Avril 1932. Les soucis mondiaux s'étendent.
 
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 Vive les vacances !

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MessageSujet: Vive les vacances !   Vive les vacances ! EmptyLun 29 Juin - 15:48

Alexis referma sa valise avec un peu trop de force, indifférent à son craquement de protestation. Il était maudit, c’est ça ? Il avait offensé un quelconque dieu sur terre ? Et on le lui faisait payer maintenant ? Mais qu’est-ce qu’il avait fait pour mériter ça ?! Ce n’était quand même pour les quelques fois qu’il s’était entraîné seul ! Ou si ? Mais non… Non, ça ne pouvait pas être ça, quand même. Pitié… Il descendit avec lenteur, traînant sa valise, regardant avec peu de jalousie ceux qui couraient se jeter dans les bras de leurs parents, venus les chercher à deux pour les ramener à la maison. Voilà ce que c’était, une vraie famille, des vrais parents, c’était un homme et une femme parfaitement sains d’esprit qui œuvraient ensemble pour garantir un avenir à leurs enfants. Alexis avait rêvé, cette nuit, que ses parents viennent le chercher, comme si tout était normal, mais c’était un espoir idiot. Il devait arrêter ce genre de songe et ne compter que sur lui-même. Ainsi, il ne sera pas déçu, il saura compter uniquement sur ses propres forces pour s’en sortir.

Il traîna la lourde valise jusqu’à Gray, jusqu’à la gare qui reprenait peu à peu un rythme ordinaire. Pourquoi devait-il passer les vacances chez les profs ?! D’abord chez la prof d’élément, puis chez le prof de SVT. Il n’en revenait toujours pas, ayant bien manqué de succomber à une crise cardiaque lorsqu’il avait appris la nouvelle. Il n’avait pas besoin d’être protégé ! Franchement, que pensaient-ils qu’il allait lui arriver, durant les vacances ? Son don n’était pas si puissant que ça et il était jeune, rien qui pourrait pousser l’armée à s’intéresser à lui. A la maison, même chose, personne ne s’intéressait à lui, il pouvait bien faire n’importe quoi, ça ne changeait rien. Et impossible d’aller en orphelinat avec sa petite sœur tant que ses parents ne signaient pas une déclaration d’abandon. Il s’arrêta sur le quai de la gare puis s’assit sur sa valise avec un immense soupir. Formidables, comme vacances ! Deux mois chez des adultes convaincus qu’il allait vouloir se jeter du haut d’un pont si jamais on le laissait seul. Non pas qu’il n’y ait pas pensé mais bon…

Il redressa en voyant arriver la prof, surpris en la voyant avec le bras dans le plâtre. Qu’est-ce qui lui était arrivée ? Elle… Ah. Ah oui, il se souvenait, on lui avait raconté l’altercation entre elle et madame Hyène. Il se leva lorsqu’elle arriva à sa hauteur, disant bonjour du bout des lèvres, sans pouvoir s’empêcher de regarder son bras en coin. L’autre prof était une vraie dingue ! Une pure psychopathe, une tarée, une folle, une sale hystérique ! Si elle était capable d’autant de violence… Il eut un petit frisson, toujours en lui jetant bon nombre de regards en biais. Elle avait une sale tête, en plus, comme si elle n’avait pas dormi depuis une semaine.

– Vous devriez vous asseoir sur ma vali… commença-t-il avant de s’interrompre, détournant la tête. Pardon, ça ne me regarde pas.

Il croisa les bras en attendant l’arrivée du train, s’éloignant de deux pas. Il sentait que ça allait être très long… Il maudit encore copieusement cette idée vraiment brillante du prof de sciences, ulcéré. En plus, pourquoi sa prof avait-elle accepté ? On avait sûrement dû lui faire du chantage.

– Est-ce que la Hyè… Madame de Sora a été renvoyée ? demanda-t-il en se tournant vers sa prof.

– Oui, elle a été renvoyée immédiatement. Elle ne regrettait pas son geste et l'a clairement dit devant le sous-directeur.

Elle semblait à la fois furieuse et fatiguée, mais savoir qu’ils auront un autre enseignant en mathématiques l’année prochaine lui fit chaud au cœur. Enfin libérés ! Le train arriva deux minutes plus tard et il fallut embarquer. Il hissa sa valise avec l’aide du contrôleur, silencieux, retombant peu à peu dans l’anxiété. Passer deux semaines chez sa prof, avouons-le, l’effrayait beaucoup moins que l’idée de passer un mois et demi chez la directrice… Il s’assit sur la banquette dans le train en essayant d’imaginer ce qui l’attendait. Il n’avait jamais dû adresser la parole directement à la chef de l’école, mais il avait l’orage terrifiant d’une nuit, il avait lu les journaux, il l’avait vu frapper le médecin fou, il avait entendu des centaines de rumeurs. Bien qu’il ait parfaitement confiance en elle, elle lui collait une trouille si monstrueuse qu’il pourrait en être pétrifié sur-place. Il ne dit pas grand-chose durant tout le voyage, bien trop occupé à se rassurer. Tout allait bien se passer, pas vrai ?

En sortant du train, il suivit la prof dans un petit quartier de Paris, non loin de la gare. Il était toujours en mode « la-directrice-est-elle-plus-gentille-en-privée » mais il n’arrivait pas à se détendre, un peu comme un lapin effrayé qu’on conduirait à l’abattoir. Il s’efforça de se reprendre, se donnant des gifles mentales. Allez, on pouvait lui faire confiance, il ne devait pas voir peur ! Mais elle était terrifiante… Il respira un grand coup en posant sa veste, s’obligeant à arrêter de penser au reste des vacances. D’accord, elle était peut-être un tantinet dangereuse, mais elle était fiable, c’était tout ce qui comptait. Ne pas avoir peur, ne pas avoir peur, ne pas avoir peur. Et puis, et puis, au pire, le prof de SVT sera là aussi, il était déjà nettement moins intimidant. Alexis le détestait pour lui avoir fait ce coup-là, mais vu ce qu’il l’attendait, il était très soulagé de savoir qu’il sera dans les parages.

Il regarda où il se trouvait pour se changer les idées. C’était petit, mais propre, pas de trace de mari ou même de chat ou de chien. Il accrocha sa veste au parterre, tiquant un peu devant un miroir retourné contre le mur. Ça servait à quoi de l’accrocher, s’il n’était même pas du bon sens ? Il resta dans le hall sans trop oser bouger, mal à l’aise, regardant les murs ou le sol, mais jamais la prof.

– Pourquoi monsieur Redfire tenait absolument à m’éloigner de mes parents ? murmura-t-il. Je ne vois pas le danger, là… Ils ne se préoccupent pas de moi. Et si je vais chez lui après, je vais les déranger, comme je vous dérange vous, en fait. Surtout si vous êtes blessée.
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Céleste Dumoulin
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Céleste Dumoulin
MessageSujet: Re: Vive les vacances !   Vive les vacances ! EmptyMer 1 Juil - 18:15

Céleste – Je t’assure que ce n’est pas né… D’accord, je n’ai rien dit.

Céleste se retint de pousser un énorme soupir en voyant Estelle se baisser pour prendre sa grosse valise afin de les descendre à l’entrée du Pensionnat. Ce n’était pas nécessaire ! En plus, elle était enceinte et allait bientôt accoucher, elle n’avait pas à porter des valises aussi lourdes. Et elle devait s’occuper de son propre départ. C’était trop, beaucoup trop, et si Céleste tolérait cet excès de protection, c’était uniquement parce qu’elle savait qu’elle serait loin du Pensionnat d’ici quelques heures. Plus personne pour la couver ! Surtout pas Estelle… Non pas que la jeune mère était insupportable, mais ses tendances de mère surprotectrice l’épuisaient. Elle ne pouvait rien faire ! C’était tout juste si elle pouvait manger seule à midi…

Céleste suivit sa collègue à contrecœur dans l’escalier, n’ayant eu droit à porter que son sac très léger qui « ne risquait pas de l’entraîner dans les escaliers à cause d’une secousse ». L’agitation était partout dans le Pensionnat, les élèves partant les uns après les autres, des professeurs emballant encore leurs valises parce qu’ils étaient à la traîne. Partout, on entendait des cris, des rires, les élèves s’échangeaient leurs adresses et confirmaient des dates pour passer les vacances les uns chez les autres… Un tel engouement pour les vacances faisait chaud au cœur, surtout après ce qui s’était passé cette année. Les élèves avaient souvent plusieurs sacs, ne rentrant chez eux que pour les vacances, alors que les professeurs avaient déjà pu ramener certaines choses en rentrant le week-end. C’était le cas de Céleste même s’il lui restait encore une énorme valise à ramener jusque Paris.

Céleste – Tu sais, je peux aller toute seule à Gray, je n’ai qu’une valise à porter et je serai très prudente sur le chemin.

Estelle – Je t’emmène à Gray en voiture, je te déposerai à la gare. Ne va pas faire comme Gaby, je te prie, à vouloir à tout prix faire des choses que tu ne peux plus pour le moment.

Elle ouvrit la bouche, prête à riposter, mais se ravisa à la dernière minute. Ne rien dire, d’accord, elle n’avait pas le choix. Ne va pas faire comme Gaby… Ce n’était qu’une valise, elle en était parfaitement capable ! En plus, arrivée à Paris, elle devrait bien la porter et ne comptait certainement pas demander de l’aide à Alexis. Céleste poussa un soupir en songeant aux deux semaines qu’ils allaient passer ensemble, de plus en plus anxieuse. Elle fit un sourire à Estelle pour la rassurer, suivant toujours derrière en culpabilisant de ne rien pouvoir faire, même si elle était touchée. Jamais, ô grand jamais, elle n’aurait imaginé que quelqu’un veuille l’aider… Pourtant, plusieurs de ses collègues l’avaient fait.

Une fois hors du Pensionnat, Céleste suivit la jeune mère jusqu’à sa voiture, voulant une nouvelle fois l’aider pour mettre sa valise dans le coffre mais retenant son geste à la dernière seconde. Ce n’était pas sa faute, c’était plus fort qu’elle ! Elle n’était pas habituée à être assistée de la sorte, elle faisait tout toute seule depuis des années, ce n’était pas en quelques jours, à cause d’un bras cassé, qu’elle allait tout oublier… Mais soit, ne pas faire de commentaire. Céleste s’installa dans la voiture, bouclant sa ceinture en se contorsionnant, et elles roulèrent vers Gray. Elle jeta un dernier coup d’œil au Pensionnat, consciente de le voir ainsi pour la dernière fois. Qu’allait-il devenir d’ici la rentrée… ? Elle resta silencieuse durant le trajet, épuisée maintenant qu’elle s’asseyait, et pas encore entièrement remise de ces derniers jours.

Céleste remercia Estelle et lui assura qu’elle allait l’appeler si jamais elle avait besoin d’aide, prit sa valise et monta sur le quai. La gare de Gray était assez petite comme il s’agissait d’un village, mais aujourd’hui, elle était animée avec les élèves et professeurs qui repartaient en train vers Paris pour la plupart afin de rejoindre leur propre ville ou village. Petite gare tranquille, pas spécialement remise à neuf mais elle avait son charme malgré tout. Ce n’était pas la première fois que Céleste revenait en train à Paris, mais elle préférait la voiture pour transporter ses affaires en une seule fois. Dieu merci, cette fois-ci, elle avait tout laissé là-bas… Pour Alexis, cela aurait peut-être été plus simple, mais elle n’aurait jamais pu conduire avec un seul bras et il aurait fallu déranger un professeur pour ramener sa voiture, prendre un billet pour le train, tout organiser pour tout changer en dernière minute… Non, définitivement, elle avait bien fait de laisser sa voiture là-bas.

La jeune professeure chercha le numéro du quai pour retrouver Alexis, Cyprien s’étant arrangé avec lui pour qu’il attende là et puisse être plus facilement visible. Lui était venu à pieds, sans aucun doute, et devait être aussi impatient qu’elle de passer les deux prochaines semaines ensemble. Ils avaient été manipulés tous les deux, elle par Cyprien qui avait utilisé l’argument de « Gaby veille sur des centaines d’élèves, un seul, ce n’est pas compliqué » et lui par la directrice ou son professeur, voire les deux, qui le lui avaient ordonné. C’était de la manipulation pure et dure… Même le rendez-vous sur le quai était stupide ! Comme s’ils allaient le perdre ici, franchement… Mais soit.

Alexis était bien là, plus loin, et Céleste le rejoignit en devinant, à son regard, qu’il ne devait pas être au courant pour son bras cassé. Curieux, elle savait que cette histoire avait fait le tour du Pensionnat, pourtant. Elle répondit à son bonjour en essayant de sourire pour le rassurer, lui montrer qu’elle n’était pas plus heureuse que lui de se retrouver là, mais n’y parvint pas et laissa un léger silence s’installer. Ces deux semaines allaient être longues…

Alexis – Vous devriez vous asseoir sur ma vali… commença-t-il avant de s’interrompre, détournant la tête. Pardon, ça ne me regarde pas.

Céleste baissa la tête sur son élève, choquée, alors que lui-même s’était écarté de deux pas sans rien ajouter d’autre. Que ses collègues lui proposent de l’aide, admettons, mais Alexis ? Il ne lui faisait pas confiance et la détestait, il l’avait déjà prouvé à plusieurs reprises ! Et ici, il lui proposait de s’asseoir sur sa valise… Le monde ne tournait pas rond. Ou on l’avait droguée à l’hôpital. Ou était-ce la fatigue ? Elle savait qu’elle était fatiguée, mais tout de même, pas à ce point-là !

Alexis – Est-ce que la Hyè… Madame de Sora a été renvoyée ? demanda-t-il en se tournant vers sa prof.

Céleste – Oui, elle a été renvoyée immédiatement. Elle ne regrettait pas son geste et l'a clairement dit devant le sous-directeur.

Céleste ne put dissimuler sa colère en repensant à la réaction de Sarah, cela se traduisant par un ton involontairement furieux. Quand elle repensait à ce qui s’était passé… Et maintenant, la voilà immobilisée pendant un mois, en plus de ce qui allait suivre ! Au moins, Cyprien n’allait pas continuer les entraînements. Peut-être. Elle n’avait pas osé demander, préférant penser aux deux semaines qu’il allait passer avec sa femme et elle-même avec Alexis. Le train arriva pile à ce moment-là, comme alerté par la pensée de Céleste qui ne faisait qu’accroître son anxiété. Durant tout le trajet, elle ne cessa de chercher des idées pour occuper Alexis, se posant mille questions. D’accord, il avait l’air de moins la détester, mais de là à passer deux semaines ensemble… C’était son élève !

Descendant du train, un voyageur prit sa valise pour la déposer sur le quai avec un grand sourire et Céleste le remercia, n’ayant pas vraiment eu le temps de refuser son aide. Elle se mit en marche jusqu’à son appartement, situé dans un quartier modeste de Paris, au troisième étage d’un immeuble assez haut. Appelant l’ascenseur, la jeune professeure laissa entrer Alexis d’abord, fit entrer sa valise ensuite et entra à son tour en reclapant bien fort la porte en métal puis la deuxième porte de « sécurité » qu’elle fit glisser. Elle détestait prendre l’ascenseur habituellement, surtout parce qu’il restait assez souvent bloqué dans les étages supérieurs, ou alors parce qu’il fallait toujours s’y reprendre à trois fois pour bien fermer la porte. Mais aujourd’hui, elle avait réussi du premier coup !

Céleste sortit la première, traînant sa valise, s’écarta légèrement pour laisser passer Alexis et refit le même geste qu’au rez-de-chaussée mais à l’envers, vérifiant que la petite lumière rouge s’éteignait bien. Invitant son élève à la suivre, elle ouvrit la porte de son appartement, entrant la première pour allumer, et déposa ses affaires en s’efforçant d’être naturelle. La porte donnait directement sur un petit salon, faute de moyen pour avoir accès à un appartement avec un vrai hall d’entrée. L’intérieur en lui-même représentait le parfait appartement d’un célibataire… Petit, rangé dans son cas, des couleurs sobres. Cinq pièces : le couloir à leur gauche donnait sur sa chambre, la salle de bains et un bureau. A droite du salon se trouvait la cuisine. Alexis allait dormir dans la pièce qui lui servait de bureau, elle pouvait très bien travailler dans le salon et, de toute manière, elle n’avait pas grand-chose à faire pour l’année prochaine. Surtout si les militaires changeaient tout…

Alexis – Pourquoi monsieur Redfire tenait absolument à m’éloigner de mes parents ? murmura-t-il. Je ne vois pas le danger, là… Ils ne se préoccupent pas de moi. Et si je vais chez lui après, je vais les déranger, comme je vous dérange vous, en fait. Surtout si vous êtes blessée.

Peur de la déranger… Elle avait donc si mal caché que cela que cette situation la mettait mal à l’aise ? Céleste se retourna vers Alexis qui semblait regarder partout sauf dans sa direction. Il fallait qu’il comprenne que c’était elle qui avait demandé comment l’aider, qu’il ne la dérangeait pas. En plus, comme il venait de le dire, elle était blessée. N’étant pas du tout habituée à avoir un bras en moins pour bouger, cuisiner, et toutes les actions quotidiennes que l’on doit faire, elle savait qu’elle aurait besoin d’aide. Donc non, il ne la dérangeait pas. Même si oui, elle était mal à l’aise… Céleste savait qu’il ne l’aimait pas et qu’il aurait préféré mille fois passer ses vacances ailleurs. Elle poussa un soupir, cherchant ses mots.

Céleste – Vous ne me dérangez pas, dit-elle en essayant d’adopter un ton plus doux. Je suis blessée, comme vous l’avez dit, et je ne pourrai jamais me débrouiller seule dès le début, même si j’essaie. Quant à monsieur Redfire et à la directrice, cela ne les dérange pas non plus. Nous voulions éviter de vous laisser seul avec ce qui s’est passé. Je m’inquiétais, alors j’ai essayé de trouver une solution… Nous avons tous besoin de vacances, de vraies vacances après cette année et avant celle qui s’annonce.

Et ce n’était pas avec ses parents qu’il aurait réussi à penser à autre chose, à passer de vraies vacances loin de tout cela. Peut-être les passer avec un professeur n’était-ce pas la meilleure option pour se changer les idées, sans doute d’ailleurs, surtout avec elle, mais Céleste avait essayé de convaincre Cyprien sans y parvenir. L’argument « tu manies la foudre » avait primé sur tout le reste… Elle le soupçonnait d’avoir fait exprès pour qu’elle ne reste pas seule et qu’elle continue à utiliser son don pendant son absence, mais elle préférait ne pas y penser. Céleste fixait son élève d’un air fatigué, s’excusant de lui faire subir deux semaines avec elle, mais voulant que tout se passe au mieux. Les grands discours, non merci, pas aujourd’hui. Pas le courage.

Céleste – Je ne vais pas vous faire de grands discours aujourd’hui mais… Ecoutez, je sais que nous avons tous les deux été manipulés pour ces deux premières semaines que vous devez passer ici… Mais comme nous n’avons pas le choix, je propose que l’on essaie de faire au mieux et que chacun donne un peu du sien pour que ce début de vacances ne soit pas pénible, si vous l’acceptez. Je sais que vous ne me faites pas confiance, et que vous ne m’aimez pas d’ailleurs, mais nous n’avons que deux semaines. Je suis prête à faire des efforts, même à vous faire découvrir Paris si vous le souhaitez, mais je ne vous imposerai rien. Je suis humaine en plus de professeur, vous savez.

Céleste fit un mince sourire, sachant pertinemment que les élèves n’imaginaient pas les professeurs en dehors du Pensionnat, comme si leur vie s’arrêtait là. Ils venaient, travaillaient, dormaient mais étaient toujours présentables et devaient montrer le bon exemple. Seulement, en dehors du cadre scolaire, la jeune femme était une personne tout à fait normale, quoi qu’un peu renfermée il est vrai, mais elle avait une vie. Une petite. Bon d’accord, elle travaillait beaucoup, mais elle avait quand même visité Paris quand elle était arrivée, à force de courir les rues pour trouver un appartement accessible point de vue budget.

Céleste – Qu’en dites-vous ? Partant pour faire une trêve et rendre votre séjour moins « pénible » ?
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Anonymous Invité
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MessageSujet: Re: Vive les vacances !   Vive les vacances ! EmptyVen 17 Juil - 11:03

Ce miroir retourné avait pris un intérêt très soudain et particulier pour le jeune collégien, qui s'absorbait dans sa contemplation, surtout après avoir entendu sa prof soupirer. Il n'avait toujours as réussi à déterminer si elle était alliée ou ennemie et restait donc sur ses gardes. Pour le côté "ennemie", il ne l'avait jamais vu aider qui que ce soit, elle restait toujours à l'écart, ne parlait même pas aux autres professeurs dans le réfectoire et était très froide avec les élèves, comme si elle les détestait. Pour le côté "alliée", elle était proche de du prof de SVT, qui lui était très fiable, et surtout, elle avait fait renvoyer la Hyène, ce qui allait la faire passer pour une héroïne aux yeux de toute l'école, lui y compris. Détachant son regard du miroir, il le promena sur le salon, étonné malgré lui. C'était peut-être idiot, mais il avait du mal à réaliser qu'une professeur puisse avoir un appartement et une vie tout à fait ordinaire, en-dehors des cours, du mal à l'imaginer dormir, cuisiner ou sortir avec des amis. C'était plus fort que lui ! Oui, elle était humaine, mais même, c'était bizarre, c'était une prof. Son regard tomba sur une bibliothèque et voir autant de livres l'apaisa un peu. Il avait toujours adoré lire, presque autant que dessiner. Il devra lui demander s'il avait droit de regarder.

– Vous ne me dérangez pas, dit-elle en essayant d’adopter un ton plus doux. Je suis blessée, comme vous l’avez dit, et je ne pourrai jamais me débrouiller seule dès le début, même si j’essaie. Quant à monsieur Redfire et à la directrice, cela ne les dérange pas non plus. Nous voulions éviter de vous laisser seul avec ce qui s’est passé. Je m’inquiétais, alors j’ai essayé de trouver une solution… Nous avons tous besoin de vacances, de vraies vacances après cette année et avant celle qui s’annonce.

Eviter de le laisser seul... Il se tendit d'un seul coup, le regard fixé sur un motif de la tapisserie, à l'autre bout de la pièce. Non mais ils pensaient qu'il allait se suicider s'il était revenu chez ses parents ?! Bon, hum, c'est vrai qu'il y avait pensé, mais il n'était pas encore passé à l'acte. Rectification, il avait lamentablement échoué lorsqu'il avait complètement relâché son don en espérant se faire tuer. Il se mordit les lèvres, regardant ensuite le canapé avec un grand intérêt. Maintenant, les profs risquaient de le cataloguer dans la case "dépressif à surveiller"... Formidable, comme s'il avait besoin de ça. Il s'empêcha de relever ou répondre, se contentant de détailler le canapé, en évaluant les nuances de couleurs exactes et la taille. Il avait déjà vu le même dans un magasin de meubles, lors des dernières vacances. Le vendeur l'avait laissé s'asseoir dessus cinq minutes pour le tester.

– Je ne vais pas vous faire de grands discours aujourd’hui mais… Ecoutez, je sais que nous avons tous les deux été manipulés pour ces deux premières semaines que vous devez passer ici… Mais comme nous n’avons pas le choix, je propose que l’on essaie de faire au mieux et que chacun donne un peu du sien pour que ce début de vacances ne soit pas pénible, si vous l’acceptez. Je sais que vous ne me faites pas confiance, et que vous ne m’aimez pas d’ailleurs, mais nous n’avons que deux semaines. Je suis prête à faire des efforts, même à vous faire découvrir Paris si vous le souhaitez, mais je ne vous imposerai rien. Je suis humaine en plus de professeur, vous savez.

Il lui jeta un bref coup d'œil, se demandant si elle était sérieuse ou si elle voulait juste se payer sa tête. Lui s'était attendu à passer deux semaines dans son coin à se faire oublier, rien de plus ! Comme chez lui, il s'occupait seul, la plupart du temps. Souvent dehors, il allait s'asseoir à l'abri d'un bosquet, derrière l'église, toujours au même endroit. Il emmenait des livres, une bouteille d'eau et ses affaires de dessin, passant toute la journée assis dans l'herbe sous le couvert des feuilles et des branches. Le prêtre, sachant très bien ses habitudes, venait le retrouver de temps en temps pour discuter avec lui et lui proposait des biscuits, quand il en avait. Il devait avoir une quarantaine d'année mais il était très vif et joyeux, bien bavard et très agréable. Il lui avait dit un jour qu'il était content qu'Alexis vienne se réfugier là et qu'il pouvait rentrer dans l'église les jours de pluie s'il le voulait, ou même venir au presbytère pour boire un jus d'orange.Souriant faiblement à ce souvenir, il se promit de lui écrire pendant les vacances.

– Qu’en dites-vous ? Partant pour faire une trêve et rendre votre séjour moins « pénible » ?

Il hésita un bref instant puis hocha brièvement la tête, n'ayant de toute façon pas le choix. Il voulait s'assurer qu'elle entrait dans la case alliée et pas la case ennemie avant d'oser lui faire confiance. Retenant un soupir, il aida ensuite à ranger les affaires et aménager le bureau en chambre. Il restait dans un silence presque parfait, ne parlant que lorsque c'était vraiment indispensable. La pensée qu'on l'ait fait venir ici par crainte d'un suicide continuait à le tarauder. S'agenouillant près du lit de camp, il ouvrit son sac où il avait rangé ses carnets et crayons, rangeant le tout avec soin près de son lit. Il avait une boîte contenant pinceaux et peinture, des chiffons, une trousse remplie de crayons de couleurs, des crayons de bois, des stylos, des gommes, même de l'encre de chine. Tirant un papier assez gros, il le déplia avec soin, dévoilant un dessin du pensionnat et du parc, fait à l'encre de chine, qu'il contempla un moment, à genoux sur le parquet. Il sourit un peu puis le déposa sur son lit avant de se relever, secouant ses vêtements. Il avait plusieurs choses à demander à la prof mais n'osait pas encore.

Se rasseyant par terre, il prit un crayon de bois, une page vierge d'un des carnets, puis commença à tracer avec soin le visage de sa petite sœur. Il en oublia le temps qui passait, ne se rendant même pas compte si la prof était entrée dans la pièce ou non. Ce n'est que bien plus tard qu'il se leva enfin, retournant dans le salon, plus timidement.

– Je vous aide à cuisiner ?
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Céleste Dumoulin
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MessageSujet: Re: Vive les vacances !   Vive les vacances ! EmptyMar 21 Juil - 19:21

Alexis hocha la tête après avoir hésité, ce qu’elle comprenait, puis l’aida à ranger le bureau pour le transformer un peu mieux en chambre. Elle sentait que les vacances allaient être longues, mais en faisant un effort, ils y arriveraient. Et puis, deux semaines, ça passait vite. N’est-ce pas ? Céleste ne comptait pas l’obliger à faire quoi que ce soit, voulant qu’il fasse comme il le voulait en espérant qu’après cela, il lui ferait un peu plus confiance. Elle ne lui voulait aucun mal ! D’accord, jusqu’à présent, elle n’avait jamais rien trouvé pour aider, mais elle ne pouvait rien faire avec son don. Ils avançaient et se préparaient pour la prochaine rentrée, sachant que les choses allaient être bien pires et que la directrice risquait de ne pas tenir le coup sans aide supplémentaire. Elle n’en réclamait pas, mais elle était déjà tombée malade et loin d’être remise, alors inutile d’en rajouter une couche.

Céleste – Merci, dit-elle en rangeant le dernier objet. Je vous laisse vous reposer ou… vous mettre à l’aise.

Céleste sortit de la chambre en voyant son élève s’agenouiller près du lit de camp, ne voulant pas le déranger. La matinée était déjà bien avancée, à présent, mais ce n’était que maintenant qu’elle respirait et soufflait, se laissant retomber dans le canapé du salon. Finie, l’année scolaire. Finis les cours. Fini Sarah. Cette année avait été épuisante, éreintante, même. Entre les militaires, les expériences, les morts, les accidents, les horreurs qui s’étaient déroulés dans l’enceinte de cette école… Sans oublier Cyprien et les entraînements qu’elle devait continuer pendant les vacances, même avec son bras dans le plâtre. Céleste s’allongea complètement dans le canapé en poussant un profond soupir, portant son bras valide à son visage jusqu’à le déposer sur son front. Il fallait aussi qu’elle s’arrange pour pouvoir s’entraîner sans qu’Alexis ne soit au courant de tout cela, donc sortir régulièrement de l’appartement, en plus de l’entraîner lui aussi avec son don. Cyprien lui avait bien montré un endroit tranquille et presque jamais fréquenté, surtout le soir, mais…

Céleste se souvint seulement à ce moment-là de l’appel qu’elle devait passer pour les avertir. Entre Gray et Paris, rien ne pouvait leur arriver, mais elle savait que la directrice risquait encore de s’inquiéter à ce sujet-là. Prenant son téléphone et composant le numéro de mémoire, elle les avertit qu’ils étaient bien arrivés et qu’Alexis était tranquille, dans sa chambre, puis leur souhaita de bonnes vacances – et bonne chance à Cyprien pour détendre sa femme. Dès que ce fut chose faite, Céleste s’allongea à nouveau après avoir jeté un coup d’œil à l’heure, sentant un gros coup de fatigue l’envahir. Après tout, une petite demi-heure, pourquoi pas ? Il faudrait qu’elle s’attelle à la soupe, ensuite, sachant qu’elle risquait d’éprouver quelques difficultés comme c’était la première fois qu’elle cuisinait vraiment avec son bras dans le plâtre. Une petite demi-heure. Une toute petite, juste le temps de fermer les yeux et de se reposer.

… Ou pas. Céleste se réveilla en sursaut, après une sieste d’une bonne heure sans avoir très bien dormi. Ce canapé était nettement moins confortable lorsqu’on ignorait comment se mettre. Il était presque onze heures ! Elle se redressa puis se leva avant d’aller se passer un peu d’eau sur la figure. Se regardant dans le miroir de la salle de bains, elle ne put ignorer la tête qu’elle faisait. Elle était pâle, avec des cernes bien plus prononcés que d’habitude, et semblait épuisée. D’accord, elle retenait : les opérations épuisaient et vous prennent toute votre énergie. Céleste sortit de la salle de bains, allant frapper à la porte de la chambre d’Alexis qui ne répondit pas. Elle réitéra son geste, sans plus de succès. S’annonçant, elle ouvrit légèrement la porte… pour le voir entièrement absorbé par un dessin apparemment presque achevé. Sur son lit trônait un autre dessin magnifiquement réalisé représentant le Pensionnat et le parc. Elle ignorait qu’il savait aussi bien dessiner… Avec un léger sourire, Céleste referma la porte sans faire de bruit, allant dans la cuisine pour commencer à préparer la soupe. Estelle lui avait ramené du pain, le glissant dans ses valises sans lui laisser l’occasion de dire quoi que ce soit, et des légumes de saison. Ils avaient assez pour deux jours avec tout cela…

Céleste – Mais où ai-je mis…

Fronçant les sourcils, Céleste ouvrit plusieurs tiroirs sans trouver ce qu’elle cherchait. Tout en cherchant, elle remplit une casserole d’eau froide qu’elle mit sur la plaque de la cuisinière, l’allumant à son tour avec une allumette. Mais enfin, où était ce satané couteau ?! Ah, mais oui ! Elle l’avait ramené au Pensionnat pour elle ne savait plus quoi, il était sans doute resté dans le mouchoir emballé dans son sac pour l’avoir sous la main directement. Revenant dans le salon, elle chercha son sac du regard avant de le trouver près d’un fauteuil et se mit à fouiller pour retrouver le couteau avec des gestes mesurés pour éviter de s’entailler le doigt.

Alexis – Je vous aide à cuisiner ?

Céleste – Pard… ? Heu…, dit-elle en s’interrompant, tournant la tête vers Alexis. Oui, si vous pouviez, madame Chevreuil a déjà coupé le pain je pense, mais il faut s’occuper des légumes. Toute seule, je pense que cela me prendra des heures. Tenez.

Victorieuse, Céleste tendit le couteau qu’elle avait réussi à extirper de son sac à son élève, le tirant de son emballage de fortune en gardant les autres couverts pour les ranger. Elle le suivit dans la cuisine, plaçant les légumes à découper sur la table et lui donnant un petit tabouret ainsi qu’une poubelle pour les épluchures. La jeune professeure trouva un autre tabouret et s’occupa du reste, surveillant l’eau en même temps pour ne pas tout faire déborder. Cependant, même si elle était débrouillarde, elle devait bien admettre qu’éplucher ou couper des légumes était bien plus difficile sans ses deux mains. Devoir bloquer le légume et le retourner à chaque fois la ralentissait alors qu’Alexis avait fait le double d’elle. Lui lançant un regard d’excuse, Céleste promit de s’améliorer assez vite pour ne pas devoir l’exploiter à chaque fois. Et puis, pourquoi y avait-il tant d’aliments ? Estelle avait peur qu’ils ne meurent de faim ? Enfin… Elle était gentille et attentionnée, une vraie maman, ils ne pouvaient pas lui en vouloir. A deux, la cuisine prenait nettement moins de temps. Il ne restait plus qu’à attendre un peu.

Céleste – Je ne vous oblige pas à rester ici en attendant que ce soit prêt, vous pouv… Oh, attendez, suivez-moi, je pense que j’ai quelque chose qui pourrait vous intéresser.

Ce détail ne lui était revenu en mémoire que maintenant, mais Céleste avait, dans sa bibliothèque, un livre sur l’histoire des techniques de dessin à travers le monde. Elle l’avait acheté lorsqu’elle était sortie du Pensionnat, plus pour les illustrations et la curiosité que par véritable intérêt à l’époque. C’était Amélie qui l’avait repris ensuite, s’intéressant beaucoup plus au dessin qu’elle et réalisant de magnifiques portraits lorsqu’elle le voulait. Céleste traversa l’appartement jusqu’à sa bibliothèque, cherchant le livre des yeux pour le trouver tout en haut. Elle l’avait vu dessiner, il devait donc s’y connaître et s’intéresser à cela, non ? Prenant le livre de deux doigts, elle le tendit à Alexis avant de s’expliquer.

Céleste – J’ai cru comprendre que vous aimiez dessiner. Je vous ai vu dans votre chambre, tout à l’heure… Et j’ai pensé à vous avec ce livre. Je l’ai acheté lorsque j’ai terminé mes études au Pensionnat, mais je n’étais pas passionnée comme vous. Vous pouvez même vous servir dans cette bibliothèque, si vous le souhaitez, je sais que vous rangerez tout après.

Au même instant, le téléphone sonna dans le salon et Céleste s’excusa auprès d’Alexis en jetant un œil à l’horloge. Qui pouvait l’appeler maintenant ? Elle ne connaissait pas grand monde en dehors du Pensionnat et tout le monde devait manger ou être en train de cuisiner, à l’heure qu’il était. Elle décrocha le téléphone avec un « Oui », demandant qui était à l’appareil.

Homme – Bonjour, vous êtes bien Céleste Dumoulin ?

Céleste – Oui, c’est bien moi. Que puis-je pour vous ?

Policier – Je vous appelle du commissariat de Toulouse. Nous avons récupéré votre frère chez un ami mais…

Céleste – Mon frère ? Pardon, mais vous faites erreur, je n’ai qu’une sœur et elle est morte depuis des années maintenant.

Et cela, elle en était sûre. Si c’était une mauvaise blague, elle pouvait très bien porter plainte, elle n’avait pas de frère, ses parents l’ignoraient depuis la mort de sa sœur et elle se portait bien mieux sans eux. Seulement, cet homme ne semblait pas faire de blague et avait l’air d’être un vrai policier. Il reprit, toujours d’une voix sûre et professionnelle.

Policier – Vous êtes bien Mademoiselle Céleste Dumoulin, fille de Marie et François Dumoulin, née à l’hôpital de Toulouse le 10 janvier 1906 ?

Céleste – Oui mais…

Policier – Alors il n’y a pas d’erreur. Vous devez récupérer votre frère, Lucas Dumoulin, vous êtes sa sœur et il ne peut pas rester seul à Toulouse, il n’a même pas huit ans.

Céleste – Huit… Attendez, pourquoi devrais-je venir le chercher alors qu’il a vécu huit ans là-bas ? Mes parents habitent à Toulouse, ils…

Policier – Personne ne vous a prévenue… ? Vos parents sont décédés dans un accident de voiture ce matin. L’enterrement a lieu après-demain dans le cimetière de votre famille. Toutes mes condoléances, je pensais que l’hôpital vous avait appelée directement…

Ses parents étaient… Et elle avait un frère ?! Céleste se laissa à moitié tomber sur le fauteuil situé à côté du téléphone, tremblant et plus pâle, après avoir soufflé « Morts... ». Elle ne savait pas si elle était triste ou en colère. Ou les deux. Ses parents étaient devenus des étrangers, ils ne l’avaient pas soutenue et l’avaient abandonnée au moment où elle avait eu le plus besoin d’eux. Mais jamais, jamais elle n’aurait pensé qu’ils auraient pu lui cacher l’existence d’un frère. Un frère de « même pas huit ans » nommé Lucas. A Toulouse. Elle avait du mal à respirer, les paroles du policier montant peu à peu au cerveau. Le fait que l’hôpital ne lui ait rien dit ne la choquait même pas, ses parents avaient dû rayer son nom des personnes à contacter depuis longtemps. Alors que le commissariat, lui, devait encore l’avoir dans ses bases de données. Mais elle avait un frère… Ce fut la voix inquiète du policier qui la fit revenir à la réalité après deux longues minutes. Elle secoua la tête, prise d’une soudaine migraine et de nausées, mais se reprit.

Céleste – Je… Je suis là. Pardon, c’est que…

« Je n’étais pas au courant de l’existence de ce frère », « je n’ai pas eu de nouvelles de mes parents ou de ma famille depuis huit ans », « je suis incapable de m’occuper d’un enfant de cet âge », « est-il au courant de mon existence ? »… Autant de phrases que Céleste aurait pu dire mais son regard tomba sur Alexis et elle se contenta de répondre qu’elle viendrait, prenant les renseignements nécessaires et notant mentalement le passage obligé à la gare pour prendre des billets de train avant que la discussion ne soit coupée. Elle pouvait n’y aller que le jour-même si elle le souhaitait, mais Lucas aurait ses affaires avec lui. Et elle était incapable de l’aider à porter tout cela… Quant à Cyprien, il partait en vacances avec sa femme, elle ne pouvait rien lui demander. Sauf si… Oui. Il y avait bien cette solution et, à vrai dire, elle n’en voyait aucune autre. Céleste poussa un soupir en écartant le combiné de son oreille, le regardant comme si elle avait vu un fantôme. Un frère…

La jeune professeure resta silencieuse et ne bougea pas un moment avant de se lever, repensant à la soupe qui était sur le feu, et se diriger vers la cuisine. Ce n’était pas encore prêt, elle le savait, mais elle avait besoin de respirer. Elle ouvrit la fenêtre pour aérer et souffler, ne réalisant qu’avec peine ce qui s’était passé. Elle avait donc un frère de sept ans. Et ses parents le lui avaient caché. Elle ne savait vraiment pas comment réagir, ni même comment expliquer son comportement à Alexis qui devait se poser pas mal de questions. Et, surtout, lui dire qu’elle aurait besoin de lui, à Toulouse, pour chercher son frère… Céleste resta dans la cuisine jusqu’à ce que la soupe soit prête, cherchant à rassembler ses idées et à se reprendre. De l’endroit où elle était, elle demanda à son élève s’il voulait bien mettre la table en lui indiquant l’endroit où étaient rangés les couverts, verres et assiettes, puis vint avec la soupe, le pain et tout ce qu’il fallait en faisant deux trajets. Céleste remplit les assiettes en tremblant toujours légèrement. Se rasseyant, elle essaya de faire un sourire à Alexis, sans succès, puis contempla son assiette.

Céleste – Est-ce que cela vous dérangerait de m’accompagner à Toulouse, après-demain ? demanda-t-elle tout à coup. Je… Je sais que je vous en demande beaucoup, mais je ne vois pas comment revenir en aidant mon… frère à porter toutes ses affaires. Ne vous sentez pas obligé de dire oui, c’est une vraie question.
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MessageSujet: Re: Vive les vacances !   Vive les vacances ! EmptyMer 29 Juil - 12:09

– Pard… ? Heu…, dit-elle en s’interrompant, tournant la tête vers Alexis. Oui, si vous pouviez, madame Chevreuil a déjà coupé le pain je pense, mais il faut s’occuper des légumes. Toute seule, je pense que cela me prendra des heures. Tenez.

Il prit le couteau qu’elle lui tendait puis alla s’asseoir dans la cuisine, écarquillant légèrement les yeux en voyant toutes les provisions. C’était la prof d’histoire qui avait prévu tout ça … ? Il avait souvent entendu dire que c’était ne prof très maternelle et attentive mais il n’avait jamais cru que c’était à ce point. Ils ne risquaient pas de mourir de faim. S’asseyant, il commença à éplucher et couper ce qu’il fallait, s’absorbant dans la tâche ans plus décrocher un seul mot. Il aimait bien les activités qui occupaient les mains et ne demandaient pas de réfléchir. Ça permettait de se vider la tête, de ne plus penser à rien et donc de se reposer. Un exercice hautement relaxant auquel il se consacra de tout son cœur, même si cela lui donnait un regard vide. Il n’était pas très doué pour ne pas martyriser les légumes en les épluchant, par contre, et essaya de ne pas faire trop de gâchis. Il n’avait pas vraiment faim mais comme il ignorait si la prof allait lui faire une scène s’il ne mangeait pas bien, il préférait la fermer, pour éviter toute dispute. Déjà qu’ils avaient peur qu’ils se suicident… Mais Alexis n’aurait jamais cru, tout de même, qu’ils le fassent passer des vacances comme ça.

Une fois les légumes prêts et le déjeuner en route, il se lava les mains, évitant toujours le regard de sa prof. Il aimerait bien savoir ce qui avait pu se dire sur lui, dans son dos, pour que les profs en arrivent à lui faire passer ses vacances ici. Qu’avaient-ils trouvé, sur sa famille, exactement ? Et s’ils avaient téléphoné à ses parents … ? Il retint une grimace, n’imaginant que trop bien ce que mère avait pu baver sur son compte. Enfin, si on pouvait appeler ça une mère. Il avait du mal à la considérer comme tel, étant donné qu’elle n’avait jamais pris le soin d’éduquer correctement son grand frère ni lui-même, et qu’elle avait abandonné à l’orphelinat sa propre fille. Il s’essuya avec un torchon trouvé dans un coin, renfrogné d’un seul coup. Vivement qu’il soit majeur et n’ait plus jamais à entendre parler de ses parents.

– Je ne vous oblige pas à rester ici en attendant que ce soit prêt, vous pouv… Oh, attendez, suivez-moi, je pense que j’ai quelque chose qui pourrait vous intéresser.

Hum ? Il lui jeta un coup d’il interrogateur puis la suivit dans le salon, près de la bibliothèque, un peu anxieux. Il n’avait rien dit, là ! A moins qu’elle ‘ait tout deviné en voyant son visage ? Il espérait très sincèrement que non, ayant peur qu’elle ne lui colle un livre du genre « Comment ne pas déprimer » ou « Voir la vie avec bonne humeur ». Oui, bon, peut-être était-il un peu paranoïaque mais il avait ses raisons ! Elle se hissa sur la pointe des pieds pour attraper un livre, en haut de l’étagère, puis le lui tendit. C’était un livre assez gros, à la couverture en cuir marron épaisse, avec des lettres gravées qui lui firent écarquiller les yeux. Une minute, ça voulait dire qu’elle avait vu qu’il… Il se sentit pâlir, les mains serrées sur le bouquin, espérant qu’elle ne fera pas de commentaire. C’était comme un jardin privé, pour lui, la bulle qui lui permettait de s’évader. Rare étaient ceux qui étaient au courant et encore plus rares ceux avec qui il osait en parler.

– J’ai cru comprendre que vous aimiez dessiner. Je vous ai vu dans votre chambre, tout à l’heure… Et j’ai pensé à vous avec ce livre. Je l’ai acheté lorsque j’ai terminé mes études au Pensionnat, mais je n’étais pas passionnée comme vous. Vous pouvez même vous servir dans cette bibliothèque, si vous le souhaitez, je sais que vous rangerez tout après.

Il bafouilla un merci, passant du blanc au rouge en une minute, juste au moment où le téléphone sonnait. Il alla s’asseoir un peu plus loin, ouvrant le livre avec douceur pour lire l’introduction. Il avait déjà vu des livres de ce genre dans les librairies mais n’avait jamais eu assez de moyens pour s’en acheter un. Il se plongea dans l’introduction, qui expliquait le but de ses livres et les méthodes utilisées pour le faire, sans trop se préoccuper de ce qui disait la prof au téléphone, ça ne le concernait pas. Il tourna ensuite quelques pages puis dénicha un chapitre consacré aux dessins à l’encre de chine, l’une de ses méthodes favorites. Il s’absorba dans les dessins, rendus avec finisse sur le papier, glissant son doigt dessus pour suivre les tracés. Il y avait plusieurs techniques pour faire des fondus, des lignes fines, des arabesques. Il en oubliait le monde extérieur, plongé dans ce qu’il voyait et lisait. Peut-être qu’un jour il pourra vivre du dessin ? Ce serait son rêve, parvenir à un niveau qui lui permettrait d’en vivre. Coucher sur le papier en dessinant tout ce que les mots ne pouvaient pas dire.

Il ignorait combien de temps s’était passé lorsqu’il entendit sa prof l’appeler pour mettre le couvert. Oh, c’était déjà prêt ? Il se releva puis reposa le livre sur un coin d’un bureau avant de se diriger vers la cuisine. Il était déjà plus calme et apaisé, el dessin avait toujours eu cet effet incroyable. Il prit des couverts dans les placards et tiroirs, ayant hâte d’essayer une ou deux techniques qu’il avait vu passer, sans avoir le temps d’approfondir. La prof servit la soupe et il s’assit, se demandant quel sujet il allait choisir pour faire ses tests. Peut-être le paysage de Paris ? Il devait y avoir de quoi faire, dans cette ville, ce n’était pas les monuments qui manquaient. En se baladant un peu partout, il devrait aussi trouver des endroits moins fréquentés mais agréables. II se brûla un peu la langue en prenant une cuillère de soupe puis prit de l’eau. D’accord, un peu trop chaud. La prof ne parlait pas non plus, mangeant. Il coupa un bout de pain, pensant à sa petite sœur, si elle aussi allait développer un don.

– Est-ce que cela vous dérangerait de m’accompagner à Toulouse, après-demain ? demanda-t-elle tout à coup. Je… Je sais que je vous en demande beaucoup, mais je ne vois pas comment revenir en aidant mon… frère à porter toutes ses affaires. Ne vous sentez pas obligé de dire oui, c’est une vraie question.

Il releva la tête, cette question tellement loin de ses propres pensées qu’il eut un peu de mal à se mettre dans le contexte, ce qui dû se voir à son air un peu perdu, comme s’il venait d’atterrir, après un très long voyage dans les nuages. Donc, heu, après-demain, Toulouse, frère, d’accord, capté. Donc son frère venait travailler à paris et elle l’hébergeait en attendant qu’il trouve un logement, c’est bien ça ? Il imaginait déjà un homme très grand, avec les mêmes yeux qu’elle et un air glacial.

– Il vient travailler à Paris ? en s’efforçant d’afficher un air un minimum plus concentré et aimable. C’est bien si votre grand frère habite pas très loin de chez vous, pour la suite.

Même à lui, ce n’était pas naturel, comme conversation, il ne savait pas quoi dire et se sentir rougir un peu. Bon, il n’avait pas l’habitude, c’est tout ! Il accepta donc de l’accompagner, n’ayant que ça à faire de toute façon, tout en cherchant une façon normale et polie de parler.

– Est-ce que vous connaissez des endroits plus calmes et beaux, à Paris, où je pourrais prendre des modèles ? C’est pour essayer d’autres techniques. Mais ce n’est pour m’enfuir ou me s… Enfin, bref, juste dessiner. Mais ce n’est pas grave si vous n’en connaissez pas. Puis, comme ça, je vous laisserai tranquille avec votre frère.
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Céleste Dumoulin
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Céleste Dumoulin
MessageSujet: Re: Vive les vacances !   Vive les vacances ! EmptyLun 3 Aoû - 12:31

Alexis – Il vient travailler à Paris ? en s’efforçant d’afficher un air un minimum plus concentré et aimable. C’est bien si votre grand frère habite pas très loin de chez vous, pour la suite.

Oh, elle l’avait tiré de ses pensées ? Céleste ne le réalisa qu’à ce moment, en entendant les paroles, le ton et en voyant l’air qu’avait son élève. Ce livre avait vraiment dû l’absorber s’il n’avait rien écouté puisqu’il pensait que son frère était en âge de travailler. Au moins, il respectait son intimité et ne cherchait pas à en apprendre un maximum parce que « elle était prof », chose dont la jeune femme lui était reconnaissante. Surtout maintenant. Bien si son « grand frère » n’habitait pas loin de chez elle… Ce n’était pas exactement ce qui allait se passer. Céleste avait du mal à se faire à cette idée, l’information « petit frère de huit ans, parents morts » peinant à se frayer un chemin jusqu’à son cerveau. Elle ne savait toujours pas comment faire, comment allaient se dérouler les « retrouvailles »… Non, la rencontre, tout simplement. Au même moment, Alexis accepta de l’accompagner et elle se sentit d’un coup plus légère. C’était peut-être stupide, mais retourner dans sa ville natale et tout revoir en étant seule… Elle le laisserait libre, bien sûr, mais c’était psychologique.

Alexis – Est-ce que vous connaissez des endroits plus calmes et beaux, à Paris, où je pourrais prendre des modèles ? C’est pour essayer d’autres techniques. Mais ce n’est pour m’enfuir ou me s… Enfin, bref, juste dessiner. Mais ce n’est pas grave si vous n’en connaissez pas. Puis, comme ça, je vous laisserai tranquille avec votre frère.

Des endroits plus calmes et beaux… Cette question semblait complètement décalée, sans aucun lien avec la réalité, et Céleste dut se faire violence pour se concentrer sur ce que disait Alexis. Elle avait besoin d’une conversation normale, enfin… La plus normale possible entre un prof et un élève. Mais une conversation dans laquelle elle connaissait déjà des éléments, une conversation dans laquelle elle ne risquait pas de voir son « monde » voler en éclats. En résumé, une conversation banale pour lui permettre d’éclaircir un peu ses idées et de se reposer. Par contre, si Alexis pensait que son frère était plus âgé, il fallait qu’elle le mette au courant, et vite. Elle ignorait comment… Lucas, c’était bien cela ? Oui, elle avait retenu Lucas. Donc elle ignorait comment il était, quel comportement il avait, mais il s’entendrait peut-être bien avec Alexis, non ? En plus, il aurait besoin de repères si ses parents venaient de mourir. Comme les siens, d’ailleurs…

Céleste mit un moment à réfléchir, plus perdue dans ses pensées qu’autre chose, mangeant du bout des lèvres ce qu’ils avaient préparé. Elle n’avait pas faim mais ne pas manger en rentrant la ferait passer pour une déprimée ou elle ne savait quoi, ce n’était pas enviable le premier jour. Donc, de beaux coins, heu… La jeune professeure releva la tête vers son élève, déposant sa cuillère un moment. Elle connaissait quelques endroits magnifiques, à Paris, comme les Jardins du Luxembourg. Ou la vue depuis la Tour Eiffel, il pourrait faire de très beaux dessins de là-haut – s’il n’avait pas peur du vide. Mais avec les Jardins, il aurait déjà de quoi s’occuper un bon moment, ce « parc » était très grand et très calme si l’on choisissait les bonnes heures.

Céleste – Il y a le Jardin des Tuileries, un immense parc avec plusieurs entrées et de très beaux coins à l’intérieur. En choisissant certains créneaux horaires, vous y serez tranquille et vous en aurez pour un moment à tout découvrir je pense. Autrement, les monuments un peu plus classiques comme la Cathédrale Notre-Dame… C’est peut-être très cliché, mais elle reste un trésor d’architecture à mes yeux. Il y a aussi la vue depuis la Tour Eiffel mais je n’y suis jamais montée, j’avais choisi de monter plus en hauteur et on voyait tout Paris mais je ne sais plus où c’était, pour l’instant.

Céleste se tut en essayant de faire un sourire d’excuse à Alexis, l’endroit ne lui revenant vraiment pas en mémoire. Elle avait dû marcher un moment, oui, mais c’était un lieu assez haut qui surplombait Paris et, de là, on pouvait vraiment tout voir. Elle-même choisissait des endroits plus insolites et calmes pour se poser et réfléchir, lorsqu’elle ressentait un trop-plein d’émotions… Un peu comme cette année. Comme maintenant, surtout. Ses parents, son frère… Elle poussa un léger soupir après avoir bu un peu de soupe, cherchant comment dire tout cela à son élève. Elle ne voulait pas sa compassion ou ses condoléances, ce serait hypocrite, mais elle devait bien l’avertir, le prévenir, au moins pour qu’il n’aille pas à Toulouse sans savoir ce qui se passait. Céleste se racla la gorge, essayant de dénouer ce nœud infernal qu’elle ressentait depuis qu’elle avait décroché le téléphone sans savoir ce qui l’attendait. Elle but un peu d’eau, s’essuyant la bouche avec sa serviette, puis déposa sa main valide sur la table en regardant son élève.

Céleste – Je… vous remercie de ne pas avoir écouté la discussion que j’ai eue au téléphone tout à l’heure. Mais il faut tout de même que vous sachiez quelque chose à propos de Toulouse et de mon… frère.

Cette conversation semblait tout droit sortie d’un rêve, ou d’un cauchemar plutôt, et avait des allures de… Elle ne savait pas trop comment qualifier son impression. Parler de ce sujet avec un élève, surtout Alexis, alors que Cyprien n’était même pas au courant, était étrange. Et pourtant, elle devait bien le prévenir ! Elle baissa un moment la tête, regardant son assiette, avant de la redresser vers son élève, toujours sans avoir bougé.

Céleste – Mon frère a huit ans et les circonstances ont fait que je ne… Je ne l’ai jamais vu et je viens d’apprendre son existence. Je dois le recueillir maintenant parce que nos parents ont eu un accident ce matin… Ce qui fait que je reste sa seule famille, à présent, même si on ne se connait pas. Les autorités n’en savaient rien mais n’ont pas le choix. Donc je pense que… Comme il était très attaché à eux, il aura peut-être besoin de repères et… Une autre personne plus jeune, comme vous, l’aidera sûrement à ne pas être trop perdu en emménageant dans une toute nouvelle ville sans ses parents, avec une sœur qu’il ne connait pas.

Céleste fit une nouvelle pause, redressant la tête alors qu’elle l’avait baissée pendant une bonne partie de son explication, cherchant à déceler la moindre trace de stupeur, compassion ou elle ne savait trop quoi chez son élève. Elle ne voulait pas de compassion, surtout pas, mais son frère n’avait pas à subir tout cela. En plus de demander de l’aide à Alexis, elle devait aussi le prévenir de ce détail et de ce que cela engendrait. Elle ignorait ce qu’avaient dit ou non ses parents, si Lucas connaissait la vérité au sujet d’Amélie, s’il risquait de la confondre ou si, au contraire, ils auraient tout caché jusqu’à « oublier » leurs anciennes filles. Cette pensée lui fit serrer légèrement le poing sur la table mais Céleste se reprit assez vite. Elle n’était pas habituée à parler de sujets tels que celui-ci à n’importe qui et n’était, d’ailleurs, pas très douée pour tout ce qui touchait au social dans sa vie. En classe, oui, mais c’était différent, elle n’était pas la même, même si elle ne l’expliquait pas.

Céleste – Je vais bien, le prévint-elle donc aussitôt. Mais mon… frère, lui, je ne sais pas. Il se peut qu’il ignore complètement l’existence des dons et vu… l’époque actuelle, il faudrait le lui cacher au début, au moins pour le lui dire progressivement sans l’effrayer. Je n’ai jamais eu à m’occuper d’un enfant de huit ans… C’est pourquoi j’aimerais que vous m’aidiez, si c’est possible, au moins quelques jours le temps qu’il… « s’habitue ». Si vous êtes d’accord. Je ne sais pas du tout quel caractère il a, ce que mes parents lui ont dit… C’est une découverte, et je suis vraiment désolée de vous mettre dans cette situation.
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Anonymous Invité
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MessageSujet: Re: Vive les vacances !   Vive les vacances ! EmptyJeu 20 Aoû - 12:15

Elle parut réfléchir, alors que lui-même se concentrait sur ce qu’il avait dans son assiette. Il n’avait jamais eu un très grand appétit, surtout aujourd’hui, il avait hâte de tester toutes les techniques contenues dans le livre. Aussi pour rester seul, autant l’avouer platement. Être chez une prof pour les vacances, c’était déjà assez perturbant, et la voir évoluer chez elle, loin d’une salle de classe, l’était encore plus. Il tenait à en apprendre le moins possible et ne surtout, surtout, surtout pas faire attention. C’était intime, quoi, zut ! Il ne voulait pas savoir ce qu’elle pouvait bien faire de sa vie privée et n’avait pas envie non plus qu’elle sache ce que lui faisait lorsqu’il était seul. Oui, juste parce que c’était une prof… En même temps, c’était gênant, à la rentrée, il tenait à pouvoir la voir exactement comme avant sans repenser à ce qui pouvait se passer aujourd’hui. Il s’appliqua donc à regarder son assiette, les couverts, les murs, la fenêtre, un peu partout, comme s’il n’était ici que pour un jour ou deux.

Son estomac se tordit néanmoins lorsqu’il se souvint qu’après, il était censé allez chez la directrice…  Il se sentit pâlir mais fit mine de rien, avalant un morceau de pain avec l’air « Tout va bien ». Non, il n’avait pas peur de cette femme ! Enfin… Un peu quand même… Il avait encore une année de cours avec madame Dumoulin avant d’arriver au lycée et d’avoir la directrice comme prof… Il paraît que ses cours étaient radicalement opposés à ceux de leur prof de collège, qu’elle mettait beaucoup plus l’accent sur la pratique et qu’il valait mieux suivre. Il n’osait pas imaginer le niveau demandé… Au final, c’était sans doute bien mieux que ce soit sa prof actuelle qui ait découvert qu’il voulait annihiler son don. Il avala un peu de travers en prenant une cuillère de soupe, soulagé d’avoir encore une année « tranquille » devant lui avant d’attaquer le lycée. Il prit un peu d’eau pour faire passer le tout, n’étant même pas sûr de revoir l’école entière  la rentrée. Ou du moins, dans le même état, au niveau des cours et organisation.

– Il y a le Jardin des Tuileries, un immense parc avec plusieurs entrées et de très beaux coins à l’intérieur. En choisissant certains créneaux horaires, vous y serez tranquille et vous en aurez pour un moment à tout découvrir je pense. Autrement, les monuments un peu plus classiques comme la Cathédrale Notre-Dame… C’est peut-être très cliché, mais elle reste un trésor d’architecture à mes yeux. Il y a aussi la vue depuis la Tour Eiffel mais je n’y suis jamais montée, j’avais choisi de monter plus en hauteur et on voyait tout Paris mais je ne sais plus où c’était, pour l’instant.

La butte Montparnasse ? Il ne connaissait pas très bien Paris et hocha donc la tête, notant mentalement de s’acheter un plan. Il prendra le bus, en cas de besoin, pour éviter de se perdre et de tourner en rond durant des heures sans savoir où aller, ce serait idiot. De toute façon, en ciblant bien certains quartiers, il pourra sans doute s’y balader, à la recherche de lieux plus discrets où s’installer. Tant qu’il n’allait pas se perdre vers des coins plus dangereux, ça ira.

– Je… vous remercie de ne pas avoir écouté la discussion que j’ai eue au téléphone tout à l’heure. Mais il faut tout de même que vous sachiez quelque chose à propos de Toulouse et de mon… frère.

Mais ça, c’était normal, il ne voulait pas qu’on l’espionne alors il n’espionnait pas les autres. Il se retint de lui dire platement que ce n’était pas la peine de lui dire quoi que ce soit en plus sur son frère, il n’avait pas envie de savoir. Elle n’était pas un membre de sa famille ou une amie, juste sa prof ! Donc qu’elle ait un frère et qu’il doive l’aider, d’accord, pourquoi pas, comme elle avait un bras dans le plâtre. Mais pour le reste, ça ne le concernait pas. Il ne dit rien, cependant, se contentant de remuer sa soupe avec lenteur, tête baissée. Il s’efforçait de rester calme et concentré, afin de ne pas paraître complètement impoli ou ne pas trop en dévoiler. C’était un exercice délicat mais il s’appliquait. Il ignorait comment il devait se comporter ici et était mal à l’aise avec ce semblant de conversation, sentant que c’était forcé des deux côtés. Elle ne voulait pas de lui ici, il ne voulait pas s’éterniser, et trêve ou pas, la situation restait assez tendue et pénible pour eux deux. Ce sera sans doute pire chez la directrice.

– Mon frère a huit ans et les circonstances ont fait que je ne… Je ne l’ai jamais vu et je viens d’apprendre son existence. Je dois le recueillir maintenant parce que nos parents ont eu un accident ce matin… Ce qui fait que je reste sa seule famille, à présent, même si on ne se connait pas. Les autorités n’en savaient rien mais n’ont pas le choix. Donc je pense que… Comme il était très attaché à eux, il aura peut-être besoin de repères et… Une autre personne plus jeune, comme vous, l’aidera sûrement à ne pas être trop perdu en emménageant dans une toute nouvelle ville sans ses parents, avec une sœur qu’il ne connait pas.

Huit ans… Son image mentale d’homme « grand, froid, pâle, yeux bleus, costume noir, cravate » s’effondra tout d’un bloc. Il arrêta tout mouvement, tête toujours baissée, bouche entrouverte. Huit ans, d’accord… Il eut un peu de mal à digérer ce qu’elle venait de lui dire, prenant toute la mesure de la situation. Ça voulait dire qu’ils allaient chercher un enfant de huit ans qui venait de perdre ses parents et ne connaissait pas l’existence de sa propre sœur ? Il fronça légèrement les sourcils, frappé de voir à quel point certaines familles pouvaient être dingues, certains parents être… Il ne trouvait même pas de mot pour décrire ça ! Et il se retrouvait impliqué là-dedans ? On l’avait éloigné de parents alcooliques et violents pour le faire atterrir dans une famille où une fratrie ne se connaissait pas avec la mort des géniteurs en prime ? Bon, hum, il devait dire quoi ? Sincères condoléances ? Ce serait malvenu, il ne connaissait pas ces personnes et n’était pas un proche de sa prof non plus. En plus, elle sous-entendait qu’il pourrait aider le petit… Là, il n’était pas très certain. Il y avait une large différence entre réconforter sa propre petite sœur et veiller sur un jeune orphelin ayant perdu tous repères.

– Je vais bien, le prévint-elle donc aussitôt. Mais mon… frère, lui, je ne sais pas. Il se peut qu’il ignore complètement l’existence des dons et vu… l’époque actuelle, il faudrait le lui cacher au début, au moins pour le lui dire progressivement sans l’effrayer. Je n’ai jamais eu à m’occuper d’un enfant de huit ans… C’est pourquoi j’aimerais que vous m’aidiez, si c’est possible, au moins quelques jours le temps qu’il… « s’habitue ». Si vous êtes d’accord. Je ne sais pas du tout quel caractère il a, ce que mes parents lui ont dit… C’est une découverte, et je suis vraiment désolée de vous mettre dans cette situation.

Si elle non plus ne savait pas comment faire… Il fit un effort pour redresser la tête, ne sachant toujours pas comment réagir. Comment voulait-elle qu’il l’aide ? Il n’avait jamais fait ça non plus ! Et se retrouver mêlé à ça alors qu’il ne s’agissait pas de sa famille… Il réfléchit assez vite, serrant sa cuillère entre ses doigts.

– Heu, je… Je ne sais pas non plus comment faire mais…

Il se tut, se forçant à construire une réponse qui ait un minimum de sens. Et si jamais son frère avait déjà développé un don ? Elle y avait pensé ? Et puis… Mais enfin, elle lui balançait un truc pareil, comme ça, il était juste son élève, lui ! Il ne savait rien de la façon dont on pouvait rassurer un enfant ! Il reposa sa cuillère puis la reprit aussitôt, préférant avoir quelque chose dans les mains pour diminuer le stress. Et autre chose, d’ailleurs… Il pâlit encore plus, avec un air catastrophé, d’un seul coup.

– Attendez, ça veut dire qu’il va venir habiter avec vous au pensionnat ? lança-t-il d’un ton effaré. A huit ans ?! Alors que l’école va… S’il est déjà… C’est trop dangereux. Emilie avait dix ans…

Il prit une longue inspiration pour ne surtout pas laisser échapper la moindre petite larme, les poings serrés, puis secoua la tête. Du clame, on respire. Il eut un murmure d’excuse puis baissa à nouveau la tête sur son verre d’eau, le trouvant d’un coup fascinant, évitant clairement le regard de sa prof.

– Je dois faire quoi pour vous aider avec lui, en fait ?
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Céleste Dumoulin
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Céleste Dumoulin
MessageSujet: Re: Vive les vacances !   Vive les vacances ! EmptyMer 26 Aoû - 15:36

Céleste n’était pas habituée à tout cela. Cette situation la gênait, la mettait plus mal à l’aise que jamais. Son élève n’avait pas à être mêlé à cette histoire mais elle ignorait comment agir, réagir, ce qu’elle devait dire ou faire. En temps normal, elle aurait directement parlé à Cyprien mais elle ne le pouvait pas comme il partait en vacances. Il fallait qu’elle se débrouille seule… Mais non, elle ne devait pas s’inquiéter. Après tout, elle avait déjà eu une sœur. Du même âge qu’elle, qui lui ressemblait, mais les choses ne devaient pas être si différentes que cela, n’est-ce pas ? Baissant à nouveau le regard, prête à se faire remballer par son élève comme il l’avait déjà fait au Pensionnat, Céleste prit un peu de soupe avec sa cuillère en attendant.

Alexis – Heu, je… Je ne sais pas non plus comment faire mais…

Céleste se mordit les lèvres, prête à lui répondre que ce n’était pas grand-chose, qu’il devait seulement « être présent » en essayant d’être gentil avec Lucas, oublier qu’il ne la portait pas dans son cœur, somme toute. Oublier la barrière « c’est le frère de la prof » parce que Lucas n’était qu’un enfant de presque huit ans qui n’avait pas à subir les conséquences de la vie de sa sœur. Elle ne lui demandait rien d’autre, seulement d’être gentil et courtois, et peut-être d’écouter un enfant qui aura perdu tous ses repères. Elle porta sa cuillère à sa bouche, avalant difficilement la soupe tant sa gorge était nouée. C’était le contrecoup de tout ce qui s’était passé ces derniers jours, il fallait qu’elle se repose et tout ira mieux. Céleste releva le regard vers Alexis pour lui répondre de ne pas s’en faire lorsqu’elle remarqua son teint pâle en fronçant les sourcils tandis qu’il affichait un air catastrophé. Elle n’avait rien dit, pourtant, c’était seulement une demande, il n’était vraiment pas obligé !

Alexis – Attendez, ça veut dire qu’il va venir habiter avec vous au pensionnat ? lança-t-il d’un ton effaré. A huit ans ?! Alors que l’école va… S’il est déjà… C’est trop dangereux. Emilie avait dix ans…

La jeune professeure ne répondit rien, devenant plus pâle d’un seul coup en arrêtant tout mouvement. Elle savait que c’était dangereux, elle ne l’avait pas oublié mais n’avait aucune autre solution ! Que pouvait-elle faire ? Elle était la sœur de Lucas et avait un lien direct avec lui qui primait sur tous les autres. Avec cela, elle doutait que les autres membres de la famille acceptent de le garder. Elle ne voulait pas l’abandonner, pas maintenant alors qu’il avait déjà perdu ses parents. Pas maintenant alors qu’elle venait de découvrir l’existence d’un frère… Lèvres pincées, Céleste resta silencieuse alors que son élève murmurait des excuses auxquelles elle répondit par un signe de tête. Ce n’était rien, sa réaction était tout à fait normale et légitime. Mais le fait est qu’elle ne savait pas comment faire autrement… Elle ne pouvait pas renvoyer Lucas dans un orphelinat ou chez un membre de sa famille, l’abandonner alors qu’il devait se reconstruire. Elle garda la tête baissée un moment, fixant sa cuillère d’un air gêné. Aucun des deux ne parlait ni ne se regardait… Belle première journée de vacances.

Alexis – Je dois faire quoi pour vous aider avec lui, en fait ?

Céleste ouvrit la bouche, s’apprêtant à répondre qu’elle était désolée et qu’elle n’aurait pas dû lui demander une telle chose, qu’elle cherchera une solution pour Lucas mais qu’elle n’en avait pas pour l’instant, puis réalisa ce qu’Alexis lui avait dit. Il… Il voulait bien ? Elle releva la tête, bouche entrouverte avec sa cuillère en main, dévisageant presque son élève avant de se reprendre. Il n’était vraiment pas obligé, surtout si cela lui rappelait de mauvais souvenirs. Mais s’il acceptait…

Céleste – Seulement… Seulement l’écouter ou être présent pour lui, peut-être jouer, sans le repousser, dit-elle en tâchant de prendre un ton normal. En oubliant qu’il s’agit de mon frère, qu’il a un lien avec moi. Il n’a pas à subir les conséquences de ma vie, surtout après ce qu’il vient de connaître. Je ne connais pas son caractère, j’ignore même à quoi il ressemble mais… S’il a besoin d’une personne plus jeune et qu’il se tourne vers vous, vous m’aideriez énormément en restant avec lui.

Céleste se sentait idiote. Complètement idiote. Elle n’avait plus dû entretenir de relations avec quiconque depuis des années et cela ne lui faisait ni chaud ni froid, en temps normal, mais ici… C’était son frère ! Vivre avec quelqu’un ignorant tout d’elle, Alexis en l’occurrence, était déjà difficile. Mais si, en plus, elle devait héberger son frère… Qui sait ce que lui auraient dit leurs parents ? Ne risquait-il pas de croire qu’elle était Amélie et, donc, d’être terrifié en la voyant ? Ou, s’ils lui avaient dit la vérité, Lucas n’allait-il pas la rejeter comme sa famille et ses amis ? Tant de questions se bousculaient dans sa tête que Céleste en avait le tournis, un mal de tête incroyable qui s’ajoutait à la fatigue. Sans oublier qu’Alexis avait soulevé un point important : la vie dangereuse au Pensionnat, encore plus pour un enfant de cet âge… La jeune professeure poussa un soupir en posant sa cuillère, posant sa main valide sur son plâtre. Elle savait que cette vie était dangereuse, mais elle n’avait pas le choix… Elle baissa la tête un moment avant de la redresser pour regarder son élève, perdue.

Céleste – Je suis désolée, je ne voulais pas vous rappeler cet épisode. Je sais que l’école est dangereuse mais je n’ai pas le choix… Les personnes que je connais refuseront de prendre Lucas, j’en suis sûre, et je suis sa sœur donc j’ai un lien direct avec lui. Avec cela, je ne peux pas l’abandonner alors qu’il vient de perdre ses parents… Et si…

Elle s’interrompit, cherchant ses mots en détournant le regard. Si Lucas savait tout et en parlait à Alexis, il fallait qu’il n’en dise pas un mot lorsqu’ils rentreraient au Pensionnat. Elle avait passé des années à tout cacher, ce n’était pas pour voir ses efforts anéantis au bout de quelques semaines. Elle avait confiance en son élève, elle savait qu’il n’était pas du genre à colporter des rumeurs, mais mieux valait-il qu’elle soit prudente.

Céleste – Si jamais Lucas vous dit certaines choses, j’aimerais que vous le gardiez pour vous. Je sais que vous faites votre possible pour ne pas vous mêler de ma vie privée, et je vous en remercie, mais… Lucas n’est qu’un enfant et ne fera pas attention s’il est bouleversé. Mais je ne veux pas que vous vous sentiez obligé de m’aider si cela est trop douloureux pour vous. Il dormira avec vous parce que je n’ai pas d’autre pièce disponible mais j’aimerais vraiment avoir votre avis, en toute franchise. Vous sentez-vous capable de m’aider ?
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MessageSujet: Re: Vive les vacances !   Vive les vacances ! EmptySam 19 Sep - 10:41

Il lui jeta un regard, très rapide, en la voyant entrouvrir la bouche sans répondre. Ça, ça voulait dire qu'elle n'en savait rien non plus ... ? Bien, alors, très bien, il y avait de quoi être rassuré ! Donc on résume, il était chez une prof, pendant les vacances d'été, son petit frère orphelin allait débarquer chez elle alors qu'elle ne connaissait même pas son existence il y a une heure et en plus de ça, elle n'avait aucune idée de la façon de s'en occuper, au point de lui demander de l'aide à lui, son élève, âgé de quatorze ans et dont l'expérience en la matière se limitait aux quelques heures qu'il avait pu passer avec sa petite sœur à l'orphelinat. Bon et bien... Il tourna la cuillère dans sa soupe avec un très grand soin pour y tracer des sillons, l'appétit coupé, en se demandant si ça pouvait encore être pire. Oui, sans doute, mais il avait peur d'imaginer ce qui pourrait se rajouter par-dessus ça. En plus, la suite, quoi ! Retourner en cours après avoir vécu un mois chez sa prof et son petit frère... Il n'arrivera plus à la considérer comme une simple enseignante. C'était déjà bizarre de la voir évoluer dans un appartement et faire la cuisine, même si c'était ridicule, elle devait bien se nourrir elle aussi.

– Seulement… Seulement l’écouter ou être présent pour lui, peut-être jouer, sans le repousser, dit-elle en tâchant de prendre un ton normal. En oubliant qu’il s’agit de mon frère, qu’il a un lien avec moi. Il n’a pas à subir les conséquences de ma vie, surtout après ce qu’il vient de connaître. Je ne connais pas son caractère, j’ignore même à quoi il ressemble mais… S’il a besoin d’une personne plus jeune et qu’il se tourne vers vous, vous m’aideriez énormément en restant avec lui.

Les conséquences de sa vie, hein ? Alexis retint une grimace, serrant la main sur sa cuillère. Il ne voulait pas être pessimiste mais étant donné tout le foin qui avait fait, cette année, autour du pensionnat, il doutait que qui que ce soit ait pu échapper au problème "Sainte Famille égal danger extrême", même un enfant de de cet âge. Il saura forcément que sa sœur y travaille et qu'il allait y vivre ! Non ? Ou bien il le découvrira très vite et Alexis se retrouvera sans doute en position de lui dire "ne t'inquiète pas, tout ira bien" pour le rassurer. Mais ce sera un mensonge pur et simple. Il n'y avait vraiment absolument aucune autre solution ? D'accord, ce n'était pas son petit frère, il n'était pas censé réfléchir à ça, mais pardon, il vivait ici pour le moment et savoir qu'un gamin aussi jeune allait vivre au pensionnat lui collait des frissons. Si le petit pouvait voir d'autres enfants, ou des élèves, après l'école primaire et le week-end, très bien, mais se promener en semaine dans les couloirs de l'école, même accompagné... Trop dangereux. Il se força à avaler une gorgée d'eau, la gorge très sèche d'un seul coup. Il ne cessait de revoir Emilie, si frêle et fragile qu'on lui ne donnerait que huit ou neuf ans. Son regard si éteint.

– Je suis désolée, je ne voulais pas vous rappeler cet épisode. Je sais que l’école est dangereuse mais je n’ai pas le choix… Les personnes que je connais refuseront de prendre Lucas, j’en suis sûre, et je suis sa sœur donc j’ai un lien direct avec lui. Avec cela, je ne peux pas l’abandonner alors qu’il vient de perdre ses parents… Et si…

C'était peut-être cruel de songer cela, mais à ce stade, Alexis se demandait très sérieusement ce qui était mieux, entre la vie dans cette école ou la vie dans un orphelinat. En tout cas, sa prof devait vraiment avoir un entourage de merde, pour qu'on refuse de prendre un charge un jeune orphelin. Il resta concentré sur sa soupe, froide à présent, la main serrée sur sa cuillère. Fascinante, cette soupe, tout à fait fascinante, il l'observait de très près depuis toute à l'heure. Il continuait à tourner la cuillère dedans, pensif, dessinant des arabesques, avec une légère envie de vomir. Oscar, Emilie, Amanda, Valentine, Julien... Ils étaient morts. Aucun n'avait plus de seize ans. Emilie étant la plus jeune, avec tout juste dix ans. Oscar et Amanda avaient treize ans. Valentine avait quinze ans, Julien en avait quatorze. Ils étaient morts. Puis allait venir ce petit garçon, de huit, déjà fragilisé, peut-être porteur d'un don. Franchement, l'orphelinat serait une alternative plus sûre, même si c'était cruel. Mais Alexis préférait voir sa petite sœur en foyer plutôt qu'à Gray ou dans la proximité immédiate de Ste Famille.

– Si jamais Lucas vous dit certaines choses, j’aimerais que vous le gardiez pour vous. Je sais que vous faites votre possible pour ne pas vous mêler de ma vie privée, et je vous en remercie, mais… Lucas n’est qu’un enfant et ne fera pas attention s’il est bouleversé. Mais je ne veux pas que vous vous sentiez obligé de m’aider si cela est trop douloureux pour vous. Il dormira avec vous parce que je n’ai pas d’autre pièce disponible mais j’aimerais vraiment avoir votre avis, en toute franchise. Vous sentez-vous capable de m’aider ?

– Je pense, dit-il d'un ton absent.

Il ne rajouta rien sur le moment, le regard dans le vague en réfléchissant. Son assiette était encore quasiment pleine, froide, celle de sa prof devait être dans le même état, mais rien n'avait bougé sur la table. Charmant repas. Comment préserver un enfant de cet âge alors que personne ne pouvait déjà préserver des enfants plus vieux et qui étaient plus à même de fuir le danger ? Il prit une cuillère de soupe, grimaçant un peu. Froid, c'était infect. Un silence assez lourd c'était installé, la gêne ambiante était si épaisse qu'on pourrait nager dedans. Il songea alors à un autre élément, redressant la tête pour regarder sa prof.

– Vous avez un endroit pour vivre, à Gray ? Si vous demandiez l'autorisation d'y dormir le soir en semaine, avec votre frère, ce serait mieux. Je ne veux pas me mêler de ce qui ne me regarde pas, mais là, c'est pour lui que je m'en fais. Le faire rentrer tous les soirs dans une école remplie de soldats, c'est pas la meilleure idée au monde, alors si vous aviez un appartement ou une maison au village...

Sa voix faiblit peu à peu et il se tut, réalisant que cela non plus ne fonctionnera pas. Soyons réalistes, avoir deux appartements dans deux villes différentes reviendrait trop cher et ne servirait pas à grand-chose. Il ne se sentait pas bien, maintenant, il avait peur d'imaginer le petit bout à Ste Famille.

– Je peux sortir de table ?
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Céleste Dumoulin
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MessageSujet: Re: Vive les vacances !   Vive les vacances ! EmptyMar 22 Sep - 22:44

Alexis – Je pense, dit-il d'un ton absent.

Céleste ne répondit rien, essayant de manger pour montrer l’exemple par habitude en baissant la tête. Elle n’avait toujours pas faim, loin de là, mais elle voyait déjà la réaction d’Estelle si elle apprenait qu’ils n’avaient que peu ou pas mangé en rentrant à Paris. Sans oublier l’ambiance dans laquelle ils mangeaient... En général, un repas doit être un minimum enjoué ou se passer dans une ambiance légère, supportable et non pas tendue comme c’était le cas actuellement. D’accord, ils ne se connaissaient pas, n’étaient que professeur et élève, mais tout de même, c’était stupide... Ca ajouté à la découverte de son frère, cela faisait un peu beaucoup. Céleste avait l’impression d’avoir la gorge extrêmement serrée à un tel point que tout ce qu’elle mangeait semblait passer difficilement. Alexis avait accepté de l’aider, oui, mais si c’était seulement par peur de refuser... Il était aussi mal à l’aise qu’elle, surtout après ce qu’il venait de dire. Bien sûr, elle comprenait qu’il ait peur, elle aussi avait peur, mais elle n’avait pas d’autre solution. Estelle avait un fils, bientôt deux, et elle restait au Pensionnat sans risquer leur vie. Alors, c’était possible... Non ?

Alexis – Vous avez un endroit pour vivre, à Gray ? Si vous demandiez l'autorisation d'y dormir le soir en semaine, avec votre frère, ce serait mieux. Je ne veux pas me mêler de ce qui ne me regarde pas, mais là, c'est pour lui que je m'en fais. Le faire rentrer tous les soirs dans une école remplie de soldats, c'est pas la meilleure idée au monde, alors si vous aviez un appartement ou une maison au village...

... Un adolescent de quatorze ans venait de trouver une solution à une situation qu’elle-même voyait comme un sens unique ? Céleste entrouvrit légèrement la bouche en redressant la tête, à moitié choquée de ne pas y avoir pensé elle-même. La directrice accepterait sûrement... Et oui, ce serait plus prudent, en effet, même si elle n’habitait pas encore à Gray. Elle n’avait pas encore vraiment demandé pour un appartement, comptant se rendre sur place une fois pendant les vacances pour voir quels étaient les bâtiments habitables selon l’avancement de la reconstruction du village. Mais c’était dans ses projets, oui... Et faire le chemin de Gray à l’école tous les jours ne la dérangeait pas, ce n’étaient que quelques minutes de marche, cela n’allait pas la tuer. Et ce serait plus prudent pour Lucas qui ne serait pas au Pensionnat mais plus loin, plus en sécurité. Il fallait qu’elle demande mais oui, c’était possible. Normalement. Ce n’était pas la directrice, ni le sous-directeur, qui allait refuser une telle chose... Ils étaient pour la protection des élèves, après tout.

Alexis – Je peux sortir de table ?

Céleste – Bien sûr, dit-elle après un moment, tirée de ses pensées.

Céleste regarda son élève se lever et partir puis resta un moment sans rien faire ni dire, contemplant son assiette sans aucun appétit en jouant avec sa cuillère. La venue de Lucas allait changer énormément de choses et cela l’effrayait. Elle avait peur de ses souvenirs, peur de voir ce qu’elle allait trouver sur place, peur de mal réagir, peur d’être rejetée, peur de ressentir de la peine sur la tombe de ses parents en réalisant tout le temps perdu. Huit ans... Céleste se mordit les lèvres avant de passer sa main valide sur son visage dans un geste fatigué. Elle se leva à son tour, rassemblant assiettes et couverts pour tout ramener à la cuisine en faisant plusieurs passages. La jeune professeure lava tout consciencieusement, se jurant de ne rien dire à Estelle, prenant plus de temps mais cela l’aidait à penser à autre chose et à respirer. Elle s’adossa à l’évier de la cuisine, posant brièvement sa main sur son front pour souffler un peu. Elle était épuisée, littéralement, mais n’arriverait pas à dormir dans cet état.

Son regard tomba à nouveau sur la porte de la chambre d’Alexis et elle eut un pincement au cœur. Elle savait qu’il avait mal pris la nouvelle et ne voulait pas qu’il passe une mauvaise nuit à cause de cela, ni une mauvaise journée. Céleste hésita un moment mais se dirigea vers sa chambre, frappant doucement et attendant une réponse pour ne pas déranger. Elle ne savait pas trop quoi dire mais voulait le rassurer et lui dire qu’elle demanderait à la directrice la permission de loger à Gray dès qu’elle aurait emménagé. Dès qu’elle le put, elle ouvrit la porte et entra, restant contre le chambranle de la porte.

Céleste – Je comptais déménager à Gray pendant les vacances donc je demanderai la permission de loger là-bas pour mon frère. La directrice va accepter, Lucas ne risquera rien, vous pouvez dormir tranquille et... penser à autre chose. Voilà... Je vous laisse tranquille. Je suis dans le salon si vous avez besoin de moi.
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