Avril 1932. Les soucis mondiaux s'étendent.
 
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 "Si j'étais né en 17..."

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MessageSujet: "Si j'étais né en 17..."   "Si j'étais né en 17..." EmptyDim 19 Avr - 20:31

"Si j'étais né en 17..." Jean-moulin
Jean Moulin, 33 ans, sous-préfet 2ème classe de Châteaulin (Finistère)

Paris était devenue une ville barricadée, sous intense contrôle militaire. Les entrées étaient très minutieusement contrôlées, un effort qui aurait dû être fait bien en amont, selon le jeune homme, mais soit. La tentative d’assassinat ratée était sur toutes les lèvres, bien que personne n’osait ouvertement s’exprimer sur le sujet. Debout près de la voiture, le long de la longue file stoppée sur le bas-côté, Jean tendit à son tour ses papiers au gendarme, attendant que les vérifications soient menées. Sur le trottoir, à ses côtés, Monsieur Cot profitait de cette pause dans leur trajet pour allumer une cigarette, observant les vas et vient, ainsi que la légère cohue engendrée par les postes de contrôle, aux portes de la ville. De son côté, Jean ne disait trop rien, patientant et observant, attentif à tout ce qu’il pouvait voir et entendre. De Nouveau, la chape pesante se la guerre recouvrait leur pays.

Le gendarme vint finalement leur rendre leurs papiers et ils purent passer. En remontant dans la voiture, le politicien repéra un très bref mouvement, un peu plus loin entre deux voitures, un visage familier, qui disparu presque aussi vite qu’il était venu. Et qui lui laissa une curieuse impression. Il claqua la portière, leur chauffeur redémarrant et se faufilant dans le capharnaüm, pour enfin entrer dans Paris. Assis à côté de lui à l’arrière, monsieur Cot continuait de fumer sa cigarette, tapotant les cendres à l’extérieur par la fenêtre. Ce dernier l’avait approché il y a quelques temps pour lui faire intégrer son cabinet et son équipe, et depuis lors, des discussions étaient en cours. Mais les événements ayant bousculé la France depuis novembre 1930 avaient fourni bien d’autres occupations.

Jean restait silencieux, durant le trajet, fortement ralenti par les très nombreux barrages et contrôle de la police, soutenue par la gendarmerie, parfois par les forces de l’armée suivant les points de passage de la ville. Tout ça ne lui plaisait pas… Leur parti, désormais au pouvoir, avait pris un virage plus extrémiste que jamais… Il réprouvait la façon dont le nouveau Président s’était imposé, tout comme il n’acceptait pas les multiples dérives sécuritaires qui avaient suivies et qui n’étaient en rien conformes à l’esprit du parti. Il détestait la main-mise sur la liberté de la presse, le contrôle des mouvements et la sécurité, tout ce qui bafouait les valeurs profondes de leur République. Il haïssait cette descente progressive aux enfers et refusait ce qu’était en train de devenir la Troisième République, soit une dictature pure et dure.

Il lança un bref regard de biais vers monsieur Cot, qui lui regardait pensivement par la fenêtre, puis le reporta lui-même sur les extérieurs. Une telle ambiance de guerre n’avait pas gagné Paris même durant la Grande Guerre. Mais la capitale n’avait pas été touchée de cette façon durant la Grande Guerre. Tout d’abord au mois de décembre 1931, puis en février 1932. Même si les résistants avaient raté leur coup, pour ce mois-ci, leurs actions avaient eu de très grands échos. Ils avaient gagné, en partie, ce qu’ils voulaient, ils avaient montré que la rébellion n’était pas morte et qu’une partie de la population était prête à se battre, et mourir, pour le retour de la République. Un combat que soutenait le jeune politicien. Il avait refusé de faire appliquer certaines restrictions sécuritaires dans sa juridiction, cependant, ce n’était pas assez. Ça ne pouvait pas être assez, face à un Parti qui s’était lui-même dévoyé.

Ils arrivèrent enfin à destination, et là encore, la sécurité plus que renforcée leur fit perdre bien du temps. Contrôles d’identité, fouilles, rapides interrogatoires, et de nouveaux contrôles encore, cette fois entièrement réalisés par l’armée. Une fois à l’intérieur, cependant, la pression se relâcha en partie. Les hommes du parti et les partisans se retrouvaient et se saluaient. Au fil des conversations, Jean saisit assez vite l’ambiance globale. Les hommes étaient très mitigés, si on peut dire, entre ceux approuvant la nouvelle direction prise par le Président et ceux qui la réprouvaient et tenaient à ce qu’on en revienne à ce qui avait fait fait la force des Radicaux par le passé. Jean ne disait bien sûr pas clairement son propre avis mais il n’en pensait pas moins. L’alliance honteuse, acceptée par la France avec l’Allemagne, était tout simplement intolérable. Et si encore ce n’était que le seul problème de leur pays.

Très bien, ça va bientôt commencer. Venez.

Au milieu de cette petite foule, le jeune homme se sentait presque en sécurité, bien que ça puisse être stupide à dire. Lorsque personne ne vous prêtait la moindre attention, il devenait facile d’écouter très attentivement et détailler les réactions des uns et des autres. Le bain politique n’était fait que de ça. Il alla prendre place à un endroit d’où il pourrait facilement observer tout un chacun, tout en restant lui-même discret.
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MessageSujet: Re: "Si j'étais né en 17..."   "Si j'étais né en 17..." EmptyLun 20 Avr - 12:02

Les nouvelles étaient plutôt… rassurantes ? L’Allemagne ne s’était pas vexée de ce qui s’était produit à l’ambassade, contrairement à ce qu’il s’était attendu, il trouvait ça extrêmement curieux… Pourquoi une telle réaction, alors que le choix de cette petite soirée pour la nouvelle alliance était tout sauf anodin ? Même un aveugle aurait bien vu que le président, s‘il était la cible principale, n’était évidemment pas la seule ! Le lieu choisi, la fête, les circonstances, les invités présents, absolument rien de tout cela n’était neutre… ! Que se tramait-il ? A quoi songeait l’Allemagne ? Pourquoi n’avoir pas rompu aussitôt toutes relations diplomatiques ? A quoi pensait le gouvernement ? N’était-ce pas là le calme avant la tempête ? Le jeune homme serra les dents, accélérant le pas, ses dossiers sous le bras, pour ne pas arriver en retard.

Même si la tentative d’assassinat elle-même était échouée, le coup était réussi. La capitale était en effervescence et cette action allait provoquer de gros bouleversements. Peut-être pas ceux que les rebelles attendaient, en revanche. Ils avaient tenté un coup très osé, mais cela allait-il jouer en leur faveur ? Peu à peu, la salle de conférence se remplissait de costumes cravates, une très large majorité d’hommes, pour une très faible poignée de femmes, selon ce qu’il avisait. Il salua des têtes connues, des amis ou de simples connaissances, navigant dans la salle presque à vue, alors que chacun arrivait. Des tablettes de travail étaient disposées devant chacun des sièges, l’hémicycle permettait à tous de voir le Président et ses ministres, au centre, légèrement en contrebas. Une réunion de crise, pour une situation qui ne l’était pas moins.

Cette tentative, dans un endroit si sécurisé et lors d’une soirée si importante, était un véritable doigt d’honneur adressé par la rébellion au gouvernement, plus encore après l’attaque violente contre leur quartier général. Quelle plus belle manière auraient-ils pu trouver pour clamer « Nous sommes toujours en vie, toujours sur le terrain, toujours dans votre ombre, prêts à vous abattre » ? En allant prendre place à son tour, Edouard repéra un visage connu, monsieur Moulin, qu’il avait espéré apercevoir ici, et s’avança pour le saluer, d’une franche poignée de main. Il serra aussi la main de celui qui l’accompagnait, visiblement, monsieur Pierre Cot. Il s’assit à son tour, posant ses documents sur la tablette, sans rien dire pour le moment. Il ne pouvait, de toute manière, pas discuter ouvertement dans ce lieu, au mieux pouvait-il utiliser le code.

Lorsque le Président prit la parole, le silence fut lui aussi assez mitigé. L’attaque contre l’ambassade, ratée ou non, était un affront pur et simple. Le président ne put même pas parler bien longtemps, avant qu’une partie de l’hémicycle ne réclame à grands cris un retour en arrière, vers les véritables valeurs du parti, et que l’autre réclame, au contraire, plus de sécurité et d’ordre encore. Quel beau spectacle, ces hommes, censés représenter l’élite de la nation, se chamaillaient comme des enfants, chacun défendant sa position et n’ouvrant aucun débat. Un spectacle désolant mais habituel, que ce soit dans les salles de réunions, celles du Parlement ou il ne savait où encore. Le calme fut ramené avec peine par le maître de cérémonie, puis Leblanc reprit la parole. Edouard, en retrait dans son petite fauteuil, profita de l’absence de voisin à sa droite pour un bref murmure, vers Moulin. Il avait repéré, dans la salle, quelque chose qui ne lui plaisait pas du tout…

– J’espère me tromper… N’est-ce pas Reinhard Heydrich que je vois là-bas ? Avec l’amiral Wilhelm Canaris ?
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MessageSujet: Re: "Si j'étais né en 17..."   "Si j'étais né en 17..." EmptyVen 24 Avr - 11:56

"Si j'étais né en 17..." Jean-moulin
Jean Moulin, 33 ans, sous-préfet 2ème classe de Châteaulin (Finistère)

Un petit mouvement sur le côté lui fit retourner la tête et il avisa un autre visage connu, s’approcher et leur tendre la main. Jean la lui serra avec vigueur et un petit sourire, avant qu’il ne s’assoit, puis reporta son attention sur la tribune présidentielle. Très vite, comme on s’y était attendu, les deux camps en présence commencèrent à s’invectiver. Sur le fond, malgré le chaos qui en résultait, les deux camps avaient des arguments recevables, bien qu’il réprouve fortement l’un d’eux. Cette fois, pourtant, le calme fut très vite ramené, et l’ordre imposé, afin que le Président puisse de nouveau prendre la parole et ce sans être interrompu constamment. Il commença par parler de la soirée à l’ambassade, rappelant son importance, ainsi que sa symbolique, et ses circonstances. Le ton fort, fier, sûr de lui, signe d’un bon orateur, comme bien des hommes politiques actuels… Malheureusement, pour certains.

J’espère me tromper… N’est-ce pas Reinhard Heydrich que je vois là-bas ? Avec l’amiral Wilhelm Canaris ?

C’était lui, en effet… Jean hocha doucement la tête, en réponse au murmure, sans bouger plus que cela. Il les avait remarqué toute à l’heure, notant avec leur présence un signe supplémentaire que la situation était, officieusement, bien plus grave que ce qui était laissé entendre. Le Président jouait un jeu dangereux, son alliance avec l’Allemagne était déjà plus profonde qu’il n’y paraissait. Et donc son alliance avec le parti Nazi, plus spécifiquement, devenu une puissance politique désormais incontournable en Allemagne, principalement depuis la création du Front de Harzburg, union des partis politiques de droite, un jeu parfait pour le parti Nazi. Pire encore, il se murmurait que le chef de leur parti allait se présenter aux élections présidentielles, de mai 1932. Aux yeux de Jean, il avait des chances de l’emporter, et même en cas d’échec, de toujours représenter une menace tout à fait sérieuse. L’actuel président était bien âgé… Et son chancelier était affaibli sur le plan politique.

Son regard se reporta de nouveau sur le duo allemand, et sur ceux proches d’eux, impeccables dans leurs uniformes et semblant tout à fait à l’aise, à leur place, au sein d’une institution Française de premier plan. Placés comme des invités d’honneur, près de la tribune, afin de bien signifier à tous que cette alliance contre-nature tenait toujours… Pour combien de temps encore ? Leblanc avait beau être un extrémiste, un homme dangereux, avide de pouvoir, prêt à écraser ses opposants sans le moindre scrupule, il n’était pourtant pas si simple à manipuler. Ou à dire amen à tout, dans une telle coopération. Il était un politicien acharné et ambitieux, avec ses propres plans, signant avec le diable un jour si cela pouvait l’aider, mais qui n’hésitera pas à lui planter un poignard dans le dos dès qu’il ne lui sera plus utile. Il n’était pas faible, ni un vulgaire pantin aux mains d’autres puissants.

Tout le problème était là, d’autant plus pour la Résistance. Il était facile de tourner en ridicule et de faire haïr un homme faible, manipulable, ou simple marionnette, mais il n’était pas facile de lutter contre un requin de l’acabit de Leblanc. Si l’Allemagne souhaitait, un jour, avoir face à elle un interlocuteur plus à leur goût, il leur faudra se débarrasser de Leblanc et faire en sorte qu’un autre, plus à leur botte, soit à la tête du pays. Et Jean doutait que ça puisse arranger les affaires de la Résistance. Il observa, durant un moment, le chef de la police politique française, Morcet, installé non loin des nazis, qui gardait le regard rivé sur le Président. Des requins politiques entourés par des loups, prêts à sauter crocs en avant sur toutes les proies qu’il sera possible de désigner. La démocratie était bel et bien décédée à son tour, en France.

Morcet, murmura-t-il bas, profitant du réengagement des débats pour ne pas se faire entendre. Le chef de la DNS. Que savez-vous de lui ?
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MessageSujet: Re: "Si j'étais né en 17..."   "Si j'étais né en 17..." EmptyJeu 30 Avr - 9:30

Des membres du parti Nazi lors d’une réunion politique en France, avec un gouvernement tout aussi extrémiste que pouvaient le devenir, ou l’être, leurs voisins à l’Est, formidable. Quelle autre plus belle manière que démontrer cette alliance contre-nature et improbable, qui ne durera probablement pas, et dont tout le monde se demandait comment elle finira. Par un nouvel homme au pouvoir, cette fois d’extrême-droite, ou bien par la guerre, purement et simplement ? Inquiet, il écouta Leblanc terminer de parler de la crise à l’ambassade et de ce qui avait été appris sur l’assaillant. Un élémentaire, visiblement, qui maîtrisait le feu. Le garçon, un jeune homme, avait pu s’enfuir, blessé mais vivant, le ventre d’Edouard se dénoua un peu, sous l’effet du soulagement, en entendant ça. Dans ces circonstances, mieux valait ne pas être pris vivant, quoi qu’il arrive…

Des membres de la rébellion qui se suicidaient plutôt qu’être pris en vie, il y en avait déjà eu plusieurs. Le gouvernement mettait ça sur le compte de la lâcheté, pour l’opinion publique, bien entendu. Les rebelles, de leur côté, n’étaient pas fous, ils savaient de quoi la police politique était capable et très alertés que la mort valait mieux que des jours, des semaines, de torture pour vous faire cracher ce que vous saviez. Edouard n’avait aucun doute sur le fait que ce jeune homme, ce terroriste comme décrit par les hommes ici, avait dû avoir sur lui un moyen ou un autre de mettre fin à ses jours, quitte à devoir se tirer lui-même une balle dans la tête. Sa prestation à l’ambassade n’avait pas fait dans la dentelle, alors que des dizaines de civils étaient présents, ce n’était pas ça qui allait pousser la population à plus apprécier la Résistance ! Bien au contraire, ils venaient, avec ça, de ruiner eux-mêmes encore plus de leur réputation et les soutiens éventuels.

Certains comprendront qu’on ne fait pas d’omelettes sans casser les œufs, d’autres verront simplement que ce jeune homme avait pris le risque de brûler vif des innocents pour espérer tuer un seul homme. Les civils présents à cette soirée n’avaient pas demander à mourir pour la cause, qui osera leur reprocher d’être en colère, si on les avait passé par pertes et profits, sacrifier leurs vies pour la Cause, sans qu’ils n’aient rien à y dire ? C’était les déposséder de leurs existences pour une Cause à laquelle ils ne cautionnaient peut-être pas, leur colère sera plus que légitime. C’était d’ailleurs ce sujet, qui revint sur le tapis, un des survivants de l’incendie, et haut responsable du parti, avait pris la parole à son tour pour dénoncer ce fait et raviver la colère, dans la salle, contre les élémentaires. Et donc, derrière, inciter bien sûr à accepter diverses mesures supplémentaires et coercitives.

Un nouveau débat, celui-ci plus cadré cependant, s’engagea pour les premières mesures évoquées, plus d’agitation dans l’hémicycle s’ensuivit. Edouard prenait des notes sans faire mine de participer, en tout cas pour le moment, ce n’était de toute façon pas sa place. La résistance aurait envoyé une personne « normale » pour cet attentat, le gouvernement en aurait profité pour s’enfoncer plus loin encore dans sa police politique et couper les droits humains les plus élémentaires. Mais ils avaient envoyé un élémentaire, ça les envoyait directement sur un autre chantier, qui semblait bien plus dangereux au jeune homme. Car là, l’État se permettait des mesures bien plus sauvages, comme on traite des animaux ayant la rage, les possesseurs de dons n’étaient même plus considérés comme des hommes et des femmes. Juste comme des bêtes. Et encore, les chiens étaient beaucoup mieux traités.

– Morcet. Le chef de la DNS. Que savez-vous de lui ?

– Je n’ai pu obtenir que peu d’informations, murmura-t-il à son tour. Il fait partie depuis longtemps des services de renseignement, selon ce que j’ai pu trouver. Un homme très ambitieux, ça, c’est certain. Il a longtemps travaillé à l’étranger, avant de revenir en France, on sait qu’il est l’instigateur principal de la création de la DNS. Il en a donné les premières bases, puis a conseillé Leblanc sur les méthodes à adopter. C’est aussi lui qui a mis en place les camps de « rééducation politique ». Pour les élémentaires et les prisonniers politiques.

Et leurs familles, dans certains cas… Quelle horreur… Un long frisson avait secoué brusquement Edouard, puis ce frisson se transforma en stupeur pure et simple, lorsqu’il entendit la proposition suivante. Ces camps, ces fameux camps, il était proposé d’en faire des plus grands et communs aux trois pays actuellement férocement engagés dans ce même combat. L’Allemagne, la France et l’Italie. Son sang se glaça, littéralement, il avait le sentiment qu’on le remplissait d’eau gelée et il se pétrifia, toute couleur disparaissant de son visage. Ils ne pouvaient pas être… sérieux ? C’était quoi, la prochaine étape ?! Après les camps de rééducation, ils allaient faire des camps d’extermination, purement et simplement ? On gagnerait du temps ! L’idée était si cruelle et sauvage qu’il regretta, en revanche, instantanément d’y avoir pensé. Ces hommes lui donnaient la nausée.

Et pourtant, il était encore loin d’avoir tout entendu… Le gouvernement de Leblanc ne s’en cachait même pas plus, ni l’Allemagne, l’idée était bel et bien non seulement de « rééduquer » les masses mais aussi d’enfin accélérer la recherche, pour trouver un moyen de brider leurs pouvoirs, les étouffer, voire les faire disparaître lorsque c’était possible. Et ce, cette fois, avec bien plus de moyens que ne pouvaient le faire un seul pays, chacun dans son coin. Il était complètement écœuré, même s’il s’était pourtant attendu, il a quelques semaines, à ce qu’une telle décision puisse être prise. Tête baissée sur ses notes, il utilisa un des codes de la Résistance pour proposer un rendez-vous à Jean, plus tard, pour faire un point, puis put un moment plus tard lui donner la feuille, tranquillement.
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MessageSujet: Re: "Si j'étais né en 17..."   "Si j'étais né en 17..." EmptyJeu 7 Mai - 14:59

"Si j'étais né en 17..." Jean-moulin
Jean Moulin, 33 ans, sous-préfet 2ème classe de Châteaulin (Finistère)

Je n’ai pu obtenir que peu d’informations, murmura-t-il à son tour. Il fait partie depuis longtemps des services de renseignement, selon ce que j’ai pu trouver. Un homme très ambitieux, ça, c’est certain. Il a longtemps travaillé à l’étranger, avant de revenir en France, on sait qu’il est l’instigateur principal de la création de la DNS. Il en a donné les premières bases, puis a conseillé Leblanc sur les méthodes à adopter. C’est aussi lui qui a mis en place les camps de « rééducation politique ». Pour les élémentaires et les prisonniers politiques.

Très bien… Jean hocha doucement la tête, gardant le regard sur la tribune présidentielle. Le ministre des armées avait pris la parole à son tour, se tenant très droit et très formel face à tous, puis il commença à parler. Un très lourd silence tomba sur l’amphithéâtre, tandis que les mesures étaient détaillées, une à une, ainsi que leurs circonstances, leurs moyen, leur future mise en place et bien sûr leurs objectifs. La tension avait augmentée encore d’un cran, on lisait sur le visage de beaucoup la satisfaction d’en arriver là, alors que d’autres ne parvenaient pas à camoufler leur effarement. Un flot de murmures s’éleva un peu, avant qu’un brusque rappel à l’ordre ne soit fait, puis le ministre poursuivit sa présentation. Lui-même commençait à se sentir assez mal, il refusait d’y croire, ou plutôt, refusait d’accepter que ça puisse arriver dans leurs pays. La France était-elle tombée aussi bas que l’Italie ? Comme tombait l’Allemagne ?

Des pays si riches d’Histoire, de valeurs et de fortes traditions, plongeant ainsi chaque jour plus profondément dans le totalitarisme, le nationalisme, le rejet de tout ce qui ne rentrait pas dans le cadre établi, et donc la plus extrême des violences… C’était à peine inimaginable. A peine croyable. Et pourtant. Tous ces hommes, si fiers face à eux avec leurs beaux costumes et leurs grandes idées, étaient si convaincus d’avoir raison et de suivre la meilleure voie possible qu’ils ne voyaient même plus les dérives extrêmes de leur système. Si Jean parvenait à peu près à cacher son choc, il ne supportait pas mieux pour autant d’entendre tout cela. Après les réformes de l’éducation, devant reconditionner leurs chères petites têtes blondes pour qu’elles ne s’opposent jamais au pouvoir en place, on en arrivait à la rééducation massive des adultes, par la force et la violence. A l’exécution de certains opposants sans plus se cacher, comme ça pouvait être le cas auparavant.

Le ton donné était clair, ce qui était différent et contraire à l’ordre dicté devait être étouffé et contrôlé. Puis, lorsque ce sera possible, ce devra être exterminé. Ils en étaient là. Un moment plus tard, son confrère lui fit glisser une note d’informations, en apparence anodine et portant sur la réunion, mais comportant un de leurs codes, pour l’inviter à se rencontrer, plus tard. Le sous-préfet lui adressa un bref regard comme confirmation, sans un mot de plus. L’amiral Canaris avait rejoint leur ministre des armés, pour parler de leur projet de camps communs, avec l’Italie dans cette nouvelle triade. Des camps placés dans des endroits secrets, bien entendu, tout juste était-il laissé entendre qu’il y en aura dans chaque pays… Si on pouvait, bien sûr, avoir confiance en une simple parole.

Il n’y eut même pas de débat, encore moins de vote, sur ce sujet. C’était déjà acté, les chantiers lancés, et ils n’avaient eu cette prise de parole que pour simple information, rien de plus. S’il fallait encore une preuve supplémentaire que la démocratie avait rendu l’âme, dans leur patrie, en voilà une magnifique de plus. La propagande se chargera du reste. Le Président Leblanc reprit le flambeau une nouvelle fois, nommant les responsables, au niveau Français, du projet, puis annonçant les infrastructures qui seront construites pour supporter le projet. Cinq nouvelle lignes de train, entre autres, allaient être mises en chantier, chacune longe de quelques centaines de kilomètres. De tels travaux ne se faisaient pas du jour au lendemain, il faudra plusieurs mois, voire même une année, pour terminer les lignes. D’ici là, le transport devra continuer à se faire par camion ou avec d’anciennes lignes, plus malcommodes, et ne desservant pas toutes les régions.

Les trains, et autres infrastructures nécessaires dans la suite des opérations, allaient se développer en plusieurs mois… La Résistance pouvait, de son côté, saboter les lignes et les voies de transport, détourner ou détruire les ressources nécessaires, mener sa propagande pour empêcher des ouvriers d’accepter des emplois sur ce projet, et encore autre chose. Puisque l’État voulait la guerre… Il retint un soupir, continuant de prendre quelques notes, comme ses confrères et rares consœurs présents ici. Ils ne pourront pas empêcher réellement les camps de se construire en ignorant leurs emplacements, mais des chantiers de routes et voies de chemin de fer, ça ne se cachait pas. Cependant, un autre gros problème allait se soulever. Leurs propres moyens. Les troupes. Les résistants étaient certes nombreux, amis aussi dispersés. Il y avait trop de réseaux, trop de cellules, qui ne collaboraient pas et ne communiquaient pas entre elles…

Le gouvernement progressait vite dans ses projets et ses alliances, aussi malsaines et très instables soient-elles. Les rebelles du pays étaient, à ce niveau, encore très loin derrière. Complètement semés. Or, sans union, ils ne tiendront pas. Il se nota mentalement d’en parler avec Edouard, un peu plus tard. Les leaders des différents réseaux rebelles devaient se rencontrer, coûte que coûte, avant de s’allier. Solidement. Il en allait de l’avenir de leurs pays et de l’Europe.
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Edouard Payet
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Edouard Payet
MessageSujet: Re: "Si j'étais né en 17..."   "Si j'étais né en 17..." EmptyVen 22 Mai - 9:30

Cette réunion lui portait sur les nerfs mais il ne devait pas trop le montrer, sous peine d’avoir plus tard de plus graves ennuis encore. Peut-être qu’en se disant, simplement, que leur État pourra toujours faire pire, la pilule passera mieux… ? Durant un instant, il ferma les yeux, essayant presque de se laisser bercer par toutes ces voix, en se répétant de ne pas s’en faire, que même si le pays s’enfonçait de façon plus noire encore dans le totalitarisme, la paix et la démocratie reviendront, quoi qu’ils arrivent… Même s’ils devaient pour cela s’enfoncer encore plus dans la voie de la guerre et des combats, même s’ils devaient y perdre leur honneur à leur tour, pour le prix de la liberté. Il avait presque réussi à se renfermer sur ses pensées lorsque le cassant accent Allemand vint briser sa petite bulle fragile de quiétude et réconfort.

L’amiral Allemand, Canaris, était montré à la tribune pour parler des camps en commun avec les trois pays. Ou plutôt, pour annoncer que ces camps se mettaient en œuvre et qu’ils allaient être en état de fonctionnement d’ici quelques semaines. Leblanc enchaîna derrière, pour nommer les responsables, au niveau Français, puis parler des infrastructures. Edouard pinça un peu le nez puis se frotta doucement les yeux, puis les tempes, un soupir au bord des lèvres qu’il n’osait pas relâcher. Des camps d’internement plus grands, mieux protégés, plus « productifs », gérés par trois pays fascistes, totalitaires et haineux envers certaines communautés. Des camps autant destinés à ces communautés haïs qu’aux opposants politiques et à tous ceux qui, d’une manière ou d’une autre, ne seront pas d’accord avec ce qui se passe.

Ils parlaient des infrastructures de soutien, comme les lignes de chemin de fer à construire. En voilà une cible intéressante, pour la résistance… Contrairement aux camps, celles-là ne pourront pas être planquées dans la nature et étaient si sensibles à quelques explosifs… Une cible prioritaire. Pendant que ces projets étaient détaillés, Edouard parvint à faire passer une partie du dégoût et se calmer, se concentrer sur l’essentiel, à savoir quels moyens employer pour contrecarrer tous ces projets. Puis le sujet en amena un autre, des camps plus petits, de la taille d’une grosse prison finalement, déjà en place à la destination unique des élémentaires, cette fois, et qui serviront de modèles pour les plus gros camps communs. Les Allemands avaient, visiblement, également des idées très arrêtées sur ce que devaient être ces camps et leur façon de fonctionner. Pas étonnant, venant d’eux.

Le jeune homme avait toujours cru que l’existence de camps d’enfermement pour les jeunes élémentaires délinquants n’était qu’une odieuse rumeur… Il restait scié d’apprendre que ça n’avait rien d’une rumeur, qu’il y avait bel et bien des prisons spécialisées, hors de tout contrôle si ce n’est celui du Ministère de l’Intérieur ou de celui de l’Armée. A nouveau, son ventre se noua, à tel point qu’il crut un instant être prêt à vomir sur ses dossiers. Du calme, du calme, on se reprendre, tout de suite ! Il inspira discrètement par le nez, les yeux fermés un petit instant, puis se redressa. Un coup d’œil sur le côté lui apprit que même monsieur Cot était troublé, le regard rivé sur la tribune présidentielle avec l’air de celui peinant à croire ce qu’il entendait. Une partie de la salle se trouvait dans le même état, mais d’autres, les plus nombreux, affichaient plutôt des mines satisfaites.

– Lorsqu’on mentionne des jeunes délinquants, ce sont des… jeunes adultes, n’est-ce pas ?

– Ne soyez pas naïf, répliqua monsieur Cot d’un ton plus bas.

Le peu d’espoir lui restant s’envola à jamais sur la base de ces quatre petits mots. Oh bon sang, bon sang, bon sang… La situation était bien plus grave que tout ce qu’il s’était imaginé jusque là…
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MessageSujet: Re: "Si j'étais né en 17..."   "Si j'étais né en 17..." EmptyJeu 4 Juin - 12:11

"Si j'étais né en 17..." Jean-moulin
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Mieux valait partir du principe que tout, dans ce bas monde, pouvait être réalisé de pire manière encore, par des personnes ayant assez d’imagination et de cruauté pour dégrader un peu plus leurs ennemis. Toujours plus. Jean continuait de prendre des notes, le visage neutre, sans plus regarder les orateurs se succédant. S’enfermer dans une sorte de bulle et se dire que, quoi qu’il arrive, ils ne pourront pas anticiper le niveau de cruauté de leurs adversaires, simplement préparer des actions pour contrer leurs plans et empêcher, s’ils le pouvaient, leur réalisation. Il n’avait pas assez d’imagination pour tout anticiper ou deviner quel nouveau moyen terrible sera utilisé. A ses côtés, monsieur Cot peinait désormais, lui aussi, à conserver une expression plus ou moins neutre. La pâleur de son visage était marquante, comme pour d’autres…

Indignation, peur, refus d’y croire d’un côté, acceptation, approbation et impatience de l’autre, les réactions étaient toujours très diverses. Ceci étant, tout sera accepté, ne serait-ce qu’en apparence, à la fin de leur assemblée. Il ne pouvait pas en être autrement, tous ici savaient que plusieurs opposants politiques avaient déjà été arrêtés et déportés. Plus de nouvelles depuis, ou rarement, on les disait en prison, non maltraités, officiellement, et leurs familles se taisaient. Jean serra un plus fort la main sur son crayon, ses jointures blanchissantes, seul signe apparent de la tension qui l’habitait. Prudence… Ne rien dévoiler, plus qu’il ne le fallait, car il y avait bien évidemment des observateurs attentifs, dans cette salle. La police politique était partout et réagissait au moindre signe de sédition.

Lorsqu’on mentionne des jeunes délinquants, ce sont des… jeunes adultes, n’est-ce pas ?

Ne soyez pas naïf, répliqua monsieur Cot d’un ton plus bas.


Cela lui rappelait une histoire, tiens… Un jeune homme, évadé de prison, et qui l’avait littéralement dévastée, détruite le sous le feu et la foudre, tuant de nombreux gardiens et d’autres personnages au passage, déchaînant un pouvoir décrit comme aussi dévastateur que monstrueux. Dur de savoir si cette histoire avait été amplifiée et déformée ou si elle était bel et bien véridique, sur le fond comme la forme, car oui, il existait bien des personnes possédant une puissance terrible. De Lizeux, par exemple, et d’autres. Donc l’affaire concernant cette personne ne l’étonnerait guère, si elle était parfaitement vraie. Il ne se souvenait plus exactement du nom de cet homme, mais le retrouvera vite sur un avis de recherche. L’affaire avait fait un grand écho, un rappel très brutal de la puissance brute de certaines personnes et certains pouvoirs.

Jean ignorait une bonne partie de l’histoire, cependant. Quand cet homme avait-il enfermé, était-il enfant ou adulte ? Qu’avait-il subi dans cette prison ? Dans quelles conditions avait-il été enfermé ? Combien de temps ? Comment s’était-il échappé exactement ? Son pouvoir lui avait-il échappé ou bien l’avait-il déchaîné volontairement, avec autant de force et de rage que possible ? Dans quel état se trouvait-il aujourd’hui ? Quelle haine gardait-il à l’égard des institutions et comment allait-il agir désormais ? Il ne fallait pas se voiler la face… L’État, avec cet homme, avait prouvé être capable de créer un véritable monstre. Ils avaient brisé cet homme et en avait fait… Presque une bête, finalement. Dire cela était terrible, et pourtant, c’était un fait. C’était ainsi qu’on se créait un ennemi mortel, incontrôlable, qui n’avait plus rien à perdre ni plus aucune notion d’humanité. Un homme dangereux pour ses ennemis comme pour son propre camp.

Comme par écho à ses propres pensées, cet homme fut soudain mentionné, comme exemple de ce qu’étaient ces fameux « jeunes délinquants ». Alan Asselin, donc, voilà son nom. Emprisonné à quatorze ans, car considéré comme un grand danger pour ses pairs malgré son âge, puis évadé, des années plus tard, avec une violence des plus extrêmes. Cela voulait donc dire qu’il était resté en prison plus de quinze ans, qu’y avait-il subi… ? L’État avait-il tenu à prouver qu’il était capable de créer un monstre ? Cette affaire, en tout cas, semblait convaincre quasiment toute l’assemblée que ces camps d’internement pour élémentaires délinquants, mêmes très jeunes, étaient indispensables. Sans se demander si ce jeune homme était réellement délinquant avant de terminer en prison. Cette prison avait juste brisé en morceaux un enfant, pour en faire un adulte avide de haine, et tout le monde ici trouvait ça très naturel !

Le sujet passa ensuite sur les mesures plus « larges », les mesures applicables au quotidien, finalement. Jean en profita pour se renfermer légèrement sur lui-même, reprendre ses esprits, dans un premier temps, puis réfléchir à ce que pouvait mener les différents réseaux de résistance.
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MessageSujet: Re: "Si j'étais né en 17..."   "Si j'étais né en 17..." EmptySam 11 Juil - 10:36

– Ne soyez pas naïf, répliqua monsieur Cot d’un ton plus bas.

Il était naïf d’espérer que l’Humanité ne pouvait s’enfoncer plus bas encore ? Peut-être… Edouard baissa un peu la tête à nouveau, le regard plongé sur ses notes et la tablette plutôt que sur la tribune présidentielle, les invités indésirables et tous ceux prenant la parole tour à tour. Le sujet en était venu sur un homme, dont il n’avait jamais entendu parler jusqu’ici, un homme considéré comme un de ces anciens jeunes délinquants, qui s’était évadé depuis. Qu’avait-il bien pu faire, à l’âge de quatorze ans à peine, pour être jeté en prison… ? Et surtout, si son évasion était si récente…. Cela signifiait qu’il était resté emprisonné durant quinze années ? Cette information-là souleva sans doute la même question, chez son confrère, à savoir, qu’avait-il vécu dans cette prison, pour être aujourd’hui considéré comme un tel monstre. Ce n’était en rien un exemple de la nécessité d’enfermer des gosses aussi jeunes ! Juste un exemple de ce qui pouvait se produire lorsqu’un système broyait une personne en miettes, pour ensuite faire d’elle un véritable monstre.

Le ministre en charge de la sécurité annonça les mesures qui allaient être appliquées à compter de la semaine suivante, des mesures déjà testées dans diverses villes-pilotes, qui les appliquaient depuis un mois ou deux, désormais. Ce qui lui rappelait, d’ailleurs, que le maire d’une de ces fameuses villes-pilotes, un proche du gouvernement et qui avait très fervemment travaillé à la création desdites mesures, avait été assassiné dans sa mairie il y a quelques temps. L’histoire avait fait beaucoup de bruit, il était presque curieux que personne ne la rappelle ici. Cette action avait beaucoup secoué la ville, surtout que l’assassin n’avait jamais été retrouvé, et en plus de ça, la révolte avait beaucoup enflé. Le meurtre de cet homme avait beaucoup refroidi les autres soutiens de ce type de mesure, dans le département, résultat, beaucoup étaient devenus plus modérés. Se calmant dans leur propres communes et administrations, par peur de subir le même sort. Le meurtre était une méthode parfaitement barbare, et pourtant, dans le cas présent, cette méthode avait calmé une part des opinions haineuses. La peur, encore et toujours…

Il ne savait plus vraiment quoi en penser. Devait-on vraiment combattre la haine avec la peur et la violence ? Pourquoi la population suivrait un mouvement de résistance utilisant les mêmes méthodes que ceux qu’elle combattait ? Que faire lorsque la diplomatie était complètement écartée ? Quelles actions étaient justifiées, face à la dictature et la le besoin d’extermination, quelles action ne l’étaient pas ? Comment ceux qui avaient tué faisaient-ils pour continuer à se regarder franchement dans une glace, le matin ? Jusqu’où pouvait-on se permettre d’aller, pour freiner l’escalade de haine d’un État ? Fallait-il que certains acceptent de se baigner les mains de sang pour préserver les futures générations ? Ne rien faire n’était-il pas un échec et une honte de plus ? Il aurait préféré ne pas vivre plutôt que d’avoir à se poser pareilles questions… Il aurait voulu ne jamais avoir à vivre dans une telle époque. Pourquoi avaient-ils dû naître dans un pays ravagé par la guerre civile et la haine… Et comment stopper tout cela à jamais ?

Durant tout le temps de la réunion, il ne reprit plus la parole une seule fois, le cœur trop lourd, l’esprit trop bouleversé. Il se laissa presque porter, jusqu’à la fin, jusqu’à ce que tout le monde bouge enfin. Une sorte de petit buffet attendait, derrière, avec de quoi boire et manger un peu. Pour sa part, il prit un chemin moins fréquenté pour s’éloigner de tout ça, et attendre plus loin son confrère. Une fois dehors, à l’arrière du bâtiment, il ne patienta que quelques minutes, avant d’être rejoint par monsieur Moulin. Tous deux partirent ensemble dans les rues tranquilles, de ces quartiers de Paris, avec toujours les patrouilles et barrages. Edouard connaissait un café où ils seront tout à fait tranquilles et loin des oreilles indiscrètes. Il guida son compagnon jusque là, dans un quartier proche, où ils pourront s’installer dans un petit salon privatif, à l’écart de tout espion. Paris regorgeait de ce type de petits endroits, dédaignés par beaucoup car ils ne payaient pas de mine, et pourtant si pratiques. Le patron les accueillit d’un petit sourire, ce n’était pas la première fois que Edouard venait ici.

– Soyez les bienvenus, mes bons sires. Que dois-je vous servir ?

– Un café, bien fort, s’il vous plaît… Et un endroit tranquille où discuter.

Il répondait toujours cette même phrase lorsqu’il sortait d’une réunion tendu. Le maître des lieux avait l’habitude et Edouard n’était pas le seul politicien à agir ainsi, chez lui. Ce petit refuge, peu connu, offrait un cadre sécurisant, dans ce Paris si vif.
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MessageSujet: Re: "Si j'étais né en 17..."   "Si j'étais né en 17..." EmptyMar 14 Juil - 10:21

"Si j'étais né en 17..." Jean-moulin
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La violence appelait la violence et c’est ainsi que tous se retrouvaient plongé dans un cercle vicieux et infernal, qui ne pouvait cesser que par la destruction d’un des deux camps, ou par la destruction mutuelle. Pour quoi, ensuite ? Toute la question était là. L’avenir s’annonçait bien sombre. Pourquoi venir au monde si ce n’était que pour voir de telles époques… En se levant, Jean rangea avec soin dossiers et affaires dans son sac, qu’il remit en bandoulière, puis prit quelques minutes pour parler avec son supérieur, convenir avec lui d’un endroit et d’une heure où se rejoindre, avant de repartir. La majeure partie de l’assemblée se rendait à présent dans une grande salle adjacente, pour le buffet et prendre un verre, discuter, débattre. Sur le chemin, Jean remit son chapeau et son écharpe, puis descendit les larges escaliers, pour ensuite regagner l’extérieur. Payet n’était pas bien loin, tous deux repartirent rapidement dans les rues animées de Paris.

Des rues ordinaires, si ce n’est les nombreuses patrouilles et postes de contrôle, des passants pressés, des camions remplis de marchandises et de lourdes caisses, des vélos zigzaguant entre les véhicules, un air frais, légèrement piquant, des apostrophes vives parfois, entre travailleurs déchargeant sur le trottoirs et personnes à vélo ou en motocyclette. Tout était si normal ! Une journée comme une autre, dans la capitale, si banale, si loin de toutes les horreurs et projets entendus au cours de l’assemblée. Ils avaient comme passé la frontière d’un autre monde, en rejoignant les rues et avenues de Paris. En silence, il suivit le jeune homme, le laissant choisir un endroit où ils seront plus tranquilles, car lui-même était loin de connaître aussi bien Paris que son confrère. Il venait de la Bretagne, pas de la capitale, et ne mettait guère souvent les pieds dans cette ville, peu attirante à ses yeux.

Edouard les emmena, après une petite dizaine de minutes de marche, dans un café à la devanture relativement discrète. A l’intérieur, un décor sobre, en bois, comme dans l’ancien temps, et de rares clients, à cette heure, dont deux déjeunaient, installés ensemble. Le patron les accueillit avec un sourire franc, en s’avançant vers eux. Comme son collègue, Jean demanda un café fort, avant qu’ils ne soient guidés à l’étage, dans un salon très petit mais privatif. Il ne fallut que peu de temps au responsable de l’établissement pour leur apporter leurs commandes. Ils le payèrent aussitôt puis il les laissa, refermant avec soin derrière lui. Le politicien déposa veste et chapeau contre la chaise, puis s’assit, prenant d’abord une ou deux minutes pour savourer le café et manger un des biscuits qu’on leur avait laissé.

Les affaires avancent plus vite que je ne l’avais pensé, finit-il par murmurer. Nos options commencent à être limitées, et je crains que cette alliance avec l’Allemagne et l’Italie ne dure guère dans le temps. Pour le moment, Leblanc peut sans doute faire tenir, mais pour combien de temps ? Il peut se faire écarter, et à ce moment-là, la voie sera libre pour que soit le prochain se fasse complètement manipuler, soit une nouvelle guerre ouverte n’éclate. Le temps nous presse. Nous devons rassembler tous les chefs des réseaux existants, une alliance nationale doit voir le jour.
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MessageSujet: Re: "Si j'étais né en 17..."   "Si j'étais né en 17..." EmptySam 8 Aoû - 17:49

Le jeune homme se détendit quelque peu une fois installé à l’étage. Tandis qu’ils s’asseyaient, le patron revint très vite, portant un plateau avec des tasses fumantes, quelques biscuits et leur note. Il passa rapidement un coup sur la table en bois, avec un chiffon, avant de déposer le contenu de son plateau devant eux. Edouard le remercia, tout en lui donnant quelques pièces pour payer sa part, puis l’homme les laissa entre eux. Dans un premier temps, un petit silence s’installa, confortable après tant de paroles entendues à la réunion et le stress qui en avait résulté. Edouard se sentait… vidé, à vrai dire. Comme si un vampire venait de lui sucer tout son sang. La brûlure âcre du café, en lui descendant dans la gorge, lui arracha et long et pénible frisson, même si cela eut le mérite de le secouer un peu. Il avait même envie de pleurer un peu, ne se retenant que par pure fierté. Se calmer… Il aimerait bien être un enfant, à cet instant précis, juste pour s’entendre dire « Là, là, du calme, tout ira bien, ne pleure pas... ».

– Les affaires avancent plus vite que je ne l’avais pensé, finit-il par murmurer. Nos options commencent à être limitées, et je crains que cette alliance avec l’Allemagne et l’Italie ne dure guère dans le temps. Pour le moment, Leblanc peut sans doute faire tenir, mais pour combien de temps ? Il peut se faire écarter, et à ce moment-là, la voie sera libre pour que soit le prochain se fasse complètement manipuler, soit une nouvelle guerre ouverte n’éclate. Le temps nous presse. Nous devons rassembler tous les chefs des réseaux existants, une alliance nationale doit voir le jour.

Oui… Les différents chefs des réseaux avaient déjà dû envisager cela, ce qu’il murmura du bout des lèvres. Mais eux, avec leurs postes respectifs, pouvaient aussi participer à tout cela et faire accélérer les choses. Ils connaissaient tout les deux beaucoup de monde, du fait de leurs métiers. Et Edouard avaient quelques petites idées en tête… cependant, manquant de confiance en lui, il ne se sentait pas sûr de tout ça… Il prit un petit instant pour boire son café, puis, après un soupir, commença à détailler ce à quoi il songeait. Il connaissait certaines personnes, dans son entourage, au-dessus de tout soupçon, qui pouvaient transmettre rapidement des messages dans leurs circonscriptions, aux chefs de cellules rebelles. Il avait lui-même certains « amis », plus ou moins officieux étant donné les circonstances, qui pouvaient le mettre en relation avec le plus gros groupe de résistance actuel, celui mélangeant les déserteurs et les élémentaires.

Il émit ses craintes, sur une telle alliance, car connaissant la nature humaine, pouvait-on raisonnablement penser que tout cela pouvait fonctionner ? Et avec ça… Enfin, sans vouloir dénigrer de Lizeux, elle n’était pas très appréciée, même parmi les autres cellules rebelles. Disons-le très clairement, elle fichait une trouille noire à un très grand nombre de personnes. Même d’autres résistants la craignaient et pensaient qu’elle était aussi dangereuse que le gouvernement. Accepteront-ils de discuter, dans un premier temps, avec le groupe qu’elle dirigeait ? Si encore Bradley était seul aux commandes… Il parla surtout de ça à son interlocuteur, pensif, tout en remuant doucement la cuillère dans le café noir.

– Trop n’accepteront pas de la rencontrer, à mon humble avis. Elle effraie, c’est un fait incontestable. Bradley inspire le respect elle la peur.

Ce n’était pas dit pour la critiquer une fois de plus, les journaux s’en chargeaient déjà assez bien, mais comment le nier ? Elle-même ne s’en rendait peut-être pas compte mais ses soutiens au sein de la population et des résistants de tout le pays étaient finalement très limités. Ceux de son groupe la suivaient car ils n’avaient pas le choix, le pays étant en guerre, il faut suivre ses chefs et la fermer, pour espérer survivre. Il faut serrer les rangs, coûte que coûte, ne pas laisser transparaître la moindre dissensions sous peine de trop lourdes conséquences. Mais s’ils avaient le choix, justement, beaucoup n’écouteraient que Bradley ou intégreraient directement d’autres groupes.

– Peut-être acceptera-t-elle d’envoyer tout d’abord un émissaire en qui elle a toute confiance. Je suppose qu’elle doit avoir un second, une personne prête à prendre la relève dès la seconde où il lui arrivera quelque chose. Mais qui dirigerait une alliance nationale, si elle voit le jour ?
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MessageSujet: Re: "Si j'étais né en 17..."   "Si j'étais né en 17..." EmptyDim 23 Aoû - 12:08

"Si j'étais né en 17..." Jean-moulin
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Ils l’avaient sûrement déjà envisagé, oui, pour autant, mettre la moindre alliance de cette ampleur en place n’était pas si simple. Il écouta son collègue parler de ce qu’il avait en tête et de quelques idées, en silence, tout en buvant doucement son café. Il avait bien raison, leurs postes respectifs leur permettaient plus de contacts que la moyenne de la population et également plus de facilité à nouer certaines relations. Il faudra néanmoins du temps… Reposant la tasse, il se frotta un peu les yeux, un peu abattu tout à coup, rattrapé par les horreurs entendues durant la réunion et l’angoisse allant avec. Il était vraiment… terrible de se dire que de tels actes pouvaient devenir la norme. La nausée montait, en y pensant, accompagnée par l’envie terrible de s’échapper de cette situation, l’envie brûlante de ne pas vivre ça, de se retrouver n’importe où mais pas ici. Sauf que c’était impossible.

La peur n’évite pas le danger, évidemment… Il ne devait plus exister un seul endroit en France qui soit vraiment sûr, désormais. Ni en Europe… Pas avec toutes les tensions et les révoltes qui éclataient un peu partout, en Europe occidentale. Fallait-il aller à l’autre bout du monde pour trouver la paix ? Même à des milliers de kilomètres d’eux, les guerres existaient et étaient tout aussi violentes et meurtrières. Le Salvador, entre autres… Il soupira un peu, répondant à voix basse à son confrère, gardant une attitude prudente. La prudence, ça, il savait la cultiver et la conserver, elle était le moteur de toute son existence et il estimait que ce n’était que grâce à ça qu’on pouvait traverser toutes les épreuves possibles.Même au milieu d’une guerre civile, comme c’était le cas maintenant, seule la prudence pouvait vous porter au loin. Tout résistant devait avoir ça en tête.

Edouard passa à d’autres craintes, au fil de la conversation, concernant la difficulté de monter une alliance nationale de la résistance alors que bien des personnes craignaient de Lizeux, la chef actuelle des élémentaires. Y compris au sein de ses propres troupes, elle faisait peur et avait un très grand nombre d’ennemis. C’est vrai, oui… Il hocha doucement la tête, toujours silencieux, jouant un peu avec sa cuillère du bout des doigts. C’était délicat… Oui, elle faisait peur, bien sûr, mais dans le même temps, elle inspirait aussi le respect à une bonne partie des élémentaires et beaucoup étaient prêts à la suivre jusque dans la mort. Car elle était une des toutes premières à avoir dressé la tête face au gouvernement et la première à avoir organisé une résistance armée. Elle était à la fois une figure effrayante que bien des personnes voulait abattre et à la fois le visage même de la résistance, actuellement.

Trop n’accepteront pas de la rencontrer, à mon humble avis. Elle effraie, c’est un fait incontestable. Bradley inspire le respect elle la peur.

Peut-être, peut-être pas, c’était très difficile à déterminer. Chacun devait accepter de faire des concessions, dans une telle situation, et surtout, beaucoup savaient déjà qu’on ne peut pas choisir si facilement ses alliés. Dans de telles circonstances, il faut savoir agir avec ce qu’on a. Ils n’avaient pas le choix. Plus personne ne l’avait !

Peut-être acceptera-t-elle d’envoyer tout d’abord un émissaire en qui elle a toute confiance. Je suppose qu’elle doit avoir un second, une personne prête à prendre la relève dès la seconde où il lui arrivera quelque chose. Mais qui dirigerait une alliance nationale, si elle voit le jour ?

Il faut d’abord déterminer qui est prêt, pour chacune des parties, à faire des concessions et à prendre sur soi, pour faire progresser les choses. Il faudra une personne assez neutre, pour diriger une alliance nationale, ou au moins la guider. Les leaders les plus influents actuels continueront d’être suivis. L’urgence, dans un premier temps, est de contacter et rencontrer chacun des chefs de réseaux et d’organiser une rencontre entre tous.


Il reprit sa tasse, pour terminer son café. La chaleur aidait grandement à se reprendre, à se détendre, à repousser peu à peu la nausée grandissante et cette sensation terrible de se retrouver coincé dans un piège.

Entre vous et moi, il faudrait bien que de Lizeux songe plus à se propre sécurité, si vous voulez mon avis. Nous avons pu savoir que même dans propre camp, des menaces de mort ont fusé. C’est très habituel, dans de telles situations…

Il soupira un peu, puis adressa un faible sourire à son collègue, un peu désabusé. Que voulez-vous… Dès que vous vous retrouviez dans une situation de pouvoir ou de force, dans une situation où vous serez remarqué par un grand nombre – ça allait du chef de guerre au simple chanteur connu de variétés – vous aurez forcément sur votre route des personnes qui vous haïront à cause de ce que vous faites ou simplement comme ça, sans raisons. Or, dans le cas de cette femme, la propagande avait déjà beaucoup attisé la haine contre elle et sa famille, il suffirait d’un petit rien pour que la situation ne dérape violemment, à l’occasion d’une mission ou d’une simple rencontre.

A compter d’aujourd’hui, veillez à toujours afficher un patriotisme aveugle et sans failles. Vous avez mal caché vos émotions, durant la séance, et les observateurs ont dû noter tous ceux qui, comme vous, ont mal digéré les annonces du jour. Reprenez-vous et soyez bien plus prudent.Travaillez sur vous-même, c'est une question de vie ou de mort. Compris ?
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MessageSujet: Re: "Si j'étais né en 17..."   "Si j'étais né en 17..." EmptyDim 6 Sep - 9:03

– Il faut d’abord déterminer qui est prêt, pour chacune des parties, à faire des concessions et à prendre sur soi, pour faire progresser les choses. Il faudra une personne assez neutre, pour diriger une alliance nationale, ou au moins la guider. Les leaders les plus influents actuels continueront d’être suivis. L’urgence, dans un premier temps, est de contacter et rencontrer chacun des chefs de réseaux et d’organiser une rencontre entre tous.

Oui, oui, très bien, entendu ! Il hocha la tête, rapidement, s‘étranglant à moitié avec la gorgée de café prise juste au même moment. Très bien, très bien, il avait bien compris. Il grimaça très légèrement à ce que son confrère ajouta, un petit soupir lui échappant. Lui aussi semblait quelque peu désabusé, par ailleurs. Que pouvaient-ils y faire, de toute manière ? Il était presque normal qu’ion ne songe pas assez à sa propre sécurité, avant qu’il ne vous arrive quelque chose de vraiment grave, et lui-même serait mal placé pour faire le moindre reproche à ce sujet à cette femme. Il doutait qu’elle voit l’utilité d’avoir un ou deux gardes du corps, à son humble avis, bien que ça ne lui ferait aucun mal. Ni qu’elle s’inquiète réellement que même au sein de son propre camp, certains songent à la faire assassiner. Ils en étaient arrivés à un tel stade que…

Enfin bon…

Il termina lui aussi sa tasse de café, un peu vite, se brûlant un peu la langue et la gorge au passage, mais le frisson brusque qui en résulta acheva de parfaitement le secouer. C’était bien tout ce dont il avait besoin, pour le moment, après une telle journée ! Il aurait même voulu pouvoir se rouler en boule chez lui, dans un coin, sous une couette, et oublier complètement le reste du monde et ses problèmes ! C’était comme si la vie n’était plus qu’un immense cauchemar et que tout pouvait s’achever très brutalement au moindre pas de travers. Et le pire, là-dedans, c’est qu’ils devaient pourtant bien tous s’habituer à cette pression permanente, s’ils comptaient se sortir de là vivants. Il gardait le regard baissé sur le fond de la tasse, où restait un peu de marc de café, tapotant doucement le doigt contre l’anse, en rythme.

– A compter d’aujourd’hui, veillez à toujours afficher un patriotisme aveugle et sans failles. Vous avez mal caché vos émotions, durant la séance, et les observateurs ont dû noter tous ceux qui, comme vous, ont mal digéré les annonces du jour. Reprenez-vous et soyez bien plus prudent.Travaillez sur vous-même, c'est une question de vie ou de mort. Compris ?

– Compris…

Une part de lui était vexée de se voir ainsi réprimander comme un enfant pris en faute, et une autre part, plus raisonnable, lui soufflait que ce n’était pas le moment de réagir comme un gosse, justement. Il releva la tête, croisant le regard de son interlocuteur, puis répéta d’un ton plus ferme et assuré que oui, il avait compris et qu’il sera prudent, bien entendu. Il prendra sur lui, bien conscient de l’importance vitale des enjeux. La révolte, oui, la stupidité, non. Crier dans la rue que l’on n’est pas d’accord, ça ne servait strictement à rien, dans une dictature, à part peut-être pour attirer l’attention de la police politique sur votre tête et vous faire tuer plus rapidement.

– Comment resterons-nous en contact facilement ? Je ne fais confiance ni aux lettres ni à la radio, pour ma part, tout peut être décrypté si aisément.
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