoi.

– Dis, Alex... Je veux pas me mêler de ce qui me regarde pas mais je trouve que t'as pas très bonne mine. T'es plus... distant, depuis la rentrée.

Hein, heu, non, il allait bien, merci. Alexis haussa légèrement les épaules sans répondre, baissant un peu la tête lorsque la prof passa derrière eux. Il n'avait pas de soucis, tout allait bien. Il avait même pu intégrer les programmes de l'armée, en imitant la signature de ses parents, mais pas pour les résultats espérés... Son don était toujours là et Alexis n'avait toujours aucune idée de la façon dont s'en débarrasser. Il désespérait, c'est tout. Les journées s'éternisaient et il n'arrivait plus à seulement imaginer le moindre avenir ou faire des projets. C'était encore plus dur dans ce genre de cours, où on exigeait qu'il se serve d'un pouvoir dont il ne voulait pas. Il n'avait qu'à peine commencé à mobiliser son élément entre ses mains, ayant plus envie de se l'enfoncer dans le cœur que de l'envoyer dans la cible face à lui. Le reste du groupe discutait et riait tout en s'exerçant, apparemment très détendu, les mains grésillantes. Tant mieux pour eux.

– T'as des soucis avec d'autres élèves ? reprit-il. Tu peux le dire, si quelqu'un t'emmerde, j'irai lui casser la figure.

– Non, je n'ai de problèmes avec personne, ne t'en fais pas.

Il avait réussi à sourire un peu, sans que son visage très pâle et cerné ne prenne plus de couleur. Il reporta son attention sur ses mains où couraient des étincelles, laissant Dominique s'entraîner tranquillement de son côté. Ils devaient créer puis lancer des fléchettes sur la cible, à deux ou trois mètres d'eux. Et s'il essayait de les lancer dans son propre cœur, est-ce que cela marcherait ? Il ramena son pouvoir contre lui, dans le creux de ses mains, le regard baissé dessus. Les autres essayaient de lancer leurs fléchettes, avec plus ou moins de succès, s'encourageant les uns les autres. Même Dominique s'y était mis sérieusement. Alexis n'avait toujours pas bougé, tenant son pouvoir comme il tiendrait un bébé, le serrant entre ses mains, contre lui. Le regard perdu dans le vague, il ne cessait de fixer la foudre qui tourbillonnait entre ses paumes, presque hypnotisé. S'il essayait de condenser au maximum le flux puis le relâcher brusquement ? Il serait frappé directement au cœur et pourrait alors y rester. Oui, il pourrait faire ça. Ce ne serait pas dirigé directement contre lui, mais simplement un accident comme il en arrivait tous les jours.

Il y avait sans doute un moyen plus rapide. S'il utilisait de l'eau ? Il ne maniait pas cet élément et donc ne pourra pas contrôler de la foudre menée par l'eau, il sera forcément blessé, voir tué dans la foulée. S'accroupissant, il prit la bouteille qu'il gardait habituellement près de lui pour boire, en cours d'entraînement. L'eau conductrice d’électricité, l'eau et la foudre devenant une combinaison mortelle pour celui qui ne maîtrisait pas l'un des deux éléments. Ouvrant la petite gourde, il renversa de l'eau sur sa main, puis sur l'autre, en mettant aussi sur ses poignets. Il agissait comme un automate, le regard complètement vide, sursautant soudain lorsqu'on lui arracha la bouteille des mains avec un cri. Il leva un regard perdu vers la prof, sans plus suivre ce qui arrivait, ne réagissant même pas lorsqu'elle se mit à lui essuyer les mains, la bouche entrouverte. Que faisait-elle, pourquoi crier ? Il voulait juste partir, tout le monde pouvait le laisser faire sans rien dire. Il partira sans déranger personne, c'était promis. Elle lui colla la bouteille d'eau sous le nez, la secouant comme s'il ne l'avait pas vu.

– Qu'est-ce qui vous prend ?! Vous savez très bien que l'eau conduit l'électricité !

Oui, justement. L'eau conduisait l'électricité, c'est ça qui était bien. Elle le prit par le bras, tandis qu'il cherchait à comprendre en quoi ça pouvait bien la déranger s'il jouait avec de l'eau et de la foudre.

– Monsieur Renoir, pouvez-vous garder un œil sur vos camarades pendant quelques minutes ? Faites une pause, je reviens.

Ils allaient où ? Il lui emboîta le pas sans rien dire, les idées et les pensées embrouillés dans une sorte de coton qui étouffait ses sensations. Il ne réfléchissait plus, ne faisait plus attention à rien, comme s'il était vraiment mort toute à l'heure et que tout cela était un mauvais rêve, une scène irréelle sans plus aucun impact. Il ne sentait même plus rien lorsqu'il marchait, le regard toujours empli de vide. Il ne releva qu'à peine les yeux en arrivant au quatrième étage, passant devant le bureau de la directrice pour s'arrêter devant celui du sous-directeur. Alexis ne dit toujours rien lorsque la prof frappa puis entra avec lui, s'excusant de le déranger. Il n'avait même pas envie de pleurer, ses sensations étaient toutes très étouffées, tout comme ses sens. Plus d'odeur, plus aucune sensation en touchant des objets, la vue brouillée. Il entendait sa prof expliquer ce qui s'était produit sans que cela ne le touche. Sa prof conclut en demandant si elle pouvait le laisser là, comme elle devait retourner avec le reste de la classe.

– Q'est-ce que ça change, si je pars pour de bon ? bredouilla-t-il d'une voix faible. Je ne veux plus de ce pouvoir...
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Kimmitsu Nakajima
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Kimmitsu Nakajima
MessageSujet: Re: Étouffer un don ?   Étouffer un don ? EmptyLun 28 Mar - 12:39

Du travail s'était accumulé, malgré l'aide de l'ancien directeur et le travail de Frédéric. Kimmitsu se plongea dans un compte-rendu de la dernière réunion hebdomadaire, où avait été abordée la question d'un voyage scolaire avant le départ pour les vacances de Noël. Sur le fond, il n'était pas contre, il fallait s'arranger pour que les élèves ne soient pas trop perturbés par les événements en cours et sortent parfois du cadre scolaire. Cependant, à côté de cela, il n'était pas très à l'aise, n'ayant pas oublié dernier voyage, en Auvergne, et surtout le moment où ils avaient trouvé le pensionnat changé, au retour. Il reconnut l'écriture fine et élancée d'Estelle, sur le papier, où elle avait liste les idées évoquées par les professeurs. Classe verte, découverte des volcans, classe de neige, classe de mer, etc. Malgré lui, le sous-directeur ne put s'empêcher aux différents problèmes pouvant arriver avec des destinations. Classe de mer... Hum, il préférait rayer d'office cette idée, les éléments feu allaient en être malades, inutile de les forcer à ça. Tapotant le bout de son crayon sur la table, il réfléchit aux autres idées avancées. Il y avait un moyen de combiner classe de neige avec d'autres activités, comme des randonnées et sciences, découverte de la nature. Etant donné l'époque, ils pourront avoir un prix de groupe avec les classes.

Prenant un petit calendrier qu'il gardait dans un tiroir de son bureau, il jeta un œil aux jours disponibles pour ce genre de voyage, vérifiant si les dates pouvaient correspondre. Écrivant les détails à retenir sur le haut de sa feuille, il inscrivit ensuite les dates possibles et le nombre d'élèves qu'ils pouvaient emmener, après après jeté un regard au guide des stations qu'Estelle avait pris soin de joindre au compte-rendu. Toutes les stations n'acceptaient pas les groupes scolaires, par peur des désagréments pour les autres personnes. C'était ridicule, on ne devenait pas professeur lorsqu'on était incapable de gérer la discipline dans une classe. Il était plongé dans le guide lorsqu'on frappa à la porte de son bureau. Il lança d'entrer, d'une voix un peu distraire, relevant la tête en voyant Céleste, tirant un de ses élèves par le bras. Que se passait-il, cette fois ? Il se retint à très grande-peine d'afficher un air blasé, l'écoutant plutôt. Sa gorge se serra lorsqu'elle lui expliqua ce qui s'était passée dans sa classe, avec le jeune Alexis qui avait tenté de se tuer avec son propre don. Les histoires de ce genre devenaient de plus en plus fréquentes... Elle demanda si elle pouvait le laisser ici, devant retourner en classe, et il hocha la tête. Il était horrible pour certains enfants d'avoir tant perdu foi en la vie qu'ils n'aspiraient qu'à la quitter.

– Q'est-ce que ça change, si je pars pour de bon ? bredouilla-t-il d'une voix faible. Je ne veux plus de ce pouvoir...

– Ce qui change, c'est qu'on ne laisse pas un enfant courir vers sa propre mort sans rien faire. Ni personne d'ailleurs.

Il remercia Céleste et se leva, refermant derrière elle puis poussant le petite à s'asseoir au bureau, prenant une seconde chaise pour s'asseoir à côté de lui, lui jetant un long regard. Il se souvenait, maintenant, c'était le petit que Céleste avait pris chez elle en été, car il avait des tendances à la dépression, depuis la mort brutale de son meilleur ami et le rejet de sa famille. Ce n'était même plus une tendance, d'ailleurs, aujourd'hui, l'été ne l'avait pas du tout aidé à s'apaiser et se reposer. Et ce n'était pas Céleste qui aurait pu lui parler.

– S'il existait un moyen pour t'enlever son don sans que tu en souffres tout le restant de ta vie, nous le ferions, dit-il doucement. Mais aujourd'hui, ce n'est réalisable. Tu dois apprendre à le contrôler pour ne rien risquer, ne pas blesser ton entourage. As-tu déjà réfléchi à ce qui pourrait t'aider à retrouver de la force et un bon moral en attendant de quitter l'école ? Des passions ou quelque chose qui pourrait t'aider ? Tu dois bien avoir des amis sur qui compter, à qui tu pourrais aussi te confier.
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MessageSujet: Re: Étouffer un don ?   Étouffer un don ? EmptySam 23 Avr - 10:48

– Ce qui change, c'est qu'on ne laisse pas un enfant courir vers sa propre mort sans rien faire. Ni personne d'ailleurs.

Pourquoi pas, qu'est-ce que ça pourra bien changer à leur existence ? Il regarda la porte se refermer derrière lui d'un air morne puis suivit le mouvement lorsque le prof le poussa  s'asseoir, s'asseyant ensuite lui-même sur une chaise à côté. Pourquoi voulait-il lui parler et de quoi ? Ce n'était pas utile, il allait perdre son temps alors qu'il avait sûrement du travail à faire, plutôt que de s'occuper de lui comme ça. Alexis ne le regardait pas, se contentant de garder la tête baissée en jouant avec ses mains, les tordant un peu entre elle sans vraiment le voir. Il avait beau y réfléchir, il n'arrivait toujours pas à comprendre pourquoi les adultes de cette école se préoccupaient de ce qu'il fichait ici. Les cours, les notes, les devoirs, ça d'accord, c'était leur travail, mais le reste ? A quoi bon s'en faire ? Il n'avait personne de sa famille ici, s'était peu à peu éloigné de ses amis qui ne le comprenaient plus et en avaient marre de le voir sans cesse morne et triste, il n'avait personne à qui se confier et n'avait de toute façon plus envie de plomber qui que ce soit. Sa famille n'avait même pas réagi à sa dernière lettre, lorsqu'il leur avait demandé si pour eux, cela changeait quelque chose qu'il revienne à la maison ou qu'il reste pensionnaire à Sainte Famille.

– S'il existait un moyen pour t'enlever ton don sans que tu en souffres tout le restant de ta vie, nous le ferions, dit-il doucement. Mais aujourd'hui, ce n'est réalisable. Tu dois apprendre à le contrôler pour ne rien risquer, ne pas blesser ton entourage. As-tu déjà réfléchi à ce qui pourrait t'aider à retrouver de la force et un bon moral en attendant de quitter l'école ? Des passions ou quelque chose qui pourrait t'aider ? Tu dois bien avoir des amis sur qui compter, à qui tu pourrais aussi te confier.

– Non, je suis triste et ils en ont assez, comme ils disent parce « je ne fais rien pour aller mieux ». Ce n'est pas grave de toute façon.

Il avait haussé les épaules, montrant bien à quel point il s'en moquait et surtout se moquait de ce que pouvaient en penser les professeurs. C'était sa vie, il avait le droit de la terminer s'il en avait envie, quelle importance ? Il croisa brièvement le regard de son professeur puis le baissa à nouveau, ne voulant pas lui montrer qu'il avait les larmes aux yeux. Il lutta un instant avant de craquer et pleurer pour de bon, incapable de s'en empêcher, ni même de le dissimuler. Il était désolé, vraiment, désolé. Le sous-directeur ne dit rien, se contentant de lui donner un mouchoir, puis un deuxième. Alexis bredouilla un faible "merci", ayant un peu de mal à respirer à présent. Voilà longtemps qu'il n'avait plus réussi à pleurer, comme si toutes les larmes avaient déserté son corps avant l'été. Il pleura un très long moment avant de réussir enfin à se calmer, la fatigue lui tombant alors dessus brusquement, le laissant assez hébété. Il ne se sentait pas "bien" mais un petit peu mieux, comme si une part du fardeau qu'il portait s'était un peu allégée. Les larmes avaient un certain pouvoir libérateur lorsqu'on s'autorisait à les laisser couler, lorsque c'était trop. Pleurer tous les jours ou toutes les semaines était aussi stupide qu'inefficace, il le savait, en revanche, pleurer lorsque vraiment on était à bout, cela faisait du bien.

– Pourquoi on doit toujours en souffrir si un don part ? murmura-t-il. Qu'est-ce que je dois en faire ? Je n'ai aucun but, rien qui m'indique de quelle façon je pourrai bien l'utiliser, plus tard.
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Kimmitsu Nakajima
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Kimmitsu Nakajima
MessageSujet: Re: Étouffer un don ?   Étouffer un don ? EmptyDim 15 Mai - 20:42

– Non, je suis triste et ils en ont assez, comme ils disent parce « je ne fais rien pour aller mieux ». Ce n'est pas grave de toute façon.

Pas grave ! Bien sûr que si, c'était grave ! Ou ça pouvait le devenir, si les choses ne s'arrangeaient pas rapidement. Kimmitsu ouvrait la bouche pour tâcher de lui expliquer oui, ça pouvait être très grave, qu'ils devaient penser à d'autres solutions pour le tirer de sa déprime, lorsque le jeune garçon fondit en larmes. Le sous-directeur se leva à moitié pour prendre des mouchoirs, en donnant un à Alexis, puis un autre, comme les larmes discrètes s'étaient transformées en déluge. Pleurer faisait parfois du bien, il le savait, mais ce ne sera sans doute pas suffisant dans le cas d'Alexis, il suffisait de le regarder pour comprendre qu'il était véritablement à bout et n'avait plus la volonté de poursuivre. Comment l'aider ? Qu'est-ce qui pourrait le soulager et lui redonner le sourire, au moins un peu ? Son professeur principal leur avait déjà dit qu'il aimait dessiner, ils pouvaient peut-être le pousser à plus s'adonner à cette activité, qu'il évacue les idées noires en se concentrant sur le dessin. Parler à ses amis pour qu'ils comprennent que le collégien traversait une phase plus difficile et avait besoin d'être entouré. Lui parler plus régulièrement, essayer de le faire sortir et le sortir de la morosité. Avait-il des frères ou des sœurs ? Ses parents se moquaient bien de lui, cependant, si un frère ou une sœur pouvait être près de lui un temps, ce sera déjà bien. Au pire, il pouvait quitter le pensionnat quelques jours pour se reposer avec des proches, une tentative de suicide, ce n'était pas rien.

– Pourquoi on doit toujours en souffrir si un don part ? murmura-t-il. Qu'est-ce que je dois en faire ? Je n'ai aucun but, rien qui m'indique de quelle façon je pourrai bien l'utiliser, plus tard.

– Un don est une part de nous, répondit le sous-directeur avec une certaine douceur. C'est pour cela que l'on souffre, physiquement, c'est comme si une personne se coupait elle-même la main. Il est vital que tu apprennes à t'en servir, même si tu ne le fais quasiment plus par la suite, lorsque tu seras adulte. Un don mal maîtrisé peut être dangereux et c'est encore plus vrai pour la foudre.

Il lui tendit un nouveau mouchoir puis se leva pour aller lui remplir un verre d'eau, se rasseyant ensuite en retenant un petit soupir. Il n'était pas psychologue mais professeur, il existait une différence essentielle entre savoir faire preuve de pédagogie et de psychologie face à des élèves pour se faire comprendre et respecter et être capable de comprendre vraiment ce que ressentait un enfant ou un adulte pour soigner les tourments de l'esprit.

– Garde en tête que tu peux venir nous parler, à un professeur ou à moi, si tu en éprouves le besoin. Tu as toute la vie devant toi. Même si tu traverses une passe très dure en ce moment, cela s'arrêtera un jour et tu pourras avancer. On m'a raconté que tu dessinais très bien, tu peux songer à en faire ton métier, en vivre. Ton don peut devenir un détail mineur de ton existence. Garde confiance, bien que ce soit difficile pour le moment, tu pourras t'en sortir.
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