Avril 1932. Les soucis mondiaux s'étendent.
 
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 Pause hivernale

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Antoine Lefort
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MessageSujet: Pause hivernale   Pause hivernale EmptyVen 10 Avr - 14:30

– Vous ne trouvez pas ça formidable ?!

– J’ai connu des caveaux moins glauques que ça, marmonna Antoine.

– Tu ne peux pas arrêter d’être rabat-joie cinq minutes ?

– C’est rabat-joie de ne pas aimer ce qui suinte, pue et donne l’impression de vous vouloir vous aspirer dans le septième cercle de l’enfer ?

– T’es pas assez aventurier !

– Si tu continues à t’agiter comme ça, tu vas tomber là-dedans, je te préviens.

Antoine le tira vivement par le col pour le ramener en arrière, avant qu’il ne glisse sur les algues et tombe directement, tête en avant, dans la fosse marine et son odeur pestilentielle. Maxime marmonna qu’il savait très bien ce qu’il faisait et qu’il n’allait quand même pas glisser, merci bien. Antoine soupira longuement, en le forçant à reculer, l’autre main contre la hanche. Si monsieur chutait dans ce cloaque et se cassait une jambe, ce n’était pas lui qui ira le chercher ! Ils étaient venus sur la plage pour se détendre, pas pour se casser les os dans les rochers ou s’étouffer avec du sable, vu ? Surtout aujourd’hui, il y avait beaucoup de vent et il suffirait d’un petit mouvement mal placé pour glisser et tomber dans les fosses créées entre les rochers. D’ailleurs, pourquoi Maxime avait tenu à escalader cet amas, il tenait vraiment à se rompre les os ? C’est bon, hein, ils descendaient maintenant, retour sur la plage ! Il obligea Maxime à le suivre, même s’il râlait toujours, jusqu’à retrouver la terre ferme et le sable, un peu mouillé mais sans plus. Il faisait très froid, avec le vent en plus, leurs écharpes claquaient contre eux au gré de l’air, comme les cheveux.

Sortir de l’orphelinat, même un peu, faisait un bien fou, surtout si ce n’était pas pour des affaires concernant la guerre. A cette saison, il n’y avait que peu de monde sur la plage, personne ne les connaissait dans le coin, et de toute façon, qui irait se méfier d’une bande de jeunes venus traîner sur la plage un samedi après-midi tranquille ? La semaine avait été très agitée, les mauvaises nouvelles avaient fleuri de partout, les journaux parlaient tous de catastrophe dans le pays, avec l’attentat raté, en plus, ça allait bon train, c’était pour ça qu’ils avaient voulu se couper un peu de toute cette merde. Même si la guerre n’était bien sûr jamais très loin, dans leurs esprits. Maxime s’était déjà remis en quête d’une connerie à faire, il était franchement pas sortable, celui-là ! Il s’avançait maintenant vers la mer, pour tester si l’eau était si froide que ça, et profiter du vent. Antoine en avait déjà les oreilles glacées et remonta un peu son écharpe, pour protéger le bas du visage, le froid le picotait.

Jasper pouvait se réchauffer de l’intérieur avec son don, lui, non ? Des fois, Antoine adorerait un tel pouvoir, en plein hiver ! En attendant, manteau et écharpe étaient de rigueur, vivement cet été, ou au moins le printemps, pour souffler un peu. Il marchait doucement le long de la plage avec Jasper et Maxime, enfin, ce dernier courrait à moitié, comme un grand gamin. Il y avait quelques couples à se balader, des petits anciens, ils croisèrent aussi trois jeunes de leur âge en plein jogging. Pas tant de monde que ça, finalement, pour un samedi, et la plage était très longue, donnant plus encore une impression de vide.

– Comment ça se passe, les entraînements, Jaz ? Paraît que t’as le type aux yeux bizarres, comme prof.
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Jasper Nakajima
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Jasper Nakajima
MessageSujet: Re: Pause hivernale   Pause hivernale EmptyMar 14 Avr - 9:16

Le jeune homme remit un peu mieux son écharpe autour de son cou, fit un petit nœud, puis fourra de nouveau les mains dans les poches de son manteau pour les garder au chaud. Le vent était à la fois terriblement glacial et très vivifiant, ça faisait un bien fou, après autant de semaines passées entre quatre murs, à craindre une attaque ou il ne savait quoi encore. A peine arrivé sur la plage, Maxime s’était mis en tête d’escalader un gros amas rocheux, très glissant à cause des algues, et Antoine l’avait suivi aussi sec, sans doute pour le surveiller, au cas où leur ami irait se casser la cheville. Pendant ce temps, Jaz marcha sur la plage, observant l’Atlantique et les vagues fortes, fouettées par le vent, souriant sous son écharpe. Il n’aimait pas aller dans ou sur l’océan, par contre, il adorait le regarder, c’était un spectacle différent tous les jours. Pour aujourd’hui, sous un ciel grisâtre et des vagues assez déchaînées, les embruns frappaient forts et pas mal d’algues étaient rejetées sur la plage. En plein été, ça devait être un bel endroit, où se reposer et se baigner. Même lui se laisserait un peu tenter, avec un beau temps.

Bon, pour l’instant, il faisait si froid que toute idée de baignade se ferait révoquée dans l’instant. Maxime avait enfin fini de faire le con dans les rochers, de son côté, et les deux redescendaient sur la plage. Il déchanta très vite, en revanche, en constatant que leur ami filait déjà au devant, en recherche d’une nouvelle connerie ou bien pour courir un peu. Il y a un an à peine, Jaz l’aurait sûrement imité, mais bon… C’était du passé, maintenant, il était devenu beaucoup plus calme, par par la force des choses, et il avait aussi réalisé pas mal de points. Comme, par exemple, que la rigueur était effectivement vitale, pour son don, qu’on ne pouvait pas se rebeller tout le temps, que le contrôle passait par la discipline de soi, et qu’avoir un tempérament de feu ne signifiait pas qu’il fallait se laisser faire et se laisser emporter sans raison. Il lui aura fallu des mois de troubles et le début d’un véritable entraînement, loin de tout ce qu’il avait connu à l’école, pour enfin comprendre tout ça et comprendre ce qu’avait voulu lui expliquer le colonel Gavin. Mieux valait tard que jamais…

C’était aussi la première fois de sa vie qu’il rencontrait des élémentaires feux n’enseignant pas, mais alors pas du tout, comme les profs du pensionnat, et qu’il avait l’occasion d’en apprendre plus sur son don, seul, et pas sur les dons d’une manière trop générale. Tout en marchant avec Antoine, il leva un peu le nez vers le ciel, en se demandant si le colonel était bien quelque part, là-haut, aujourd’hui… Et s’il était plus heureux maintenant, là où il se trouvait. Son décès avait été très brutal, choquant, mais d’un autre côté, après la vie qu’il avait menée… Il avait pu partir selon ses convictions, et surtout, partir sans avoir à renier qui il était. C’était ce qui comptait le plus, non ? Il rebaissa la tête, regardant vaguement les autres personnes à se promener, comme eux, plongé dans ses pensées.

– Comment ça se passe, les entraînements, Jaz ? Paraît que t’as le type aux yeux bizarres, comme prof.

– Alan, oui. Ça se passe plutôt bien, finalement. Au début, je ne savais pas vraiment comment faire, je suivais les techniques habituelles qu’on nous avait enseigné au pensionnat. Puis il m’en a montré d’autres et je peux te promettre que c’est beaucoup plus efficace. Il m’intimidait, au début, mais il est efficace.

Ce n’était pas que son apparence, même si cette dernière jouait quand même un grand rôle. Non, le vrai problème, la vraie crispation, ça venait des dons qu’il possédait. Deux offensifs, obtenus naturellement, c’était très rare, si rare que dans leurs manuels de cours, tout un chapitre de mise en garde y était consacré ! Un chapitre lié aux traumatismes, qui parlaient des pertes de dons suite à un gros choc mais aussi, comme c’était le cas ici, au développement de deux dons offensifs. Le premier cas était bien plus fréquent que le second. On pouvait développer deux dons défensifs, ou les perdre complètement, mais avoir deux offensifs naturellement…

– Il possède quand même le feu et la foudre, et on a pu savoir que c’était naturel, chez lui. Pas comme papa qui a été… Enfin bref. Tu penses qu’il a vécu quoi, pour en arriver là ?
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MessageSujet: Re: Pause hivernale   Pause hivernale EmptySam 18 Avr - 11:56

– Alan, oui. Ça se passe plutôt bien, finalement. Au début, je ne savais pas vraiment comment faire, je suivais les techniques habituelles qu’on nous avait enseigné au pensionnat. Puis il m’en a montré d’autres et je peux te promettre que c’est beaucoup plus efficace. Il m’intimidait, au début, mais il est efficace.

– J’imagine bien que ça n’a rien à voir avec nos anciens profs.

Eux ne les avaient pas préparé à être soldats, ni même à atteindre un très bon niveau, simplement à ne pas se laisser déborder par leurs pouvoirs, se contrôler, ne pas mettre en danger les autres ou provoquer d’accident. Pour le nombre d’heures de cours reçus par semaine sur le sujet, c’était déjà un programme complet. Antoine lui sourit, tout en continuant à marcher, gardant un œil sur Maxime au cas où. Non pas qu’il n’avait pas confiance, mais bon, il aimerait éviter de devoir rentrer en urgence à l’orphelinat car monsieur aura trouvé le moyen de se briser la cheville sur la plage. Le vent s’était accentué, depuis toute à l’heure, et le froid était d’autant plus vif. Vivement cet été, s’ils étaient toujours là, ils pourront plonger entre les vagues et enfin profiter pleinement de cet endroit. Enfin, encore fallait-il qu’ils soient toujours basés ici, rien n’était moins sûr. Le jeune savait bien avoir plus de chance d’être en mission quelque part en France, voire dans un autre pays, plutôt qu’ici. Ils ne pouvaient pas même dire si la guerre aura gagné ou perdu en intensité d’ici là.

– Il possède quand même le feu et la foudre, et on a pu savoir que c’était naturel, chez lui. Pas comme papa qui a été… Enfin bref. Tu penses qu’il a vécu quoi, pour en arriver là ?

Il possédait ces deux dons ?! Antoine lui renvoya d’abord un regard stupéfait, restant bouche bée une seconde avant de se reprendre. Ça, par contre, il l’ignorait, jusqu’ici ! C’était… Wow… Très, très… Surtout si c’était naturel. Parce que oui, chez monsieur Nakajima, les autres tarés avaient fait des tests et des expériences sur lui, il avait bien failli mourir empoisonné en plus de ça. Mais ici, c’était naturel… ? Antoine resta silencieux un petit moment, plongé dans ses réflexions. Puis il reprit plus lentement la parole, pas vraiment sûr de lui. Ils avaient finalement assez peu d’informations sur les personnes qui avaient développé naturellement deux dons offensifs, surtout les deux plus violents. C’était si rare… Si rare que certains de leurs profs, à la première année du collège, leur avaient même dit que ce n’était pas réellement possible. Ils voyaient ça comme certains voyaient les animaux très rares, comme des sortes de chimère dont on parlait sans être certain de leur existence, par manque d’informations. Pourtant, c’était bien réel.

– Si on se fie en plus à son apparence, je peux juste imaginer qu’il a dû vivre des horreurs et passer des années entières dans un environnement très violent. Il a peut-être été interné quelque part à cause de son premier pouvoir ? Mes parents m’avaient dit que certaines familles envoyaient leurs enfants dans des centres de rééducation pour jeunes délinquants, à cause de leurs dons. Mais ils ne torturent pas les gens, là-dedans, donc…

Ces centres n’étaient, bien évidemment, pas des centres de récréation, mais de là à en arriver à de la violence pure et dure, au-delà des mauvais traitements qu’on y trouvait souvent, il y avait tout de même un énorme fossé. Un « simple » centre comme ceux-là semblait peu crédible, ça ne suffisait pas à la création d’un second don offensif. Le jeune homme était plutôt perplexe, peinant à imaginer les circonstances nécessaires à la naissance d’un tel double-pouvoir.

– Il paraît jeune, finalement, si tu regardes bien, même avec les cicatrices. Peut-être qu’il a été prisonnier politique ou quelque chose comme ça, qu’il a été… Bon, je ne sais pas vraiment, c’est dur à imaginer. Il faudrait lui poser la question directement, sinon.
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MessageSujet: Re: Pause hivernale   Pause hivernale EmptyVen 24 Avr - 14:05

Ah, il n’était pas courant, vu son air. Jaz eut un petit rire, lui tapotant un peu l’épaule, tout en marchant, pour qu’il revienne à la réalité, puis il remit la main dans sa poche. Son écharpe, qui claquait dans le vent depuis le début de leur sortie, lui fut d’un coup renvoyée contre le nez et il eut un bref sursaut de surprise, reculant la tête par réflexe. Le vent, l’air marin, tout ça, c’était génial, sauf qu’on on se le mangeait dans la figure. Bref, alors, son meilleur ami avait une petite idée, de son côté ? Il ne fallait pas toujours penser au pire, ça ouais, mais bon, quand même, dans ce cas précis, ne pas penser au pire serait idiot ou irréaliste. Jaz s’arrêta une seconde pour se pencher et ramasser un petit coquillage, assez joli, qu’il fit glisser entre ses doigts pour enlever le sable, avant de rattraper son retard et Antoine, courant un petit peu. Il aimait bien en ramasser des petits, pour ensuite les accrocher le long d’un fil, qu’il accrochait le long de sa tête de lit, pour une petite décoration. Au sein de grands dortoirs impersonnels, c’était une manière comme une autre de créer une petite atmosphère de chez-soi. Et puis, on se réconfortait comme on le pouvait.

– Si on se fie en plus à son apparence, je peux juste imaginer qu’il a dû vivre des horreurs et passer des années entières dans un environnement très violent. Il a peut-être été interné quelque part à cause de son premier pouvoir ? Mes parents m’avaient dit que certaines familles envoyaient leurs enfants dans des centres de rééducation pour jeunes délinquants, à cause de leurs dons. Mais ils ne torturent pas les gens, là-dedans, donc…

Oui, dans ces centres, la vie n’était pas rose, mais aucun cas de torture n’y avait été jamais rapporté ! Des châtiments corporels, oui, comme dans toutes les structures du même type, mais pas de torture. Ou bien il existait des centres plus… plus secrets, cette fois affilié directement au gouvernement, qui s’occupait des jeunes sensitifs à leur façon ? Après tout, ils savaient déjà qu’il y avait pas mal de laboratoires qui avaient été chargés d’expérimenter sur les dons et les élémentaires, alors des centres de rétention où garder ces mêmes élémentaires, ce ne serait pas très surprenant. Jaz souffla un peu sur le coquillage pour en retirer les derniers petits grains de sable, puis la glissa dans sa poche, se rapprochant aussi un peu plus près du bord de l’Atlantique. Les vagues frappaient presque violemment la côte, sous l’effet du vent, mais le ciel gris n’était pas encore si menaçant.

– Il paraît jeune, finalement, si tu regardes bien, même avec les cicatrices. Peut-être qu’il a été prisonnier politique ou quelque chose comme ça, qu’il a été… Bon, je ne sais pas vraiment, c’est dur à imaginer. Il faudrait lui poser la question directement, sinon.

– Je ne sais pas s’il nous répondrait. Il y a eu des élémentaires gardés pour des expériences menées sur eux et leurs pouvoirs, donc forcément, des prisons pour aller avec. Il vient peut-être de l’une d’entre elles ? De toute façon, oui, vu ses yeux, il a… Il a forcément été torturé. Et tu n’as pas des cicatrices pareilles dans un simple accident de voiture.

Peut-être qu’il lui demandera, oui, lors du prochain entraînement… Ne serait-ce que pour tenter d’en savoir plus sur ces prisons spéciales et comment ils devaient s’y prendre pour les faire disparaître. Les détruire bêtement, ça ne suffira jamais, le gouvernement en fera bâtir d’autres, mieux protégées. Il en parla un peu avec Antoine, sans pour autant vraiment approfondir le sujet. Ce n’était pas un domaine qu’il maîtrisait, loin de là, et le peu d’information qu’il avait dessus restait très général. Jasper finit par s’arrêter près des vagues venant s’échouer sur la plage, les yeux fermés, un instant, en profitant de l’air très vif et salé. S’il vivait assez longtemps, il aimerait revenir ici, en période de paix, avec sa famille et ses amis, pour une belle journée, tranquille, laissant derrière eux la guerre et sa cohorte de blessés, de morts, de soucis. Ils pourront dire au revoir à tous ceux qu’ils avaient perdu, puis continuer à vivre, en essayant de garder l’âme en paix. Et ne plus pleurer sur l’injustice de la situation ou sur les combats qui leur avaient arraché leurs familles.

– Je voudrai partir bientôt en mission, si c’est possible. Je ne m’entraîne pas juste avec mon don, il y a aussi les séances pour apprendre à combattre à mains nues ou avec une arme à feu, les leçons pour déchiffrer les codes actuels et écrire des messages cryptés, quelques leçons de soins basiques. Et d’autres.

Il se mit à sourire, même si quelques larmes avaient commencé à couler sur ses joues. Il voulait agir, et en même temps, il crevait de peur. La mort de monsieur de la Valière avait été un rappel très brutal et cruel de la réalité, après celle du colonel. Son corps n’avait même pas pu être ramené. Il essuya ses larmes d’un petit geste, regardant l’océan en s’y perdant un peu. D’ici quatre mois, il aura dix-sept ans. Et sera sans doute toujours engagé dans ce conflit, au lieu de poursuivre de plus vieux rêves.

– J’ai peur, souffla-t-il avec un peu de peine. De comment tout va se terminer. Et de ne pas en voir la fin.
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MessageSujet: Re: Pause hivernale   Pause hivernale EmptyJeu 7 Mai - 18:05

– Je ne sais pas s’il nous répondrait. Il y a eu des élémentaires gardés pour des expériences menées sur eux et leurs pouvoirs, donc forcément, des prisons pour aller avec. Il vient peut-être de l’une d’entre elles ? De toute façon, oui, vu ses yeux, il a… Il a forcément été torturé. Et tu n’as pas des cicatrices pareilles dans un simple accident de voiture.

– Je n’ai pas spécialement envie d’imaginer ça.

Un frisson l’avait secoué, simplement à penser à ce qu’on pouvait faire subir à un homme pour en arriver là. Et il ne pensait pas qu’à l’apparence. Après, oui, comme le souligna Jaz, c’est vrai qu’en savoir plus pouvait leur permettre de mettre au point de meilleures techniques pour attaquer ces prisons, ces camps, et les faire disparaître définitivement. Les détruire, simplement, ne suffisait pas à grand-chose… Ils n’en parlèrent que peu, de toute manière, ni l’un ni l’autre n’avaient encore de connaissances suffisamment précises ou utiles sur le sujet, pour pousser très loin. Jasper stoppa tout à coup, dans leur marche, puis ferma les yeux, tourné vers la mer. Antoine eut un petit sourire, en le regardant, songeant intérieurement qu’il avait quand même beaucoup changé, depuis l’année dernière. Il était plus posé, beaucoup plus mature, et plus apaisé. Bien sûr, c’était la faute de la guerre, mais qu’est-ce qui les empêchait d’en retirer aussi ce qui était assez positif ? Il revint un peu sur ses pas, pour se rapprocher de son meilleur ami, avant de laisser son regard dériver sur les vagues agitées, venant frapper le rivage.

– Je voudrai partir bientôt en mission, si c’est possible. Je ne m’entraîne pas juste avec mon don, il y a aussi les séances pour apprendre à combattre à mains nues ou avec une arme à feu, les leçons pour déchiffrer les codes actuels et écrire des messages cryptés, quelques leçons de soins basiques. Et d’autres.

Jaz… Antoine s’approcha un peu plus, pour lui poser une main sur l’épaule et serrer un peu, en voyant qu’il commençait à pleurer, malgré le sourire affiché. Ça devrait aller… Et même si ça n’allait pas, eh, bien, au moins auront-ils pu agir selon leurs convictions et leurs croyances. Ils auront pu… Agir, même si ce n’était qu’un peu. Ou, au minimum, ne pas baisser la tête face au totalitarisme et poursuivre leur chemin… Comme il l’avait déjà dit à Laura, finalement, lorsqu’ils en avaient parlé ensemble, l’âge n’avait plus aucune sorte d’importance, dans une telle époque. Ni pour eux, ni pour leurs ennemis.

– J’ai peur, souffla-t-il avec un peu de peine. De comment tout va se terminer. Et de ne pas en voir la fin.

– On a tous peur de ça, je crois. Même les adultes ou ceux qui combattent depuis longtemps. Mais… Au moins, on aura fait ce qu’on croit juste. C’est ce qui compte, non ? Garder au moins notre dignité, même si on doit partir jeune.

Le jeune homme ne pouvait pas dire, de son côté, ne pas avoir peur de la mort. En fait, plus que la mort, c’était la peur de souffrir, et la peur de l’inconnu, qui lui tordaient le ventre. La peur d’avoir mal et agoniser durant des jours, avant d’arriver à la fin. Puis de ne pas savoir ce qui l’attendait après. La fin, la vraie fin, ou bien une sorte de paradis comme la religion le clamait ? Ou que savait-il encore ? Ce n’était pas comme si qui que ce soit était déjà revenu pour leur expliquer ce qui arrivait après. Il attendit un moment, en silence, que Jasper puisse reprendre son souffle, pleurer s’il en avait envie ou besoin, avant de l’inciter à reprendre leur marche avec lui. Là, respire, inspire, expire… C’est tout ce qu’il pouvait lui dire, de toute façon. Pour lui, son opinion était faite, il jugeait que mourir, même jeune, valait mieux que d’accepter de vivre sous le joug de la dictature. La liberté n’avait pas de prix.

– Dis-toi qu’on peut aussi essayer de profiter de la vie, malgré la guerre. Il y a tant de projets à construire. Nous aussi, on peut commencer à montrer aux plus petits comment se servir de leurs dons.
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MessageSujet: Re: Pause hivernale   Pause hivernale EmptyJeu 21 Mai - 15:13

– On a tous peur de ça, je crois. Même les adultes ou ceux qui combattent depuis longtemps. Mais… Au moins, on aura fait ce qu’on croit juste. C’est ce qui compte, non ? Garder au moins notre dignité, même si on doit partir jeune.

Jasper avait la gorge beaucoup trop serrée pour être capable de répondre à ça, aussi se contenta-t-il de faiblement hocher la tête, puis essuyer ses larmes d’un revers de sa manche. Tactique peu efficace, il termina après le travail en se servant de son écharpe. Durant un moment, il essaya juste de reprendre son souffle et arrêter de pleurer, alors que son meilleur ami restait près de lui, une main contre l’épaule, attendant patiemment. Au bout de quelques minutes, il respira un peu plus librement, puis reprit doucement sa marche avec Antoine. La peur n’était pas partie, pas si facilement, mais son ami avait raison, mieux valait encore la mort qu rester dans un coin à vivre à genoux, la peur au ventre et soumis à d’autres. S’ils laissaient faire, la persécution contre leur communauté deviendra la norme. Il serra un peu les poings, dans ses poches, à une pensée si ignoble. Pourquoi n’étaient-ils pas venus au monde dans une autre époque, plus douce, plus sereine, une époque de paix ?! Une époque où une arme n’avait rien à faire entre les mains d’un enfant.

– Dis-toi qu’on peut aussi essayer de profiter de la vie, malgré la guerre. Il y a tant de projets à construire. Nous aussi, on peut commencer à montrer aux plus petits comment se servir de leurs dons.

– On le fait déjà un peu, pendant les entraînements, sourit-il à moitié. Comme l’autre jour, avec ceux de douze ou treize ans, de l’orphelinat, qui débutaient à peine. Ce sont des gamins qui vont dans les rues distribuer les tracts de la contre-propagande ou livrer des petits colis à vélo. On leur apprend des techniques d’auto-défense, avec leurs pouvoirs, qui servent aux cas d’urgence. Et surtout, on leur fait travailler leur endurance, pour qu’ils soient capables de s’enfuir loin et vite en cas de problème.

Jaz ne rentrait quasiment plus dans le débat « doit-on laisser des enfants si jeunes agir », car de toute manière, l’âge ne vous protégeait plus de rien. C’était pour ça qu’il ne s’oppose plus à ce que sa petite sœur mette les mains là-dedans, pour ça qu’il n’était plus choqué que des enfants aussi se lancent dans des actions, mêmes petites. Il raconta un peu à son meilleur ami comment ces entraînements se passaient et comment, tous ensemble, ils progressaient peu à peu. Lui n’appartenait pas au même réseau et ne travaillait pas du tout sur les mêmes projets. En plus, sur cette plage, les autres loin d’eux, avec le vent si fort, on ne pouvait pas les entendre ni les écouter. Qui penserait à le faire, en plus ? Ils n’étaient, en apparence, que deux adolescents que rien ne pouvait différencier des autres, à se promener sur une plage un jour venteux d’hiver.

Parler de ça lui faisait aussi du bien au moral. C’était en décrivant le tout qu’il prenait conscience que lui aussi progressait, peu à peu, que chaque jour durant, les efforts payaient, qu’il gagnait de la confiance et de maîtrise au fil du temps. Grâce à ça, une fois qu’il sera sur le terrain, pour de bon, il pourra s’en sortir. Il aura les mêmes chances que n’importe quel autre. Sans doute la peur toujours vissée au ventre, mais au moins, capable de faire de son mieux. Il n’était pas question de quitter son pays, se réfugier au loin et laisser les choses en l’état, ici. Il ne pouvait pas tout abandonner. Ils n’étaient plus des enfants, désormais.

– J’attends toujours la réponse, pour l’unité que j’ai demandé à intégrer. Je ne sais pas trop ce qu’ils attendent, s’ils jugent que nous ne sommes pas encore assez préparés.
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MessageSujet: Re: Pause hivernale   Pause hivernale EmptySam 23 Mai - 15:04

Des orphelins de douze ans, treize ans, qui se lançaient déjà dans des petites actions, pour la contre-propagande ou le transport d’armes, de matériel, de courrier. Des enfants issus de l’orphelinat qui s’engageaient. C’était incroyablement dangereux, et dans le même temps, ils… Antoine eut un frisson, à la pensée qui lui traversa l’esprit, en se disant que ces enfants n’avaient de toute façon plus rien à perdre. Des enfants sans familles, sans aucune perspective d’avenir ou presque, jetés dans un monde en guerre… Ils n’avaient plus rien à perdre. C’était une pensée dégueulasse, cruelle, horrible car ça sous-entendait que leurs vies était déjà gâchées, de toute façon, et qu’ils n’avaient plus à se soucier de quoi que ce soit. Ses joues s’enflammèrent sous l’effet de la honte, d’avoir pensé ça, et il détourna la tête, pour que Jasper ne le remarque pas. Il n’avait pas voulu dire ça, mais… Enfin… Non, non, c’était dégueulasse de penser comme ça à ces enfants, c’est tout. Il se donna des gifles mentales, respirant un peu plus fort pour ravaler la honte et le sentiment de culpabilité. Désolé, il fera plus attention. Heureusement qu’il n’avait pas eu le malheur de sortir une horreur pareille à haute voix.

Par bonheur, son meilleur ami ne semblait avoir rien remarqué, il parlait des entraînements suivis, pour les enfants comme pour les adultes, comment ça se déroulait, quelles méthodes étaient employées et la façon dont chacun s’y prenait. Mine de rien, le programme était très vaste… la base, pour tout le monde désormais, était de savoir se servir d’une arme à feu. Même lorsqu’on était trop fatigué pour utiliser son pouvoir lorsqu’il fallait une simple menace, une arme et des munitions faisaient toujours l’affaire. Ensuite… L’endurance, comme disait Jasper, était très importante. On dit que la peur vous donne des ailes, mais si ces ailes se brisent en plein vol et vous laisse chuter à terre alors que vous aviez cinq soldats aux trousses, ce n’était pas spécialement bon pour votre espérance de vie. Ensuite, ça dépendait de ce qu’on était amené à faire. Manier des explosifs, savoir être discret, observer et écouter, trouver les meilleurs chemins de traverse, négocier et dénicher de nouveaux alliés, et ainsi de suite. Se battre, de front.

– J’attends toujours la réponse, pour l’unité que j’ai demandé à intégrer. Je ne sais pas trop ce qu’ils attendent, s’ils jugent que nous ne sommes pas encore assez préparés.

– Ou bien ils attendent l’occasion d’une mission… ? Tu devrais en parler aux chefs qui sont dans la petite base, pour le moment. Je ne pense pas que ça tarde vraiment, de toute façon, tout le monde dit qu’il manque d’hommes.

Il avait envie de lui dire d’être prudent, de faire très attention une fois qu’il sera parti, d’essayer, une fois au loin, de leur faire savoir si tout allait bien pour lui, comment il s’en sortait, mais aucun mot ne voulait franchir la barrière de ses lèvres. Jasper savait déjà tout ça, mais ce n’était pas ce qui le bloquait. C’était juste… creux. Oui, voilà, c’était ça qui gênait Antoine, il trouvait de plus en plus que ce genre de paroles étaient complètement vides de sens. Aucun combattant de l’ombre n’était à l’abri, dire de faire attention, dans ces circonstances, ça revenait à dire « Eh, je sais que tu dois partir dans une opération clandestine où l’armée n’hésitera pas à te tirer dessus à vue et où on sait tous très bien que chaque mauvaise manœuvre peut vous coûter la vie, mais bon, sois prudent, hein ! ». Il finit par s’arrêter sur la plage, et regarder les vagues, l’océan de plus en plus déchaîné, sous un ciel bas et menaçant. Comme pour graver une image belle et naturelle dans sa mémoire, une de plus, qui l’accompagnera lorsque viendra la fin. Il avait toujours tant aimé l’océan.

– J’ai juste un regret, dit-il après un instant. J’aurai aimé voyager, visiter d’autres pays, voir comment les autres vivent, avec leurs cultures.

Il tendit à moitié la main vers l’océan, les pensées dérivant vers les paysages d’Amérique Latine, qu’il avait vu sur des livres et des peintures. Oui, ça, c’était dommage. Antoine préférait encore partir du principe, pour avoir moins peur, qu’il ne vivra de toute façon pas bien vieux, mais il regrettait de n’avoir pas pu quitter un peu la France et découvrir, de ses propres yeux, à quoi ressemblait le monde.

– Tu penses qu’il y a quoi, après la mort ?
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Jasper Nakajima
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Jasper Nakajima
MessageSujet: Re: Pause hivernale   Pause hivernale EmptyDim 7 Juin - 10:43

– Ou bien ils attendent l’occasion d’une mission… ? Tu devrais en parler aux chefs qui sont dans la petite base, pour le moment. Je ne pense pas que ça tarde vraiment, de toute façon, tout le monde dit qu’il manque d’hommes.

– Justement, il en manque…

Ce n’était pas qu’il était pressé de se retrouver pris sous le feu des balles et danser avec la mort en essayant de ne pas se faire écraser, il était pressé d’enfin agir concrètement, de, de… De faire quelque chose, de ne plus simplement rester là, bêtement, à se contenter de s’entraîner et rien d’autre ! Voir son pays s’enfoncer dans le Totalitarisme, chaque jour un peu plus, le rendait complètement malade, c’était insupportable. Il avait peur, oui, évidemment, mais… Rah, c’était impossible à expliquer. Il devait faire quelque chose, c’est tout. Antoine stoppa à son tour, pour regarder l’océan, et les lourds nuages gris qui s’amoncelaient. Un orage allait bientôt éclater, sans doute. Jasper leva un instant le nez vers le ciel, une main serrée contre son écharpe pour la remettre un peu en place. C’était peut-être l’un des derniers moments calmes et sécuritaires qu’ils pouvaient passer ensemble, maintenant qu’il y pensait. Quoi qu’il y en aura peut-être d’autres, entre deux affaires à mener, que ce soit ici ou ailleurs. Rester loin de ses amis durant des mois, ça lui semblait… Bon, après, oui, on lui répondra que c’était tout sauf la priorité, dans un contexte pareil.

– J’ai juste un regret. J’aurai aimé voyager, visiter d’autres pays, voir comment les autres vivent, avec leurs cultures.

Ouais… Jasper ne répondit pas, se contentant de vaguement hocher la tête. Que pouvait-il dire, de toute façon ? Qu’il pourra sans doute le faire après cette guerre, s’il y survivait ? En restant optimiste, oui, ils pouvaient imaginer les voyages qu’ils feront après tout ce bordel. Le seul tout petit problème, là-dedans c’était bien que l’optimisme était mort, lui aussi, depuis très longtemps. Ils avaient voulu rester un minimum optimistes quand les premiers ennuis avaient touché l’école de plein fouet et voilà où ils en étaient aujourd’hui ! Le pensionnat centenaire détruit, ravagé. La nouvelle école cachée avait été débusquée et éclatée, littéralement, sous le poids des obus. Il y avait des exécutions et des déportations. Des familles entières disparaissaient. Des lois fascistes passaient régulièrement. La police politique avait tout pouvoir pour arrêter arbitrairement tous ceux qu’ils voulaient. N’importe qui pouvait être torturé et exécuté, sans distinction d’âge. Alors l’optimisme, hein…

– Tu penses qu’il y a quoi, après la mort ?

Très bonne question, ça ! Il avait été élevé avec la religion catholique, puis avait découvert la religion Shintoïste avec sa famille adoptive, alors la question de la mort, là… Il haussa d’abord un peu les épaules, plus certain de ce qu’on pouvait répondre et plus encore, à quoi il devait croire. Mais il comprenait pourquoi son meilleur ami s’interrogeait là-dessus, après tout, c’était réconfortant de se dire qu’il pouvait y avoir autre chose, de différent, après l’enfer de cette vie.

– J’ai envie d’imaginer que notre esprit survit, puis va plus renaître dans une nouvelle vie, qu’on devienne une nouvelle personne. Que cette autre vie soit un peu moins dure que la précédente. Ou bien qu’on se retrouve dans une sorte de paradis, où on reverra nos proches déjà disparus. Ou bien… Je ne sais pas. Peut-être qu’il n’y a rien, simplement. Qu’on s’éteint comme on s’endort, et voilà, c’est fini. La conscience disparaît et tout le reste avec elle. Le véritable repos.

Les trois théories étaient plaisantes, pour lui. Même la dernière. Après tout, lorsqu’on plongeait dans un sommeil réparateur, c’était toujours réconfortant. La seule différence, c’est qu’il n’y aura cette fois aucun réveil. Qu’en savait-il, de toute façon, ce n’était qu’une affaire de croyance. Il n’était pas si pressé de découvrir par lui-même ce qui allait arriver « après ».

– On doit se soucier de la vie d’abord, de toute façon. Allez, viens, faut rattraper Maxime avant qu’il ne veuille se baigner ou faire je ne sais quoi encore. Puis on ira se poser au chaud quelque part.
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MessageSujet: Re: Pause hivernale   Pause hivernale EmptySam 13 Juin - 11:06

– J’ai envie d’imaginer que notre esprit survit, puis va plus renaître dans une nouvelle vie, qu’on devienne une nouvelle personne. Que cette autre vie soit un peu moins dure que la précédente. Ou bien qu’on se retrouve dans une sorte de paradis, où on reverra nos proches déjà disparus. Ou bien… Je ne sais pas. Peut-être qu’il n’y a rien, simplement. Qu’on s’éteint comme on s’endort, et voilà, c’est fini. La conscience disparaît et tout le reste avec elle. Le véritable repos.

– Ça… semble pas mal.

Il préférait la deuxième théorie. Imaginer une « vie », au ciel, où on pouvait retrouver les membres de votre famille déjà disparus et passer du temps avec eux. Oui, ça, ça lui plairait beaucoup. Mener une sorte d’existence, paisible cette fois, et oublier tous les tracas de la terre. Finalement, c’était une idée qui donnerait du sens à leur passage sur Terre, car ainsi, ils n’auront pas vécu et souffert pour rien, puisqu’il y avait autre chose, de plus beau, après. Par contre, juste s’éteindre, comme ça, tout simplement… A quoi bon vivre, alors, si ce n’était que pour ça ? Antoine grimaça un peu et se frotta doucement la tempe, puis les yeux. C’était le genre de réflexion qui leur échappait à tous, de toute manière… La vie, la mort, ce qu’il y avait ou pas derrière, pourquoi ils y étaient nés… Qui pourrait vraiment à ça, sur cette planète ? Les croyances et les religions, c’était une chose, la réalité, s’en était une autre. La guerre lui avait perdre la Foi en un Dieu quelconque. Tout ce qu’il croyait, aujourd’hui, c’est qu’ils vivaient tous dans un monde d’une violence extrême et qu’ils devaient faire en sorte d’y survivre le plus longtemps possible, avant d’être fauchés, peu importe leur âge.

– On doit se soucier de la vie d’abord, de toute façon. Allez, viens, faut rattraper Maxime avant qu’il ne veuille se baigner ou faire je ne sais quoi encore. Puis on ira se poser au chaud quelque part.

Ouais, il avait raison. La vie, d’abord la vie, et pour la suite, ils verront chacun personnellement ce qu’il en sera ! Ce n’est pas comme si qui que ce soit pouvait revenir pour le leur raconter, quoi qu’en clame certaines religions. Ils appelèrent leur ami, effectivement déjà tout près à vouloir plonger dans la mer agitée tout habillé s’il le fallait, puis ils quittèrent la plage en discutant de sujets plus légers. Antoine n’oubliait pas ses angoisses ni ses interrogations, cependant, il essayait de ne pas trop sy focaliser. Son meilleur ami avait bien raison, ils devaient vivre. Et puis, la peur de la mort était assez forte pour vous pousser à lutter, quoi qu’il arrive, c’était un instinct presque animal, très difficile à repousser. Ils se baladèrent un petit moment dans le village, avant d’entrer dans un café peu rempli à cette heure. Le patron les salua d’un joyeux « Salut les jeunes ! », puis leur demanda ce qu’ils prenaient. Antoine commanda un thé, très chaud si possible, Maxime prit du chocolat. Ils s’assirent à une petite table du fond. D’autres clients buvaient, discutaient ou jouaient aux cartes, sans leur prêter la moindre attention.

Mais la réalité n’était jamais très loin… A leur table, un exemplaire du dernier journal traînait encore dans un coin. La couverture mettait en avant Bradley, impeccable dans son uniforme, une photo sans doute prise lors d’une quelconque réunion. Avec, en titre, l’homme à abattre. Antoine feuilleta un peu le journal, la peine et l’écœurement lui soulevant l’estomac, en voyant dans les premières pages l’article consacré au Salvador. Le monde courrait de plus en plus dans une escalade de la violence ! Pareil en Allemagne… Puis en Espagne, le pays était lui aussi plongé au cœur d’une très violente guerre civile. La guerre, la guerre partout, sur chaque continent… La Chine aussi l’était, contre le Japon. C’était peut-être plus lointain, comme le Salvador, mais le constat restait le même. Une violence abjecte qui s’exprimait sans aucune retenue, la claque froide et cruelle de la réalité. Antoine lisait ces articles lorsque le tenancier leur apporta leurs commandes. Ils lui payèrent directement, puis l’homme repartit s’occuper d’autres clients. L’article suivant parlait du QG détruit, puis de quelques figures de la Résistance tuées durant l’assaut.

Voir le lieutenant Maltais dans la rubrique nécrologique le peinait autant que pour les autres, mieux connus. Cet homme avait pris le temps de leur parler, à tous, de leur expliquer ce qu’était vraiment l’horreur de la guerre, ce qu’était la réalité. Ils l’avaient vu à plusieurs reprises aux côtés de Bradley, dans l’ancien QG, et selon ce qu’ils avaient entendu depuis, cet homme avait été un des premiers tués. Puis venaient ensuite leurs anciens professeurs. Présentés comme des saboteurs, des assassins ou des espions… Il était très difficile de leur associer ces rôles, et pourtant… Comment imaginer ces hommes et ces femmes, qu’ils avaient vu en cours face à eux, leur répéter d’écouter tranquillement la leçon, être ensuite pointés du doigt dans le journal comme des terroristes qui avaient été éliminés ? Dégoûté, Antoine reposa le journal, serrant les mains autour de la grande tasse fumante posée devant lui. Bienvenue dans la vraie vie, les enfants, comme on dit.

– Et pour les blessés ? murmura-t-il. Vous en savez plus ? Les autres disent que monsieur de Sora est toujours dans le coma.
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Jasper Nakajima
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MessageSujet: Re: Pause hivernale   Pause hivernale EmptySam 20 Juin - 21:00

Jasper posa sa veste et son écharpe contre la chaise avant de s’asseoir, souffrant beaucoup moins du froid que ses deux camarades. Il avait demandé un thé, lui aussi, comme Antoine, et Maxime un chocolat. Le thé, il avait commencé à en boire après avoir vécu un peu avec sa famille adoptive au Japon – ils en buvaient beaucoup – et trouvait le goût pas mal. Bon, évidemment, ici, ce n’était pas le même genre et il n’était pas aussi bon. Dans le bar, personne ne leur prêtait attention, quoi de plus normal que de voir trois jeunes garçons venir ici se détendre et se réchauffer, avec une journée aussi froide et venteuse, surtout un samedi ? En attendant leurs commandes, Antoine lisait le journal, abandonné sur le coin de la table, Maxime se frottait toujours les mains pour se réchauffer un peu, toujours emmitouflé dans son manteau, et Jasper observait tranquillement les autres clients, ainsi que les passants dans la rue, par la fenêtre un peu plus loin. C’était quand même très calme, comme village, même si la Rochelle et toute son agitation n’était guère loin. Autant en profiter, avant de partir pour des horizons plus sombres.

Le patron revint quelques instants plus tard avec leurs commandes. Ils le payèrent aussitôt, avant qu’il ne reparte s’occuper d’un nouveau client, un habitué selon ce qu’il lança. Jaz marmonna à son meilleur ami d’arrêter de lire ce torchon, aussi. Ce journal-là ne cessait de descendre les élémentaires à chaque nouvelle édition et de propager la propagande de merde du gouvernement ! Il n’y avait rien de bon à garder, là-dedans ! Les rares articles qui ne crachaient pas sur la résistance étaient relégués en fond et vite oubliés. En plus, lire ça pour quoi, se faire plus de peine encore ? Pour le « plaisir » de revoir la rubrique nécrologique ? Pas besoin de ça pour penser à tous ceux qui avaient déjà été tués dans ce conflit… Le colonel Gavin, le frère de leur tante adoptive, monsieur de la Valière, la mère d’Océane, aussi… Ils n’avaient pas besoin que le journal vienne leur cracher encore et encore à la gueule qu’ils perdaient leurs proches un par un dans cette putain de guerre ! Il se retint de prendre ce torchon et le brûler, s’arrêtant juste à temps. D’accord, garder son sang-froid. Mais bon sang…

Penser aux personnes déjà disparues lui procurait un effet bizarre. Il avait de la peine, voulait les pleurer, mais ce n’était pas le sentiment dominant. Ce qui le portait aussi, c’était une profonde colère, alimentée par la pure injustice de ces morts. Il ne savait pas trop s’il était juste indigné ou s’il rêvait de vengeance, au fond… S’il devait être honnête avec lui-même, c’était plutôt ça, une forte envie de vengeance. L’envie de faire souffrir leurs persécuteurs comme eux avaient souffert, lorsque leurs proches leur avaient été arrachés. C’était pour ça qu’il voulait vraiment se battre, parce que ça ne pouvait plus durer, parce qu’ils ne pouvaient pas laisser les choses aller en empirant. La colère le faisait trembler, un feu secret qui couvait en lui, de plus en plus ardent à mesure que les jours défilaient. Il avala difficilement sa salive puis but un peu de thé, sans sucre, le regard sombre.

– Et pour les blessés ? murmura-t-il. Vous en savez plus ? Les autres disent que monsieur de Sora est toujours dans le coma.

– Papa m’a dit qu’il devrait quand même s’en sortir, ses blessures guérissent peu à peu. Mais personne ne sait quand il va se réveiller.

Ni « si » il allait se réveiller. Jasper ne le dit pas, bien sûr, mais ça devait se lire sur sa figure. Pour les autres, il n’avait que peu de nouvelles à donner. Chacun se remettait, plus ou moins vite, et d’autres avaient eux succombé à leurs blessures. Il y avait eu plusieurs crémations de corps, discrètement, car on ne pouvait évidemment pas les emmener au cimetière du coin et déclarer à la mairie « On va enterrer telle personne en fuite depuis des semaines chez vous, comme ça hein, par pur hasard ». Les corps avaient dû être brûlés. Il se concentra sur son thé, après un très bref regard jeté au journal. Bradley, hein… Jaz l’avait croisé une fois ou deux, avant son départ. Dur de savoir si toute cette publicité l’agaçait ou simplement s’il était stressé. Il ne montrait strictement rien, en public. Enfin bref… Il orienta la conversation sur des sujets plus légers, histoire qu’ils ne se plombent pas le moral comme ça. La guerre, les combats, les morts, ils allaient avoir le temps d’y penser et bien plus encore, dans les jours et les semaines à venir.
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