Avril 1932. Les soucis mondiaux s'étendent.
 
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 Un élève en danger

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Céleste Dumoulin
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Céleste Dumoulin
MessageSujet: Un élève en danger   Un élève en danger EmptyDim 21 Juin - 13:37

C’était le premier jour des examens et Céleste était penchée sur des feuilles, des dossiers et informations qu’elle avait récoltées depuis quelques jours. Ses propres examens étaient déjà prêts et mis sous enveloppe, cachés juste au cas où, et elle était donc tranquille jusqu’à mercredi à ce sujet-là. Aujourd’hui, elle n’avait fait qu’aider pour surveiller l’examen de français avec Estelle mais ce n’était rien d’épuisant, elles pouvaient s’occuper pendant les huit heures d’examen. Sa principale préoccupation, pour l’instant, était le petit Alexis qu’elle avait eu en retenue mercredi passé. Elle relisait encore et encore ce qu’il avait écrit et poussa un soupir. Il fallait faire quelque chose…

Céleste parcourut une nouvelle fois les informations recueillies à propos de sa famille. A la base, c’était seulement pour se rassurer et être sûre de la sécurité de son élève. Il était déprimé, risquait de faire une bêtise pendant les vacances et elle avait voulu avertir les parents. Elle avait demandé leur numéro, disant que c’était urgent et très important, puis avait eu, au bout du fil, une voix douteuse. Lointaine, aux accents irréguliers… Mais non, c’était le bon numéro, elle s’était renseignée. D’ailleurs, lorsque la jeune professeure avait dit à madame Robert que son fils était très fragile psychologiquement, elle avait eu un hoquet et éclaté de rire, ajoutant qu’il était difficile depuis des années et qu’elle s’en fichait, qu’ils avaient renvoyé sa sœur pour être tranquilles et qu’ils n’avaient pas besoin d’un autre enfant dans les pattes.

Il ne lui en fallut pas plus pour dire qu’elle comprenait et voir à quel point la situation était critique. Ce que sa mère avait dit au sujet de cette sœur l’avait perturbée, Céleste avait donc fait des recherches, se disant qu’elle avait sûrement mal compris. Mais non… En grattant un peu à la surface, elle avait découvert qu’Alexis était fils de parents alcooliques, qu’il avait eu un parcours scolaire très laborieux, que sa sœur était à l’orphelinat et son frère en prison. Et lui-même pensait à en finir avec la vie… Céleste porta une main à son front, s’appuyant contre son bureau, enfermée dans son appartement. Elle regardait les photos, les phrases inscrites sur les dossiers, et fut prise d’une soudaine envie de vomir. Qu’elle ne put réprimer longtemps avant de courir vers les toilettes.

Céleste se redressa, avalant un verre d’eau et elle ramassa les feuilles contenant les informations récoltées. Elle devait parler à Cyprien, les autres professeurs n’avaient pas besoin de savoir mais ils ne pouvaient prendre le risque de laisser Alexis seul durant l’été. Rien que l’idée qu’il soit mort à la rentrée… Elle blêmit un peu plus si c’était possible au moment même où elle croisa Eric dans les couloirs du deuxième étage. Il lança un regard par-dessus son épaule sans comprendre, apparemment, pourquoi elle avait réagi comme cela.

Eric – Tu vas bien ?

Céleste – Je… Oui, mais je dois parler à Cyprien. Tu sais où il est ?

Eric – Sûrement avec sa femme, il doit avoir peur qu’elle ne se lève.

Céleste grimaça mais le remercia avant de se diriger vers l’appartement de la directrice et de Cyprien. Bon… Ce n’était pas vraiment prévu, mais elle n’allait sûrement pas être en état pour parler. Il fallait seulement qu’elle parle à Cyprien ! Inutile de rajouter des problèmes à la directrice, elle devait se reposer. Cependant, il restait à peine une semaine avant la fin de l’année, à peine une semaine avant qu’Alexis ne rentre chez lui… Il fallait trouver une solution, agir vite. Frappant à la porte de l’appartement, Céleste s’annonça et entra lorsque Cyprien vint lui ouvrir, lui disant qu’elle devait absolument lui parler. Elle essaya de sourire pour le rassurer, sachant qu’elle devait avoir une tête horrible. Mais tout va bien ! C’était le contrecoup des entraînements, de la fatigue, etc. Rien de plus.

Céleste – Je suis désolée de te déranger maintenant, dit-elle dès qu’il eut refermé la porte, mais c’est important… Je vais bien, je t’assure ! C’est à propos du jeune Alexis Robert, un élève assez discret, mais je suppose que tu vois de qui il s’agit.

Par où commencer ? Céleste posa son regard sur le dossier qu’elle avait dans les bras et le tendit à Cyprien, gardant les yeux dessus pendant qu’il le parcourait, avant de les lever vers son visage.

Céleste – Je l’ai retrouvé blessé au marathon, il s’est entraîné tout seul et l’a caché pendant plusieurs jours. Du coup, je lui ai donné une retenue durant laquelle il a écrit ça… J’ai parlé à ses parents mais, comme tu le vois, ils ne sont pas responsables, sa mère était soûle quand je l’ai appelée. Il me fait confiance, mais j’ai peur de ne pas le retrouver vivant à la rentrée si on le laisse seul durant des mois… Il ne semble pas avoir de famille, en dehors de ses parents, et eux ne prennent pas soin de lui. Donc j’ignore ce que l’on peut faire…

Céleste fit une pause, poussant un soupir, tenant son bras droit, vraiment mal à l’aise ici. Elle espérait que la directrice n’entendait rien, qu’elle dormait. Quiconque mettait les élèves en danger risquait les ennuis et ce n’était un secret pour personne. Mais ici, elle devait se reposer, ils pouvaient sûrement trouver une solution.

Céleste – Pour éviter qu’il ne se blesse encore et lui fournir les moyens de contrôler un peu plus son don, je lui ai imposé deux ou trois jours de cours particuliers. Moins cette semaine, bien sûr, et en fonction de son étude pour ne pas lui faire échouer ses examens, mais… Je ne sais pas quoi faire. Il ne reste qu’une semaine avant qu’il ne se retrouve tout seul… Je me suis dit que tu aurais une idée, que tu trouverais quelque chose à faire, une solution ou… N’importe quoi.
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Anonymous Invité
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MessageSujet: Re: Un élève en danger   Un élève en danger EmptyLun 22 Juin - 9:57

Oh là, petite puce, une carte routière, ce n’est pas bon à manger ! Cyprien vint la lui reprendre de la bouche et lui donna plutôt sa tétine à la place, secouant la tête avec un sourire attendri. Il avait bataillé un long moment pour que sa femme accepte enfin de se rendormir sans se soucier de rien mais voilà, c’était fait ! Assis par terre dans le salon, il notait sur la carte le trajet qu’ils devront prendre pour partir, n’ayant pas envie de perdre trop de temps sur les routes. Il allait faire chaud, Gaby ne serait pas à l’aise en route, vu son état physique. D’autant plus qu’elle était blessée ! Il avait déjà emprunté un fauteuil roulant à la pharmacie, le temps qu’elle se remette. Il ne voulait pas qu’elle force trop. Son crayon de bois en bouche, il regardait les routes qui partaient de Paris, pendant que les jumeaux avaient une grande discussion à coup de babillements et autres petites bruits. Adorable ! Il n’avait qu’à tendre la main pour les toucher, veillant sur eux avec un très grand soin. Il avait hâte qu’ils soient un peu plus grands ! Il rêvait de courir derrière eux pour jouer, leur parler, les voir faire leurs premiers pas.

On frappa tout à coup à la porte et il soupira, reposant son crayon et les cartes hors de portée des enfants. Allons bon, qui pouvait bien venir à cette heure ? Il y avait intérêt à que ce soit important ! Gaby avait le sommeil très léger, un rien la réveillait, et ce n’était pas le moment de la déranger. Il se leva puis referma le parc où jouaient les enfants, remettant vite fait sa chemise en place avant d’aller ouvrir la porte. Il haussa un sourcil en tombant sur Céleste, derrière. Bah, elle ne devait pas surveiller les gamins, aujourd’hui ? S’il y en avait un de malade, elle pouvait l’emmener voir Adrien directement, il y en avait toujours qui faisaient des grosses crises de stress, chaque année. Ils ‘écarta pour la laisser passer, pendant que les enfants portaient de grands yeux étonnés sur l’inconnue qui venait de rentrer chez eux. Pas de soucis, les petits bouts, c’est une amie !

– Je suis désolée de te déranger maintenant, dit-elle dès qu’il eut refermé la porte, mais c’est important… Je vais bien, je t’assure ! C’est à propos du jeune Alexis Robert, un élève assez discret, mais je suppose que tu vois de qui il s’agit.

Qu’elle aille bien, merci, il s’en doutait, et même si elle était malade, c’était Adrien qu’elle devait aller voir, pas lui. Il allait lui dire cela lorsqu’elle avait enchaîné sur Alexis. Qu’est-ce qu’il avait ? Ce n’était pas un élève très agité… Il restait souvent dans son coin, travaillant mais sans plus, comme si aucun cours ne parvenait à l’intéresser. Céleste lui donna tout à coup une chemise cartonnée, qu’il ouvrit pour y jeter un œil. Il parcourut le tout rapidement, jetant un coup d’œil pour s’assurer que sa femme ne s’était pas réveillée et que les jumeaux n’en profitaient pas pour faire des bêtises. Donc, Alexis… Quand avait-il écrit ça ? Ce qu’il racontait n’était pas neuf, d’autres élèves songeaient ainsi, mais Cyprien ne voyait pas comment les rassurer. La plupart d’entre eux étaient tout bonnement retirés du pensionnat par leurs familles. Mais d’après ce qu’ils voyaient, les parents de ce jeune garçon ne comprenaient pas vraiment la situation.

– Je l’ai retrouvé blessé au marathon, il s’est entraîné tout seul et l’a caché pendant plusieurs jours. Du coup, je lui ai donné une retenue durant laquelle il a écrit ça… J’ai parlé à ses parents mais, comme tu le vois, ils ne sont pas responsables, sa mère était soûle quand je l’ai appelée. Il me fait confiance, mais j’ai peur de ne pas le retrouver vivant à la rentrée si on le laisse seul durant des mois… Il ne semble pas avoir de famille, en dehors de ses parents, et eux ne prennent pas soin de lui. Donc j’ignore ce que l’on peut faire…

Il ne savait pas non plus, lui ! Céleste le fixait comme s’il avait la science infuse, mais elle venait d’arriver et de lui fourrer ça dans les bras, alors que cinq minutes plus tôt, il ignorait que le jeune Alexis avait ce genre de famille. C’était horrible mais il n’avait aucune idée, là, tout de suite.

– Pour éviter qu’il ne se blesse encore et lui fournir les moyens de contrôler un peu plus son don, je lui ai imposé deux ou trois jours de cours particuliers. Moins cette semaine, bien sûr, et en fonction de son étude pour ne pas lui faire échouer ses examens, mais… Je ne sais pas quoi faire. Il ne reste qu’une semaine avant qu’il ne se retrouve tout seul… Je me suis dit que tu aurais une idée, que tu trouverais quelque chose à faire, une solution ou… N’importe quoi.

– Comment je pourrai trouver une idée, là, comme ça, juste en claquant des doigts ? soupira-t-il en refermant la chemise. Et évite de parler si fort, Gaby dort, pour une fois.

Il lui fit signe de s’asseoir sur le canapé, vérifiant au passage que les jumeaux jouaient sans soucis. Ils étaient plutôt entre de s’endormir à moitié, d’ailleurs… Il posa les deux sièges bébés sur la table du salon puis les prit un par un pour les allonger dedans, leur donnant leurs peluches, avant de s’asseoir à son tour face à eux, juste à côté de Céleste. Ils bâillèrent plusieurs fois puis s’endormirent presque en même temps, leurs doudous serrés contre leurs cœurs.

– Ce qui est sûr, c’est qu’il ne faut pas laisser le gamin tout seul cet été, dit-il d’un ton pensif. Il n’a pas d’ami très proche chez qui il pourrait aller pendant les vacances ? Je le voyais souvent avec… Oh…

Il s’interrompit, pâlissant en se souvenant que son meilleur ami était justement l’un des élèves qui étaient morts cette année. Oscar Marsault, un jeune garçon de quatorze ans, qui maniait le feu. Il était décédé au mois de février, officiellement d’une maladie. Mais tous savaient qu’il avait été enlevé puis avait agonisé durant des jours avant d’y rester.

– Le petit Oscar, c’est vrai, ils traînaient toujours ensemble… Tu m’étonnes que le gamin a ce genre d’idées si on meilleur ami est mort à cause de l’armée.

Il reprit le dossier pour le parcourir, tout en berçant doucement les jumeaux, plongés dans leur sommeil. Alexis Robert… Que pouvaient-ils faire…

– T ne comptais pas continuer à l’entraîner cet été ? Il faut garder un œil sur lui. Sinon, je ne sais pas encore comment faire, il ne faudrait pas qu’il reste chez ses parents. Comment est son don ? La puissance et tout ? Histoire qu’on sache s’il peut devenir une cible dès cet été ou non.
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Céleste Dumoulin
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Céleste Dumoulin
MessageSujet: Re: Un élève en danger   Un élève en danger EmptyMer 24 Juin - 12:58

Cyprien – Comment je pourrai trouver une idée, là, comme ça, juste en claquant des doigts ? soupira-t-il en refermant la chemise. Et évite de parler si fort, Gaby dort, pour une fois.

Elle… Elle dormait ? Céleste dévisagea un moment Cyprien pendant qu’elle s’asseyait sur le canapé qu’il venait de lui désigner. Non mais la directrice dormait vraiment ?! Elle resta bloquée sur cette information, admirant sérieusement son ami pour avoir réussi cet exploit. Non pas qu’elle était persuadée, jusqu’ici, que la directrice serait capable de travailler même si elle était blessée, mais c’était tout comme. Elle avait même hésité à venir de peur de la croiser ce soir, comme si elle se ferait griller pour son don… un peu mal en point. Elle dormait… Non mais elle dormait ! La jeune professeure regarda son collègue prendre les jumeaux avant de les déposer dans les sièges pour bébé, un regard attendri malgré la raison de sa visite. Se reprenant pour quitter cet air ahuri qu’elle affichait, Céleste se concentra. Alexis et l’été qui arrivait. Il fallait trouver une solution, quelque chose…

Cyprien – Ce qui est sûr, c’est qu’il ne faut pas laisser le gamin tout seul cet été, dit-il d’un ton pensif. Il n’a pas d’ami très proche chez qui il pourrait aller pendant les vacances ? Je le voyais souvent avec… Oh…

Céleste fronça les sourcils en voyant Cyprien pâlir sans continuer sa phrase. Elle n’avait pas Alexis en dehors de son cours d’élément et le voyait seul depuis des mois, renfermé, mais ne s’en était pas vraiment étonnée jusqu’ici. C’était malheureux, mais des élèves timides, il y en avait plein. Surtout depuis l’arrivée des militaires… Donc, des amis proches ? Non, pas de ce qu’elle avait pu observer… Elle n’avait pas non plus interrogé les autres élèves, elle n’avait pas mené une enquête de grande ampleur et s’était renseignée sur la famille, endroit logique où le jeune Alexis allait être renvoyé une fois les examens terminés. Et la famille en question était horrible. Ils ne devaient pas le laisser retourner là-bas, il risquait vraiment de mal finir d’ici septembre…

Cyprien – Le petit Oscar, c’est vrai, ils traînaient toujours ensemble… Tu m’étonnes que le gamin a ce genre d’idées si on meilleur ami est mort à cause de l’armée.

… Céleste entrouvrit légèrement la bouche sans qu’aucun son n’en sorte, le regard fixé sur le dossier que Cyprien parcourait. Il avait perdu son meilleur ami à cause de l’armée… D’après ses souvenirs, Oscar était mort en février sans que les professeurs ne se bougent, même s’ils n’avaient pas encore officiellement abandonnés à ce moment-là. Là, oui, elle comprenait mieux sa réaction… Les élèves mouraient déjà, son meilleur ami y avait laissé la vie, et peu de temps après, les professeurs annonçaient qu’ils capitulaient. Officiellement, bien entendu, ce n’était qu’à cause d’une maladie. Mais tout le monde connaissait la véritable raison… A part certains professeurs trop naïfs. Céleste continuait à regarder Cyprien, puis les bébés, réfléchissant à nouveau avec cette information. Ce n’était pas étonnant qu’il réagisse comme cela… On ne pouvait plus faire confiance à personne après une perte telle que celle-ci lorsque les seules personnes supposées vous aider vous laissent tomber.

Cyprien – Tu ne comptais pas continuer à l’entraîner cet été ? Il faut garder un œil sur lui. Sinon, je ne sais pas encore comment faire, il ne faudrait pas qu’il reste chez ses parents. Comment est son don ? La puissance et tout ? Histoire qu’on sache s’il peut devenir une cible dès cet été ou non.

Céleste – J’aurais souhaité continuer de l’entraîner, mais c’est impossible, dit-elle en poussant un soupir. Je ne sais même pas où il sera et, en dehors de l’école, je doute qu’il m’écoute.

Comment pourrait-elle alors qu’il ne lui faisait pas confiance à ce sujet-là ? D’accord, il venait aux cours particuliers, mais Céleste ne se faisait pas d’illusion : c’était uniquement parce qu’il n’avait pas le choix et qu’il lui devait le respect. Et sa réaction était tout à fait légitime… Comment faire confiance après cela ? Céleste joignit ses mains sur ses genoux, posant le regard dessus un bref instant. Le don d’Alexis… Il était plutôt doué et fort, compte tenu de son âge. Il n’avait que quatorze ans mais se débrouillait très bien, même s’il ne pouvait pas aller bien loin pour l’instant. Il pouvait devenir une cible, sans aucun doute, même si le fait qu’il se trouve en-dessous de seize ans le sauvait pour l’instant, le préservait.

Céleste – Malheureusement, il pourrait devenir une cible… Il s’entraîne très souvent depuis février, d’après ce que tu viens de dire, toujours dans l’optique de développer son don sans avoir peur de se faire tuer. Les autres élèves que j’ai en classe sont prudents, ils ont peur, mais lui… Tu as lu ce qu’il a écrit, il le lâchait fort dans l’espoir d’avoir un accident. J’essaie de le modérer, de lui apprendre des techniques pour qu’il l’évite, mais je ne peux pas faire plus.

Même si elle le souhaitait. Elle voulait l’aider, lui donner un appui pour passer cette sale période, mais elle ne voyait pas du tout comment faire. Le mettre en orphelinat était impossible et dangereux. Le garder à l’école était impossible également, tous les professeurs rentraient chez eux pendant l’été. Ses parents… Non, ce n’était même pas envisageable. Et des amis… Il ne semblait pas être assez proche de quelqu’un pour passer les deux mois chez lui. Non, vraiment, elle ne voyait pas. Céleste lissa inconsciemment un pli de sa robe, ignorant comment elle pouvait l’aider, se sentant horriblement impuissante.

Céleste – Je ne veux pas le laisser seul cet été… Pas après ce qu’il m’a dit. Mais on ne peut pas le placer dans un orphelinat, il n’a pas d’amis proches de ce qu’on a pu voir et il ne peut pas rester au Pensionnat pendant l’été. Quant à moi, je ne peux pas le prendre chez moi pour ce que je t’ai dit, il ne me fait pas confiance, il n’a confiance qu’aux professeurs qui agissent et le prouvent par des gestes. Et puis, de toute façon, je serais incapable de m’en occuper. J’ai essayé de le raisonner, mais…

Céleste fit un geste las des bras avant de se laisser retomber contre le dossier, désespérée. Que pouvaient-ils faire… ? Elle se frotta le visage de ses mains, toujours adossée au dossier du canapé, comme si elle allait évacuer fatigue et tension d’un geste.

Céleste – C’est pour ça que je suis venue te trouver. Il te fait confiance, donc je pensais que tu le connaissais peut-être mieux que moi, que tu aurais d’autres idées… Parce que, très sincèrement, je ne sais plus quoi faire.
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Anonymous Invité
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MessageSujet: Re: Un élève en danger   Un élève en danger EmptyJeu 25 Juin - 11:53

– J’aurais souhaité continuer de l’entraîner, mais c’est impossible, dit-elle en poussant un soupir. Je ne sais même pas où il sera et, en dehors de l’école, je doute qu’il m’écoute.

A sa place, Cyprien n’aurait plus confiance en personne non plus… Les choses s’amélioraient petit à peu, dans l’équipe enseignante, mais c’était loin d’être mirobolant ! Personne, cependant, n’avait encore démissionné, était-ce un signe qu’ils étaient prêts à repartir sur de bonnes bases à la rentrée ? Quoi qui puisse les attendre… Il réfléchissait, tout en berçant un peu les jumeaux dans leurs sièges bébés. Julien attrapa tout à coup son doigt dans son sommeil et le serra. Il faillit bien fondre sur place, profondément attendri malgré la situation très dure à laquelle il était confronté. Il veilla à ne pas le retirer trop vite, lui glissant un bout de son doudou à la place. Voilà, mon bébé… Ils grandissaient si vite ! Et surtout, ils avaient arrêté de lui jeter des regards inquiets dès qu’il tournait autour de leur maman.

– Malheureusement, il pourrait devenir une cible… Il s’entraîne très souvent depuis février, d’après ce que tu viens de dire, toujours dans l’optique de développer son don sans avoir peur de se faire tuer. Les autres élèves que j’ai en classe sont prudents, ils ont peur, mais lui… Tu as lu ce qu’il a écrit, il le lâchait fort dans l’espoir d’avoir un accident. J’essaie de le modérer, de lui apprendre des techniques pour qu’il l’évite, mais je ne peux pas faire plus.

Cyprien ne savait pas si on pouvait vraiment mourir en lâchant son don comme ça, brutalement. Être blessé, oui bien sûr, parfois très gravement, mais les morts par ça étaient rares, voire inexistantes. Pourquoi ? Quelques chercheurs, qui étudiaient ce sujet depuis très longtemps, affirmaient que les dons possédaient une « conscience » propre, que c’était cette conscience qui les empêchaient de tuer leur porteur de cette façon, si simplement. Fallait-il croire que les dons pouvaient ainsi « réfléchir » ? Peut-être… On voyait tellement de trucs incroyables que ce serait peu étonnant. Dans tous les cas, Alexis risquait quand même gros, une décharge trop importante lui serait fatale, il n’était pas bien gros et vu son âge, il risquait d’autant plus. Mais comment faire… Si sa famille était comme ça, ils ne le retrouveront pas vivant à la rentrée. Il ne lui trouvait pas d’autre ami chez qui il pourrait passer les deux mois d’été. Le faire garder par un membre du personnel ? Il ne faisait confiance à personne… Il songea un instant à Adrien, mais l’image de Sarah s’imposa très vite. Non, pas question, il n’avait pas confiance en elle, persuadé que c’était de sa faute si Kimmitsu avait été arrêté.

– Je ne veux pas le laisser seul cet été… Pas après ce qu’il m’a dit. Mais on ne peut pas le placer dans un orphelinat, il n’a pas d’amis proches de ce qu’on a pu voir et il ne peut pas rester au Pensionnat pendant l’été. Quant à moi, je ne peux pas le prendre chez moi pour ce que je t’ai dit, il ne me fait pas confiance, il n’a confiance qu’aux professeurs qui agissent et le prouvent par des gestes. Et puis, de toute façon, je serais incapable de m’en occuper. J’ai essayé de le raisonner, mais…

Il repensa à ce qu’il avait lu dans le dossier, sa sœur qui était déjà elle dans un orphelinat. C’était finalement la meilleure chose qui puisse lui arriver, grandir avec une famille comme ça était souvent pire que de grandir dans un foyer avec d’autres enfants et des éducateurs spécialisés. Et un frère en prison… Cyprien était même surpris que la protection de l’enfance n’ait pas encore fourré son nez dans cette affaire. Il eut un petit soupir pensif en remettant le doudou d’Aurore près de ses mains, pour qu’elle puisse le reprendre dans son sommeil. Récapitulons, qui agissait et le montrait ? Il y avait Frédéric mais il partait en Irlande cet été. Kimmitsu aussi quittait la France. Eric était aussi du genre dépressif, donc lui confier le gamin… Estelle, non, son mari était du même genre que Sarah, c’était un serpent dans le panier. Valentin partait dans le Sud de la France dans un monastère, carrément, pour se ressourcer. Il y en avait pas mal qui accueillaient des étrangers pour des courtes périodes. Lui-même pourrait aussi, mais pas au début des vacances, il partait avec sa femme.

– C’est pour ça que je suis venue te trouver. Il te fait confiance, donc je pensais que tu le connaissais peut-être mieux que moi, que tu aurais d’autres idées… Parce que, très sincèrement, je ne sais plus quoi faire.

– J’étais en train de me repasser toute la liste des profs pour savoir qui pourrait s’en occuper. Moi je pourrais, mais pas pendant les quinze premiers jours de vacances, je pars avec Gaby loin de Gray et du pensionnat, même loin de Paris. Nous…

Il s’interrompit en sursautant lorsque Julien puis sa sœur se réveillèrent puis se mirent à pleurer en criant. Ah non, non, non, chuuut, maman dort ! Il prit Aurore et la mit dans les bras de Céleste aussitôt puis prit Julien contre lui, le berçant lui donnant sa tétine et sa peluche, avec un regard vers la chambre. Pourvue qu’elle ne se réveille pas, il avait déjà bien des misères pour qu’elle reste au lit sans rien faire !

– Chut, chut, chut, mes poussins, maman dort pour une fois, tout va bien, c’est juste un cauchemar. Vous avez communiqué par télépathie pour faire le même ou quoi ?

Il fit un signe de la tête pour montrer à Céleste où était le doudou de la petite. Allez, petit bout, sèche donc ces grosses larmes, tout va bien, ce n’était qu’un cauchemar, personne n’allait venir pour faire du mal. Il l’embrassa sur le front puis sur le bout du nez avec un sourire réconfortant, le berçant doucement. Céleste lui avait jeté un regard interrogateur puis prit finalement la peluche. Ils se calmèrent peu, sans se rendormir de suite. Il voudrait savoir de quoi ils avaient rêvé, afin de trouver les mots pour les rassurer. Se tournant vers Céleste, il eut un petit rire en voyant qu’Aurore la regardait avec de grands yeux écarquillés et une bouche en forme de o.

– Ce n’est pas maman mais c’est une amie, n’ai pas peur, sourit-il en lui caressant la joue. Bon, je disais, on pourrait, nous, mais pas pendant les quinze premiers jours. Tu le gardes deux semaines puis on le prend chez nous ? Il faut qu’il aille chez quelqu’un capable de modérer son élément.

En tout cas, c’était plus prudent. Pour lui, pour tout le monde ! Surtout s’il avait déjà bien commencé à faire évoluer son don… Mieux valait qu’aucune « mauvaise » personne ne l’apprenne, on ne savait jamais. Julien s’était calme, à présent, mordillant l’oreille de sa peluche en bavant un peu dessus, serrant ses minuscules poings dessus. Il lui jeta un coup d’œil très doux, lui caressant la joue du bout du doigt pour sécher les dernières larmes.

– Je ne pourrai jamais le garder ! Il ne me fait pas confiance, en plus, il n'acceptera jamais de venir chez moi. Et je suis incapable de m'occuper d'un enfant comme ça, pendant deux semaines...

– Tu seras toujours mieux que sa propre mère, dit-il en relevant la tête. Et si c’est Gaby qui lui demande, il le fera, elle peut imposer le respect, quand elle s’y met… D’autant plus qu’il faut qu’au moins une personne autour de lui manie la foudre. Désolé, mais je tiens à éloigner ma femme de tout ça au moins deux semaines, surtout vu son état.

Ils pouvaient le prendre après, Gaby ne sera pas contre si c’était pour le protéger, mais pas dès le début des vacances, elle était épuisée, malade, avait besoin de repos. Il ne pouvait pas s’occuper à la fois d’elle et d’un enfant dépressif. Mais quand elle sera reposée, ce sera déjà beaucoup mieux. Son amie soupira tout à coup, alors qu’Aurore commençait à lorgner sur ses boucles d’un air très intéressé, tendant déjà ses petites mains pour voir si elle pouvait les saisir.

– Je ne te reproche pas de vouloir l'éloigner de tout cela, je sais qu'elle en a besoin plus que nous tous réunis. Mais je ne vois pas comment m'occuper de lui... Je n'avais pas prévu de sortie ou quoi que ce soit, il va s'ennuyer et m'en vouloir encore plus. C'est une mauvaise idée, il doit sûrement y avoir quelqu'un d'autre qui pourrait s'en occuper...

Pas prévu de sortie, et ensuite, ce n’était pas ça qui manquait à Paris, entre les visites à faire, les cafés lectures, les fêtes ici et là, les jardins de promenade, les bibliothèques, les spectacles de rue, il faudrait le faire exprès pour s’ennuyer à la capitale. Avec ça, Alexis avait quatorze ans, il était relativement indépendant, ce n’était pas un petit enfant de deux ou trois ans qui courait partout et qu’il fallait surveiller sans cesse.

– Il pourra visiter ou voir ce qu’il veut, à Paris, il y a de quoi faire. Personne d’autre ne le peut, Kimmitsu quitte le pays, Valentin part en retraite deux mois… Ce n’est franchement pas un gros effort de veiller sur un enfant, un seul enfant, pendant deux semaines. Regarde Gaby, elle doit veiller sur des centaines de personnes tous les jours et en diriger pas mal.

D’où l’importance de la conduire en vacances dans un coin où elle n’aura pas besoin de se soucier de quoi que ce soit ! En espérant que personne n’allait la reconnaître dans la rue… Céleste ne répondit pas tout de suite et il ne brisa pas le silence, jouant avec Julien pour l’occuper et s’arranger pour qu’il ne pleure plus.

– Ce n'est pas comme si tu me laissais vraiment le choix... Mais c'est toi qui le lui dis. Et il ne me fait pas confiance, donc bonne chance.

– Je me serai adressé à Kimmitsu s’il restait en France, il sait parfaitement s’y prendre pour ce genre de choses. Surtout que ce n’est que quinze jours ! Tiens.

Il lui glissa Julien dans son autre bras avec délicatesse puis sauta sur ses pieds pour aller préparer deux biberons. Quand ils commençaient à gémir comme ça, c’est qu’ils avaient faim. Il se hâta de tout préparer, vérifiant si le lait était assez chaud, avant de revenir dans le salon. Il récupéra Aurore puis donna un des biberons à Céleste pour qu’elle le donne à Julien, s’installant lui-même en glissant la tétine dans la bouche de la petite, qui ferma les yeux de contentement. Julien, lui, réussit à attraper une des mèches de Céleste puis la fourra dans sa bouche aussitôt. Sa sœur jumelle était elle plus intéressée par le lait chaud qui coulait doucement dans sa bouche. Enfin, Julien avait toujours aimé jouer avec les mèches ou les vêtements de sa mère après avoir pleuré, sentir son odeur devait le réconforter. Céleste copiait tous ses gestes, après avoir récupéré sa mèche. Il ne dit plus rien le temps de faire boire les jumeaux, très tranquillement.

– Est-ce que tu sais s’il y a d’autres élèves qui se mettent en danger comme ça, sciemment ou parce qu’ils se font manipuler ? Ceux que j’avais repéré vont quitter l’école, de toute façon… Leurs familles ne veut plus de tout ça et ça se comprend. La prérentrée se fera fin août, beaucoup de choses risquent de changer entre-temps, il faudra se tenir prêt.
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Âge RPG : 26 ans
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Céleste Dumoulin
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Céleste Dumoulin
MessageSujet: Re: Un élève en danger   Un élève en danger EmptyMar 30 Juin - 15:08

Cyprien – J’étais en train de me repasser toute la liste des profs pour savoir qui pourrait s’en occuper. Moi je pourrais, mais pas pendant les quinze premiers jours de vacances, je pars avec Gaby loin de Gray et du pensionnat, même loin de Paris. Nous…

Céleste sursauta en même temps que Cyprien, lançant un regard effrayé puis plaquant ses mains sur ses oreilles en entendant les jumeaux pleurer. Les deux en même temps ?! C’était sérieux, là ? La jeune professeure regarda son collègue prendre la petite dans ses bras… pour la lui mettre dans les siens. Mais eh ! Que voulait-il qu’elle en fasse ?! Céleste lui lança un regard ahuri,  regardant le bébé dans ses bras comme s’il s’était agi d’un jouet qu’elle ne savait pas comment porter. Elle risquait de le blesser ! Cyprien savait qu’elle était mal à l’aise avec cela, alors pourquoi venait-il lui coller un enfant dans les bras ? Ami ou pas, qu’il récupère Aurore ! Mais non, il s’occupait de Julien… Comment avaient-ils fait pour pleurer au même moment ? C’était un complot. Un pur complot.

Cyprien – Chut, chut, chut, mes poussins, maman dort pour une fois, tout va bien, c’est juste un cauchemar. Vous avez communiqué par télépathie pour faire le même ou quoi ?

Bonne question, oui… Cyprien lui désigna alors un endroit d’un signe sans qu’elle ne comprenne quoi que ce soit. Céleste lui répondit par un regard interrogateur, suivant la trajectoire désignée jusqu’à une peluche. Il voulait vraiment… Bon, soit, d’accord, si ça lui permettait de se calmer. Elle n’avait aucune envie de voir la directrice se réveiller maintenant, elle n’était pas prête à l’affronter, pas tout de suite. La jeune femme reporta son regard sur le bébé dans ses bras qui la regardait avec de grands yeux et une bouche en forme de o. Son frère aussi semblait se calmer… Ses parents lui avaient déjà dit qu’elle-même et Amélie pleuraient en même temps, se cherchaient, rêvaient souvent des mêmes choses, se calmaient au même moment et tombaient malades l’une après l’autre. C’était un « truc de jumeaux ». Céleste eut un regard triste, soudain, mais tâcha de le dissimuler tandis que Cyprien riait.

Cyprien – Ce n’est pas maman mais c’est une amie, n’ai pas peur, sourit-il en lui caressant la joue. Bon, je disais, on pourrait, nous, mais pas pendant les quinze premiers jours. Tu le gardes deux semaines puis on le prend chez nous ? Il faut qu’il aille chez quelqu’un capable de modérer son élément.

Céleste réagit immédiatement, croyant halluciner, et releva la tête vers Cyprien. Elle avait bien entendu ? Le garder pendant deux semaines ? Mais c’était impossible ! Elle ne pouvait pas. Qu’allait-elle faire d’Alexis pendant plusieurs jours ? Il la détestait, elle le savait, alors comment Cyprien pouvait-il lui demander une telle chose ? D’accord, la démarche était compréhensible, l’idée logique, mais… Non. Non, non, non. Elle n’avait jamais vécu avec quelqu’un d’autre, même si ce n’était qu’un adolescent ! Céleste ne pouvait pas, c’était impossible. Elle oublia complètement les bébés pendant un instant, alors que Cyprien continuait à s’occuper de Julien comme s’il venait de lui demander quel temps il allait faire demain. Héberger et garder Alexis pendant deux semaines… Mais elle n’était pas une nounou ! Sous prétexte qu’elle vivait seule et maniait la foudre, elle devait le garder ? Non, non, non. Hors. De. Question !

Céleste – Je ne pourrai jamais le garder ! Il ne me fait pas confiance, en plus, il n'acceptera jamais de venir chez moi. Et je suis incapable de m'occuper d'un enfant comme ça, pendant deux semaines...

Cyprien – Tu seras toujours mieux que sa propre mère, dit-il en relevant la tête. Et si c’est Gaby qui lui demande, il le fera, elle peut imposer le respect, quand elle s’y met… D’autant plus qu’il faut qu’au moins une personne autour de lui manie la foudre. Désolé, mais je tiens à éloigner ma femme de tout ça au moins deux semaines, surtout vu son état.

Mais elle ne le lui reprochait pas… Elle savait que la directrice avait besoin de repos, surtout elle, et admirait Cyprien d’avoir réussi à la convaincre de partir en vacances. Seulement, il ne semblait pas comprendre qu’elle avait peur. Céleste ne voulait pas prendre le risque de piquer une crise chez elle et de le blesser. D’accord, il l’entraînait, mais il ne le ferait plus pendant les vacances et elle-même risquait de se relâcher, elle le savait. Enfin… Peut-être. Quoi qu’il en soit, c’était dangereux. Elle éprouvait des difficultés à s’occuper d’elle-même, alors comment pourrait-elle veiller sur un élève ? En cours, c’était différent, voir un élève quelques heures sur la semaine n’était pas à comparer avec « vivre avec lui pendant deux semaines »…

Céleste soupira, tête baissée sur Aurore qui s’agitait bizarrement, sans vraiment regarder ce que faisait la petite. La perspective de garder Alexis pendant deux semaines l’effrayait. Qu’allait-elle faire de lui, en plus ? Deux semaines ! Il devait y avoir une autre personne de plus qualifiée qu’elle. C’était certain.

Céleste – Je ne te reproche pas de vouloir l'éloigner de tout cela, je sais qu'elle en a besoin plus que nous tous réunis. Mais je ne vois pas comment m'occuper de lui... Je n'avais pas prévu de sortie ou quoi que ce soit, il va s'ennuyer et m'en vouloir encore plus. C'est une mauvaise idée, il doit sûrement y avoir quelqu'un d'autre qui pourrait s'en occuper...

Cyprien – Il pourra visiter ou voir ce qu’il veut, à Paris, il y a de quoi faire. Personne d’autre ne le peut, Kimmitsu quitte le pays, Valentin part en retraite deux mois… Ce n’est franchement pas un gros effort de veiller sur un enfant, un seul enfant, pendant deux semaines. Regarde Gaby, elle doit veiller sur des centaines de personnes tous les jours et en diriger pas mal.

Céleste se tendit un peu plus, lançant un regard à Cyprien sans rien dire. C’était vraiment bas, comme argument. En plus de cela, c’était incomparable parce que la directrice veillait sur les élèves et le voulait, elle avait accepté ce poste-là depuis des années, c’était son souhait, tout comme celui de Kimmitsu. Ils se maîtrisaient tous les deux, n’avaient aucun problème avec leurs dons, même le sous-directeur semblait s’en sortir mieux qu’elle avec le feu. Et puis, ils avaient confiance en eux et étaient capables de s’occuper d’eux-mêmes sans avoir besoin de quelqu’un d’autre en cas de coup dur… Céleste s’apprêtait à riposter mais se ravisa en imaginant sans problème la réponse que lui donnerait Cyprien. Qui plus est, admettre comme cela qu’elle se laissait aller serait une très mauvaise idée, il risquait d’en rajouter une couche et d’être véritablement insupportable dès la rentrée. La jeune professeure se contenta donc de regarder à nouveau Aurore avant de redresser la tête. Avait-elle vraiment le choix… ?

Céleste – Ce n'est pas comme si tu me laissais vraiment le choix... Mais c'est toi qui le lui dis. Et il ne me fait pas confiance, donc bonne chance.

Cyprien – Je me serai adressé à Kimmitsu s’il restait en France, il sait parfaitement s’y prendre pour ce genre de choses. Surtout que ce n’est que quinze jours ! Tiens.

Cyprien lui laissa aussi Julien, le glissant dans ses bras sous ses yeux ahuris. Il n’abusait pas un peu, là ?! Elle n’était pas à l’aise, il le voyait bien en plus ! Le maudissant et le traitant de tous les noms mentalement, Céleste lui lança un regard désespérés alors qu’il allait dans la cuisine pour faire elle ne savait quoi. Et il la laissait ? Comme ça ? Il était vraiment sérieux, là ? Ne pas hurler. Ne pas crier. Ne pas frapper. Elle avait les enfants dans les bras, pensait à tout sauf aux bébés, coincée dans l’appartement de la directrice, allait devoir héberger un élève deux semaines, mais sinon tout allait bien. Parfaitement bien. Raaaaah, mais quelle idée d’être venue ici ! Pourquoi n’avait-elle pas cherché une idée elle-même, toute seule, sans l’aide de Cyprien ? Et non, il ne revenait pas, il faisait quelque chose dans la cuisine, d’après ce qu’elle entendait…

Céleste – Cyprien ? appela-t-elle sans crier, inquiète.

Mais non, il était toujours là-bas. Alleeeeez, qu’il revienne ! Par miracle, il revint après un moment avec des biberons et reprit… Aurore. Hein ? Et Julien ? Avant qu’elle ne pose la question, Cyprien lui donna un des biberons qu’elle attrapa par réflexe en le dévisageant. Il n’était pas sérieux, il plaisantait… n’est-ce pas ? Qu’elle porte un bébé deux secondes pour l’aider, d’accord, mais lui donner le biberon, quoi ! Céleste refusait de lui avouer platement qu’elle avait peur et que c’était dangereux, surtout dans l’appartement de la directrice, mais il était hors de question qu’elle le garde longtemps.

Ce n’est qu’à ce moment qu’elle sentit quelque chose tirer sur ses cheveux… Eh ! La jeune femme récupéra sa mèche aussitôt, fourrant à la place le biberon dans la bouche de Julien en regardant comment Cyprien faisait. Ses cheveux n’étaient pas comestibles ! Julien la regardait toujours mais semblait se concentrer sur le biberon qu’il tétait avec force, le vidant petit à petit. Voilà, fini, elle pouvait le redéposer maintenant ?

Cyprien – Est-ce que tu sais s’il y a d’autres élèves qui se mettent en danger comme ça, sciemment ou parce qu’ils se font manipuler ? Ceux que j’avais repéré vont quitter l’école, de toute façon… Leurs familles ne veut plus de tout ça et ça se comprend. La prérentrée se fera fin août, beaucoup de choses risquent de changer entre-temps, il faudra se tenir prêt.

Céleste hocha la tête, consciente de ce qui les attendait à la rentrée. Ils devaient profiter du Pensionnat tel qu'ils le voyaient pour l'instant, parce que oui, les choses allaient changer. Et tous le savaient même si personne ne le disait à voix haute. Quant à l'autre question de Cyprien... D’autres élèves… ? Non, pas de mémoire. Ah. Quoi que. Si, la petite Rosalie qui lui avait parlé, elle ne devait plus lui en vouloir à l’heure qu’il était mais il fallait la surveiller de près. Elle était intelligente et très jeune, donc son don encore assez faible, mais ils devaient faire attention.

Et puis, il y avait aussi Thomas, un élève en dernière année du collège qui se débrouillait bien. Elle l’avait déjà entendu parler avec un autre élève plus grand, ils vantaient les bienfaits de l’armée. Malheureusement, ils s’étaient tus dès que Céleste s’était rapprochée. Pour les autres élèves, elle ne voyait pas pour l’instant. Se redressant, elle glissa à son tour Julien dans les bras de Cyprien avant de se réinstaller à sa place en lui répondant. Elle avait donné, merci bien, stop, elle n’était pas à l’aise et ne parvenait pas à réfléchir comme cela.

Céleste – La petite Rosalie. Elle m’en a voulu lorsque je lui ai dit de faire attention aux militaires, mais j’ai peur qu’ils ne parviennent à la manipuler. Elle s’en sort plutôt bien, est très jeune donc on a encore le temps, mais je me méfie…

Céleste ramena ses bras contre elle, posant le regard sur le dossier qu’elle avait constitué au sujet d’Alexis. Peut-être était-elle trop méfiante, mais les plus jeunes étaient visés, tout comme ceux qui avaient seize ans et ceux qui s’entraînaient de manière intensive. Cependant, elle n’avait pas peur pour Rosalie dans l’immédiat, elle savait qu’elle avait sa grand-mère pour veiller sur elle, Cyprien le lui avait dit. Quant à Thomas… C’était une excellente question.

Céleste – Enfin, pour les vacances, je n’ai pas peur pour elle. Tu m’as déjà dit qu’elle avait sa grand-mère pour veiller sur elle, et je l’ai vaguement entendue la mentionner quelques fois. Par contre, Thomas, en dernière année au collège pour l’instant, semble de plus en plus attiré par les militaires. Consciemment. Mais je ne vois pas ce que l’on pourrait faire vu qu’il le veut…

Céleste fit une pause, redressant la tête vers Cyprien après avoir brièvement réfléchi. Qui pouvait encore être menacé par les militaires ? Tout le monde, en soi, mais elle ne voyait pas d’élève en train de retenir leur don. Enfin, sauf s’ils le cachaient, ce qui était possible malheureusement. Elle-même l’avait bien caché à son ami durant deux ans… Elle poussa un soupir, se sentant soudain complètement impuissante. Si les élèves n’avaient pas confiance, s’ils se refermaient sur eux-mêmes, eux ne pourraient rien faire.

Céleste – En dehors d’eux deux, je ne vois pas, mais ce n’est pas un jugement fiable. Pas mal d’élèves sont terrorisés par les militaires, évidemment, et ont peur de nous parler. Comme André Amouni qui n’a pas osé nous avertir pour l’enlèvement de ta femme, il ne l’a fait qu’au cours d’élément par peur des représailles… Si un élève veut étouffer son don ou a peur de le montrer, il peut très bien le cacher. J’en suis l’exemple flagrant : je te l’ai caché pendant deux ans… J’ai l’impression qu’on est coincés. S’ils refusent notre aide ou n’ont pas confiance, ce qu’on ne peut pas leur reprocher, que veux-tu faire ?
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Anonymous Invité
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MessageSujet: Re: Un élève en danger   Un élève en danger EmptyLun 6 Juil - 11:08

Oui, tout allait changer. Cyprien était très loin d’être pessimiste, d’habitude, ce serait même plutôt le contraire, mais cette fois, il ignorait vraiment comment lutter contre et était plutôt porté à la résignation. Cela changera, de toute façon, qu’ils le veuillent ou non ! Comment, il n’en avait aucune idée, mais il fallait s’attendre à tout. Même Gaby ne pouvait lutter contre ça, ce n’était pas possible, surtout vu son état de fatigue actuel. Enfin, ils pourront sans doute s’en sortir, ils avaient bien réussi cette année, n’est-ce pas ? Il berça doucement la petite qui se rendormait, faisant tout pour être confiant. D’abord profiter des vacances ! Tout le monde en avait bien besoin. Mais pour les élèves qui étaient en danger, que faire… Il y avait une solution viable pour Alexis mais les autres ? Le fait était que, en tant que professeur de sciences, il n’avait aucune idée du niveau de bien des élèves avec leurs dons et ne pouvaient donc pas dire qui étaient les plus menacés pour le moment.

Céleste lui glissa Julien lorsqu’il finit de boire et il hocha la tête pour la remercier. Ils se rendormaient tous les deux et il eut d’un coup un peu peur pour eux en les regardant. Il était peut-être paranoïaque, mais il imaginait déjà ce qui pourrait arriver à ces deux petits à cause de l’armée… Il s’agissait là des enfants de Gaby, ils avaient forcément hérités de son don et Dieu sait ce qu’on pourrait leur faire à cause de ça, même s’ils étaient encore bébés. Hum, bon, bref, il devenait complètement paranoïaque ! Leur don ne se développera pas avant des années, il ferait mieux de se concentrer sur les problèmes actuels plutôt que d’imaginer un futur aussi noir.

– La petite Rosalie. Elle m’en a voulu lorsque je lui ai dit de faire attention aux militaires, mais j’ai peur qu’ils ne parviennent à la manipuler. Elle s’en sort plutôt bien, est très jeune donc on a encore le temps, mais je me méfie…

Hum, Rosalie n’avait que onze ans… Il doutait que l’armée s’intéresse à une personne aussi jeune, même si elle se révélait douée et avait déjà manifesté de l’intérêt pour les Guetteurs. Quoi que… Emilie, elle, n’avait que dix ans, et avait bien été leur cobaye durant des années. Mais elle était morte. Il sentit sa gorge se serrer en repensant à la brève conversation qu’il avait eue avec le Père Vilette. Il avait revu la petite, après des mois, mais dans un cercueil, lors d’une cérémonie très restreinte où seules quelques personnes âgées du village étaient venues assister. On ignorait comment elle était morte même si tout le monde s’en doutait. Il ne pouvait s’empêcher de s’en vouloir et n’osait le dire à sa femme. Elle avait voulu l’aider, en l’amenant à l’école, mais ça n’avait été qu’un bref répit pour la petite. Il ne savait pas si beaucoup de personnes se rappelaient d’Emilie, ici… Elle « faisait peur », selon les élèves. Pourtant, elle avait à peine dix ans. Et ne grandira plus jamais.

– Enfin, pour les vacances, je n’ai pas peur pour elle. Tu m’as déjà dit qu’elle avait sa grand-mère pour veiller sur elle, et je l’ai vaguement entendue la mentionner quelques fois. Par contre, Thomas, en dernière année au collège pour l’instant, semble de plus en plus attiré par les militaires. Consciemment. Mais je ne vois pas ce que l’on pourrait faire vu qu’il le veut…

Pas grand-chose, pour le coup, si c’était son choix personnel. Il se mordit les lèvres, rongé par le remord. Peut-être Emilie n’avait-elle pas reçu d’aide au bon moment car elle était la preuve flagrante du mal que pouvait accomplir les yeux et que personne ne voulait ouvrir les yeux sur ça, à l’époque ? Il revoyait le regard triste et accusateur du vieux prêtre, après l’enterrement, son visage peiné d’avoir encore dû enterrer un enfant. Qui pourrait le lui reprocher ? Il n’avait même pas dû en parler à d’autre, par peur de ne recevoir qu’indifférence ou soulagement. La petite « qui terrifiait les autres », était morte, c’était fini. Cyprien savait très bien que très peu nombreux seront ceux qui seront demanderont vraiment comment et pourquoi.

– En dehors d’eux deux, je ne vois pas, mais ce n’est pas un jugement fiable. Pas mal d’élèves sont terrorisés par les militaires, évidemment, et ont peur de nous parler. Comme André Amouni qui n’a pas osé nous avertir pour l’enlèvement de ta femme, il ne l’a fait qu’au cours d’élément par peur des représailles… Si un élève veut étouffer son don ou a peur de le montrer, il peut très bien le cacher. J’en suis l’exemple flagrant : je te l’ai caché pendant deux ans… J’ai l’impression qu’on est coincés. S’ils refusent notre aide ou n’ont pas confiance, ce qu’on ne peut pas leur reprocher, que veux-tu faire ?

Il ne répondit pas tout de suite, déposant d’abord avec douceur les petits qui s’étaient rendormis dans leurs sièges bébés. Autant ne pas troubler leur sommeil une seconde fois, les laisser profiter de leur enfance et leurs doux rêves.

– Je m’inquiète tout de même pour Rosalie. Il y a une chose qui est arrivée… Tu te souviens de la petite Emilie Bonnet ? La gamine que Gaby avait ramené au pensionnat, il ya quelques mois ? Le Père Vilette m’a dit qu’il l’avait enterrée à la mi-juin…. Elle avait dix ans mais était déjà aux griffes de l’armée. Son don avait quelque chose de spécial, je ne sais pas trop quoi, mais elle les intéressait. L’âge n’est pas forcément un critère si important.

Il soupira et se rassit dans le canapé à côté de son amie, pensif, avec un vague geste de la main pour souligner sa lassitude. Non, il ne savait pas quoi faire. Cette année lui pesait de plus en plus, il était impuissant alors qu’il devrait pouvoir en faire bien plus et véritablement agir, au lieu de rester là, à se contenter de donner cours sans rien de faire de concret. C’était d’autant plus exaspérant quand il voyait sa femme se bouger. Il avait parfois l’impression d’être un bon-à-rien.

– Je suis assez résigné, pour cet été, honnêtement. On ne pourra rien empêcher. Par contre, pour la rentrée… Kimmitsu et Adrien organisent déjà certaines choses avec les élèves qui le veulent et qui n’ont pas juste un petit pois dans le crâne. Kimmutsu s’occupe des cours de self-défense, Adrien suit quelques élèves qui veulent tester de leur plein gré certains produits volés à l’armée pour voir les effets et trouver des remèdes. Même le Père Vilette donne déjà des cours de stratégie et d’autres choses, sous couvert de catéchisme, le dimanche. On pourrait s’y mettre, nous aussi, ça ne peut durer éternellement comme cela.

Il tourna la tête vers elle, le regard dans le vague, en réfléchissant à ce qu’ils pourraient faire eux-mêmes. Les élèves plus âgés pourraient apprendre à tirer mais Cyprien était incapable de tenir une arme à feu sans se mettre lui-même une balle dans le pied. Et s’il terminait à l’hôpital à cause de ça, sa femme ne le laissera plus jamais approcher une arme de près ou de loin pour tout le reste de sa vie, même un simple couteau.

– Heu, tu sais tirer, toi ? Ce serait utile pour les plus âgés, mais moi, je ne sais pas me servir d’un pistolet, je te le dis tout de suite. Sinon, on peut, hum… Je ne sais pas… Tu as des idées ?
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Céleste Dumoulin
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MessageSujet: Re: Un élève en danger   Un élève en danger EmptyMer 15 Juil - 16:29

Céleste regarda Cyprien déposer les bébés dans leur berceau, tous les deux à nouveau endormis. Bonne idée, autant ne pas les déranger, ils étaient trèèès bien endormis. Non pas qu’elle était mal à l’aise, mais elle se méfiait et n’avait pas envie de devoir encore porter un enfant. Il savait qu’elle n’était pas prête pour cela ! Alors, lui coller un enfant dans les bras, même deux, c’était bon, elle avait donné là. Céleste ne tenait pas absolument à son statut de « prof distante et froide », mais elle faisait des efforts petit à petit, alors Cyprien pouvait bien la laisser avancer à son rythme. Mais bon, elle n’allait pas le dire, elle n’était pas folle.

Cyprien – Je m’inquiète tout de même pour Rosalie. Il y a une chose qui est arrivée… Tu te souviens de la petite Emilie Bonnet ? La gamine que Gaby avait ramené au pensionnat, il ya quelques mois ? Le Père Vilette m’a dit qu’il l’avait enterrée à la mi-juin…. Elle avait dix ans mais était déjà aux griffes de l’armée. Son don avait quelque chose de spécial, je ne sais pas trop quoi, mais elle les intéressait. L’âge n’est pas forcément un critère si important.

Elle était morte… ? Céleste s’en rappelait, oui, cette fillette faisait peur à tous les élèves et était différente. La directrice l’avait accueillie quelques jours et elle avait été intégrée à certains cours. Et elle était morte… La jeune professeure serra les poings, le regard posé sur le dossier, une vague de dégoût et de rancœur l’envahissant. Rien ne les arrêtait… Comment pouvaient-ils continuer à entraîner leurs élèves s’ils n’étaient en sécurité nulle part ?! Dès qu’un élève avait quelque chose de spécial, peu importe son âge, il risquait sa vie. Bon nombre d’élèves allaient quitter le Pensionnat, heureusement – même si c’était horrible à dire –, mais ils devaient faire quelque chose pour ceux qui restaient. Leur donner une occasion de s’en tirer vivant, d’apprendre sans avoir peur. Comme pour Alexis qui lui avait avoué s’entraîner hors des cours parce qu’il n’avait pas confiance… Céleste ne bougea pas lorsque Cyprien se rassit à côté d’elle après avoir soupiré, reportant son regard sur lui. Ils devaient faire quelque chose…

Cyprien – Je suis assez résigné, pour cet été, honnêtement. On ne pourra rien empêcher. Par contre, pour la rentrée… Kimmitsu et Adrien organisent déjà certaines choses avec les élèves qui le veulent et qui n’ont pas juste un petit pois dans le crâne. Kimmitsu s’occupe des cours de self-défense, Adrien suit quelques élèves qui veulent tester de leur plein gré certains produits volés à l’armée pour voir les effets et trouver des remèdes. Même le Père Vilette donne déjà des cours de stratégie et d’autres choses, sous couvert de catéchisme, le dimanche. On pourrait s’y mettre, nous aussi, ça ne peut durer éternellement comme cela.

Céleste hocha la tête au moment où son ami tourna la sienne vers elle, ayant pensé à la même chose quelques secondes auparavant. Ils devaient agir, oui, mais comment ? Kimmitsu s’occupait des cours de défense, le Père Vilette des cours de « catéchisme », Adrien aidait avec les médicaments pour les contrer grâce aux élèves volontaires… Que leur restait-il ? Elle avait bien pensé à des cours pour apprendre aux élèves à utiliser leur don en secret afin de ne pas les obliger à ne pas le relâcher, mais ils ne leur feraient jamais confiance. Surtout pas à elle si plusieurs élèves pensaient comme Alexis. Pourtant, ils devaient bien s’entraîner… Qui sait, en les formant, peut-être apprendraient-ils à se défendre contre les militaires afin de ne pas mourir comme ces élèves qui y avaient déjà laissé la vie ? Céleste réprima un frisson, revoyant l’image de la jeune Emilie, la nausée la prenant. Elle n’avait pas vécu et était morte comme cela…

Cyprien – Heu, tu sais tirer, toi ? Ce serait utile pour les plus âgés, mais moi, je ne sais pas me servir d’un pistolet, je te le dis tout de suite. Sinon, on peut, hum… Je ne sais pas… Tu as des idées ?

Céleste – Moi, tirer ? Tu plaisantes, j’espère ? demanda-t-elle d’un air ahuri. Je ne relâche mon don que depuis que tu sais tout, je n’allais certainement pas accepter d’apprendre à tirer lorsque ta femme l’a proposé au début de l’année.

Apprendre à tirer… Céleste avait déjà été terrorisée à l’idée d’utiliser son don et de blesser quelqu’un, même si cela s’améliorait maintenant, alors non, elle n’aurait jamais appris à tirer. Pas par lâcheté ou refus de soutenir la directrice, mais parce qu’elle ne voulait pas en venir aux mains. Apprendre à tirer… Ils n’allaient pas apprendre à des élèves à tirer, enfin ! Peut-être certains en étaient-ils déjà capables, mais elle ne voulait pas être responsable d’un tel apprentissage. La directrice l’aurait déjà appris aux élèves si elle l’avait voulu, il y avait sûrement une raison pour qu’elle ne le fasse pas et ne l’ait pas fait jusqu’ici. Céleste reporta son regard sur le dossier d’Alexis, l’attrapant et le feuilletant distraitement. Il y avait bien cette idée… Mais cela n’avait aucune chance de fonctionner.

Céleste – Je pensais à les entraîner… Ceux qui n’osent pas utiliser leur don en cours, devant tout le monde. Comme Alexis… Mais je pense que c’est une mauvaise idée. Il faudrait que les élèves nous fassent confiance, qu’ils ne se méfient pas. J’ai peur que la situation du Pensionnat ne les empêche de s’entraîner à fond, comme pour…

Céleste s’interrompit, retenant le « moi », les yeux fixés sur le dossier de son élève. L’accepter était une chose, en parler librement une autre. Elle voulait vraiment aider, faire quelque chose plutôt que parler simplement. Surtout qu’ils ignoraient ce qui se passerait pendant les vacances, comment ils allaient retrouver le Pensionnat à la rentrée, et donc que faire des élèves qui resteraient. Céleste redéposa le dossier sur la petite table de salon, devant eux, pensive. Elle tourna la tête vers Cyprien, se redressant pour se mettre correctement dans le canapé.

Céleste – Beaucoup d’élèves vont partir cet été, on le sait tous. Mais pour ceux qui restent, je ne veux pas prendre le risque de les voir avoir peur d’utiliser leur don en public… Alexis a déjà été blessé à cause de cela. Il faudrait qu’ils aient confiance, qu’ils se sentent soutenus… Je serai plus à l’aise à la rentrée, en m’entraînant pendant les vacances, non ? Je pourrais m’occuper de l’élément foudre et de la glace. Puis proposer aux élèves de venir par groupe d’amis, et s’assurer de trouver un endroit hors du Pensionnat, au cas où les militaires changent tout ici. Mais il faudrait voir où et quand, combien d’élèves… A deux, on pourrait prendre en charge la glace, la foudre, l’eau et la terre mais il reste le vent et le feu. Cela demanderait un investissement considérable, en plus…

Céleste avait l’impression que c’était faisable, possible, et que cela aiderait vraiment les élèves terrorisés à la rentrée. Mais elle ne voulait pas imposer cela à Cyprien et ignorait si cette idée pouvait vraiment aider ou pas. En plus, il restait le problème de la confiance… Céleste passa ses mains sur son visage, désespérée. Son idée était stupide. Et elle ne voyait pas quoi faire d’autre, ne savait pas de quoi les élèves pouvaient avoir besoin.

Céleste – Le problème est que les élèves ne me feront jamais confiance…, dit-elle en retirant les mains de son visage pour parler. Je suis sûre qu’il y en a plusieurs comme Alexis. Tu n’as pas une autre idée plus faisable ? Je ne sais pas quoi faire d’autres, je n’ai pas beaucoup de compétences… Même mon métier, je le fais mal, alors ça…
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MessageSujet: Re: Un élève en danger   Un élève en danger EmptyMer 29 Juil - 11:22

– Moi, tirer ? Tu plaisantes, j’espère ? demanda-t-elle d’un air ahuri. Je ne relâche mon don que depuis que tu sais tout, je n’allais certainement pas accepter d’apprendre à tirer lorsque ta femme l’a proposé au début de l’année.

Cyprien tendit la main pour glisser un doigt dans le petit poing d’Aurore, qu’elle referma dans son sommeil. Donc Céleste n’avait pas appris non plus, ce qui ne le surprenait pas, dans un sens, mais ça n’arrangeait pas le problème. Il contempla la petite fille endormie, se demandant si elle deviendra comme sa mère en grandissant. Que faire, de concret ? Il n’en avait aucune idée ! Il avait l’impression que tout avait déjà été fait, que… Bon sang. Il retint un long soupir, pendant que Céleste feuilletait le dossier d’un air pensif. Cette discussion était presque irréelle. Ils demandaient comment agir, perdus, alors que juste à côté, Gaby dormait tranquillement, à des lieux de penser comme eux. Elle avait toujours foncé, toujours agi, lui et Céleste étaient loin derrière, à présent. Et il n’en avait que plus peur pour sa femme, tant elle était exposée au danger. S’en rendait-elle compte ? A sa place, en voyant l’abandon des professeurs et la pressions ‘accentuer, il aurait peut-être lâché prise, même s’il avait honte de l’avouer. Comment combattre seul ? Gaby l’avait fait mais elle était épuisée, malade. Il ignorait comment lui-même aurait réagi à sa place, ayant peur de connaître la réponse.

– Je pensais à les entraîner… Ceux qui n’osent pas utiliser leur don en cours, devant tout le monde. Comme Alexis… Mais je pense que c’est une mauvaise idée. Il faudrait que les élèves nous fassent confiance, qu’ils ne se méfient pas. J’ai peur que la situation du Pensionnat ne les empêche de s’entraîner à fond, comme pour…

Oui, c’était la barrière, la peur et le manque de confiance ! Il croisa le regard de Céleste, récupérant son doigt avec douceur pour se laisser retomber contre le dossier du canapé. Les élèves voyaient les agissements de Gaby, de Kimmitsu, d’Adrien, du père Vilette, même de Daniel aujourd’hui ! Mais lui et Céleste ? Ils ne faisaient pas rien mais ils n’étaient pas très actifs non plus. Cyprien savait que beaucoup d’élèves l’aimaient bien mais serait-ce suffisant pour qu’ils acceptent de s’entraîner avec lui en cachette ? Il devait tester, l’idée de Céleste n’était pas mauvaise.

– Beaucoup d’élèves vont partir cet été, on le sait tous. Mais pour ceux qui restent, je ne veux pas prendre le risque de les voir avoir peur d’utiliser leur don en public… Alexis a déjà été blessé à cause de cela. Il faudrait qu’ils aient confiance, qu’ils se sentent soutenus… Je serai plus à l’aise à la rentrée, en m’entraînant pendant les vacances, non ? Je pourrais m’occuper de l’élément foudre et de la glace. Puis proposer aux élèves de venir par groupe d’amis, et s’assurer de trouver un endroit hors du Pensionnat, au cas où les militaires changent tout ici. Mais il faudrait voir où et quand, combien d’élèves… A deux, on pourrait prendre en charge la glace, la foudre, l’eau et la terre mais il reste le vent et le feu. Cela demanderait un investissement considérable, en plus…

Il ne répondit pas tout de suite, se frottant les yeux avec un petit soupir. Ils ne pourront pas prendre en charge autant d’éléments juste à eux deux, c’était impossible, et Céleste ne sera pas assez bien à la rentrée avec la foudre pour aider les lycéens. A moins qu’il ne l’entraîne deux heures par jour, ce qui était parfaitement impossible. Elle serait épuisée, lui aussi, et il ne voulait pas laisser Gaby seule autant de temps, surtout dans son état. Sinon, pour el reste, pourquoi pas ? Il devait bien avoir des endroits où personne n’aura l’idée de venir ! Pourquoi pas les ruines, par exemple ? Il y avait juste des touristes, de temps en temps, et parfois des habitants de la région qui aimaient s’y arrêter pour un pique-nique ou un moment de détente.

– Le problème est que les élèves ne me feront jamais confiance…, dit-elle en retirant les mains de son visage pour parler. Je suis sûre qu’il y en a plusieurs comme Alexis. Tu n’as pas une autre idée plus faisable ? Je ne sais pas quoi faire d’autres, je n’ai pas beaucoup de compétences… Même mon métier, je le fais mal, alors ça…

– Ton idée n’est pas si mauvaise, mais oublie la foudre, tu ne seras jamais prête à la rentrée, dit-il d’un ton pensif, une main sur le menton. Pas avec les lycéens, en tout cas, j’ai vu comment Gaby les entraînait et ça ne rigole pas. Les collégiens, pourquoi pas.

Il se leva pour faire un peu de thé, en proposant à Céleste. Il réfléchissait à ce qu’elle avait dit, la possibilité des ces cours secrets, mais où, avec quels élèves et comment ? Il mit de l’eau dans une casserole puis craqua une allumette pour allumer le gaz, sortant un peu de sucre, des tasses, des cuillères et des petits sachets de thé. Sa mère lui avait appris à en faire des bons, en mélangeant plusieurs herbes aromatiques. Il revint avec le tout, posant sur la table du salon, près des jumeaux endormis profondément.

– S’ils acceptent de nous faire confiance, on pourrait les entraîner en cachette par petits groupes, aux ruines de Sallat ou… Je ne sais pas, je n’en sais rien, souffla-t-il d’un ton dépité. Je m’en veux de galérer à ce point pour trouver des idées concrètes pour aider alors que d’autres sont déjà lancés sans difficulté. Regarde Adrien, le Père Vilette, Valentin, Kimmitsu… Et moi, je reste là, alors que je suis marié à Gaby, et je n’ai même pas d’idées pour l’aider, c’est ridicule.

Il soupira puis alla chercher l’eau qui commençait à bouillir pour revenir la verser dans les tasses, sur le thé. Il veillait à ne pas faire trop de bruit en marchant, pour ne réveiller ni les bébés ni leur mère. Se rasseyant près de Céleste, il mit un demi-morceau de sucre dans son thé, lui en proposant aussi.

– Je me sens bon à rien, avoua-t-il. Cette histoire nous dépasse… Plus le temps passe et plus j’ai l’impression qu’on s’éloigne des personnes qui sont capable de suivre, ici. Tout le monde n’est pas capable de suivre comme ça, je suis largué. On est juste professeurs, on…

Il s’interrompit, serrant les dents, touillant son thé avec un peu plus de vigueur que nécessaire.

– Qu’est-ce qui te fait tenir, toi ? Pourquoi veux-tu continuer ?
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MessageSujet: Re: Un élève en danger   Un élève en danger EmptyMer 29 Juil - 13:19

Cyprien – Ton idée n’est pas si mauvaise, mais oublie la foudre, tu ne seras jamais prête à la rentrée, dit-il d’un ton pensif, une main sur le menton. Pas avec les lycéens, en tout cas, j’ai vu comment Gaby les entraînait et ça ne rigole pas. Les collégiens, pourquoi pas.

Ce n’était même pas étonnant, vu comment elle-même se comportait. Il était presque normal de voir qu’elle donnait des cours très poussés aux lycéens, du même genre qu’Alice, Céleste en était convaincue et n’était pas pressée du tout d’atteindre ce niveau. C’était terrifiant… Elles se maîtrisaient, oui, mais voir une telle puissance… Pour l’instant, la jeune professeure n’était pas prête, elle y travaillait mais devait vraiment prendre sur elle et apprendre. Elle pouvait entraîner les collégiens, oui, préférant laisser les lycéens à quelqu’un d’autre. Mais qui… Céleste suivit Cyprien du regard lorsqu’il se leva pour faire du thé, acceptant une tasse pour se calmer un peu. Elle l’attendit ensuite, cherchant d’autres idées au cas où, mais aucune ne lui vint à l’esprit. Entraîner les élèves, les écouter, oui, mais en dehors de cela ? Des actions concrètes qu’ils pouvaient faire… Elle avait l’impression que tout était déjà pris alors qu’elle savait qu’il y avait sûrement des centaines de moyens d’agir, d’aider, de ne pas rester sagement en arrière. Lorsque son ami revint avec le thé et les tasses, Céleste fit de la place sur la petite table du salon en écartant ce qui s’y trouvait.

Cyprien – S’ils acceptent de nous faire confiance, on pourrait les entraîner en cachette par petits groupes, aux ruines de Sallat ou… Je ne sais pas, je n’en sais rien, souffla-t-il d’un ton dépité. Je m’en veux de galérer à ce point pour trouver des idées concrètes pour aider alors que d’autres sont déjà lancés sans difficulté. Regarde Adrien, le Père Vilette, Valentin, Kimmitsu… Et moi, je reste là, alors que je suis marié à Gaby, et je n’ai même pas d’idées pour l’aider, c’est ridicule.

Mais non ! L’idée des ruines de Sallat était une très bonne idée, elles étaient à l’écart du Pensionnat et les élèves n’avaient aucune raison d’y aller habituellement, donc les militaires non plus. Céleste lança un regard à Cyprien alors qu’il allait chercher l’eau pour le thé après avoir soupiré. Elle voulait tant l’aider, elle aussi, lui faire comprendre que c’était normal qu’il n’ait pas autant d’idées, qu’ils n’avaient jamais vraiment pris le temps de réfléchir à cela. Ce n’était pas parce qu’il était marié à Gabriella qu’il devait avoir le même esprit qu’elle, ils étaient très différents même s’ils avaient un passé commun avec leurs études et l’enseignement au Pensionnat. Elle changeait et était au cœur de tout cela, alors oui, il était évident qu’elle avait plus d’idées, qu’elle pouvait davantage agir qu’eux. Pourquoi ne pas lui avoir demandé, si cela lui pesait tant ? Il revint et versa l’eau dans les tasses, se rasseyant ensuite à côté d’elle. Céleste accepta le sucre, prenant l’autre demi-morceau qu’elle mit dans son thé en mélangeant, le remerciant, cherchant ce qu’elle pouvait dire pour le réconforter, le motiver, le rassurer.

Cyprien – Je me sens bon à rien, avoua-t-il. Cette histoire nous dépasse… Plus le temps passe et plus j’ai l’impression qu’on s’éloigne des personnes qui sont capable de suivre, ici. Tout le monde n’est pas capable de suivre comme ça, je suis largué. On est juste professeurs, on…

Céleste continua à mélanger un peu, à la fois pour laisser refroidir son thé, à la fois pour chercher une occupation en évitant le regard de Cyprien, restant silencieuse. Elle savait qu’il était dépassé, complètement dépassé, et le voyait de plus en plus à mesure que les jours s’écoulaient. Mais s’il l’avouait, c’était déjà un pas en avant de fait, non ? Au moins, peut-être allait-il écouter ce qu’elle lui avait dit il y a plusieurs semaines de cela maintenant, aux ruines. Il n’était pas bon à rien, non, mais il ne devait pas se battre au même niveau que sa femme, voilà tout. Ce combat n’était pas fait pour tout le monde, sa femme avait un esprit stratégique, ce qui lui valait cette place dans l’armée, alors qu’eux n’étaient « que professeurs ». Elle voulait aider, vraiment, mais Céleste savait qu’elle ne pouvait rien faire cette année et comptait s’entraîner d’ici la rentrée pour être opérationnelle. Quitte à s’entraîner deux fois plus de temps de son côté, ce n’était pas un problème.

Cyprien – Qu’est-ce qui te fait tenir, toi ? Pourquoi veux-tu continuer ?

Pourquoi… ? La jeune professeure tourna la tête vers Cyprien sans cesser de faire remuer sa cuillère, voyant à quel point il avait vraiment l’air perdu. Une seule raison la poussait à continuer, à s’accrocher, à ne pas laisser tomber. La même raison qui l’avait conduite au Pensionnat, la même qui l’avait guidée depuis la mort de sa sœur. En soi, peut-être cela allait-il sembler stupide pour Cyprien, mais elle tenait grâce à ça et ne comptait pas abandonner. Céleste donna un bref petit coup de cuillère contre la tasse pour ne pas faire tomber de goutte par terre avant de la déposer à côté, prenant la tasse dans ses mains.

Céleste – La même raison que celle qui m’a poussée à venir enseigner au Pensionnat, dit-elle avec un petit sourire avec un mouvement de la tête vers la chambre de Gabriella. Ta femme a été la seule à ne pas me rejeter quand je suis revenue au Pensionnat complètement désespérée. J’avais perdu ma sœur, mes parents et mes amis ne me regardaient qu’avec de la haine dans les yeux et je venais de développer le don de la glace. Je lui ai dit d’emblée que je voulais l’étouffer.

Céleste eut un petit rire nerveux en repensant à cette journée-là, convaincue qu’elle avait fait la plus belle erreur de sa vie en venant parler comme cela à la directrice. Maintenant qu’elle y réfléchissait bien, elle avait eu de la chance qu’elle ne la foudroie pas sur place… Elle baissa le regard sur sa tasse fumante, ses mains l’entourant toujours pour voir si elle pouvait boire sans risquer de se brûler ou pas. Mais c’était un peu trop tôt, elle devait patienter. Elle reprit sans lever la tête tout de suite, comme absorbée par le liquide de sa tasse.

Céleste – Elle aurait très bien pu me foudroyer sur place, mais elle ne l’a pas fait. Elle m’a pris un an de plus au Pensionnat et a été la seule à m’accepter telle que j’étais sans me poser de questions. Comment pourrais-je l’abandonner maintenant ? Je sais que je ne peux pas aider tout de suite, que je dois d’abord m’occuper de mon don, mais je compte bien travailler dur cet été pour me rendre vraiment utile à la rentrée.

Céleste fit une petite pause, souriant à Cyprien. Elle voulait vraiment l’aider mais ne voyait pas comment faire… Il devait ouvrir les yeux, arrêter de freiner sa femme, même si c’était difficile. Elle changeait et tous le voyaient. Sauf lui qui voyait cela d’un mauvais œil… Pourtant, il pouvait aider ! Il devait seulement ouvrir les yeux… Elle porta sa tasse à ses lèvres, prenant une toute petite gorgée pour tester, avant de la reposer sur ses genoux. Il ne devait pas déprimer ou croire qu’il était un bon à rien, il pouvait se rendre utile, repartir sur de bonnes bases à la rentrée.

Céleste – Et puis, il y a une des raisons que l’on partage tous : les élèves. Tu as une motivation, toi aussi, tu n’es pas un « bon à rien », je ne comprends même pas que tu puisses le penser. Ton idée d'entraînement aux ruines de Sallat est très bonne ! Tu dois seulement… ouvrir les yeux sur certaines choses, les accepter, et ne pas freiner ta femme comme je te l’ai déjà dit. Tu peux aider, toi aussi, tu as même plus de ressources que moi vu que tu es plus vieux. Sans vouloir te vexer hein ! Tu te bloques parce que tu ne suis plus, mais cela ne signifie pas que tu es un bon à rien. La preuve, tu as réussi à me faire parler et à me pousser à utiliser mon don, chose que je ne faisais plus depuis mon entrée au Pensionnat et je ne comptais pas le faire. On va avoir deux mois de vacances pour réfléchir à des actions concrètes. Pourquoi ne demandes-tu pas à ta femme ce que tu pourrais faire pour aider ? Ce dont elle a besoin ?
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MessageSujet: Re: Un élève en danger   Un élève en danger EmptyMer 29 Juil - 16:10

Ne pas se sentir largué, c’était facile à dire, finalement… Il avait l’impression que l’école avait basculée dans un autre monde, puis la conférence de Paris. Tout avait changé si vite ! Il but une gorgée de thé trop vite, trop chaud, manquant de s’étouffer, se retenant de tousser pour ne pas réveiller les enfants. Il savait qu’il n’était pas fait pour la guerre et avait peur en voyant à quel point cette guerre transformait sa femme. En début d’année, elle était toujours un peu vive et colérique, mais tout de même beaucoup plus détendue, confiante en l’avenir, capable de sourire et de sortir pour s’amuser. Puis petit à petit, son caractère s’était durci. Il devait trouver le moyen de la grader un minimum détendue ou elle risquait de tomber gravement malade. Elle avait besoin de soutien ! Et pas de plus de travail ou il ne savait quoi. Il aimerait tant qu’elle accepte de partir loin du pays durant un mois… Elle pourrait se reposer, dormir. Ils pourraient parler de leurs projets d’avenir. De leur enfant. Il espérait secrètement qu’elle soit plus prudente si elle avait une seconde grossesse et qu’elle accepte de lever le pied. Elle n’était pas obligée d’en faire autant.

– La même raison que celle qui m’a poussée à venir enseigner au Pensionnat, dit-elle avec un petit sourire avec un mouvement de la tête vers la chambre de Gabriella. Ta femme a été la seule à ne pas me rejeter quand je suis revenue au Pensionnat complètement désespérée. J’avais perdu ma sœur, mes parents et mes amis ne me regardaient qu’avec de la haine dans les yeux et je venais de développer le don de la glace. Je lui ai dit d’emblée que je voulais l’étouffer.

Elle eut un rire nerveux et Cyprien devina sans peine ce qu’elle songeait. Gabriella aurait pu le prendre mal, très mal même. Il eut un faible sourire, se réchauffant les mains grâce à sa tasse brûlante. Il ne savait pas comment s’était passé le retour de Céleste au pensionnat mais c’était peu étonnant, Gaby ne rejetait pas ceux qui avaient besoin de ce genre d’aide. Mais lui dire comme ça qu’elle voulait se débarrasser de son don, c’était tout sauf une bonne idée ! Il comprenait que Céleste ait peur, la foudre et la glace n’allant pas ensemble, ce serait comme vouloir marier le feu avec la glace ou avec l’eau. Certains dons ne s’entrechoquaient pas aussi fort entre eux mais toutes les combinaisons n’étaient pas bonnes à faire, à moins d’être un expert dans son domaine.

– Elle aurait très bien pu me foudroyer sur place, mais elle ne l’a pas fait. Elle m’a pris un an de plus au Pensionnat et a été la seule à m’accepter telle que j’étais sans me poser de questions. Comment pourrais-je l’abandonner maintenant ? Je sais que je ne peux pas aider tout de suite, que je dois d’abord m’occuper de mon don, mais je compte bien travailler dur cet été pour me rendre vraiment utile à la rentrée.

Il lui rendit son sourire, plus faiblement, puis reporta le regard sur sa tasse, y faisant tourner sa cuillère. Il comprenait mieux ce qui motivait Céleste, maintenant… Quand quelqu’un vous tend la main, vous ne rejetiez pas cette personne lorsqu’elle-même avait besoin de votre soutien. Il but une gorgée, plus lentement cette fois, voyant Julien bouger tout à coup un peu plus, plongé dans son rêve. C’était d’ailleurs un miracle que Gaby dorme toujours, elle avait le sommeil très léger d’ordinaire. Elle devait vraiment être épuisée. Comment la convaincre qu’il lui fallait de vraies vacances ? Il partait deux semaines avec elle, c’était acquis, mais ensuite ? Elle refusera de se reposer autant qu’il le faudrait, il avait peur pour sa santé. Encore une fois, il était incapable de l’aider. Mais il ne baissera pas les bras ! Il pouvait tout essayer pour qu’elle se détende un minimum, elle en avait vraiment besoin. Si elle s’en rendait compte, au moins. Il ne fallait pas laisser l’armée l’embrigader trop, c’est ça qui la rendait malade.

– Et puis, il y a une des raisons que l’on partage tous : les élèves. Tu as une motivation, toi aussi, tu n’es pas un « bon à rien », je ne comprends même pas que tu puisses le penser. Ton idée d'entraînement aux ruines de Sallat est très bonne ! Tu dois seulement… ouvrir les yeux sur certaines choses, les accepter, et ne pas freiner ta femme comme je te l’ai déjà dit. Tu peux aider, toi aussi, tu as même plus de ressources que moi vu que tu es plus vieux. Sans vouloir te vexer hein ! Tu te bloques parce que tu ne suis plus, mais cela ne signifie pas que tu es un bon à rien. La preuve, tu as réussi à me faire parler et à me pousser à utiliser mon don, chose que je ne faisais plus depuis mon entrée au Pensionnat et je ne comptais pas le faire. On va avoir deux mois de vacances pour réfléchir à des actions concrètes. Pourquoi ne demandes-tu pas à ta femme ce que tu pourrais faire pour aider ? Ce dont elle a besoin ?

– Mais je l’ai déjà fait ! soupira-t-il.

Il reposa sa tasse pour le moment, la gorge trop nouée pour boire, puis se retourna vers son amie. Il ne voyait pas ce qu’il pouvait faire de vraiment concret, maintenant, en plus, à part l’inciter à se détendre. Il ne savait pas, il était largué, comme s’il la voyait courir devant, au loin, jusqu’à disparaître.

– Ce qu’elle a besoin, ce sont des personnes qui peuvent lutter sur le terrain avec elle, reprit-il d’une voix plus rauque. Il ya deux semaines, je l’ai entendu parler au téléphone avec un de ses subordonnés, je ne sais pas lequel. Elle lui décrivait de quelles compétences elle avait besoin et le profil des personnes. Il l’a rappelé une heure plus tard, ils parlaient des soldats qui pouvaient faire l’affaire… Et moi, je ne suis pas un soldat, je ne peux pas la suivre à l’armée, je ne sais pas me battre, je ne suis même pas capable d’abattre un lapin, alors un autre homme…

Il soupira longuement, désabusé, avant de reprendre son thé pour boire un peu. Il avait parlé plus vite, plus fort aussi, et se raidit en entendant du bruit dans la chambre. Se levant, il alla pousser la porte de la chambre, inquiet. Mais c’était bon, Gaby n’avait fait que se retourner dans son sommeil. Elle était en chemise de nuit, son poignet pris dans une attelle, à moitié recouverte par la couverture, ses cheveux blonds éparpillés sur l’oreiller. Il s’appuya contre le chambranle de la porte, restant à l’observer, finalement rejoint par Céleste. Il fit un signe perdu vers l’uniforme de sa femme, accroché à la penderie, comme s’il était l’incarnation de tous les malheurs du monde.

– J’aimerai au moins qu’elle se repose plus cet été, murmura-t-il.

Il se rapprocha doucement pour remonter la couverture sur elle puis ressortit de la chambre, refermant la porte avec lenteur. Le thé avait eu le temps de refroidir un peu et il put en prendre une longue gorgée, essayant de se rassurer.

– C’est peut-être juste les nerfs, dit-il en souriant à moitié. Ça ira sans doute mieux cet été. D’ailleurs, comment doit-on s’organiser, pour tes entraînements ? Tu préfères le soir ou en journée ?
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Céleste Dumoulin
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MessageSujet: Re: Un élève en danger   Un élève en danger EmptyMar 4 Aoû - 19:03

Cyprien – Mais je l’ai déjà fait ! soupira-t-il.

Ah, il l’avait vraiment fait ? Il lui avait demandé ou s’était-il contenté d’observer pour essayer de faire ce qu’elle voulait ? Donc, il avait compris qu’elle avait changé et ne serait plus celle qu’elle était au début de l’année ? Ce qui expliquait peut-être son état… Céleste le regarda poser sa tasse sans même boire une gorgée. Elle l’avait rarement vu comme cela mais ne pouvait rien faire, s’étant attendue à ce qu’il réagisse de la sorte en réalisant tout cela. Mais tout n’était pas perdu ! Il pouvait l’aider et la soutenir, il pouvait lui demander ce qu’il pouvait faire pour l’aider, même si ce n’était pas sur le terrain mais en restant à l’arrière. Tous pouvaient aider à leur échelle et elle en était parfaitement consciente même si, pour l’instant, dans son état, elle ne le pouvait pas.

Cyprien – Ce qu’elle a besoin, ce sont des personnes qui peuvent lutter sur le terrain avec elle, reprit-il d’une voix plus rauque. Il ya deux semaines, je l’ai entendu parler au téléphone avec un de ses subordonnés, je ne sais pas lequel. Elle lui décrivait de quelles compétences elle avait besoin et le profil des personnes. Il l’a rappelé une heure plus tard, ils parlaient des soldats qui pouvaient faire l’affaire… Et moi, je ne suis pas un soldat, je ne peux pas la suivre à l’armée, je ne sais pas me battre, je ne suis même pas capable d’abattre un lapin, alors un autre homme…

Mais sa femme avait parlé comme cela parce qu’elle parlait à un autre militaire ! C’était normal qu’elle parle de profils militaires étant donné qu’elle parlait à un militaire. Mais du côté de l’école, au Pensionnat, il y avait aussi des choses à faire sans être soldat ou puissant comme elle ou Alice. Chacun pouvait agir à son échelle, ils le répétaient aux élèves et Céleste savait que Kimmitsu l’avait déjà dit à ceux qui voulaient participer et aider, se rendre utiles. Elle ne bougea pas, lançant un regard inquiet à Cyprien alors qu’il poussait un long soupir en reprenant sa tasse de thé. Il devait se calmer, respirer, ne pas se laisser emporter comme il le faisait actuellement en parlant aussi vite et aussi fort.

Il se leva soudain et se dirigea vers la chambre où sa femme dormait, ayant sans doute réalisé qu’il avait parlé un peu trop fort. Céleste ne le rejoignit pas tout de suite, le regardant s’éloigner et ouvrir la porte en soupirant à son tour. Cette histoire le rendait complètement malade, et elle s’inquiétait vraiment pour lui. Apparemment, il semblait avoir compris que Gabriella changeait et avait besoin d’aide, qu’elle ne pouvait pas faire autrement, mais il devait le digérer. Depuis quand avait-il ouvert les yeux et depuis quand pensait-il tout cela ? Elle avait été complètement aveugle ! Voyant qu’il ne revenait pas, la jeune professeure se leva pour le rejoindre et le trouva appuyé contre le chambranle de la porte. Elle allait dire quelque chose pour essayer de le réconforter lorsqu’il fit un signe vers l’uniforme d’armée de sa femme, comme s’il le détestait et voulait le brûlé, l’air vraiment perdu. En tout cas, c’est ce qu’elle avait comme impression…

Cyprien – J’aimerai au moins qu’elle se repose plus cet été, murmura-t-il.

Ils l’espéraient tous… Même si Céleste doutait fortement de cette possibilité, sachant que la directrice serait encore plus sur les dents à l’idée de ce qui se préparait pour la rentrée. Il fallait qu’elle se repose, oui, qu’elle prenne le temps de souffler un grand coup à défaut de pouvoir véritablement agir, histoire de pouvoir repartir sur de bonnes bases pour la rentrée. Elle ne laisserait pas son poste de militaire et travaillerait, Céleste le savait, mais si elle voulait tenir, elle devait absolument se ménager. Surtout après tout ce qu’elle avait vécu ces derniers mois, ces dernières semaines. Cependant, en ayant l’élément foudre pour élément principal, elle savait que c’était impossible. Ils n’étaient pas du genre très… posés. Cyprien se rapprocha de sa femme pour remonter la couverture avant de sortir de la chambre, la jeune professeure s’écartant pour le laisser passer et fermer doucement la porte en allant dans le salon. Les petits dormaient toujours paisiblement, apparemment indifférents à ce qui se passait autour d’eux. Qu’ils en profitent, oui… Céleste s’installa dans le canapé à côté de son ami et prit sa tasse dans ses mains, buvant une gorgée un peu après lui. Que lui dire pour le rassurer ?

Cyprien – C’est peut-être juste les nerfs, dit-il en souriant à moitié. Ça ira sans doute mieux cet été. D’ailleurs, comment doit-on s’organiser, pour tes entraînements ? Tu préfères le soir ou en journée ?



Mais il était exaspéraaaaaaant ! Il avait le talent pour réduire tous ses espoirs à néant en l’espace de quelques paroles ! Céleste s’étouffa en avalant le thé, essayant de reprendre son souffle après avoir lancé un regard à Cyprien. Elle avait vraiment cru qu’il avait ouvert les yeux l’espace de quelques minutes, ce qui expliquait son état, mais là non, il n’avait rien vu, rien compris et, pire, il ne l’écoutait pas ! Il s’enfonçait et allait mal, oui, mais parce qu’il s’éloignait de Gabriella et ne savait pas comment faire pour l’aider. BON. Et maintenant ? Parler ne servait à rien, visiblement, il fallait trouver une autre technique. Elle ne savait pas comment faire, elle !

Au bout de quelques secondes, Céleste parvint à se reprendre, les larmes aux yeux, et dut se retenir pour ne pas dire le fin fond de sa pensée à Cyprien. Non, pas maintenant, il n’écoutait pas de toute manière, il lui fallait une preuve. Oui… Une preuve. Pourquoi pas ? Il lui suffisait seulement d’en trouver une. Elle prit une autre gorgée de thé, plus doucement cette fois, pour faire passer définitivement sa toux et en profita pour se reconcentrer sur sa question pendant que Cyprien lui tapotait le dos. Donc heu, c’était quoi, déjà ? Ah, oui, les entraînements pendant l’été. Le soir ou en journée ? Heu… En soirée, non, Gabriella serait sûrement chez eux et elle ne voulait pas monopoliser Cyprien non plus. En journée, par contre, ce serait possible puisqu’elle travaillerait à coups sûrs.

Céleste – Pardon, j’ai… avalé de travers. Heu… Je ne sais pas, peu importe pour moi, je ne vais pas faire grand-chose. Quand est-ce que ça t’arrange ? Tu es marié, en plus, je ne veux pas te déranger. En journée, dans la matinée ? Comme ça, on aura chacun notre journée tranquille, et j’éviterai de te monopoliser.

Cyprien – Le matin, pourquoi pas, Gaby voudra sûrement travailler, de toute façon. Tu as déjà des projets, pour les vacances ?

Bon, au moins, il ouvrait les yeux là-dessus et ne restait pas borné à ne pas voir cela. Vraiment, elle l’adorait, Cyprien était un véritable ami pour elle, mais parfois, ce qu’il pouvait l’exaspérer ! Et le pire est qu’il ne s’en rendait même pas compte, sauf lorsqu’il le faisait exprès… Mais bon, il était son ami. Céleste reposa sa tasse en faisant signe que non, elle n’avait aucun projet pendant les vacances. En dehors de l’entraînement de son don et d’Alexis qu’elle devait garder, du coup… Peut-être allait-elle déménager pour aller à Gray, oui, mais la jeune femme attendait encore et n’avait rien vu qui l’attirait pour l’instant. Elle avait surtout envie de ne plus penser au Pensionnat durant deux mois, respirer un peu, donc ce ne serait pas en allant à Gray directement qu’elle y arriverait.

Céleste – Je n’ai rien prévu pour les vacances, en dehors des entraînements et d’Alexis que je dois héberger… Je sais, tu m’avais suggéré de déménager à Gray, mais je ne sais pas si c’est une bonne idée, pas dès juillet, puis il n’y a rien qui m’attire pour l’instant et je n’ai pas eu le temps de vraiment regarder les appartements disponibles. Je me baladerai sûrement dans Paris entre les cours à préparer, dans les coins plus calmes et non envahis par les touristes. Même si je doute qu’il y en ait beaucoup cet été…

Avec tout ce qui s’était passé en France, en effet, Paris risquait d’être un peu plus calme durant les deux mois de vacances. Tant mieux ! Ce serait plus agréable d’y vivre, surtout après un dur retour à la ville comme celui-là après avoir passé toute l’année près d’un petit village en campagne tout tranquille. Seulement, si elle préférait le calme et la tranquillité, elle avait peur de l’état dans lequel elle risquait de retrouver Cyprien s’il passait vingt-quatre heures sur vingt-quatre avec sa femme sans l’interruption « école ». S’il craquait maintenant, s’il ne voyait vraiment pas qu’elle avait changé et ne l’entendait pas, Céleste voyait difficilement comment lui ouvrir les yeux en l’espace d’une heure d’entraînement, ce serait impossible. Elle se tourna complètement vers lui, l’air sérieux, voulant vraiment qu’il enregistre et retienne ce qu’elle allait dire.

Céleste – Cyprien, pour tout à l’heure… Tu n’es pas obligé d’être un soldat pour l’aider. Tu n’as jamais entendu Kimmitsu parler aux élèves ? Tu as dit toi-même qu’ils voulaient aider et y arrivaient, ils ne sont pas soldats pourtant ! On peut aider, nous aussi, sans être dans le feu de l’action. D’accord, le terrain n’est pas pour toi, admettons. Mais tu te débrouilles avec tes compétences.

Elle voulait qu’il l’intègre, qu’il le retienne et qu’il cesse de se démoraliser uniquement parce qu’il voyait sa femme agir autant. Céleste comprenait que cela ne devait pas être facile tous les jours, surtout avec Gabriella qui était connue et dont chaque action était rapportée très souvent dans les nouvelles, mais il ne devait pas se laisser miner pour autant. Elle fit une pause, posant un bras sur le dossier du canapé et laissant l’autre sur ses genoux de façon à être face à Cyprien, le regardant un moment sans rien dire avant de pousser un soupir puis reprendre.

Céleste – Est-ce que tu es sûr que ça va aller, pendant les vacances ? J’inverse les rôles, oui, mais… Tu sais que tu vas voir ta femme telle qu’elle est tous les jours, sans l’interruption des cours ? Cela risque d’être… différent de ce que tu vois pour l’instant. Ne te laisse pas miner, je veux te retrouver de bonne humeur et ne pas avoir peur de te laisser rentrer chez vous après l’entraînement en me demandant dans quel état tu seras au prochain. Tu tiendras le coup, quoi qu’il se passe ? Et tu n’hésiteras pas à appeler s’il y a un souci ? Je ne peux pas te balancer de blagues, mais je serai au moins là pour t’écouter au besoin, comme tu l’as été pour moi. Tu sais déjà ce que tu feras quand elle ne sera pas là ?
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MessageSujet: Re: Un élève en danger   Un élève en danger EmptySam 15 Aoû - 19:27

Il avait à peine fini de parler que Céleste avala de travers puis se mit à tousser. Il lui tapota doucement le dos pour l’aider à avaler, après avoir reposé sa propre tasse. Qu’est-ce qu’il avait dit ? A moins qu’elle n’ait pensé à autre chose. Il lui fit un faible sourire, attendant qu’elle reprenne son souffle. Voilà, ça allait mieux ? La laissant se reprendre, il but une petite gorgée de thé, réfléchissant à l’organisation pour les vacances. IL avait loué un petit cottage au bord de la mer en Bretagne, pour une quinzaine de jours. Une fois ces vacances terminées, il sera de nouveau sur Paris et pourra aider Céleste sans aucun souci. Au début, il avait eu peur que ces séances, longues et fréquentes, ne rendent Gaby jalouse mais elle n’avait jamais rien dit. Soit elle n’y prêtait pas garde, soit elle savait qu’il n’allait pas la tromper, soit cela l’indifférait qu’il le fasse ou non. Et il espérait très sincèrement que la seconde option était la bonne.

– Pardon, j’ai… avalé de travers. Heu… Je ne sais pas, peu importe pour moi, je ne vais pas faire grand-chose. Quand est-ce que ça t’arrange ? Tu es marié, en plus, je ne veux pas te déranger. En journée, dans la matinée ? Comme ça, on aura chacun notre journée tranquille, et j’éviterai de te monopoliser.

– Le matin, pourquoi pas, Gaby voudra sûrement travailler, de toute façon. Tu as déjà des projets, pour les vacances ?

Elle secoua la tête pour dire non, pendant qu’il buvait encore un peu de thé. Aucun projet, alors ? Il aurait cru qu’elle partait en vacances fin juillet ou dans le courant du mois d’août, pour voir d’autres amis ou tout simplement voyager. Il regarda les jumeaux dormir, alors qu’à présent, il faisait bien nuit au-dehors, il devait être tard. Il faudra qu’il les couche dans leur berceau, ils risquaient d’avoir mal au dos en restant dans des sièges bébé. Et voulait aussi veiller sur Gaby, être éveillé lorsqu’elle ouvrira les yeux. Pour une fois qu’elle dormait bien…

– Je n’ai rien prévu pour les vacances, en dehors des entraînements et d’Alexis que je dois héberger… Je sais, tu m’avais suggéré de déménager à Gray, mais je ne sais pas si c’est une bonne idée, pas dès juillet, puis il n’y a rien qui m’attire pour l’instant et je n’ai pas eu le temps de vraiment regarder les appartements disponibles. Je me baladerai sûrement dans Paris entre les cours à préparer, dans les coins plus calmes et non envahis par les touristes. Même si je doute qu’il y en ait beaucoup cet été…

Oh, Paris restait Paris, même avec tous les problèmes, il y aura toujours des touristes, quoi qu’il arrive. Cyprien n’avait jamais vu cette ville très calme depuis qu’il y vivait. Enfin, ces vacances promettaient d’être très calmes et reposantes ! Loin du pensionnat, surtout. Cyprien ne voyait vraiment pas ce dont Gaby arrivera à s’inquiéter avant la fin du mois d’août, cette fois, elle n’aura pas besoin de s’embêter avec l’administration ni avec tous les dossiers que renfermait son bureau. Pour l’armée, on ne pouvait rien faire avant la rentrée, donc ça lui fera un souci de moins ! Il sourit à nouveau face à ce raisonnement implacable mais parfaitement justifié et sans aucune faille. Buvant le reste du thé, il s’essuya la bouche puis posa la tasse plus loin, en veillant à ne pas faire du bruit pour que les jumeaux restent bien plongés dans leurs rêves. Il était vraiment temps que cette fin d’année arrive. Dans moins d’une semaine, il pourra emmener sa femme se reposer vraiment.

– Cyprien, pour tout à l’heure… Tu n’es pas obligé d’être un soldat pour l’aider. Tu n’as jamais entendu Kimmitsu parler aux élèves ? Tu as dit toi-même qu’ils voulaient aider et y arrivaient, ils ne sont pas soldats pourtant ! On peut aider, nous aussi, sans être dans le feu de l’action. D’accord, le terrain n’est pas pour toi, admettons. Mais tu te débrouilles avec tes compétences.

Peut-être, peut-être pas, il n’en savait rien, mais se sentir largué dans cette situation était légitime à ses yeux. Toute cette histoire dépassait de très loin le pensionnat et il était inquiet, tout ça n’était pas fait pour eux, il ne suivait plus. Ste Famille n’était qu’une école ! Pas un centre avancé de l’armée ni quoi que ce soit du genre ! Il ne pouvait pas être aussi confiant que Céleste, sur ce terrain, il n’y croyait pas, il ne pensait pas qu’ils pouvaient faire redevenir le pensionnat ce qu’il était autrefois.

– Est-ce que tu es sûr que ça va aller, pendant les vacances ? J’inverse les rôles, oui, mais… Tu sais que tu vas voir ta femme telle qu’elle est tous les jours, sans l’interruption des cours ? Cela risque d’être… différent de ce que tu vois pour l’instant. Ne te laisse pas miner, je veux te retrouver de bonne humeur et ne pas avoir peur de te laisser rentrer chez vous après l’entraînement en me demandant dans quel état tu seras au prochain. Tu tiendras le coup, quoi qu’il se passe ? Et tu n’hésiteras pas à appeler s’il y a un souci ? Je ne peux pas te balancer de blagues, mais je serai au moins là pour t’écouter au besoin, comme tu l’as été pour moi. Tu sais déjà ce que tu feras quand elle ne sera pas là ?

– Et pourquoi ça ne pourrait pas aller ? soupira-t-il très fort. Je l’aime, tu comprends ça ? Je suis capable de vivre avec elle !

Il avait parlé d’un ton bien plus pincé à la fin, vexé qu’elle lui balance cela comme ça, comme si elle ne le croyait pas capable de passer des vacances avec sa propre femme ! Il soupira, puis se leva, en lui disant de prendre Aurore dans ses bras. Prenant Julien, il le porta avec douceur dans leur chambre, allumant une petite lumière. Il coucha le petit garçon dans son berceau de bois et de chanvre, sur un doux matelas. Il prit ensuite Aurore des bras de Céleste puis la coucha à son tour près de son frère. Les deux bébés se prirent aussitôt la main dans leur sommeil, ce qui le fit sourire. Il laissa une veilleuse allumée, puis leurs doudous près d’eux, avant de ressortir avec son amie. Retournant s’asseoir, il soupira à nouveau, fatigué, en se frottant le visage.

– Il ne va rien se passer cet été… Oui, le pensionnat va changer mais on ne peut rien y faire avant septembre, ni Gaby, ni qui que ce soit. Et malgré ce que tu sembles penser, je pense quand même être capable de vivre sous le même toit qu’elle-même sans « l’interruption des cours ». Alors tu… Mais peu importe. Il y autre chose dont tu voulais parler ? Sinon, bonne nuit, il faudra se lever tôt demain.
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Céleste Dumoulin
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MessageSujet: Re: Un élève en danger   Un élève en danger EmptyVen 21 Aoû - 19:38

Cyprien – Et pourquoi ça ne pourrait pas aller ? soupira-t-il très fort. Je l’aime, tu comprends ça ? Je suis capable de vivre avec elle !

Mais oui, elle savait qu’il l’aimait ! Seulement, il ne l’aimait pas telle qu’elle était aujourd’hui et Céleste ne savait pas comment le lui faire comprendre… Peu importe le ton vexé qu’il ait pris, il devait bien comprendre, ouvrir les yeux, et avant que quelqu’un d’autre ne lui en fasse la remarque sans prendre des pincettes comme elle-même venait de le faire. Il ne comprenait pas… Elle avait beau essayer toutes les tournures de phrases possibles, Cyprien restait sur ses positions et continuait à croire que ce n’était qu’un « mauvais moment » à passer. Elle le regarda se lever après avoir soupiré en lui disant de prendre Aurore dans ses bras. Céleste hocha la tête et se pencha sur le siège de bébé dans lequel dormait la petite pour la prendre dans ses bras, calant bien sa tête comme Cyprien lui avait montré plus tôt avant qu’ils ne dorment.

La jeune professeure suivit son collègue qui avait pris Julien dans ses bras jusqu’à une petite chambre à part où il déposa le petit dans son berceau puis prit Aurore de ses bras pour la déposer à côté. Ils se prirent immédiatement la main et Céleste ne put s’empêcher d’esquisser un mince sourire, attendrie. Qu’ils dorment et profitent, cet endroit ne resterait plus sûr encore très longtemps… Quoi que, avec une mère telle que la directrice, ils ne risquaient absolument rien. Elle avait du mal à imaginer l’un des deux en danger, personne n’oserait s’en prendre à ses enfants s’il ou elle tenait à sa vie. Peut-être n’était-ce pas plus mal, d’ailleurs, ils resteraient à l’abri encore de longues années…

Céleste regarda Cyprien mettre une petite veilleuse et sortit de la pièce, patientant devant la porte qu’il referma en sortant à son tour. Ils revinrent dans le salon et s’assirent à nouveau sur le canapé sans rien dire. Elle couva son ami du regard en lissant sa robe alors qu’il soupirait et affichait une mine fatiguée. Elle voulait tellement l’aider… Mais il fallait bien admettre qu’elle ne le pouvait pas, pas ce soir. Peut-être penserait-il à tout ce qu’ils avaient dit ici ? Elle pouvait espérer un petit peu, non ?

Cyprien – Il ne va rien se passer cet été… Oui, le pensionnat va changer mais on ne peut rien y faire avant septembre, ni Gaby, ni qui que ce soit. Et malgré ce que tu sembles penser, je pense quand même être capable de vivre sous le même toit qu’elle-même sans « l’interruption des cours ». Alors tu… Mais peu importe. Il y autre chose dont tu voulais parler ? Sinon, bonne nuit, il faudra se lever tôt demain.

Céleste – Mais je ne…

Céleste avait relevé la tête et venait de s’interrompre, serrant un peu les poings sur sa robe. Elle ne voulait pas l’énerver et n’avait peut-être pas à s’immiscer dans sa vie privée comme cela, mais elle avait peur de le perdre, peur de le voir commencer à déprimer parce qu’il ne suivait plus sa femme. Elle poussa un soupir en fermant les yeux puis se releva, prenant le dossier d’Alexis, en souhaitant une bonne nuit à son ami, se dirigeant vers la porte. Avant de l’ouvrir, cependant, Céleste arrêta son geste et se tourna vers Cyprien, lui lançant un regard sérieux et sincère.

Céleste – Je ne voulais pas te blesser. Mais je m’inquiète pour toi, comme toi tu t’inquiètes pour moi depuis que tu sais tout. C’est normal que je réagisse comme cela, tu ne m’as pas laissée lorsque tu voyais que je me faisais du mal… Alors sache que tu pourras toujours compter sur moi, d’accord ? Je suis désolée si je t’ai blessé ou vexé ou… Je ne sais quoi d’autre. Enfin… Bonne nuit. A demain.

La jeune professeure essaya de sourire à son collègue puis se retourna vers la porte et l’ouvrit, dossier d’Alexis sous le bras, sortant de l’appartement directorial. Elle resta un moment près de la porte, soupirant en la regardant comme si cela allait aider en quoi que ce soit. Elle se dirigea ensuite vers son appartement et y entra, se laissant tomber sur son lit après avoir déposé le dossier d’Alexis sur son bureau. Il fallait qu’elle trouve un moyen. Et elle allait le trouver. Au moins, ils avaient trouvé une solution pour Alexis, c’était déjà ça… Non ? Même si passer deux semaines ensemble alors qu’il la détestait était loin d’être rassurant… Un élève, quoi ! Ce n’étaient que deux semaines. Mais deux semaines… D’accord, Céleste devait continuer à entraîner son élève et s’entraîner elle-même, mais de là à passer deux semaines ensemble, vingt-quatre heures sur vingt-quatre… Les vacances promettaient.
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