Avril 1932. Les soucis mondiaux s'étendent. |
| | Au bal populaire | |
| Auteur | Message |
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Fonction : Récits : 464
Âge RPG : 316 ans Don(s) : Tous Fondateur Ste Famille | Sujet: Au bal populaire Jeu 18 Oct - 15:27 | |
| Vendredi soir, 21hLa rentrée vient tout juste de se dérouler. L’humeur est morose, mais pour se détendre, lier connaissance, revoir des amis, et permettre aux jeunes comme aux adultes de se sortir la tête de la guerre le temps d’une soirée, un bal a été organisé. Parmi les adultes, ceux sachant jouer d’instruments se constitués ne orchestre d’un soir. Une piste a été préparée, un buffet servi, il est maintenant temps pour petits et grands de venir oublier tous leurs soucis. Il n’y a pas de couvre-feu, même pour les élèves. Pour les couples, c’est l’occasion de se retrouver, ou se découvrir pour les personnes bien occupées à flirter. Petits et grands, la guerre peut attendre, ne serait-ce qu’une soirée. Après le repas du soir, le réfectoire est entièrement débarrassé puis réaménagé et décoré. Sortez vos plus belles tenues, il est l’heure de danser. |
| | | Invité Invité | Sujet: Re: Au bal populaire Ven 19 Oct - 13:03 | |
| Une pause entre deux combats. Ou entre deux cours. Pour l’occasion, Nicolas avait enfilé sa plus belle chemise, bien repassée, sans un pli voyant. Et c’était parti ! Il adorait s’amuser, il adorait danser, il adorait lorsque ça bougeait, que c’était bien vivant et vivace, après tout, on ne développait pas le feu comme élément pour rien ! Une fois prêt, il s‘examina dans la glace, grimaçant à son reflet le temps de vérifier si tout allait bien, puis se rendit au réfectoire, sa veste enfilée rapidement. Après manger, ils avaient tout débarrassé, décoré, et maintenant, place à la fête ! En entrant, il salua des amis et connaissances qui se dirigeaient vers la grande estrade, où ils allaient composer leur orchestre. Violons, violoncelles, un petit piano, des tambours, flûtes et encore d’autres instruments, chacun avec sa spécialité. La musique n’allait pas tarder à les faire vibrer, il avait si hâte. Un buffet froid avait été dressé par les responsables des cantines, le long d’un long mur, avec boissons sans alcool ou avec, petites sucreries ou tranches de brioche à grignoter, un peu de café pour ceux en voulant, ou du thé, de l’eau et du jus d’orange. Des chaises et bancs étaient collés aux autres murs, la piste, au milieu, était déjà bien éclairée. La petite foule s’amassant ici était très hétéroclite et étrange, en regardant l’ensemble. Des élèves de tous les âges, du petit de primaire jusqu’au lycéen, des professeurs, membres du personnel de l’école, mais aussi des soldats, des résistants de la première heure, des membres de leurs familles et des sympathisants. C’était sans doute la première fois depuis le début de la guerre qu’on assistait à ce genre de rassemblement ! Les musiciens s’étaient mis en place, s’échauffant un peu avant de jouer vraiment. Au passage, Nicolas tapota l’épaule de Chris en lui lançant de se trouver une partenaire, ils allaient pouvoir danser. Alors que la musique était déjà lancée, Nicolas que la plupart de leurs collègues étaient encore coincés comme des piquets dans un coin de la salle, alors même que les couples se formaient sur la piste et que quelques uns discutaient déjà autour d’un verre. Allons ! Il fila vers eux puis s’inclina galamment devant la charmante Estelle en lui tendant la main. Cette première valsé était beaucoup plus dynamique que les classiques, le ton avait été donné, cette fête était faite pour vider les esprits et les tenir écartés de la guerre, le temps d’une soirée. Il entraîna donc sa nouvelle collègue au joli sourire sur la piste, lui prenant la main et glissant l’autre dans son dos, guidant la danse et valsant bien vite avec elle sur la piste au milieu des autres couples. Pour le moment, on voyait surtout des membres de la résistance et leurs conjoints, à danser, seuls quelques anciens militaires, des déserteurs, commençaient à peine. – Vous êtes magnifique, sourit-il gaiement à sa partenaire. Cette robe vous va à ravir.Et surtout, surtout, son sourire était magnifique, il ne se lassait pas de l’observer, encore et encore. Les femmes comme elles ne courraient pas les rues, il était ravi de l’avoir rencontrée. |
| | | Invité Invité | Sujet: Re: Au bal populaire Dim 28 Oct - 17:30 | |
| Une soirée toute entière pour simplement s’amuser, les cours avaient même été arrêtés plus tôt, ça n’arrivait pas tous les jours. Presque toutes les filles étaient en rangs auprès des miroirs, au-dessus des rangées de lavabo, dans les toilettes communes et douches de ce nouveau pensionnat. D’habitude, Océane ne se maquillait pas, sauf pour les « grandes occasions », comme celle-ci. Légèrement penchée en avant, elle prenait un grand soin à appliquer un peu du mascara que sa mère lui avait prêté, mettant même un petit rouge à lèvre qui ne voyait pas trop mais soulignait bien la courbe des lèvres. Au même moment, elle entendit dans son dos un petit groupe de filles glousser comme des dindes et ricanant que même si elle se maquillait ou s’efforçait de se faire jolie, elle n’avait aucune chance d’y arriver, aucun garçon du pensionnat ne sortira avec une étrangère. Ces filles avaient dû louper le petit détail, oh si petit, qu’elle était Française. Et fière de l’être, avec ça! Sans oublier qu’elle sortait déjà avec quelqu’un et ne comptait pas chercher un autre garçon. Souriant à son reflet, elle rangea le maquillage puis peignit et brossa ses longes cheveux noirs, avant de les attacher en chignon.
Pour l’occasion, elle avait enfilé une de ces robes dont la plupart des filles et jeunes femmes raffolaient, avec une paire d’escarpins aux talons très petits. Le tout lui donnait plus l’air d’une jeune femme de dix-huit ou dix-neuf que d’une lycéenne de seize ans. Pour une fois qu’elle enfilait autre chose qu’un uniforme ou une tenue de combat ! Et ça valait clairement la peine de faire des efforts. En se rendant dans le réfectoire, elle fut aussitôt séduite par l’ambiance qui s’en dégageait, on aurait vraiment dit une grande communauté soudée, soldats ou non, même les uniformes ne dérangeaient personne, ça passait très bien au milieu des tenues de soirée. Un « coin garderie » avait même été aménagé pour ceux qui avaient des enfants en bas âge et voulaient les laisser dans un endroit sécurisé le temps d’une danse. Les personnes qui ne voulaient pas danser s’en occupaient et les surveillaient, tout en discutant et profitant de la fête. Océane attrapa deux verres de jus de fruit au passage sur la grande table du fond puis vint en apporter un à Genji, le pauvre était toujours coincé en fauteuil roulant. Il n’était d’ailleurs pas le seul à être blessé, c’était le cas de beaucoup, dans cette salle.
A peine redressée, elle se fit tout à coup happer par la taille et la nuque dans une étreinte maternelle aussi soudaine que forte, avant de comprendre ce qui se passait. Océane reposa son verre sur un coin de table de justesse avant de répondre au câlin de sa mère, qui la serrait dans ses bras à l’en étouffer. C’était… bizarre. Enfin, d’ordinaire, elle évitait ce genre de démonstration d’affection en public, conservant toujours la distance professeur-élève réglementaire, autant pour éviter les ragots que pour garder son professionnalisme. Mais c’était aussi la première fois qu’elles se voyaient depuis des mois, sa mère n’était rentrée qu’hier soir d’une longue mission et elles ne s’étaient même pas vues à son arrivée. Océane envoya donc au diable les conventions et tout ce qui s’ensuit pour nicher le nez dans le cou de sa mère et se laisser câliner, même s’il y avait beaucoup de monde autour. Elle lui avait tellement manquée… Elle resta ainsi de longues minutes, sans bouger d’un pouce, les yeux fermés, puis alla de même dans les bras de son père, qui était venu les rejoindre. Eux aussi se foutaient complètement des quelques remarques discrètes qui fleurissaient parfois, ce n’était pas leur problème.
Une fois ses parents éloignés pour parler avec des amis et danser, elle s’intéressa un peu plus à la piste. Beaucoup d’élèves chuchotaient en riant et en montrant leur douce prof d’histoire-géo qui dansait avec le nouveau professeur de l’élément feu. Mine de rien, c’est vrai qu’il avait un regard très… Il lui bavait dessus, totalement, ça se voyait tellement ! Elle en rit un peu à son tour puis récupéra son verre, s‘asseyant à côté de Genji. Pas mal de ragots allaient venir, après cette soirée. |
| | | Fonction : Récits : 412
Âge RPG : 42 ans Don(s) : Aéromancien et Pyromancien Taille : 1m61 Lieutenant Kimmitsu Nakajima | Sujet: Re: Au bal populaire Mer 20 Fév - 13:33 | |
| La rentrée s’était bien passée, mieux en tout cas qu’il ne l’avait tout d’abord cru, et les élèves s’habitueront peu à peu à ce nouvel endroit. Après autant de jours, de semaine, passées avec une équipe réduite d’un côté à faire tourner l’école et occupée à la guerre de l’autre, puis des jours très chargés avec la rentrée, le nouvel environnement et la reprise des cours, cette soirée servait aussi, pour les professeurs, pour se retrouver. Même si ce n’était pas forcément très joyeux… Leurs nouveaux collègues étaient peu causants avec les anciens, sans se connaître, difficile d’engager une réelle discussion. La plupart étaient, en plus, souvent blessés, portant des marques visibles, des bandages ou traces récentes, des « détails » qui mettaient mal à l’aise malgré soi et qui rappelaient que la guerre était très proche, frappant aux portes mêmes de cette petite bulle sécurisée qu’était la nouvelle école. Très peu, comme Nicolas, s’étaient échappé de l’ambiance plutôt morose et lancés sur la piste pour s’amuser. Nicolas qui faisait déjà fleurir bon nombre de commentaires, de la part des élèves, en ayant entraîné Estelle à danser avec lui.
Kimmitsu avait beaucoup de mal à se détendre, lui aussi, force était de l’avouer. Une part de son esprit restait en permanence fixée sur les problèmes à affronter et les dangers rôdant autour de l’école, même s’il s’obligeait à ne plus trop y penser, au moins ce soir. Lorsqu’il voyait tous les élèves s’amuser dans la salle et danser au milieu des adultes, il ne pouvait pas s’empêcher de se demander combien allaient mourir dans les prochaines semaines ou années. C’était la même chose pour les adultes… Certains des professeurs ou membres du personnel, comme Anna, avaient perdu la vie dès le début du conflit. Leurs collègues venant juste de les rejoindre, Estelle, céleste, Cyprien et les autres, pouvaient aussi remarquer la disparition soudaine de plusieurs militaires qui avaient été beaucoup présents avant l’évacuation, pour la protection de l’école. Même si personne, ce soir en tout cas, n’en parlait ouvertement, ils devaient tous se douter qu’ils étaient décédés. Avant de les rejoindre, il s’arrêta près de son neveu, pour s’assurer qu’il allait un peu mieux et lui demander s’il avait besoin de quelque chose. Il pouvait l’appeler n’importe quand, s’il voulait.
Xiao-Hong et son mari avaient littéralement sauté sur leur fille dès son arrivée dans la salle pour la câliner et l’embrasser, faisant du même coup voler en éclats la distance professeur-élève conservée depuis toujours. Tant pis pour les conventions, dans un contexte pareil, qui allait leur reprocher quoi que ce soit ? Il détourna le regard de la scène pour aller plutôt dire bonsoir à tous ses collègues, anciens comme nouveaux, échanger de brefs mots. Il vit aussi Bradley, debout à deux ou trois mètres, en pleine discussion avec d’autres militaires en civils et Gabriella, l’air sérieux et concentrés de ceux préparant une attaque d’envergure. Quoi que, sans doute pas, ici, ils devaient parler de l’attaque récente du centre de communication et des réactions qui avaient suivi, sur Paris et ailleurs en France. Ils étaient quatre à débattre ainsi, légèrement penchés les uns contre les autres, les airs très graves. Pitié, bon sang, ne serait-ce que pour une soirée, ne pouvaient-ils pas penser à autre chose ? Il prit un verre sans alcool à son tour, s’asseyant contre un bord de la table avec un léger soupir.
Kimmitsu – Vous avez tous terminé de vous installer et aménager vos appartements ? Pour ceux qui doivent faire parvenir des messages à vos familles pour les rassurer, il faudra aller voir le lieutenant Maltais.
Il le désigna d’un léger signe de tête, quoi que que tous devaient déjà le connaître, au moins de nom. L’un des soldats discutant avec Bradley et Gabriella. Il pourra faire parvenir tous les messages possibles aux familles concernées, cela prendra juste du temps. |
| | | Fonction : Récits : 1453
Âge RPG : 34 ans Don(s) : Fulgumancienne et Aquamancienne Taille : 1m78 Leader Gabriella de Lizeux | Sujet: Re: Au bal populaire Lun 25 Fév - 12:43 | |
| Avec réacs de Bradley
Le bal, c’était une idée d’Adrien, allez donc savoir ce qui avait bien pu lui prendre tout à coup et pourquoi maintenant. La rentrée venait à peine de se faire, les enfants n’avaient pas eu le temps de découvrir encore l’école et tout le monde ne se connaissait pas, très loin de là. Enfin bref, peut-être que ça allait aider un minimum les gens à se détendre, ce soir, ou penser à autre chose que la guerre. Gaby se demandait bien qui parmi les civils, ici, était conscient de ne serait-ce que la moitié de ce qui arrivait réellement. En arrivant à la soirée, elle avait pris le temps de dire bonsoir à un peu tout le monde, discuter avec certains ci et là, prendre des nouvelles, ne pas faire la tête comme si c’était vraiment une soirée normale où tout va le mieux du monde, puis avait d’un coup vu que le commandant Alex Milford était enfin revenu de sa mission. Presque aussitôt, ils s’étaient réunis dans un coin avec lui, Bradley et le lieutenant Maltais pour un débriefing, en marge de la fête. Depuis le début de sa mission, aucune possibilité de le contacter, elle ignorait qu’il devait rentrer ce soir et si elle l’avait su, autant dire que la fête serait passée au second plan. Milford l’avait vite compris puisqu’il était venu les retrouver ici, en trouvant leurs bureaux vides.
Alex Milford était un homme de confiance et ami de longue date du maréchal. Dès le début des ennuis, il n’avait pas quitté son poste ni fait mine de soutenir la résistance, tournant ouvertement le dos à ceux qui étaient partis ou montraient des signes de sédition. Ses actes lui avaient permis de gagner la confiance des membres du gouvernement autant de ceux de l’armée régulière, restés fidèles à l’État, et donc lui avaient garanti un poste confortable au sein du Ministère de la Guerre. Il n’allait plus sur le terrain, bien sûr, mais son rang lui permettait l’accès à de nombreuses informations. Ils se poussèrent encore un peu en marge de la piste de danse pour ne pas gêner ceux qui s’amusaient ou dansaient, ce soir-là, tout en parlant assez vite des dernières remontées. Le point principal les inquiétant pour le moment était les forces exactes que leur ennemi pouvait leur opposer, ainsi que les soutiens dont ils disposaient, les fonds qu’ils pouvaient soulever et sous quelle vitesse, les moyens militaires, humains et économiques qu’ils avaient sous la main pour ce combat. De nouveaux moyens avaient été débloqués pour la guerre civile, dès l’élection de Leblanc, il avait à sa disposition toute la force de l’État.
Commandant – En ce qui concerne leurs forces armées, elles se sont reconstituées plutôt vite, malgré le nombre de désertion. Ils ont fait appel à des réservistes et augmenté la cadence des recrutements, grâce à la propagande. Le gouvernement est prêt pour faire face à des attaques plus massives, que cela vienne de nous ou d’un autre pays.
Bradley – Où en est l’armement ? Vous avez des chiffres, des estimations ? Leur équipement actuel ?
Commandant – Je dispose de ça.
Il sortit des documents pliés de la poche intérieure de la veste qu’il leur tendit. Voyons voir… Une petite grimace lui échappa alors qu’elle passait en revue les données à disposition. En comparaison, leurs propres forces étaient bien maigres, voire ridicules, cela dit, il leur était de toute façon impossible d’opposer une force armée équivalente. En tout cas, en termes de matériel et de moyens en tous genres, que ce soit la communication ou la propagande. Mais ils avaient aussi leurs dons, les pouvoirs de tous les élémentaires entrés en résistance, et ça, ce n’était pas négligeable. Un élémentaire foudre, à lui seul, pouvait détruire un char s’il y mettait assez de puissance. Gabriella s’appuya un instant contre le mur derrière elle en prenant le temps d’examiner le relevé des forces, calculant mentalement du même coup les forces qu’ils pouvaient eux-mêmes mettre en face pour se défendre et attaquer. A côté d’elle, Bradley marmonnait un peu entre ses dents, sourcils froncés. A lui non plus, de tels chiffres ne lui plaisaient pas. Soit, c’était une guerre civile, donc obligatoirement déséquilibrée.
Elle proposa au commandant Milford, s’il le pouvait, de les retrouver le surlendemain matin, dimanche, pour une réunion générale avec les leaders de la résistance et de ses différentes branches. Ils devaient réorganiser certaines choses et prendre en compte, surtout, ces nouveaux éléments. Il hocha la tête et remballa ses papiers, avant d’enfin partir se reposer un peu au QG. Un certain stress avait atteint Gaby, l’étau se resserrait de plus en plus, ils avaient déjà perdu trop d’hommes lors des premières frappes sérieuses. Son regard survola un moment les personnes présentes, occupées à rire, danser, discuter autour d’un verre et s’amuser. Même ce refuge, cette nouvelle école de pierre, n’était pas sûre à cent pour cent. Ils avaient beau prendre toutes les précautions du monde, aucun endroit dans ce monde n’était inviolable. Ils ne le criaient pas sous tous les toits pour éviter la panique, bien sûr, mais… Se redressant, elle se demanda une fois de plus comment encore renforcer la protection de cet endroit, pas seulement l’école mais aussi leur QG. Il ne fallait pas se leurrer, tôt ou tard, le gouvernement les trouvera, ils devaient avoir de solides moyens de défense le jour où cela arrivera.
Gabriella – Qu’avez-vous ressorti de vos quelques discussions avec les adultes et professeurs présents ici, lieutenant Maltais ? Ils vous semblent conscient de la réalité, de ce qui se passe partout en France ? |
| | | Invité Invité | Sujet: Re: Au bal populaire Mar 19 Mar - 7:28 | |
| Une fête, ce n’était pas une si mauvaise idée, pour les civils et leur changer les idées, à mon sens. Les enfants jouaient entre eux, les adultes pouvaient danser, ce n’était pas si mal, ils ne pensaient ainsi plus vraiment à ce contexte de tension permanente. Des fêtes, on en avait fait aussi, dans les tranchées, même si c’était très différent, souvent court, et sans musique, à moins qu’un des gars ne sache chanter avec un autre jouant de l’harmonica. Tout dépendait aussi de l’humeur du camp d’en face et des ordres reçus, ça arrivait qu’on reçoive des bombes en retour sur la tête. Je me souviens qu’ils avaient aussi parlé de toute une unité tuée en cours martiale parce qu’ils avaient fraternisé avec l’ennemi, à Noël… Qu’ils avaient chanté, prié et mangé avec eux, le vingt-quatre décembre, à minuit.
Je ne comprenais pas pourquoi tous ces pauvres bougres étaient morts pour ça, ce n’était pas leur guerre, cette boucherie, après tout. S’il y en avait vraiment qui voulaient se tuer, ils auraient dû leur donner des fusils, les mettre dans un champ où ils n’auraient embêté personne et les laisser entre-tuer, sans engager leurs pays avec. Personne n’écoute l’avis des simples soldats. Je me faufilais entre les danseurs et fêtards, passant facilement inaperçu même si j’avais gardé ma seconde peau, mon uniforme, sur moi. Albert me fit signe, d’un coup, à l’autre bout de la salle, et je vis que le commandant Milford était revenu, ce soir. Sa mission était déjà terminée ? Non, impossible, il avait plutôt avoir des éléments importants à communiquer. Je les rejoignais vite, la générale aussi, à l’écart des autres.
Le commandant était assez inquiet, je le voyais bien. Il avait des rides plus prononcées aux coins des yeux, le front plus marqué aussi, des cernes sous les yeux, et ça se lisait aussi dans son regard. Je savais bien lire les émotions, dans les yeux des gens, c’était fou ce qu’un simple regard pouvait raconter quand on y prenait garde. Les bras croisés, appuyé contre un bord de table entre Albert et la générale je l’écoutais avec attention. Vu l’heure à laquelle il était arrivé, cette venue n’était pas prévue et il n’avait pas intérêt à trop traîner, on devait l’attendre ailleurs. Ce qu’il apportait confirmait leurs soupçons, le nouveau président ne chômait pas pour reconstituer ses forces. Pas juste contre eux, cela dit… Je me doutais de ce qu’il craignait, de ce qu’on craignait tous, ici. Une seconde guerre mondiale.
Cette perspective me terrifiait, et pourtant, j’y étais en quelque sorte déjà préparé. Parce que ça pouvait arriver, ça allait arriver, maintenant ou dans quelques années. Leblanc s’y préparait aussi, la preuve en était dans les documents que le commandant Milford nous montrait. Albert n’aimait pas non plus ce qu’il lisait, il devait se dire que la Résistance ne faisait pas le poids… Bah, ils avaient traversé pire que ça, non ? J’étais sûr qu’on pouvait s’en sortir… Mais ça passera sans doute par plus de morts, de violences… ça passera par une véritable guerre interne au pays, pas par ne « simple » guérilla comme actuellement. Le commandant reparti ensuite, pour une heure de repos avant de rejoindre sa destination initiale.
– Qu’avez-vous ressorti de vos quelques discussions avec les adultes et professeurs présents ici, lieutenant Maltais ? Ils vous semblent conscient de la réalité, de ce qui se passe partout en France ?
– Conscients qu’il y a des problèmes, pas réellement de leur ampleur, à mon avis. Ils savent tous que la situation est critique et sont globalement contents d’être à l’abri. Ils ont pour la plupart peur que les enfants connaissent à nouveau les problèmes… Enfin, peur, sans réaliser que ce sera le cas, quoi qu’il arrive. Je ne pense pas que les professeurs qui ne font pas parti des troupes résistantes réalisent vraiment la gravité de la situation. Ou qu’ils sont conscients que même cet endroit n’est pas si sûr qu’on le voudrait.
Les enfants non plus, bien sûr… Ils ne pouvaient plus fermer les yeux. Ce que je voudrais, c’est qu’en plus des cours « classiques », les maths, le Français, tout ce qui leur servira plus tard dans la vie à apprendre un métier et ne pas être idiots, avoir un esprit critique, devait continuer à être enseigné ici. L’éducation, c’était la base de tout. Mais ces gamins, ils devaient aussi apprendre à se défendre.
– On pourrait aussi leur donner des cours de stratégie, de défense, et ce qui va avec. On ne peut pas attendre. Même avec toutes nos précautions, cette école peut être découverte n’importe quand. Les fascistes qui nous servent de dirigeants n’hésiteront pas à les tuer. |
| | | Fonction : Récits : 199
Âge RPG : 54 ans Don(s) : Aucun Taille : 1m80 Leader Albert J. Bradley | Sujet: Re: Au bal populaire Lun 15 Avr - 14:18 | |
| Plus de deux cents chars d’assaut, une vingtaine de chars de dépannage, divers blindés légers et lourds, des véhicules de combat, d’infanterie, de reconnaissance de et transports de troupes, une bonne dizaine de blindés résistant aux mines, des véhicules de forage, de transport léger, des utilitaires et des gros porteurs, des transports sanitaires, des semi-remorques et camions citernes, des pièces d’artillerie sous blindage ou autotractée, des mortiers, des avions légers… Tout cela en oubliant la Marine, pour le moment. Effectivement, le commandant Milford n’avait pas plaisanté, le gouvernement était bel et bien prêt à affronter des attaques beaucoup plus massives. Les chiffres, à eux seuls, donnaient un très bon aperçu de la force de frappe actuelle du pays, une force revenue au niveau de 1905, avant que les usines se remettent à tourner à plein régime pour l’effort de guerre. Dans cette optique, la France pouvait combattre sans problème un voisin. Et pour une autre guerre mondiale, il suffirait d’accélérer considérablement la cadence de la production militaire, comme cela avait été fait pour la Grande Guerre. Le pays était paré.
Il avisa rapidement l’air de sa collègue, tout en feuilletant les documents que leur avait remis le commandant. Elle aussi réalisait très bien à quel point leurs propres forces étaient dérisoires, à côté. Un constat auquel ils s’étaient attendus, un mouvement de résistance ne peut pas disposer des mêmes moyens qu’un pays entier. Albert passa en revu les données disponibles sur les équipements plus petits, avec rapidité, encore. Environ 350 000 unités, par exemple, du fusil d’assaut calibre 5,56, possédant un chargeur de 25 coups, ou bien 20 000 unités de la mitrailleuse calibre 7,62. Pistolets d’assaut, grenades, mines, gaz… Toute la panoplie de la Grande Guerre avait été remise au goût du jour et améliorée pour la suite des réjouissances. Bradley lisait, comparait, réfléchissait, marmonnant parfois entre ses dents. En terme d’équipement individuel, pur et dur, ils étaient très largement dépassés. En matériel sur roues et armes lourdes, inutile de comparer, là encore, impossible de faire le poids. Adopter une autre stratégie que la guérilla ne leur était pas permis, et pourtant, leurs ennemis pouvaient les forcer à prendre le chemin des combats ouverts.
A leur place, en tout cas, ce serait la stratégie qu’il adopterait. La guérilla pouvant durer des mois, voire des années entières, forcer le camp ennemi à se montrer et combattre au grand jour était la seule manière d’arriver à une résolution rapide du conflit. Mais le gouvernement ne maîtrisait pas une donnée pouvant faire toute la différence, à savoir le nombre d’élémentaires dans les rangs de la Résistance et les pouvoirs que ces derniers pouvaient développer sur le champ de bataille. Le rapport des forces s’équilibrait, grâce à cela. Il rendit les documents au commandant avant qu’il ne parte se reposer un peu, en lui demandant de préparer un dossier sur le sujet et le laisser dans son bureau. Bien, bien, bien… Ces données pouvaient beaucoup changer leurs plans, on ne peut rien bâtir de sérieux sans savoir les forces exactes dont dispose le camp d’en face. Le commandant Milford avait mené un travail on ne peut plus précieux. Albert reprit le verre posé sur le coin d’une table toute à l’heure, parfaitement indifférent au bal se déroulant à moins d’un mètre d’eux. Le problème du nombre, pas matériel mais humain, allait très vite se poser à eux. Ils avaient déjà perdu un bon nombre d’hommes.
Gabriella – Qu’avez-vous ressorti de vos quelques discussions avec les adultes et professeurs présents ici, lieutenant Maltais ? Ils vous semblent conscient de la réalité, de ce qui se passe partout en France ?
Stéphane – Conscients qu’il y a des problèmes, pas réellement de leur ampleur, à mon avis. Ils savent tous que la situation est critique et sont globalement contents d’être à l’abri. Ils ont pour la plupart peur que les enfants connaissent à nouveau les problèmes… Enfin, peur, sans réaliser que ce sera le cas, quoi qu’il arrive. Je ne pense pas que les professeurs qui ne font pas parti des troupes résistantes réalisent vraiment la gravité de la situation. Ou qu’ils sont conscients que même cet endroit n’est pas si sûr qu’on le voudrait.
Sans blague. Cela dit, ce n’était pas leur faute, on ne pouvait pas demander à des civils de comprendre tout ça aussi facilement. Même lorsqu’on leur exposait très platement la vérité, le temps que ça monte au cerveau, il pouvait s’écouler du temps. Bradley but une longue gorgée, pensif, en observant sans les voir les couples qui dansaient et les plus jeunes qui s’amusaient en oubliant tous les problèmes du quotidien, au moins pour une soirée. Leurs professeurs étaient pour la plupart réunis dans un coin, assis ou debout, à discuter joyeusement entre eux.
Stéphane – On pourrait aussi leur donner des cours de stratégie, de défense, et ce qui va avec. On ne peut pas attendre. Même avec toutes nos précautions, cette école peut être découverte n’importe quand. Les fascistes qui nous servent de dirigeants n’hésiteront pas à les tuer.
Bradley – Notre docteur préféré compte leur faire un cours de premiers soins lundi, je pense, ou mardi. Pour ce qui est du reste, tu as raison. J’ai l’intention de leur fourrer dans le crâne des petites bases de la stratégie militaire et les bonnes attitudes à adopter. Leurs professeurs aussi feraient bien d’en profiter.
Du moins, ceux qui ne faisaient pas parti, ou pas encore, de la Résistance, et qui, par conséquent, n’avaient jamais eu droit à des mises au point sur les bonnes pratiques à adopter. Si la base n’était faite que de bon sens, en allant plus loin, il fallait surtout se servir de son cerveau. Le mental jouait énormément.
Bradley – Nous pouvons profiter du calme relatif pour mettre ça en place. Faire sauter un ou deux cours plus classiques pour ça nous fera avancer plus vite. On doit en tout cas s’en arranger avant que les crises ne surviennent. |
| | | Fonction : Récits : 1453
Âge RPG : 34 ans Don(s) : Fulgumancienne et Aquamancienne Taille : 1m78 Leader Gabriella de Lizeux | Sujet: Re: Au bal populaire Mar 28 Mai - 8:27 | |
| – Conscients qu’il y a des problèmes, pas réellement de leur ampleur, à mon avis. Ils savent tous que la situation est critique et sont globalement contents d’être à l’abri. Ils ont pour la plupart peur que les enfants connaissent à nouveau les problèmes… Enfin, peur, sans réaliser que ce sera le cas, quoi qu’il arrive. Je ne pense pas que les professeurs qui ne font pas parti des troupes résistantes réalisent vraiment la gravité de la situation. Ou qu’ils sont conscients que même cet endroit n’est pas si sûr qu’on le voudrait.
Pourtant, avec ce déménagement forcé et tout ce qu’ils devaient lire dans les journaux, entendre à la radio, que manquait-il de plus pour réaliser correctement la situation ? Gabriella soupira longuement, en se frottant un peu les yeux, lasse tout à coup. Elle ne voyait pas comme le faire réaliser mieux que ça, cette fois-ci, c’était… Trop… Enfin bref, la plupart des personnes ne comprenaient vraiment qu’une fois qu’elle s’étaient prises une bonne claque dans la figure. Le rappeler encore et encore ne servait à rien, si le mental ne suivait pas derrière… Ils avaient même hésité à rouvrir une autre école, envisageant d’abord l’option de faire évacuer les enfants et leurs familles vers d’autres pays. Mais c’était impossible, il aura fallut beaucoup de temps et des moyens dont ils ne disposaient pas, car ce n’était pas en Europe qu’il fallait partir mais sur d’autres continents. Évacuer tant de familles n’était pas réalisable sans avoir plus de ressources, être capables de leur désigner des abris sûrs, pouvoir être certains que toutes pourront refaire en vie. Et pouvoir les ramener en France un jour ? Elle n’en savait rien.
Cacher les plus jeunes et les civils était une des dernières options valables mais ça ne durera pas. Comme ils en parlaient l’autre jour, le problème principal était lorsque leurs adversaires les contraignait à des combats plus ouverts et violents, profitant d’une large supériorité numérique et de plus de ressources brutes. Même avec les élémentaires, il arrivait trop souvent qu’ils ne fassent pas le poids, ils avaient moins de combattants élémentaires que le gouvernement avait de fusils lourds et chars d’assaut. On peut se protéger efficacement avec un mur de glace épais, contre des balles et ce genre de chose, mais aucun mur de glace ou de terre ne peut arrêter un obus. Quant au vent, s’il peut disperser le gaz, il ne sert à rien lorsqu’il y en a trop et que celui-ci va ensuite s’éparpiller sur les alentours et donc contre les civils. En résumé, leurs pouvoirs avaient des limites et ce n’est pas en comptant simplement dessus qu’ils parviendront à s’en sortir. Il leur fallait des moyens plus physiques, mais aussi des hommes.
– On pourrait aussi leur donner des cours de stratégie, de défense, et ce qui va avec. On ne peut pas attendre. Même avec toutes nos précautions, cette école peut être découverte n’importe quand. Les fascistes qui nous servent de dirigeants n’hésiteront pas à les tuer.
– Notre docteur préféré compte leur faire un cours de premiers soins lundi, je pense, ou mardi. Pour ce qui est du reste, tu as raison. J’ai l’intention de leur fourrer dans le crâne des petites bases de la stratégie militaire et les bonnes attitudes à adopter. Leurs professeurs aussi feraient bien d’en profiter.
– S’ils en prennent conscience.
La jeune femme se rassit sur un petit banc, contre le mur, avec un regard légèrement désabusé pour leur groupe de professeurs, occupés à bavarder un petit peu plus loin. Pour le moment, l’illusion de l’école était plus ou moins entretenue, cela dit, ça restait une illusion. Une façade pour rassurer les élèves, leur faire penser que oui, ça allait à peu près bien, qu’ils n’avaient pas à avoir peur puisque cette fois, ils étaient en sécurité, que les adultes veillaient sur eux et qu’ils allaient pouvoir poursuivre leurs études sans trop de problèmes. En déménageant l’école ici, Gabriella avait tout fait pour que ce soit vrai, travaillé à ce que ce souhait se réalise, puis elle avait perdu le reste de ses illusions lorsque cela s’était effectivement mis en place. Ils pouvaient peut-être rassurer les enfants mais rien leur garantir, c’était bien ça qui la rongeait le plus.
– Nous pouvons profiter du calme relatif pour mettre ça en place. Faire sauter un ou deux cours plus classiques pour ça nous fera avancer plus vite. On doit en tout cas s’en arranger avant que les crises ne surviennent.
– Que veux-tu « arranger » ? Si des cours doivent sauter, ça se fera, point final. On ne va tout de même pas commencer à s’inquiéter de la susceptibilité de certains profs ou de je ne sais quoi, on ne peut pas se permettre de se calquer sur leur planning. Ce ne sont pas des cours de broderie qu’on va mettre en place.
Il y a un moment où il fallait arrêter les conneries ! Elle avait déjà entendu pas mal de plaintes, ou d’autres qui râlaient dans leur coin, car certains cours étaient annulés ou reportés au dernier moment, que ce n’était pas bon pour les élèves, leur suivi, leur travail, etc. Terrible, n’est-ce pas, Gabriella était convaincue que les élèves seront bien plus traumatisés d’avoir eu un cours de géographie en moins que d’avoir perdu une main dans l’explosion d’un obus, faute d’avoir su s’en protéger. Même si elle n’était plus directrice, c’était bien le genre de petits détails où on ne laissait pas le choix aux principaux concernés, qu’ils aient ou non le sens des réalités.
– Ce n’est pas non plus une bonne idée de laisser vraiment le choix aux professeurs de s’entraîner ou non. Qu’ils ne soient pas de la Résistance, peu importe, mais ils doivent savoir comment gérer les crises, pour le jour où cette école sera découverte ou attaquée. |
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