Avril 1932. Les soucis mondiaux s'étendent.
 
AccueilCalendrierFAQRechercherDernières imagesMembresS'enregistrerConnexion
-40%
Le deal à ne pas rater :
-40% sur le Pack Gaming Mario PDP Manette filaire + Casque filaire ...
29.99 € 49.99 €
Voir le deal

 

 Déjeuner hivernal entre professeurs

Aller en bas 
AuteurMessage
Anonymous Invité
Invité
MessageSujet: Déjeuner hivernal entre professeurs   Déjeuner hivernal entre professeurs EmptyLun 2 Jan - 11:05

Ah là là, occuper des gamins le temps du voyage alors qu'ils étaient tous surexcités n'avait strictement rien d'évident. Cyprien fut l'un des premiers à descendre du car puis aida le chauffeur, une fois la soute ouverte, à sortir tous les bagages et à lancer aux enfants de venir récupérer leurs sacs. Allez, on se bouge un peu ! Même avec un manteau long et une grosse écharpe, il mourrait à moitié de froid, ils étaient déjà à une bonne latitude et il neigeait déjà, ici, depuis une bonne semaine. La station était perchée dans son petit coin de montagne, offrant une vue qui, tout en étant magnifique, effrayait aussi un peu lorsqu'on voyait la profondeur de la vallée s'étendant sous leurs yeux. Le soleil de midi ne suffisait bien sûr pas à réchauffer qui que ce soit, l'hiver était déjà bien installé, même s'il ne débutait officiellement que fin décembre. Les décorations de Noël, installées un peu partout, donnaient un air de fête et de joie à toute la station. Les bâtiments étaient tous construits en bois et en pierre, c'était de bon goût, on aurait pas pu rêver mieux comme lieu pour changer d'air, de décor et ressentir l'ambiance des fêtes de fin d'année. Une année chargée... Enfin, ça ira sans doute mieux par la suite.

Une fois que tous les enfants et adultes eurent récupérés leurs affaires, il fut temps de rentrer, se présenter à l'accueil, obtenir les clés des deux dortoirs alloués aux enfants et ceux des adultes, éviter les bousculades dans les couloirs, répéter encore et encore de ne pas déranger les autres résidents de la station, de faire attention avec les valises, de ne pas crier ou courir à l'intérieur, et ainsi de suite. C'était aussi ça, le travail d'un professeur en voyage scolaire... Voyage arrivé très tôt, cette année, d'habitude, cette sortie annuelle n'avait lieu qu'en avril ou en mai, par tradition. Enfin, vu comment s'était déroulée la sortie en avril, l'année scolaire précédente, il y avait aussi de quoi ne pas vouloir raviver de mauvais souvenirs. Bref ! Cyprien déposa enfin son propre sac sur son lit, avec un petit soupir de soulagement, puis tira sur son écharpe pour l'ôter et la laisser tomber à côté de ses affaires. Il avait horreur du froid, détestant aussi la pluie perpétuelle, l'humidité, enfin bref, il n'aimait guère les régions plus humides et glaciales.

Cyprien – On ne court pas dans les couloirs ! lança-t-il encore d'un ton exaspéré. Monsieur Nolard, arrêtez-vous tout de suite et refaites vos lacets, vous allez finir avec une cheville dans le plâtre. Mademoiselle Blenaud, faites attention, enfin, ne cassez pas la poignée de la porte, demandez de l'aide si elle est coincée !

Oh, joie infinie en pensant qu'ils allaient devoir surveiller sans cesse cette bande de petits monstres, même si on ne pouvait décemment pas leur reprocher de se lâcher un peu maintenant qu'ils étaient loin du pensionnat et de la tension permanente qui y régnait depuis des mois. Cette première journée était assez libre, pour les enfants, étant donné qu'ils venaient d'arriver, que le repas de midi approchait et que chacun avait surtout besoin de se reposer un peu, se vider la tête. Cyprien retourna dans la "partie professeur", soit un autre dortoir, divisé en deux parties distinctes séparées par deux lourds rideaux, ouverts pour le moment, afin de délimiter l'espace des hommes et celui des femmes. Ils étaient moins nombreux qu'escompté au départ, source de stress supplémentaire pour eux. Déjà, aucun membre de la direction. Gabriella, qui avait littéralement disparue durant des jours, n'avait donné que de brèves nouvelles, par téléphone, et n'était plus revenue à l'école physiquement avant leur départ pour ce voyage. Monsieur Nakajima était parti la rejoindre deux jours plus tôt, tout comme Frédéric, leur plus proche collaborateur. Pour "s'occuper de la nouvelle école".

Dans leurs autres collègues, madame Kara n'était pas venue non plus, tout comme Alice - à la grande surprise de tous - ainsi qu'Auguste et Henri, le collègue d'Estelle qui enseignait l'histoire et l'éducation civique. Bon, il y avait bien aussi le colonel Bizarre et son équipe qui étaient venus, enfin... Cyprien ne les sentait que très moyennement, ils étaient bizarres, plus que d'habitude en tout cas, et restaient entre eux. Adrien aussi était venu, Cyprien lui sourit au passage en continuant de ranger vite fait ses affaires. Une fois tout le monde prêt, ils prirent le temps d'expliquer tout ce qu'il fallait à leurs élèves, concernant les activités, les heures de repas, les consignes de sécurité, les règles de vie, ce qu'ils avaient le droit de faire ou non et ainsi de suite. Ce n'est qu'arrivé à l'heure du déjeuner, et assit à table avec ses collègues, que Cyprien parvint à se détendre un peu. Bon, allez, ils étaient là pour profiter un peu ! Entamant l'entrée, il discuta un peu avec Mira, sa voisine d'à côté, essayant de la faire sourire et rire, comme elle avait un air un peu sombre. Pas difficile de deviner pourquoi, l'absence de tant de leurs collègues avait le don de l'angoisser.

Mira – Donc ils ont déniché un nouvel endroit pour l'école ? Où et comment ? Et pourquoi la directrice a encore disparu si longtemps ?

Cyprien – Est-ce qu'on veut vraiment savoir pourquoi ?

Dans son propre cas, non, définitivement non, il préférait ne pas le savoir, ne surtout pas connaître les détails, ne serait-ce que pour préserver un minimum sa santé mentale et ses nerfs déjà à vif. Il ajouta à haute voix que non, il valait sans doute mieux rester dans l'ignorance sur ce genre de sujets, ce à quoi ses collègues hochèrent la tête, pour la plupart, ne semblant pas pressés, eux non plus, de découvrir la vérité. Daniel indiqua ensuite, lorsqu'on lui posa la question, qu'il n'avait rien demandé non plus à sa femme, du moins pour le moment. Il est vrai que Alice avait changé du tout au tout depuis qu'elle s'était pris une engueulade du sous-directeur en pleine figure, étant à présent beaucoup plus active dans cette histoire. Enfin, il ne lui avait pas vraiment crié dessus, c'était plutôt... Façon du sous-directeur, quoi. Il avait tellement l'art et la manière de vous faire culpabiliser. Il ne criait même pas, c'était vraiment la façon de parler qui vous poussait à vous replier sur lui-même et vous excuser de tout.

Cyprien – Que l'école puisse déménager, c'est plutôt une bonne nouvelle, non ? lança-t-il d'un ton plus joyeux à ses collègues. On ne demande pas comment, hein, peu importe la façon dont cet endroit a été trouvé. Si on pensait plutôt à organiser une petite fête pour redonner le moral à nos élèves, vous en dites quoi ? Ou même une soirée contes et chocolat chaud, ça peut être sympa.
Revenir en haut Aller en bas
Fonction :
  • Admin
Récits : 664

Âge RPG : 35 ans
Don(s) : Pyromancien
Taille : 1m78
Adrien de Sora
Médecin
Adrien de Sora
MessageSujet: Re: Déjeuner hivernal entre professeurs   Déjeuner hivernal entre professeurs EmptyDim 5 Fév - 14:07

Frédéric devaient bien être embêté avec toute la paperasse administrative à gérer, depuis le départ de la directrice et du sous-directeur, il se retrouvait seul à devoir se débattre avec tout ça. L'infirmier lui coula un sourire compatissant en voyant que, même après s'être assis à table pour déjeuner avec tous ses collègues, il continuait de lire ce qui devait être un dossier important, piquant dans son assiette sans regarder et ne se rendant du coup pas compte que le morceau de pomme de terre s'était échappé depuis longtemps. La salle servant de réfectoire était surtout peuplée de groupes classes et de leurs accompagnants, ainsi que d'une poignée de touristes et de visiteurs de passage, s'étant arrêtés au refuge pour déjeuner seulement avant de repartir en randonnées. Tout en mangeant son entrée, appréciant l'enthousiasme de certains pour maintenir une certaine bonne humeur, il s'efforça d'aider autant que possible Frédéric à s'en sortir avec sa nouvelle charge de travail. Le jargon de l'Education Nationale était à vous arracher les yeux, tant de jolies phrases bien montées en vrille pour exposer des sujets finalement très simples, sans oublier la manie de cette multitude de signes en tous genres. Pas simple, de diriger une école, surtout un pensionnat. Adrien vérifia sur un petit carnet combien de semaines de cours il restait avant les vacances, puis calcula combien seront nécessaires pour faire partir peu à peu tous leurs élèves vers la nouvelle école.

Mira – Donc ils ont déniché un nouvel endroit pour l'école ? Où et comment ? Et pourquoi la directrice a encore disparu si longtemps ?

Cyprien – Est-ce qu'on veut vraiment savoir pourquoi ?

Oh, non, pas la peine, ça les fatiguerait juste à écouter toute l'histoire. Leur collègue de sciences ajouta qu'il valait bien mieux, de toute manière, rester dans l'ignorance pour certains sujets. En un sens, dommage, Adrien aurait bien aimé voir la tête de certains s'il leur expliquait "Ce n'est rien, la voiture du maréchal et de la directrice  ajuste été visée par des missiles." Mira interrogea ensuite Daniel, sauf que lui non plus ignorait où pouvait bien se trouver sa femme en ce moment-même et c'est qu'il y fichait. Frédéric et Adrien échangèrent un bref regard, tous deux étant parfaitement au courant de tous ces "détails". Cependant, pour la propre sécurité de leurs collègues et des élèves, ils étaient tenus au silence absolu sur le domaine. Navré, c'était la règle, et de toute façon, c'était encore moins le moment que jamais d'agacer la directrice par des actes stupides. L'infirmier retint un petit sourire ironique en mangeant un bout de pain, imaginant déjà la tête qu'elle ferait si on lui rapportait la scène. Disparition après disparition, tous ses alliés s'en allaient la rejoindre et lui-même n'allait plus tarder à faire de même. Patience, chers amis professeurs et élèves, tous pourront s'en venir les rejoindre à l'heure venue.

Cyprien – Que l'école puisse déménager, c'est plutôt une bonne nouvelle, non ? lança-t-il d'un ton plus joyeux à ses collègues. On ne demande pas comment, hein, peu importe la façon dont cet endroit a été trouvé. Si on pensait plutôt à organiser une petite fête pour redonner le moral à nos élèves, vous en dites quoi ? Ou même une soirée contes et chocolat chaud, ça peut être sympa.

Adrien – Une soirée serait déjà plus facile et rapide à mettre en place, il faudra faire la fête pour Noël et le Nouvel An juste avant de laisser tous ces petits monstres rejoindre leurs familles pour les vacances. On ne reste pas longtemps ici, après tout.

Il réfléchit à haute voix pour les détails pratiques tout en attaquant le plat principal, à savoir des pommes de terre à la Savoyarde avec de la viande rouge et du pain de graines. La station avait des salles à disposition justement pour les groupes scolaire ou les mariages, fêtes ou autres événements, il suffisait de s'adresser à la réception pour ne réserver une, un soir, pour leur propre groupe. Plongés dans la discussion pour les préparatifs, Adrien fut tout à coup doucement interpellé par Frédéric, discrètement, qui lui tendit le journal en lui disant quelle page regarder. Adrien reposa la fourchette pour regarder puis eut un sourire un peu gêné et amusé en voyant sa photo avec l'avis de recherche à côté. Déjà ? Ils ne perdaient pas de temps, les petits rats d'encre ! Reposant le journal après l'avoir fermé, il prit posément le temps de terminer son assiette, bien plus rapidement que ses autres collègues, puis s'essuya la bouche, buvant un peu d'eau. Bon, il était temps d'aller faire un tour, non ? C'était le bon moment et un petit voyage allait le faire digérer. Il se leva puis récupéra son manteau et son écharpe posés sur le dossier de sa chaise, annonçant qu'il allait faire un petit tour rapide dehors, ayant besoin de prendre l'air.

Adrien – Je reviens plus tard, sourit-il en enfilant son écharpe.

La plupart de ses collègues n'y prirent qu'une très vague attention, c'était courant que deux ou trois sortent entre deux plats pour fumer une cigarette ou juste prendre un peu l'air et digérer, lors qu'ils étaient loin du pensionnat et pouvaient se permettre d'être plus détendus. Seul Frédéric avait le regard beaucoup plus grave et lui fit un petit signe de main avant qu'Adrien ne quitte la salle. Ouais... A plus tard, mon vieux.
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous Invité
Invité
MessageSujet: Re: Déjeuner hivernal entre professeurs   Déjeuner hivernal entre professeurs EmptySam 25 Fév - 12:25

La neige était tombée vraiment très tôt, cette année, même s’ils étaient à bonne hauteur dans le Jura, c’était impressionnant. Fatiguée par le voyage et son accouchement somme tout bien récent, Estelle mit un peu de temps avant d’émerger de la longue sieste faite dans le car durant le trajet, n’ouvrant les yeux qu’avec peine lorsque leurs bus ralentit et s’engagea sur la longue route menant à la station. Les enfants, eux, étaient déjà surexcités et un grand remous avait pris lieu et place dans le car, les petits attrapant gants, manteaux et bonnets pour les enfiler tout en spéculant déjà sur la semaine à venir. La jeune mère bailla un peu plus en se blottissant sous le manteau la couvrant depuis deux heures, profitant des quelques minutes lui restant sans devoir bouger. Las il le fallut bien, dès que les cars stoppèrent et qu’il fallut faire descendre puis prendre les affaires toute la bande de gamins. Un froid très vif les accueillit dès la sortie, un froid qui ne découragea même pas les enfants. Décharger les cars, faire prendre à chacun sa valise en plus d’un petit sac ou deux, pour la plupart, leur répéter d’attendre et de se mettre en ordre, en résumé, la routine habituelle et assez compliquée de toutes les sorties scolaires, d’autant plus les longues. Pas sa partie du métier la plus appréciée.

Estelle – Ne me faites pas crier dès le début, grinça-t-elle en stoppant net tout un petit groupe commençant déjà à faire les marioles. Mettez-vous dans le rang avec les autres.

La station devait avoir l’habitude des groupes scolaires un poil braillards puisque les deux personnes venues les chercher à l’entrée gardèrent un sourire et un ton tout à fait professionnels, comme s’ils étaient des plus ravis de recevoir tant de gamins surexcités déjà prêts à prendre les lieux d’assaut. Ce fut Frédéric qui se chargea de donner le chèque pour la semaine, étant donné qu’il avait repris à la fois les fonctions de Gaby et celles du sous-directeur, en l’absence de ces deux derniers, une absence survenue plutôt brutalement. Estelle laissa tomber ses sacs par terre puis s’efforça, avec ses collègues, de faire mettre les enfants en ordre et par groupes de dortoir pour leur distribuer à chacun la clé d’accès à leur dortoir, une copie du règlement, le plan de la station et leur emploi du temps, avec les heures d’activités, de temps libres et les sorties prévues, ainsi que les animations. Maintenant, chacun devait ranger ses affaires avant le déjeuner. La jeune mère poussa un soupir fatigué en reprenant sa valise pour la porter dans le couloir, regrettant tout à coup de n’avoir pas pris de congé après son accouchement, enfin… Etant donné que certains de leurs collègues avaient dû partir, elle n’allait tout de même se mettre elle aussi en congé et laisser tomber les autres, ça ne se faisait pas.

L’heure suivante fut assez mouvementée. Avec les autres femmes du corps enseignant, elles tâchèrent de ranger assez vite dans leur propre dortoir afin de surveiller les élèves et vérifier qu’ils ne commençaient pas déjà à faire des bêtises. En passant dans le couloir, elle eut un sourire compatissant en voyant Frédéric râler entre ses dents contre le dossier énorme de documents administratifs qu’il avait dû emporter avec lui. Devoir assumer tout ça du jour au lendemain, ce n’était pas drôle… Il pouvait leur demander de l’aide dès qu’il le voulait, cela dit. De leur côté, les enfants rangeaient plutôt sérieusement leurs affaires, même si l’excitation était palpable. Une fois tout le monde prêt, il fut temps de déjeuner. Un dernier combat pour rappeler les règles de conduite et obliger les plus agités à prendre leur plateau dans le calme, puis ce fut enfin le moment de détente. Estelle se laissa tomber assise à côté de Céleste, s’étirant comme un petit chat, tous les muscles en coton. Sieste si elle en avait l’occasion cet après-midi, promis, juré. Puis téléphoner à la nourrice pour savoir comment allaient ses deux fils. Elle ne participa pas tout de suite à la conversation, mangeant d’abord une part de son entrée en se reposant.

Mira – Donc ils ont déniché un nouvel endroit pour l'école ? Où et comment ? Et pourquoi la directrice a encore disparu si longtemps ?

Cyprien – Est-ce qu'on veut vraiment savoir pourquoi ?

Bonne question, et la réponse était non, certainement pas. Ils n’avaient pas besoin de tout savoir non plus, n’est-ce pas ? Daniel ne savait pas non plus où se trouvait sa femme, l’air à la fois inquiet et serein lorsqu’on lui posa la question. Bah, ils finiront tous par le savoir, non ? Même si c’était un peu compliqué pour le moment, ce n’était là qu’un passage, dès l’an prochain, tout se mettra en place et ils rejoindront leurs collègues envolés dans la nature. Vu ainsi, c’est vrai que ça pouvait sembler beaucoup. Gabriella disparue depuis deux bonnes semaines, maintenant… Et leurs autres collègues qui suivaient peu à peu depuis une semaine, chacun disparaissant comme ça, pouf. Le soir au réfectoire, ils étaient là, et le lendemain, dans la salle des professeurs, personne ne saurait plus dire où ils étaient passés. Estelle s’efforçait de ne pas être trop inquiète. Après tout, son amie devait savoir ce qu’elle faisait, n‘est-ce pas ? Tout comme leurs collègues qui partaient la rejoindre. Ils étaient partis pour fonder la nouvelle école, ce n’était pas rien. La jeune femme avait bien hâte devoir ce que ça allait donner, souriant à cette pensée tout en mangeant.

Cyprien – Que l'école puisse déménager, c'est plutôt une bonne nouvelle, non ? lança-t-il d'un ton plus joyeux à ses collègues. On ne demande pas comment, hein, peu importe la façon dont cet endroit a été trouvé. Si on pensait plutôt à organiser une petite fête pour redonner le moral à nos élèves, vous en dites quoi ? Ou même une soirée conte et chocolat chaud, ça peut être sympa.

Adrien – Une soirée serait déjà plus facile et rapide à mettre en place, il faudra faire la fête pour Noël et le Nouvel An juste avant de laisser tous ces petits monstres rejoindre leurs familles pour les vacances. On ne reste pas longtemps ici, après tout.

Oui, en juste une semaine, ils n’avaient pas le temps de mettre quelque chose de bien compliqué en place. L’infirmier relança la discussion générale sur ce qui était possible d’organiser, en peu de temps mais qui pourra plaire aux enfants. Estelle était bien pour une soirée conte, pour sa part, ça plaisait toujours beaucoup et les enfants aussi pourront raconter aux autres leurs propres histoires. Une fois de retour au pensionnat, à la fin de la dernière période de cours de 1931, ils feront une petite fête pour la fin d’année, détendre leurs élèves, et aussi en, quelque sorte, dire adieu au pensionnat avant les départs pour la nouvelle école. Mira leur montra la brochure de la station et les quelques salles mises à disposition pour les groupes scolaires, ils pouvaient demander à en réserver une pour la fin de la semaine, par exemple. Estelle jeta un œil à l’emploi du temps pour être sûre qu’ils avaient le temps. Ils bavardaient avec un peu plus de gaieté, maintenant. Adrien se leva tout à coup et mit son manteau, sans doute pour aller fumer une cigarette dehors. Leur directeur intérimaire devrait d’ailleurs lui aussi songer à prendre un peu l’air. Même à table, il était toujours plongé dans ses documents, ce n’était pas bon pour la santé ou le moral.

Adrien – Je reviens plus tard, sourit-il en enfilant son écharpe.

Estelle – A toute à l’heure, sourit-elle.

Oh, d’ailleurs, maintenant qu’elle y pensait ! Estelle fourra la main dans sa poche et en sortit un petit paquet bien emballé. Se tournant vers Céleste, elle ouvrit le paquet et lui montra un bracelet en tissu, avec plusieurs couleurs chaudes et un petit motif païen au milieu. La jeune mère l’attacha avec soin autour du poignet de son amie, tout sourire, émue de faire ça.

Estelle – Mes parents m’avaient appris que l’on devient le parrain ou la marraine d’un enfant, on porte ce type de bracelet en symbole de ce lien, expliqua-t-elle. Il doit être tissé par la mère de l’enfant et offert à celui ou celle qu’elle choisit pour protéger son bébé. Il préserve des mauvais esprits et renforce le lien entre toi et Chris.

Peu importe que beaucoup se moquent de ce genre de croyances, Estelle les trouvait belles et tenait à perpétuer cette tradition. Elle déposa un rapide bisou sur la joue de Céleste et la remercia encore d’avoir accepté ce rôle pour son petit garçon.
Revenir en haut Aller en bas
Fonction :
  • Membre
Récits : 234

Âge RPG : 26 ans
Don(s) : Fulgumancienne et Frigumancienne
Taille : 1m73
Céleste Dumoulin
Espionne
Céleste Dumoulin
MessageSujet: Re: Déjeuner hivernal entre professeurs   Déjeuner hivernal entre professeurs EmptySam 11 Mar - 22:41

Céleste lança un regard compatissant à Cyprien qui grelottait presque dans son manteau pourtant gros. Bah, il faisait bon, pour elle ! Bon, un peu froid, c’est vrai, mais ça allait. Pour une fois que son deuxième don l’aidait dans une situation… Elle proposa à son collègue de lui passer sa veste, ou ses gants, ou quelque chose comme elle n’en avait pas vraiment besoin. Mais non, il resta avec son gros manteau, comme la plupart des élèves et les professeurs – exceptés ceux qui possédaient l’élément glace. Cet endroit était reposant, magnifique. Du blanc partout, l’air froid et pur, l’impression d’être protégée ici contrairement au Pensionnat… Et les élèves complètement surexcités. Aidant ses collègues à les rassembler et à les faire se tenir tranquilles, Céleste réprimanda tout un groupe pendant que Frédéric s’occupait d’aller chercher les clefs des chambres au nom du Pensionnat. Dès qu’il eut réglé les détails administratifs, il leur donna le feu-vert et ils purent donner les consignes aux élèves, leur laissant du temps pour s’installer et se reposer aujourd’hui.

Tous les professeurs, ensemble, donnèrent les clefs de la chambre à chaque groupe de dortoir, écrivant méticuleusement la personne à qui ils donnaient la clef et qui serait le référent durant toute la semaine. Ils distribuèrent également les règlements, planning des activités, etc. pour que les élèves connaissent les horaires en leur disant qu’ils avaient jusqu’au déjeuner pour s’installer aujourd’hui. Eux-mêmes se dépêchaient tout de ranger leurs affaires pour aller surveiller les élèves et éviter les débordements. Et, sincèrement, Céleste fut agréablement surprise. En dehors de trois garçons qui se disputaient pour des lits, elle n’eut à reprendre personne de son côté, remarquant que les élèves étaient assez calmes malgré leur excitation. Ils avaient pu réserver toute une partie de la station pour rassembler élèves et professeurs, le responsable leur proposant cela au départ pour une question pratique même s’ils étaient assez de membres du personnel à ce moment-là. Aujourd’hui, ils bénissaient tous ce rassemblement qui leur faciliterait considérablement la vie durant la semaine. S’ils avaient été éparpillés…

Les professeurs eux-mêmes étaient tous un peu tendus, n’arrêtant pas de penser à leurs collègues partis sans laisser de trace. Evidemment, tous savaient qu’ils préparaient la nouvelle école, que c’était normal, qu’ils auraient des ennuis en restant… Mais voir tant d’absents en si peu de temps était inquiétant, même pour les élèves qui ne connaissaient pas toute l’histoire. Beaucoup leur posaient des questions auxquelles ils ne pouvaient pas répondre pour les protéger et éviter les fuites d’informations. Céleste aussi avait pris soin de protéger Lucas, demandant à un proche d’Adrien si elle pouvait le garder pendant une semaine, le temps du voyage. Elle-même ne pouvait le faire garder par personne, les parents de Cyprien n’habitaient pas à Gray et Lucas ne pouvait louper les cours à cause d’elle, déjà qu’il n’aimait pas son école. A force de poser des questions et de chercher une personne de confiance, la psychologue qui recevait quelques élèves du Pensionnat depuis peu semblait toute désignée. Céleste l’appellera très souvent pour avoir des nouvelles, même si ce n’était qu’une semaine.

Lorsque l’heure du déjeuner arriva, Céleste passa dans les couloirs en rassemblant les élèves retardataires pour les presser un peu. Allez, l’heure, c’est l’heure ! Ils avaient eu le temps de ranger, sinon tant pis, ce sera pour l’après-midi. Dans la station, leur comportement devait être irréprochable et les élèves devaient éviter de se faire remarquer inutilement. Surtout que trouver un endroit pour accueillir des élémentaires, aujourd’hui, est très difficile. S’ils voulaient pouvoir partir à nouveau en voyage dans les prochaines années, il était hors de question de se faire montrer du doigt. Elle rejoignit ses collègues à table, s’installant à côté de Cyprien qui parlait déjà avec Mira pour essayer de la faire rire d’après ce qu’elle entendit. Peu de temps après, Estelle s’assit à son tour à côté de Céleste alors que leurs collègues étaient lancés dans une discussion autour de la nouvelle école, de la raison disparition de leurs collègues et de la directrice.

Cyprien – Est-ce qu'on veut vraiment savoir pourquoi ?

Non… Enfin. Non, finalement, c’était très bien comme cela. Certains, autour de cette table, savaient probablement ce qui s’était passé et ne disaient rien. Dont Adrien qui était proche de Gabriella, elle était certaine qu’il en savait plus que ce qu’il ne disait. Mais, justement, s’il ne disait rien, c’est qu’il y avait une raison : mieux valait ne rien savoir et attendre. Patienter jusqu’à avoir des faits, des explications concrètes et arrêter les simples hypothèses. Si l’infirmier n’était pas plus inquiet que cela, comme d’autres parmi eux, c’est qu’il y avait une raison… Non ? C’est ce que se disait Céleste. En grosse partie pour se rassurer, très honnêtement. Quelqu’un interrogea ensuite Daniel à propos d’Alice qui avait disparu aussi, pour savoir s’il avait des informations sur elle ou non. Mais non, lui non plus ne savait rien… Le pauvre était incapable de dire où était sa femme, si elle allait bien ou non et quand il la reverrait. Même si Céleste ne parlait pas beaucoup à Daniel, qu’elle s’ouvrait peu aux autres depuis son arrivée au Pensionnat, elle ne pouvait s’empêcher de compatir pour son collègue. Depuis la disparition de la directrice, les collègues qui la soutenaient le plus disparaissaient à leur tour sans crier gare, sans donner de nouvelle.

Cyprien – Que l'école puisse déménager, c'est plutôt une bonne nouvelle, non ? lança-t-il d'un ton plus joyeux à ses collègues. On ne demande pas comment, hein, peu importe la façon dont cet endroit a été trouvé. Si on pensait plutôt à organiser une petite fête pour redonner le moral à nos élèves, vous en dites quoi ? Ou même une soirée conte et chocolat chaud, ça peut être sympa.

Adrien – Une soirée serait déjà plus facile et rapide à mettre en place, il faudra faire la fête pour Noël et le Nouvel An juste avant de laisser tous ces petits monstres rejoindre leurs familles pour les vacances. On ne reste pas longtemps ici, après tout.

Oui, c’était une bonne idée. C’est vrai qu’ils ne restaient ici qu’une semaine et qu’une fête permettrait à tout le monde de se changer les idées, d’avoir l’esprit léger au moins le temps de quelques heures. Avec ça, les élèves pourraient s’amuser vraiment avant de rentrer chez eux, ce qui était une excellente idée étant donné la situation en France. Adrien lança le débat, amorçant la discussion autour de l’organisation à prévoir pour leur fête. D’après les brochures, la station disposait de salles pour ce genre de soirée et elle pouvait les prêter aux groupes scolaires qui les réservaient en avance selon la date et le jour. Participant un peu au reste de la discussion, tout le corps enseignant s’agita autour de l’organisation de cette fête, convaincu que cela fonctionnerait et en aiderait plus d’un. Elle-même restait plus modérée, mangeant un peu ce qu’elle avait dans sa propre assiette en hochant la tête lorsqu’une idée était émise. Pour ce genre de soirée, Céleste était loin d’être la plus inspirée, ignorant ce qui plaisait vraiment aux adolescents et enfants dans des contextes tels que celui-ci. Elle était encore jeune ! Même les voyages scolaires étaient nouveaux, pour elle, de ce côté de la barrière.

Adrien – Je reviens plus tard, sourit-il en enfilant son écharpe.

Estelle – A toute à l’heure, sourit-elle.

Céleste leva la tête vers Adrien, le voyant s’éloigner avec manteau et écharpe pour aller prendre l’air et sûrement fumer une cigarette. Il avait déjà terminé son assiette, mourant sûrement de faim alors qu’eux, lancés dans la discussion autour de la fête, n’avaient entamé que la moitié de la leur. Alors qu’elle continuait à manger, plus silencieuse, Estelle se tourna soudain vers elle, un petit paquet entre les mains. Hum ? Lorsqu’elle le déballa, elle lui montra un petit bracelet en tissu aux couleurs chaudes présentant un motif païen dessus, de ce qu’elle en connaissait du moins. Sa collègue le lui attacha au poignet avec douceur, souriante, ayant l’air émue. Qu’est-ce que… Qu’avait-elle fait pour mériter cela ? Céleste observa le bracelet, touchant le tissu brodé et détaillant le motif ainsi que les couleurs.

Estelle – Mes parents m’avaient appris que l’on devient le parrain ou la marraine d’un enfant, on porte ce type de bracelet en symbole de ce lien, expliqua-t-elle. Il doit être tissé par la mère de l’enfant et offert à celui ou celle qu’elle choisit pour protéger son bébé. Il préserve des mauvais esprits et renforce le lien entre toi et Chris.

Oh… Touchée, Céleste lui fit un petit sourire, ne sachant comment la remercier à son tour, trouvant normal d’avoir accepté sa proposition d’être la marraine de Chris. Elle était surprise, oui, ne s’y attendant pas du tout, mais touchée. Sa collègue lui fit alors un bisou sur la joue, la remerciant une autre fois et la laissant stupéfaite. D’accord, elle ne lui en voulait vraiment pas pour leur dispute, c’était officiel, sinon elle n’aurait jamais fait cela. Céleste bafouilla seulement qu’elle n’était pas obligée et qu’elle ne se séparerait jamais de ce bracelet. D’ailleurs, elle devait trouver un endroit plus tranquille pour pouvoir s’entraîner, même ici, refusant de laisser passer une semaine alors qu’elle en avait besoin. Des heures et des heures d’entraînement lui étaient nécessaires, c’était son ancien professeur qui le lui avait dit et qui le lui répétait encore et encore. Dès que la jeune professeure serait plus tranquille, elle partirait à la recherche d’un endroit plus calme et écarté, à l’abri des regards, pour pouvoir s’entraîner. En attendant, Céleste continua de manger, essayant de se mêler un peu à la discussion qui tournait, cette fois, autour des activités et histoires à aborder durant leur soirée.
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous Invité
Invité
MessageSujet: Re: Déjeuner hivernal entre professeurs   Déjeuner hivernal entre professeurs EmptyDim 12 Mar - 11:34

Adrien – Une soirée serait déjà plus facile et rapide à mettre en place, il faudra faire la fête pour Noël et le Nouvel An juste avant de laisser tous ces petits monstres rejoindre leurs familles pour les vacances. On ne reste pas longtemps ici, après tout.

Oui, en une semaine, c'était court, d'accord, mais ça laissait tout de même le temps de faire pas mal de choses ! Ils étaient ici pour en profiter, après tout, en profiter ! Avant de partir, ils avaient déjà parlé de mettre en place une soirée contes au cours de la semaine et Mira en avait déjà emmené beaucoup avec elle en prévision. Tout comme Emma, d'ailleurs, leur exaltée et colérique professeur de l'élément vent, qui avait tout bonnement disparu à son tour ce matin-même, avant le départ, en laissant le sac contenant ses livres et romans près des bagages des autres professeurs à côté du car. Impossible de savoir comment elle avait pu s'éclipser si vite et sans que personne ne la voit... Il s'était passé maximum quinze minutes entre le moment où elle avait parlé avec eux dans la salle des professeurs et le moment où ils s'étaient rassemblés devant le car pour se rappeler une dernière fois la répartition des tâches. Frédéric n'avait strictement rien dit lorsqu'un délégué des élèves avait crié que personne ne retrouvait leur enseignante, se contentant d'appeler tout le monde pour grimper dans les cars. Quand même, ils avaient beau ne pas avoir de raisons réelles de s'inquiéter, ces disparitions successives et brutales laissaient un petit goût amer en bouche. Enfin, ne pas dramatiser ! Il refusait de se laisser aller, surtout qu'ils étaient attablés ensemble, devant un plat de la région, tout à fait tranquillement.

Adrien – Je reviens plus tard, sourit-il en enfilant son écharpe.

Il sortait fumer, déjà ? Il était bien le seul à avoir terminé son assiette aussi vite, leur tout jeune père était vraiment affamé. Cyprien, lui, ne remettait les pieds dehors aujourd'hui pour rien au monde, il avait horreur du froid ! Même si les paysages étaient magnifiques, même si skier était amusant, même si l'air pu faisait beaucoup de bien, etc., non, définitivement non.

Estelle – A toute à l’heure, sourit-elle.

Pendant qu'il partait, Cyprien vérifia une fois de plus si aucun de leurs élèves ne faisait de bêtise dans l'immense salle à manger de la station, très peu emplie car ils étaient encore hors-saison. La majorité s'était rassemblée dans le coin opposé de leur propre table, sans doute en pensant échapper ainsi à la surveillance et se sentir plus libres de leurs mouvements. Ah là là, les gamins... Enfin, la plupart déjeunaient tranquillement et bavardaient, avec plus ou moins d'animation, et contrairement à ce qu'il avait cru, ce n'étaient pas les groupes de filles les plus agités et bavards. C'était vraiment bon pour le moral de tous les voir se détendre et vraiment profiter de ce voyage, dès le premier jour, d'oublier tous les soucis du pays. L'organisation, cette année, n'avait pas été sans mal, car il avait fallu redistribuer en urgence les rôles suite à la vague de disparitions et s'arranger pour chaque activité ait assez d'encadrants. Les surveillants de l'école qui, à la base, n'auraient pas dû venir, s'étaient retrouvés embarqués avec eux du jour au lendemain pour donner un coup de main. Il y avait même quelques parents d'élèves compréhensifs qui avaient accepté de venir en renfort.

Cyprien revint à leur table en entendant un petit juron, le pauvre Frédéric se battait avec un petit dossier qui avait en partie pris l'eau lorsqu'il avait renversé son verre. Eh oui, c'était ça de s'occuper des papiers à table ! Il pouvait bien prendre un peu de temps pour se détendre, non ? Les autres le chambrèrent un peu aussi, ajoutant à leur tour de laisser un peu la paperasse et de profiter du repas avec eux. Fallait croire que diriger cette école vous donnait le virus du "Pas le temps de se reposer", si même leur collègue s'y mettait. Il finit malgré tout par déposer tous ses documents sur un chaise vide au bout de la table et se concentrer sur la fondue savoyarde présente dans son assiette. Voilà qui était beaucoup mieux. Cyprien lui sourit largement puis retourna la tête lorsqu'une collègue demanda qui avait apporté des romans et recueils de contes pour le voyage, afin de savoir ce qu'ils pouvaient bien lire aux élèves. Oh, une simple lecture toute bête, ce ne sera pas drôle, il fallait aussi un peu de mise en scène. Le professeur tâcha d'expliquer ce qu'il avait en tête, une sorte de jeu d'ombres avec une lampe torche et une ambiance plus sombre dans la salle, tout en racontant l'histoire. Avec de la chance, ils allaient réussir à bien impressionner les plus jeunes.

Frédéric – Il faut tout de même ne pas les faire se coucher trop tard, les plus jeunes. On a de très longues journées toute la semaine, et cours ensuite, pas la peine de les ramener épuisés.

Cyprien – Mais oui, chef, on fera tous attention à ça.

Son collègue fit mine de lui jeter son verre d'eau à la figure lorsqu'il l'appela chef, Cyprien éclatant de rire en se protégeant avec les mains. Il termina ensuite son assiette, pour ne pas se retrouver à la traîne, écoutant Denise leur parler d'un conte qu'elle aimait beaucoup et qui plaira sûrement aux enfants, du moins aux collégiens, car les plus grands avaient de bonnes chances d'être déjà lassés par ce genre de fantaisie. Allons, il n'y a pas d'âge pour rêver, non ? Et même leurs grands élèves avaient envie de se vider un peu la tête. Ils rassemblèrent les assiettes vides en les empilant sur deux plateaux, au milieu de la table, avec les fourchettes et les couteaux, pour donner moins de travail au personnel chargé de débarrasser puis laver. Le dessert était une petite salade de fruits, servie dans des coupelles en verre. Tiens, d'ailleurs, Adrien n'était pas encore revenu, il allait manquer le dessert. Ils mirent le sien de côté pour quand il sera prêt, peut-être avait-il pris un moment pour appeler chez lui, aussi. De leurs côtés, les élèves, qui finissaient plus vite, filaient déjà hors de table, s'éparpillant dans toute la station. Les professeurs allaient prendre un petit café lorsqu'un petit de sixième arriva en courant et se planta à côté de Frédéric.

Frédéric – Qu'est-ce qui t'arrive, mon bonhomme ?

Petit sixième – Y a Alexandra qui a mal au ventre et elle a vomi dans les toilettes. Et on trouve pas l'infirmier ! Vous savez où il est ?

Frédéric – Il n'est plus là. Je vais m'en occuper, où est ton amie ?

La simple phrase jeta tout à coup un lourd silence sur la table et tout le monde jeta un regard vers leur directeur intérimaire. Enfin, Adrien était là il y a quoi, à peine vingt minutes ! Il leur avait même dit qu'il revenait et il... Enfin ! il était parti comme ça ? Lui aussi ? En... Comme ça, pouf ? Pourquoi maintenant, au beau milieu du repas ? Quelques uns se raclèrent la gorge après le départ de Frédéric et la conversation eut un peu de mal à revenir à son précédent niveau. Bon, bon, très bien... Ne pas s'inquiéter, d'accord, après tout, l'infirmier du pensionnat était lui aussi l'un des plus susceptibles de partir ! Mais comme pour Emma, ce départ était très soudain. S'efforçant de rester détendu et détaché malgré tout, il remplit les tasses à café et les tendit à ses collègues, pendant que d'autres faisaient passer le sucre.

Cyprien – Tu ne te sens pas trop fatiguée, Estelle ? A qui as-tu confié tes petits bouts pendant le voyage ?
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous Invité
Invité
MessageSujet: Re: Déjeuner hivernal entre professeurs   Déjeuner hivernal entre professeurs EmptyDim 14 Mai - 18:32

Estelle se pencha un peu pour regarder par-dessus les épaules de ses collègues assis en face et voir si beaucoup d’élèves avaient déjà terminé leur déjeuner. Pourvu qu’ils se souviennent qu’ils devaient d’abord ranger leurs affaires avant de partir s’amuser ! Ce n’est pas ce soir qu’il faudra s’y mettre, il sera trop tard, tout le monde sera fatigué et il ne fallait pas faire trop de bruit dans les chambres pour ne pas déranger les autres clients de la station. La jeune mère nota mentalement de prévoir un tour après le déjeuner pour bien s’assurer que tous les élèves avaient compris cette règle et rappeler aux agités de s’en charger. Beaucoup étaient encore à table, néanmoins, prenant le temps comme ils n’avaient ni cours ni activités l’heure suivante et étaient libres de vagabonder où ils le voulaient. A leur propre table, leur directeur provisoire se faisait chambrer par ses collègues car il avait renversé un peu d’eau sur ses papiers, tout en mangeant. Enfin, il pourrait attendre un peu avant de se remettre à travailler ! Estelle lui tendit une autre serviette pour éponger, la bouche pleine, et lui sourit avant d’avaler. Ces derniers temps, elle mangeait plus que d’habitude, l’appétit ravivé après son accouchement. Cyprien s’était lancé, lui, dans la description de ce qu’il imaginait pour la soirée contes, débordant toujours autant d’idées qu’à son habitude. Attention à ne pas s’emballer tout de même, ils avaient peu de temps pour mettre en place une animation ! Estelle sourit en l’écoutant, repoussant derrière ses épaules ses longs cheveux menaçant de tremper dans la sauce de son assiette.

Frédéric – Il faut tout de même ne pas les faire se coucher trop tard, les plus jeunes. On a de très longues journées toute la semaine, et cours ensuite, pas la peine de les ramener épuisés.

Cyprien – Mais oui, chef, on fera tous attention à ça.

C’était bien lorsque d’autres pensaient aussi à ça la santé des enfants, c’était précieux, hors de question de rigoler avec. En plus de cela, les plus jeunes avaient besoin de plus de sommeil ! La jeune mère termina tranquillement son assiette, jetant un regard aux élèves qui se levaient peu à peu pour partir en tous sens. Et qu’ils pensent à faire leurs chambres ! Elle demanda un bout de pain à Céleste pour finir la sauce puis se servit encore un peu d’eau, ne buvant pas de vin à table comme quelques uns de ses collègues. Pas d’alcool alors qu’elle allaitait. D’ailleurs, en parlant d’allaitement, il faudra qu’elle tire seule le lait comme elle ne pouvait nourrir son bébé durant cette semaine, sa poitrine devenait très douloureuse, sinon, les montées de lait étaient très importantes durant les premières semaines et gonflaient beaucoup la poitrine. Les montées de lait et les bouffées de chaleur, aussi, voilà le lot principal le premier mois après l’accouchement. Estelle s’attacha rapidement les cheveux en un chignon lâche puis remonta ses manches, malgré le fait qu’il ne fasse pas si chaud que cela dans ce réfectoire. C’était toujours délicat, le corps devait « épurer » beaucoup d’hormones, dues à la grossesse, et se remettre, aussi. Une fois prête, elle prit la petite coupelle de fruits qu’on lui tendait, pour le dessert, sentant une certaine lassitude, à cause du voyage, retomber. Ils terminaient el dessert, et certains prenaient leur café, lorsqu’un élève arriva en courant près de leur table, s’arrêtant tout pile près de leur directeur intérimaire.

Frédéric – Qu'est-ce qui t'arrive, mon bonhomme ?

Elève – Y a Alexandra qui a mal au ventre et elle a vomi dans les toilettes. Et on trouve pas l'infirmier ! Vous savez où il est ?

Frédéric – Il n'est plus là. Je vais m'en occuper, où est ton amie ?

Plus là ? Adrien ? Tous les regards convergèrent sur Frédéric, qui se leva très tranquillement pour partir avec le jeune élève de sixième, sans qu’il ne fasse un commentaire. Plus là ? Lorsqu’il était parti, toute à l’heure, c’était dans le but de disparaître à son tour, si soudainement ? Mais pourquoi, pourquoi comme cela, tout d’un coup ? D’accord ils savaient tous qu’il était l’un des soutiens de Gabriella et des autres, l’infirmier ne s’en était jamais caché, mais ça n’expliquait pas pourquoi si soudainement, pourquoi il n’avait pas attendu ce soir ou demain matin. La discussion reprit après un blanc assez gêné aux entournures, certains jetant des regards vers la chaise vide d’Adrien. Bon, après tout, d’accord, c’était prévisible. Mais tout de même. Estelle remercia Cyprien lorsqu’il lui tendit une tasse de café, y rajoutant un sucre pour l’alléger. Ils se trouvaient au cœur d’une période un peu… Assez… Plutôt chaotique et instable, cela dit, tout le monde allait s’en sortir, il n’y avait pas de raison que ça aille si mal. Ils devaient se soutenir les uns les autres, faire confiance à ceux qui allaient sur le terrain.

Cyprien – Tu ne te sens pas trop fatiguée, Estelle ? A qui as-tu confié tes petits bouts pendant le voyage ?

Estelle – Fatiguée… Si, beaucoup, avoua-t-elle avec un sourire gêné. Mais je me sens bien malgré tout, pas de soucis à avoir. Mes fils sont chez ma voisine, à Gray, elle avait déjà l’habitude de garder Wyatt lorsque je devais m’absenter, le weekend.

Elle le remercia de se préoccuper de ça, puis but un peu de café, soufflant dessus avant pour le refroidir un peu. La fatigue passera, après tout, il fallait le temps de récupérer et partir en voyage comme ça n’était pas excellent non plus. Cependant, elle s’était mal vue rester alors qu’ils étaient moins nombreux que d’ordinaire. Reposant sa tasse, Estelle tendit le bras pour récupérer le journal, posé sur les dossiers laissés sur la chaise par Frédéric, puis le feuilleta. Evidemment, on ne parlait que du Coup d’Etat. C’est au milieu qu’elle comprit enfin pourquoi leur infirmier était parti si brusquement. Tapotant le bras d’Estelle, elle lui montra la photo de leur collègue, sur la page de gauche, avec les chefs d’accusation, face à la page de droite om figurait l’avis de recherche du colonel Gavin. Espionnage, vol de secret d’Etat, trahison… C’était bien joyeux, tout cela. Tournant la page d’avant, elle trouva aussi les photos du maréchal, du sous-directeur et de Gaby. Bien sûr, qui d’autre ? Son amie tirait une tête… charmante, là-dessus. Comme si elle était prête à frapper celui qui lui adressait la parole. Le sous-directeur, lui, avait déjà un air beaucoup plus détendu, sur son propre cliché.

Estelle – « Prostitution » ? s’étrangla la jeune mère en lisant les accusations. Pardon ?! Regarde ça ! Non mais… Même Bradley est recherché, maintenant. Tu penses qu’il aide les élémentaires, lui aussi ?
Revenir en haut Aller en bas
Fonction :
  • Membre
Récits : 234

Âge RPG : 26 ans
Don(s) : Fulgumancienne et Frigumancienne
Taille : 1m73
Céleste Dumoulin
Espionne
Céleste Dumoulin
MessageSujet: Re: Déjeuner hivernal entre professeurs   Déjeuner hivernal entre professeurs EmptyDim 2 Juil - 22:18

Elève – Y a Alexandra qui a mal au ventre et elle a vomi dans les toilettes. Et on trouve pas l'infirmier ! Vous savez où il est ?

Frédéric – Il n'est plus là. Je vais m'en occuper, où est ton amie ?

Plus là… ? Comment cela, plus là ? Il était seulement parti fumer ! Il avait dit lui-même avoir besoin d’air, qu’il devait digérer comme d’habitude après un repas tel que celui-ci. Et il était parti… ? Céleste échangea un regard avec ses collègues, dont Estelle à côté d’elle qui semblait aussi choquée qu’elle. Parti… Mais pourquoi maintenant ? Pourquoi avoir pris la fuite si soudainement ? D’accord, les départs étaient prévisibles et ils s’y attendaient tous, en tout cas elle. Mais Adrien… Même si elle était sincèrement étonnée qu’il parte avec eux en voyage, tant il était impliqué dans toute cette histoire avec la directrice. Il aidait depuis le début, comment ne pas penser qu’il partirait ? La question était quand, à quel moment il les quitterait sans crier gare. Maintenant, ils savaient… Mais pourquoi avoir fait tout ce trajet si c’était pour s’en aller sitôt qu’ils étaient arrivés ?

Un blanc s’installa à la table des professeurs, tous s’échangeant des regards inquiets et choqués, avant que la conversation ne reprenne doucement avec des allures gênées. Adrien soutenait Gabriella, ce n’était un secret pour personne, seulement pourquoi partir après leur arrivée ? Il savait qu’ils avaient besoin de personnes pour entourer les enfants, il aurait pu partir plus tôt pour éviter un si grand choc aux plus jeunes ou encore leur laisser entendre qu’il comptait partir dès qu’ils seraient arrivés. Mais, s’il avait prévu ce départ, pourquoi s’en aller aussi vite ? Pourquoi s’ennuyer à tout préparer, trouver un prétexte pour partir tandis qu’ils étaient occupés alors qu’il lui était bien plus simple de partir pendant qu’ils étaient à Gray ? Et qu’en était-il de son enfant ? Perturbée, Céleste redéposa sa fourchette, incapable de manger d’un coup, attrapant sa tasse de café pour en boire une longue gorgée. Elle n’était pas aussi sensible que ses collègues au froid, cependant, elle en avait bien besoin en cet instant précis. Elle lança un regard à Estelle, assise juste à côté d’elle, alors que Cyprien lui versait un peu de café. Et là, ils trouvaient toujours, tous les deux, qu’elle dramatisait et voyait le mal partout ?

Cyprien – Tu ne te sens pas trop fatiguée, Estelle ? A qui as-tu confié tes petits bouts pendant le voyage ?

Estelle – Fatiguée… Si, beaucoup, avoua-t-elle avec un sourire gêné. Mais je me sens bien malgré tout, pas de soucis à avoir. Mes fils sont chez ma voisine, à Gray, elle avait déjà l’habitude de garder Wyatt lorsque je devais m’absenter, le weekend.

Estelle remercia Cyprien de se préoccuper de ses enfants avant de continuer à boire son café. De son côté, Céleste lança un regard aux élèves assis dans la salle pour veiller à ce que la rumeur de l’absence d’Adrien ne s’ébruite pas trop, tout de suite. Ils avaient besoin de se reposer et non pas de se préoccuper de cette histoire, surtout qu’ils venaient à peine d’arriver. Les professeurs devraient en parler, naturellement, mais au moins les enfants pouvaient-ils avoir droit à quelques heures de répit avant de s’inquiéter pour les sujets du Pensionnat. Plus que jamais, prendre l’air était indispensable et ils devaient en profiter tant qu’ils le pouvaient. Parce que, dès qu’ils seraient de retour à Gray, Céleste craignait de nouveaux ennuis ou, tout du moins, une tension de plus en plus importante à cause du climat régnant en France. Cependant, la jeune professeure garda toutes ses pensées pour elle, souhaitant éviter le paragraphe du « tu es pessimiste » ce soir, et se contenta de reprendre ses couverts pour manger un peu de légumes. Elle avait compris le message, merci bien. Ce n’était pas un caprice, non, mais elle remarquait parfois que, même si la situation avait changé, certaines mentalités étaient restées identiques sur certains points.

Ce fut Estelle qui la tira de ses pensées en lui tapotant le bras pour lui montrer une photo d’article, dans le un journal. Le prenant distraitement après avoir redéposé ses couverts sur les bords de son assiette, Céleste s’y intéressa en reconnaissant leurs collègues et certains militaires. Elle ramena une des mèches qui ne tenaient pas en place dans son chignon derrière son oreille et parcourut l’article attentivement, ce dernier s’étalant sur plusieurs pages, prenant garde à ne pas salir le journal en le laissant traîner dans l’assiette même si elle s’était un peu écartée. Des photos de Kimmitsu, Gabriella, Adrien, Xiao-Hong et de militaires… Tous recherchés, accusés de diverses choses horribles et fausses. Enfin, en soi, non, certains chefs d’accusation étaient vrais, mais le journaliste responsable de cette partie du journal avait tourné les phrases de manière à faire passer leurs soutiens pour de vrais criminels, des terroristes, comme ils disaient. Entre les photos choisies, toutes peu flatteuses à son sens et mettant en scène les « terroristes » dans des situations qui correspondaient à l’article, et les phrases utilisées, tout était fait pour attiser la haine envers ces personnes.

C’était hallucinant… Et les gens croyaient ça ? Vraiment ? En tout cas, Céleste comprenait bien mieux pourquoi Adrien était parti d’un coup, le journal était disponible sur toutes les tables et n’importe quel client pouvait le reconnaître à tout moment… C’était un cauchemar. Ces types ne pouvaient dissuader le peuple de suivre Gabriella, ils en faisaient donc l’ennemi public pour agir de cette manière. Et si cela fonctionnait, les élémentaires se retrouveraient encore plus seuls qu’avant. Or, qui oserait vraiment s’opposer au Gouvernement ? Evidemment, Gabriella était pointée comme dangereuse ! Et Bradley, quelle surprise ? Tout le monde l’avait vu soutenir la directrice du Pensionnat, des photos avaient circulé, les montrant ensemble plus d’une fois. Certes, ils étaient ennemis jurés à la base, mais il y avait plus que cela et le général le lui avait expliqué lorsqu’il avait ramené leur collègue, blessée, au Pensionnat. Qui plus est, c’était lui qui l’avait tirée de l’hôpital alors que les militaires la tenaient. Et lui, encore une fois, qui avait dissimulé le meurtre de Rochard même si rien n’était officiel.

Estelle – « Prostitution » ? s’étrangla la jeune mère en lisant les accusations. Pardon ?! Regarde ça ! Non mais… Même Bradley est recherché, maintenant. Tu penses qu’il aide les élémentaires, lui aussi ?

Céleste – A vrai dire, je ne sais pas…, dit-elle en redéposant le journal, refermé, à côté d’elle. Je pensais qu’il était contre nous mais j’ai commencé à hésiter à partir du moment où il nous a ramené Gabriella, blessée. Quand elle avait disparu et qu’elle était retenue dans cet hôpital, vous vous souvenez ?

Céleste tourna la tête vers Cyprien qui devait se souvenir de cet épisode ô combien traumatisant. Bradley leur avait dit que Gabriella l’avait appelé « à l’aide » et était revenu avec elle au Pensionnat en la portant dans ses bras, ce qui les avait tous les deux choqués au plus haut point. Ensuite, il y avait eu une longue discussion autour de la directrice durant laquelle Cyprien avait essayé de comprendre la réaction du Général, pourtant ennemi déclaré de son ex-femme. Elle-même avait compris certaines choses mais leur relation ambigüe restait étrange, à ses yeux, et parfaitement incompréhensible. Plus encore après les quelques mois écoulés depuis cet événement. Céleste veilla à ce qu’aucun élève ne passe près d’eux à ce moment, même s’ils semblaient vouloir rester bien loin des professeurs aujourd’hui tandis que leurs collègues continuaient de discuter ensemble en tâchant d’oublier le départ soudain d’Adrien. Frédéric, lui, n’était toujours pas revenu et en aurait sans doute pour un moment encore comme il n’était pas infirmier.

Céleste – C’est même toi qui lui avais demandé pourquoi il avait agi ainsi parce qu’on était perdus. Leur relation était déjà ambigüe et ce n’était rien comparé à maintenant… Mais s’il est effectivement recherché et considéré comme déserteur, il vaut mieux que personne ne le retrouve car lui risque beaucoup plus que la prison. Donc je pense qu’il est tout à fait possible qu’il agisse de notre côté, s’il a réalisé que les méthodes qu’il défendait à ce moment ne sont plus celles qu’il apprécie aujourd’hui. Il avait parlé… d’un but commun, entre Gabriella et lui, mais de moyens différents. C’était bien cela, non, Cyprien ? Je n’avais pas tout saisi mais tu m’as dit toi-même que leur relation t’effrayait pour plusieurs raisons.
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous Invité
Invité
MessageSujet: Re: Déjeuner hivernal entre professeurs   Déjeuner hivernal entre professeurs EmptyMer 5 Juil - 7:47

Estelle – Fatiguée… Si, beaucoup, avoua-t-elle avec un sourire gêné. Mais je me sens bien malgré tout, pas de soucis à avoir. Mes fils sont chez ma voisine, à Gray, elle avait déjà l’habitude de garder Wyatt lorsque je devais m’absenter, le weekend.

Elle n’était pas obligée de le remercier pour ça, c’était bien normal de lui poser la question, elle venait tout juste d’accoucher et avait de petits yeux fatigués ! Il aurait d’ailleurs préféré qu’elle reste tranquillement chez elle avec ses enfants, tant pis s’ils étaient actuellement moins nombreux. En espérant tout de même que ça ne continue pas ainsi car ils auront tous assez de problèmes à gérer. Bien que chacun s’efforce de reprendre une conversation normale, le trouble qu’avait jeté le départ si brutal de leur infirmier résonnait encore. Qu’est-ce qui l’avait décidé si brusquement ? Savait-il où aller ? Il… Non, c’est vrai, question idiote, il savait forcément où se trouvait tout le monde, comme Frédéric le savait aussi, le professeur en était convaincu. Cyprien soupira un peu en touillant son café, se rangeant un peu lorsque son voisin de table empila à son tour son assiette vide sur la petite pile près d’eux, pour faciliter la tâche des serveurs et employés du restaurant de la station. Ils devaient tâcher de se détendre un peu, pour les élèves, pour ne pas les inquiéter en leur montrant des mines découragées, choquées ou angoissées. La plupart avaient terminé de déjeuner, s’égayant dans la station pour aller ranger leurs affaires, se reposer, lire ou sortir un peu jouer dans la neige.

Frédéric n’était pas encore revenu mais Cyprien vit du coin de l’œil la petite de toute à l’heure trotter jusqu’à la réception pour tapoter le téléphone en parlant à des un des employés, leur collègue lui avait sûrement demandé de faire appeler un docteur. L’employé hocha la tête puis composa un numéro, pendant que la fillette restait à côté en sautillant presque sur place, sans doute très impatiente. Il ne le reconnaissait que de vue, ne l’ayant pas en classe, c’était une collègue qui se chargeait des sixième cette année. Portant la tasse de café à ses lèvres, il reporta son attention sur la discussion globale, buvant un peu en profitant du liquide très chaud. Céleste et Estelle étaient toutes deux penchées sur le journal et d’après ce qu’il vit brièvement lorsqu’elles tournèrent les pages, les photos aperçues à la volée, il ne fut pas dur de comprendre de quoi parlait l’article. Voilà donc pourquoi leur collègue avait à son tour pris la poudre d’escampette… Et ce tout naturellement, en plus ! « Je vais fumer, à toute à l’heure », sans que rien ne puisse leur indiquer qu’il s’agissait en réalité d’un « Je vous quitte, on se revoit dans plusieurs mois » ! A force, Cyprien allait finir par devenir paranoïaque et s’inquiéter de tous ceux qui iront prendre l’air ou fumer cinq minutes, dehors.

Estelle – « Prostitution » ? s’étrangla la jeune mère en lisant les accusations. Pardon ?! Regarde ça ! Non mais… Même Bradley est recherché, maintenant. Tu penses qu’il aide les élémentaires, lui aussi ?

Pro… Quoi ? Le professeur retourna la tête vers les deux femmes, un peu éberlué. De quoi parlaient-elles ? Des avis de recherche ? Qui était accusé de prostitution et qu’est-ce que ça venait bien foutre là-dedans ? Cyprien reposa sa tasse de café, perdu tout à coup. Bradley aussi était recherché ?! C’était… Quoi que… Pas si… ahurissant que ça, non. Mais de là à penser qu’il aidait vraiment les élémentaires, au côté de Gabriella ? Ou bien les aidait-il mais en pensant aussi à autre chose ? Cet homme, Cyprien avait du mal à le cerner, vraiment. Enfin, oui et non, c’était plus compliqué que ça. Il comprenait une partie de ce qui arrivait mais suivre vraiment ce que pensait Bradley et sa façon d’agir avait de quoi en troubler plus d’un.

Céleste – A vrai dire, je ne sais pas…, dit-elle en redéposant le journal, refermé, à côté d’elle. Je pensais qu’il était contre nous mais j’ai commencé à hésiter à partir du moment où il nous a ramené Gabriella, blessée. Quand elle avait disparu et qu’elle était retenue dans cet hôpital, vous vous souvenez ?

Ah ça oui, pas besoin de la lui rappeler ! Il hocha la tête avec un regard sombre, les deux coudes sur la table et frottant un peu sa barbe naissante du bout des doigts. Voir Gabriella en mauvaise posture ou affaiblie était déjà effrayant en soit. La voir revenir en plus dans les bras d’un homme qu’elle était censée haïr jusqu’au plus profond de ses os l’était encore plus ! Et le pire était qu’elle l’avait appelé à l’aide ! Qu’il avait répondu à cet appel. Ni haine, ni amour, ils étaient au-delà de ça, tous les deux, et c’était angoissant. Comme si les sentiments humains ne pouvaient même plus avoir la place et qu’il fallait réfléchir sans se soucier de qui on était réellement, au plus profond de soit. Cyprien n’avait pas envie de se remémorer ce genre de scènes, pas plus que quiconque autour de cette table, sans doute, c’était assez… oppressant. Incompréhensible. Bizarre. Pensif, il but encore un peu de café, s’étirant comme il pouvait, en restant assis. Tout ça le dépassait et s’il ne voulait pas rester sans rien faire pendant que des personnes étaient agressées, il ne se sentait pas pour autant de taille à autant s’impliquer.

Céleste – C’est même toi qui lui avais demandé pourquoi il avait agi ainsi parce qu’on était perdus. Leur relation était déjà ambiguë et ce n’était rien comparé à maintenant… Mais s’il est effectivement recherché et considéré comme déserteur, il vaut mieux que personne ne le retrouve car lui risque beaucoup plus que la prison. Donc je pense qu’il est tout à fait possible qu’il agisse de notre côté, s’il a réalisé que les méthodes qu’il défendait à ce moment ne sont plus celles qu’il apprécie aujourd’hui. Il avait parlé… d’un but commun, entre Gabriella et lui, mais de moyens différents. C’était bien cela, non, Cyprien ? Je n’avais pas tout saisi mais tu m’as dit toi-même que leur relation t’effrayait pour plusieurs raisons.

Cyprien – C’est dur à cerner, marmonna-t-il.

Il fit un vague geste de la main, tout en cherchant ses mots, essayant de coller avec des phrases justes ce qu’il pouvait ressentir, un exercice tout sauf évident. Essayer de comprendre comment fonctionnaient exactement le militaire et Gabriella, c’était comme vouloir tenter de retenir de l’eau avec une fourchette.

Cyprien – Bradley et Gabriella se ressemblent, on ne peut pas nier ça, reprit-il au bout d’un long silence. La seule différence entre eux, c’est que lui n’a aucune hésitation à tuer lorsque c’est nécessaire ni à employer des moyens très extrêmes. Et Gaby… Bon, elle peut en arriver à tuer. Ce qui me faisait peur, c’était de voir comment ils arrivaient, en même temps, à se détester et à s’entraider tout de même. Comme s’ils n’avaient pas d’autres choix que de lutter ensemble… Et au final, c’est ça, ils savent tous les deux passer au-dessus de ce qu’ils ressentent personnellement pour se battre pour ce en quoi ils croient.

C’était bien le mieux que le professeur pouvait faire pour s’expliquer, il ne fallait pas lui en demander plus. Tout ça le dépassait et il ne se sentait pas de tout affronter comme ça, c’était « trop », cela allait trop loin, c’était trop dur ! Ses propres rêves et envies étaient simples… Il aimait le métier qu’il faisait, voulait fonder une petite famille avec Céleste, vivre en paix, prendre soin de ses parents et de sa famille, faire rire les enfants lorsqu’il le pouvait ! La guerre l’effrayait et il ne parvenait pas à imaginer ce qu’il ferait dans une bataille rangée. Voilà tout. Un léger sourire effleura un instant ses lèvres puis il soupira un peu, buvant le reste de son café, qui commençait à refroidir.

Cyprien – Bon, on va peut-être avoir ce cher Bradley comme collègue à la rentrée. Vous pensez qu’il pourrait enseigner quoi ?
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous Invité
Invité
MessageSujet: Re: Déjeuner hivernal entre professeurs   Déjeuner hivernal entre professeurs EmptyDim 22 Oct - 11:34

Céleste – A vrai dire, je ne sais pas…, dit-elle en redéposant le journal, refermé, à côté d’elle. Je pensais qu’il était contre nous mais j’ai commencé à hésiter à partir du moment où il nous a ramené Gabriella, blessée. Quand elle avait disparu et qu’elle était retenue dans cet hôpital, vous vous souvenez ?

Estelle hocha doucement la tête, en pâlissant un petit peu. C’est vrai que la scène avait choqué tout le monde, ce jour-là, personne n’était parvenu à comprendre la relation qui unissait véritablement ces deux-là. Amis ou ennemis ? Un obscur mélange des deux ? Et si oui, comment ce lien s’était-il créé ? C’était quand même Bradley qu’elle avait appelé à l’aide, l’homme qui était sur son dos depuis des mois ! Et il y avait répondu ! Il avait été la chercher, l’avait ramenée, et aujourd’hui, Estelle ne doutait pas qu’il était son meilleur allié, parmi tous ceux et celles partis la rejoindre pour combattre. Effrayant. Les deux mains autour de sa tasse de café, elle baissa un peu la tête sur le liquide très noir en essayant de définir ce qu’elle ressentait, vis à vis de ces deux-là. C’était dur à comprendre… Que voulait le militaire et à quoi pensait-il ? Ses buts leur avait toujours échappés et elle n’était pas sûre que Frédéric le sache bien, lui aussi, à moins qu’il ne cache son jeu, pour ne pas les angoisser ou… Quelque chose comme ça, non ? En temps normal, il était déjà ardu de bien suivre les objectifs précis de l’armée, alors en tant de guerre, autant dire qu’il s’agissait d’une mission presque impossible.

Céleste – C’est même toi qui lui avais demandé pourquoi il avait agi ainsi parce qu’on était perdus. Leur relation était déjà ambiguë et ce n’était rien comparé à maintenant… Mais s’il est effectivement recherché et considéré comme déserteur, il vaut mieux que personne ne le retrouve car lui risque beaucoup plus que la prison. Donc je pense qu’il est tout à fait possible qu’il agisse de notre côté, s’il a réalisé que les méthodes qu’il défendait à ce moment ne sont plus celles qu’il apprécie aujourd’hui. Il avait parlé… d’un but commun, entre Gabriella et lui, mais de moyens différents. C’était bien cela, non, Cyprien ? Je n’avais pas tout saisi mais tu m’as dit toi-même que leur relation t’effrayait pour plusieurs raisons.

Cyprien – C’est dur à cerner, marmonna-t-il.

Peut-être avait-il lui aussi été manipulé par le Gouvernement ? Et que c’était pour ça qu’il se battait contre lui aujourd’hui ? Ce ne serait pas bon pour le futur « Président », ça… Déjà, suite aux récents événements, il y avait eu une bonne vague de désertions, au sein de l’armée, pas mal de soldats, de tous bords et grades, étaient paris sans prévenir pour suivre leur chef dans la Résistance. Il y avait beaucoup d’émissions de radios sur ça et les journaux aussi en avaient pas mal parlé. Le Gouvernement avait dû rappeler en masse des réservistes et pas mal avaient été promus soudainement pour compenser le départ d’officiers. Bradley avait sûrement dû beaucoup en rire, tout comme Gabriella, d’ailleurs, leurs hommes désertant si facilement de l’armée régulière pour venir les rejoindre ! C’était vraiment ça qu’on appelait la loyauté. Estelle croisa un peu les jambes, rajoutant un peu de sucre dans son café avant de le touiller. La plupart de leurs collègues avaient déjà terminé et quittaient la salle, bavardant tranquillement. Frédéric n’était pas encore revenu mais elle l’avait vu passer toute à l’heure, il avait dû appeler un médecin, pour le petit sixième.

Cyprien – Bradley et Gabriella se ressemblent, on ne peut pas nier ça, reprit-il au bout d’un long silence. La seule différence entre eux, c’est que lui n’a aucune hésitation à tuer lorsque c’est nécessaire ni à employer des moyens très extrêmes. Et Gaby… Bon, elle peut en arriver à tuer. Ce qui me faisait peur, c’était de voir comment ils arrivaient, en même temps, à se détester et à s’entraider tout de même. Comme s’ils n’avaient pas d’autres choix que de lutter ensemble… Et au final, c’est ça, ils savent tous les deux passer au-dessus de ce qu’ils ressentent personnellement pour se battre pour ce en quoi ils croient.

C’était une mentalité avec laquelle Estelle avait du mal, même si elle la respectait profondément. Les personnes mettant de côté tout ressenti personnel pour se concentrer sur la guerre en cours formaient de bons leaders, tout simplement, il fallait avoir ça dans le sang, le caractère adéquat, on ne le devenait pas si facilement. Mais tout ça les dépassait… Pour sa part, la jeune mère ne voyait pas comment être de la moindre utilité sur le front. En arrière, oui, s’il fallait soigner, veiller sur les autres, transporter des objets, personne sou informations, ce genre de choses, mais pas sur le terrain avec une arme entre les mains, ça non ! Ce n’est que là qu’elle réalisa vraiment qu’ils passaient tous leurs dernières semaines à Sainte Famille et près de Gray, qu’ils n’allaient bientôt plus arpenter ces couloirs et salles de cours qu’ils connaissaient tous par cœur, tant et si bien qu’ils pourraient y marcher les yeux fermés. Se dire ça était très étrange…

Cyprien – Bon, on va peut-être avoir ce cher Bradley comme collègue à la rentrée. Vous pensez qu’il pourrait enseigner quoi ?

Oh, du sport, le maniement des armes, comment gagner confiance en soi ? Elle proposa les « matières » avec un léger rire, puis dit qu’elle ne pouvait pas imaginer un seul instant Bradley se présenter effectivement comme un de leurs collègues à la rentrée. De toute façon, tant que la situation n’était pas apaisée, il restera chef sur le terrain, pas enfermé dans une école. Ils continuèrent de discuter un moment en terminant leur café, puis il fut l’heure de vaquer à leurs occupations de l’après-midi. Comme Estelle ne se sentait pas très bien, elle laissa ses amis une heure le temps de dormir un peu, poussée aussi par Frédéric qui la jugeait « trop pâle » et en se privait pas de lui signaler qu’elle n’aurait jamais dû les accompagner dans ce voyage. Mais ils étaient déjà si peu nombreux ! Elle pouvait bien faire un effort pour que ça se passe au mieux, pas d’inquiétudes à avoir.
Revenir en haut Aller en bas

Contenu sponsorisé
MessageSujet: Re: Déjeuner hivernal entre professeurs   Déjeuner hivernal entre professeurs Empty

Revenir en haut Aller en bas
 
Déjeuner hivernal entre professeurs
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Dîner entre professeurs
» Déjeuner Dominical
» Déjeuner à deux
» Un invité au déjeuner
» Entre adolescents

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Pouvoirs de l'Ombre :: France :: Est :: Franche-Comté :: Jura-
Sauter vers: