Avril 1932. Les soucis mondiaux s'étendent.
 
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 Agir malgré tout

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MessageSujet: Agir malgré tout   Agir malgré tout EmptyDim 17 Juil - 18:23

C’était le monde entier qui devenait fou, qui sait si une autre guerre n’allait pas véritablement arriver à ce rythme. Eisen se mit un peu mieux à genoux, retroussant ses manches et s’essuyant le front. Il était en congés, depuis la veille, son patron parti avec sa femme en Australie, et en profitait pour venir chez Himako et les aider à monter et arranger de nouveaux meubles, comme les anciens avaient subi un petit incident, avec un élève qui s’était laissé emporter par son enthousiasme en contrôlant mal son pouvoir. Presque tous les meubles et une partie de la maison, en bois, y étaient restés dans l’affaire. Ni Himako ni son mari n’avaient ébruité l’affaire, se contentant de dire que des bougies renversées par accident avaient provoqué l’incendie. Inutile d’en rajouter et d’accroître la peur que généraient déjà ce genre de pouvoirs. Il s’aida de son beau-frère pour remettre une nouvelle porte en place, en bois et renforcée de fer, la logeant avec ses charnières. Voilà déjà une très bonne chose de faite ! Il revint dehors, dans la cour où il avait entreposé tout le matériel, préparant le bois pour refaire la charpente, à pied d’œuvre depuis l’aube.

– Tu nous diras combien on te doit, lança Himako en s’approchant.

– Rien du tout, quand même, dit-il en mesurant, penché contre le bout. Tu es ma sœur.

Himako vint s’asseoir sur le petit muret près de lui, avec un peu de difficulté à se déplacer. Elle approchait du terme de sa grossesse, un nouveau bébé allait bientôt venir agrandir la famille, un bébé que très peu risquaient de voir. Sa sœur en s’était toujours pas réconciliée avec qui que soit, ayant gardé le contact uniquement avec Eisen. Elle refusait de parler au reste de la famille tant qu’il y aura toujours, à la maison familiale, des remarques sur les dons et le fait qu’ils soient « contre-nature », dangereux et que les personnes les maniant ne devaient surtout pas s’en servir. Autrement dit, elle risquait d’attendre longtemps. A part les parents de Genji qui avaient arrêté ce genre de remarques, Munemori qui faisait des efforts et Akinori qui ne disait rien non plus, tout le monde était contre ce genre de pouvoirs, même les enfants, effrayés par ces démonstrations étranges. Himako n’était donc plus revenue depuis des mois et n’avait même plus adressé la parole à qui que ce soit du même sang et nom qu’elle depuis tout autant de temps. Eisen savait que cette situation faisait sacrément grincer des dents Josuke, il ne digérait pas que leur sœur refuse de les voir, tous.

Cela dit, il avait une assez bonne raison d’être encore plus tendu ces derniers temps, avec les nouvelles récentes venues de France. Leur aîné rentrait à peine avec sa femme et quelques jours plus tard, on les appelait pour prévenir que Kimmitsu avait été empoisonné. Puis, comme pour en rajouter une couche, ils apprenaient à la radio que des émeutes avaient fortement secouées la ville de Besançon et que des personnes possédant des dons avaient été violemment frappées. L’inquiétude était à son comble avec tout ce bazar. Leur frère et sa famille devaient revenir pour la fin de l’année, logiquement, s’il ne passait rien de grave avant. Il retint un soupir, tout en poursuivant son travail. C’était comme ça dans tous les pays, de toute manière, il faudrait être aveugle pour ne pas le remarquer. Ça ne datait pas d’hier et peu de chances que ce soit prêt à s’arrêter. Ils parlèrent un peu de tout et de rien, pendant qu’Eisen s’occupait de sa tâche. A midi, il déjeuna avec sa sœur et son beau-frère, dans un pique-nique dehors comme la maison était assez encombrée avec les travaux. Dans l’après-midi, il travailla principalement sur la charpente, couvrant ce qu’il n’avait pas le temps de finir aujourd’hui. L’après-midi allait bien tôt toucher à sa fin lorsqu’il rangea ses affaires.

– Bonne soirée, grande sœur, sourit-il en lui faisant un signe. Repose-toi bien, que notre neveu ou nièce naisse en forme.

– Bonne soirée, prend soin de toi.

Le jeune homme rentra tranquillement chez lui, portant ses affaires sur l’épaule et l’autre sac à la main, saluant ceux qu’il connaissait, dans le village. La vie était très tranquille, dans leur coin de campagne, ils étaient bien sûr au courant des troubles dans leur pays et à l’international, mais cela stoppait là. En arrivant chez lui, il poussa la lourde porte du portail, voyant les enfants jouer dans la cour avec une balle. Filant ranger ses affaires, il se lava avec rapidité, embrassant sa femme et son fils, tous deux installés dans le salon avec mère, à parler et se reposer. Le jeune homme ressortir derrière la maison, sur le perron, s’asseyant au bord et relâchant un immense soupir. Il ne cessait de se demander d’où venait une pareille haine, pourquoi ces pouvoirs attisaient tant la colère. Le regard perdu dans le vague, une expression lointaine sur le visage, il observa le soleil se coucher avec lenteur, sentant le vent léger contre lui. Se secouant finalement, il se frotta un peu les yeux puis rentra, allant dans la cuisine comme c’était son tour de faire le repas du soir. Il était occupé à laver les légumes lorsque leur mère lui demanda si Himako refusait toujours de passer de temps à autre dans cette maison.

– Toujours, oui, répondit-il d’un ton neutre.

Sa mère tourna les talons avec un soupir exaspéré en clamant que cette enfant était décidément très irrespectueuse de sa propre famille. Qu’elle le soit réellement ou non, peu de chance qu’elle change d’avis ou ne craque… Elle n’avait pas développé ce second don pour rien. Mettant de l’eau dans une casserole à bouillir pour le riz, il s’occupa de découper les légumes en dés et de préparer du poisson, sorti sur le plan de travail non loin. Tout en cuisinant, il continua à réfléchir à ces histoires, de plus en plus nombreuses, de personnes agressées verbalement ou physiquement à cause d’un pouvoir qu’elles n’avaient même pas choisi. Que pouvait-on faire pour lutter contre cela ? Il y avait bien la manifestation prévue, pour que ce genre de persécutions soit reconnu et stoppé, mais… Eisen craignait que ça ne tourne très vite mal, étant donné que le Gouvernement était un petit peu sur les nerfs actuellement. Himako avait voulu s’y rendre, cependant, étant donné l’état avancé de sa grossesse, ce n’était pas prudent. S’il y avait des arrestations de masse, ce sera dangereux pour elle et le bébé. Perdu dans ses pensées, il repassa les légumes sous l’eau pour les laver, tournant la tête en entendant Josuke arriver, lui disant bonsoir. Il le lui rendit, demandant comment leur sœur allait.

– Plutôt bien, dit-il en reportant le regard sur ses légumes. Elle devrait accoucher dans le courant de ce mois-ci.

S’essuyant les mains, il mit le riz dans l’eau qui bouillait, continuant ensuite le reste de la préparation, devant faire la pâte. Il s’activa un moment sans rien dire puis ralentit un peu, le regard toujours baissé, un regard assez brûlant. Ce qui était arrivé à son grand frère lui avait donné envie de faire quelque chose pour que toutes ces histoires s’arrêtent, quelque chose, n’importe quoi.

– Une manifestation est bientôt prévue à Tokyo, pour pointer du doigt les persécutions contre les pouvoirs et les faire reconnaître par le gouvernement. Ce sera sans doute un peu tendu, des gens ont déjà été arrêtés après ça. Himako voulait y aller mais on a réussi à la convaincre de ne pas partir, elle risque d’y perdre son bébé. Moi, par contre, j’ai l’intention de m’y rendre. Je serai parti quelques jours.

Il releva la tête pour regarder son frère dans les yeux, gardant un air plus impassible que de coutume. Autant le mettre au courant dès aujourd’hui plutôt que de le placer devant le fait accompli le jour même du départ.

– Ma femme est contre, bien sûr. Ce n’est pas une cause valable à ses yeux. Est-ce que tu voudras bien veiller à ce qu’elle ne s’angoisse pas trop quand je serai parti ?
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Josuke Nakajima
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Josuke Nakajima
MessageSujet: Re: Agir malgré tout   Agir malgré tout EmptySam 20 Aoû - 22:32

Josuke travaillait plus que de coutume aujourd’hui, cherchant la moindre tâche à accomplir pour s’occuper l’esprit jusqu’au prochain coup de téléphone de Solène. Il lui avait demandé de le tenir au courant, s’il y avait du nouveau pour Kimmitsu, dès qu’elle l’avait prévenu de son empoisonnement. Empoisonné alors qu’ils venaient tout juste de rentrer ! Avec tout ce qu’il avait subi en l’espace de quelques mois, tout ce qui se passait au Pensionnat et qu’il évitait soigneusement de leur dire, Josuke commençait à craindre l’évolution de la situation. Son frère et sa femme rentreraient-ils pour les vacances, comme prévu ? En dehors de la perspective de les revoir, il espérait surtout les voir loin de la France et entiers, en bonne santé et en un seul morceau. Il avait peur pour Genji, aussi… Pourtant, Josuke refusait de lui imposer sa décision, sachant que son fils avait besoin de cet entraînement, de cette autre culture, d’un enseignement digne de ce don. Il ne voulait pas courir le risque de voir se développer, chez lui, les mêmes problèmes que chez Eisen. Ils avaient fait l’erreur avec lui, Himako et Kimmitsu – même si eux deux étaient partis lorsque leur père était encore là – et il était hors de question qu’ils la reproduisent avec Genji ou les autres enfants.

Et puis, il y avait cette histoire de don improbable… Josuke ne cessait d’y penser depuis que son frère lui en avait parlé, essayant de se remémorer le passé, de reconstituer le tableau, un élément qu’ils auraient oublié ou mal interprété. Une infime partie de lui-même essayait de se convaincre du contraire, de se dire que Kimmitsu avait tort, que ses informations étaient erronées. Mais c’était impossible… La majeure partie de son être lui hurlait que son frère avait raison, que ce qu’il lui avait dit était correct d’après toutes les preuves dont ils disposaient. Et puis, il enseignait au Pensionnat, une école destinée aux adolescents possédant un don ! Comment pourrait-il se tromper ? Pourquoi dirait-il une chose pareille au père de son neveu ? Tant de question se bousculaient dans sa tête, questions auxquelles il n’avait pas pu trouver de réponse le soir de sa discussion avec Kimmitsu à cause de l’agression de Solène. Et puis, après, autant dire qu’il y avait plus inquiétant avec l’état mental de sa belle-sœur, son frère n’avait pas la tête à cela…

Et, maintenant, il était à l’hôpital pour empoisonnement. Savoir cela et devoir rester au Japon, à des centaines de kilomètres de Kimmitsu, le rendait malade intérieurement même s’il restait impassible. Il s’était absenté plusieurs jours pour aller voir son fils, ce que leur famille avait pu comprendre, mais la même réaction pour « celui qui a provoqué la mort de leur père » ne passerait pas. Et il ne pouvait aller en France toutes les semaines… La vie continuait ici, inlassablement, comme si rien ne changeait, comme si cette famille était coupée du reste du monde. Mais le monde bougeait, il y avait des émeutes, des manifestations, des protestations de plus en plus puissantes en lien avec les dons que leur famille haïssait tant. Au bout d’un moment, elle ne pourrait plus fermer les yeux, devrait les ouvrir en grand et accepter ce qui se passait, accepter les porteurs de dons qui n’avaient pas choisi d’en posséder et apprenaient à vivre avec pour ne blesser personne. Josuke l’avait compris, certains de leur famille l’avaient compris. Hélas, ils étaient trop peu nombreux pour faire la différence…

Emiko – Eisen est rentré, dit-elle en lui prenant doucement la main.

Josuke tourna la tête vers sa femme, la remerciant de l’avoir prévenu. Observant le paysage depuis sa place habituelle lorsqu’il voulait réfléchir, il serra Emiko contre lui un moment sans rien dire, heureux d’être avec elle, d’avoir eu de la chance et de la voir en bonne santé. Elle avait très bien agi en France, n’avait pas montré de signe de peur, avait tout encaissé sans ciller et avait pu réconforter Genji qui en avait bien besoin. Cela lui avait, aussi, donné l’occasion de comprendre pourquoi il avait changé de point de vue vis-à-vis des dons, pourquoi il était devenu nettement plus tolérant et compréhensif. Si certaines choses lui échappaient parce que lui-même n’en possédait pas, il tâchait de rester ouvert et de ne pas fermer son esprit. S’écartant un peu de sa femme, il lui reprit la main doucement, se contentant de regarder le paysage sans prononcer un seul mot, toujours perdu dans ses pensées. Elle savait qu’il était soucieux, plus inquiet que jamais à cause des récents événements, et ces moments simples le détendaient quelque peu. Mais cela ne pouvait pas durer éternellement…

Josuke – Rentrons. J’aimerais savoir comment va Himako.

Rentrant ensemble dans la maison, Emiko retourna surveiller les enfants qui jouaient dehors pour ne pas respecter l’intimité dont Josuke avait besoin avec Eisen. Il voulait seulement entendre de bonnes nouvelles, espérant que tout allait bien, qu’un nouveau malheur n’était pas arrivé. D’un coup, il comprenait beaucoup mieux le comportement de Kimmitsu : vivre dans un environnement tel que le sien, en France, vous rendait nerveux et pessimiste sur les jours prochains. Inspirant une bonne fois pour se détendre et évacuer toute la pression accumulée en l’espace de quelques heures, Josuke chercha Eisen dans les différentes pièces de la maison avant de se rappeler que c’était à son tour de préparer le repas, ce soir. Il devait donc être dans la cuisine. S’y dirigeant, le chef de famille l’y trouva effectivement, occupé à laver les légumes sous le robinet, apparemment perdu dans ses pensées. Préférant se montrer maintenant avant qu’il n’ait un couteau entre les mains, Josuke le salua et lui demanda comment allait leur sœur dès qu’il eut tourné la tête vers lui.

Eisen – Plutôt bien, dit-il en reportant le regard sur ses légumes. Elle devrait accoucher dans le courant de ce mois-ci.

Très bien. Au moins une bonne nouvelle et quelque chose qui allait bien. Il hocha la tête, pas convaincu, cependant, qu’Eisen l’ait vu faire étant donné qu’il était absorbé par ce qu’il faisait. Se taisant durant un moment, il l’observa attentivement, fronçant les sourcils en le voyant ralentir ses gestes au fur et à mesure de l’avancement du repas. Qu’avait-il ? Quelque chose n’allait pas ? Il était préoccupé ? Peut-être cela avait-il un lien avec Kimmitsu, Eisen faisait partie des rares à s’inquiéter sincèrement pour lui… Sur le point de lui demander ce qui n’allait pas, Josuke se rapprocha doucement de son frère, cherchant les mots pour ne pas être maladroit. Mais Eisen le devança, rompant le silence sans lever la tête.

Eisen – Une manifestation est bientôt prévue à Tokyo, pour pointer du doigt les persécutions contre les pouvoirs et les faire reconnaître par le gouvernement. Ce sera sans doute un peu tendu, des gens ont déjà été arrêtés après ça. Himako voulait y aller mais on a réussi à la convaincre de ne pas partir, elle risque d’y perdre son bébé. Moi, par contre, j’ai l’intention de m’y rendre. Je serai parti quelques jours.

… Pardon ? Il voulait participer à la manifestation ? Mais c’était dangereux ! Il risquait d’avoir d’être ennuis, d’être blessé, ou pire ! Parmi ceux qui se rendaient à cette manifestation, nombreux étaient les possesseurs de dons. Et s’il y avait un accident à cause de l’événement, s’il y avait un trop plein d’émotions qui déclenchait un incident important ? Non, non, non, il ne pouvait pas y aller, y participer. Et Himako comptait y participer également avant qu’ils ne parviennent à la convaincre, son frère et son mari… Josuke croyait être dans un cauchemar, voilà la mauvaise nouvelle qu’il attendait, celle qu’il craignait. Eisen avait-il vraiment conscience de ce que signifiait « manifester », surtout ici ? Dans un contexte tel que celui-ci ? Son frère avait relevé la tête, le regardant dans les yeux en affichant un air impassible. Comment pouvait-il être impassible en lui annonçant cette nouvelle ? Josuke avait comme l’horrible impression que, quoi qu’il dise, l’intention d’Eisen restera inchangée… Il était partagé. Partagé entre l’inquiétude, l’envie de dire que c’était de la folie, qu’il devrait renoncer, et partagé entre son rôle de grand frère qui devait soutenir son petit frère, le laisser faire des erreurs et apprendre.

Eisen – Ma femme est contre, bien sûr. Ce n’est pas une cause valable à ses yeux. Est-ce que tu voudras bien veiller à ce qu’elle ne s’angoisse pas trop quand je serai parti ?

Josuke poussa un long soupir, se pinçant ensuite l’arête du nez tout en fermant les yeux. Que devait-il répondre ? Eisen savait pertinemment bien qu’il était impossible de rassurer sa femme, elle s’angoisserait, lui aussi, comme tous ceux de leur famille. S’il en avait parlé, tout le monde serait très vite au courant… Josuke allait devoir gérer les discussions, calmer les réactions et l’étonnement étant donné qu’Eisen dissimulait ce qu’il pensait à propos des dons depuis toujours. Cette nouvelle allait provoquer un choc et ébranler bon nombre de personnes au sein de leur famille. Le vieil homme rouvrit les yeux, posant un regard grave sur son frère, bras croisés.

Josuke – Tu sais très bien que je ne peux pas faire cela… Quoi que je dise, elle va s’angoisser, et comment pourrions-nous le lui reprocher ? Tu comptes participer à une manifestation, Eisen. Toi qui caches tout ce que tu ressens à l’égard des dons, de la situation, des pensées de notre famille depuis des années ! Tu imagines le choc que cela va faire ?

Josuke resta droit, l’air grave. Il ne quittait pas son frère des yeux, souhaitant au moins lui faire prendre conscience de la décision qu’il prenait. Pourquoi décidait-il d’agir maintenant ? Pourquoi si soudainement, pourquoi ce revirement après tant d’années ? Était-ce à cause de ce qu’ils lui avaient dit, Munemori et lui, en revenant de France ? Était-ce à cause d’une discussion avec Himako ? Kimmitsu ? Son professeur, qui l’aidait pour son élément ? Que s’était-il passé durant son absence ? Qu’est-ce qu’Eisen avait derrière la tête ?

Josuke – Eisen…, dit-il après un moment. Est-ce que tu as bien les conséquences en tête, est-ce que tu sais ce que tu fais ? Si jamais tu te fais arrêter dans cette manifestation, que comptes-tu faire ensuite ? S’ils t’arrêtent plus longtemps que prévu, car tu connais notre gouvernement, que diras-tu à ton fils qui devra grandir sans son père ?

Il voulait qu’Eisen soit conscient de tout, d’absolument tout ce que cela engendrait. Josuke n’était pas contre cette manifestation, certainement pas, il la comprenait d’autant mieux depuis ses récents voyages vers la France, la discussion avec le Père Vilette et le comportement de Genji. Mais Eisen… Que comptait-il faire après la manifestation ? Il voulait partir ? Voulait-il que Josuke, en tant que grand frère et chef de famille, intervienne, fasse quelque chose ? S’il voulait vraiment participer à cette manifestation, s’il avait longuement réfléchi à ce qu’il allait faire, alors il aurait son soutien. Mais Eisen devait réfléchir, faire attention aux conséquences. Josuke décroisa les bras, jetant un œil par la porte pour être sûr que personne ne les écoutait – surtout les enfants qui ne devaient pas entendre les discussions des adultes. Sûr d’être seul avec son frère, il se retourna vers lui, ayant encore une question avant de le laisser répondre.

Josuke – Si tu es sûr de toi, si tu as une réponse à chacune de ces questions, si tu tiens absolument à y assister, je serai derrière toi comme le grand frère doit l’être. Mais puis-je savoir quelle est ta motivation, pourquoi veux-tu faire cela maintenant ?
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MessageSujet: Re: Agir malgré tout   Agir malgré tout EmptyDim 21 Aoû - 17:55

Agir malgré tout 1413420_210x300x50x2

Akane Nakajima, neuf ans, sœur jumelle de Rina.

Eisen – Une manifestation est bientôt prévue à Tokyo, pour pointer du doigt les persécutions contre les pouvoirs et les faire reconnaître par le gouvernement. Ce sera sans doute un peu tendu, des gens ont déjà été arrêtés après ça. Himako voulait y aller mais on a réussi à la convaincre de ne pas partir, elle risque d’y perdre son bébé. Moi, par contre, j’ai l’intention de m’y rendre. Je serai parti quelques jours.

Pourquoi ce sera dangereux, comme manifestation ? Ils n'allaient pas juste marcher dans la rue en criant et en brandissant des pancartes ? C'était comme ça que ça s'était passé pour empêcher la fermeture d'un site historique, l'année dernière, pas loin de chez eux, et ce n'était pas dangereux. La fillette brune ne bougea pas, un peu angoissée tout à coup, blottie contre le mur dans le couloir, près de la porte ouverte de la cuisine, écoutant sans se faire avoir. Elle avait d'abord voulu aller retrouver papa pour lui demander pourquoi leur tante ne voulait pas venir à l'anniversaire de maman, le mois prochain, puis avait entendu cette histoire... Jetant très vite un œil par la porte, elle recula aussitôt pour ne pas être vue, les mains serrées contre elle, jouant avec le petit pendentif qu'elle portait autour du cou. Depuis quelques temps, son père était très bizarre, Eisen aussi, il y avait une ambiance particulière à la maison. Les adultes discutaient en chuchotant entre eux et mettaient les enfants dehors, ils parlaient parfois de la France, tata Himako ne voulait même plus remettre les pieds à la maison... Rina aussi s'inquiétait et elles n'arrivaient pas à en parler avec leurs parents, ils considéraient qu'elles étaient trop petites pour comprendre. Elles ne pouvaient même plus en parler avec leur grand frère parce qu'il était loin et écrivait moins souvent... Akane n'avait pas encore compris ni accepté qu'on ait jeté comme ça leur frère loin de la maison, en voulant à leurs parents de l'avoir mis dehors alors qu'il n'avait rien fait de mal ! Comme tonton, tata qui ne revenait plus, maintenant c'était leur frère qui avait été abandonné.

Eisen – Ma femme est contre, bien sûr. Ce n’est pas une cause valable à ses yeux. Est-ce que tu voudras bien veiller à ce qu’elle ne s’angoisse pas trop quand je serai parti ?

Père – Tu sais très bien que je ne peux pas faire cela… Quoi que je dise, elle va s’angoisser, et comment pourrions-nous le lui reprocher ? Tu comptes participer à une manifestation, Eisen. Toi qui caches tout ce que tu ressens à l’égard des dons, de la situation, des pensées de notre famille depuis des années ! Tu imagines le choc que cela va faire ?

La fillette s'agenouilla lentement à terre, dissimulée dans l'ombre dans un recoin. Tonton aussi avait un don, par contre, c'est vrai qu'il n'en parlait jamais... En fait, personne n'en parlait jamais et Akane comprenait pourquoi si ceux qui en avaient un devaient partir à un moment où un autre d'ici pour aller dans le village comme Himako ou carrément dans un autre pays, comme leur oncle. Genji était parti ! Elles avaient su comme ça qu'on le chassait d'ici, du jour au lendemain, il avait quitté le pays pour partir avec tonton en France et n'était plus jamais revenu depuis ! Les mois passaient, ils étaient déjà en novembre et rien ne prouvait qu'elles le reverront avec longtemps. Il écrivait moins et ses lettres étaient courtes, même Rina l'avait fait remarquer alors qu'elle était toute douce, plus que sa jumelle. Ni maman ni papa n'avaient fait de commentaires. Si ça se trouve, ils ne l'aimaient plus... Peut-être que papa ne l'aimait plus du tout, comme ils se disputaient souvent depuis deux ans. Entourant ses bras de ses jambes, elle posa son front contre ses genoux, la gorge serrée, au bord des larmes. C'était pour son pouvoir alors que Genji était quand même gentil... Et il était parti. Il lui manquait. C'était son frère !

Père – Eisen…, dit-il après un moment. Est-ce que tu as bien les conséquences en tête, est-ce que tu sais ce que tu fais ? Si jamais tu te fais arrêter dans cette manifestation, que comptes-tu faire ensuite ? S’ils t’arrêtent plus longtemps que prévu, car tu connais notre gouvernement, que diras-tu à ton fils qui devra grandir sans son père ?

Il ne sera pas le seul qui n'aura pas le droit d'avoir un père... Akane se renfonça encore plus contre le mur lorsque son père s'interrompit et vint jeter un œil dans le couloir, retenant son souffle pour ne se faire repérer, soulagée lorsqu'il rentra à nouveau dans la cuisine. Elle posa sa tête contre la cloison, les yeux fermés, une petit larme roulant sur sa joue et tombant au sol, puis une autre. Elle ne comprenait pas... Pourquoi il y avait ce genre de problèmes, pourquoi ces pouvoirs existaient et pourquoi ils étaient détestés, pourquoi on devait partir loin d'ici en possédant un, pourquoi les adultes étaient tous si inquiets en ce moment, pourquoi ils avaient pu entendre leurs parents chuchoter sur les "soucis" et le "danger" en France, alors qu'on n'expliquait rien aux enfants. Même maman n'avait pas voulu leur raconter en détails comment leur grand frère vivait en France, se contentant de dire qu'il allait dans une école pour apprendre à manier son pouvoir. Pas plus de nouvelles que cela, rien du tout. Les jumelles n'avaient tout simplement plus le droit de savoir ce que pouvait vivre leur frère. Serrant les lèvres pour ne pas faire de bruit, elle posa sa main contre la cloison, silencieuse. La cloison était humide, aussi bizarrement, comme s'il y avait une fuit quelque part. Akane leva le nez, ne voyant pas de tâches d'eau ailleurs. Elle aussi était trempée, ses mains, le haut de ses vêtements, une petite flaque s'était formée autour d'elle. Tremblante, elle leva les mains, écarquillant les yeux en voyant de l'eau en sortir toute seule.

Père – Si tu es sûr de toi, si tu as une réponse à chacune de ces questions, si tu tiens absolument à y assister, je serai derrière toi comme le grand frère doit l’être. Mais puis-je savoir quelle est ta motivation, pourquoi veux-tu faire cela maintenant ?

Un bref cri de terreur échappa à la fillette qui bondit aussitôt et courut dans le couloir, aussi vite que ses petites jambes le lui permettaient, filant le plus loin possible. La panique la dévorait toute entière alors qu'elle sentait l'eau couler  nouveau entre ses doigts, terrifiée d'avoir ça, terrifiée d'avoir un pouvoir elle aussi, ça voulait dire qu'elle en pourra pas rester chez elle, qu'elle allait chassée d'ici, comme son grand frère ! Elle s'arrêta ne arrivant derrière la maison, ouvrant la porte puis se faufilant à l'extérieur, dans le soir tombé, courant pieds nus dans le jardin. Elle se cacha derrière la cabane au fond de la cour, serrant ses bras autour de ses jambes en se balançant légèrement d'avant en arrière. Elle ne voulait pas, elle avait peur, ça ne pouvait pas se passer comme ça, ce n'était pas possible ! Pleurant de plus belle, elle sursauta en entendant sa maman crier son prénom et se leva, reculant encore jusqu'au mur de pierre. Elle leva les mains devant elle en criant à maman de ne pas approcher lorsqu'elle courut dans le jardin, ajoutant très vite qu'elle n'avait pas voulu ça.

Akane – Je ne veux pas que vous me détestiez comme Genji ! s'écria-t-elle en secouant la tête. Je ne voulais pas...

Elle retomba presque aussitôt par terre, contre le mur, en pleurant. Une petite flaque commençait à se former autour d'elle, ses vêtements étaient complètement trempés et elle frissonna une première fois, glacée tout à coup.

Akane – Je veux mon frère, murmura-t-elle.
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Josuke Nakajima
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Josuke Nakajima
MessageSujet: Re: Agir malgré tout   Agir malgré tout EmptyDim 21 Aoû - 22:28

Josuke eut à peine terminé sa phrase qu’un cri terrorisé se fit entendre, assez proche d’eux, suivi de pas précipités qui s’éloignaient. L’image de Solène attaquée surgissant dans son esprit fit détaler le chef de famille qui courut immédiatement en direction des bruits de pas avant de voir une petite silhouette s’enfuir. Akane. Josuke la perdit, cependant, assez rapidement de vue, ignorant où elle allait et pourquoi elle courait. Avait-elle entendu quelque chose ? Si oui, quoi ? Pourquoi s’était-elle enfuie en courant ? Depuis quand les écoutait-elle, si elle les écoutait ? Que s’était-il passé, enfin ?! Retrouvant sa femme qui courait en direction de l’extérieur, elle appelait sa fille lorsque son mari la retrouva. Pourquoi avoir fui ? Peu importe, il fallait la retrouver avant qu’il ne lui arrive quelque chose. Prenant une direction, Josuke dit à Emiko d’en prendre une autre, que leur fille ne pouvait pas avoir fait de grande distance grâce à sa petite taille. Ils se séparèrent donc, lui-même fouillant les alentours de la maison comme il était plus grand et pouvait courir plus vite – au cas où Akane était à l’extérieur –, sa femme retournant toutes les cachettes possibles pour une petite fille terrorisée.

Emiko – Akane !

Josuke entendit le cri de loin, étant lui-même à l’extrême opposé de sa femme. Il la rejoignit en quelques secondes et vit Akane dans un coin, contre le mur, en pleurs. Elle était complètement terrorisée, prononçait des paroles inintelligibles et semblait éprouver d’immenses difficultés à se calmer. Il ne l’avait jamais vue en proie à une telle terreur, elle se cachait d’eux, reculant contre le mur de plus en plus à chaque fois qu’ils avançaient un peu pour la prendre dans leurs bras et la réconforter. Que s’était-il passé ?! Elle était blessée ? Elle était tombée ou avait vu quelque chose d’horrible ? Ses vêtements étaient trempés, ses yeux étaient rouges et elle respirait par à-coups. Josuke échangea un regard inquiet avec Emiko, se demandant ce qu’ils pouvaient faire sans savoir ce qui avait déclenché une telle terreur chez leur fille.

Akane – Je ne veux pas que vous me détestiez comme Genji ! s'écria-t-elle en secouant la tête. Je ne voulais pas...

… Pardon ? La détester comme Genji ? Que voulait-elle dire par… C’est alors que le chef de famille comprit. Autour d’Akane, une petite flaque se formait, au départ de ses mains, ce qui avait mouillé ses vêtements à ce point. Elle avait un don… Elle maniait l’eau… Sa fille avait un don, comme Genji… Mais c’était impossible ! Un enfant, peut-être que cela était dû à un saut de génération ou une histoire de ce genre, mais deux… C’était… Josuke fut pris d’un léger étourdissement, voyant un peu trouble d’un coup, mais s’obligea à se reprendre en serrant la main de sa femme. Il lui fit signe que tout allait bien, lui lançant un regard, cherchant les mots à dire pour rassurer sa fille. Elle croyait qu’ils détestaient Genji, qu’ils l’avaient envoyé en France pour ne plus le voir…

Akane – Je veux mon frère, murmura-t-elle.

Josuke – Tu vas le voir… Il revient pour les vacances, Akane. Ma chérie, tu ne…

Josuke avait commencé à s’approcher avec l’intention de la prendre dans ses bras pour la réconforter mais s’interrompit, préférant y aller très doucement et progressivement. Elle était bouleversée, terrorisée et déstabilisée, il devait d’abord la rassurer et lui montrer qu’ils ne la détesteraient pas. Ils ne s’étaient pas débarrassés de Genji ! S’ils l’avaient envoyé en France avec son oncle, c’était pour son bien, parce qu’il avait besoin d’une formation et qu’il ne s’en sortait plus ici. « Pour son bien »… Cette pensée semblait incroyablement grotesque, aujourd’hui, en connaissant ce qu’était la France. Josuke se faisait violence pour ne pas ordonner le retour de Genji au Japon. S’il le laissait là-bas, c’était uniquement pour son fils, pour respecter sa volonté et ses choix de vie. Tant qu’il ne demandait pas pour rentrer, tant qu’il n’allait pas mieux, son père ne l’obligerait pas à revenir. Et il devait le faire comprendre à Akane. Genji avait sa place à la maison, il faisait partie de la famille. Josuke se mit à genoux devant sa fille, ne la quittant pas des yeux tandis que sa femme restait légèrement en arrière, ne maîtrisant pas assez le sujet. Elle restait tout près, au cas où. Hors de question que leur fille ne s’échappe, pas dans cet état.

Josuke – Nous ne détestons pas Genji, comme nous ne te détestons pas non plus. Genji est en France avec son oncle parce que, là-bas, il y a une très bonne école pour l’aider à utiliser son don. Ce n’est pas quelque chose de mauvais, Akane, tu comprends ? Cela fait partie de ton frère, comme cela fait partie de toi aussi. Genji avait besoin d’air, besoin d’apprendre…

Josuke fit une brève pause, ayant du mal à ne pas s’inquiéter pour son fils tandis qu’il parlait. Il devait rassurer Akane, lui faire comprendre qu’ils ne la rejetteraient pas, qu’ils lui permettraient de rester et qu’ils l’aideraient comme ils le pouvaient. Elle ne devait pas renier ce don mais vivre avec et l’accepter. Ce manque de connaissance avait failli coûter la vie à Eisen, Josuke refusait qu’une telle chose se produise avec sa fille. Maintenant, il savait et comprenait mieux. Sans doute pas aussi bien qu’une personne possédant un don, mais il comprenait et tâchait de garder l’esprit ouvert.

Josuke – Si tu veux rester avec nous, nous ne t’enverrons pas en France ou loin de chez nous. C’est le don de Genji qui le poussait à partir de la maison et à s’éloigner de nos habitudes. Lorsque l’on possède un don, comme toi maintenant, il… t’influence, te fait penser certaines choses et te donne envie de faire d’autres choses. Ce n’est pas mauvais, Akane, tu n’as pas à avoir peur, nous t’aiderons, tes oncles aussi, tu peux nous en parler. Quand Kimmitsu viendra, tu pourras lui poser toutes les questions que tu souhaites.

Il s’interrompit pour guetter les réactions de sa fille, la voyant trembler tant elle était frigorifiée même si elle cherchait, visiblement, à se mettre à l’abri le plus loin possible d’eux. Elle avait froid, était trempée et risquait de tomber gravement malade s’ils ne la faisaient pas rentrer… Son don n’était pas dangereux, la petite Laura manipulait l’eau et n’avait fait de mal à personne d’après ce qu’il avait pu constater, mais Akane l’ignorait et semblait terrorisée à l’idée de les blesser. Il fallait la convaincre de ne pas avoir peur, lui montrer qu’elle n’allait pas leur faire de mal. Mais comment… ? Le plus urgent était de rentrer pour qu’elle puisse se réchauffer. Après, ils pourraient discuter avec elle, la rassurer, répondre à toutes les questions qu’elle avait – dans la mesure du possible et dans la limite de ses connaissances. Josuke tendit doucement une main vers sa fille, voyant du coin de l’œil Emiko se préparer à réagir si elle fuyait, l’appelant d’un ton rassurant.

Josuke – Il faut que nous rentrions… Tu es mouillée, tu risques de tomber très malade. Je te promets que tu ne me feras aucun mal et que dès que l’on sera rentrés, je répondrai à toutes tes questions. Je sais que tu as peur de nous blesser mais je t’assure que tu ne nous feras rien. Et tu sais comment je le sais ? Parce que tu es une petite fille qui a encore besoin de grandir. Ton don vient de se développer, ton tout petit corps ne peut pas faire jaillir assez d’eau pour nous blesser. Est-ce que tu veux bien nous suivre, rentrer te mettre au chaud et boire ta boisson chaude préférée ?
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MessageSujet: Re: Agir malgré tout   Agir malgré tout EmptySam 27 Aoû - 22:46

Agir malgré tout 120612_AshidaMana_BeautifulRain01

Akane Nakajima, neuf ans, sœur jumelle de Rina.

Josuke – Tu vas le voir… Il revient pour les vacances, Akane. Ma chérie, tu ne…

Devais partir ? La fillette renifla, agenouillée au sol, entourant ses genoux de ses bras, en position fœtale. Elle se balançait légèrement d'avant en arrière, un réflexe pris toute petite pour se réconforter après un cauchemar, avec Rina, lorsqu'elles essayaient de ne pas réveiller leurs parents en pleurant dans leur lit. Elle gémit un peu, continuant ce petit mouvement automatique en levant juste un regard mouillé vers papa lorsqu'il s'agenouilla à côté d'elle. Pieds nus, blottie contre le mur glacial, elle tremblait littéralement de froid, autant de que de peur. Impossible de comprendre comment ce don avait bien pu se déclencher, pourquoi chez elle, pourquoi maintenant, pourquoi l'eau, pourquoi... Les autres enfants à l'école allaient la rejeter s'ils apprenaient ça ! Et Rina ? Est-ce qu'elles allaient rester proches quand même ? Grand-mère n'acceptera peut-être même plus de la considérer comme sa petite-fille... C'était dangereux, elle ne devait pas le dire, en plus, si elle blessait quelqu'un ? Si, c'était possible, il y avait toujours plein d'histoires de ce genre ! Des personnes qui étaient coupées, brûlées, électrocutées... ça arrivait tout le temps. Si elle blessait Rina, ses parents, son frère ou une tante, un oncle, sa grand-mère ? Pourquoi ce don était apparu comme ça chez elle ? Elle devait le garder, maintenant ? Combien de temps ? Il allait grandir ? Comment on l'arrêtait ? L'eau ruisselait toujours, de tout son corps, la glaçant encore plus.

Josuke – Nous ne détestons pas Genji, comme nous ne te détestons pas non plus. Genji est en France avec son oncle parce que, là-bas, il y a une très bonne école pour l’aider à utiliser son don. Ce n’est pas quelque chose de mauvais, Akane, tu comprends ? Cela fait partie de ton frère, comme cela fait partie de toi aussi. Genji avait besoin d’air, besoin d’apprendre…

Mais elle ne voulait pas qu'il fasse parti d'elle ! Elle n'en avait pas envie ! Elle ne voulait pas être comme ceux que le pays dénigrait tout le temps à cause de ça, elle ne voulait pas qu'on ait peur d'elle ! Non, non, elle ne voulait pas, elle n'en voulait pas... Il devait partir, disparaître, la quitter, la laisser tranquille ! Elle avait peur, était littéralement terrorisée en voyant cette eau jaillir comme ça de son corps, ça ne s'arrêtait pas, ça continuait, elle était trempée, elle n'arrivait pas à reprendre son souffle correctement. Et plus elle sentait l'eau sur elle, plus elle paniquait et sentait la terreur l'envahir. Comment on arrêtait ça ? Redressant la tête, la fillette pleura de plus belle, gémissant entre ses dents qu'elle voulait son frère, car lui pourrait lui dire comment arrêter l'eau. Elle releva un peu ses mains en tremblant sous ses yeux, la gorge de plus en plus serrée. Comment on faisait ? Cette question tournait en boucle dans son esprit, elle n'arrivait pas à se concentrer sur autre chose.

Josuke – Si tu veux rester avec nous, nous ne t’enverrons pas en France ou loin de chez nous. C’est le don de Genji qui le poussait à partir de la maison et à s’éloigner de nos habitudes. Lorsque l’on possède un don, comme toi maintenant, il… t’influence, te fait penser certaines choses et te donne envie de faire d’autres choses. Ce n’est pas mauvais, Akane, tu n’as pas à avoir peur, nous t’aiderons, tes oncles aussi, tu peux nous en parler. Quand Kimmitsu viendra, tu pourras lui poser toutes les questions que tu souhaites.

Un don, ça vous influençait ? Genji était parti à cause de ça ?! Mais, mais... Ses lèvres tremblèrent alors qu'elle écarquillait les yeux en fixant ses mains, encore plus terrifiée maintenant qu'elle avait entendu ça. Elle tourna la tête vers ses parents, blêmissant à vu d'oeil, retenant ensuite un éternuement prononcé. Elle avait perdu son frère à cause d'un don ? Il était parti loin à cause de ça ? Et tonton ? C'était la même chose ? Il était parti loin à cause de son pouvoir ? Et tante Himako ? Et oncle Eisen qui était plus souvent absent depuis quelques temps ? Elle ne... voulait pas... C'était comme si elle venait d'hériter d'un seul coup d'une chose qui ne fera que lui détruire sa vie, alors qu'elle n'avait même pas dix ans. Et l'eau qui ne s'arrêtait pas ! Elle coulait toujours avec lenteur entre ses doigts, tombant au sol, ruisselant dans ses vêtements, formant une flaque où elle pataugeait pieds nus. Elle regarda la main que papa lui tendit puis les siennes, serrant les poings et les ramenant contre elle. Si ce pouvoir pouvait influencer tout le monde et qu'elle partait aussi ? Non... mais même son frère était parti, lui aussi... Tata ne venait même plus à la maison... Akane baissa la tête, frissonnant autant de froid que de terreur.

Josuke – Il faut que nous rentrions… Tu es mouillée, tu risques de tomber très malade. Je te promets que tu ne me feras aucun mal et que dès que l’on sera rentrés, je répondrai à toutes tes questions. Je sais que tu as peur de nous blesser mais je t’assure que tu ne nous feras rien. Et tu sais comment je le sais ? Parce que tu es une petite fille qui a encore besoin de grandir. Ton don vient de se développer, ton tout petit corps ne peut pas faire jaillir assez d’eau pour nous blesser. Est-ce que tu veux bien nous suivre, rentrer te mettre au chaud et boire ta boisson chaude préférée ?

Elle secoua la tête pour dire non, pas du tout décidée à bouger et ayant de toute façon les jambes trop coupées par la peur pour marcher sans se casser la figure. Elle éternua tout à coup puis fourra sa tête entre ses bras en continuant à pleurer, l'eau lui montant maintenant jusqu'aux chevilles, dans le petit creux de terrain où elle était agenouillée. Pourquoi... Pourquoi elle... Papa se leva tout à coup puis la souleva pour la prendre dans ses bras, la faisant glapir et se tortiller en tous sens pour s'échapper, ne voulant pas rentrer et qu'on la voit comme ça, surtout pas, sa famille allait la rejeter ! En rentrant à l'intérieur, elle essaya encore de retrouver le sol, rageant contre ce pouvoir qui continuait sans cesse à jaillir d'elle, de plus en plus fort. En passant dans le couloir, elle entendit tout à coup quelqu'un dire "Attends, ça ne sert à rien, elle a peur !", puis se retrouva sans trop comprendre dans les bras de oncle Eisen. Sous le coup de la surprise, elle ne réagit pas tout de suite, ouvrant la bouche puis se retrouvant contre son oncle, sur ses genoux, lorsqu'il s'assit par terre dans le couloir en la tenant. Il lui prit les mains entre les siennes puis lui dit de fermer les yeux et de se concentrer sur son souffle. Elle obéit en tremblant, suivant ses indications. Il fallut longtemps puis, lorsque le rythme de son cœur ralentit, elle vit avec surprise que ses mains avaient arrêtées de couler. Bah... Il se leva à nouveau et la tendit à papa, alors qu'elle était assez choquée. A la fois parce qu'il avait réagit comme ça et parce qu'il s'était imposé comme ça, c'était la première fois.

Eisen – La peur aggrave un pouvoir naissant, dit tonton d'un ton neutre, très raide, pendant qu'elle s'accrochait au cou de son père. C'est ça qui peut blesser, surtout.

Akane ne disait plus rien, se contentant de regarder son oncle avec des yeux ronds. D'habitude, tonton ne parlait pas beaucoup, il ne contredisait jamais personne et il restait en retrait, elle ne l'avait absolument jamais vu s'occuper de quelqu'un, que ce soit elle ou un autre, de cette façon, à part avec son fils, tout bébé. Et il ne disait jamais rien à papa non plus ! Mais là, il... C'était normal ? Pourquoi elle avait l'impression qu'il y avait de moins en moins de trucs normaux ces derniers temps, qui arrivaient ? Papa l'emmena tout à coup, lançant un regard noir à son petit frère avant. Donc non, ce n'était pas normal comme réaction. Elle fourra son nez dans le cou de son père puis toussa un peu, glacée. Il la fit se sécher et se changer dans sa chambre, maman arrivant ensuite et lui fit avaler du sirop. Akane ouvrit docilement la bouche, ne disant absolument plus rien depuis toute à l'heure. Elle était perdue, effrayée, courant retourner dans les bras de son père dès qu'elle eut enfilé son pyjama, en lui demandant s'il était en colère contre elle. Il lui sourit, avec un air fatigué, puis la serra contre lui, pendant qu'elle fermait les yeux.

Josuke – Pourquoi serais-je en colère contre toi ? Tu n'as rien fait.

Akane – J'ai eu peur, bredouilla-t-elle.

Elle fila ensuite dans les bras de maman pour avoir un câlin, au moment où Rina entra en courant et sautant sur sa sœur en lui demandant si elle était malade. Akane secoua la tête pour dire non, ce qui ne l'empêcha pas pour autant de se blottir sous la même couette que sa jumelle pour avoir d réconfort. Juste avant que papa ne parte, elle l'attrapa par la main, le regard brillant.

Akane – C'est vraiment à cause de son don que grand frère est parti ? chuchota-t-elle. Comme oncle Kimmitsu ? Et tante Himako ? Et oncle Eisen va partir aussi ?
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Josuke Nakajima
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MessageSujet: Re: Agir malgré tout   Agir malgré tout EmptyLun 29 Aoû - 0:26

Echec lamentable. Josuke avait pourtant essayé de rassurer sa fille, de la calmer, mais ses paroles n’avaient pas l’air de la convaincre plus que cela. Akane était terrorisée et ne parvenait pas à respirer, commençait à prendre vraiment froid et risquait de tomber gravement malade s’ils ne la ramenaient pas vite fait à l’intérieur. Était-ce à cause de lui ? La conversation qu’il avait eue avec Kimmitsu, juste avant l’agression de Solène, ne cessait de résonner dans sa tête. Ce n’était pas une coïncidence, impossible… Prenant sur lui, refusant de voir sa fille souffrir comme son fils, ses frères et leur sœur avaient souffert, Josuke se leva après avoir brièvement lancé un regard à Emiko et prit Akane dans ses bras, la serrant contre lui pour essayer de la réchauffer un minimum le temps de la ramener à la maison. Elle commença à se débattre dans ses bras, gigotant dans tous les sens pour retrouver la terre ferme et, sans doute, retourner se cacher dehors, mais son père la tenait fermement contre lui. Il voulait seulement son bien, elle allait attraper la mort si elle restait ainsi dehors ! Pieds nus, son don continuant à se déverser sur ses vêtements, glacée. Elle ne pouvait pas rester dehors ! Alors, désolé, mais Josuke devait la ramener, qu’elle le veuille ou non.

Eisen – Attends, ça ne sert à rien, elle a peur !

En moins d’une seconde, Akane se retrouva dans les bras d’Eisen qui la prit sans même demander s’il le pouvait à Josuke, à peine étaient-ils entrés dans la maison. Non mais eh ! Depuis quand se permettait-il d’agir ainsi ?! Devant sa fille, sans même lui demander s’il pouvait tenter quelque chose, sans même lui laisser le temps de dire quelque chose ! Fulminant, le chef de famille resta choqué pendant un long moment, se retenant de hurler sur Eisen en présence de sa femme et de sa fille. Son frère, lui, ne semblait pas plus perturbé que cela et s’occupait d’Akane comme si cela était naturel, comme si son geste était normal et attendu. Mais non, ce n’était pas le cas ! Il contestait entièrement son autorité, peu importe l’urgence, peu importe les événements, il n’avait qu’à lui dire sans la prendre de ses bras ! Qu’est-ce que cela lui coûtait d’attendre deux secondes ? Josuke n’avait même pas eu le temps d’enregistrer l’information ! Un « Attends, je peux l’aider » allait le tuer ?!

De mauvaise foi, Josuke croisa les bras sans cesser de fixer son frère, occupé avec sa fille. Il faillit le lui rétorquer comme ça, de but en blanc, mais se retint en prenant une longue inspiration. Pas devant Akane, elle était déjà assez déstabilisée que pour en rajouter une couche. Les disputes entre adultes restent entre adultes, les enfants ne doivent pas y être mêlés. Josuke observa donc Eisen faire d’un œil critique, sans bouger ni parler, sans desserrer la mâchoire d’un seul millimètre. Furieux, il était même incapable de remercier son frère qui aidait sa fille à un moment tel que celui-ci. Ce ne fut qu’après quelques manipulations ou il ne savait quoi qu’Akane put se maîtriser suffisamment pour récupérer son don et arrêter l’eau qui coulait continuellement de ses mains. C’est bon, il pouvait la reprendre, là ? Ou monsieur avait encore quelque chose à dire ? Ou peut-être comptait-il l’emmener quelque part sans lui laisser le temps de donner son avis, aussi ? Comme pour répondre à sa question, Eisen se releva et tendit Akane à Josuke qui la réceptionna sans desserrer la mâchoire, en rage.

Eisen – La peur aggrave un pouvoir naissant, dit tonton d'un ton neutre, très raide, pendant qu'elle s'accrochait au cou de son père. C'est ça qui peut blesser, surtout.

Evidemment, il connaissait, ça. Tout garder pour soi, avoir peur de son propre don, n’en parler à personne avant plusieurs années et se blesser ensuite. Il parlait par expérience, n’est-ce pas ? Pinçant les lèvres, Josuke préféra se taire et lança un regard bien noir à Eisen avant de s’en aller avec Akane, plantant son frère là sans le remercier. Il en rajoutait une couche, en plus ! La peur aggrave et provoque des blessures, sans blague. Pas étonnant qu’il s’y connaisse dans ce domaine-là, il était maître en ce qui concernait les mensonges et les illusions, quitte à se blesser gravement par la suite. Imbécile ! Il ne lâcha pas un seul mot jusqu’à la chambre de ses filles, changeant et séchant Akane avant de l’aider à se glisser dans son lit au moment où sa mère revenait dans la chambre à son tour avec du sirop contre la toux. Lui-même s’écarta, avançant vers la porte pendant qu’Emiko soignait sa fille, toujours sans rien dire tant il était furieux. Il attendait qu’elle ait terminé pour s’en aller et laisser leur petite se reposer. Mais, au moment où il allait sortir, lui souhaitant tout de même une bonne nuit, Akane courut dans ses bras en lui demandant s’il était en colère contre elle. Oh… Mais non. Pourquoi pensait-elle cela ? Elle n’avait absolument rien fait. Ce n’était pas après elle qu’il en avait mais après son imbécile d’oncle ! Il tâcha de se détendre un peu, souriant d’un air incroyablement fatigué comparé au visage qu’il avait l’habitude de montrer, puis serra sa fille fort contre lui – ce qui contribua à l’adoucir un peu.

Josuke – Pourquoi serais-je en colère contre toi ? Tu n'as rien fait.

Akane – J'ai eu peur, bredouilla-t-elle.

Il le savait, cela, mais ce n’était pas de sa faute. C’était normal d’avoir peur de quelque chose qui nous est inconnu ! D’autant plus avec tout ce que les enfants entendaient, tous les jours, dans cette famille. Josuke aussi craignait les dons jusqu’à très récemment, ayant couvert Kimmitsu lorsqu’il avait développé son don uniquement parce qu’il était son frère. Maintenant, il en savait beaucoup plus et tâchait de comprendre cette chose, de comprendre les personnes qui maniaient la foudre, le vent, l’eau, la terre… Ils n’avaient pas choisi leur don et apprenaient à vivre avec. Comme une personne née malentendante apprend à vivre sans entendre. Ce n’était qu’une « particularité », il n’y avait aucune honte à avoir. Josuke n’eut, cependant, pas le temps de rétorquer quoi que ce soit, Akane filant dans les bras de sa mère au moment où Rina entra dans la chambre en lui demandant si elle était malade, lui ayant littéralement sauté dessus. Cette scène touchante arracha un petit sourire à Josuke qui observait ses filles se blottir l’une contre l’autre. Allez, au lit, maintenant. Adouci, il se rapprocha pour les embrasser sur le front avant de partir mais, lorsqu’il se redressa, Akane lui attrapa la main. Oui ? Elle avait mal quelque part ?

Akane – C'est vraiment à cause de son don que grand frère est parti ? chuchota-t-elle. Comme oncle Kimmitsu ? Et tante Himako ? Et oncle Eisen va partir aussi ?

Oh… Josuke chercha ses mots un instant, s’agenouillant près de sa fille. Il lui caressa le visage, l’incitant à le regarder. Elle ne devait pas avoir peur de cela. Il n’allait pas l’obliger à partir si elle ne le souhaitait pas et personne, dans cette famille, ne l’y obligerait. Si Kimmitsu, Himako et Genji étaient partis, c’était à cause des mentalités qu’il y avait dans leur famille. Pas à cause de leur don. Et encore, son fils n’était pas parti, il allait revenir s’il le souhaitait, dès qu’il serait prêt, dès qu’il jugerait en avoir assez appris. Josuke avait compris que sa vie au Japon l’avait incroyablement affecté et que quelques années de plus à vivre de cette manière auraient pu lui être fatales. Ce qu’il refusait catégoriquement. Que sont quelques années sur un autre continent à une vie entière à souffrir à cause de mauvais choix ? Maintenant, le père qu’il était avait compris ce dont son enfant, possesseur d’un don, avait besoin. Et il ne comptait pas l’en priver. En revanche, il ne pouvait rien affirmer pour Eisen…

Josuke – Je ne peux rien te dire pour oncle Eisen, c’est à lui seul de décider ce qui est bien pour lui, lui dit-il sur un ton très doux. Quant à oncle Kimmitsu et tante Himako, ils sont partis parce que notre famille ne comprenait pas leur don, ne prenait pas pleinement conscience de ce que cela change chez eux. Ce n’est pas encore tout à fait le cas mais, avec moi, je t’assure que tu n’as pas à avoir peur. Tu n’as pas remarqué que ton oncle Kimmitsu nous parlait plus ? Je fais tout mon possible pour qu’il vienne plus souvent.

Ce qui n’était pas chose aisée, mais il y travaillait. Leur famille n’était pas aussi ouverte d’esprit que lui, la preuve avec Munemori qui avait vraiment du mal avec certaines choses, mais il faisait tout son possible pour que cela cesse. Leur père se méprenait sur les dons depuis des années, il avait construit sa famille autour de ce principe, mais il s’était trompé. Comme tout le monde, ici. Il n’était pas encore trop tard pour changer les choses.

Josuke – Quant à Genji, je te le répète, il n’est pas parti. S’il est en France pour l’instant, c’est parce qu’il avait besoin d’air et parce que nous nous disputions très souvent, lui et moi. Parfois, les gens ont besoin de prendre de la distance pour arranger les choses. Mais cela ne veut pas dire qu’il va partir, il peut revenir quand il le souhaite. Tu comprends ? Maintenant, au lit ! Ne pense plus à tout cela et repose-toi.

Josuke l’embrassa une nouvelle fois sur le front, ainsi que Rina, et sortit avec sa femme en refermant la porte derrière eux. Elle lui lança un regard inquiet et il lui assura que tout allait bien, qu’il devait seulement avoir une « petite discussion » avec Eisen après le coup de tout à l’heure. Hors de question qu’il s’en sorte comme cela, même si Akane l’avait aidé à se calmer un petit peu. Mais il lui suffisait de penser à son agissement et à ce qu’il lui avait balancé, comme cela, pour être de nouveau furieux contre son frère. Il s’agissait de sa fille ! Sa fille qui avait un don. Comme son fils. Alors que c’était impossible d’après Kimmitsu. Emiko n’avait pas de don ! Lui non plus, et pourtant, sa fille en avait un. Comme Genji. Et Eisen l’avait prise, comme cela, en disant que la peur engendrait les blessures ! Merci bien ! Fulminant, il passa devant le salon où il aperçut Munemori occupé à il ne savait quoi, n’y prenant même pas garde, et l’appela immédiatement en lui demandant de le suivre.

Josuke – J’ai besoin de toi pour engueuler Eisen, dit-il aussitôt que son frère l’eût rejoint. Et pour m’empêcher de l’étriper au passage.

Munemori – Heu... Il a fait une tentative de suicide pour que tu sois aussi furieux ?

Josuke – Une tentative de suicide ?! Il ne manquerait plus que cela !

Josuke s’interrompit, réalisant qu’il était incroyablement froid avec Munemori alors qu’il n’avait rien fait. Il s’excusa, continuant à l’entraîner et à fouiller les pièces devant lesquelles ils passaient pour trouver Eisen. Bon, du calme, on respire. Il s’arrêta deux secondes, reprenant son souffle et se pinçant l’arête du nez tout en fermant les yeux.

Josuke – Akane a développé un don, reprit-il en rouvrant les yeux. L’eau. Elle a paniqué et était frigorifiée, je l’ai prise pour la ramener à l’intérieur comme elle était dehors, pieds nus, et Eisen m’a dit d’attendre, que ça n’allait pas l’aider comme elle était terrifiée puis il me l’a prise des bras sans me laisser le temps de répondre ! Comme ça, sans me laisser ne serait-ce qu’une seconde pour réagir !

Munemori – Ah... Bon, d'accord, je te suis.

Josuke lui lança un regard noir, prêt à lui sauter à la gorge à lui aussi face à ce manque d’étonnement devant la réaction d’Eisen mais se retint. Ce n’était pas après lui qu’il en avait mais après leur imbécile de frère ! Il passa en revue toutes les portes, les ouvrant à la volée avant d’enfin trouver la cible de sa colère dans une des nombreuses pièces de la maison. Il avança, sans même prendre la peine de voir où ils étaient, se préoccupant peu de regarder s’ils étaient seuls ou non – Munemori était là pour cela, aussi – et fondit sur son frère pour le plaquer contre le mur. Il le foudroya du regard, le maintenant contre le mur grâce à son bras pour l’empêcher de s’esquiver. Fini, plus de douceur, cette fois, il n’allait certainement pas leur échapper !

Josuke – Pourquoi as-tu réagi comme cela devant ma fille ?! Attendre dix secondes pour me laisser la déposer par terre, c’était trop ?! Mais non, c’est sûr, monsieur fait comme il l’entend maintenant qu’il a réalisé qu’il en avait plus qu’assez d’être dirigé par quelqu’un ! C’est pour cela que tu comptes participer à cette manifestation ? Par désir d’émancipation, de rébellion ?! Vas-y, explique-toi !

Ne laissant pas le temps à Eisen de répondre, Josuke le secoua en le saisissant par le col de sa chemise pour ne se retrouver plus qu’à quelques millimètres de son visage, soufflant sous le coup de la colère. Et les paroles qu’il avait prononcées ! Il était obligé de dire devant Akane que la peur risquait de la blesser et de ne rien arranger ?! C’est sûr, dire une telle chose devant une enfant qui vient de se découvrir un don, ça aide ! C’était d’une délicatesse à toute épreuve ! Il relâcha son frère, s’écartant un peu en sentant qu’il risquait de perdre toute maîtrise de lui s’il continuait de le tenir de cette manière. Il le toisa quelques secondes avant de reprendre, ne le laissant même pas répondre – après tout, lui aussi agissait ainsi, non ?

Josuke – Tant que j’y suis, tu crois que c’est ingénieux de balancer devant une fillette qui vient de se découvrir un don que la peur risque de la blesser ? Elle n’a que neuf ans, Eisen ! Qu’espérais-tu ? Elle a parlé, elle ! On sait ce qu’elle ressent, contrairement à toi qui t’es caché durant des années.

Munemori – Evite de hurler, tu vas réveiller tous les enfants, dit-il en lui posant une main sur l’épaule.

Josuke – Mais j’ai des raisons de hurler ! Il s’est mutilé durant des années à cause de son don et vient le dire à une petite fille de neuf ans qui n’y connait absolument rien ! Tu trouves cela normal ?!

Si oui, qu’il lui explique, parce que lui ne comprenait pas ! Comment pouvait-il comprendre une telle réaction alors que sa fille possédait un don qu’elle n’était pas censée avoir ? Et qu’en plus, toute la famille rejetait les dons en bloc, qu’elle allait grandir dans un milieu tendu, sachant qu’il faudrait encore des années, peut-être, avant que Josuke ne parvienne à changer au moins un peu les mentalités de leur famille. Comment s’en sortirait-elle ? Et si elle avait des problèmes ? S’il se passait quelque chose ? Et Eisen ne trouvait à dire que cela ! La peur aggrave, bravo !

Munemori – Peut-être bien, mais tout de même... On le sait déjà que ceux qui ont un don dans cette famille ont du mal à parler de ça. Donc là, crie plus doucement.

Crier plus doucement… ? Josuke lança un regard noir à Munemori, tâchant de se reprendre tout de même. Il avait raison, tous ceux qui avaient un don étaient bornés, dans cette famille, et avaient la fâcheuse manie de s’isoler et de ne plus parler à personne si on ne venait pas les chercher. C’était épuisant, éreintant, et cela ne faisait pas pencher la balance en leur faveur. Très loin de là. Mais Munemori avait quand même raison en disant qu’il ne devait pas hurler. Il poussa un énorme soupir, fermant les yeux quelques secondes. On inspire, on expire. Rouvrant les yeux, il posa le regard sur Eisen, un regard dur et toujours aussi furieux, croisant à nouveau les bras.

Josuke – Tu as de la chance que Munemori soit là, il a entièrement raison sur deux points : de un, vous êtes tous incroyablement bornés et stupides, et ça n’aide pas à avoir une bonne opinion de vous, ce qui a le don de m’énerver comme je m’acharne à vous défendre depuis un moment maintenant. De deux, je n’ai pas envie de réveiller les enfants.

Mais ce n’était pas pour cela qu’il allait pouvoir s’esquiver. Il le savait, n’est-ce pas ? Josuke ne le quitta pas des yeux, déterminé à avoir le fin mot de cette histoire et à tout savoir. Il avait fait une bourde, il devait en payer les conséquences.

Josuke – Maintenant, on va terminer la discussion qu’on avait commencé dans la cuisine tout à l’heure. Tes plans, après la manifestation, c’est quoi ? Pourquoi veux-tu la faire maintenant ? Qui va devoir payer les pots cassés si ça tourne mal ? Encore nous, comme on a dû le faire en te tirant jusqu’à l’hôpital Munemori et moi ?

Eisen – Mes plans, ça ne te regarde pas, je ne t'ai rien demandé.

La main de Josuke claqua contre la joue d’Eisen avant toute autre parole, sa colère étant remontée en l’espace de quelques secondes à peine. Ça ne le regardait pas ? Et s’il se faisait prendre, ça ne le regardait pas non plus, peut-être ?! Qui les autorités iraient-elles chercher pour récupérer Eisen, au juste ?! Et sa femme ? A qui Eisen avait-il demandé de « faire en sorte que sa femme ne s’angoisse pas trop », déjà ?! Est-ce qu’il lui arrivait d’utiliser sa tête avant de parler ou était-ce trop compliqué, son don l’avait-il amoché à ce point ? Pas qu’il le sache, pourtant, Eisen agissait comme un enfant capricieux en cet instant précis et donnait vraiment l’impression d’avoir à peine cinq ans. Oubliant ses résolutions de maîtrise, de « crier plus doucement », etc., Josuke se rapprocha de son frère jusqu’à n’être plus qu’à quelques millimètres de lui.

Josuke – Comment oses-tu dire que ça ne me regarde pas alors que je suis ton grand frère ?! Qui devra répondre de tes agissements si tu as des ennuis ? Qui devra s’occuper de toi si tu es blessé, ou s’il se passe quelque chose de grave ?! Et, rappelle-moi une chose. Une toute petite, hein, rien de très important… Mais à qui as-tu dit, il y a à peine une heure au cas où ta mémoire te joue des tours, de « veiller à ce que ta femme ne s’angoisse pas trop » ?

Quand allait-il se décider à grandir ? Était-il sûr qu’avoir contenu son don aussi longtemps ne lui avait pas grillé quelques neurones au passage ? Le Eisen que Josuke connaissait, aimant pour sa famille et surtout bien plus prudent, semblait bien loin pour l’instant. En disant qu’il devait accepter son don et arrêter de le refouler comme cela, son frère ne pensait pas à ce qu’il fasse des bêtises pareilles et agisse en pur égoïste ! Oui, manifester, tout cela, pourquoi pas. Mais il savait que cela ne servait à rien, les mères de famille, les personnes avec une vie et un foyer n’allaient pas manifester en sachant qu’elles risquaient de tout perdre ! Et lui ? Il n’en avait rien à faire. « Je veux me battre », oui, très bien. Mais il fallait réfléchir, aussi. Ne pas foncer dans le tas sans réfléchir.

Josuke – Si tu utilisais ton cerveau, pour changer un peu ? dit-il d’un ton froid. On ne t’empêche pas d’agir, de te battre ou que sais-je encore, mais tu te comportes comme un enfant égoïste et immature ! Kimmitsu se bat, chez lui, ce n’est pas un secret, pourtant, il ne délaisse jamais sa famille, il cherche à la préserver. Himako, tu me l’as dit toi-même, ne participe pas à la manifestation pour protéger son enfant. Même moi qui n’ai pas de don, je n’ai pas hésité à tout planter ici pour aller retrouver Genji qui avait besoin de moi ! Tu vois la différence ou je dois te faire un dessin ? A moins que le Eisen que nous connaissions soit parti avec son cerveau ? Tu nous dois des explications !
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MessageSujet: Re: Agir malgré tout   Agir malgré tout EmptyLun 29 Aoû - 13:09

Même s’il doutait de trouver quoi que ce soit dans la bibliothèque, Eisen tenta tout de même, sortant les quelques livres sur les éléments qu’ils possédaient et que père avait oublié de jeter ou n’avait pas trouvé lorsqu’il avait tout jeté dans la cheminée. Le jeune homme était loin d’être un expert dans les éléments comme l’était son professeur ou Himako, malgré tout, il connaissait les lois essentielles et notamment celle du sang : si ni les grands-parents ni les parents ne possèdent de dons, l’enfant ne peut pas en développer un. L’hérédité ne marchait qu’avec deux générations d’écart, jamais plus. Genji… Peut-être qu’il y avait eu un souci ou une déformation ou il ne savait quoi, que c’était une exception sur des centaines de naissances, ou quelque chose du genre, soit. Mais sa petite sœur ? En plus, l’eau ! Son arrière grand-père avait le vent et le feu. Himako et Kimmitsu, mêmes dons, comme lui avait le vent aussi. Alors pourquoi l’eau, d’où ça pouvait bien provenir ? Emiko aurait-elle eu un pouvoir ? C’était impossible, leur père l’avait fait marier à Josuke justement car toute sa famille était exempte des dons. Ça ne pouvait venir que de Josuke, sauf que lui non plus n’en avait pas.

Les quelques livres qu’ils avaient ne fournissaient strictement rien de plus. Il soupira en les rangeant, laissant tomber le dernier sur la table près de lui. Rien, il n’y avait strictement rien. Comment pourrait-il trouver plus d’éléments ? Peut-être Himako en saura un peu plus, elle avait beaucoup plus étudié le sujet que lui et enseignait la maîtrise de ces pouvoirs, sans doute pourra-t-elle trouver une explication. Kimmitsu aussi en savait peut-être un peu plus, il travaillait bien dans une école où on apprenait aux enfants comment manier leurs pouvoirs et devait en entendre pas mal. Restait que ce n’était pas le meilleur moment pour le déranger, en supposant qu’il y ait un moment où ce soit bon pour l’appeler, avec tout ce qui arrivait chez lui. La porte de la bibliothèque claqua tout à coup, ses deux frères plus âgés entrant, Josuke avançant au pas de charge. Quoi, cette fois ? Il le poussa tout à coup et le plaqua contre le mur, arrachant un sursaut de surprise à Eisen, qui cru sur le moment qu’il allait lui filer un coup. Qu’est-ce qui lui prenait ?! Il ne l’avait absolument jamais vu aussi furieux, le seul qu’il avait déjà aperçu dans une colère pareille, c’était leur père, ni plus ni moins. Et là, Josuke avait exactement la même tête que lui.

Pourquoi as-tu réagi comme cela devant ma fille ?! Attendre dix secondes pour me laisser la déposer par terre, c’était trop ?! Mais non, c’est sûr, monsieur fait comme il l’entend maintenant qu’il a réalisé qu’il en avait plus qu’assez d’être dirigé par quelqu’un ! C’est pour cela que tu comptes participer à cette manifestation ? Par désir d’émancipation, de rébellion ?! Vas-y, explique-toi !

Quoi ? Il ne… Eisen entrouvrit la bouche puis la referma lorsque son frère le saisit par le col de sa chemise en le secouant, comme s’il brûlait d’envie de vraiment le frapper. Non mais ça ne va pas, il était devenu dingue ! S’il avait réagi comme ça, c’était justement parce que la situation devenait urgente et qu’il n’y avait pas de temps à perdre ! D’autant plus avec un don naissant chez une petite fille qui n’aurait jamais dû le développer ! Il l’avait calculé, ça, au moins ?! Son frère le relâcha tout à coup, Eisen se cognant contre le mur derrière, ne comprenant pas comment il pouvait être dans une telle colère simplement pour ça. Agacé, vexé ou tout ce qu’il voulait, d’accord, mais aussi furieux ?! C’était complètement disproportionné, pour la situation !

– Tant que j’y suis, tu crois que c’est ingénieux de balancer devant une fillette qui vient de se découvrir un don que la peur risque de la blesser ? Elle n’a que neuf ans, Eisen ! Qu’espérais-tu ? Elle a parlé, elle ! On sait ce qu’elle ressent, contrairement à toi qui t’es caché durant des années.

Il n’espérait rien du tout, et encore moins l’effrayer contrairement à ce que son père songeait, voulant justement éviter qu’elle ne fasse la même erreur que lui ! Ce n’était pas un simple don qui naissait, sans quoi il aurait laissé ses parents gérer, c’était autre chose, un don qui n’aurait pas dû naître et donc potentiellement dénaturé.

– Évite de hurler, tu vas réveiller tous les enfants, dit-il en lui posant une main sur l’épaule.

– Mais j’ai des raisons de hurler ! Il s’est mutilé durant des années à cause de son don et vient le dire à une petite fille de neuf ans qui n’y connaît absolument rien ! Tu trouves cela normal ?!

Ce qui était normal, c’était de préciser dès le début à un enfant ce qu’il ne fallait surtout pas faire, pour qu’elle n’ait pas le même parcours que Kimmitsu, Himako ou même lui. Genji aussi avait eu l’information dès ses huit ans grâce à sa tante, qui lui avait tout expliqué dès le début, ça non plus, Josuke ne l’avait jamais réalisé ? Navré qu’ils aient l’habitude que ce soit toujours d’autres que les parents qui doivent expliquer comment s’en sortir avec un pouvoir aux enfants. Eisen secoua la tête avec lenteur, avec un mélange exaspération et de désespoir, sans plus savoir s’il devait être en colère devant ce genre d’attitude ou juste blasé. Comment parvenait-il à être autant en colère pour ça ? Simplement parce que Eisen avait réagit vite ? Il était vexé qu’on ne lui demande pas son avis avant ? Il aurait préféré qu’on lui demande la démarche à suivre alors que, pardon, mais il n’y connaissait rien lui non plus. Se renseigner sur tout cela ne remplace pas le fait d’avoir soi-même ce genre de pouvoir, de ressentir ce que ça fait ! Là, par exemple, en ce moment-même, Eisen avait une envie furieuse de le renvoyer balader en lui criant qu’il aurait peut-être dû se soucier de tout ça plus tôt et de se demander pourquoi sa fille avait aussi un pouvoir, ce serait plus urgent et productif que de hurler pour rien.

– Peut-être bien, mais tout de même... On le sait déjà que ceux qui ont un don dans cette famille ont du mal à parler de ça. Donc là, crie plus doucement.

On se demande bien pourquoi, tiens, c’était un sacré mystère à éclaircir. Pourquoi se cacher ou ne pas avoir envie d’en parler lorsqu’on savait que ce sera ni compris ni accepté ?! Il croisa le regard de son frère, debout devant lui les bras croisés, en retenant un long soupir. Bravo, il avait officiellement gagné le droit qu’on dise de lui qu’il était le portrait craché de leur père, il aura mis du temps mais les faits étaient enfin là.

– Tu as de la chance que Munemori soit là, il a entièrement raison sur deux points : de un, vous êtes tous incroyablement bornés et stupides, et ça n’aide pas à avoir une bonne opinion de vous, ce qui a le don de m’énerver comme je m’acharne à vous défendre depuis un moment maintenant. De deux, je n’ai pas envie de réveiller les enfants.

Un peu tard, pour ça aussi. Toute la maison devait déjà être réveillée ou en alerte, pour ceux qui ne dormaient pas encore. Sûrement en train de se demander ce qui pouvait bien encore se passer ! Si ses frères ne bloquaient pas le passage, il serait déjà parti retrouver sa femme pour parler à nouveau avec elle d’un déménagement vers le village ou ailleurs, dans les environs. Il avait déjà abordé le sujet avec elle à deux reprises mais elle n’était pas très enthousiaste à l’idée de vivre à l’écart de tout le monde ainsi, d’autant plus que ça ne se faisait pas. A son mariage, une jeune femme allait vivre dans la demeure familiale de l’époux, c’était ainsi qu’il fallait procéder, depuis toujours. Partir ainsi rappellerait beaucoup ce qu’avaient choisi Himako et son mari, tous deux seuls chez eux, au village. C’est vrai, cependant, si c’était le mieux à faire ? Pas « si », d’ailleurs, c’était le mieux à faire, il en avait la conviction. Il n’arrivait simplement pas à convaincre son épouse, surtout qu’il ne pouvait lui dire platement que ce serait mieux avec son pouvoir, comme elle détestait ce genre de dons.

– Maintenant, on va terminer la discussion qu’on avait commencé dans la cuisine tout à l’heure. Tes plans, après la manifestation, c’est quoi ? Pourquoi veux-tu la faire maintenant ? Qui va devoir payer les pots cassés si ça tourne mal ? Encore nous, comme on a dû le faire en te tirant jusqu’à l’hôpital Munemori et moi ?

– Mes plans, ça ne te regarde pas, je ne t'ai rien demandé.

Il sursauta lorsque Josuke lui colla tout à coup une gifle, grimaçant et portant la main à son joue, profondément humilié tout à coup. Il baissa la main lorsque son frère se rapprocha à nouveau, le cœur battant à vive allure.

– Comment oses-tu dire que ça ne me regarde pas alors que je suis ton grand frère ?! Qui devra répondre de tes agissements si tu as des ennuis ? Qui devra s’occuper de toi si tu es blessé, ou s’il se passe quelque chose de grave ?! Et, rappelle-moi une chose. Une toute petite, hein, rien de très important… Mais à qui as-tu dit, il y a à peine une heure au cas où ta mémoire te joue des tours, de « veiller à ce que ta femme ne s’angoisse pas trop » ?

Exact, pour qu’elle reste pas seule dans son coin, cela voulait simplement dire de vérifier qu’elle reste quand même avec les autres, pas d’être avec elle en permanence à lui demander si tout allait bien ! S’il était blessé ou quoi que ce soit, il se débrouillera, ce en sera pas la première fois, après tout. Il n’avait jamais dérangé sa famille pour ça et ne comptait pas le faire plus maintenant, même si ça ne plaisait pas à certains. Même s’il était son grand frère, il n’avait pas à se sentir obligé de vérifier ce que Eisen pouvait faire, s’il avait des ennuis ou non, s’il était blessé ou pas, ni même contrôler ce qu’il pensait et comment il se sentait. Ça, c’était le rôle des parents, pas des frères et sœurs aînés.

– Si tu utilisais ton cerveau, pour changer un peu ? dit-il d’un ton froid. On ne t’empêche pas d’agir, de te battre ou que sais-je encore, mais tu te comportes comme un enfant égoïste et immature ! Kimmitsu se bat, chez lui, ce n’est pas un secret, pourtant, il ne délaisse jamais sa famille, il cherche à la préserver. Himako, tu me l’as dit toi-même, ne participe pas à la manifestation pour protéger son enfant. Même moi qui n’ai pas de don, je n’ai pas hésité à tout planter ici pour aller retrouver Genji qui avait besoin de moi ! Tu vois la différence ou je dois te faire un dessin ? A moins que le Eisen que nous connaissions soit parti avec son cerveau ? Tu nous dois des explications !

Le jeune homme avait bizarrement une impression de déjà-vu, Josuke avait hurlé très exactement cette même dernière phase sur Kimmitsu, l’été dernier, leur père aussi, autrefois, il l’avait su, comme leur mère l’avait crié à Himako, avant qu’elle ne parte d’ici en claquant la porte et en lançant à toute la famille qu’ils n’étaient que des peureux bourrés de principes idiots. Si on en arrivait là, ça semblait trop pour pour revenir sur un terrain d’entente.

– Tu ne me connais pas, justement, souffla-t-il en regardant Josuke droit dans les yeux. Ça t’a vexé que je réagisse d’abord avant de perdre du temps à parler ? Sans vouloir t’inquiéter ou en rajouter, il était plus urgent de réagir vite avant de ménager ta susceptibilité. Ce n’est pas un simple don naissant chez une enfant, c’est un don qui n’aurait pas dû naître, comme ni notre père ni toi n’en avez. On en a un car il nous vient de notre grand-père, mais tes enfants… Alors oui, je ne me suis pas demandé d’abord si tu allais être vexé, crois-bien que j’en suis désolé. Désolé aussi de l’avoir mise en garde contre la peur, j’aurai dû savoir qu’il valait mieux qu’elle ne le sache pas directement. On aurait dû même éviter de prévenir Genji aussi lorsqu’il avait huit ans.

Ce n’est pas ça qui allait calmer Josuke, enfin tant pis pour le moment. Quant au reste, ce qu’il comptait faire, pourquoi maintenant, pourquoi il cachait tout, en effet, ça ne le regardait pas et Eisen avait encore moins envie de lui fournir la moindre explication si son frère était capable de le gifler juste pour ça. Josuke porta tout à coup les mains à sa tête, l’air de plus en plus énervé et perdu. Et bien quoi ?

– Mais je sais tout cela ! Je sais que Genji n’aurait pas dû avoir de don, qu’Akane non plus, pourquoi crois-tu que je cherche à la protéger ?!

Il le savait et pourtant il venait le lui reprocher d’avoir réagi vite sans lui laisser le temps de parler ?! Mais il était complètement… Eisen en resta coi un instant, pendant que leur frère soufflait un grand coup et échangeait un regard avec Munemori. Il le savait déjà… Comment ? Il ne parlait plus à Himako depuis qu’elle était partie, elle n’adressait plus la parole à personne dans la famille. Kimmitsu, peut-être ?

– Kimmitsu m’a expliqué que ce n’était pas normal, que Genji n’aurait pas dû développer de don comme ni notre père, ni moi n’en avions un. Emiko n’en a jamais eu, c’est pour cette raison que Père l’a choisie. Et maintenant, Akane ? Comment penses-tu que j’allais réagir ? J’ai des raisons d’être inquiet et sur les nerfs, mes enfants ont un don !

Sur les nerfs, quel si bel euphémisme pour désigner une crise de rage complètement disproportionnée et son manque de recul. Après tout, s’il savait que ce n’était pas normal, il aurait du comprendre pourquoi Eisen avait réagi aussi vite. Il le couva un instant du regard sans répondre, collé contre le mur de la bibliothèque, le regard sombre et blasé. Akane risquait moins que son frère, avec le don de l’eau, mais cela n’empêchait pas qu’il n’y avait pas de raison logique qu’elle possède ça. Tout comme Genji.

– On peut perdre un pouvoir, reprit Eisen avec lenteur. Il n’y a rien de ce genre dans la famille de ta femme, c’est vrai, mais dans la nôtre, si. Tu en avais peut-être eu un, autrefois. Un don naissant est très fragile et peut disparaître plus facilement, après un choc, bien plus facilement qu’un don déjà bien développé et renforcé chez un adulte. Il suffit que tu ai eu un accident avant tes dix ans ou qu’une certaine personne t’ait tant fait peur que tu aurais étouffé toi-même ce pouvoir à sept ou huit ans, ce qui l’aurait fait disparaître. Je te le dit, un don naissant est fragile, et tout le monde n’a pas le caractère qu’il faut pour l’assumer.

Non pas qu’il accusait son frère d’être trop fragile ou quoi que ce soit du genre, du moins, il ne l’était plus aujourd’hui. Enfant, en revanche, c’était une toute autre histoire, encore plus en tant que fils aîné. Il était possible qu’il ait perdu son pouvoir sans même le réaliser, leur père n’avait dû se priver de lui mettre la pression dans ce but, considérant que son fils, surtout son héritier, ne pouvait décemment pas avoir une telle horreur en lui. Las, ce qui avait bien fonctionné avec Josuke avait totalement échoué avec Kimmitsu et Himako. L’un avait fait ses bagages alors qu’il avait à peine vingt ans, l’autre avait tenu quelques années de plus puis était partie à son tour. Son frère secoua la tête avec un air sous-entendant clairement qu’il pensait qu’Eisen ne racontait que des âneries. Il tourna la tête vers leur frère, comme pour chercher un témoin, agaçant d’autant plus Eisen qui retint un très long soupir.

– Tu dis n’importe quoi, c’est impossible. Comment est-ce que j’aurais pu développer un don, moi ? Je m’en souviendrais ! Et comment expliques-tu que ni Munemori, ni Kimmitsu ne l’aient remarqué ? Notre père était peut-être anti-don, mais pas à ce point-là, je m’en souviendrais. Ta théorie tombe à l’eau, peut-être qu’il existe des exceptions à la règle.

– Pas à ce point-là ? marmonna Eisen en levant les yeux au ciel. C’est sans doute pour ça qu’il a absolument tout fait pour que Kimmitsu étouffe son propre pouvoir et qu’il le fasse disparaître, au point de pousser son propre fils à le mépriser et de quitter jusqu’à ce pays. Pourquoi ne l’aurait-il pas fait avec toi ? En tant que fils aîné, il devait être encore moins tolérant. Ce qui a pu marcher avec toi aura lamentablement raté avec Kimmitsu et Himako… Tu ne t’en souviendrai pas forcément, tout dépend de la pression, sur le moment. Et à sept ans, tu aurais eu le réflexe d’en parler à tes petits frères ?! Sachant que Munemori avait cinq ans et Kimmitsu trois ans ? Une exception, je veux bien croire que ça puisse arriver. Mais deux dans la même famille, chez des frères et sœurs, non, c’est impossible.

S’il voulait continuer tout nier en bloc, libre à lui. Eisen se chargera avec son frère et sa sœur de vérifier s’il y avait eu d’autres cas de ce genre, d’autres « exceptions », si ça pouvait arriver et pourquoi, et s’il s’avérait que c’était vraiment impossible, alors leur aîné devra bien admettre qu’il avait simplement subi les principes idiots d’un despote. Il s’écarta de lui avec un soupir, aussi furieux que pouvait l’être son frère.

– Beau travail d’éducation, en tout cas, tu ressembles tellement à notre père, au fil des années qui passent. Tu peux tout nier, peu importe, je chercherai de mon côté avec Himako si deux « exceptions » comme ça sont possibles ou non. Tu as encore besoin de me hurler dessus ou tu as fini ?
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Josuke Nakajima
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MessageSujet: Re: Agir malgré tout   Agir malgré tout EmptyLun 29 Aoû - 19:38

Eisen – Tu ne me connais pas, justement, souffla-t-il en regardant Josuke droit dans les yeux. Ça t’a vexé que je réagisse d’abord avant de perdre du temps à parler ? Sans vouloir t’inquiéter ou en rajouter, il était plus urgent de réagir vite avant de ménager ta susceptibilité. Ce n’est pas un simple don naissant chez une enfant, c’est un don qui n’aurait pas dû naître, comme ni notre père ni toi n’en avez. On en a un car il nous vient de notre grand-père, mais tes enfants… Alors oui, je ne me suis pas demandé d’abord si tu allais être vexé, crois-bien que j’en suis désolé. Désolé aussi de l’avoir mise en garde contre la peur, j’aurai dû savoir qu’il valait mieux qu’elle ne le sache pas directement. On aurait dû même éviter de prévenir Genji aussi lorsqu’il avait huit ans.

Mais c’était précisément pour cela qu’il avait réagi ainsi ! Pour cette raison qu’il voulait protéger sa fille, son fils, et chercher une explication acceptable et logique ! Il avait peur pour ses enfants, peur qu’ils ne soient malades, ou pire, à cause d’un caprice de la nature alors qu’ils n’avaient rien fait. Josuke mettait tout en œuvre pour que sa famille se porte bien, pour que leurs enfants vivent paisiblement, il avait même accepté que Genji aille vivre avec son oncle, à des milliers de kilomètres d’ici, pour enfin être heureux, ou mieux au moins. Même si cette réflexion était incroyablement stupide et irréaliste, lorsque l’on connaissait la France. Mais Genji allait mieux, un peu, par rapport à son don. Il se portait mieux. Et maintenant, on venait lui apprendre qu’il n’aurait pas dû en avoir un ! A l’instant-même où Akane en développait un à son tour… A la fois perdu et énervé, exaspéré, Josuke porta les mains à sa tête.

Josuke – Mais je sais tout cela ! Je sais que Genji n’aurait pas dû avoir de don, qu’Akane non plus, pourquoi crois-tu que je cherche à la protéger ?!

Il devait se calmer, respirer, souffler un bon coup et se reprendre. En plus de cela, il n’avait rien expliqué à Munemori, n’ayant pas eu ni pris le temps depuis son retour de France… Il tourna la tête vers son frère, soufflant un peu, le regardant ensuite avec l’intention de lui expliquer ce qu’Eisen venait de dire. Il savait tout cela, oui… Il était au courant, pour Genji, et donc Akane. Jusqu’ici, il pensait que c’était une exception, mais Akane… Non, non, non, il y avait forcément une explication. C’était obligatoire, impossible autrement. Il n’y avait pas d’autre explication.

Josuke – Kimmitsu m’a expliqué que ce n’était pas normal, que Genji n’aurait pas dû développer de don comme ni notre père, ni moi n’en avions un. Emiko n’en a jamais eu, c’est pour cette raison que Père l’a choisie. Et maintenant, Akane ? Comment penses-tu que j’allais réagir ? J’ai des raisons d’être inquiet et sur les nerfs, mes enfants ont un don !

Comment aurait-il pu réagir autrement ?! On venait de lui apprendre que ce n’était pas normal, demandant s’il y avait eu un accident, une malformation, ou autre chose. Alors que non, Genji et Akane étaient nés normalement, Emiko avait connu une grossesse normale, banale, rien d’extraordinaire ni aucun problème. Et pourtant, ses enfants avaient un don… Quels étaient les risques, à partir de là ? Il y avait un danger de mort ? Comment les protéger ? Ce qui inquiétait le plus Josuke était qu’il demeurait impuissant face à ce problème qui mettait ses enfants en danger… Eisen pouvait comprendre cela, non ? Son père lui avait légué la famille, attendait de lui qu’il veille dessus, et il s’en révélait incapable. Il ne pouvait pas protéger ses enfants. Son petit frère le couva du regard un moment avant de parler, totalement impossible par rapport à lui. Qu’il dise quelque chose ! Il possédait un don, lui, il devait en savoir plus là-dessus, non ?

Eisen – On peut perdre un pouvoir, reprit Eisen avec lenteur. Il n’y a rien de ce genre dans la famille de ta femme, c’est vrai, mais dans la nôtre, si. Tu en avais peut-être eu un, autrefois. Un don naissant est très fragile et peut disparaître plus facilement, après un choc, bien plus facilement qu’un don déjà bien développé et renforcé chez un adulte. Il suffit que tu aies eu un accident avant tes dix ans ou qu’une certaine personne t’ait tant fait peur que tu aurais étouffé toi-même ce pouvoir à sept ou huit ans, ce qui l’aurait fait disparaître. Je te le dit, un don naissant est fragile, et tout le monde n’a pas le caractère qu’il faut pour l’assumer.

Le ton qu’avait pris Eisen montrait clairement qu’il désignait leur père comme unique coupable. C’était de la folie, des bêtises complètes et incohérentes. Leur père n’aurait pas fait cela, il haïssait les dons, certes, mais il n’aurait pas cherché à faire de mal à Josuke. Non, Eisen délirait complètement, c’était n’importe quoi. On ne souhaitait pas de mal à ses enfants ! On voulait les protéger, et salir la mémoire de leur père était honteux et ignoble, d’autant plus qu’elle l’était déjà suffisamment. C’était facile de s’attaquer à ses ancêtres lorsqu’ils ne sont plus là. Il disait n’importe quoi. Josuke secoua la tête avec un air très explicite pour son frère, montrant qu’il ne croyait pas un seul mot de ce qu’il disait. Munemori l’aurait su ! Ils étaient proches, tous les trois, lui ou Kimmitsu l’aurait forcément vu. Il tourna la tête vers son frère pour chercher un appui, un témoin dans le but de convaincre Eisen qu’il disait des bêtises. C’était n’importe quoi, il divaguait.

Josuke – Tu dis n’importe quoi, c’est impossible. Comment est-ce que j’aurais pu développer un don, moi ? Je m’en souviendrais ! Et comment expliques-tu que ni Munemori, ni Kimmitsu ne l’aient remarqué ? Notre père était peut-être anti-don, mais pas à ce point-là, je m’en souviendrais. Ta théorie tombe à l’eau, peut-être qu’il existe des exceptions à la règle.

Eisen – Pas à ce point-là ? marmonna Eisen en levant les yeux au ciel. C’est sans doute pour ça qu’il a absolument tout fait pour que Kimmitsu étouffe son propre pouvoir et qu’il le fasse disparaître, au point de pousser son propre fils à le mépriser et de quitter jusqu’à ce pays. Pourquoi ne l’aurait-il pas fait avec toi ? En tant que fils aîné, il devait être encore moins tolérant. Ce qui a pu marcher avec toi aura lamentablement raté avec Kimmitsu et Himako… Tu ne t’en souviendrais pas forcément, tout dépend de la pression, sur le moment. Et à sept ans, tu aurais eu le réflexe d’en parler à tes petits frères ?! Sachant que Munemori avait cinq ans et Kimmitsu trois ans ? Une exception, je veux bien croire que ça puisse arriver. Mais deux dans la même famille, chez des frères et sœurs, non, c’est impossible.

Non… Non, c’était impossible. Josuke secoua la tête de gauche à droite, fermant ensuite les yeux et portant ses mains à ses tempes pour les masser. C’était impossible, il y avait une autre explication. Kimmitsu n’avait pas le même caractère que lui, il ressentait un besoin de partir, de s’envoler – littéralement –, ce qui n’était pas le cas de l’aîné de la famille. Son caractère opposé à celui de son père allait faire des étincelles, c’était logique, comme cela avait été le cas entre Genji et Josuke. La seule différence était que lui-même refusait de perdre ses enfants et qu’il tâchait d’améliorer le quotidien de leur famille, d’être plus ouvert maintenant qu’il en avait appris davantage sur les dons. C’était pour cette raison, et cette unique raison que Kimmitsu et Himako étaient partis, leurs caractères les y obligeaient. Mais Josuke ne possédait pas de don et n’en avait jamais possédé. C’était impossible, improbable. Il lança un regard à Eisen, puis à Munemori, cherchant du soutien chez son frère, quelque chose qui montrait, dans son regard, qu’il ne croyait pas à ce que disait leur petit frère. Qui venait, d’ailleurs, de s’écarter de lui en soupirant, apparemment furieux à son tour.

Eisen – Beau travail d’éducation, en tout cas, tu ressembles tellement à notre père, au fil des années qui passent. Tu peux tout nier, peu importe, je chercherai de mon côté avec Himako si deux « exceptions » comme ça sont possibles ou non. Tu as encore besoin de me hurler dessus ou tu as fini ?

… Il ressemblait à leur père… Il ressemblait à leur père ? Eisen pensait que leur père avait étouffé son don, l’ayant donc fait souffrir volontairement pour qu’il lui succède, et il venait dire que Josuke lui ressemblait ? Il passait son temps à les défendre, à faire tout son possible pour que ceux de leur famille possédant un don ne soient pas rejetés et c’était comme cela qu’Eisen, faisant partie de ce groupe, le traitait ?! C’était trop. Pris de nausées et refusant d’inquiéter ses frères, même si Eisen ne l’avait pas ménagé là-dessus, il ne prononça aucune parole et quitta la pièce, portant une main à sa bouche pour éviter de vomir. Un don. Non, c’était impossible, il ne pouvait pas en posséder un. C’était illogique, improbable, leur père ne pouvait pas lui avoir fait cela uniquement pour assurer sa succession. Il sortit de la maison, laissant l’air plus frais lui refroidir les joues et posa une main contre le premier mur qu’il rencontra sitôt dehors, posant son front contre le mur pour se reprendre et faire passer cette brusque envie de vomir. La maison avait retrouvé son calme, personne n’était venu les déranger et c’était tant mieux. Il avait besoin de respirer, juste un peu.

Josuke – C’est impossible…, souffla-t-il.

Il ne resta que très peu de temps seul, quelques secondes tout au plus, sentant un bras se poser autour de ses épaules. Il ne releva pas la tête, fermant seulement les yeux plus fort pour tenter d’oublier cette discussion. Il s’agissait sûrement de Munemori, ou de sa femme si elle l’avait vu sortir, mais peu importe. Qu’ils ne s’inquiètent pas, il avait seulement besoin de deux minutes. Pas plus, juste un peu de temps pour respirer. Il allait très bien.

Munemori – Tu ne l'as pas ménagé et lui non plus... Cela dit, je pense qu'il a raison, c'est assez probable. Tu sais bien comme notre père a été très dur pour notre frère et notre sœur, et ça n'a fait que les enflammer. Sur toi, comme tu étais plus... Plus sage, allons-nous dire, il est possible que tu aies eu un don et qu'il ait disparu. D'un côté, c'est rassurant, non ? Tes enfants n'ont aucun problème.

Rassurant ? Peut-être. Oui, sans doute. Eux ne risquaient plus rien si leur père avait eu un don par le passé et l’avait perdu. C’était sans doute bien, oui, peut-être. Il n’en savait rien, il ne se sentait pas plus libéré de savoir cela même si ses enfants étaient, logiquement, sortis d’affaire. Il se retourna, se dégageant, du même coup, du bras posé sur ses épaules, puis se laissa glisser contre le mur en repliant légèrement ses jambes contre lui. Josuke posa ensuite ses coudes sur ses genoux, mettant sa tête dans ses mains pour se reprendre un peu.

Josuke – C’est une bonne nouvelle, oui… Au moins, ils ne risquent plus rien. Mais je ne suis pas comme lui… Si ?

Josuke leva la tête vers Munemori, voulant savoir si lui pensait la même chose qu’Eisen et qu’il n’osait pas le dire, ou s’il trouvait que leur frère était allé trop loin en disant cela. Cependant, avant de dire quoi que ce soit, il s’agenouilla à côté de lui et… et il… il le serra dans ses bras. C’était le monde à l’envers. D’habitude, c’était à lui de réconforter ses frères et sœurs, sa famille, lui qui restait debout dans toute situation. Même lorsque Solène s’était fait agresser, c’était lui qui avait fait relever Kimmitsu et qui avait essayé de le réconforter, au moins un peu. Cependant, Josuke ne bougea pas, se laissant faire pour une fois, totalement vidé.

Munemori – C'est la première fois que tu lui hurlais vraiment dessus, ça a dû le souffler, voilà tout. Vous n'aviez plus les idées bien claires, ni l’un ni l'autre, donc bon... Il sait très bien que tu n'es pas comme lui, il a parlé sous le coup de la colère et n'a sans doute pas compris pourquoi tu l'étais autant. Mais ne t'en fais pas, même si tu as eu un don autrefois, s'il a disparu presque dès la naissance, ça t'a évité pas mal de problèmes.

Josuke – Sans doute, finit-il par dire au bout d’un long moment. Mais pourquoi est-ce qu’il aurait fait cela… ? C’est insensé, on souhaite protéger la famille, on ne veut que le bien des enfants, il ne peut pas m’avoir imposé une telle chose… Je ne m’en rappelle pas. Je ne me souviens de rien.

Munemori – Le contexte n'était pas le même non plus, il rentrait de guerre, il avait été blessé par un don et toi, tu devais lui succéder. La peur plus la colère, tu sais ce que ça peut donner, et à cet âge, tu n'avais peut-être même pas réalisé ce qui arrivait. Pour lui, un don est un danger pour celui qui le porte et tout son entourage, il voyait ça comme une arme incontrôlable et rien de plus, quelque chose qui aurait pu te tuer. A ses yeux, le plus logique était de t'en débarrasser. Il aura réussi au moins une fois...

Au moins une fois, oui… Ce qui dégoûtait Josuke au plus haut point, lui qui avait passé des années sans être plus convaincu que cela de l’inoffensivité des dons avant d’en apprendre plus en France et de voir que leurs possesseurs devaient vivre avec, qu’ils n’avaient pas le choix. S’il avait su plus tôt, sa vie aurait été différente, celle de son frère, de sa sœur, d’Eisen et de Genji aussi. Indépendamment de sa volonté, il avait fait exactement la même chose que son père malgré son ouverture d’esprit. Et, là, maintenant, tout de suite, il ressentait un immense vide intérieurement, même si ce n’était que psychologique et que cela passerait d’ici quelques jours, ou heures peut-être. Josuke resta silencieux un moment, ne trouvant rien à dire. Il baissa les yeux sur ses mains, les détaillant comme si elles n’étaient pas à lui avant de dire à son frère qu’il devrait rentrer. Il faisait froid, inutile qu’il tombe malade à cause de lui. Enfin, normalement… Munemori n’était, visiblement, pas du même avis puisqu’il ne bougea pas. Josuke poussa un soupir, fatigué, refusant de laisser son frère tomber malade à cause de lui.

Josuke – Je refuse de te voir tomber malade à cause de moi… Je suis grand, c’est à moi de veiller sur toi, pas l’inverse. J’ai seulement besoin de cinq minutes, tu peux me les accorder, non ?

Munemori – Je t'en prie, vas-y, je ne dis rien. Et je reste.

Mais il ne… Josuke allait riposter, lui imposer de rentrer, chercher d’autres arguments pour le pousser à rentrer se mettre au chaud, mais renonça. Il n’avait pas envie de se battre et d’argumenter davantage contre son frère. Le vieil homme tenta seulement de se dégager des bras de Munemori, faiblement, mais cela n’y changea absolument rien. Soit son frère était déterminé à le garder dans ses bras, soit lui-même était moins fort que lui pour l’instant. Tant pis… Il allait seulement tâcher de se détendre, au moins un peu, pour rassurer Munemori. Il n’avait pas besoin de savoir tout ce qui traversait l’esprit de Josuke, il le voyait déjà dans un état lamentable, complètement affecté. L’avait-il seulement déjà vu dans cet état ?

Durant une minute, le grand frère qui était en lui s’apprêtait à répéter qu’il allait bien, qu’il n’y avait aucun problème et qu’il lui fallait seulement quelques minutes pour se reprendre mais il se ravisa à la dernière seconde, se disant que cela ne servirait probablement à rien. Munemori était, apparemment, vraiment décidé à ne pas le laisser seul. Pourtant, il allait bien… Il ne savait juste plus quoi faire. Pour Eisen, Genji et Akane. Et il fallait qu’il rassure Kimmitsu, aussi… Par écrit. Le téléphone serait, certes, plus rapide, mais il était inutile de lui rajouter des préoccupations. Eux connaissaient leur frère et savaient lorsqu’il n’était pas bien, c’était sans doute valable pour lui aussi. Seulement, il ignorait comment réagir à présent. Il devait se baser sur ses propres convictions et ressentait de la colère à l’égard de son père, de la haine pour ce qu’il lui avait fait. Et il fallait qu’il parle à Eisen… Il n’avait pas de temps à perdre en lamentations. Cela attendrait.

Josuke – Est-ce que tu… veux bien me relâcher ? Je vais bien, je n’ai pas le temps de me lamenter sur les choses inutiles. Il faut que je parle à Eisen… Et que je rassure Kimmitsu. J’ai seulement un service à te demander… M’accompagner et jouer les médiateurs pour aborder le sujet. Tu es le seul à ne pas être impliqué dans cette histoire et je… Je n’ai pas envie de le pousser à quitter cette maison pour une dispute.
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Munemori Nakajima
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MessageSujet: Re: Agir malgré tout   Agir malgré tout EmptySam 3 Sep - 22:43

– Beau travail d’éducation, en tout cas, tu ressembles tellement à notre père, au fil des années qui passent. Tu peux tout nier, peu importe, je chercherai de mon côté avec Himako si deux « exceptions » comme ça sont possibles ou non. Tu as encore besoin de me hurler dessus ou tu as fini ?

Oh, ça, ça risquait de très mal passer, par contre. Munemori tourna aussitôt la tête vers leur frère, ayant confirmation qu'il le prenait très mal lorsqu'il quitta la pièce sans rien dire, une main sur la bouche. Ah là là... Munemori soupira assez fort en portant une main à son front, sans savoir de suite s'il devait rester avec Eisen ou rejoindre leur aîné dehors, hésitant. Ni l'un ni l'autre n'étaient en forme, là, que devait-il faire ? Si seulement Himako ou Kimmitsu étaient là ! Eux au moins pourraient donner d'autre hypothèses, confirmer ou nier ce qui se disait, ils devaient sûrement en savoir plus qu'eux. Las, l'une ne voulait plus remettre les pieds dans cette maison et l'autre se trouvait à des centaines de kilomètres d'ici. Bon. Très bien. Il se tourna vers Eisen et lui dit de rester là pour le moment, sans bouger, coupant court d'un geste à ses protestations. Qu'il reste, hein ! Sortant à son tour, il chercha son grand frère un petit moment avant de le trouver plus loin, au coin du perron. En le rejoignant, il vint passer un bras autour de ses épaules pour tâcher de le réconforter un peu. Il lui frotta un peu l'épaule en cherchant d'abord ses mots, pour ne pas commettre d'impairs. Tous les deux avaient été... on va dire, trop forts, dans leurs propres choix de paroles, Josuke comme son petit frère. Ce genre de sujets était déjà très crispant de base et c'était bien pire quand on se laissait aller, qu'on s'emportait, comment cela pouvait-il bien finir ?

– Tu ne l'as pas ménagé et lui non plus... Cela dit, je pense qu'il a raison, c'est assez probable. Tu sais bien comme notre père a été très dur pour notre frère et notre sœur, et ça n'a fait que les enflammer. Sur toi, comme tu étais plus... Plus sage, allons-nous dire, il est possible que tu aies eu un don et qu'il ait disparu. D'un côté, c'est rassurant, non ? Tes enfants n'ont aucun problème.

Il devrait au moins être heureux de ça ! Genji allait bien ! Enfin, il allait... A peu près bien, ou du moins, mieux qu'ici, il y avait du progrès. Sachant ce qu'il vivait en France, c'était tout sauf doux, prétendre qu'il allait très bien serait exagéré. Cependant, dans un an, deux ans, lorsqu'il sera jeune adulte, il ira mieux. Quant à Akane, elle était encore toute petite, si on lui apprenait ce qu'il fallait dès le début, comment ça pourrait bien mal se passer ? Son frère remua, s'asseyant par terre puis ramenant ses jambes contre lui, la tête entre les mains. Munemori s'assit aussitôt à côté de lui en lui lançant un long regard, comprenant que ça devait quand même le travailler. C'était facile de comprendre une telle réaction, de la part de leur père... Il avait déjà frappé Kimmitsu à cause de son pouvoir et sans doute Himako aussi, bien qu'elle se soit toujours refusée à en parler, même des années après. Cette époque-là était terminée, de toute manière ! On ne frappait plus les enfants pour les corriger, de leurs jours, même si on donnait toujours des claques en cas de bêtise, enfin ça, tout le monde le faisait. Leur père avait été plus dur car lui-même avait été élevé comme ça, tout simplement, ça faisait parti des règles du quotidien.

– C’est une bonne nouvelle, oui… Au moins, ils ne risquent plus rien. Mais je ne suis pas comme lui… Si ?

Déjà, commencer par le rassurer et le consoler un peu, il l'avait vraiment très mal pris, ce coup-là. Le peintre se redressa souplement puis attira son grand frère contre lui pour le serrer dans ses bras, comme il le faisait avec ses deux enfants lorsqu'ils avaient fait un cauchemar et avaient besoin d'un peu de réconfort.

– C'est la première fois que tu lui hurlais vraiment dessus, ça a dû le souffler, voilà tout. Vous n'aviez plus les idées bien claires, ni l’un ni l'autre, donc bon... Il sait très bien que tu n'es pas comme lui, il a parlé sous le coup de la colère et n'a sans doute pas compris pourquoi tu l'étais autant. Mais ne t'en fais pas, même si tu as eu un don autrefois, s'il a disparu presque dès la naissance, ça t'a évité pas mal de problèmes.

Comme ne pas trouver de travail facilement, supporter les ragots, les rumeurs, être souvent pointés du doigt, rejetés, subir la peur et la méfiance et, lorsqu'on passait à une autre échelle, avoir des dizaines d'ennuis avec les forces de l'ordre et le gouvernement. Il y avait encore d'autres choses qui pouvaient vous tomber dessus, même si on n'en arrivait pas aux extrémités que vivaient leur frère. Josuke avait crié sous le coup de la colère et de la peur pour sa fille, en plus du choc personnel. Quant à Eisen, Munemori le soupçonnait d'avoir accumulé pas mal de frustrations et de peine durant des années, sans jamais s'en ouvrir à qui que ce soit, et d'avoir atteint un trop-plein, ce qui le rendait irritable et nerveux à présent. Comme si c'était pour la santé de vouloir tout garder pour soit lorsque ça ne va pas, quelle réaction complètement stupide. Oui, il y avait le paramètre "ne pas inquiéter sa famille", sauf que ça aussi, c'était idiot. Kimmitsu avait failli y passer en juin et ils n'auraient même pas su pourquoi, les causes de sa mort. Ils seraient juste restés là, comme de parfaits crétins, à apprendre la mort d'un frère qui s'était de plus en plus éloigné d'eux et mort sur un autre continent, sans qu'ils puissent savoir la raison, pourquoi il avait été si loin, qui avait voulu le tuer. Il n'aurait peut-être même pas été enterré au Japon.

– Sans doute, finit-il par dire au bout d’un long moment. Mais pourquoi est-ce qu’il aurait fait cela… ? C’est insensé, on souhaite protéger la famille, on ne veut que le bien des enfants, il ne peut pas m’avoir imposé une telle chose… Je ne m’en rappelle pas. Je ne me souviens de rien.

– Le contexte n'était pas le même non plus, il rentrait de guerre, il avait été blessé par un don et toi, tu devais lui succéder. La peur plus la colère, tu sais ce que ça peut donner, et à cet âge, tu n'avais peut-être même pas réalisé ce qui arrivait. Pour lui, un don est un danger pour celui qui le porte et tout son entourage, il voyait ça comme une arme incontrôlable et rien de plus, quelque chose qui aurait pu te tuer. A ses yeux, le plus logique était de t'en débarrasser. Il aura réussi au moins une fois...

Ils avaient déjà entendu leur père pester très souvent contre ce genre de pouvoirs et ceux qui les maniaient, les rejetant, leur disant à tous de s'en méfier et de ne pas adresser la parole à celles et ceux qui en possédaient un. Cela avait été encore bien pire suite au départ de Kimmitsu... Aujourd'hui, avec le recul, Munemori comprenait mieux pourquoi il était parti et surtout, acceptait mieux qu'il se soit démené pour le faire vite, envers et contre tous, quitte à perdre tout contact avec sa famille dans l'affaire. Qui sait la vie qu'il aurait mené en restant et en obéissant sagement aux ordres de son père ? Cacher son don, ne jamais en parler, épouser la femme qu'on lui aura désigné, vivre en la bouclant. Il en serait devenu dingue. C'était aussi en songeant à ça que Munemori comprenait encore moins que leur jeune frère soit, lui, resté. Il était bien meilleur menteur que leur frère et sœur, ça, c'était clair ! Voilà des années qu'il vivait en baissant la tête et en arrondissant les angles, sans jamais dévoiler le fond de sa pensée, alors qu'en vérité, lui aussi supportait mal la vie ici, entouré de tout le monde et suivant des règles très carrées. Bien joué, petit frère, il pourrait même devenir acteur avec un talent pareil. Restait à savoir comment allait réagir sa femme s'il tenait à partir, si elle suivra ou si leur couple se déchirera. Munemori préférait ne pas imaginer un tel scénario.

– Je refuse de te voir tomber malade à cause de moi… Je suis grand, c’est à moi de veiller sur toi, pas l’inverse. J’ai seulement besoin de cinq minutes, tu peux me les accorder, non ?

– Je t'en prie, vas-y, je ne dis rien. Et je reste.

Allez, il pouvait prendre tout son temps, pas de problème là-dessus ! Le peintre raffermit sa position en le sentant remuer, attendant simplement en regardant les étoiles qui s'installaient peu à peu dans le ciel. Il n'était pas si tard, finalement, Munemori aurait cru qu'il s'était écoulé plus de temps que ça. Il attendit tranquillement, le temps qu'il faut, que son frère aîné retrouve ses esprits, en se demandant si Rina aussi pourrait avoir un élément. Si Genji et Akane en avaient un, pourquoi pas elle ? Et ça ne se déclenchait pas environ au même moment, étant donné qu'elle était la sœur jumelle d'Akane ? Il ne savait pas trop comment ça marchait, dans le cas des jumeaux, si les deux en avaient forcément un ou un seul, comment ça se "partageait", en quelques sorte. Rina n'avait rien dit, pour le moment, si ça devait arriver, ce sera un peu plus tard.

– Est-ce que tu… veux bien me relâcher ? Je vais bien, je n’ai pas le temps de me lamenter sur les choses inutiles. Il faut que je parle à Eisen… Et que je rassure Kimmitsu. J’ai seulement un service à te demander… M’accompagner et jouer les médiateurs pour aborder le sujet. Tu es le seul à ne pas être impliqué dans cette histoire et je… Je n’ai pas envie de le pousser à quitter cette maison pour une dispute.

– Je ne sais pas si ça va te rassurer, mais quitter la maison, il n'a pas dû attendre les disputes pour y penser.

Munemori se leva puis tira le poignet de son grand frère pour qu'il l'imite. Allez, hop ! C'est bon, il était prêt. Il rentra avec lui et referma la porte coulissante à clé derrière eux, indiquant à son frère qu'il avait demandé à leur petit frère de rester dans la bibliothèque en attendant. En espérant qu'il l'ait écouté, pour une fois. Et contre toute attente, c'était le cas, ce qui fit hausser les sourcils à Munemori. Leur frère était assis contre le mur, pratiquement dans la même position que Josuke toute à l'heure, tenant un livre fermé entre les mains, le regard rivé dessus. Munemori referma aussi la porte de la bibliothèque et tira Josuke pour qu'ils aillent s'asseoir face à leur frère, espérons que tout le monde allait rester un peu plus détendu, cette fois. Discuter entre personnes civilisées et calmes, sans cris, c'était tout à fait possible, n'est-ce pas ? Il commença par leur dire à tous les deux de se détendre et que tout allait très bien se passer. Il demanda ensuite platement à Eisen s'il avait déjà pensé à quitter cette maison, si vivre ici le gênait parfois. Il allait sûrement leur répondre qu'il n'y avait jamais songé sérieusement, qu'il était plus apaisé qu'il n'en donnait l'air. Ils allaient retrouver leur petit frère calme et réfléchi, celui qu'ils connaissaient si bien.

– Si ma femme ne s'y opposait pas, marmonna Eisen, je serai parti il y a des années.

Boon, hum, légèrement raté comme approche. Le peintre eut un sourire très crispé, ne sachant pas quoi répondre sur le moment. Il avait vraiment peur que leur frère n'en arrive au divorce, si sa femme ne supportait vraiment plus cette situation. Et que deviendra leur fils ? Ce petit bout avait sûrement hérité du pouvoir de son père. Josuke demanda ensuite pourquoi il n'en avait jamais parlé, d'un ton très hésitant. Eh, on respire, hein ! On reste détendus, on avait dit.

– Parce que ça n'aurait rien changé, évidemment.

Là-dessus, il n'avait pas spécialement tord... Difficile de faire changer quelqu'un d'avis sur les différents éléments et leur porteurs, encore plus dans leur société où tout était très codifié et à sa place, les écarts n'étaient pas permis.

– Si... On aurait pu t'aider, t'épauler, au moins un peu. Ça aurait été moins difficile, pendant toutes ces années.

– Faut dire que tu caches vraiment très bien ton jeu, beaucoup mieux que Himako et Kimmitsu, marmonna Munemori. Je n'aurai jamais rien deviné tout seul, alors qu'on te voit tous les jours. Bon, Josuke, arrête de faire la tronche, le passé est le passé, on n'y peut rien. On doit plutôt savoir quoi faire maintenant. On doit en parler à Kimmitsu, tu penses ? Enfin, après qu'il se soit soigné ?
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Josuke Nakajima
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Josuke Nakajima
MessageSujet: Re: Agir malgré tout   Agir malgré tout EmptyJeu 15 Sep - 21:54

Munemori – Je ne sais pas si ça va te rassurer, mais quitter la maison, il n'a pas dû attendre les disputes pour y penser.

Josuke se leva après avoir grimacé, tiré par son frère qui l’entraînait vers l’intérieur de la maison. Il avait sans doute raison… Peut-être. Mais cette dispute n’allait pas aider. Dès qu’ils furent rentrés, il ferma la porte coulissante derrière eux en lui disant qu’Eisen était resté dans la bibliothèque en attendant qu’ils reviennent. Oui, enfin… S’il était resté, ce dont Josuke doutait très fortement. Mais bon, de toute façon, c’était bien le cadet de ses soucis, il ne cessait de penser à toute leur discussion, à tout ce qu’il venait d’apprendre même s’il s’efforçait de le reléguer au second plan pour ne pas montrer à Munemori qu’il n’était pas en très grande forme. Et puis, Eisen était plus mal… C’était à lui de veiller sur ses frères, sur sa famille, à lui de prendre soin des siens tout en vérifiant que chacun aille bien. Pas l’inverse.

Munemori entra dans la bibliothèque, Josuke préférant resté en arrière cette fois-ci, et ils trouvèrent Eisen adossé au mur, jambes repliées et tête dans les bras. Il avait l’air d’être dans un état pitoyable… Le chef de famille dut se faire violence pour ne pas rebrousser chemin et laisser ses petits frères discuter entre eux, sans lui qui risquait de ne rien apporter de bon à cette conversation. Après tout, c’était à cause de lui qu’Eisen était dans cet état et que lui-même avait appris autant de choses… Sans cette dispute, tout se serait parfaitement bien passé. Il devait repartir. C’était plus prudent. Restant sur place, il fut, néanmoins, obligé d’avancer à cause de Munemori qui le tira pour aller s’asseoir en face de leur petit frère, leur disant ensuite à tous deux de se détendre, que tout allait très bien se passer. Oui… Peut-être. Hors de question qu’il parle, de toute façon. Josuke hocha la tête sans rien dire, laissant son frère commencer. Et il aborda le sujet en force en demandant platement à leur frère s’il avait déjà pensé à quitter la maison, si vivre ici le dérangeait… Le vieil homme se crispa, mal à l’aise même s’il connaissait déjà la réponse.

Eisen – Si ma femme ne s'y opposait pas, marmonna Eisen, je serai parti il y a des années.

Evidemment… Et lui non plus n’en avait jamais parlé, n’avait jamais dit qu’il se sentait mal à ce point. Josuke avait laissé des membres de sa famille souffrir parce qu’il n’avait pas été fichu de s’en rendre compte, de réaliser que les sourires étaient faux et que le tempérament calme de leur frère n’était pas normal. Son fils en avait été malade ! Kimmitsu aussi, tout comme Himako ! Comment avait-il pu être aussi idiot que pour ne rien voir ? Se crispant un peu plus, d’un ton incroyablement hésitant comparé à son habitude, Josuke demanda à Eisen pourquoi il n’en avait jamais parlé avant. Ils auraient pu faire quelque chose. Lui aurait tout fait pour l’aider, au moins un peu, et ne pas en arriver à ce stade… Une aide, quelqu’un à qui parler, des personnes à qui se confier, des personnes connaissant ce qu’il ressentait en réalité… Tout cela aurait pu lui éviter des blessures telles que celles qu’il avait aujourd’hui.

Eisen – Parce que ça n'aurait rien changé, évidemment.

Josuke – Si... On aurait pu t'aider, t'épauler, au moins un peu. Ça aurait été moins difficile, pendant toutes ces années.

Munemori – Faut dire que tu caches vraiment très bien ton jeu, beaucoup mieux que Himako et Kimmitsu, marmonna Munemori. Je n'aurai jamais rien deviné tout seul, alors qu'on te voit tous les jours. Bon, Josuke, arrête de faire la tronche, le passé est le passé, on n'y peut rien. On doit plutôt savoir quoi faire maintenant. On doit en parler à Kimmitsu, tu penses ? Enfin, après qu'il se soit soigné ?

Josuke – Je lui parlerai pour lui expliquer tout ce que… Tout ce qu’on a appris, oui. Au moins pour le rassurer concernant Genji… Mais pas tout de suite, Akane n’est pas en danger et c’est le plus important.

Josuke ne souleva pas la remarque de Munemori à propos du fait qu’il « faisait la tronche ». Il ne la faisait pas, il était seulement mal à l’aise, c’est tout. Il avait le droit, non ? Il ne faisait rien de mal et avait accepté de discuter avec ses frères, il était assis et calme extérieurement, c’est tout ce qui comptait. Même si, sincèrement, il ne voyait pas ce qu’il pouvait ajouter de plus… Il n’osait rien demander de plus à Eisen aujourd’hui, pas alors qu’il était dans cet état, visiblement affecté par leur dispute. Munemori l’avait réconforté, lui, mais leur frère était resté seul avec ses pensées. Il avait besoin de soutien, maintenant, et Josuke n’aidait pas du tout à améliorer son moral. Loin de là. Décidé, il se releva en jetant un coup d’œil à ses frères, tâchant de garder l’air impassible qu’il avait habituellement.

Josuke – Je vais voir comment va Akane, si elle n’a besoin de rien… Comme ça Munemori pourra te réconforter, Eisen… Il est du genre entêté et je crois que continuer à parler ne sert à rien ce soir, pas si tu es dans cet état.

Josuke sortit de la pièce en ajoutant qu’il était désolé et fila jusqu’à la chambre de ses filles sans regarder derrière lui, faisant très doucement coulisser la porte pour se glisser dans la pièce avant de pousser un soupir discret. Seul, au moins quelques minutes, sans personne pour voir son visage dans le noir. Il se rapprocha d’Akane avec un visage triste et fatigué, néanmoins soulagé par la découverte qu’ils avaient faite aujourd’hui. Elle ne risquait rien… Et elle ne serait pas malheureuse, il le jurait. Il ferait tout pour qu’elle, au moins, ait la vie que réclamait son don, il lui apprendrait tout ce qu’il faudrait et chercherait un professeur dès le lendemain pour qu’elle ne souffre pas. Elle avait peur pour le moment, oui, mais cela n’allait pas durer. Tout irait bien. Au moins pour elle… Il ne répéterait pas les erreurs du passé. Genji, Eisen, Kimmitsu et Himako avaient souffert durant des années, il était hors de question que cela continue maintenant. Rassuré, et craignant de réveiller les jumelles en restant trop longtemps, Josuke finit par sortir de la chambre… pour tomber nez-à-nez avec Munemori. Mais bon sang ! Il n’était pas resté longtemps, pourtant ! Cinq, dix minutes… Plus ?

Josuke – Qu’est-ce qu’il y a ?, dit-il en soupirant. Je venais juste voir si Akane allait bien, tu devrais rester avec Eisen. Tu as vu son état, il a besoin de soutien, et ce n’est pas moi qui vais l’aider, loin de là.
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Munemori Nakajima
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Munemori Nakajima
MessageSujet: Re: Agir malgré tout   Agir malgré tout EmptyMar 20 Sep - 12:41

– Je lui parlerai pour lui expliquer tout ce que… Tout ce qu’on a appris, oui. Au moins pour le rassurer concernant Genji… Mais pas tout de suite, Akane n’est pas en danger et c’est le plus important.

De toute manière, leur frère non plus n’était pas tout à fait disponible ces derniers jours. C’était incroyable, tout de même, de réaliser à quel point un don pouvait affecter une personne. Il suffisait d’un rien ! Qu’il soit trop retenu, contenu, mal utilisé ou trop peu… L’état mental et physique du porteur influençaient également le pouvoir à un grand point, tellement que Munemori avait souvent du mal à suivre, comprendre tout ce qui pouvait influencer directement ou non, tout ce qui pouvait toucher un pouvoir et son porteur, jusqu’à quel point et pourquoi. Qui pourrait tout leur expliquer à chaque fois qu’il y en avait besoin ? Eisen refusait de s’étaler sur le sujet, ce qui pouvait se comprendre. Himako était partie bien avant son mariage, contrairement à la coutume, et ne remettra sans doute plus jamais un seul orteil dans cette maison, inutile de lui demander encore une fois. Kimmitsu, il avait beau savoir qu’il pouvait revenir lorsqu’il le voulait, il fallait à chaque fois le traîner pour qu’il daigne revenir ici et ne restait jamais bien longtemps. Genji était encore trop jeune pour connaître tous les tenants et aboutissants, même s’il devait en savoir un peu plus aujourd’hui. Qui restait-il ? Josuke avait tout oublié et n’était pas calé sur le sujet. Personne n’avait étudié les dons dans cette famille. Leur aîné se leva tout à coup, tirant Munemori de ses réflexions. Bah, où il allait ?

– Je vais voir comment va Akane, si elle n’a besoin de rien… Comme ça Munemori pourra te réconforter, Eisen… Il est du genre entêté et je crois que continuer à parler ne sert à rien ce soir, pas si tu es dans cet état.

Entêté ? Et c’est lui qui osait dire ça ! Qui était le plus borné d’entre eux tous, on se le demande ? Munemori leva les yeux au ciel lorsque leur frère rajouta qu’il était désolé avant de quitter la pièce, comme s’il fallait une preuve de plus qu’il était lui aussi têtu comme une mule. Munemori se leva à son tour puis tendit la main à son petit frère pour l’aider à se remettre debout. Il avait surtout besoin de se reposer et faire le vide, pour le moment, c’est ce qui importait le plus. Son frère lui assura qu’il ne devait pas prendre ça trop au sérieux, comme tout le monde était sur les nerfs, fatigués, les mots dépassaient souvent les pensées. Il l’accompagna jusqu’à sa chambre et lui conseilla de jouer un peu avec son bébé avant qu’il ne s’endorme, il n’y aura rien de mieux pour son moral ! En le poussant dans sa chambre, Munemori eut tout à coup une autre idée. Oui, ça pourra aider aussi ! Tout content, il courut d’abord s’assurer que c’était possible puis alla à la recherche de son grand frère. Il avait bien dit qu’il allait voir ses filles, non ? Akane devait dormir profondément, à présent, ils mettaient les petits au lit plus vite. Le peintre retrouva son frère lorsqu’il sortit de la petite chambre, lui souriant. Il faisait toujours une mine d’enterrement, il lui faudra sans doute un moment avant de digérer toute l’histoire et d’accepter ce qui était arrivé. Au final, si c’était vrai, ce n’était pas si étonnant que ça n’ait fonctionné qu’avec lui, pour son don. Leur frère et leur sœur avaient des caractères plus fermes, enfin, ils résistaient très bien à la pression. Horrible de se dire que ça avait sûrement sauvé plusieurs la vie de leur frère en France.

– Qu’est-ce qu’il y a ?, dit-il en soupirant. Je venais juste voir si Akane allait bien, tu devrais rester avec Eisen. Tu as vu son état, il a besoin de soutien, et ce n’est pas moi qui vais l’aider, loin de là.

– Il s’occupe de son bébé et joue avec lui, c’est magique, les enfants, pour vous remonter le moral. Bon, viens avec moi !

Il le tira avec le poignet, ne lui laissant pas le choix de toute façon, et l’emmena ainsi jusqu’à la chambre de leur grand-père, à qui il avait demandé de pouvoir parler toute à l’heure. Le vieillard leva la tête lorsqu’ils entrèrent et refermèrent derrière eux, occupé à lire un roman que Akinori lui avait prêté l’autre jour. Munemori continua de tirer son frère jusqu’à ce qu’il s’assoit, vérifiant qu’ils étaient bien tranquille. Il n’était venu que très peu de fois dans la chambre de leur grand-père, évitant souvent de le déranger lorsqu’il était au calme ou occupé à lire, écrire ou peindre. Il y avait surtout beaucoup de photo de famille un peu partout. L’une, assez grande, montrait leurs grands-parents paternels, debout et entourés de leurs six fils, dont leur père, qui avait fait l’effort de sourire. Tous décédés, comme leur grand-mère… Munemori se reprit et refit un résumé de la situation plus explicite au vieux Naoki, qui avait déposé son livre sur ses genoux. Il commença par lui demander s’il était vraiment possible que leur père se soit arrangé pour faire ainsi disparaître un don naissant. Naoki eut un regard pensif, durant un moment. Même s’il n’était venu vivre chez eux qu’après la mort de son épouse et de son autre fils, et aussi après celle de leur père, Munemori savait qu’il était le seul malgré tout à pouvoir les éclairer sur le sujet.

– Oui, c’est possible, répondit-il finalement. Vous savez, les garçons, ce n’est que très récemment que des personnes osent s’afficher avec leurs pouvoirs dans notre pays, et encore, c’est mal accepté. De mon temps, il était de coutume de tout faire pour qu’un don naissant disparaisse, et si c’était impossible, enseigner au petit de ne jamais le montrer. C’est l’éducation que j’ai reçu moi-même, avant de perdre mon pouvoir par… le choc. Votre père aussi a été élevé dans cette idée, comme tous ses frères. J’en suis responsable, je le sais… Il a fallu que je perde mes dons, à la mort de tous mes fils, pour réaliser ce que j’en songeais véritablement. C’est un problème culturel, tous les pays n’ont pas la même approche vis-à-vis des pouvoirs.

Munemori n’était pas spécialement convaincu qu’il y ait des pays avec une mentalité vraiment ouverte sur ce sujet, ce qu’il ajouta d’un ton assez sombre. Leur grand-père sourit et répondit qu’il y en existait quelques uns, souvent là où des écoles étaient implantées, comme la Chine par exemple. Découverte pour le peintre, qui n’avait jamais su qu’il existait une école dans ce pays. Maintenant qu’il y pensait, d’ailleurs, il ignorait combien d’écoles existaient à travers le monde, sachant uniquement qu’il y en avait une en France.

– Pourquoi le don du vent pousse autant à… « se sauver » en quelque sorte ? interrogea-t-il ensuite.

– Un don naît par l’influence de l’hérédité et du caractère d’une personne, puis il influence lui-même son porteur. Le vent est un élément d’attaque, un des dons offensifs, ce sont ceux qui travaillent le plus l’évolution du caractère. Le feu, la foudre et le vent sont des éléments très difficiles à écraser dès la naissance, c’est pour cela que votre père n’a pu arriver à rien avec Kimmitsu et Himako, tout comme mes propres parents n’y sont pas parvenus avec moi. Toi, Josuke, tu possédais sans doute l’eau, comme ta fille. Les éléments offensifs sont détenus par des personnes avec une volonté ferme. Le vent, plus particulièrement, est un don plus rebelle. Les dons offensifs aux personnes sur le front et les dons défensifs aux personnes en arrière-garde à éduquer, soigner et conseiller. Vous avez des exemples avec votre frère en France. Il se bat, Genji apprend à se battre aussi, Eisen finira par en arriver là, tôt ou tard. Cet enfant ressemblerait tellement à Kimmitsu s’il acceptait son propre pouvoir.

Leur grand-père eut un léger soupir, le silence retombant quelques instants. Munemori comprenait mieux, maintenant, même si ce n’était pas des plus rassurants.

– Tu vas t’en vouloir longtemps, Josuke ? Tu n’y es pour rien, juste pour info.
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Josuke Nakajima
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Josuke Nakajima
MessageSujet: Re: Agir malgré tout   Agir malgré tout EmptyDim 30 Oct - 23:14

Munemori – Il s’occupe de son bébé et joue avec lui, c’est magique, les enfants, pour vous remonter le moral. Bon, viens avec moi !

Q… Mais eh ! Josuke protesta lorsque son frère le tira par le bras, l’emmenant il ne savait où. Allait-il le lâcher, à la fin ?! Quel mot ne comprenait-il pas dans « Je vais bien », au juste ? Après une telle découverte, il était normal que lui-même soit un peu ébranlé, il lui fallait seulement un peu de temps. Et seul ! Surtout pas collé par un Munemori qui refusait, à l’évidence, de lui laisser quelques minutes pour respirer. Il pouvait aller dormir, s’occuper de ses propres affaires et laisser Josuke tranquille au moins jusqu’au lendemain. Promis, après, tout irait mieux. Il travaillerait comme d’habitude et toute cette histoire serait loin, enfouie, personne n’en détectera la moindre trace sur le visage de Josuke. C’était comme ça, point final. Le reste importait peu. Mais Munemori semblait déterminé à… faire il ne savait trop quoi.

Il traversa toute la maison, traîné par son frère, et ne put s’arrêter et reprendre son bras que lorsqu’ils furent devant la porte de la chambre de leur grand-père. Hum ? Lui lançant un regard suspicieux, il n’eut le temps de rien demander avant de se faire, à nouveau, tirer à l’intérieur de la chambre alors que le vieil homme relevait la tête vers eux sans sembler être surpris. Comment… Que se passait-il, au juste ? Comprenant qu’il n’avait pas le choix, Josuke s’installa de mauvaise grâce, écoutant son petit frère, et ne prononça pas un mot, attendant la suite. Ça sentait le piège à plein nez. Qu’est-ce qu’il avait derrière la tête, au juste ? Il voulait que son frère oublie tout ? Impossible. Il avait oublié son don, il avait tout refoulé, son petit frère devait au moins lui laisser ce souvenir. Il garda la tête droite malgré tout, s’efforçant de rester impassible et de ne pas montrer qu’il allait un peu moins bien. Quel était le but de Munemori en venant ici, au juste ? Ils ne devaient pas importuner leur grand-père, il avait le droit d’être tranquille et en paix.

Enfin… Ça, c’est ce que Josuke pensait. Munemori avait fermé la porte derrière eux et, semble-t-il, venait de vérifier qu’ils étaient seuls, que personne ne viendrait les déranger. Josuke lui lança un regard perdu, ne comprenant pas ce qu’il voulait faire… avant que son frère ne se mette à tout résumer à leur grand-père. Il lui expliqua ce qui s’était passé, lui passant les détails mais n’épargnant pas les informations les plus importantes. Pour terminer, Munemori demanda si une telle réaction de la part de leur père était possible, donc, si Josuke aurait pu perdre son don à cause de lui. Naoki ne répondit pas tout de suite tandis que Josuke tâchait de garder cet air impassible pour ne pas se trahir, toujours partagé entre la tristesse, la culpabilité et la colère. Oui, c’était possible… L’air qu’adoptait leur grand-père suffisait à le lui faire comprendre. Pourquoi remuer le couteau dans la plaie ? Ce qui était fait était fait, autant passer à autre chose.

Naoki – Oui, c’est possible, répondit-il finalement. Vous savez, les garçons, ce n’est que très récemment que des personnes osent s’afficher avec leurs pouvoirs dans notre pays, et encore, c’est mal accepté. De mon temps, il était de coutume de tout faire pour qu’un don naissant disparaisse, et si c’était impossible, enseigner au petit de ne jamais le montrer. C’est l’éducation que j’ai reçu moi-même, avant de perdre mon pouvoir par… le choc. Votre père aussi a été élevé dans cette idée, comme tous ses frères. J’en suis responsable, je le sais… Il a fallu que je perde mes dons, à la mort de tous mes fils, pour réaliser ce que j’en songeais véritablement. C’est un problème culturel, tous les pays n’ont pas la même approche vis-à-vis des pouvoirs.

Donc, c’était une question d’éducation… Soit. Mais cela n’excusait pas leur père pour autant, il n’y avait pas que ce paramètre qui entrait en compte. On ne traumatise pas un enfant ! D’autres, dans leur famille, avaient des dons, effrayer un jeune enfant à ce point est donc évitable. Largement. Josuke ne prononça pas un mot, se contentant d’écouter ce que leur grand-père leur expliquait. Silencieux, il patientait. Munemori ajouta qu’il n’était pas convaincu de l’existence de pays ouverts concernant les dons, aujourd’hui encore. Pour le coup, Josuke était du même avis. Il essayait de garder espoir, vraiment, mais plus il apprenait à connaître la France, plus il lisait les informations sur les autres pays, moins il était sûr de l’ouverture des pays à l’égard des dons.

Munemori – Pourquoi le don du vent pousse autant à… « se sauver » en quelque sorte ? interrogea-t-il ensuite.

Naoki – Un don naît par l’influence de l’hérédité et du caractère d’une personne, puis il influence lui-même son porteur. Le vent est un élément d’attaque, un des dons offensifs, ce sont ceux qui travaillent le plus l’évolution du caractère. Le feu, la foudre et le vent sont des éléments très difficiles à écraser dès la naissance, c’est pour cela que votre père n’a pu arriver à rien avec Kimmitsu et Himako, tout comme mes propres parents n’y sont pas parvenus avec moi. Toi, Josuke, tu possédais sans doute l’eau, comme ta fille. Les éléments offensifs sont détenus par des personnes avec une volonté ferme. Le vent, plus particulièrement, est un don plus rebelle. Les dons offensifs aux personnes sur le front et les dons défensifs aux personnes en arrière-garde à éduquer, soigner et conseiller. Vous avez des exemples avec votre frère en France. Il se bat, Genji apprend à se battre aussi, Eisen finira par en arriver là, tôt ou tard. Cet enfant ressemblerait tellement à Kimmitsu s’il acceptait son propre pouvoir.

Naoki termina son explication avec un soupir, comme s’il était désespéré d’avance. Eisen acceptait déjà son pouvoir, il voulait participer à la manifestation et rejetait l’autorité de Josuke, ce n’était pas un hasard… Il changeait, commençait à laisser son don l’envahir et il lui obéissait sans le refouler comme il le faisait depuis des années. Au fond, c’est ce que Munemori et lui-même avaient cherché à provoquer chez leur frère… Donc comment lui en vouloir ? Le problème était qu’il se mettait en danger et qu’il avait tout refoulé pendant tellement d’années que le contrecoup allait être encore plus violent. Eisen était une bombe à retardement qu’un rien suffirait à faire exploser, la manifestation n’était qu’un début et n’était sans doute rien à côté de ce que pouvait faire leur frère après avoir contenu son don durant tout ce temps. Il avait été blessé, il avait souffert, il s’était cantonné à une vie cadrée et stricte des jours et des jours, des mois, des années. Sans rien dire. Et maintenant… Maintenant, il ouvrait les yeux, se réveillait. Evidemment, ils devaient craindre les conséquences !

Munemori – Tu vas t’en vouloir longtemps, Josuke ? Tu n’y es pour rien, juste pour info.

… Merci. Dire ça comme cela, devant leur grand-père. Très fin. Josuke tourna la tête vers son frère et lui lança un regard noir avant de rétorquer qu’il ne s’en voulait pas d'un ton plus froid malgré lui. Il devait digérer la nouvelle, c’est tout, ce n’est pas difficile à comprendre pourtant. Si ? Dans quelques heures, ou jours, tout irait pour le mieux. Pour l’instant, le plus inquiétant était Eisen, ils devaient s’occuper de leur frère et reléguer les autres sujets au second plan. Peu importe son propre état moral, sa colère ou sa culpabilité. Tout cela restait de l’ordre des émotions, c’était personnel et le temps suffirait à tout apaiser. L’explosion des sentiments d’Eisen, elle, était tangible et bien plus dangereuse ; autant pour lui que pour sa famille… Ils devaient veiller sur lui. Josuke comptait bien l’aider du mieux qu’il le pouvait, tout comme il voulait aider Genji et Akane. Il était hors de question de délaisser les membres de leur famille possédant un don. Plus maintenant.

Josuke – Le plus important, c’est Eisen. Tu as vu son état, il peut exploser à tout moment. Son don a déjà attaqué son corps intérieurement et on ignore exactement les dégâts que cela a engendré. Alors, peu importe mes émotions, je peux les contrôler et tout ira très bien. Eisen, lui, est jeune et a encore besoin de grandir. Son don, contenu depuis des années, réclame de sortir plus que jamais et j’ai peur des conséquences que cela aura. Il faut qu’on trouve une solution, quelque chose pour l’aider. Il veut aller à la manifestation… Je n’ai pas réussi à l’en dissuader. Et s’il y va, je crains le pire.

Josuke fit une pause, lançant un regard lourd à son frère tout en tâchant de dissimuler tout ce qu’il ressentait au plus profond de lui-même. Ce mélange de sentiments était fort, oui, mais dérisoire par rapport à ce qui attendait Eisen s’il allait manifester. D’abord, il n’en reviendrait peut-être pas – les manifestants, en général, savaient un minimum se battre grâce à leur don, ce qui n’était pas son cas. Ensuite, s’il en revenait, leur famille serait au courant de tout, sa femme aussi, son enfant, les cousins… Autant dire que leur frère risquait d’être la cible des racontars durant plusieurs jours, semaines ou mois. Ce que Josuke refusait. Il n’était pas prêt, pas encore, pas d’après ce qu’il avait vu. S’il voulait défendre son don, il devait commencer par l’accepter pleinement et non pas par défaut parce que « pas le choix ». C’était, actuellement, la seule différence entre Kimmitsu, Himako et Eisen…

Josuke – Plutôt que de t’inquiéter pour moi, tu devrais m’aider à chercher une solution pour aider Eisen et le convaincre de ne pas aller manifester. Il fonce dans le tas, il ne s’est pas préparé et je suis sûre qu’il ne mesure pas les conséquences dans leur entièreté. Il agit sous l’impulsion de son don qu’il n’accepte même pas… Il le laisse le guider, oui, mais seulement parce qu’il n’a pas le choix. Pour preuve, si on ne l’avait pas forcé à parler, nous ne l’aurions jamais su.

Josuke posa un regard grave sur Munemori, n’osant pas affronter celui de leur grand-père pour l’instant. Mieux valait changer de sujet que de parler de son ressenti. Il allait très bien, il n’avait pas besoin de parler ni de s’épancher sur ses émotions aujourd’hui. Non, merci, tout allait bien. Le plus urgent était, pour l’instant, le réveil du don d’Eisen et de sa conscience.

Josuke – Est-ce que tu veux m’aider à trouver une solution ou est-ce que tu comptes encore me harceler à propos de ma possible culpabilité ? Si tu ne veux pas m’aider, désolé, mais j’irai faire un tour. J’ai besoin de réfléchir, de trouver quelque chose, parce que je refuse de voir Eisen souffrir davantage au même titre que Kimmitsu, Himako, Genji et tant d’autres. Alors, si tu as des idées, c’est le moment de le dire.
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