Avril 1932. Les soucis mondiaux s'étendent.
 
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 Si vis pacem, para bellum

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Edouard Payet
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Edouard Payet
MessageSujet: Si vis pacem, para bellum   Si vis pacem, para bellum EmptyDim 29 Nov - 12:08

On s’habituait à tout, comme disait les anciens… Et pour une fois, Edouard comprenait d’où venait l’affirmation et sentait qu’elle s’appliquait aussi pour lui. Alors qu’il n’y avait jamais cru, il réalisait, ce matin, que lorsque le stress permanent, la peur, l’angoisse, l’inquiétude pour l’avenir et l’adrénaline faisaient partie assez longtemps de votre quotidien, vous parveniez alors à vivre avec comme s’il s’agissait là d’émotions parfaitement ordinaires, dans la vie de tous les jours. Bien sûr, ça n’empêchait pas la prudence, et dans le même temps, il se sentait presque détendu. Associé à ça un travail de bureau tout à fait classique, mêlé à une activité parfaitement illégale… Mmh, autant ne pas trop y penser… Non, mieux valait ne pas trop réfléchir e se contenter d’agir, d’avancer, sinon on ne faisait très vite plus rien, trop paralysé par le stress et la peur. Ce n’était pas à ça qu’il aspirait, il avait décidé de s’engager et tiendra sa parole.

Aujourd’hui, cependant, pas de combat… Ils étaient à l’abri, dans une ferme, à l’écart d’un petit village très tranquille, perdu dans la campagne. Edouard était installé dans une pièce à l’arrière de la maison avec quelques autres membres de la résistance, assis à un bureau de bois un peu usé. Entouré de nombreux documents, de papiers, il procédait à la fabrication de faux papiers pour d’autres résistants. Ces derniers les rejoignaient au compte-goutte, pour valider avec eux la nouvelle identité dont ils avaient besoin, prendre une photo, parfois procéder à quelques « modifications » en amont… Ce qui était plus facile avec les hommes, d’ailleurs, une simple barbe, parfois, changeait complètement une personne. Créer des documents d’identité était un travail très classique, mais en faire des faux, qui devaient paraître authentiques, était très long et compliqué. Assis à côté de lui, sur un coin du gros bureau, Charles fabriquait des tampons artisanaux, sur la base des illustrations officielles que Edouard lui avait fournies.

Il aurait préféré voler directement les tampons officiels, certes, mais sachant que ce trafic se développait, ces derniers étaient maintenant mieux gardés et protégés dans les différentes administrations. Il fallait aussi s’entraîner à recopier avec un très grand soin les signatures officielles, selon chaque département, et à reproduire au millimètre près tous les documents possibles. Le tout de manière artisanale. En tant que fonctionnaire, et donc habitué à tous ces documents, Edouard avait été l’un des premiers appelés pour ce travail. Il devait aussi y « former » des assistants et d’autres résistants, pour étendre le trafic, qui manquait encore cruellement de bras. Tout en travaillant, il se demandait aussi comment ça se déroulait, pour Jean, parti avec d’autres pour cette rencontre entre les chefs des mouvements de résistance… Ils en attendaient tous tant que ça en devenait presque douloureux.

– Attention à l’encre, Charles, glissa-t-il en le regardant faire, en coin. Il ne faut pas que ça bave sur le document, ça ferait aussitôt très amateur.

C’était un coup de main à prendre et il fallait s’entraîner, voilà tout. Ils n’avaient pas le droit à l’erreur. Un document mal réalisé pourrait apporter de très graves ennuis à un résistant sur le terrain, voire le conduire à la mort. Les deux autres résistants installés avec eux stoppèrent leur travail pour regarder à leur tour comment s’y prendre, puis reprirent leur tâche. Ils parlaient de temps en temps, à voix basse, comme dans une église, de tout et de rien. Une façon de rester décontractés, malgré la situation, et de ne pas se laisser complètement dévorer par la tension ambiante. Même si des sujets plus graves se glissaient évidemment dans la conversation… L’un de ceux-là ne lui sortait plus de la tête, depuis quelques jours, et il finit par l’aborder, le cœur très lourd.

– Certains, dans les rangs, affirment que la police politique a mis exprès le feu à une ferme comme celle-ci, pour exécuter toute une famille, près de Paris. En représailles après que le père de famille ait fait sauter une voie de chemin de fer. Vous pensez que c’est vrai ?
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Charles Cardot
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Charles Cardot
MessageSujet: Re: Si vis pacem, para bellum   Si vis pacem, para bellum EmptyLun 7 Déc - 18:42

Certaines semaines n’étaient faites que d’un lourd stress et de combats qui s’enchaînaient, d’autres étaient plus sereines, quoi que dans une vie de clandestinité. Telle était la vie militaire, que lui avait expliqué un déserteur en riant, des périodes d’ennui profond entrecoupées par des périodes d’une très forte agitation et d’une pression tout aussi incroyable. Aucun jour ne se ressemblait. Charles ne se voyait pas comme un militaire… Mais il en était devenu un… Ils étaient devenus des soldats malgré eux. Ce fait, il avait fini par l’intégrer après le choc de la Rochelle. Comme Nicolas le lui avait fait vertement comprendre, ils étaient des soldats, et seule la fin de toute cette histoire leur dire s’ils seront gardés en mémoire comme des héros ou comme de vulgaires terroristes. L’Histoire seule saura les juger. En attendant, ils devaient bien agir et poursuivre leurs vies.

Aujourd’hui, pas de bataille, de trafic d’armes ou quoi que ce soit de très violent. Ils étaient occupés à la conception de faux documents officiels, un travail qui exigeait bien plus de rigueur et de doigté qu’il ne l’avait d’abord supposé. Ils devaient pouvoir reproduire à la perfection la liste des signatures officielles, fabriquer des tampons plus vrai que nature, concevoir des documents parfaitement « authentiques ». Ils étaient quatre, installés à deux gros bureaux, pour ce travail, à l’abri dans cette ferme, à l’écart de tout. Charles fabriquait avec soin des tampons avec du caoutchouc, du bois et des bouts de ficelles, ou plutôt, pour le moment, il s’exerçait à le faire correctement. Ce n’était pas si évident ! Des feuilles, autour de lui, étaient couvertes de dizaines d’essais, donc la plupart ne feraient pas illusion une seule petite seconde. Edouard, près de lui, interrompit tout à coup son mouvement, pour le corriger et donner des conseils, en lui montrant un coup de main à prendre.

"Certains, dans les rangs, affirment que la police politique a mis exprès le feu à une ferme comme celle-ci, pour exécuter toute une famille, près de Paris. En représailles après que le père de famille ait fait sauter une voie de chemin de fer. Vous pensez que c’est vrai ?"

"Bien sûr, que c’est vrai !"

Le ton avait été plus sec et agressif qu’il ne l’avait voulu et il lança aussitôt un « pardon ! », avec un petit soupir. Il avait entendu cette histoire, lui aussi, et s’il y croyait aussitôt, c’est parce que… Parce que… La gorgée très serrée, tout à coup, il interrompit son travail pour respirer un très grand coup et ne pas fondre en larmes, les yeux brûlants. Désolé… Désolé, il y a des horreurs qui ne pouvaient pas passer et celle-ci restera gravée à tout jamais en lui. Comme une tumeur cancéreuse qui resta là, accrochée à son cœur à tout jamais. Il ne voulait pas pleurer, il ne voulait plus pleurer, car ça ne servait à rien, mais il ne pouvait pas oublier. A la moindre évocation d’un acte aussi odieux que celui commis contre cette famille, il ne pouvait que repenser au Jura, au drame auquel il avait survécu, par il ne savait quel miracle. Dans ce pays, certaines vies n’avaient plus aucune valeur, aux yeux de l’État.

"Pourquoi hésiteraient-ils à faucher une famille innocente ? Ils ont déjà envoyé l’armée faucher toute notre communauté, dans le Jura… Des hommes, des femmes, des enfants, des vieillards ! J’ai survécu à ce massacre, j’ai vu tous les corps… Le sang coulant dans la terre et la neige… J’ai entendu les hurlements de terreur avant de perdre conscience, puis tous les corps, tous les corps, partout…"

Il posa une main contre ses yeux, comme si ce geste seul pouvait empêcher les souvenirs de s’imposer dans son esprit. Ou peut-être juste les larmes de couler. L’horreur vécu n’avait jamais été digérée, il la portera jusqu’à sa mort. Baissant la main, il reprit le tampon en tremblant, plus pâle encore qu’un cadavre.

"La propagande peut affirmer ce qu’elle veut, c’est la réalité. Ils sont capables de tout. Du pire."
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Edouard Payet
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Edouard Payet
MessageSujet: Re: Si vis pacem, para bellum   Si vis pacem, para bellum EmptySam 2 Jan - 11:21

– Bien sûr, que c’est vrai !

Le jeune homme avait sursauté à moitié, surpris par la soudaine exclamation rageuse de leur confrère, puis le fixa alors qu’il s’excusait vivement. Avec, visiblement, les larmes aux yeux. Il y eut un grand moment de silence, aucun d’eux trois n’osait plus parler et se contentaient de fixer Charles, comme en attente. Qu’il leur explique pourquoi lui y croyait aussi dur, finalement, ou que… Edouard avait aussi peur, maintenant, de dire autre chose qu’il ne devait vraiment pas et donc de provoquer une autre réaction similaire, de blesser son collègue sans le vouloir ou même leurs deux autres collègues assis avec lui. Puis le jeune homme reprit la parole, lâchant d’un ton douloureux et brûlant qu’il n’y avait aucun doute sur cette histoire puisque l’armée avait déjà exécuté froidement toute une communauté d’élémentaires, dans le Jura, sans se soucier de l’âge de beaucoup de leurs victimes, sans se soucier qu’elles ne pouvaient pas se défendre…

Edouard ignorait qu’il était un survivant de cette communauté, jusqu’à aujourd’hui, et à voir la tête de leurs confrères, c’était leur cas à eux aussi. Son cœur se serra douloureusement et il s’en voulut d’avoir parlé de cette façon, plus tôt, avec tant de légèreté. Toujours en silence, il ne bougea pas, ne prononça pas un seul mot, laissant le silence écrasant s’imposer, une minute ou deux s’écouler encore, avant que Charles ne bouge lentement pour reprendre son travail. Plus pâle encore. Edouard aurait voulu dire quelque chose mais ne savait pas quoi. Quelque chose… Pour le réconforter, exprimer ses condoléances… Il ne trouvait aucun mot convenable et commençait même à douter qu’il en existait, dans de telles circonstances. La question « Comment exprime-t-on son regret sincère face à un survivant d’un génocide ? » faisait partie en tête de liste de celles qu’il aurait préféré ne jamais avoir à se poser, de sa vie toute entière.

– La propagande peut affirmer ce qu’elle veut, c’est la réalité. Ils sont capables de tout. Du pire.

– Oui…

Puisqu’il ne trouvait rien à redire d’autre, le mieux était encore de se taire. Il reprit son travail à son tour, avec une certaine lenteur, et durant tout un moment, plus personne ne parla, se contenta de mener sa tâche avec application. Les minutes s’égrenèrent, avec de rares mots échangés quand cela concernait leurs documents à réaliser. Tout en travaillant, Edouard réfléchissait aux moyens déjà mis en place pour la contre-propagande et à ce que chacun pouvait faire, à sa petite échelle, pour cette lutte. Il était… dur de lutter contre une organisme mis en place depuis déjà plus de dix ans et qui avait eu le temps d’instiller de très nombreuses idées fausses depuis lors. Après tout, manipuler l’opinion publique pour la monter comme une communauté en particulier, c’était une tactique vieille comme le monde et qui fonctionnait toujours à la perfection. Le peuple avait toujours eu besoin d’un ennemi commun, ce n’était pas prêt de s’arrêter.

Sans doute angoissé par trop de silence, Bernard demanda tout à coup si ça les dérangeait qu’il allume la radio, en fond. Vas-y… Edouard haussa les épaules, assez indifférent, qu’il fasse ce qui lui chante, ça n’allait pas les empêcher de travailler. Le petit poste grésilla un bon moment avant qu’il ne trouve la bonne fréquence. Une chanson classique passait, pour l’heure, une chanteuse d’opéra dont il était certain d’avoir déjà entendu quelque part mais sans se rappeler le nom. Ce n’était pas désagréable, ça lui rappelait des souvenirs, datant d’avant la guerre civile, et après la Grande Guerre bien sûr. Duce époque où ils pouvaient se promener dans la rue en plein jour sans prendre le risque de recevoir une balle dans le dos.

– Que sont devenues vos familles ? demanda-t-il tout à coup.
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Charles Cardot
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Charles Cardot
MessageSujet: Re: Si vis pacem, para bellum   Si vis pacem, para bellum EmptyMer 27 Jan - 17:34

La nervosité le faisait trembler, ce n’était pas bon du tout pour son travail… Charles s’obligea à prendre une longue et lente inspiration, même si ça lui en fait presque mal à la gorge, tant il était tendu, puis à la relâcher lentement, comme on lui avait appris à le faire. Ce qui ne lui fit… absolument aucun effet. Il aurait pu tout aussi bien ne rien faire du tout. Il recommença, tandis que tout le monde avait repris sa propre tâche en silence, dans l’espoir vague d’au moins se maîtriser un peu. Toutes ses émotions fusaient en lui en tous sens, il ne contrôlait jamais rien, c’était comme… Comme… Comme si plusieurs grosses vagues venaient le frapper en boucle, il se sentait entraîné dans un immense courant tumultueux, incapable de se débattre ou de remonter seul à la surface. Complètement renversé par son passé, il parvenait tout juste à reprendre parfois par chance une petite bouffée d’air, juste avant d’être de nouveau envoyé valsé dans le fond, sans aucune possibilité d’en réchapper.

Les souvenirs étaient là, les effacer, ce n’était tout simplement pas possible. Regard baissé sur sa tâche, il se crispa un peu, de plus en plus en réalité, pour être honnête, mais heureusement, Bernard se leva soudainement pour aller mettre la radio en marche. Il devait trouver la situation un peu trop pesante, lui aussi, merci. Tout en poursuivant son travail, un peu apaisé par le chant d’opéra qui passait en fond, il pria doucement, pour lui-même, tout en manipulant plaquettes, cartons, tampons artisanal et encre. Bernard en arriva même à chantonner doucement, à voix très basse, les paroles, au rythme lent de la chanteuse à la radio. Edouard travaillait en silence, de son côté, tout comme Julien, même si lui semblait plus détendu. Charles avait bien conscience d’avoir plombé l’ambiance encore plus par sa réaction impulsive, cela dit, il n’aurait rien pu retenir. Il y avait des sujets qu’on ne pouvait pas prendre à la légère.

Heureusement, il lui restait au moins la Foi. Depuis tout petit, depuis ses premiers cours de catéchisme, jamais il n’avait cessé de croire en Dieu et cette Foi était d’autant plus importante aujourd’hui, car il ne lui restait plus que ça. Plus de famille, pas d’amis proches, une cause presque désespérée, une vie de tension et de peur, des combats à ne plus en finir, la clandestinité, la violence, la mort… Il avait besoin de quelque chose qui pouvait contrebalancer. Et au moins, dans la majorité des églises de France, ils pouvaient toujours entrer sans que le prêtre ne saute aussitôt sur son téléphone pour appeler la police ou l’armée, qui était un gros avantage. Quoi qu’avec eux, dont les actes n’étaient pas encore connus du grand public, ça passait bien. Il ne voudrait pas voir le résultat si de Lizeux ou Bradley s’amusaient à rentrer dans une église. Pour peu qu’ils y pensent, ni l’un ni l’autre ne donnaient beaucoup l’air de croire en quoi que ce soit à part la guerre.

– Que sont devenues vos familles ?

Julien marmonna quelque chose d’indéfinissable, puis se tut, après avoir légèrement haussé les épaules, un air bien sombre sur le visage. Très bien, ça, c’était le signal « ne me posez pas ce genre de questions ». Leur autre comparse, visiblement plus détendu sur le sujet, se contenta de répondre d’un ton assez neutre que sa femme et leurs deux filles étaient parties an Angleterre assez tôt, dès les débuts du conflit, et qu’elles vivaient maintenant à quelques kilomètres de Londres, où sa femme travaillait. Il avait la chance de recevoir encore des nouvelles de temps en temps. Ses filles allaient dans une petite école, où elles apprenaient peu à peu à parler Anglais, toutes les trois avaient une vie normale et saine. A en écouter certains, Charles commençait à se demandait jusqu’à quel point les Anglais avaient vraiment compris ce qui se passait dans toute l’Europe. Ils participaient en fournissant des armes, oui ! Mais dans le même temps, ils semblaient si insouciants de tous les problèmes.

– J’ai perdu la mienne de vue il y déjà quelques années, se contenta-t-il de répondre à son tour. J’ignore ce que mes parents ont pu devenir.

Ce qui n’était, dans un sens, pas plus mal comme ça.

– Tiens, toi qui bosse dans la politique, l’administration, tout ça. Je repensais à cette mission, que j’avais faite sur Laon, le mois dernier. Le fichage massif des élémentaires. Savez-vous où tous ces dossiers sont ensuite centralisés ? Une action a-t-elle été déjà menée pour les falsifier ou les détruire ?
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