Avril 1932. Les soucis mondiaux s'étendent.
 
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 Le calme avant la tempête

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Solène Nakajima
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Solène Nakajima
MessageSujet: Le calme avant la tempête   Le calme avant la tempête EmptyMar 31 Jan - 14:41

Tout ce qu'avait laissé Kimmitsu avant de disparaître était un mot, un simple mot écrit sur un bout de papier déposé sur l'oreiller, que Solène avait trouvé en se réveillant, seule. Juste un petit mot, de son écriture fine et penchée, qu'il lui avait laissé à sa place dans le lit conjugal. "Je dois partir moi aussi. Je reviendrai te chercher dès que possible, attends-moi et ne crains rien, tout se passera bien pour toi comme pour nous. Ne cherche pas à nous retrouver, ce serait trop risqué pour toi et nos enfants. A bientôt. Je t'aime." Un mot qu'elle avait relu une bonne vingtaine de fois avant de vraiment comprendre ce qu'il signifiait, ce que ça voulait dire... Il était parti rejoindre Gabriella, se cacher avec d'autres élémentaires, continuer la lutte alors que la nouvelle du Coup d'Etat était tombée comme un coup de tonnerre secouant violemment le pays. Parti... Disparu, tout comme sa grande sœur. Et ce n'était pas terminé. Le jour même de son départ, au cours de l'après-midi, Auguste était venu la trouver pour lui demander si elle acceptait de s'occuper des jumeaux, car lui aussi allait disparaître un temps. D'autres professeurs avaient suivi le mouvement, partant au cours de la nuit sans que personne ne les voit ou ne puisse leur dire au revoir.

Solène ne pouvait pas lui en vouloir d'être ainsi parti, après tout, la police n'avait mis que très peu de temps à venir la trouver et l'interroger, lui demander si elle savait où se trouvaient sa sœur et son mai, tout comme elle avait interrogé Genji. Qu'aurait-elle pu leur dire ? "Ma sœur a disparu depuis déjà des jours, mon mari est parti en pleine nuit en ne laissant qu'un mot, mon beau-frère s'est lui volatilisé après m'avoir confié les jumeaux. Je suis morte d'angoisse et je ne sais rien de plus que n'importe qui d'autres dans cette école. Que voulez-vous que je dise ?" Leurs parents l'avait appelé pour lui dire de venir chez eux et ne pas rester seule à Gray avec les enfants, surtout si les élèves partaient dans le Jura pour le voyage scolaire. Refuser aurait été idiot, au moins ne sera-t-elle pas toute seule, enceinte et à devoir s'occuper des jumeaux. C'est ainsi qu'elle se retrouva à préparer des sacs et affaires pour le voyage. Un de ses frères devait venir la chercher, elle et les petits, en voiture pour l'emmener à Paris, ce sera beaucoup plus pratique que prendre le train. Toute l'école se préparait aussi pour le départ dans le Jura, la joie était de rigueur, chacun avait besoin de changer d'air. Même si les enseignants se retrouvaient en sous-effectifs.

Seule au troisième étage, Solène se sentait perdue et l'ambiance lui pesait. Elle entra dans l'appartement directorial avec les clés qu'Auguste lui avait confié, pendant que les jumeaux dormaient tranquillement. Tout était très calme, quelques affaires laissées par le couple traînaient ci et là, dans ce que Auguste avait emporté à la hâte avant de quitter l'école et la région. Solène s'activa un peu, récupérant dans un sac des vêtements pour les jumeaux, quelques livres pour leur raconter des histoires, des jouets en bois puis referma le sac, songeant qu'elle trouvera bien le reste à Paris, en cas de besoin. Elle ne voulait guère s'attarder ici, cet endroit l'incitait bien trop à se demander si sa grande sœur était toujours en vie et dans quel état. Rentrant à la hâte chez elle, elle continua à boucler les quelques bagages, pensant au ménage qu'elle devait faire ici avant de partir et à ce qu'elle ne devait surtout pas oublier. Occupée à ranger des vêtements dans sa propre valise, le cœur assez pincé en devant laisser ceux de Kimmitsu dans l'armoire, elle entendit tout à coup des petits coups frappés à la porte de l'appartement. La jeune femme redressa brièvement la tête en lançant au visiteur d'entrer. La porte était déverrouillée étant donné que Solène avait dû faire plusieurs allers-retours. Laura poussa la porte, demandant directement si elle dérangeait.

Solène – Non, ça va, ferme la porte, il ne faut pas faire de courant d'air, pour les jumeaux.

Elle désigna le berceau à côté où dormaient les enfants, depuis toute à l'heure, une pile de vêtements dans les bras, avec des serviettes de bain sur le dessus, qu'elle déposa sur le bout du canapé avant de les ranger correctement un à un dans la grosse valise. Elle dit à Laura de trouver un coin pour s'asseoir, si elle voulait, comme il y avait des affaires un peu partout, ce n'était pas très pratique. Kimmitsu en avait emporté avec une certaine hâte avant de disparaître dans la nature et elle-même avait sorti plus de choses que nécessaire en réfléchissant à ce qu'elle devait vraiment prendre et à ce qu'elle pouvait laisser ici car elle trouvera ce qu'il faut à Paris. Ses papiers d'identité attendaient sur la petite table du salon, avec ceux de Kimmitsu. Elle avait même les papiers d'Auguste et de Gabriella, ayant dû les cacher chez elle pour que les autorités ne s'en emparent pas. Solène se pencha pour récupérer tout ça et les glisser dans son sac à main, accroché au coin d'une chaise, grimaçant un peu en se massant le ventre. Elle n'était pas si grosse que ça, pour une femme dans son cinquième mois et enceinte de jumeaux, mais elle se sentait lourde et malhabile, plus fatiguée que de coutume.

Solène – Je garde les petits en attendant que leurs parents puissent les reprendre avec eux, expliqua-t-elle pour Laura en terminant de ranger les serviettes et vêtements. On va chez mes parents, le temps que les choses se tassent un peu. Tu as déjà fini de faire tes valises ? Fais attention de ne pas être en retard ou de ne rien oublier. Pensez à m'envoyer une petit carte du Jura, ce serait mignon.
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Laura K. Nakajima

Laura K. Nakajima
MessageSujet: Re: Le calme avant la tempête   Le calme avant la tempête EmptyVen 3 Fév - 20:16

Laura contempla sa valise avec un air perplexe, regardant ses quelques vêtements entassés dans son sac sans savoir si elle avait tout pris ou pas. Lorsqu’elle regardait la valise d’Amélie, à côté, qui débordait presque, elle avait l’impression d’oublier des choses élémentaires et hyper importantes. Cela faisait deux fois qu’elle retirait et remettait tout dans sa valise : vêtements, sous-vêtements, affaires de toilette, pulls bien chauds et deux livres en plus du nécessaire pour écrire. Qu’est-ce que son amie trouvait de plus à mettre dedans… ? Il y avait tout, là. Depuis qu’elle s’était levée, un peu plus tard qu’Amélie d’ailleurs, Laura avait dû faire deux aller-retours discrets jusque l’appartement de son tuteur pour récupérer des vêtements plus chauds, n’ayant rien de tel dans ses maigres bagages du Pensionnat. Elle avait croisé Solène une fois, occupée à faire ses propres valises d’après ce qu’elle avait pu constater. Pas étonnant, elle n’allait pas rester ici toute seule alors que son mari n’était pas là… Et puis, une école vide… Avec les professeurs partis, surtout ceux-là, certains parlaient et s’inquiétaient de ce qui se passait. Et envisageaient le pire.

Réprimant un frisson d’horreur, Laura referma son sac en disant à sa voisine de chambre qu’elle avait terminé et qu’elle allait faire un tour en attendant l’heure du départ. En réalité, elle voulait dire au revoir à Solène avant de partir, un peu inquiète de laisser son amie – et « mère », du coup… - seule pendant une longue semaine. Elle était grande, oui, elle avait passé des années seule comme une adulte mais, ici… C’était bizarre, voilà tout. Même si cela lui ferait, à elle, le plus grand bien. Ne pas voir le Pensionnat tous les jours, ne pas avoir peur ou être tendue constamment, pouvoir respirer. Et puis, le plus important était qu’ils seraient beaucoup plus libres dans le Jura qu’ici. Elle ne connaissait pas encore les personnes avec qui elle serait dans le dortoir, les professeurs leur avaient seulement dit qu’il y en avait de six à huit élèves dans chacun et ils avaient bieeen insisté sur la sécurité, la discipline, et autres éléments du discours habituel en cas de départ en voyage scolaire. Partant cette nuit pour plusieurs heures de trajet, autant dire que l’ambiance était à la détente, aux projets et à la volonté de quitter les murs du Pensionnat le plus vite possible.

Laura sortit de l’Aile Nord destinée aux dortoirs des filles, au premier étage, où des voix s’élevaient de chacun des dortoirs, elle prit la direction des escaliers pour rejoindre les appartements du sous-directeur au troisième étage en faisant attention. Elle avait le droit de venir et le savait très bien mais cela restait étrange, pour elle, de passer « par la grande porte »… L’année passée, Jasper et elle avaient dû s’infiltrer comme des espions pour observer ce qu’il y avait précisément ici. Et ils avaient, d’ailleurs, détruit tout un plafond. La collégienne étouffa un rire en repensant à cette bêtise et salua le professeur de français poliment avant d’entrer dans l’appartement où Solène devait encore être occupée à remplir ses valises. Est-ce que… c’était prudent de venir maintenant ? Elle ne risquait pas de la déranger ? C’est que, avec ses questions, cela risquait de la retarder. Depuis qu’elle avait été prise en flagrant délit chez monsieur de la Valière, elle ne cessait de se poser des questions sur son tuteur. Elle lui faisait confiance ! Elle ne le pensait pas capable de les trahir, ça non, mais… Lui faire confiance en tant que « parent » était… difficile.

Laura arriva devant l’appartement de son tuteur et, cette fois, frappa de petits coups timides en attendant la réponse de Solène pour être sûre de ne pas la déranger. C’était plus sûr, vu qu’elle voulait lui parler sans l’interrompre. Et puis, elle ne savait pas comment aborder le sujet. Il s’agissait de son mari ! Pour Laura, c’était son professeur et son tuteur, et vu l’incident chez monsieur de la Valière… Elle avait bien senti que c’était « trop », qu’il était fatigué. Elle guetta une réponse à l’intérieur de l’appartement jusqu’à ce que celle-ci arrive, l’autorisant à entrer. Poussant la porte en passant d’abord timidement la tête par l’ouverture, l’adolescente lui demanda d’emblée si elle ne dérangeait pas, découvrant une pièce dans laquelle des vêtements reposaient sur les meubles. Ah, heu. Mais elle était sûre que Laura ne dérangeait pas ? Sinon, ça pouvait attendre, vraiment. Enfin, d’un côté, Solène ignorait qu’elle voulait lui parler, donc faire demi-tour était tout à fait possible.

Solène – Non, ça va, ferme la porte, il ne faut pas faire de courant d'air, pour les jumeaux.

La future mère lui montra, d’un signe de main, le berceau à côté d’elle où les jumeaux dormaient d’habitude et Laura s’empressa de refermer la porte, craignant de les faire tomber malade. Pardon, c’est vrai, elle pouvait hésiter à parler mais il fallait épargner les enfants de sa tante. Avec ça, Solène aurait du travail en plus, ce qu’il valait mieux éviter. Et puis, si Gabriella l’apprenait, autant dire qu’elle-même était finie, morte, enterrée, grillée sur place. Pas touche à ses enfants, voilà bien une chose que Laura avait retenue en l’espace de quelques mois. Et dire qu’elle était allée la rejoindre dans son lit, terrorisée une nuit pour dormir avec elle… Aujourd’hui, elle se sentait incapable de faire une telle chose. Non pas que la directrice lui faisait peur… Enfin, si, un peu quand même. Mais soit. C’était surtout parce que Laura se sentait plus vieille, comme si elle avait pris cinq ans en l’espace de quelques mois. Même si les adultes qui la couvaient, en plus de son frère, ne semblaient pas être du même avis.

Des preuves… Toujours des preuves. Le pire, dans toute cette histoire, était que Laura ne voyait pas ce qu’elle faisait de mal. Vouloir aider, simplement, c’était trop ? Evidemment qu’elle s’y prenait mal, la seule personne à avoir accepté de lui faire confiance était le militaire ! Au moins, lui, il ne lui avait pas interdit d’agir et de vouloir soutenir. Même s’ils s’y étaient mal pris au début. Les autres, en revanche… Et que devait-elle faire, face à cela ? Rester en retrait, tout simplement ? Sous prétexte qu’elle avait un don inoffensif ? C’était injuste. Il y avait déjà si peu de personnes pour les aider ! Avec le départ de plusieurs professeurs, principalement ceux vers qui les élèves pouvaient se tourner en plus, cette impression d’être bloquée la rendait folle. Mais, puisque « tu es trop petite », « tu n’es pas assez mature » étaient les reproches qu’elle entendait en boucle pour l’instant…

Chassant ces pensées parasites, Laura ne bougea pas d’un millimètre et resta là à jouer avec ses mains, mal à l’aise et pensive, ayant seulement refermé la porte derrière elle tandis que Solène déposait un tas de vêtements sur le canapé. C’est-à-dire le seul endroit encore libre pour l’instant dans la pièce. Elle ne comptait tout de même pas prendre tout cela avec elle… Si ? Comment faisaient-elles pour prendre autant de choses dans leurs valises, Amélie, elle, et sûrement d’autres filles ? Préférant ne pas essayer de comprendre, Laura se contenta de patienter à sa place jusqu’à ce que Solène lui dise de trouver un endroit où s’asseoir si elle le voulait. Hum… Oui. Dénichant une chaise encore libre, elle s’y installa pour l’observer remplir la grosse valise placée devant elle et rajouter des papiers dans un sac plus petit avec une grimace lorsqu’elle se redressa. Heureusement qu’elle partait et ne restait pas seule ici… Surtout enceinte.

Solène – Je garde les petits en attendant que leurs parents puissent les reprendre avec eux, expliqua-t-elle pour Laura en terminant de ranger les serviettes et vêtements. On va chez mes parents, le temps que les choses se tassent un peu. Tu as déjà fini de faire tes valises ? Fais attention de ne pas être en retard ou de ne rien oublier. Pensez à m'envoyer une petite carte du Jura, ce serait mignon.

Laura – C’était dans mes projets, évidemment, répondit-elle avec un petit sourire. Si Jasper ne le fait pas, compte sur moi pour t’en envoyer au moins deux. Je dirais bien une tous les jours mais tu n’auras pas le temps de les recevoir…

Il était hors de question de laisser Solène sans nouvelle. Même s’il n’y avait rien à dire, Laura savait que ce serait dur, pour son amie, de passer une semaine comme cela sans nouvelle après l’absence de monsieur Nakajima. Et puis, elle l’aimait bien, la considérant comme une amie avant tout depuis la découverte de son lien de parenté avec la directrice. D’accord, c’était surtout un malentendu à la base, mais il lui était impossible de la détester, il en était de même avec toute personne qui croisait Solène comme l’avait si bien souligné Genji une fois. Ce qui rendait, d’ailleurs, leur relation très étrange et difficile à accepter, complexifiant l’adaptation dans ce cas précis. Solène était, à la fois, une amie, une mère adoptive et la femme de son professeur. Alors qu’elle n’avait que quatre ans de plus Laura. Elle avait l’âge d’une grande sœur ! Même si la collégienne avait découvert, chez son interlocutrice, une horrible tendance à jouer les mères protectrices… Comme ici avec la valise.

Laura – Ne t’inquiète pas pour moi, je suis assez grande pour préparer mes affaires, je fais ça plusieurs fois par an depuis quatre ans. Et puis, on ne part qu’une semaine, alors si j’oublie quelque chose, je m’en passerai. Les autres préparent encore leur sac, je suis en avance, c’est pour ça que je suis venue… Je voulais te dire au revoir avant de partir et passer un petit peu de temps avec toi comme on part tard.

Solène – Oh, c'est vraiment mignon, ça. Désolée, je suis un peu affairée moi aussi, je ne pensais pas quitter le village, au début, puis mes parents m'ont convaincue. Si tu veux, en attendant, tu peux préparer du thé ou du chocolat, il y a tout ce qu'il faut dans la cuisine.

Heureusement qu’ils l’avaient convaincue ! Elle ne comptait quand même pas vraiment rester ici, n’est-ce pas ? Toute seule, en plus… Avec les manifestations et les attaques, autant dire que c’était la pire idée du monde. D’un coup, Laura éprouvait un élan de sympathie infini pour les parents de la directrice, même si son père l’avait un peu effrayée au début. Hochant la tête à la suggestion de Solène, elle sauta de sa chaise pour aller dans la cuisine pour préparer du chocolat chaud. A choisir entre du thé et du chocolat, le choix était vite fait ! Et puis, elle ne résistait jamais à l’appel du chocolat, c’était comme ça. Ouvrant une des armoires en-dessous de l’évier dans la cuisine, elle y trouva une petite casserole et du chocolat dans une des autres armoires. Ajoutant lait et chocolat dans la casserole, elle alluma la cuisinière avec les allumettes placées non loin en faisant attention et patienta à côté. Pas question de laisser ça sans surveillance, même si elle avait le temps.

Laura – Tu f…

Oups, non, pas crier, les jumeaux dormaient peut-être. Laura s’était interrompue juste à temps et décidé de laisser trente secondes la casserole toute seule en diminuant un peu le gaz puis se dirigea vers le salon en marchant un peu plus vite pour trouver Solène, toujours occupée à ranger. La collégienne lui demanda si elle avait le temps de faire une petite pause pour boire le chocolat chaud avec elle comme elle avait l’air épuisé avant de revenir vers la cuisine, le temps pour Solène de terminer ce qu’elle faisait. Heureusement, pas de catastrophe en vue, le lait n’avait pas débordé et rien n’avait brûlé. Comme quoi, elle savait parfaitement se débrouiller ! C’était une preuve, non ? Au moins, elle réfléchissait et ne faisait pas que des bêtises, même si son comportement tendait à le faire croire parfois. Au bout de quelques minutes, Solène la rejoignit dans la cuisine et s’installa avec elle à la petite table au moment où Laura versait le chocolat chaud dans deux grosses tasses. Du chocolat chaud, fumant… Cela leur ferait sûrement le plus grand bien. Surtout pour Solène…

Laura – Comment est-ce que… tu vas avec tout ce qui se passe?, demanda-t-elle d’un ton prudent.

Solène – Comment, et bien, ça dépend des jours, je ne sais pas trop ce que je dois penser de tout ça. Je voulais rester en France en fin d'année puis je me suis dit que ma chère sœur allait sûrement en faire une attaque et me crier de partir, que c'est idiot de rester alors que je suis enceinte, même si elle-même l'est aussi, mais bon. On ne peut rien faire, je le sais très bien.

Mpfh… On ne peut rien faire, on ne peut rien faire. C’était bien ce qui dérangeait Laura. La possibilité de ne rien faire ! Elle baissa la tête sur sa tasse, la serrant entre ses mains pour se les réchauffer. Elle la fixa un moment sans rien dire, partagée entre un sentiment d’injustice et un sentiment de dégoût, de désespoir même, parce qu’elle ne pouvait absolument rien faire. Elles étaient « trop fragiles », « trop jeunes », « trop petites »… Mais il y avait bien une action qu’elles pouvaient réaliser malgré tout, non ? Solène avait l’air de l’accepter, d’accord, mais Laura n’y parvenait pas. Pas maintenant alors que, fin de l’année passée, son tuteur actuel lui avait dit qu’elle pourrait aider. Et, au final, elle n’avait rien pu faire en dehors du journal grâce à un pur hasard. Restant silencieuse un moment, Laura releva enfin la tête vers Solène, tâchant de prendre une voix normale.

Laura – Tu penses vraiment qu’on ne peut rien faire ? Je n’entends que cela depuis des mois pour des excuses diverses, toujours le même genre que celle que tu viens de donner. S’il y avait assez de personnes pour soutenir, d’accord mais, là… On ne peut pas nier qu’il nous manque du soutien. On attend et puis, voilà, on va passer notre vie à se cacher parce qu’on est différents. Je sais que c’est dangereux, qu’il faut des « grandes personnes », qu’ils cherchent à protéger ceux qu’ils jugent plus fragiles ou plus facilement traumatisés. Mais, après tout ce qui s’est passé dans le Pensionnat, je pense que cette étape est largement dépassée.

Laura s’interrompit en baissant la tête, réalisant ce qu’elle venait de dire. Désolée, elle n’aurait pas dû… Mais lorsqu’elle voyait l’évolution de la situation à cause d’une simple grossesse, c’était hallucinant ! Une grossesse qui avait tout déclenché, tout avait dégénéré à partir de ce moment et, depuis, impossible d’arrêter les événements ou de les tempérer au moins un peu. Jasper avait beau essayer de la rassurer en lui disant qu’ils n’avaient rien fait, Laura restait persuadée du contraire. Certes, les médias auraient trouvé un autre prétexte pour remettre en cause Gabriella de Lizeux, mais cela aurait été beaucoup plus difficile. Ou serait arrivé plus tard. La directrice n’aurait pas perdu toute sa crédibilité, ne se serait pas fait attaquer, rien du tout. Alors, à partir d’un moment, le « il faut protéger les plus fragiles » ne tenait plus, non. Plus pour elle. Mais Solène n’y était pour rien…

Laura – Désolée, je n’aurais pas dû dire tout ça. J’ai seulement… du mal à tout comprendre étant donné la situation. Ça a tellement dégénéré… Tu peux oublier ce que je viens de dire ? Je sais, je n’ai rien à dire là-dessus, vu mon âge… et mon comportement. Toi, tu comprends et l’acceptes, mais j’ai plus de mal à le faire, moi. On n'a qu'à parler de, heu… Tes projets pendant la semaine ?
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Solène Nakajima
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Solène Nakajima
MessageSujet: Re: Le calme avant la tempête   Le calme avant la tempête EmptyVen 24 Fév - 18:32

Laura – C’était dans mes projets, évidemment, répondit-elle avec un petit sourire. Si Jasper ne le fait pas, compte sur moi pour t’en envoyer au moins deux. Je dirais bien une tous les jours mais tu n’auras pas le temps de les recevoir…

Ils ne partaient qu’une semaine en voyage, après tout, c’est vrai. Solène lui sourit de plus belle en entendant ça, tout en continuant de vérifier si elle avait bien tout rangé dans son sac à main, rassemblant les cartes d’identité dans une enveloppe fermée qu’elle glissa bien au fond, dans une poche intérieure. Elle-même partait pour plus d’une semaine, à présent… Pour combien de temps exactement, impossible de le savoir, cela dépendait de bien trop de facteurs qu’elle ne pouvait pas contrôler. Combien de temps la surveillance gouvernementale allait durer, dans combien de temps la nouvelle et future école sera prête, combien de temps se passera-t-il encore avant qu’elle ne puisse revoir Kimmitsu et se jeter dans ses bras. Sa plus grande crainte était de perdre un de ses proches, actuellement, puis de devoir accoucher seule, ou chez ses parents, sans que son mari ne puisse voir ses enfants avant encore de longs mois… Et les enfants de Gabriella et Auguste ? Quand seront-ils à nouveau dans les bras de leurs parents, eux aussi ? Sa sœur comptait-elle accoucher sans assistance médicale, avec seulement des amis autour d’elle ? Et dire qu’il y a un an, la plus grande préoccupation de Solène était de trouver de nouvelles idées pour arranger la présentation de son magasin… Aujourd’hui, elle se retrouvait obligée de fermer et faire profil bas.

Laura – Ne t’inquiète pas pour moi, je suis assez grande pour préparer mes affaires, je fais ça plusieurs fois par an depuis quatre ans. Et puis, on ne part qu’une semaine, alors si j’oublie quelque chose, je m’en passerai. Les autres préparent encore leur sac, je suis en avance, c’est pour ça que je suis venue… Je voulais te dire au revoir avant de partir et passer un petit peu de temps avec toi comme on part tard.

Solène – Oh, c'est vraiment mignon, ça. Désolée, je suis un peu affairée moi aussi, je ne pensais pas quitter le village, au début, puis mes parents m'ont convaincue. Si tu veux, en attendant, tu peux préparer du thé ou du chocolat, il y a tout ce qu'il faut dans la cuisine.

Elle pouvait se servir, elle était aussi chez elle. Pendant que la petite sautait de sa chaise pour filer dans la cuisine, la jeune femme enjamba les quelques sacs par terre pour aller s’assurer que les jumeaux dormaient toujours paisiblement, profondément. Se penchant sur son berceau, elle sourit avec un air très attendri en les voyant se tenir la main dans leur sommeil. Ils étaient si mignons ! Ils grandissaient tous les jours, s’éveillaient à la vie, aux couleurs, aux sons, aux odeurs. Solène se pencha pour les embrasser tous les deux sur le front, leur murmurant que tout ira bien et qu’ils reverront très vite papa et maman. Les bébés, qui étaient nés avec des cheveux très blonds et doux, passaient maintenant à un châtain très léger, gardant toutefois les grands yeux bleus de leur mère. Laura commença tout à coup à crier quelque chose depuis la cuisine puis s’interrompit, avant que Solène n’ait eu le temps de comprendre ce qu’elle voulait. Hum ? Bon, elle allait revenir, de toute manière. Solène se redressa, après avoir un peu remonté la couverture couvrant les enfants, puis continua à ranger ce qui restait. Elle avait prévu des affaires pour novembre et décembre, ignorant encore si elle allait finalement partir au Japon ou non en fin d’année.

Un instant plus tard, Laura revint pour demander si elle voulait prendre une pause pour boire un chocolat. Oui, oui, elle arrivait, une minute. Elle termina d’abord de fermer le sac contenant les affaires de Kimmitsu, lui en prenant si elle avait une occasion de les lui faire parvenir, d’autant plus que l’hiver arrivait, elle ne voulait pas qu’il prenne froid. Une fois prête, elle fila dans la cuisine rejoindre Laura, la remerciant pour avoir préparé le chocolat. Une pause, oui, ça ne pouvait faire que du bien. Toute l’école était assez agitée, les élèves étaient bien heureux, eux aussi, de partir quelques temps. Même pour leurs professeurs, cela fera du bien de partir un peu ! L’air pur des montagnes, l’éloignement, avant la reprise des cours, dernière ligne droite avant les vacances de fin d’année. Solène s’étira longuement, détachant pour l’instant l’élastique retenant ses longs cheveux blonds, pour se détendre. C’était sans doute à cause de la grossesse si elle se sentait bien plus fatiguée, ces derniers temps, ou parce qu’elle s’était brusquement retrouvée seule. Pas l’habitude de ça… Elle détestait la vie en solitaire et aurait voulu accompagner son mari, même si c’était dangereux.

Laura – Comment est-ce que… tu vas avec tout ce qui se passe?, demanda-t-elle d’un ton prudent.

Solène – Comment, et bien, ça dépend des jours, je ne sais pas trop ce que je dois penser de tout ça. Je voulais rester en France en fin d'année puis je me suis dit que ma chère sœur allait sûrement en faire une attaque et me crier de partir, que c'est idiot de rester alors que je suis enceinte, même si elle-même l'est aussi, mais bon. On ne peut rien faire, je le sais très bien.

Désolée, mais ce détail-là l’agaçait fortement ! Oui, elle était enceinte, mais Gabriella aussi, pourtant, elle parvenait tout de même à dire à Solène de faire attention à cause de ça alors qu’elle-même continuait à se battre tout de même, qu’elle soit enceinte ou non, blessée ou pas, fatiguée ou en forme. Quand on lance ce genre de conseil, on veille d’abord à l’appliquer à soi-même ! La jeune femme était certes plus jeune, mais elle pouvait se défendre en cas de besoin, elle avait même développé la foudre ! Bon, soit, elle en pouvait que produire que quelques étincelles avec, pour le moment, mais ça, c’était parce que don était encore naissant. Il fallait un début à tout, n’est-ce pas ? Dans quelques années, elle arrivera à faire beaucoup plus de choses avec, il fallait juste du temps et de l’entraînement, voilà tout. Soupirant un peu en levant les yeux au ciel, elle rumina un petit instant contre sa sœur qui était définitivement incapable de prendre soin d’elle alors même qu’elle passait sa vie à veiller sur les autres, cherchez donc la logique. Enfin bref. Mettant un peu de sucre dans son chocolat, elle touilla avec un peu plus d’énergie que nécessaire, plus facilement agacée ces derniers temps. Peut-être à cause des hormones. Et parce qu’elle mourrait d’envie de crier à Gaby qu’elle ferait mieux de s’occuper un peu d’elle-même avant de dire aux autres de ne pas faire ceci ou cela à cause de leur fragilité. En plus, Solène n’avait pas jamais été poignardée, elle, elle n’avait pas reçu de coup de feu ou de, de… Enfin bref, elle allait très bien et ce n’était pas à elle qu’il fallait dire en premier d’être prudente !

Laura – Tu penses vraiment qu’on ne peut rien faire ? Je n’entends que cela depuis des mois pour des excuses diverses, toujours le même genre que celle que tu viens de donner. S’il y avait assez de personnes pour soutenir, d’accord mais, là… On ne peut pas nier qu’il nous manque du soutien. On attend et puis, voilà, on va passer notre vie à se cacher parce qu’on est différents. Je sais que c’est dangereux, qu’il faut des « grandes personnes », qu’ils cherchent à protéger ceux qu’ils jugent plus fragiles ou plus facilement traumatisés. Mais, après tout ce qui s’est passé dans le Pensionnat, je pense que cette étape est largement dépassée.

Tout dépendait du point de vue… Solène haussa légèrement les épaules, tout en continuant de brasser son chocolat, une main serrée autour de la tasse et l’autre sur la petite cuillère aux motifs élancés. Les « grandes personnes » en question étaient des humains comme elles, la seule différence tenait en un point très précis, qui était la volonté. Savoir tout donner et tout subir sans broncher pour que d’autres n’aient pas à souffrir des mêmes tourments. Cette pression-là, Solène ignorait si elle serait personnellement capable de la supporter, malgré son envie d’agir. La volonté, ça se travaillait, soit, mais comment savoir si on avait assez dès le départ ? Difficile de répondre à ça.

Laura – Désolée, je n’aurais pas dû dire tout ça. J’ai seulement… du mal à tout comprendre étant donné la situation. Ça a tellement dégénéré… Tu peux oublier ce que je viens de dire ? Je sais, je n’ai rien à dire là-dessus, vu mon âge… et mon comportement. Toi, tu comprends et l’acceptes, mais j’ai plus de mal à le faire, moi. On n'a qu'à parler de, heu… Tes projets pendant la semaine ?

Solène – Ah, mais je ne l’accepte pas du tout, sourit-elle d’un ton légèrement plus grinçant. Tu sais, des personnes à soutenir, il y en a beaucoup plus aujourd’hui, bien assez pour monter un réseau national, d’après ce que m’en a confié un collègue de Kimmitsu. Ils peuvent se permettre de laisser de côté les personnes dites fragiles, il y a assez de bras, assez de monde. Mais je n’ai jamais affirmé que ce ne soit pas frustrant au possible.

Elle se frotta un peu les yeux en marmonnant que oui, il y avait beaucoup de choses injustes, beaucoup de personnes qui voulaient vous tenir à l’écart à cause de votre âge et de votre condition physique, de votre état de santé ou de votre implication dans d’autres affaires, c’était comme ça, on n’y pouvait rien. Après tout, tant que vous étiez entouré et aviez des proches, il y aura toujours une personne pour vous protéger et tenir à vous écarter du danger. Elle s’interrompit un petit instant pour boire un peu de son chocolat, tempérer un peu l’agacement et surtout, ne pas élever trop la voix pour ne pas déranger les jumeaux endormis, juste à côté dans le salon.

Solène – Tu sais, confia-t-elle soudain, ça m’énerve plus que tout que ma sœur ne veuille pas que je les rejoigne pour aider parce que je suis enceinte, alors qu’elle-même l’est aussi ! C’est bien beau de se soucier de l’état de santé des autres mais il faudrait commencer par se soucier du sien ! Bon… Je sais qu’on pourra tous de nouveau être plus actifs lorsque tout sera mis en place. La nouvelle école, la résistance, chacun pourra recommencer à vivre normalement et à participer, selon ses capacités, à faire évoluer les mentalités dans ce pays. Il faut être patient. Tu as des projets, toi-même, quand la situation sera plus revenue vers la normale ? En attendant, profite du voyage pour te vider la tête. Kimmitsu m’a aussi demandé de prendre soin de vous, dans son mot.
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MessageSujet: Re: Le calme avant la tempête   Le calme avant la tempête EmptyMer 1 Mar - 22:55

Solène – Ah, mais je ne l’accepte pas du tout, sourit-elle d’un ton légèrement plus grinçant. Tu sais, des personnes à soutenir, il y en a beaucoup plus aujourd’hui, bien assez pour monter un réseau national, d’après ce que m’en a confié un collègue de Kimmitsu. Ils peuvent se permettre de laisser de côté les personnes dites fragiles, il y a assez de bras, assez de monde. Mais je n’ai jamais affirmé que ce ne soit pas frustrant au possible.

Et encore, le mot était faible… Laura détestait être mise de côté sans pouvoir aider, même un petit peu. Elle ne demandait pas grand-chose ! Seulement de petits trucs accessibles, des aides ou… n’importe quoi. Sauf que Solène avait raison : ils étaient nombreux à soutenir la directrice aujourd’hui, et même les élémentaires en général, et ils souhaitaient écarter les personnes qu’ils jugeaient plus fragiles. Mais sur quoi se basaient-ils pour juger, au juste ? Sur le physique, l’âge, la mentalité, le don ? C’était injuste. Son amie était dans le même cas qu’elle, d’après ce qu’elle marmonna plus bas, justifiant cet écart forcé des problèmes. Peut-être qu’ils avaient des raisons, oui, sans doute, mais cela n’en demeurait pas moins frustrant. Laura prit sa tasse de chocolat chaud entre les mains en même temps que la future mère, prise d’un léger frisson, et but une longue gorgée pour se réchauffer un peu et faire passer cette amertume. Elle ne voulait pas ajouter des soucis à Solène, lui laisser penser qu’elle allait commettre des actes irréfléchis durant le voyage. L’envie d’agir et d’aider n’était pas une si mauvaise chose, pourtant. Mais, ici…

Solène – Tu sais, confia-t-elle soudain, ça m’énerve plus que tout que ma sœur ne veuille pas que je les rejoigne pour aider parce que je suis enceinte, alors qu’elle-même l’est aussi ! C’est bien beau de se soucier de l’état de santé des autres mais il faudrait commencer par se soucier du sien ! Bon… Je sais qu’on pourra tous de nouveau être plus actifs lorsque tout sera mis en place. La nouvelle école, la résistance, chacun pourra recommencer à vivre normalement et à participer, selon ses capacités, à faire évoluer les mentalités dans ce pays. Il faut être patient. Tu as des projets, toi-même, quand la situation sera plus revenue vers la normale ? En attendant, profite du voyage pour te vider la tête. Kimmitsu m’a aussi demandé de prendre soin de vous, dans son mot.

Laura – Il… Il t’a demandé ça ?, dit-elle d’un ton choqué. Pardon, ce n’est pas ce que je voulais dire.

Laura baissa la tête sur son chocolat chaud, les joues plus rouges. Désolée ! C’était sorti tout seul… Elle ne s’attendait pas à ce que leur tuteur demande cela à Solène dans le dernier mot qu’il lui adressait avant des mois. Il avait pensé à eux au moment de fuir, de tout quitter et d’être, dès lors, considéré comme personne dangereuse et activement recherchée. Et, malgré tout, il avait pensé à eux et avait demandé à sa femme de prendre soin d’eux. La discussion avait bien commencé, pourtant ! Bon, d’accord, Laura n’avait toujours pas demandé ce qu’elle voulait, ce qui était en grosse partie l’objet de sa venue, mais la discussion était normale. Solène avait même parlé de sa sœur, de l’injustice comme elle était enceinte et écartée et pas la directrice. La collégienne aurait pu réagir à ça ! Ou encore aux projets qu’elle avait mis de côté en attendant que la situation s’améliore, ou encore le temps, ou… N’importe quoi, en fait. Mais non, elle avait mis les deux pieds dans le plat en réagissant sans prendre la peine de réfléchir dix secondes à ses paroles. Elle enchaîna donc pour ne pas laisser le temps à Solène de répondre et essayer de se rattraper, au moins un peu, relevant timidement la tête vers elle.

Laura – Je suis désolée, je ne voulais pas dire ça, c’est sorti tout seul. Je sais qu’il est gentil, c’est juste bizarre et heu… Voilà. Mais je ne le déteste pas, hein ! Je suis vraiment désolée, je n’ai pas réfléchi, pas du tout, ça m’a juste choquée qu’il pense à nous avant de partir alors qu’il n’allait plus te voir avant très longtemps.

Solène – Choquée… ? Voilà qui me choque aussi.

Comment mettre les deux pieds dans le plat en quelques mots… Elle n’avait pas fait exprès, pourtant ! C’était sorti tout seul, sans qu’elle n’y pense, c’était naturel, pour elle. Elle en avait déjà parlé avec Jasper, en plus, lui pensait la même chose qu’elle à un plus petit niveau. Donc, c’était normal, non ? Même si leur tuteur lui avait déjà dit à maintes reprises qu’il avait accepté de les élever comme ses enfants, qu’il ne prenait pas cette histoire à la légère, et encore d’autres principes importants pour lui dans sa culture. C’était bizarre, Solène devait bien le comprendre, non ? Même pas un petit peu ? Laura ouvrit la bouche sans qu’aucun son ne sorte puis baissa la tête en marmonnant qu’elle était désolée et qu’elle ne voulait pas dire ça. Elle pouvait… oublier, non ? Pas sûr qu’elle le fasse, cette fois-ci, surtout si elle était vraiment choquée. Et, à voir sa tête… La collégienne redressa la tête pour jeter un coup d’œil à Solène avec un air hésitant. Maintenant qu’elle y était, ce serait bête de ne pas se lancer… Non ? En plus, elle s’était grillée bêtement, la discussion était tout à fait normale à la base. Pourquoi avoir réagi de cette manière ?! Elle était stupide, complètement. Elle poussa un soupir, s’affaissant un petit peu à sa place, résignée. Puisqu’il le fallait…

Laura – En fait, je… J’ai du mal à savoir comment il prend notre présence vu qu’il t’a toi, il a Genji, et puis vous allez avoir des enfants, aussi. Il nous a déjà dit que c’était comme une adoption, pour lui, mais, tu comprends, on n’a jamais connu ça ! Il pourrait très bien nous dire qu’on ne le dérange pas pour ne pas nous froisser ou… quelque chose comme ça.

Plus elle essayait de s’expliquer, plus Laura avait l’impression qu’elle allait se liquéfier sur place à force de parler. C’était tout de même Solène, elle ne pouvait pas lui dire la même chose qu’à son frère. Lui ne jugerait pas, n’était pas proche de monsieur Nakajima et ne le prendrait pas « mal ». Il ne lui en parlerait d’ailleurs même pas. Donc, aucun risque. Alors qu’avec Solène, tout était complètement différent, elle devait bien choisir ses mots pour ne pas les regretter plus tard. Surtout si elle commençait à agir comme une mère, comme le coup qu’elle avait leur avait fait lorsque Jasper et elle s’étaient disputé assez fort. Mais… Laura devait essayer et continuer, quand même, non ? De toute façon, quitte à s’enfoncer, autant y aller jusqu’au bout, tout serait dit et ils n’auraient rien à lui reprocher. Enfin, normalement.

Elle joua un peu avec sa tasse de chocolat chaud, la faisant tourner entre ses mains sans boire tout de suite. Faisant aller ses pieds sous la table, mal à l’aise, elle prit une petite inspiration en prenant bien soin de choisir ses mots. La collégienne avait déjà pensé à toutes ses questions, évidemment, mais c’était comme les mathématiques : entre la théorie et la pratique… Elle voulait vraiment dire qu’elle faisait confiance à son tuteur, sans être étonnée de quoi que ce soit. Mais c’était tellement inhabituel qu’un adulte se préoccupe d’elle, de Jasper de façon normale sans chercher à les faire rentrer dans des cases que… Il fallait un temps d’adaptation, rien d’autre. Ils s’en sortaient plus ou moins bien sans parents et s’en seraient, probablement, mieux sortis qu’avec ces parents. Elle ne voulait pas les blesser ! Ni monsieur Nakajima, ni Solène. Mais c’était étrange.

Laura – On n’a pas l’habitude d’être… couvés comme avec vous. Et Jasper a été frappé pendant des années, on a essayé de nous faire rentrer dans des cases, peu importe nos envies et on n’avait pas le droit d’être malheureux. Alors, ici, arriver dans une « famille » plus soudée et préoccupée par deux adolescents qui arrivent du jour au lendemain, c’est perturbant. On se pose des questions. Et je… Je ne sais pas comment on peut vraiment faire confiance en l’espace de quelques mois. Je n’ai pas envie de vous blesser, je te le promets ! Mais c’est difficile. Qu’est-ce qui t’a… convaincue, chez monsieur Nakajima ? Et pourquoi ça ne te dérange pas, qu’on soit là ?
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MessageSujet: Re: Le calme avant la tempête   Le calme avant la tempête EmptySam 18 Mar - 11:17

Laura – Il… Il t’a demandé ça ?, dit-elle d’un ton choqué. Pardon, ce n’est pas ce que je voulais dire.

Heu... Oui ? Donc que voulait-il dire, dans ce cas ? Pourquoi rougissait-elle de cette façon ? Solène eut une moue assez perplexe, cherchant si elle avait dit quelque chose qu'il ne fallait pas, qui aurait pu choquer ou gêner Laura, la blesser ou... Elle avait fait quelque chose de mal ? Solène se repassa assez vite chacune des paroles prononcées depuis toute à l'heure en cherchant laquelle était susceptible de blesser la collégienne, sans rien trouver, néanmoins. La discussion était parfaitement anodine ! Non ? Un peu perdue, elle se contenta alors d'entourer son mug des deux mains pour se réchauffer et examiner la tête que tirait Laura en espérant y lire des réponses ou un début de piste, au minimum. Pourquoi Kimmitsu n'aurait pas demandé ça ... ? Quoi de plus logique que de penser à ses proches lorsqu'on devait tout quitter comme ça ? Lorsque Gabriella et Auguste étaient partis, les premiers à qui ils avaient songé, c'était quand même bien leurs enfants ! Leurs petits, les jumeaux présentement profondément endormis dans leur berceau. Si Solène avait déjà accouché et qu'elle devait partir brutalement, elle aussi penserait tout d'abord à son bébé, elle le confierait à une personne de confiance et penserait tous les jours à lui. C'est la logique même.

Laura – Je suis désolée, je ne voulais pas dire ça, c’est sorti tout seul. Je sais qu’il est gentil, c’est juste bizarre et heu… Voilà. Mais je ne le déteste pas, hein ! Je suis vraiment désolée, je n’ai pas réfléchi, pas du tout, ça m’a juste choquée qu’il pense à nous avant de partir alors qu’il n’allait plus te voir avant très longtemps.

Solène – Choquée… ? Voilà qui me choque aussi.

Choquée parce... Parce qu'il avait pensé à eux ?! Solène porta une main à sa bouche avec un air complètement effaré, en oubliant le mug et son contenu, oubliant même de tenter de cacher à quel point cela la bouleversait profondément. Enfin, "choquée" ?! Choquer pour ça ? A moins qu'elle et Jasper ne se considèrent pas du tout comme leurs enfants et qu'ils aimeraient bien être ailleurs, dans une autre famille, avec d'autres parents, dans un endroit très différent ? Qu'ils ne voulaient plus rien avoir à faire avec Kimmitsu ni avec Solène ? Comme elle était la petite sœur d'une des personnes les plus recherchées du pays et que son mari en était l'un des principaux soutiens, peut-être voulaient-ils s'éloigner définitivement de tout ça, ne plus se mettre en danger, ni... Oh... Oui, ça... ça pouvait se comprendre, après tout... A quatorze et seize ans, c'était normal de vouloir se couper de tout ça, de s'écarter des personnes qui attiraient tant de problèmes et les entretenaient en entrant dans la guerre. Si c'était leur choix, très bien, il faudra faire en sorte qu'ils puissent quitter ce village et le pensionnat pour entrer chacun dans des écoles ordinaires, trouver une nouvelle famille et oublier tous ces soucis. Kimmitsu comprendra sûrement, lui aussi, il savait très bien qu'il était douloureux pour des enfants d'être plongé au cœur de tout cela.

Laura – En fait, je… J’ai du mal à savoir comment il prend notre présence vu qu’il t’a toi, il a Genji, et puis vous allez avoir des enfants, aussi. Il nous a déjà dit que c’était comme une adoption, pour lui, mais, tu comprends, on n’a jamais connu ça ! Il pourrait très bien nous dire qu’on ne le dérange pas pour ne pas nous froisser ou… quelque chose comme ça.

Non, elle ne comprenait pas, pour être honnête. Puisque c'était une adoption, tout ce qu'il y a de plus officielle comme officieux, pourquoi les deux enfants dérangeraient... ? Si c'était le cas, Kimmitsu aurait refusé, tout simplement ! Il aurait répondu à la directrice qu'il ne pouvait pas, qu'il faudrait leur trouver une autre famille, que ce soit à Gray ou dans la région, peu importe, mais que lui n'avait pas le temps ou pas envie de prendre e,n charge deux jeunes adolescents. Puisqu'il avait accepté, tout comme Solène, cela incluait forcément que ça ne les dérangeait pas ! Par ailleurs, Genji était son neveu, pas son fils, il ne le gardait que le temps qu'il aille mieux et sache manier son pouvoir, c'était complètement différent que d'adopter deux enfants ou de les avoir de façon naturelle. Solène ouvrit la bouche pour répondre puis la referma, lâchant un petit soupir à son tour, n'ayant aucune idée de la façon dont on pouvait bien répondre à ça. Elle n'avait que dix-huit ans, elle, elle débutait complètement dans le domaine de la maternité ! Bon, bientôt dix-neuf, dans quelques mois, mais tout de même. Elle ne savait pas comment s'y prendre lorsqu'un enfant vous disait... Qu'il ne savait pas être un enfant, en fait ? Parce que c'était finalement ça, tout le problème, Laura venait tout bêtement de lui avouer qu'elle ne savait pas être une enfant alors même qu'elle ne pouvait pas encore être une adulte. Il ne suffisait pas d'avoir vécu des horreurs pour être adulte, après tout, il fallait avant tout être capable de prendre ses responsabilités, de réfléchir avant d'agir et de veiller sur les plus jeunes et fragiles que soit. En ce sens, Solène était à peine adulte et Laura ne l'était pas du tout. C'était normal, c'était lié à l'âge.

Laura – On n’a pas l’habitude d’être… couvés comme avec vous. Et Jasper a été frappé pendant des années, on a essayé de nous faire rentrer dans des cases, peu importe nos envies et on n’avait pas le droit d’être malheureux. Alors, ici, arriver dans une « famille » plus soudée et préoccupée par deux adolescents qui arrivent du jour au lendemain, c’est perturbant. On se pose des questions. Et je… Je ne sais pas comment on peut vraiment faire confiance en l’espace de quelques mois. Je n’ai pas envie de vous blesser, je te le promets ! Mais c’est difficile. Qu’est-ce qui t’a… convaincue, chez monsieur Nakajima ? Et pourquoi ça ne te dérange pas, qu’on soit là ?

Solène – Pourquoi ça me dérangerait, au juste ? répondit-elle d'un ton perplexe. Je ne te comprends pas du tout, je suis perdue. Quand on adopte des enfants, c'est quand même normal de penser autant à eux qu'à des enfants qu'on a eu de façon naturelle ! Regarde Auguste, il considère les jumeaux comme ses enfants, même s'il n'est pas leur père et il les aime autant que l'enfant que porte ma sœur.

En parlant d'enfant, à la minute même, il y eut du bruit dans la pièce d'à côté et les petits se mirent à pleurer exactement au même instant. Timing, ils faisaient toujours ce coup-là... Solène se leva aussitôt, pensant qu'il fallait sans doute changer leurs couches, à moins qu'ils n'aient simplement faim. Arrivée près du berceau, elle vérifia d'abord qu'ils étaient toujours bien propres puis les prit tous les deux dans ses bras, d'abord Aurore qu'elle cala contre elle puis Julien, qu'elle récupéra en se penchant presque à angle droit et le souleva avec douceur pour le caler à son tour contre son sein. Ah là là, c'était toute une technique que de porter les deux à la fois, Solène avait passé des heures à observer Gabriella faire avant d'essayer enfin à son tour, sous le regard attentif de sa grande sœur. Maintenant, elle se débrouillait mais ce n'était pas très facile. Revenant dans la cuisine, elle demanda à Laura de prendre la petite, le temps qu'elle leur prépare leurs biberons car il lui fallait au moins un bras de libre. Son propre chocolat allait attendre. Tout en ouvrant les placards pour chercher où elle avait rangé les biberons en verre, elle tourna la tête pour voir si Aurore pleurait toujours ou si elle se calmait un peu. C'était qu'ils grandissaient vite, maintenant, ces deux-là. Le détail très mignon était qu'on pouvait maintenant voir que tous les deux avaient très exactement les mêmes yeux que leur maman.

Solène – Je ne comprend pas non plus ce que tu veux dire, quand tu demandes ce qui m'a convaincu chez Kimmitsu. De quoi parles-tu, tu veux savoir pourquoi je l'ai épousé ou autre chose ? Tu sais, sincèrement... Tu ne devrais pas te pourrir la tête comme ça ni te troubler toute seule avec des questions qui n'ont aucun sens. Si ça dérangeait, il aurait refusé et c'est tout, personne n'est assez crétin pour adopter des gens uniquement pour ne "pas froisser".

A moins que Laura n'en connaisse, et dans ce cas, qu'elle le lui dise ! C'était... Non mais vraiment, n'importe quoi ! Elle avait déjà entendu beaucoup de remarques complètement stupides mais celles-ci étaient vraiment au top, ce que le jeune femme ajouta tout en secouant la tête. Rehaussant Julien, contre elle, elle mit deux biberons à stériliser, les gestes encore un peu hésitants et peu rapides, relisant aussi la fiche collée sur le placard où elle avait écrit toutes les étapes à réaliser, une par une, pour préparer des biberons, selon l'âge, le poids et les besoins de l'enfant. C'était l'écriture de Gabriella, elle lui avait tout détaillé après que Solène lui ait fait répéter quatre fois de suite la marche à suivre, par peur d'oublier un détail important. La dernière indication la laissait toujours perplexe. "Faire tomber une goutte de lait sur le poignet pour en tester la température". Même si elle avait vu bien des fois sa sœur et Estelle faire ça, jamais elle n'avait réussi à déterminer si la température était bonne en le faisant elle-même. C'était sans doute un truc qu'on arrivait mieux avec l'expérience...

Solène – Tu sais, moi je ne trouve pas ça si bizarre que Kimmitsu ait accepté, il sait très bien ce qu'il veut et pourquoi, il n'est pas du genre à hésiter longtemps avant de prendre une décision. En tout cas, laisse tomber les non-sens, tu va te troubler toute seule pour rien.
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MessageSujet: Re: Le calme avant la tempête   Le calme avant la tempête EmptySam 1 Avr - 23:07

Solène – Pourquoi ça me dérangerait, au juste ? répondit-elle d'un ton perplexe. Je ne te comprends pas du tout, je suis perdue. Quand on adopte des enfants, c'est quand même normal de penser autant à eux qu'à des enfants qu'on a eu de façon naturelle ! Regarde Auguste, il considère les jumeaux comme ses enfants, même s'il n'est pas leur père et il les aime autant que l'enfant que porte ma sœur.

Heu… Oui, bon, d’accord, vu sous cet angle, Solène avait raison. Mais ça restait différent tout de même. Jasper et elle étaient bien plus âgés que les jumeaux de la directrice et avaient eu une « famille » avant, aussi détestable soit-elle. D’accord, ils ne l’aimaient pas et ne l’avaient jamais aimée, mais ils avaient reçu une autre éducation et n’étaient donc pas aussi innocents que des bébés. Leurs habitudes et comportements avaient été façonnés en fonction de leur vécu, ce qui était logique, alors que les petits étaient encore en train de construire leur caractère de A à Z. Mais Laura n’eut pas le temps de répondre, les jumeaux se mettant à pleurer aussitôt sa phrase terminée. En même temps, en plus. Impressionnant. Flippant, terrifiant, mais impressionnant. Cela signifiait que, lorsqu’ils étaient tristes, c’était tous les deux en même temps ? Heureux aussi ? Et si l’un était malade, l’autre le devenait aussi ? Et Solène trouvait que la situation était la même… Pas du tout. La collégienne voyait plein de différences entre cette adoption et celle du prof de maths et les jumeaux.

Cependant, Laura n’eut pas le temps de réfléchir davantage à la question, son amie revenant à la cuisine avec les enfants dans les bras. Elle lui demanda de prendre Aurore alors qu’elle-même s’occupait de Julien et de leurs biberons, ne pouvant rien faire si elle n’avait pas au moins un bras de libre. Réceptionnant la petite dans ses propres bras, elle lui sourit doucement en essayant de la bercer un petit peu contre elle pour la rassurer et la faire patienter, silencieuse. Aurore n’avait plus sa mère mais était tout de même heureuse et souriante, c’était mignon. Elle ne devait, d’ailleurs, rien comprendre de ce qui se passait autour d’elle, dans le pays, ou même dans la pièce. Quelle chance… Entre les attaques, les tensions, les remarques sur les élémentaires et l’ambiance qui régnait au Pensionnat, ils étaient tous affectés même si « les adultes essayaient de les ménager ». Laura maintenait que c’était injuste, trouvant beaucoup plus dur d’être prise dans cette situation sans pouvoir agir. L’année passée, ils avaient pu se renseigner, anticiper un peu les conséquences de tout cela même si c’était risible lorsqu’ils regardaient la situation. Et aujourd’hui ? Rien. Absolument rien. Décalant un peu Aurore pour se gratter, Laura lui fit un sourire crispé en attendant que Solène termine ce qu’elle était en train de faire, préférant s’abstenir de toute réponse.

Solène – Je ne comprends pas non plus ce que tu veux dire, quand tu demandes ce qui m'a convaincu chez Kimmitsu. De quoi parles-tu, tu veux savoir pourquoi je l'ai épousé ou autre chose ? Tu sais, sincèrement... Tu ne devrais pas te pourrir la tête comme ça ni te troubler toute seule avec des questions qui n'ont aucun sens. Si ça dérangeait, il aurait refusé et c'est tout, personne n'est assez crétin pour adopter des gens uniquement pour ne "pas froisser".

Laura baissa la tête, se mordant les lèvres en ayant l’impression d’avoir dire la pire bêtise du siècle, ce que lui confirma Solène juste après par ses paroles. C’était logique, pour elle ! D’accord, encore une fois, sa question reformulée par la future maman semblait stupide et illogique. Elle ne voulait pas savoir ce qui l’avait poussée à l’épouser mais ce qui l’avait poussée à lui faire confiance, ce qui l’avait convaincue malgré leurs différences et le contexte dans lequel ils s’étaient rencontrés. Seulement, elle n’était plus sûre de vouloir poser la question… Si cela apparaissait comme dénué de sens, mieux valait-il les éviter, surtout que Solène avait énormément de travail. Non ? Analysant ses propres paroles, Laura resta silencieuse, admettant que son amie avait raison pour le côté « c’est stupide de ne pas refuser par peur de froisser » mais restant peu convaincue malgré tout du fait qu’ils ne dérangeaient pas. Et… Si c’était vrai ? Si elle se posait des questions stupides ? Elle voulait tellement être sûre à ce sujet, aussi sûre que Solène, mais là, très sincèrement, c’était difficile.

Laura n’était… pas habituée. Pas encore. Chez eux, ils dérangeaient tout le temps, ou en tout cas elle en avait l’impression, alors comment ne pas être perdue ici ? Désolée, vraiment, elle voulait faire des efforts et l’assimiler, l’intégrer. Mais c’était plus facile à dire qu’à faire. Tenant toujours Aurore contre elle, elle faillit presque lui poser la question, lui demander si c’était vraiment stupide de penser comme cela alors que la petite ne pouvait même pas la comprendre. Elle ne se troublait pas pour rien, en plus ! Et puis, cette histoire ne la troublait pas, c’était une question, rien de plus. Elle agissait normalement avec monsieur Nakajima et Solène, elle ne les évitait pas et mangeait, se comportait comme… eux, suivant les gestes de Genji et Jasper pour éviter de faire des bêtises. Alors, pourquoi Solène pensait-elle que cela la troublait ? Lui jetant un rapide regard, elle l’observa un court instant pendant qu’elle s’occupait des biberons des jumeaux, lisant une note sur le placard en face d’elle tout en tenant Julien dans ses bras. C’était une mauvaise idée, oui… Solène était occupée, évidemment que des questions comme celles-ci lui paraissaient stupides ! Laura avait choisi un très mauvais moment pour venir parler, elle aurait pu attendre après le voyage ou les vacances. Ou plus tard.

Solène – Tu sais, moi je ne trouve pas ça si bizarre que Kimmitsu ait accepté, il sait très bien ce qu'il veut et pourquoi, il n'est pas du genre à hésiter longtemps avant de prendre une décision. En tout cas, laisse tomber les non-sens, tu va te troubler toute seule pour rien.

Laura – Je ne me trouble pas, répondit-elle aussitôt en levant la tête vers Solène. C’était juste… une question. Je n’avais pas… Je n’avais pas vu les choses sous cet angle, je n’avais pas pensé à ce que représentait une adoption pour lui, et même pour toi. Mais si tu me dis que ça ne vous dérange pas, je te crois, et je suis un petit peu rassurée aussi. C’est vrai, vous êtes passés d’un couple tout seul à un couple avec trois adolescents à gérer, alors évidemment, je pensais que… ça pouvait te déranger. Que tu voulais garder ton intimité avec monsieur Nakajima. Et puis, on n’en a jamais parlé… Je veux dire, toi et moi. Lui nous en a déjà parlé… quelques fois.

Et la dernière fois était peut-être celle de trop. Tout ce que venait de dire Laura n’était pas vrai, en effet, mais cette dernière parole l’était. Il leur avait parlé, à Jasper et elle, pour mettre les choses à plat peu après leur « adoption » en voyant qu’ils intégraient difficilement qu’il les accueillait véritablement chez lui. Honnêtement, la collégienne éprouvait toujours d’immenses difficultés à considérer la maison de monsieur Nakajima comme étant la sienne aussi, surtout avec les multiples déménagements en l’espace de quelques mois seulement. Ce n’était pas la faute de leur professeur, ni de Solène, ni Genji. Il fallait seulement qu’elle reprenne ses marques, qu’elle s’habitue à pouvoir se reposer sur un adulte… Comme il le lui avait dit lorsqu’il l’avait… complètement grillée. Brusquement parcourue d’un frisson, elle remonta un petit peu Aurore contre elle en lui caressant doucement la joue, lui souriant faiblement avant de la remettre correctement dans ses bras. Elle était horriblement mal à l’aise, tout à coup, se demandant si son professeur pensait la même chose que Solène à propos de leurs réactions à Jasper et elle.

Laura – Tu es vraiment choquée par… ce que je t’ai demandé ? Je suis désolée, je ne voulais pas, c’était… stupide. Je ne me troublerai plus pour tout ça, je t’assure, j’espère seulement que… qu’il n’est pas trop tard. Monsieur Nakajima était… pas vraiment content la dernière fois et j’ai peur d’avoir fait une immense bêtise. Je suppose que… qu’il t’en a parlé ? Tu ne sais pas s’il… est fâché ou déçu par notre comportement ?

A vrai dire, depuis l’épisode du cimetière, Laura avait tout fait pour le convaincre et le rassurer, lui montrer que tout allait bien ou mieux au moins. Elle ne voulait pas le blesser ni lui ajouter des problèmes après tout ce qu’il vivait au Pensionnat, surtout qu’il défendait les élèves de toutes ses forces. Faire des caprices alors qu’elle avait un nouveau foyer, que Jasper et elle s’en tiraient plutôt bien, était stupide et représentait une sérieuse perte de temps. Leur professeur avait pris du retard en l’emmenant au cimetière comme il l’avait fait ! Même s’il lui avait dit que cela faisait partie de son travail, qu’elle « n’avait pas compris le rôle de tuteur », et encore d’autres arguments qu’elle ne pouvait contredire. Et, à l’instant, Laura faisait exactement la même chose avec Solène… Elle était occupée avec les biberons et prenait beaucoup de temps, toute seule, comme elle devait aussi se concentrer sur la discussion. Peut-être la collégienne devait-elle revenir plus tard ?

Laura – Pardon, oublie mes questions. Tu es occupée, tu dois t’occuper des deux biberons à la fois, des jumeaux… Et, d’après ce que je vois, c’est compliqué. Est-ce que tu veux… de l’aide ? D’autres bras pour préparer les biberons ou… quelque chose ? Je suis là, je peux bouger sans problème, je t’assure.
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MessageSujet: Re: Le calme avant la tempête   Le calme avant la tempête EmptyDim 23 Avr - 19:29

Laura – Je ne me trouble pas, répondit-elle aussitôt en levant la tête vers Solène. C’était juste… une question. Je n’avais pas… Je n’avais pas vu les choses sous cet angle, je n’avais pas pensé à ce que représentait une adoption pour lui, et même pour toi. Mais si tu me dis que ça ne vous dérange pas, je te crois, et je suis un petit peu rassurée aussi. C’est vrai, vous êtes passés d’un couple tout seul à un couple avec trois adolescents à gérer, alors évidemment, je pensais que… ça pouvait te déranger. Que tu voulais garder ton intimité avec monsieur Nakajima. Et puis, on n’en a jamais parlé… Je veux dire, toi et moi. Lui nous en a déjà parlé… quelques fois.

Il n’y avait pas forcément besoin d’en parler pour comprendre ça, c’était évident ! C’était la vie et ni jasper ni Laura n’étaient des adolescents sortis de nulle part dont on ne savait rien du tout et avec il faudrait plus de temps pour apprendre à les connaître. Enfin, pour Kimmitsu et eux, en tout cas, Solène était arrivée beaucoup plus tard et ne connaissaient pas tout le monde depuis longtemps. Bien qu’elle se soit intégrée avec une facilité presque insolente. Dans tous les cas, lorsque la vie prenait certaines tournures, il ne servait à rien de lutter, il fallait simplement vivre avec, l’accepter et avancer, tout simplement. Comme lorsque ces deux petits bouts étaient venus, il avait fallu retrouver des repères. Solène baissa un instant le regard sur Julien, qui s’agitait un peu dans ses bras, se penchant pour l’embrasser sur le front. Il aura bientôt un cousin et une cousine avec qui jouer, en plus de sa sœur jumelle. Ou bien deux cousins, deux cousines, qui pouvait savoir ? Donc si, Laura se troublait bel et bien pour rien, c’était tellement idiot comme question ! Dès lors qu’une personne qu’on connaissait depuis longtemps, qui s’inquiétait sincèrement pour vous, dès lors que cette personne vous prenait en charge pour s’occuper de vous, pourquoi remettre en cause ses intentions ? Heureusement que tout le monde ne raisonnait pas comme cela ou il n’y aurait plus jamais d’adoption.

Laura – Tu es vraiment choquée par… ce que je t’ai demandé ? Je suis désolée, je ne voulais pas, c’était… stupide. Je ne me troublerai plus pour tout ça, je t’assure, j’espère seulement que… qu’il n’est pas trop tard. Monsieur Nakajima était… pas vraiment content la dernière fois et j’ai peur d’avoir fait une immense bêtise. Je suppose que… qu’il t’en a parlé ? Tu ne sais pas s’il… est fâché ou déçu par notre comportement ?

Solène – De quoi parles-tu ?

D’ordinaire, Solène n’avait jamais eu aucune difficulté à échanger avec Laura, mais aujourd’hui, force était d’admettre que c’était vraiment très compliqué. C’était ça, la crise d’adolescence, chez elle ? Poser des questions incompréhensibles et tenter d’embrouiller les autres par la même occasion ? Bizarre, ce n’était pourtant pas son genre, à moins qu’il n’y ait des jours comme ça ou… Non, définitivement, Solène ne comprenait pas, aujourd’hui. Peut-être était-elle aussi fatiguée que Laura, cela expliquerait bien des choses. Assez perturbée, elle préféra ne pas relever plus que cela pour le moment, bien trop occupée à fermer correctement les tétines sur les biberons, un peu inquiète de ne pas avoir mis assez de lait ou au contraire pas assez. Mais le biberon n’était plus qu’une petite étape, dorénavant… Et c’était bien ça qui terrifiait Solène, car elle savait que suite à e casse-croûte, il faudra s’occuper du repas du soir. Et elle craignait de faire des erreurs monstrueuses en nourrissant les jumeaux. C’était tellement plus simple lorsqu’elle se contentait du biberon ! Avant de les vaoir avec elle, Solène n’avait même pas réalisé que sa grande sœur et son mari avaient commencé à diversifier leur alimentation.

Laura – Pardon, oublie mes questions. Tu es occupée, tu dois t’occuper des deux biberons à la fois, des jumeaux… Et, d’après ce que je vois, c’est compliqué. Est-ce que tu veux… de l’aide ? D’autres bras pour préparer les biberons ou… quelque chose ? Je suis là, je peux bouger sans problème, je t’assure.

Solène – En fait, avoua-t-elle en rougissant, j’aimerai bien que tu restes dormir ici ce soir, comme vous ne partez que demain matin. Je n’aime pas être seule, surtout avec les petits à s’occuper.

Les biberons étaient prêts et elle en donna un à Laura pour qu’elle puisse nourrir Aurore. De son côté, Solène se rassit, but un peu de son chocolat chaud, puis cala Julien contre elle, comme Estelle lui avait montré, avant de lui glisser la tétine dans la bouche. C’était amusant, tiens, les deux petits avaient tous les deux de grands yeux bleus, très clairs, chaleureux, la jeune femme les trouvait magnifiques. Leur mère avait les mêmes mais ils étaient froids… Tout en tenant Julien contre elle, elle releva la tête vers Laura, réfléchissant à ce qu’elle lui avait dit.

Solène – Tu sais, peu importe le nombre de personnes à « gérer », comme tu dis, qu’il y aura près de moi. J’aime m’occuper des autres, protéger les plus petits, vivre seule serait une horreur. J’ai toujours voulu avoir une grande famille, des enfants, un mari, être entourée. C’est peut-être idiot, mais vivre seule en parfaite indépendance… Non, définitivement non. Être libre de ses choix, du déroulement de sa vie, sans limites et tout cela, c’est sans doute très bien, mais… Non, pour ma part, ça m’effraie, j’ai besoin d’un cadre, de suivre les autres plutôt que les inciter à me suivre. Besoin de voir dans le regard des autres que ce que je fais est bien. Je serai incapable de vivre si je devais supporter des menaces perpétuelles, des reproches sur ma manière de vivre.

Cette simple idée l’angoissait, Solène savait, au plus profond d’elle, qu’elle ne serait pas capable d’évoluer et s’épanouir si elle devait sans cesse justifier ses choix, si on lui crachait dessus, si on la rejetait ou pointait du doigt à cause de son comportement, ce qu’elle ajouta ensuite d’une voix légèrement tremblante. Non, définitivement non. Ce n’est même pas vivable ! Comment se sentir bien dans sa peau lorsqu’on savait être haï ?

Solène – Tu dois trouver ça ridicule, non ? sourit-elle faiblement.
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MessageSujet: Re: Le calme avant la tempête   Le calme avant la tempête EmptyMar 23 Mai - 19:15

Solène – En fait, avoua-t-elle en rougissant, j’aimerai bien que tu restes dormir ici ce soir, comme vous ne partez que demain matin. Je n’aime pas être seule, surtout avec les petits à s’occuper.

Oh… Laura ne sut que répondre tout de suite, hochant simplement la tête tandis que Solène lui donnait un des biberons prêts pour qu’elle fasse boire Aurore. Elle repensa à leur discussion, rougissant presque de réagir de cette manière alors que Solène se montrait gentille et attentionnée à tout instant. Donc, leur professeur ne lui avait pas parlé de ce qui s’était passé, du cimetière, et tout ça… Elle ne savait vraiment rien ? Peut-être n’avait-il pas eu le temps, tout simplement. Dans ce cas, elle avait failli se griller toute seule et manqué de subir un sermon de la part de son amie. D’accord, Solène n’était pas du genre à hurler, loin de là, mais elle n’avait pas développé la foudre pour rien et la collégienne avait déjà eu l’occasion de constater ses élans de surprotection. Ils étaient jeunes, fragiles, tout ça, tout ça… Non, merci, elle n’en avait pas besoin maintenant. La seule envie qui parcourait tout son corps était de bouger, de faire quelque chose, et d’éloigner cette frustration extrême qui s’emparait d’elle lorsqu’elle songeait aux adultes qui les empêchaient d’agir.

Un nouveau courant d’air fit légèrement frissonner Laura tandis qu’elle leva un peu la tête à la recherche de la fenêtre ouverte ou de ce qui pouvait le provoquer, soudain inquiète que les jumeaux ne tombent malades, mais ne fit rien en la regardant. L’adolescente observa donc Solène, silencieuse, faisant doucement boire Aurore dans ses bras tandis qu’elle s’occupait de Julien. Les jumeaux étaient si sages… Si opposés à leur mère, même si Julien n’avait pas eu peur de la foudre contrairement à tous les autres bébés du Monde. Elle serra la petite dans ses bras, attendrie, regardant sa bouche téter au fur et à mesure que le biberon se vidait. C’est qu’elle mourait de faim ! Elle releva la tête pour regarder Julien, confortablement installé dans les bras de Solène qui buvait son chocolat chaud tout en nourrissant le bébé. Déjà douée… Attendrie en observant la scène, elle n’osa, cependant, pas bouger. Le chocolat chaud attendrait, ce n’était pas très grave, elle ne se sentait pas suffisamment à l’aise que pour tenir Aurore d’une seule main.

Solène – Tu sais, peu importe le nombre de personnes à « gérer », comme tu dis, qu’il y aura près de moi. J’aime m’occuper des autres, protéger les plus petits, vivre seule serait une horreur. J’ai toujours voulu avoir une grande famille, des enfants, un mari, être entourée. C’est peut-être idiot, mais vivre seule en parfaite indépendance… Non, définitivement non. Être libre de ses choix, du déroulement de sa vie, sans limites et tout cela, c’est sans doute très bien, mais… Non, pour ma part, ça m’effraie, j’ai besoin d’un cadre, de suivre les autres plutôt que les inciter à me suivre. Besoin de voir dans le regard des autres que ce que je fais est bien. Je serai incapable de vivre si je devais supporter des menaces perpétuelles, des reproches sur ma manière de vivre.

Là-dessus, Laura n’était pas entièrement du même avis, supportant de moins en moins être simplement guidée et ne plus devoir agir seule. Elle ne se révoltait pas comme la directrice, directement visée par Solène ici, mais elle ne se voyait pas mener la même vie que son amie. C’était… difficile à expliquer. Elle n’aimait pas la solitude, ce n’était pas cela, mais devoir se contenter de suivre ne lui convenait plus, elle avait besoin de véritablement agir, aider. Sans doute était-ce la conséquence de la vie qu’elle avait eue chez leurs parents, ou alors l’influence directe de Jasper qui était beaucoup plus vindicatif à l’époque. Laura tenait toujours Aurore contre elle, la berçant un peu tandis qu’elle continuait de boire son biberon, écoutant Solène qui ajoutait, d’une voix tremblante, qu’elle ne supporterait pas d’être rejetée ou pointée du doigt. A ce sujet… Bon, là, elle partageait le même avis mais ne pouvait pas dire comment elle réagirait si elle était dans la même situation que sa tante. C’était difficile à dire, à juger. Tout le pays en avait contre elle, oui, mais beaucoup la soutenaient aussi, dont ses amis. C’était ça, le plus important, non ?

Solène – Tu dois trouver ça ridicule, non ? sourit-elle faiblement.

Laura – Ridicule ?, lâcha-t-elle, étonnée. Pourquoi ? Ce n’est pas ridicule, c’est ton caractère qui veut ça. Ce n’est pas parce que ta sœur arrive à supporter toutes ces critiques que tu dois en faire autant, tu sais… D’ailleurs, si tu étais comme elle à ce niveau, Jasper aurait peur de toi comme la moitié des personnes que tu croises tous les jours.

Heu… Oups. Laura s’excusa d’avoir dit cela sur ce ton, tant c’était évident, réalisant qu’elle parlait de sa sœur. Elle ajouta qu’elle était désolée mais que c’était vrai, même si elle-même n’avait pas peur de la directrice. Il faut dire qu’elle était intimidante ! Même plus que monsieur Nakajima ! Enfin… Quoi que… Bon, la différence entre eux deux était que sa tante pouvait s’énerver, hurler et le montrer avec son don, quitte à en faire trembler plus d’un. Leur tuteur, lui, ne s’énervait jamais ou très rarement et ne hurlait pas. Ce qui le rendait effrayant aussi… Mais elle les aimait bien tous les deux ! Ils avaient leur caractère, très différent, d’où leur don, mais étaient des personnes fiables qui imposaient le respect. Ce n’était pas qu’une question de « gênes » ou elle ne savait trop quoi, Laura était différente de sa mère, Jasper et elle étaient différents aussi, alors qu’ils étaient frère et sœur. C’était plus… une manière de vivre, en fait.

Laura – Tu peux trouver que c’est stupide, mais moi pas. J’avoue que… je ne pense pas la même chose. J’ai envie de bouger, d’agir, je me vois mal me faire dicter ma vie ou me contenter de guider. Mais c’est sûrement à cause de nos parents et de l’influence de Jasper pendant toute notre enfance. Par contre, j’avoue que je ne sais pas comment je réagirais à la place de la directrice… J’ai besoin de mes amis, de mon frère, de… repères. Je peux défendre les personnes que j’aime, je peux et je le veux plus que tout d’ailleurs, mais je ne pourrais pas me séparer d’eux comme ta sœur l’a fait. Mais j’ai besoin de bouger, je ne veux pas rester sagement assise dans mon coin, ce n’est pas… moi. Enfin, je ne crois pas.

Laura grimaça un peu avant de rabaisser le regard sur Aurore qui gigotait dans ses bras sans savoir ce qu’elle voulait. Heu… ? Elle ôta le biberon de sa bouche, alors qu’il n’était pas fini, et la redressa en la voyant pousser de petits gémissements. La collégienne la releva un peu, encore, la serrant contre elle, essayant de voir si elle la tenait bien ou non mais rien n’y faisait. Inquiète, elle appela Solène pour lui demander de l’aide et écouter ce qu’elle devait faire, au juste, vu que toutes ses tentatives restaient sans résultats. Elle la releva, l’abaissa, essaya de frapper doucement dans son dos mais tous ses gestes ne changèrent absolument rien. Ce n’est qu’en la haussant légèrement, au niveau de son nez, qu’elle sentit une odeur désagréable émaner de la couche de la petite. Mais elle sentait mauvais ! Maintenant qu’elle y prêtait bien attention, c’était bien ça, oui, Aurore sentait mauvais et sa couche devait être changée.

Laura avertit Solène qu’elle avait trouvé le problème pour qu’elle s’en occupe, échangeant avec elle pour tenir Julien afin de l’aider malgré tout. Désolée, mais ça, c’était son rôle ! Elle la suivit donc, tenant le petit dans ses bras pendant que son amie s’occupait de la changer, délaissant leur chocolat chaud qui avait, pourtant, une bien meilleure odeur. Berk… C’était… un bébé, oui, mais c’était immonde. Détournant le regard, Laura se focalisa sur le petit Julien dans ses bras, priant pour qu’il ne suive pas sa sœur pour une fois.

Laura – Et tu dis que tu ne t’en sors pas très bien avec les bébés…, dit-elle avec un petit air de dégoût. Désolée, mais ça, je ne le ferai jamais. Tu comptes en avoir d’autres, une fois toute cette histoire terminée, je suppose ? Ou tu veux simplement reprendre ta vie et rester ici ?
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MessageSujet: Re: Le calme avant la tempête   Le calme avant la tempête EmptyJeu 8 Juin - 12:14

Laura – Ridicule ?, lâcha-t-elle, étonnée. Pourquoi ? Ce n’est pas ridicule, c’est ton caractère qui veut ça. Ce n’est pas parce que ta sœur arrive à supporter toutes ces critiques que tu dois en faire autant, tu sais… D’ailleurs, si tu étais comme elle à ce niveau, Jasper aurait peur de toi comme la moitié des personnes que tu croises tous les jours.

Oh, eh, il n’y avait tout de même pas autant de monde à avoir peur de sa grande sœur ! Si … ? Laura ajouta tout à coup très vite qu’elle était désolée mais que c’était vrai, alors que Solène avait une petite moue. Sa sœur ne faisait rien pour effrayer ceux qui ne le méritaient pas, en plus, elle voulait protéger les autres, au contraire. Solène se détendit un peu en se disant que Laura était peut-être plus facilement intimidée à cause de son âge, cela jouait aussi. Se remettant correctement dans la chaise, elle rehaussa Julien contre elle, enlevant un petit instant la tétine lorsqu’il tourna la tête en gazouillant un mot incompréhensible, puis lui redonna ensuite le biberon. Il buvait plus vite que sa sœur, ce petit garçon, il avait un très bon appétit. Les jumeaux commençaient petit à petit à manger des aliments un peu plus solides, des légumes mixés, par exemple, ou de touts petits bouts de pain. Il fallait penser à tout, prendre en compte leur âge, ce qu’ils pouvaient mâcher un peu avant d’avaler, ce qu’on pouvait faire rentrer dans leur alimentation et en quelle quantité, comment et à quel moment. Compliqué, tout cela… Dès qu’elle avait un doute, Solène filait retrouver Estelle pour lui poser la question, ayant parfaitement confiance en sa « compétence maman ». Avec elle, on pouvait avoir des informations fiables.

Laura – Tu peux trouver que c’est stupide, mais moi pas. J’avoue que… je ne pense pas la même chose. J’ai envie de bouger, d’agir, je me vois mal me faire dicter ma vie ou me contenter de guider. Mais c’est sûrement à cause de nos parents et de l’influence de Jasper pendant toute notre enfance. Par contre, j’avoue que je ne sais pas comment je réagirais à la place de la directrice… J’ai besoin de mes amis, de mon frère, de… repères. Je peux défendre les personnes que j’aime, je peux et je le veux plus que tout d’ailleurs, mais je ne pourrais pas me séparer d’eux comme ta sœur l’a fait. Mais j’ai besoin de bouger, je ne veux pas rester sagement assise dans mon coin, ce n’est pas… moi. Enfin, je ne crois pas.

Parfois, hélas, se séparer de ceux et celles qu’on aimait était essentiel, voire vital, pour assurer leur sécurité… Et très honnêtement, Solène aimerait mieux devoir disparaître à son tour et vivre en clandestin pour être auprès de son mari que de rester ici, supporter de vivre sans nouvelles, et espérer qu’il n’arrive rien de grave. Laura reprit son attention en l’appelant tout à coup, Aurore commençait à gigoter et gémir, apparemment sans raisons. Mal installée, peut-être ? Solène donna des indications à Laura pour qu’elle tente d’autres positions puis très vite, la solution à l’agitation de la petite fut découverte. Solène retint un rire en voyant la tête que faisait Laura à présent. Allons, enfin, elle aussi avait fait dans sa couche plusieurs fois par jour avant d’apprendre la propreté ! C’était naturel, tous les bébés étaient comme ça. La jeune femme lui passa Julien puis récupéra Aurore pour l’emmener dans la salle de bain et la coucher sur la table à langer. La petite n’avait pas lâché son doudou, le maintenant dans son poing serré et l’agitant à côté d’elle en regardant le plafond peint en bleu. D’ailleurs, Aurore avait pas mal de mèches lui tombant sans cesse devant les yeux, peut-être faudrait-il lui en couper un peu… Cela fendrait le cœur de Solène de couper ces petites mèches blondes, cependant, elle était si mignonne.

Laura – Et tu dis que tu ne t’en sors pas très bien avec les bébés…, dit-elle avec un petit air de dégoût. Désolée, mais ça, je ne le ferai jamais. Tu comptes en avoir d’autres, une fois toute cette histoire terminée, je suppose ? Ou tu veux simplement reprendre ta vie et rester ici ?

Solène – Oh si, rigola-t-elle, tu le feras dès que tu auras des enfants. Passe-moi une couche propre, tu en as derrière toi, dans le paquet à côté de la porte, sur la petite table en osier.

Une fois qu’on était habitué, changer un enfant était rapide et facile, il suffisait d’avoir le coup de main. Solène s’en occupa tout d’abord avec célérité, ayant appris avec sa sœur il y a déjà un bon moment, car voulant des enfants à son tour, elle lui avait demandé de lui montrer comment on s’y prenait avec eux. Voilà, ma chérie, tu vas être toute propre ! Solène réfléchit un instant puis prit une trousse dans le tiroir sous la table à langer, cherchant dedans un petit élastique ou des barrettes, pour la petite, qu’elle ne soit plus gênée par ses boucles. Après tout, elle était encore trop petite pour qu’on lui coupe les cheveux ! Et très mignonne, comme un cœur, elle ressemblait à sa maman, en version miniature et innocente.

Solène – Je ne sais pas du tout où en sera dans un mois ou deux seulement, donc parler de l’avenir et faire des projets, impossible à mes yeux. Déjà, je dois accoucher avant de penser à avoir d’autres enfants ! J’ai l’impression d’être une éléphante obèse. D’ailleurs, en parlant d’enfants, ça me fait penser. Vous avez déjà reçu vos nouvelles cartes d’identité, Jasper et toi ? La demande officielle date de septembre mais le service de la préfecture avait prévenu Kimmitsu que ça prend du temps, pour les adoptions.
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MessageSujet: Re: Le calme avant la tempête   Le calme avant la tempête EmptyVen 23 Juin - 13:28

Solène – Oh si, rigola-t-elle, tu le feras dès que tu auras des enfants. Passe-moi une couche propre, tu en as derrière toi, dans le paquet à côté de la porte, sur la petite table en osier.

Changer des couches… Peut-être mais pas tout de suite. Laura n’était pas pressée tant l’odeur lui donnait des nausées. Elle aimait les jumeaux, vraiment ! Mais cette partie, non merci, pas avant longtemps. Plus tard. En attendant, elle se contenta d’observer son amie s’occuper de la petite pendant qu’elle-même tenait toujours son frère dans ses bras, prenant garde à bien le serrer contre elle pour éviter qu’il ne tombe. C’est qu’ils étaient fragiles ! Il n’y avait pas à dire, Solène savait y faire avec les enfants. Elle-même était incapable de changer une couche à cause de l’odeur, en tout cas, cela ne lui disait absolument rien. La future mère avait des gestes rapides et précis, comme si elle avait fait ça toute sa vie. Attendrie, Laura joua un moment avec le petit Julien pour l’occuper, se demandant si, pour ça aussi, ils faisaient tout ensemble. Mais mieux valait ne pas y penser…

Solène changea la couche de la petite, se servant de ce qu’elle avait à côté d’elle, bien rangé comme il faut, et lui mit également deux petites barrettes dans les cheveux, ainsi qu’un élastique, pour qu’Aurore ne soit plus gênée comme c’était le cas jusqu’ici. C’est vrai que ses cheveux lui retombaient souvent devant les yeux… Mais, très sincèrement, Laura n’y avait pas prêté attention plus que cela, trouvant juste la petite incroyablement mignonne. En l’observant, on pouvait remarquer une très nette ressemblance avec leur mère, que ce soit dans les traits du visage ou, déjà, le comportement. Oui, ils n’étaient que des bébés, mais la collégienne était toujours stupéfaite de ne pas les voir pleurer dans certaines situations. Un orage avait calmé Julien ! Désolée, mais il lui faudrait encore un moment avant de s’y habituer.

Solène – Je ne sais pas du tout où on sera dans un mois ou deux seulement, donc parler de l’avenir et faire des projets, impossible à mes yeux. Déjà, je dois accoucher avant de penser à avoir d’autres enfants ! J’ai l’impression d’être une éléphante obèse. D’ailleurs, en parlant d’enfants, ça me fait penser. Vous avez déjà reçu vos nouvelles cartes d’identité, Jasper et toi ? La demande officielle date de septembre mais le service de la préfecture avait prévenu Kimmitsu que ça prend du temps, pour les adoptions.

Laura – Qu… Pardon ? Pour les adoptions ? Mais on ne pensait pas qu’il nous avait vraiment adoptés ! Tu veux dire que… que… qu’on sera ses enfants au niveau de la loi ? Je veux dire… Comme les jumeaux dont tu vas accoucher ?

Mais ils ne le savaient pas ! D’accord, oui, leur professeur leur en avait effectivement parlé plusieurs fois. Mais de là à penser qu’il était sérieux ! Il avait fait la demande pour les adopter… ? Mais vraiment ? Ça veut dire qu’il allait être leur… leur père ? Elle ne comprenait pas. Définitivement, elle était perdue. Qu’il les accepte sous sa tutelle parce qu’il voulait les aider, les éduquer, et tout cela, d’accord, à la limite. Mais qu’il les adopte en même temps… Jamais Laura n’aurait pensé une telle chose. Jasper non plus, d’ailleurs. Il faudrait qu’elle le lui dise dès qu’elle le pourra, histoire de le préparer aussi à la « nouvelle ». Si leurs cartes d’identité devaient leur parvenir dans peu de temps, ils risquaient de la recevoir d’un jour à l’autre et d’être face à leur nouveau nom de famille, avec tout ce que cela engendre, sans rien comprendre. Et Solène lui disait cela comme si c’était normal, comme s’ils le savaient !

Choquée, Laura resserra son étreinte sur Julien alors qu’un nouveau courant d’air entrait dans la pièce, ne souhaitant pas qu’il tombe malade à cause d’une fenêtre ouverte ou d’une porte mal fermée. On n’entendait que Solène avec ses gestes, ce qu’elle prenait ou maniait, mais l’étage semblait très calme depuis l’endroit où elles étaient. Ce qui était normal vu que le sous-directeur et la directrice étaient « partis »… Et elle en était encore plus perdue. Complètement. Pourquoi agissait-il de cette manière ? C’était contraire à… tout ce dont ils avaient l’habitude, en fait. Cela signifiait qu’il tenait vraiment à eux, que leur avenir lui importait réellement ? Depuis septembre, il avait eu le temps de changer d’avis, surtout avec tout ce qu’ils avaient fait – surtout elle, et il n’en était rien… Pourquoi ?

Solène – Oui, bien sûr ! Il vous l'a dit plusieurs fois, en plus, tu devrais avoir compris depuis longtemps. Entre nous, c'est un peu différent avec la différence d'âge, je te l'accorde, je te vois surtout comme une petite sœur. Mais lui est assez âgé et sait s'occuper de vous.

Laura – Moi aussi, et je sais que Jasper pense la même chose mais… Je t’avoue que je ne comprends pas. Enfin, oui, je sais qu’il l’a dit souvent, mais je pensais pas qu’il parlait d’une vraie adoption ! C’est… Il n’était pas obligé. Et entre le rôle de tuteur et celui de… père, il y a une énorme différence.

Il était… directement responsable d’eux, en fin de compte. S’il était leur père adoptif, l’école le contacterait au moindre problème par exemple. Ou c’est lui qui s’occuperait vraiment de leur éducation, de les conseiller, de… tout ce que les parents de ses amis faisaient. C’était bizarre… Jamais Laura n’aurait pensé que monsieur Nakajima ferait une telle chose. Et que pensait sa famille ? Était-elle d’accord ? Jasper et elle avaient des dons, tous les deux, dons difficiles à contrôler pour l’instant et ils en étaient conscients. Oui, ils avaient vu les frères de leur professeur mais c’était tout. Et, après toutes les discussions qu’elle avait eues avec Genji, autant dire que Laura n’était pas très rassurée. Sans oublier un autre détail important. La réaction de leurs propres parents. Est-ce qu’ils étaient… déjà au courant de tout cela ? Sinon, comment allaient-ils prendre la nouvelle ? Entre une adoption et une mise sous tutelle, il y avait des différences. Grimaçant, la collégienne baissa les yeux sur Julien qu’elle tenait toujours contre elle. Eux n’avaient pas ce problème, en un sens, personne ne risquait de s’en prendre à eux avec une mère comme la directrice… Plus après les orages de cet été.

Laura – Est-ce que tu sais si nos parents sont… déjà au courant de l’adoption ?, demanda-t-elle finalement en levant la tête vers Solène. Ou s’ils ne le seront que lorsque nous recevrons nos nouvelles cartes d’identité ? Je sais que monsieur Nakajima tient à nous, s’il… a fait ça. Je ne comprends pas pourquoi, pour être honnête, mais ça me fait peur. Si nos parents l’apprennent, j’ai peur que notre père s’en prenne de nouveau à Jasper, qu’il le menace ou… Je ne sais pas. Mais il en serait capable et vous avez déjà bien assez à penser.
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MessageSujet: Re: Le calme avant la tempête   Le calme avant la tempête EmptyLun 7 Aoû - 18:51

Laura – Qu… Pardon ? Pour les adoptions ? Mais on ne pensait pas qu’il nous avait vraiment adoptés ! Tu veux dire que… que… qu’on sera ses enfants au niveau de la loi ? Je veux dire… Comme les jumeaux dont tu vas accoucher ?

Solène – Oui, bien sûr ! Il vous l'a dit plusieurs fois, en plus, tu devrais avoir compris depuis longtemps. Entre nous, c'est un peu différent avec la différence d'âge, je te l'accorde, je te vois surtout comme une petite sœur. Mais lui est assez âgé et sait s'occuper de vous.

Tout de même, c’était loin d’être la première fois qu’elle entendait ça ! Kimmitsu le leur avait déjà dit plusieurs fois, sa femme était témoin, et son époux n’était pas non plus du genre à plaisanter sur des sujets aussi sérieux ! Enfin, Laura… Elle devrait en être consciente, maintenant, elle avait déjà eu tant de mois pour l’assimiler et c’était très logique, Kimmitsu tenait à eux et le montrait, aucune raison que cela puisse choquer qui que ce soit ! Sauf la petite, apparemment, ce que Solène ne comprenait pas non plus, elle ne voyait pas ce qu’il y avait de perturbant dans le fait qu’un personne qui prenait soin de vous depuis déjà des mois décide de vous adopter officiellement. Un peu perturbée, elle baissa le regard sur la petite Aurore qui battait des pieds pour lui refermer sa petite robe, attendrie aussitôt en la voyant sourire et mâchouiller son pouce. C’est fou ce qu’elle était mignonne ! Adorable, comme un petit cœur ! Lorsqu’elle sera grande, elle conservera sûrement ses petites boucles blondes, comme c’était très courant dans leur famille, leur père disait parfois en riant que c’était parce qu’ils avaient des gènes des vikings du nord. Même s’il n’était pas sérieux, Solène ne serait tout de même pas étonnée d’apprendre un jour que sa sœur avait un guerrier du nord pour ancêtre, il suffisait de la regarder. Penchée sur la petite, elle termina de remettre les petits boutons blancs de la robe, puis lui enfila ses chaussons, qu’elle ne prenne pas froid en jouant par terre avec son frère.

Laura – Moi aussi, et je sais que Jasper pense la même chose mais… Je t’avoue que je ne comprends pas. Enfin, oui, je sais qu’il l’a dit souvent, mais je pensais pas qu’il parlait d’une vraie adoption ! C’est… Il n’était pas obligé. Et entre le rôle de tuteur et celui de… père, il y a une énorme différence.

Oh, pour ça, la jeune femme était convaincue que son mari était parfaitement au courant de la différence ! Il n’avait pas non plus pris sa décision sur un coup de tête et savait très bien ce que signifiait s’occuper d’enfants, veiller sur eux et les élever, il y était prêt depuis des années, même s’il craignait de mal faire. Solène souleva Aurore avec précaution en lui maintenant la tête, la calant ensuite dans ses bras, contre son sein, après avoir fourré son pendentif dans son col pour éviter que la petite ne tire dessus. C’est fini, ma chérie, toute propre et prête à rejouer si elle le voulait, pas de problème en vue. Qu’elle en profite, tant qu’elle était si jeune et innocente ! Tout en la tenant dans ses bras, Solène jeta à la poubelle ce dont il n’y avait plus besoin puis posa le paquet de couche sur la table à langer, reposant aussi le talc sur la petite étagère en bois, à côté du miroir. Au début, elle s’était fait une spécialité d’en mettre partout puis avait appris, comme tout le monde, Estelle aussi l’avait beaucoup aidé. C’était bien simple, toute jeune mère ou future mère pouvait aller trouver Estelle au moindre souci et profiter de ses conseils en la matière.

Laura – Est-ce que tu sais si nos parents sont… déjà au courant de l’adoption ?, demanda-t-elle finalement en levant la tête vers Solène. Ou s’ils ne le seront que lorsque nous recevrons nos nouvelles cartes d’identité ? Je sais que monsieur Nakajima tient à nous, s’il… a fait ça. Je ne comprends pas pourquoi, pour être honnête, mais ça me fait peur. Si nos parents l’apprennent, j’ai peur que notre père s’en prenne de nouveau à Jasper, qu’il le menace ou… Je ne sais pas. Mais il en serait capable et vous avez déjà bien assez à penser.

Solène – Il y a assez de monde autour de vous pour vous protéger, tant que vous ne vous mettez pas vous-même en danger. Viens.

Elle la poussa légèrement par l’épaule pour sortir de la salle de bain puis se rendit dans le salon, déposant tout d’abord Aurore dans le petit marc pour qu’elle joue, avant de prendre Julien des bras de Laura et le déposer près de sa sœur jumelle. Solène commençait déjà à se pencher avec une certaine difficulté, ayant souvent des gestes très peu gracieux. Dès que ce fut fait, elle dit à Laura qu’elle pouvait attendre là, le temps qu’elle fasse réchauffer leurs chocolats, froids maintenant. Les jumeaux avaient, eux, terminé leur goûter, tout prêts à jouer ensemble en toute quiétude. Laissant la porte de la cuisine ouverte, au cas où des jumeaux ait un problème, elle s’occupa de réchauffer les bols, après avoir mis les biberons à tremper, avant de les laver.

Solène – Tu sais, sourit-elle en parlant un peu plus fort pour que Laura puisse entendre du salon, je pense bien que Kimmitsu sache la différence entre être tuteur et être père. Et même si ça le terrifie de le devenir, il fait au mieux. La peur pour vous et pour les bébés, je pense. J’ai vraiment l’impression d’être en sucre, depuis le début de la grossesse, il ne veut pas que je subisse la même chose qu’avait vécu ma sœur lorsqu’elle était enceinte d’Aurore et Julien. La première fois qu’on a parlé de tout ça, c’était avant notre mariage, quand Gaby a demandé à Kimmitsu s’il acceptait de s’occuper de vous. C’était mignon, comme scène, et ça prouve aussi que ma chère sœur est surprotectrice… Elle a failli frapper un homme qui m’avait insultée, au mariage.

Un léger rire nerveux échappa à la jeune femme, se souvenant de la fois où Kimmitsu lui avait raconté la scène en détails. Pour elle-même, ce n’était pas aussi net, boire du saké pendant la cérémonie l’avait presque rendue malade.

Solène – Oh, d’ailleurs, je n’ai t’ai jamais montré les photos de la cérémonie, ni raconté. Tu veux les voir ?
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Laura K. Nakajima

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MessageSujet: Re: Le calme avant la tempête   Le calme avant la tempête EmptyJeu 14 Sep - 22:22

Solène – Il y a assez de monde autour de vous pour vous protéger, tant que vous ne vous mettez pas vous-même en danger. Viens.

Il y avait du monde autour d’eux depuis des années, pourtant Jasper s’était fait frapper à de multiples reprises… Cette fois, c’était officiel, les adultes le savaient et il y avait déjà eu une plainte avec témoignage. Mais et s’il recommençait, malgré tout ? Son frère n’en parlerait pas, Laura en était convaincue même si elle préférait ne pas le dire. Elle se laissa donc pousser en dehors de la salle de bains, suivant le mouvement que lui imposait Solène, portant toujours Julien qu’elle serrait doucement contre elle, dans ses bras. Il était plutôt calme, en fin de compte, essayant toujours d’attraper ses cheveux comme la première fois qu’elle l’avait tenu contre elle. Seulement, ici, elle n’y prêtait même pas attention, le regardant sans le voir, se mordant les lèvres. Désolée, elle voulait vraiment être confiante ! Mais l’idée que son père s’en prenne de nouveau à Jasper… Monsieur Nakajima avait peut-être raison sur le fait du précieux soutien qu’elle était sans même le savoir, seulement cela ne changeait rien aux coups que son frère recevait.

Laura laissa Solène prendre Julien de ses bras pour le déposer près de sa sœur, dans le parc, avant de se relever plus difficilement que d’habitude. En étant enceinte, en même temps… Elle était déjà extraordinairement courageuse, à ses yeux, tout comme madame Martin, surtout avec le contexte actuel et sans mari à leurs côtés. Elle hocha la tête lorsque son amie lui dit d’attendre ici le temps de réchauffer leurs tasses de chocolat, froides comme elles avaient pris du temps pour s’occuper des jumeaux. Enfin, surtout Solène, mais soit, le résultat était le même. Elle s’installa donc dans le salon, dans le canapé, en gardant un œil sur les jumeaux qui jouaient ensemble paisiblement. Ils avaient des jouets mais n’avaient pas l’air d’en avoir plus besoin que cela, leurs pieds semblant beaucoup les intéresser comme les bords du petit tapis de jeu, et d’autres objets grands assez simples. La collégienne les observa, attendrie, alors qu’elle entendait Solène s’activer dans la cuisine pour réchauffer leurs tasses, ne s’arrêtant jamais elle non plus.

Solène – Tu sais, sourit-elle en parlant un peu plus fort pour que Laura puisse entendre du salon, je pense bien que Kimmitsu sache la différence entre être tuteur et être père. Et même si ça le terrifie de le devenir, il fait au mieux. La peur pour vous et pour les bébés, je pense. J’ai vraiment l’impression d’être en sucre, depuis le début de la grossesse, il ne veut pas que je subisse la même chose qu’avait vécu ma sœur lorsqu’elle était enceinte d’Aurore et Julien. La première fois qu’on a parlé de tout ça, c’était avant notre mariage, quand Gaby a demandé à Kimmitsu s’il acceptait de s’occuper de vous. C’était mignon, comme scène, et ça prouve aussi que ma chère sœur est surprotectrice… Elle a failli frapper un homme qui m’avait insultée, au mariage.

Ça, Laura l’avait déjà compris, disposant d’une multitude d’exemples depuis qu’elle était entrée au Pensionnat. Enfin… A vrai dire, les exemples s’étaient multipliés depuis un an, l’adolescente ayant côtoyé la directrice dans d’autres contextes, l’ayant vue sous d’autres angles avec d’autres préoccupations en tête. Elle l’avait vue changer au fil des mois, comme Jasper l’avait souligné lorsqu’ils étaient tombés sur l’album photos avec des souvenirs de leur tante évoluant à mesure que les années passaient. Ce qui lui avait fait froid dans le dos, sur le moment, surtout en observant les changements dans les traits de son visage se marquer de plus en plus profondément en l’espace de quelques mois à peine. Réprimant un frisson, un courant d’air passant dans la pièce, Laura tâcha de se reconcentrer sur ce que son amie avait dit, sur le reste, pour éviter de songer à tous les changements engendrés depuis quelques mois. Parce que, même si Jasper maintenait que tout était organisé, que ce n’était pas de leur faute, elle continuait de croire que leur intervention avait tout déclenché. Elle aimait bien Julien et Aurore ! Mais… Au final, seul son frère, et elle par conséquent, étaient au courant de tout cela.

Et le sous-directeur leur faisait confiance. Il avait voulu les adopter, tenait vraiment à eux, s’inquiétait de leur avenir pour de vrai, sans éprouver la moindre pitié à leur égard ou n’agissant pas pour cette raison en tout cas. Et Laura peinait à le comprendre, se doutant que cela viendrait « quand elle serait plus grande ». C’était si étrange, comme sensation, comme impression, que… elle ne s’y était pas préparée, en fait. C’était tout bêtement cela. S’il avait si peur, pourquoi accepter deux enfants en plus ? Surtout qu’il devait bien savoir que son neveu l’accompagnerait… Très honnêtement, Laura aurait aimé lui poser la question, platement, et obtenir une réponse autre que « vous êtes des enfants ». Cela ne justifiait pas tout, il y avait sûrement une autre raison, une autre motivation. Sinon, tous les adultes du Pensionnat auraient accepté les enfants isolés chez eux, les auraient adoptés même s’ils n’étaient pas prêts, même s’ils étaient effrayés. Comme Alexis… Solène la tira de ses pensées avec un rire provenant de la cuisine en même temps qu’un long frisson qui lui fit se frotter les bras, les croisant comme si elle avait froid tout à coup.

Solène – Oh, d’ailleurs, je n’ai t’ai jamais montré les photos de la cérémonie, ni raconté. Tu veux les voir ?

Laura – Heu… Si tu veux, mais tu es sûre de vouloir ?, demanda-t-elle un peu plus fort en tournant la tête vers la porte de la cuisine. C’est personnel, et tu n’es pas obligée, c’est votre mariage. Je ne le savais même pas avant que… Genji le lâche pendant le petit-déjeuner, chez vous, sans crier gare.

C’était juste après l’épisode du lac, où Laura avait failli se noyer et noyer son frère au beau milieu de la nuit. Nuit qui avait été très courte, même le lendemain, tant elle avait pleuré à cause de la peur et des remords, ce qui lui avait valu une sale tête au petit-déjeuner. Par chance, ni son tuteur, ni Solène n’avaient remarqué ses yeux, son air ou encore son silence ce jour-là et ils l’avaient laissée tranquille. Et puis, avec Genji qui avait annoncé tout naturellement le mariage de son amie avec son professeur, elle avait eu droit à une distraction de choix avec, en prime, un risque d’étouffement très élevé que personne n’avait relié à ce qui avait été dit. Cela l’avait tellement surprise ! Bon, d’accord, elle s’en doutait comme ils vivaient ensemble, mais ce détail n’avait pas encore percuté dans sa tête depuis leur arrivée. Pas tout de suite, en tout cas… Donc voir des photos ? Pourquoi pas. Mais elle craignait un peu le genre de photos qu’elle allait voir, imaginant difficilement une famille à son tuteur en dehors de ses frères et de son neveu. Désolée ! Mais heu, voilà, c’était comme ça.
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MessageSujet: Re: Le calme avant la tempête   Le calme avant la tempête EmptyVen 15 Sep - 11:52

Laura – Heu… Si tu veux, mais tu es sûre de vouloir ?, demanda-t-elle un peu plus fort en tournant la tête vers la porte de la cuisine. C’est personnel, et tu n’es pas obligée, c’est votre mariage. Je ne le savais même pas avant que… Genji le lâche pendant le petit-déjeuner, chez vous, sans crier gare.

Solène – On vit ensemble, Laura, pour rappel, et même si je te vois plus comme une sœur que comme ma fille, tu fais partie de ma famille ! Et j’aime partager ça, c’est plus mignon que personnel, un mariage, tout s’est passé si vite.

On lui avait toujours dit qu’il ne servait à rien d’attendre des mois avant de se marier, après tout, une fois qu’on avait rencontré la bonne personne, les bonnes mœurs exigeaient qu’on l’épouse assez vite plutôt que de traîner indéfiniment et vivre ainsi dans le péché, c’était comme ça partout en France. Toutes les amies de la jeune femme s’étaient aussi mariées presque aussitôt leur rencontre avec leur conjoint, qu’elles l’aient rencontré seules ou par l’intermédiaire de leurs familles. Solène essuya les biberons avant qu’il n’y ait de traces sur le verre puis reversa le chocolat chaud dans les deux grandes tasses, avec précaution pour ne pas en mettre partout. Dès que ce fut fait, elle demanda à Laura depuis la cuisine si elle avait une petite place pour des madeleines et qu’elle pouvait les prendre sur la commode du salon. En ce moment, la future mère mangeait et grignotait beaucoup plus, elle avait sans cesse faim, c’était presque affolant. Estelle lui disait en riant que c’était normal et lui faisait grignoter pas mal de fruits et boire du thé. Parfois, la nuit, elle se réveillait à trois heures du matin en ayant envie de bananes, sans aucune explication logique. Une fois tout prêt, elle apporta les deux tasses dans le salon, les déposant sur la table basse en prenant garde à ne pas en renverser partout. Ensuite seulement, elle prit les albums rangés sous la table du salon, glissant le premier sur ses genoux.

Solène – Tu sais, j’ai toujours voulu avoir une grande famille, et là, j’ai été servie. Kimmitsu a… que je ne te dise pas de bêtises… Ça lui fait deux grands frères, trois petites sœurs et deux petits frères. Ils sont tous mariés et ses sœurs vivent dans les maisons de leurs époux. En plus, il lui reste sa mère et un grand-père.

Elle ouvrit l’album d’une main, l’autre tenant la tasse de chocolat chaud, tout en surveillant du coin de l’œil les jumeaux jouer ensemble. Elle finit par trouver les photos qu’elle voulait, la première représentait sa belle-mère, à genoux près d’une petite table, comme ils le faisaient là-bas, occupée à coudre un vêtement. Jamais Solène ne l’avait vu autrement qu’avec un air sérieux et très digne, toujours droite, toujours les cheveux tirés en un chignon serré et strict, vêtue avec élégance et les gestes posés. Solène prit la photo et la donna à Laura, indiquant avec un petit rire qu’il s’agissait officiellement de sa grand-mère, maintenant. Personnellement, cette femme l’intimidait un peu, même si elle la respectait. Malgré les histoires, elle avait tout de même eut et élevé de nombreux enfants, y compris durant la longue période où son époux avait été absent à cause de la guerre, et n’avait pas non plus vécu dans un contexte bien simple. Le genre de personnes ayant été blessée et gardant cette douleur derrière un masque de froideur, sans réaliser que cette attitude pouvait aussi blesser les autres, comme son fils.

Solène – Si je calcule bien, elle a eu son aîné à quatorze ans, le suivant à seize ans, Kimmitsu à dix-sept ans, et ainsi de suite. Heureusement que se marier et enfanter si jeune ne se fait plus. Tiens, sur cette photo-là, on voit mieux. Tu reconnais les grands frères de Kimmitsu, ici, non ? Là, ce sont les deux petites sœurs de Genji, à côté de leur grand-mère, elles sont tellement adorables. Elles ont… neuf ou dix ans, je crois, je ne sais plus. Les deux petits bouts, à côté, ce sont les enfants de Munemori. Son fils a sept ans, sa fille, cinq ou six. Je pense que c’est le seul, avec Kimmitsu, à avoir eu des enfants aussi tard.

On voyait très bien les jumelles, sur cette photo, jouant visiblement à chat, l’une se cachant derrière les jambes de son père et l’autre courant vers elle, tout sourire. Josuke avait un air sérieux, lui aussi, montrant ce qui semblait être un journal à son frère. Madame Nakajima était en arrière-plan, sur la photo, regardant les deux petits bouts de Munemori assis par terre, occupés à dessiner. On voyait aussi, de profil et très peu, une femme à l’air très doux, que Solène désigna comme étant la mère de Genji. Mais elle était difficilement discernable sur la photo, trop sur le côté et la tête penchée sur un travail qu’on ne voyait pas non plus. Maintenant qu’elle y pensait, les deux frères aînés de la famille semblaient vraiment très proches, souvent ensemble, rarement loin l’un de l’autre lorsqu’il y avait le moindre souci. Parfois, elle enviait cette relation, être aussi proche d’un frère ou d’une sœur, se confier à lui ou elle sans hésiter, le voir souvent. Solène but une longue gorgée de chocolat, avant de tourner une page. Il y avait une photo des trois sœurs de la famille, en kimono un jour de fête, visiblement, une photo qui avait été prise il y a quelques années. Toutes trois souriantes, elles se ressemblaient tant physiquement qu’on aurait pu croire qu’elles étaient des triplées, quand bien même il y avait quelques années de différence entre elles.

Leurs prénoms étaient inscrits en Japonais sur le bord de la photo mais Solène dû faire un effort de mémoire pour les citer à Laura, car elle était encore bien loin de lire cette langue et encore moins de la parler, ne pouvant que bafouiller quelques mots avec lenteur et en se trompant sûrement. La photo d’après était bien plus récente, elle avait été prise avant le mariage, quand Gaby était arrivée avec ses enfants. On la voyait assise entre Kimmitsu et sa mère, les traits affreusement tirés, lui donnant un air maladif et épuisé. Kimmitsu, de son côté, était plus en forme mais avait un air assez pensif, comme soucieux. Le contraste était brutal, avec les visages souriants et détendus, autour d’eux, sans une once de peine ou de chagrin. Gaby lui faisait peur, sur cette photo, elle n’était venue au mariage que pour lui faire plaisir, alors qu’elle sortait à peine de l’hôpital. Et dire que cela datait de… quatre mois à peine. A cette époque, Solène aurait refusé de croire que son mari et sa sœur auraient été forcés de disparaître, comme bien d’autres, de fuir afin de préserver leurs vies.

Solène – C’était peu de temps avant notre mariage, le jour où Kimmitsu a décidé de vous adopter, d’ailleurs. Je ne pense pas que ma belle-mère apprécie beaucoup ma sœur… Enfin, je pense qu’elle a surtout pas mal effrayé la famille de Kimmitsu, personne ne voulait croire qu’on étaient vraiment sœurs, au début. C’était assez drôle, finalement.

En fait, certains lui avaient discrètement avoué qu’ils craignaient que Solène ne devienne comme son aînée, ce à quoi elle avait répondu par un grand rire tant elle jugeait cela impossible. Pour changer ainsi, il fallait disposer du caractère adéquat, or, Solène n’avait pas du tout l’âme d’un leader. Mais pas du tout ! Alors que son aînée y était prédisposée, le changement était presque normal. La photo suivante, plus grande, lui fit apparaître un large et tendre sourire. C’était la photo « officielle » de son union. Ils se trouvaient dans un petit salon, elle assise, Kimmitsu debout juste côté, tous deux dans la tenue traditionnelle du mariage. Lui dans un kimono marron et noir, très élégant, avec une ceinture assez serré, les mains jointes devant lui. Elle dans un kimono rouge carmin, décoré de multiples motifs, une ceinture plus large et lâche, les cheveux pris dans un chignon sophistiqué et les deux mains posées sur ses genoux, très souriante. Le but des photos de mariage était de faire transparaître le sérieux de l’époux auprès de l’élégance de sa femme, ce qu’elle expliqua à Laura juste après, c’est pour cela que les tenues des hommes étaient plus austère », si on pouvait parler ainsi.

Solène – La cérémonie est vraiment très codifiée, reprit-elle en buvant son chocolat. Un rituel assez long où tous les gestes doivent être bien précis et faits dans le bon ordre. J’avais tellement peur de me tromper, heureusement que la sœur de Kimmitsu m’avait aidé avant à me préparer. Et puis, ce serait un peu mieux passé comme je suis Française, en cas d’erreur. C’était surtout Kimmitsu qui n’avait pas le droit à l’erreur, d’autant plus pour un mariage aussi tardif. Et il fallait boire du saké pendant la cérémonie… Je ne me suis pas sentie très bien, après.

Une légère rougeur vint colorer ses joues, plutôt pâle de nature. Déjà qu’elle ne buvait jamais, elle avait vraiment cru qu’elle allait s’effondrer au sol ensuite en se remettant debout. Sa belle-famille affirmait pourtant qu’elle avait mis exprès de l’alcool très peu fort, mais bon… Lorsqu’on ne boit jamais, autant dire qu’on ne tient pas lorsqu’il faut ainsi s’y mettre. Une des photos sur les pages suivantes la montrait d’ailleurs blottie dans les bras de sa sœur, elle aussi vêtue à la façon du pays, qui la serrait dans ses bras avec un geste protecteur.

Solène – Le type qu’elle avait failli frapper, j’ai su après que c’était le père de la femme que Kimmitsu aurait dû épouser, quand il avait dix-neuf ans. Il m’avait insultée car je suis étrangère et dit ensuite je ne sais quoi à Kimmitsu, dans la foulée. Gaby n’a pas aimé… Mais bon, tout s’est très bien passé, globalement. J’aime me souvenir de ça en attendant de pouvoir retrouver tout le monde. Quand tu iras là-bas, ils vont sûrement t’appeler la petite Française.
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Laura K. Nakajima
MessageSujet: Re: Le calme avant la tempête   Le calme avant la tempête EmptyMer 1 Nov - 22:55

Solène – On vit ensemble, Laura, pour rappel, et même si je te vois plus comme une sœur que comme ma fille, tu fais partie de ma famille ! Et j’aime partager ça, c’est plus mignon que personnel, un mariage, tout s’est passé si vite.

Ah, ça, pour s’être passé très vite… Elle était partie en juin célibataire, presque personne ne soupçonnant sa liaison avec le professeur d’arts martiaux, et revenait mariée avec lui, déjà enceinte même s’ils l’ignoraient à ce moment-là. Alors oui, Solène avait battu tous les records à ses yeux, et elle avait de la chance d’être tombé sur un homme sérieux – parce que Laura ne pouvait voir son tuteur que comme cela : très sérieux, ne plaisantant… jamais, en fait. Maintenant qu’elle y pensait… Tous les autres profs plaisantaient, souriaient facilement, mais Monsieur Nakajima ? Ouvrant légèrement la bouche, choquée par ce constat, la collégienne ne répondit même pas à son amie alors qu’elle était toujours occupée, dans la cuisine, à réchauffer le lait de leur chocolat chaud et à nettoyer les biberons des jumeaux. Bon, si, il souriait, il n’était pas comme leur tante, mais elle ne l’avait jamais vu plaisanter. Pourtant, il ne l’effrayait pas… Pas au sens propre, elle avait davantage peur de se faire sermonner qu’autre chose, surtout par lui.

Laura ne bougea pas du salon, surveillant les jumeaux du coin de l’œil alors que Solène lui demandait si elle avait un peu de place pour des madeleines, qu’elle pouvait les prendre sur la commode. Heu… Là, maintenant ? Elle répondit un petit oui, mais n’en prendrait qu’une ou deux pour accompagner son amie, n’ayant plus faim pour le moment. Mais bon, pour Solène, c’était normal, elle était enceinte et devait manger pour deux, alors elle devait tout le temps avoir envie de grignoter ou de manger un bout, répondant tout simplement à ses envies. La collégienne n’avait jamais vécu ça ni vu cette situation comme Jasper était né avant elle mais elle en avait entendu parler, c’était connu et très courant. Laura tourna la tête à la recherche de ladite commode dans la pièce, son regard finissant par tomber dessus à côté du mur, sous une peinture morte similaire à celles que l’on trouvait de temps à autres dans le Pensionnat. Elle se leva, prenant la petite boîte de madeleines sur le meuble après avoir lissé sa jupe et la ramenant pour la mettre sur la table du salon. Elle l’ouvrit sans en manger tout de suite, attendant Solène qui ne tarda, d’ailleurs, pas à arriver avec les deux tasses de chocolat chaud qu’elle déposa à côté de la boîte de madeleines. Ce n’est qu’après qu’elle se baissa un peu, attrapant un album assez gros tout de même rangé sous la table du salon, Laura suivant toujours ses mouvements du regard.

Solène – Tu sais, j’ai toujours voulu avoir une grande famille, et là, j’ai été servie. Kimmitsu a… que je ne te dise pas de bêtises… Ça lui fait deux grands frères, trois petites sœurs et deux petits frères. Ils sont tous mariés et ses sœurs vivent dans les maisons de leurs époux. En plus, il lui reste sa mère et un grand-père.

Laura n’était pas trop surprise par ça, Genji lui avait expliqué qu’ils vivaient tous ensemble, ou presque, en dehors des femmes qui partaient vivre chez leurs époux. C’était bizarre de l’imaginer mais elle s’y était très vite fait, ne trouvant pas cela si choquant au final, et même mignon. Mais elle-même n’aurait pas pu vivre de cette manière… Et s’ils ne s’entendaient pas bien, comment faisaient-ils ? Cela n’explosait jamais, il n’y avait pas de disputes ou de paroles malencontreuses échangées ? Pas de paroles blessantes, rien ? Sincèrement, Laura ne comprenait pas, cela tenait presque du miracle à ses yeux. Maintenant, elle pouvait comprendre qu’ils étaient peut-être plus proches, plus soudés les uns aux autres… Et si elle demandait, tout simplement ? C’était stupide, sans doute, mais au point où elle en était. Ou alors, il y avait des tensions, justement, et c’était pour cette raison que son tuteur et Genji avaient dû partir, vu leurs dons aussi.

Laura reporta son regard sur l’album que tenait Solène et qu’elle venait d’ouvrir, lui montrant une photo de sa « grand-mère »… Qui lui donnait vraiment l’impression d’être très sévère et dure, campée sur ses positions et très traditionnelle même si elle ne devait pas être méchante, dans le fond. Mais sa grand-mère… Désolée, elle ne pourrait jamais la considérer comme tel, impossible avant un moment. Et puis, il y avait toujours la barrière de l’adoption, dans l’esprit de l’adolescente. Elle appréciait beaucoup Solène, Genji et monsieur Nakajima, oui, mais… C’était bizarre. Entre le chignon serré, la tenue traditionnelle et la couture de vêtement à laquelle elle était occupée, difficile de penser qu’elle n’était pas dure et très… Bref, mieux valait ne rien dire. Elle resta donc silencieuse, observant simplement les photos avec un sourire attendri, touchée par le partage et l’air enthousiaste de Solène. C’était touchant, même si son amie trouvait cela normal.

Solène – Si je calcule bien, elle a eu son aîné à quatorze ans, le suivant à seize ans, Kimmitsu à dix-sept ans, et ainsi de suite. Heureusement que se marier et enfanter si jeune ne se fait plus. Tiens, sur cette photo-là, on voit mieux. Tu reconnais les grands frères de Kimmitsu, ici, non ? Là, ce sont les deux petites sœurs de Genji, à côté de leur grand-mère, elles sont tellement adorables. Elles ont… neuf ou dix ans, je crois, je ne sais plus. Les deux petits bouts, à côté, ce sont les enfants de Munemori. Son fils a sept ans, sa fille, cinq ou six. Je pense que c’est le seul, avec Kimmitsu, à avoir eu des enfants aussi tard.

En gros, le Japon avait les mêmes coutumes que la France pour les mariages et le rôle des femmes. Dès qu’elles étaient en âge de se marier et d’avoir des enfants, donc seize ou dix-sept ans, les parents ou le père cherchait un mari et organisait le tout… Laura réprima un frisson, ayant une brusque envie de dire que c’était injuste, tout à coup, mais se tut en regardant les jumeaux jouer pendant quelques minutes, même si Solène le faisait aussi. Les observer ainsi lui permit de s’apaiser tant elle les trouvait attendrissants et mignons, tous les deux. Ils étaient déjà très proches, inséparables et très liés par leurs émotions, même si Laura s’interrogeait vraiment sur tout ce que l’on disait à ce sujet pour les jumeaux en général. Elle ne pouvait nier leur lien, c’était évident, mais jusqu’où cela allait… C’était une bonne question. Pas jusqu’aux sentiments ou jusqu’à provoquer de la jalousie en cas de mariage, au moins ? Non, probablement pas, ils devaient se comprendre, voilà tout. Comme Jasper la comprenait et la connaissait, mais à un niveau supérieur, plus complice et poussé.

Reportant son regard sur les photographies que Solène lui montrait, Laura les contempla, reconnaissant certains visages comme les frères de son tuteur et la mère de Genji qu’elle avait déjà entr’aperçue une fois, en plus de sa présence sur quelques photos. Quant aux autres visages… Il était indiscutable qu’il y avait un air de famille, une ressemblance, forcément, mais ces noms n’évoquaient pas grand-chose à Laura. Et plus Solène faisait défiler les photos, plus la collégienne avait une certaine appréhension à l’idée de se retrouver face à toutes ces personnes dans très peu de temps. Trop peu, même. Mais elle ne dit rien, posant de petites questions pour en apprendre un peu plus tout de même en essayant d’emmagasiner le plus d’informations possible, détaillant davantage les décors et les tenues que les visages, pour être honnête. Elle essayait de tout faire correspondre à ce que Genji lui avait déjà raconté, histoire d’avoir un point de repère.

La photo d’après retint bien plus son attention, Laura reconnaissant sa tante et son tuteur assis ainsi qu’une femme qu’elle ne connaissait pas. Et cette photo était… choquante, en réalité. Elle contrastait horriblement avec la situation actuelle et Solène, son amie étant beaucoup plus souriante et détendue comme les personnes situées à côté d’eux mais en arrière-plan. Et puis, ils étaient là… Ensemble, les deux, comme s’ils ne risquaient presque rien même s’ils avaient l’air d’y penser. Les traits tirés et l’air épuisé de la directrice le prouvaient, tout comme cet air pensif et sérieux qui ne quittait jamais monsieur Nakajima. Et cette photo datait de quand, précisément ? Ce n’était pas si vieux que cela, si leur tante était allée au Japon… Cela remontait à cet été. Quelques mois à peine. Laura redressa la tête vers Solène, l’observant pour écouter ses explications.

Solène – C’était peu de temps avant notre mariage, le jour où Kimmitsu a décidé de vous adopter, d’ailleurs. Je ne pense pas que ma belle-mère apprécie beaucoup ma sœur… Enfin, je pense qu’elle a surtout pas mal effrayé la famille de Kimmitsu, personne ne voulait croire qu’on étaient vraiment sœurs, au début. C’était assez drôle, finalement.

Là-dessus, Solène ne pouvait pas le leur reprocher, elle n’avait pas cru Laura non plus lorsqu’elle le lui avait dit ! Bon, d’accord, la situation avait été différente, mais l’accepter avait été très difficile tout de même. D’un certain côté, heureusement que monsieur Nakajima était là, il avait sans doute pas mal aidé leur amie à tout accepter, indirectement… L’adolescente lui lança un discret coup d’œil, regardant la photographie de la page suivante, beaucoup plus grande cette fois puisqu’elle s’étalait sur toute la page de l’album. Elle n’aimait pas cette photo, très honnêtement, tout avait l’air si… artificiel, si peu naturel, comme si chaque détail de la scène avait été calculé avant que la photo ne soit prise. Elle ignorait où cela se déroulait, mais c’était assez intime, comme un genre de salon avec des couleurs sobres, un peu à l’image de la maison de leur tuteur. Solène était assise, portant un chignon travaillé, habillée d’un kimono rouge carmin, agrémenté de divers motifs, avec monsieur Nakajima à ses côtés, debout dans un kimono marron et noir. Il avait aussi une ceinture très serrée au contraire de la sienne, contrastant autant par sa tenue que par sa posture puisqu’il avait même les mains jointes devant lui. Il était sérieux, elle souriante et très élégante, ce que Solène lui expliqua d’ailleurs juste après. C’était donc fait exprès…

Solène – La cérémonie est vraiment très codifiée, reprit-elle en buvant son chocolat. Un rituel assez long où tous les gestes doivent être bien précis et faits dans le bon ordre. J’avais tellement peur de me tromper, heureusement que la sœur de Kimmitsu m’avait aidé avant à me préparer. Et puis, ce serait un peu mieux passé comme je suis Française, en cas d’erreur. C’était surtout Kimmitsu qui n’avait pas le droit à l’erreur, d’autant plus pour un mariage aussi tardif. Et il fallait boire du saké pendant la cérémonie… Je ne me suis pas sentie très bien, après.

Du saké ? Laura fronça les sourcils sans connaître la boisson, buvant son chocolat chaud et grignotant une madeleine à son tour sans rien dire. Elle ne put, cependant, s’empêcher de sourire en voyant les joues de Solène se colorer d’un léger rouge plus soutenu, comme si ce souvenir était encore gênant pour elle. Ce dont témoignaient les photos suivantes… Mais cela n’avait choqué personne ? Et si jamais il y avait un geste effectué avant un autre, c’était vraiment grave ? Cela arrivait à tout le monde ! Bon, d’accord, peut-être pas au mariage mais Laura n’osait imaginer les gestes à suivre, si tout est aussi codifié. Etaient-ils obligés de se marier là-bas ? Ou Solène l’avait accepté pour faire plaisir à son futur époux, sur le moment ? Ou alors, c’était pour d’autres raisons qu’elle ne soupçonnait même pas. Elle se secoua un peu, frissonnant en imaginant la montagne de règles et de codes à respecter, surtout si c’était aussi précis que sur la photo. Où était la place de la spontanéité, dans tout cela… ?

Mettant de côté cette impression de contrôle omniprésent, Laura regarda les autres photos que Solène montrait, reconnaissant sa tante une nouvelle fois. Elle avait un air très protecteur, ici, comme si l’état de sa petite sœur semblait la préoccuper. Personne n’avait dû oser la toucher ou la critiquer, en voyant l’air de la directrice, surtout avec monsieur Nakajima dans le coin. Mais pourquoi cet air si protecteur et maternel, tout à coup ? Sur les photos précédentes, elle était fatiguée, très fatiguée, oui, mais ne dégageait pas cette impression. Laura s’apprêtait à demander pourquoi sa sœur avait tant changé d’air entre deux photos mais chercha avant tout ses mots pour ne pas la blesser ou la gêner s’il s’agissait d’un épisode plus embarrassant pour son amie.

Solène – Le type qu’elle avait failli frapper, j’ai su après que c’était le père de la femme que Kimmitsu aurait dû épouser, quand il avait dix-neuf ans. Il m’avait insultée car je suis étrangère et dit ensuite je ne sais quoi à Kimmitsu, dans la foulée. Gaby n’a pas aimé… Mais bon, tout s’est très bien passé, globalement. J’aime me souvenir de ça en attendant de pouvoir retrouver tout le monde. Quand tu iras là-bas, ils vont sûrement t’appeler la petite Française.

Laura – Pourquoi est-ce que vous vous êtes mariés là-bas si c’était aussi… tendu et délicat ?, demanda-t-elle, perdue. Je sais que c’est très important avec les traditions et tout le reste, mais si les autres familles sont aussi rancunières… Je trouve ça un peu hallucinant. Désolée, je sais que c’est impoli de parler comme cela.

Laura porta une main à sa bouche, consciente du manque de respect qu’elle pouvait dégager à l’égard des membres de sa… famille, en fin de compte. Cette idée était bizarre, elle ne parvenait pas à le concevoir, pas aussi vite, désolée. Elle ne pensait pas qu’il le ferait vraiment ! Elle ajouta d’oublier ce qu’elle venait de dire, si c’était trop personnel, que cela ne la regardait pas après tout. Pour changer de sujet, la collégienne reporta son attention sur les photos de la cérémonie à mesure qu’elles tournaient les pages, repérant les signes de « somnolence » chez Solène vu ce qu’elle lui avait raconté à l’instant. C’était quoi, exactement, le saké ? Et pourquoi devaient-ils boire au mariage, c’était une boisson purificatrice ou quelque chose comme ça ? Si chaque détail de la photo officielle avait été réfléchi, c’était sans doute la même chose pour le reste de la cérémonie. Solène avait pu comprendre tout ce qu’elle devait faire ou elle s’était « simplement » contentée de le faire ?

Laura – Tu te souviens de ce que tu devais faire ? Il y avait des raisons à tous ces codes, on te les a expliqués ? Est-ce qu’il y a des mariages… spontanés, là-bas ? Je veux dire, sans plein de codes, sans faire attention à tout ce qui est vraiment… apparence ? Monsieur Nakajima aurait eu des ennuis s’il s’était trompé ?

La collégienne s’interrompit un moment, s’excusant auprès de son amie de poser autant de questions d’un coup, ne filtrant jamais rien en général. Bon, elle devait être habituée, à force, mais au cas où, mieux valait s’excuser pour ne pas l’assommer. C’est qu’il y avait tant de choses qu’elle ne connaissait pas ! Et s’il y avait des codes à respecter, pour eux aussi, dans le mode de vie japonais ? Si un mariage était aussi codifié, Laura craignait un peu d’imaginer la vie de tous les jours là-bas, ce qu’elle ajouta tout bas en rougissant très légèrement. Comment pouvait-on vivre avec toutes ces règles… ? Ils avaient des jours découpés précisément, aussi ? Jusqu’où est-ce que cela allait ? Eliminant ces questions supplémentaires, n’ayant même pas laissé le temps à Solène d’en placer une en l’espace de quelques minutes à peine, elle dit qu’elle avait encore une toute petite question avant de se taire pour la laisser répondre, que c’était promis, vraiment.

Laura – Tu crois vraiment qu’on peut venir sans causer plus de problèmes ? Je veux dire, vu les tensions et ce que ta venue a provoqué au mariage… Il n’y aura ni monsieur Nakajima, ni ta sœur pour intervenir, cette fois. Je te fais confiance ! Mais on doit peut-être éviter de parler de certains sujets ?
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MessageSujet: Re: Le calme avant la tempête   Le calme avant la tempête EmptyDim 26 Nov - 11:55

Laura – Pourquoi est-ce que vous vous êtes mariés là-bas si c’était aussi… tendu et délicat ?, demanda-t-elle, perdue. Je sais que c’est très important avec les traditions et tout le reste, mais si les autres familles sont aussi rancunières… Je trouve ça un peu hallucinant. Désolée, je sais que c’est impoli de parler comme cela.

Il n'y avait qu'une seule famille de véritablement rancunière et elle avait eu des raisons de l'être, les autres étaient plus gênées à cause du manque de respect, vis à vis des traditions, même si tout s'était très bien passé, dans l'ensemble. C'était une autre culture, voilà tout. Laura lui lança presque aussitôt d'oublier ce qu'elle venait de dire, ce à quoi Solène répondit par un simple sourire, en continuant à regarder les différentes photos. C'était assez personnel, oui... Ils avaient décidé de suivre la cérémonie là-bas pour deux raisons. La première était qu'ils n'étaient pas sûrs, étant donné la situation en France, de pouvoir le faire sereinement après être rentré, tant Gabriella et Kimmitsu soupçonnaient que tout ne fasse qu'empirer brutalement et sans crier gare, la seconde raison, très liée à la première, était qu'ils avaient voulu au moins passer ce moment avec la famille de Kimmitsu, une "dernière fois". Toujours à cause de ce qui arrivait en France, que tout empire, que Kimmitsu ne puisse peut-être plus jamais revenir au Japon, ou avec le risque qu'il ne laisse sa vie dans ce combat... Au final, tout était lié à la vie qu'il menait dans ce pays, dorénavant, une vie auquel Solène avait accepté de se lier à son tour, quoi que dans une moindre mesure. Elle y songeait en regardant les photos, se sentant maintenant un peu bizarre, alors qu'elle réalisait la distance entre eux et leur famille au bout du monde. On ne choisissait pas de venir au monde dans de telles époques mais on pouvait choisir de combattre ou ne rien faire. Et votre choix impliquait souvent votre famille toute entière. Elle ne regrettait rien, malgré tout. Les périodes de transition, comme celle actuelle, étaient toujours plus dures pour les nerfs, la stabilité se faisait désirer.

Laura – Tu te souviens de ce que tu devais faire ? Il y avait des raisons à tous ces codes, on te les a expliqués ? Est-ce qu’il y a des mariages… spontanés, là-bas ? Je veux dire, sans plein de codes, sans faire attention à tout ce qui est vraiment… apparence ? Monsieur Nakajima aurait eu des ennuis s’il s’était trompé ?

Oh oui, il y en avait, bien entendu ! Et si Kimmitsu aurait eu des ennuis, mmh... Peut-être, elle ne savait pas trop, quelqu'un lui en aurait sans doute fait la remarque, même si elle ne voyait pas Josuke l'assommer avec ça, après leur mariage, alors qu'il devait lui aussi se douter des si forts risques qu'il reçoive un jour une lettre pour lui annoncer la mort de son frère. Laura stoppa encore en rougissant, admettant elle-même qu'elle ne pouvait s'empêcher de poser toujours cinquante questions à la suite sans attendre de réponses, arrachant un sourire attendri à Solène. Elle agissait de même, lorsqu'elle avait douze ou treize ans, curieuse de tout et voulant absolument tout savoir, tout comprendre. Cette manie lui était passée au cours du lycée puis définitivement lors de son apprentissage, lorsqu'elle avait commencé à travailler, il y a deux ans, maintenant. Forcément, une fois qu'on entrait dans la vie d'adulte, il y a beaucoup de manières et façons d'agir qui appartenaient au passé, on en s'en souvenait plus qu'avec amusement par la suite. Solène avait tendance à oublier que Laura n'avait que quatorze ans, après tout, ce n'était pas au beau milieu de l'adolescence qu'on savait se maîtriser parfaitement et encore moins contrôler toutes les pulsions et envies. La jeune femme était très curieuse de découvrir comment Laura évoluera, dans quelques années, quelle femme elle deviendra, au sortir de l'adolescence, et la façon dont elle mènera sa vie. Si elle se mariera tôt ou tard, avec qui elle passera sa vie, comment et où, le métier qu'elle choisira, ou bien si elle restera femme au foyer. Elle s'était attachée à elle et lui souhait de trouver le même bonheur qu'elle-même pour son foyer, d'avoir des enfants et les élever avec amour.

Laura – Tu crois vraiment qu’on peut venir sans causer plus de problèmes ? Je veux dire, vu les tensions et ce que ta venue a provoqué au mariage… Il n’y aura ni monsieur Nakajima, ni ta sœur pour intervenir, cette fois. Je te fais confiance ! Mais on doit peut-être éviter de parler de certains sujets ?

Solène – Ils ne disent rien contre les étrangers qui ne comprennent pas tout ou découvrent à peine cette culture, bien évidemment. Je ne comprends même pas comment tu peux t'en faire pour ça. C'est si évident et logique qu'on ne peut pas agir comme une personne née et élevée sur place.

Elle leva légèrement au ciel, en secouant la tête, même si un sourire continuait de flotter sur ses lèvres. Ah, les enfants... Toujours à se monter la tête pour pas grand-chose et à faire des montagnes de faits pourtant si simples, logiques et évidents. Enfin, Laura avait toujours manqué d'une certaine logique, c'était loin d'être la première fois que Solène s'en apercevait. Elle reporta le regard sur les photos, tout en terminant de boire sa tasse de chocolat chaud, le gros album sur les genoux.

Solène – Des codes, il y en aussi dans les mariages en France et partout dans le monde, tu le réalises, ça ? Dans ce pays aussi, tu as une tenue bien spécifique à avoir, un cadre donné pour la cérémonie et tu ne peux pas non plus choisir la position prise lors de la photo officielle de l'union. Et dans chaque pays, ces cérémonies sont liées à l'Histoire et à la culture du pays. La France est très loin d'être en reste, sur la question des codes et des apparences, tu ne le vois plus simplement parce que tu vis dedans depuis ta naissance et que ça te semble normal. Tu sors toujours avec un chapeau ou les cheveux attachés, c'est un réflexe, pour toi, comme pour toutes les femmes et filles, à partir de six ans. Va dans la rue te promener les cheveux détachés ou sans rien pour les couvrir, observe les réactions, puis reviens ici me dire que la France est moins faite de règles en tous genres.

Ou même de se promener ouvertement en pantalon, voire en short, les réactions seront au mieux grossières, au pire agressives. Solène soupira un peu en se penchant pour reposer sa tasse sur la petite table du salon, toujours avec cette impression d'être une éléphante obèse.

Solène – Les traditions sont importantes dans tous les pays, c'est aussi ce qui fonde la culture et l'identité d'une nation. Puis les choses évoluent à cause des guerres ou des avancées sociales et technologiques. En bref, c'est la vie. Peut-être que dans cinquante ans, toutes les femmes de ce pays se baladeront en pantalon, comme les hommes, qui sait ? On sera vieilles et toutes ridées et on parlera aux jeunes de notre temps, où une femme devait avoir telle tenue et coiffure, comme les anciens le font aujourd'hui avec nous. Au début du siècle, tu n'aurais même pas pu entrer dans cette école, sauf à venir d'une famille Noble. Aujourd'hui, il y a des garçons comme des filles, des élèves boursiers. Regarde l'Histoire sur le plus long terme, si tu veux observer les évolutions des mentalités, Laura. On ne peut pas juger et encore moins condamner un pays uniquement sur vingt ou trente ans de son Histoire. Tu comprends ?
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MessageSujet: Re: Le calme avant la tempête   Le calme avant la tempête EmptyMer 27 Déc - 11:12

Solène – Ils ne disent rien contre les étrangers qui ne comprennent pas tout ou découvrent à peine cette culture, bien évidemment. Je ne comprends même pas comment tu peux t'en faire pour ça. C'est si évident et logique qu'on ne peut pas agir comme une personne née et élevée sur place.

Oui, bon, dit comme cela… Mais Laura devrait peut-être essayer d’en apprendre davantage, non ? Pour ne pas les froisser, montrer qu’elle était intéressée et voulait s’intégrer, au moins un minimum. Raison pour laquelle elle harcelait son amie de questions. Solène avait levé légèrement les yeux au ciel, secouant la tête, puis continua à boire son chocolat chaud tandis que la collégienne posait le regard sur les photos. L’album, assez gros et imposant, reposait sur les genoux de son amie sans qu’elle-même ne dise rien, gênée. Désolée, c’est que… Elle ne voulait pas vexer qui que ce soit, même si la famille de monsieur Nakajima ne lui en tiendrait pas rigueur, selon Solène, étant donné sa nationalité. Evidemment, une Française ne pouvait pas tout savoir du Japon, mais elle savait qu’ils allaient là-bas depuis des semaines, maintenant. Et ne pas se renseigner un minimum sur les coutumes du pays était très impoli, pour elle, surtout après toutes ces heures passées le nez plongé dans différents livres. Elle s’en faisait simplement par peur d’être rejetée ou de décevoir son tuteur, s’il revenait un jour.

Solène – Des codes, il y en aussi dans les mariages en France et partout dans le monde, tu le réalises, ça ? Dans ce pays aussi, tu as une tenue bien spécifique à avoir, un cadre donné pour la cérémonie et tu ne peux pas non plus choisir la position prise lors de la photo officielle de l'union. Et dans chaque pays, ces cérémonies sont liées à l'Histoire et à la culture du pays. La France est très loin d'être en reste, sur la question des codes et des apparences, tu ne le vois plus simplement parce que tu vis dedans depuis ta naissance et que ça te semble normal. Tu sors toujours avec un chapeau ou les cheveux attachés, c'est un réflexe, pour toi, comme pour toutes les femmes et filles, à partir de six ans. Va dans la rue te promener les cheveux détachés ou sans rien pour les couvrir, observe les réactions, puis reviens ici me dire que la France est moins faite de règles en tous genres.

Heu… Là, Solène marquait un point. Imaginer une femme sortir dans la rue sans avoir attaché ses cheveux ou sans porter de chapeau était impensable, ici. C’est ce qui avait valu de nombreuses critiques envers sa tante, d’ailleurs, puisqu’elle se baladait de plus en plus souvent en pantalon, cheveux détachés, sans se cacher le moins du monde. Personne d’autre ne faisait cela, à moins de vouloir provoquer de vives réactions… Elle-même devait porter un uniforme, des cheveux attachés, une jupe assez basse, etc. pour ne pas choquer. Jamais. Laura fit une légère grimace, terminant par une petite moue avant de porter sa tasse de chocolat chaud à ses lèvres pour la terminer. Elle n’y avait pas touché depuis qu’elle avait posé ses questions, son attention focalisée sur tout ce qui lui passait par la tête avec la crainte d’oublier certains points. Points auxquels Solène n’avait pas pu répondre tant ils étaient nombreux comme Laura avait tout dit très vite.

Il fallait qu’elle se modère, désolée… Même Jasper le lui disait, parfois, sur le ton de la plaisanterie et gentiment parce qu’il avait l’habitude mais il le lui signalait pour l’obliger à se modérer. Au moins un peu. Son amie se pencha lentement, soupirant un peu, en déposant sa tasse vide sur la petite table du salon devant elles. Oh, elle avait vraiment traîné pour la boire… ? A ce point-là ? Oups. Désolée. Et Solène qui semblait… fatiguée, épuisée, gênée dans ses mouvements aussi. Sa grossesse se voyait très clairement et cela troublait toujours Laura même si l’idée du mariage entre la sœur de la directrice et le sous-directeur devenait plus concrète et réelle grâce à ces photos. C’était presque normal, maintenant, et officiel avec cette cérémonie qui s’était déroulée à des milliers de kilomètres d’ici. Mais des codes… Il y en avait tant que cela, ici ? En France ? Pour un Japonais, peut-être… Mais dans les mariages, tout n’était pas aussi codifié et réglementé, si ? Quand même pas, il n’y avait que certaines lignes à respecter réellement.

Solène – Les traditions sont importantes dans tous les pays, c'est aussi ce qui fonde la culture et l'identité d'une nation. Puis les choses évoluent à cause des guerres ou des avancées sociales et technologiques. En bref, c'est la vie. Peut-être que dans cinquante ans, toutes les femmes de ce pays se baladeront en pantalon, comme les hommes, qui sait ? On sera vieilles et toutes ridées et on parlera aux jeunes de notre temps, où une femme devait avoir telle tenue et coiffure, comme les anciens le font aujourd'hui avec nous. Au début du siècle, tu n'aurais même pas pu entrer dans cette école, sauf à venir d'une famille Noble. Aujourd'hui, il y a des garçons comme des filles, des élèves boursiers. Regarde l'Histoire sur le plus long terme, si tu veux observer les évolutions des mentalités, Laura. On ne peut pas juger et encore moins condamner un pays uniquement sur vingt ou trente ans de son Histoire. Tu comprends ?

Laura – Mais je ne condamne pas le Japon, je le juge encore moins, dit-elle aussitôt, un peu vivement. Le seul pays que je critique, pour l’instant, c’est le nôtre… Avec tout ce qui se passe à l’extérieur, même si les informations sont filtrées auprès des élèves, on n’est pas stupides et on sait où trouver ce que nous cherchons. Evidemment, oui, nous serons plus en sécurité au Japon, mais si on y va pendant que certaines personnes que nous aimons restent ici et qu’on ne le sait pas ? Ce ne sont pas les médias qui nous en informeront, loin de là. Il peut tout leur arriver, en l'espace de quelques semaines, surtout ici. C'est comme si on partait dans un autre monde, trop loin pour être touché, nous sommes des enfants, et tout cela, mais pour ceux qui restent ici, ils n'ont pas cette chance.

Laura poussa un petit soupir, terminant sa tasse de chocolat chaud assez vite pour la déposer sur la table, à côté de celle de Solène, le regard pensif pendant un court moment. Observer l’Histoire, l’évolution pour comprendre… C’est ce qu’elle faisait, depuis un moment déjà, surtout depuis que Jasper et les adultes évoquaient la Grande Guerre. Oui, ils l’avaient vue ensemble avec leurs professeurs mais elle avait cherché à en savoir davantage, de son côté. Et avait découvert que Jasper l’avait ménagée, toute petite, pour ne pas la choquer, la terroriser, ou tout autre sentiment plus fort. Seulement, maintenant, avec le climat du pays qui pesait de plus en plus, la tension ambiante, les langues se déliaient et une oreille tendue suffisait à entendre bien des choses. Laura secoua un petit peu la tête, très faiblement, pour se reprendre. Le Japon, pas la France, terrain trop glissant. Elle n’avait pas envie de tout dire à Solène, pas maintenant.

Laura – Pour revenir au Japon, je crois que je comprends ce que tu veux dire pour l’évolution, l’Histoire… Seulement les choses me semblent tellement moins codifiées, ici. Je n’ai pas envie de… blesser par mégarde à cause d’une parole ou d’un acte. Oui, d’accord, ils seront plus cléments parce que je suis Française, comme toi, mais si monsieur Nakajima nous a adoptés, j’aurais dû en apprendre un peu plus sur le Japon. Surtout que l’on sait qu’on y va depuis plusieurs semaines. Même si on…

Laura s’interrompit, préférant ne pas finir en bafouillant un « Ce n’est pas important », s’excusant ensuite. Dire qu’ils espéraient ne pas devoir, vraiment, partir au Japon, n’était peut-être pas la meilleure idée du siècle face à Solène. Enfin, surtout face à une femme enceinte qui était sa mère adoptive, techniquement, et qui semblait prendre son rôle très à cœur même si elles se considéraient toutes les deux comme des sœurs et amies. C’était un statut un peu particulier, et traitre en soi, puisque la collégienne faisait forcément confiance à Solène, ne s’en était jamais méfiée, et Jasper lui avait déjà dit qu’elle s’était fait avoir à cause de cela. Mais elle ne pouvait pas voir la future mère comme une menace ! D’accord, elle parlait à son époux, mais… Il y avait bien certaines choses qu’elle gardait pour elle, non ? Et puis, Laura n’était pas obligée de l’écouter tout le temps. Elle ne pouvait pas l’envoyer balader purement et simplement sur l’excuse du lien de parenté. Enfin… Si, il était tout à fait possible qu’elle le fasse un jour à cause de la colère, sans doute. Mais monsieur Nakajima, rien n’était moins sûr. Il était beaucoup plus intimidant que Solène, avait plus d’autorité et de poids.

Laura – Ecoute, je… Je vais me renseigner sur le Japon et son Histoire, je te le promets. Je serai discrète, là-bas, je crois que je vais… essayer de sortir, de me balader. Genji m’a parlé des paysages, près de chez lui, j’ai envie de découvrir depuis quelques jours. Si vous voulez vraiment qu’on y aille… Mais tu viendras, même en étant enceinte ? Tu as l’air lessivée…
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MessageSujet: Re: Le calme avant la tempête   Le calme avant la tempête EmptyJeu 25 Jan - 11:25

Laura – Mais je ne condamne pas le Japon, je le juge encore moins, dit-elle aussitôt, un peu vivement. Le seul pays que je critique, pour l’instant, c’est le nôtre… Avec tout ce qui se passe à l’extérieur, même si les informations sont filtrées auprès des élèves, on n’est pas stupides et on sait où trouver ce que nous cherchons. Évidemment, oui, nous serons plus en sécurité au Japon, mais si on y va pendant que certaines personnes que nous aimons restent ici et qu’on ne le sait pas ? Ce ne sont pas les médias qui nous en informeront, loin de là. Il peut tout leur arriver, en l'espace de quelques semaines, surtout ici. C'est comme si on partait dans un autre monde, trop loin pour être touché, nous sommes des enfants, et tout cela, mais pour ceux qui restent ici, ils n'ont pas cette chance.

C’était vrai, cela dit, rester en France n’empêchera pas ces mêmes personnes d’être en danger, qu’ils le veuillent ou non. C’était la guerre, le principe de la guerre, tout le monde ne pouvait pas ou ne voulait pas aller sur le front et ceux qui s’y rendaient avaient un risque de ne pas revenir sur leurs deux pieds. Solène n’avait vraiment pas besoin qu’on lui rappelle que son mari et sa grande sœur étaient tous les deux engagés dans un conflit où ils pouvaient perdre la vie à n’importe quel moment, qu’elle pourrait se retrouver veuve, avec enfants, avant même leur naissance. Que raconter ensuite ? « Voici était comment était votre père, j’ai pu vivre si peu de temps avec lui avant qu’il ne meure » ? Comment s’identifier à un homme qu’on ne connaissait que par les souvenirs racontés et les photos ? Elle refusait que ses enfants vivent ça, ce n’était pas bon pour leur équilibre, mais ça ne dépendait pas d’elle. Ils avaient la malchance de vivre dans une époque où la guerre les touchait directement, il fallait bien s‘en accommoder, de gré ou de force, c’était comme ça, la vie ne venait pas vous demander la permission avant d’imposer ce genre de situations. Cette seule idée lui donnait envie de pleurer, c’était affreux de ressentir ça comme une telle injustice alors qu’on n’y pouvait strictement rien, à part se résigner.

Laura – Pour revenir au Japon, je crois que je comprends ce que tu veux dire pour l’évolution, l’Histoire… Seulement les choses me semblent tellement moins codifiées, ici. Je n’ai pas envie de… blesser par mégarde à cause d’une parole ou d’un acte. Oui, d’accord, ils seront plus cléments parce que je suis Française, comme toi, mais si monsieur Nakajima nous a adoptés, j’aurais dû en apprendre un peu plus sur le Japon. Surtout que l’on sait qu’on y va depuis plusieurs semaines. Même si on…

Solène – Ça ne te semble moins codifié uniquement parce que tu y vis depuis ta naissance.

C’était aussi une chose qu’on ne réalisait qu’une fois sorti de l’adolescence, Solène n’avait jamais, elle non plus, vraiment réfléchi à ça lorsqu’elle était au collège ou en apprentissage, par la suite, la question ne lui avait même pas effleuré l’esprit. Partir aussi loin vous faisait penser à pas mal de sujets… Elle sourit faiblement en se remettant un peu mieux dans le canapé, enlevant ses chaussures puis glissant ses jambes sous elle, avant de se masser un peu le ventre dans l’espoir que les bébés arrêtent de lui donner des coups de pieds. Elle n’avait jamais demandé à Gaby si ça avait été ainsi pour elle aussi et ne le fera probablement jamais. Sa sœur avait sûrement d’autres préoccupations en tête que de discuter des difficultés liées à la grossesse… C’était fou comme on pouvait faire une montagne de certains soucis avant de réaliser, en regardant autour de soi, qu’en réalité, ce n’était rien du tout.

Laura – Écoute, je… Je vais me renseigner sur le Japon et son Histoire, je te le promets. Je serai discrète, là-bas, je crois que je vais… essayer de sortir, de me balader. Genji m’a parlé des paysages, près de chez lui, j’ai envie de découvrir depuis quelques jours. Si vous voulez vraiment qu’on y aille… Mais tu viendras, même en étant enceinte ? Tu as l’air lessivée…

Solène – Je sais très bien que Kimmitsu sera plus rassuré en me sachant en sécurité là-bas, moi et nos enfants, plutôt qu’à attendre ici. Il ne veut pas que je vive la même grossesse que Gabriella. Donc oui, je pars, fatiguée ou non.

Donner des soucis supplémentaires à son mari était tout simplement hors de question, elle l’aimait et ne voulait pas qu’il lui arrive un malheur simplement parce qu’il serait déconcentré en s’inquiétant pour elle. A circonstances particulières… Elle sourit un peu, les deux mains posées sur son ventre, alors que ses enfants ne daignaient toujours pas se calmer un peu, on aurait dit qu’ils jouaient à nager dans le placenta.

Solène – Il reste encore du temps avant de penser au Japon, ce n’est pas avant fin décembre, tu sais ? Concentre-toi plutôt sur le voyage scolaire et tes cours, en attendant, quoi qu’il se asse autour de nous, tu ne peux pas mettre en suspend tes études, ça te ferait rater l’entrée, ensuite, à toutes les écoles où tu pourrais apprendre un métier. Ce pensionnat n’est qu’une étape, après tout, il y a tant à vivre ensuite.

Solène lui glissa un doigt sur la joue avec n sourire plus lumineux, si heureuse de pouvoir la voir emprunter ce chemin à son tour, la voir évoluer, grandir peu à peu, jusqu’à devenir une femme et finalement avoir un travail, fonder sa propre famille, se marier… Choisir elle-même où elle aura envie de vivre, peut-être en bord de mer, qui sait ? Elle y serait heureuse.

Solène – Dis-moi plutôt, comment ça se passe, avec Antoine ? Est-ce vous avez déjà… Tu sais…

Elle lui fit un petit signe, tout à coup très curieuse, si Laura et Antoine avaient déjà franchi ce grand cap ou s’ils attendaient d’être plus âgés.
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MessageSujet: Re: Le calme avant la tempête   Le calme avant la tempête EmptyLun 12 Fév - 23:27

Solène – Je sais très bien que Kimmitsu sera plus rassuré en me sachant en sécurité là-bas, moi et nos enfants, plutôt qu’à attendre ici. Il ne veut pas que je vive la même grossesse que Gabriella. Donc oui, je pars, fatiguée ou non.

Vu comme cela… Laura fit une petite moue, forcée d’admettre que Solène avait raison à ce sujet même si elle ne comprenait pas très bien comment elle pouvait accepter réellement de s’éloigner à ce point de son mari, de laisser tous ses amis en France pendant deux longues semaines… Mais la collégienne n’en dit rien, gardant ses vraies craintes pour elle, les enfermant dans un coin de sa tête pour ne plus y penser tout de suite. Profiter du moment avec Solène, du chocolat chaud et du calme avant de partir en voyage avec les autres, c’était déjà bien, non ? Laura ignorait pourquoi elle éprouvait autant de difficultés à cette idée, en plus de l’impossibilité de bouger ou de réagir. D’habitude, cela ne la gênait pas autant… Elle resta silencieuse, jetant un regard à Solène qui avait toujours les mains posées sur son ventre sans qu’elle ne paraisse plus inquiète que cela en évoquant le sujet du départ prochain au Japon. Sans doute s’était-elle déjà rassurée elle-même depuis un moment… Mais pourquoi Laura n’arrivait-elle pas à en faire autant ?

Solène – Il reste encore du temps avant de penser au Japon, ce n’est pas avant fin décembre, tu sais ? Concentre-toi plutôt sur le voyage scolaire et tes cours, en attendant, quoi qu’il se passe autour de nous, tu ne peux pas mettre en suspend tes études, ça te ferait rater l’entrée, ensuite, à toutes les écoles où tu pourrais apprendre un métier. Ce pensionnat n’est qu’une étape, après tout, il y a tant à vivre ensuite.

Solène lui fit alors un sourire lumineux, lui glissant un doigt sur la joue en prenant de court Laura qui ne s’y attendait pas. Elle répondit à son sourire avec quelques secondes de retard sans comprendre ce soudain élan de douceur, cherchant ce qu’elle pouvait avoir dit ou fait. C’était à cause de sa moue ? Ou peut-être les professeurs, ou monsieur Nakajima, avaient parlé des commentaires réguliers qu’ils lui faisaient en cours… Elle se concentrait sur l’école, évidemment ! Pour le reste et l’avenir, par contre… Laura devait bien l’avouer, elle n’avait pas encore trop réfléchi à tout ça, plus préoccupée par ce qui arrivait maintenant et dans un futur proche. Ce qui était très… étrange lorsqu’elle entendait les lycéens parler. En étant avec Antoine, ils en avaient déjà discuté, tous les deux, mais lui était forcément plus avancé qu’elle à ce sujet. Il était plus posé, moins centré sur ce qu’il ressentait et capable de prendre plus de recul sur la situation, ce que Laura réalisait au fur et à mesure que le temps passait. Mais penser à ses cours et travailler, elle le faisait, vraiment.

Solène – Dis-moi plutôt, comment ça se passe, avec Antoine ? Est-ce vous avez déjà… Tu sais…

Q… Solène lui fit un petit signe sans terminer sa phrase, Laura rougissant immédiatement en faisant un non très vif de la tête. Elle répondit d’emblée qu’ils ne pouvaient pas, surtout avec Jasper qui était son frère et le meilleur ami d’Antoine. Ils évitaient de parler de leur relation devant lui ou de faire quoi que ce soit, bien sûr, mais ça… Ils allaient doucement et progressivement, discutant surtout ensemble tout en ayant des moments plus intimes à deux mais ils n’avaient pas encore dépassé ce stade. Et puis, il y avait eu Clémence… Laura savait qu’Antoine faisait attention pour cette raison, aussi, surtout que c’était très récent. Mais peu de professeurs le savaient, seules… la directrice et madame Martin, en fin de compte. Les autres, non, ils ne devaient connaître que la raison « harcèlement » ou agression sans les détails. Laura se mordit brièvement les lèvres, détournant le regard sur ses mains, réprimant un frisson qui la parcourut à cet instant précis.

Laura – On avance… lentement, finit-elle par dire. Il est très doux mais il doit avoir peur de Jasper, et puis je suis encore jeune et avec tout ce qui se passe, on y pense moins même si on reste très souvent ensemble. Mais ça se passe très bien, c’est juste un peu bizarre, parfois, parce qu’il côtoie forcément des lycéens qui parlent de choses différentes. Et du coup, je prends cette habitude aussi.

Laura prit une petite inspiration, réalisant que sa dernière phrase n'était pas très claire, se tournant complètement vers Solène après avoir ôté ses chaussures pour s’installer face à elle, jambes croisées. Remettre de l’ordre dans sa tête d’abord, parler ensuite. Ce n’était pas compliqué, il fallait juste qu’elle réfléchisse avant de parler contrairement à ses habitudes. C’était aussi un reproche qu’on lui faisait, autant faire des efforts là-dessus, surtout si ses… parents adoptifs, donc, étaient au courant de ce qui se passait en cours avec elle. En même temps, avec son tuteur qui était le sous-directeur de l’école, comment pourrait-elle espérer échapper aux remarques ? Il était obligatoirement au courant de tout mais n’en avait pas encore parlé. Cherchant ses mots en pensant à la question de Solène, Laura fit une petite moue en réfléchissant, regardant le ventre gonflé de son amie avant de se lancer.

Laura – J’aime beaucoup Antoine, il est le seul… à me voir comme ça. Je veux dire, sans me considérer comme une petite, il arrive à voir au-delà de mon âge alors que son meilleur ami est mon grand frère. Il est le premier à qui je vais vouloir parler de certaines choses et il a toujours été là pour moi… Et puis… Il arrive toujours à me calmer, tu sais, quand je… suis un peu déconcentrée. Il suffit qu’il s’approche et il sait quoi faire sans que je ne dise quoi que ce soit. Ce qui est très bizarre, je sais, mais je te promets que ça me rassure beaucoup. Mais, pour le reste, tu crois que c’est… mal ? Non, ce n’est pas ce que je veux dire, attends.

Mauvaise question, ce n’était pas vraiment cela qu’elle voulait dire. En réalité, ses amies lui demandaient souvent ce qu’elle trouvait à Antoine, physiquement surtout, alors que Laura ne s’attachait pas spécialement à cela. A chaque fois, elles lui répétaient que c’était stupide, que ce n’était pas de l’amour alors, qu’elle devrait profiter de ne plus avoir l’obligation d’épouser quelqu’un qu’elle n’aurait pas choisi. Laura expliqua tout cela à Solène, ajoutant que ses amies n’appréciaient pas Antoine à cause de sa classe sociale là où elle n’en avait que faire. Jasper n’avait pas non plus éliminé les amis qui étaient d’une classe sociale « inférieure » et, au final, son meilleur ami était un des rares à l’avoir toujours soutenu. Ou alors, peut-être ne regardait-elle pas le physique parce qu’elle était trop jeune, immature ou quelque chose comme ça ? Après tout, la religion leur disait qu’ils ne devaient rien faire avant le mariage… Mais ça voulait dire qu'Antoine y avait déjà pensé, lui ?

Laura – Comment on sait si on est prêts… pour la suite ? Il y a un âge minimum pour le mental ? Je sais que la religion interdit de faire quoi que ce soit avant le mariage, mais j’ai entendu beaucoup de filles en parler… Alors que je n'y ai jamais vraiment pensé. Je crois qu'Antoine essaie d'éviter le sujet à cause de… certaines choses mais j'ignore même s'il y a déjà pensé, pour être honnête. Je n'ai jamais… osé lui demander.
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MessageSujet: Re: Le calme avant la tempête   Le calme avant la tempête EmptyDim 11 Mar - 11:10

Alors non ? Solène était peut-être trop curieuse, après tout, même si la tête que tira Laura en rougissant comme une pivoine faillit la faire éclater de rire. Elle « ne pouvait pas » ? Jasper avait beau être protecteur, il n’allait jamais reprocher à sa sœur de faire ce qu’elle voulait de son corps, ce n’était pas le problème. Disons plutôt qu’elle ne se sentait pas encore prête et c’était tout à fait normal, personne n’éprouvait les mêmes besoins aux mêmes moments et personne ne pouvait être prêt à un âge précis, ça ne marche pas comme ça. L’amour et les enfants venaient lorsqu’on s’y attendait le moins… Solène sourit d’un air rêveur en se souvenant du premier jour où elle avait réellement discuté avec Kimmitsu. Il lui avait renvoyé une impression de solidité, de sérieux, il avait quelque chose de très rassurant, qui l’avait faite se sentir en sécurité. Comme… une présence solide contre laquelle se blottir, que ce soit dans les moments intimes ou plus sérieux. Il n’y avait aucune honte à avoir besoin de ça, c’était très naturel. Il existait des personnes qui protégeaient les autres et des personnes qui avaient besoin de se sentir protégées ou entourées.

Laura – On avance… lentement, finit-elle par dire. Il est très doux mais il doit avoir peur de Jasper, et puis je suis encore jeune et avec tout ce qui se passe, on y pense moins même si on reste très souvent ensemble. Mais ça se passe très bien, c’est juste un peu bizarre, parfois, parce qu’il côtoie forcément des lycéens qui parlent de choses différentes. Et du coup, je prends cette habitude aussi. Pardon ce n’est pas très clair je crois…

C’est vrai qu’un ou deux ans, en différence d’âge pendant l’adolescence, c’était parfois un gouffre insurmontable, Solène avait déjà réussi à oublier ça alors qu’elle n’en était sortie que depuis peu de temps. Elle se poussa un peu pour faire de la place à Laura lorsqu’elle enleva ses chaussures à son tour pour mieux s’installer dans le canapé, reposant ensuite les mains contre son ventre. Et dire que les hommes ne pourront jamais vraiment comprendre ce que ça faisait de vomir son petit déjeuner, d’avoir l’humeur qui change cent fois en vingt minutes ou les chevilles qui enflent comme celles d'un sanglier ! D’avoir des envies bizarres comme de vouloir manger de la confiture mélangée à du chocolat, et ce en pleine nuit à quatre heures du matin, de ne plus pouvoir s’habiller toute seule au bout d’un moment car on devient incapable d’attendre, ou même juste de voir, ses propres pieds, ou bien de chercher durant des heures la bonne position pour ne pas être mal à l’aise. Et encore, tout ça, ce n’était rien, parce qu’ensuite, le bébé, il fallait bien qu’il sorte. Ah là là, bon sang… Que Laura en profite, avant d’en arriver là, la grossesse n’était pas un long fleuve tranquille.

Laura – J’aime beaucoup Antoine, il est le seul… à me voir comme ça. Je veux dire, sans me considérer comme une petite, il arrive à voir au-delà de mon âge alors que son meilleur ami est mon grand frère. Il est le premier à qui je vais vouloir parler de certaines choses et il a toujours été là pour moi… Et puis… Il arrive toujours à me calmer, tu sais, quand je… suis un peu déconcentrée. Il suffit qu’il s’approche et il sait quoi faire sans que je ne dise quoi que ce soit. Ce qui est très bizarre, je sais, mais je te promets que ça me rassure beaucoup. Mais, tu crois que c’est… mal ? Non, ce n’est pas ce que je veux dire, attends.

Qu’est-ce qui était mal ? Qu’Antoine sache comment être rassurant ? Il y avait pas mal de personnes comme ça, après tout, c’était même plutôt courant, tout dépendait du caractère. Laura se reprit en racontant que ses amies ne comprenaient pas ce qu’elle pouvait bien trouver à Antoine, qu’il n’était pas de la même classe sociale qu’elle et que ce n’était sans doute pas de l’amour. Tiens, il restait encore des personnes au pensionnat pour se soucier des classes sociales ? Solène avait cru que plus personne, dans cette école, ne s’attachait à ce genre de « problèmes » alors qu’il y avait des événements bien plus graves et importants se passant autour d’eux. Du style, la guerre civile qui s’annonçait à l’horizon, par exemple. La future mère jugeait ce sujet un poil plus important et grave que les petits soucis de la Haute Société, considérant que voir ses proches mourir était plus préoccupant que voir une personne fréquenter une autre personne inférieure » socialement. Par ailleurs, la guerre mettait tout le monde à égalité ! La Mort ne s’occupe pas de savoir si vous êtes riche ou pauvre, après tout.

Laura – Comment on sait si on peut vraiment passer à… la suite ? Il y a un âge minimum pour le mental ou quelque chose ne va pas, chez moi ? Je sais que la religion interdit de faire quoi que ce soit avant le mariage, mais j’ai entendu beaucoup de filles en parler…

Solène – On le ressent, voilà tout. Ça ne s’explique et ça ne se force pas non plus, personne ne se sent prêt en même temps que les autres. Il y a des envies qui se développent, forcément, quand ton corps change, mais le jour où on est vraiment prêt, on le sait, crois-moi. Hum, par contre, si tu ne veux pas être enceinte trop tôt, ne fais pas comme moi et protège-toi. Je n’avais pas du tout pensé à ça sur le moment…

Solène rougit de plus belle puis baissa un regard attendri sur son ventre. Non, alors non, ce petit détail, de la protection, ne lui avait même pas effleuré l’esprit une seule seconde et elle était certaine que Kimmitsu n’y avait pas songé non plus. Tout était allé assez vite, ils s’étaient juste retrouvés comme ça, tous les deux et… Ce n’est que bien plus tard, en réalisant sa grossesse, qu’elle s’était rappelée qu’il existait pourtant des façons de se protéger. Enfin bon, ça changeait peu de choses, elle était très heureuse d’être bientôt mère.

Solène – Profite de ces quelques jours à la neige, en attendant, ça fera du bien à tout le monde. Et n’oublie pas de m’envoyer une carte, hein ? Etant donné ce qui arrive, autant faire en sorte de profiter de tous les moments de détente possible.
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MessageSujet: Re: Le calme avant la tempête   Le calme avant la tempête EmptyMar 10 Avr - 19:29

Solène – On le ressent, voilà tout. Ça ne s’explique et ça ne se force pas non plus, personne ne se sent prêt en même temps que les autres. Il y a des envies qui se développent, forcément, quand ton corps change, mais le jour où on est vraiment prêt, on le sait, crois-moi. Hum, par contre, si tu ne veux pas être enceinte trop tôt, ne fais pas comme moi et protège-toi. Je n’avais pas du tout pensé à ça sur le moment…

D’accoooord, stop, stop, stop ! Laura n’avait pas envie d’avoir les détails, vraiment, surtout si monsieur Nakajima les avait vraiment adoptés. En plus d’être son professeur, maintenant, il était aussi leur père et la collégienne n’avait pas envie de connaître les détails de leur vie intime. Par chance, Solène fut immédiatement absorbée par son ventre, bien arrondi et gonflé par la grossesse. Elle n’avait pas arrêté son amie à voix haute, s’apprêtant à le faire mais n’en ayant pas eu besoin. Et puis, elle était mignonne, comme cela… Elle avait aussi l’air incroyablement fragile. C’était ça, que ça provoquait, la grossesse ? Toutes les femmes devenaient comme Solène et madame Martin ? Parce que, très sincèrement, si avoir un enfant rendait plus fragile ou doux…

Laura n’en ressentait pas le besoin, envoyant seulement au diable ses « amies » lorsqu’elles lui faisaient la moindre remarque à propos d’Antoine. Heureusement, celles qui la connaissaient comprenaient qu’elle tenait à lui, et vraiment. Elle se sentait en sécurité à ses côtés, pouvait lui parler de tout et de rien pendant des heures et voir plus loin que les cours. Il était plus posé, plus centré sur son avenir aussi, ce qui contrebalançait considérablement son propre caractère plus agité. Elle s’efforçait d’être plus calme, vraiment, mais c’était incroyablement difficile pour l’instant. Alors, envisager un avenir, penser à avoir des enfants… Oui, sans doute, mais Antoine n’en avait jamais parlé. Elle ignorait comment il la voyait, au fond… Son regard avait changé ces dernières semaines, oui, mais jusqu’où ? Peut-être, qu’un jour, ils seraient amenés à y penser. Si lui voyait une vie avec elle, ou quelque chose comme cela. Que leur relation ne se limite pas à l’école.

Solène – Profite de ces quelques jours à la neige, en attendant, ça fera du bien à tout le monde. Et n’oublie pas de m’envoyer une carte, hein ? Etant donné ce qui arrive, autant faire en sorte de profiter de tous les moments de détente possible.

Laura – Evidemment, tu peux compter sur moi pour t’envoyer une carte, dit-elle avec un sourire. Mais toi, sois prudente, surtout avec ta grossesse… J’aurais une petite pensée pour toi tous les jours, c’est promis, et je te ramènerai un petit quelque chose.

Et ce n’était même pas discutable, Laura comptait bien lui ramener un souvenir ! A la fois pour les bébés, et à la fois parce qu’elle s’occupait d’eux, à présent. Et puis, si monsieur Nakajima les avait adoptés, il fallait bien qu’elle fasse quelques efforts… Par contre, il y avait une chose qu’elle ne pouvait se résoudre à faire et priait pour que son amie ne réagisse pas de cette manière. Sur papier, elle était devenue leur… mère, ce qui était très bizarre, et elle venait de lui dire qu’elle la voyait comme une petite sœur. D’accord, pas de problème, mais… Sans les inconvénients qui allaient avec, alors. C’est-à-dire la surprotection, les élans de « je te couve, tu es fragile », les discussions mère-fille, tout ça… Non merci. Jasper le faisait déjà très bien tout seul. Laura tourna la tête vers Solène, lui disant qu’elle avait juste un service à lui demander comme elle était sa « petite sœur », selon elle.

Laura – Je ferai des efforts pour tout intégrer, je te le promets, mais… Par pitié, ne fais pas comme Jaz. Tu m’épargneras les élans de surprotection et les discussions sur le ton du « il faut que je te parle » ?

Solène – Tu sais, je parle à tous ceux que je vois aller mal, même s'ils ne sont pas de ma famille.

Oui mais cela ne justifiait pas qu’elle soit aussi protectrice lorsqu’ils allaient moins bien. Et puis, ils n’étaient pas fragiles, il y avait des choses qu’ils pouvaient garder pour eux, même si monsieur Nakajima semblait penser le contraire. Ce n’était pas grave, en soi, c’était un peu comme leur jardin secret, un endroit que les adultes ou les personnes responsables d’eux n’étaient pas obligés de connaître. Après tout, des disputes, une fois de temps en temps… Laura fit une moue, pas convaincue du tout et encore moins rassurée, entendant à nouveau Jasper lui dire qu’ils devaient surtout se méfier des élans protecteurs de Solène. Elle-même avait assuré davantage se méfier de ceux de leur professeur, mais Solène ? Certainement pas ! Et maintenant… En fait, c’était comme la fois où ils les avaient coincés entre eux sans que, ni elle, ni son frère, ne l’aient réalisé. Enfin, si, une fois qu’ils étaient bloqués, les empêchant de quitter la table. Son tuteur l’avait même fait manger ! Elle n’avait plus quatre ans…

Laura – Il y a parler et parler... On n'est pas si petits que ça, tu sais ? C’est comme le coup que vous nous avez fait pendant le repas avec les frères de monsieur Nakajima, après notre dispute, à Jaz et moi. Nous faire manger, nous coincer comme ça… C'était affreusement bas. Et puis…

Laura s’interrompit quelques secondes, cherchant comment poser sa question. A vrai dire, elle ne savait pas pourquoi le fait qu’ils gardent tout pour eux leur tenait tant à cœur que cela, surtout Solène. Pour leur tuteur, il était sans doute… plus concerné, comme il le leur avait dit, parce qu’il les avait acceptés. Et… adoptés, comme venait de le lui apprendre Solène. Mais de là à tout dire ? Une petite baisse de moral arrivait à tout le monde, ils avaient grandi sans parents, au final, Jasper subissant les foudres d’une personne qui n’avait aucun cœur et devait utiliser une personne plus jeune, plus inoffensive pour calmer sa colère. Quant à Laura, elle n’était là que pour être mariée à quelqu’un d’autre pour fonder une quelconque alliance familiale, commerciale, ou elle ne savait quoi encore. Ils s’étaient débrouillés jusqu’à présent, Solène et monsieur Nakajima n’étaient donc pas obligés de tant s’occuper d’eux que cela.

Laura – On a appris sans adultes qui se préoccupaient de nous…, finit-elle par ajouter en cherchant ses mots. Je ne vais pas répéter ce qu’il se passait, je suppose que tu le sais déjà, mais cela nous a… forcés à être plus débrouillards. Vous n’avez donc pas besoin de faire attention à nous à ce point-là, surtout avec les problèmes que connaît le pays aujourd’hui. Si cela vous ajoute des soucis en plus… Vous êtes déjà là et vous nous avez acceptés, c’est déjà bien plus que ce que nous n’osions espérer.
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