Avril 1932. Les soucis mondiaux s'étendent.
 
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 Shinzen kekkon

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Kimmitsu Nakajima
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Kimmitsu Nakajima
MessageSujet: Shinzen kekkon   Shinzen kekkon EmptyDim 8 Nov - 0:00

Les premiers invités étaient arrivés peu de temps après le lever du soleil, certains terminant de se préparer à la maison, après le long voyage qu'ils avaient dû faire pour assister au mariage. Appuyé contre le rebord de la fenêtre entrouverte, Kimmitsu soupira un peu en regardant tout ce beau monde dans la cour, à rire et discuter avec sa famille. Les occasions de se voir ainsi toute une journée étaient bien rares mais il connaissait déjà le principal sujet de conversation qui circulait en ce moment, à savoir le pourquoi d'un mariage aussi tardif. Il avait allègrement dépassé la moyenne de l'âge du mariage, pour un homme, de plus de vingt ans, comme ne cessait de lui rappeler sa mère. Cela plus le fait qu'il était "le fils qui avait abandonné sa famille des années plus tôt pour partir à l'autre bout du monde et ne donnait plus de nouvelles de sa vie là-bas". Les rumeurs couraient vite. Soupirant légèrement, il plissa les yeux en les voyant tous, à parler et se préparer. Le bonze, responsable du temple Shintô, venait d'arriver à son tour, se joignant à la fameuse conversation. Aucun d'entre eux ne pouvait imaginer ce qui se passait réellement à "l'autre bout du monde"... Jamais il ne s'était senti si à l'écart. Si en-dehors de toutes les traditions, car il n'avait pu en préserver que si peu en France.

Il vit Josuke aller serrer la main du bonze avec un sourire, ce dernier lui posant une main sur l'épaule pour lui parler avec un air grave. Appuyé contre le chambranle de la fenêtre, le futur marié les observa un moment, pensif. Finalement, il ne pouvait pas demander à ses frères de comprendre, que ce soit sur ses choix de vie, ce qu'il accomplissait, ses projets, ce qu'il avait le devoir de faire, ce qu'il pouvait vivre en France et comment. Les deux pays étaient trop... Beaucoup trop différents. La Japon, sérieux, avec des traditions immuables, une population docile et apaisée, avec de fortes valeurs et un calme à toute épreuve. La France, agitée et agressive, si prompte à s'enflammer contre toutes les injustices du monde et criant son indépendance. Il n'avait pas réalisé à quel point la cassure était importante avant de revenir au Japon, cette année, après tous ces mois d'agitation et de combat. Il ne s'était pas rendu compte combien il avait changé et s'éloigné de son pays natal, de sa famille, forcé depuis des mois d'adopter, de plus en plus, la mentalité de son pays d'adoption afin d'y survivre. Il se voyait bien mal expliquer tout cela à sa famille et les amis de la famille. "Je ne vous comprends plus et vous ne pouvez plus me comprendre. Il a suffi de quelques mois à se battre chaque jour pour ma vie et celles des enfants, j'ai l'impression que ce pays n'est plus le mien et ceux qui peuvent comprendre aujourd'hui vivent en France."

S'écartant de la fenêtre, il rajusta machinalement sa tenue, après avoir entendu un énième commentaire sur ce mariage trop tardif et tout le reste. Au moins, Solène sera très bien considérée, puisqu'elle se mariait à dix-huit ans, prête à poursuivre sa vie de femme puis bientôt de mère. Passant dans la pièce attenant à la grande salle, où était dressé l'autel, il vit la directrice arriver à son tour, en tenue elle aussi. Il lui trouvait les traits très tirés et le teint pâle, elle aussi semblait au bord de l'épuisement. Après une année entière à résister plus ce qui s'était produit cet été... Il lui demanda comment elle se sentait et elle haussa légèrement les épaules, installant le couffin des jumeaux sur une table près d'elle. il se rapprocha pour les observer, profondément endormis tous les deux, blottis l'un contre l'autre. Il allait être leur oncle, à tous les deux, à partir d'aujourd'hui. Intérieurement, il songeait que ces deux petits avaient bien de la chance d'être e bonne santé après tout ce qui était arrivé à leur mère durant la grossesse. Levant le regard, il vit les invités commencer à rentrer dans la salle, s'asseyant en deux rangées bien distinctes le long du chemin qui menait à l'autel, où attendra le bonze.

– Ma famille a souvent eu du mal à comprendre mes choix de vie, mais je crois avoir atteint le pire, murmura-t-il.

– C'est normal, souffla-t-elle en regardant les invités prendre place. Il faut juste s'accrocher. Autant qu'on le peut, maintenant, les choses vont changer en septembre.

– Je n'espère pas de miracle.

Elle lui rendit un très faible sourire, puis prit le couffin pour aller s'asseoir à son tour. Kimmitsu eut la gorge un peu sèche en lui rendant un long regard, aussi inquiet pour elle qu'il l'était pour tout le reste. Les orages de cet été semblaient l'avoir achevée, même le ton de sa voix prouvait qu'elle était à bout. Il n'eut guère le temps d'y réfléchir plus avant, cependant, Solène vint le rejoindre, souriante et fraîche comme une rose, vêtue d'un kimono carmin de mariage, ses cheveux relevés en un chignon compliqué. Elle vint lui prendre le bras et il lui sourit tendrement, heureux qu'elle ait consenti à ce mariage, qu'elle se sente prête. Une fois le bonze prêt, ils purent s'avancer tous les deux dans l'allée formée par leurs invités puis s'agenouiller devant l'autel, Solène à sa gauche, silencieux et droits, face au moine qui commença par les bénir puis bénir toute l'assemblée. Deux mikos se tenaient également prête, près de l'autel, dans leur tâche d'assister le bonze. Tout était très codifié, cette cérémonie religieuse était ancestrale, bien que courte, personne n'avait l'autorisation de parler excepté le moine et parfois eux deux. Lorsque la longue litanie de la bénédiction prit enfin et que le moine revint à sa place initiale, il annonça le san-san-ku-do, point d'orgue de la cérémonie et qui était le symbole même du mariage. Solène avait l'air très nerveuse et il lui sourit pour la rassurer, l'assurant du regard que tout allait bien se dérouler.

Une des deux mikos commença par lui tendre une coupe de laque rouge, qu'il prit des deux mains en inclinant respectueusement la tête. L'autre la remplie alors de saké froid, au moyen d'une petite carafe dorée lune d'une hampe, qu'elle inclina deux fois avant de remplir la coupe. Kimmitsu la remercia en baissant la tête puis s'inclina trois fois avant de boire le saké froid puis de tendre la coupe à la miko la plus proche. Le même rituel se répéta ensuite avec Solène, qui était devenu plus rouge et pâle à la fois, les yeux brillants, mais se fit un honneur de bien faire, même si sa nervosité était très clairement visible. La même cérémonie se répéta ensuite à l'identique, à l'exception que Solène fut la première à boire le saké avec le rituel, puis ce fut son tour. Enfin, ce rituel se répéta une troisième fois, de la même façon qu'en premier lieu. Tout le long du san-san-ku-do, le moine avait chanté une longue prière en Japonais, sur la beauté du couple, la fertilité et les engagements du mariage. Solène frémit tout à coup et il devina, en se retenant de sourire, qu'elle devait détester le saké. Fort heureusement, une de ses sœurs avait prévu que la jeune Française ne soit pas habituée à boire de l'alcool car elle avait acheté le saké le moins fort du marché et demandé à ce qu'il soit donné en faible quantité dans les coupes.

– Voici venu le moment de l'échange des alliances.

Ils se levèrent tous les deux, Solène bien rouge mais le regard alerte, souriante. Il prit la main de Solène pour y passer l'alliance dorée, parfaitement uniforme, puis elle fit de même avec lui. Après cela, une miko lui remit une feuille de papier plié contenant les vœux de mariage. Il la remercia puis dû la lire à haute voix devant l'assemblée, restant impassible alors qu'il avait envie de sourire de désespoir en voyant certains vœux énoncés, notamment celui sur la protection. Il fera tout ce qui était en son pouvoir, mais Solène aussi se défendra autant que possible, sans attendre gentiment que son "époux la préserve de tout danger".  Le rôle de certaines femmes avait tendance à beaucoup évoluer. Lorsqu'il termina de lire les vœux, une miko les déposa sur l'autel, puis lui et Solène se virent remettre les rameaux de Sasaki. La façon dont ils devaient les tenir et les manipuler était extrêmement codifié et il s'arrangea pour ne pas aller trop vite, afin que Solène puisse l'imiter. Il savait que la moindre erreur ne lui serait pas pardonnée... Pour les points positifs, elle était jeune et douce, mais pour les points négatifs, elle était étrangère et celle qui avait éclipsé celle que Kimmitsu aurait dû épouser s'il avait respecté sa famille et les traditions.

Pour la fin de la cérémonie, les mikos servirent à tout le monde du saké dans les coupes blanches, afin de symboliser l'union des deux familles. Famille qui, pour Solène, se résumait à sa grande sœur, ainsi qu'à son neveu et sa nièce. Ce mariage... Si Kimmitsu devait être parfaitement honnête, il devrait avouer qu'il ne se mariait ici que pour faire plaisir à sa mère et sa fratrie, pour restaurer un minimum l'honneur bafoué par sa faute lorsqu'il était parti en France. Mais sans cela... Sans cela, il n'aurait pas voulu entendre les rumeurs, subir et faire subir à Solène tous ces regards si lourds, voir resurgir de vieilles histoires, lire une rancune tenace dans les yeux du père d'Imari, qui avait subi comme un affront brûlant qu'on rejette sa fille, car lui, par la suite, avait eu le plus grand mal à lui trouver un époux, un homme se méfiait d'une fiancée qui avait été répudiée par celui à qui elle était promise. Cela plus le fait qu'il avait l'impression d'être bien trop coupé des siens et de ses origines, sans pouvoir revenir en arrière. Dès que cette dernière phase fut achevée, tout le monde se leva, remerciant le bonze et commençant à tout installer pour la fête en elle-même. Solène se rapprocha aussitôt de sa grande sœur et se jeta dans ses bras, fourrant son nez dans son cou. Il sourit doucement en restant près d'elle, pendant que Gaby la serrait un peu contre elle, affichant brièvement un air perdu.

– Merci d'être venue, sourit-il pendant que Solène revenait s'accrocher à son bras.

Himako arriva à son tour ne sautillant puis vint les embrasser tous les deux sur les deux joues, semblant rayonner de bonheur. Ce n'est pas pour critiquer, mais elle était une des rares à être heureuse de ce mariage. Le dicton "mieux vaut tard que jamais" n'aurait pas un très grand succès, en cet instant. La salle fut assez vite installée, avec de quoi manger, boire, le radio-phone pour danser, avec certains qui savaient jouer d'un instrument. Kimmitsu jeta un coup d'œil en biais à ses frères puis détourna la tête, retenant un long soupir. Il se demandait ce que leur père aurait songé de Solène... Soit il l'aurait adoré car elle rentrait dans tous les critères de la bonne mère de famille et épouse, telle que lui le concevait, soit il l'aurait détestée car elle était Française et trop jeune pour avoir le sens des responsabilités. Dans les deux cas, il y avait une part de mensonge, Solène cachait ce qu'elle avait vraiment dans le ventre et pouvait se montrer aussi naïve qu'intelligente, selon les situations. Une de ses nièces vint sautiller près d'eux puis fit signe à Solène de se baisser pour qu'elle puisse lui mettre dans les cheveux une broche avec un héron dorée, symbole du mariage et des unions heureuses. Solène l'embrassa sur la joue en la remerciant, se redressant, les joues toujours très rouges.

– Félicitations à vous deux, vous le méritez amplement.

Kimmitsu se crispa assez brusquement en tournant la tête vers son grand frère, ne trouvant pas quoi lui répondre sur le moment. Munemori était juste à côté de lui, un peu en retrait. Solène, elle, devait encore avoir les idées très prises par la joie et le saké car elle lui dit un très grand merci avec un large sourire, s'accrochant à Kimmitsu comme si sa vie en dépendait. Il commençait à lui dire qu'elle devrait s'asseoir, qu'elle n'était pas habituée à boire, lorsqu'elle glissa à moitié dans les bras de sa grande sœur avec un petit soupir, qui arrivait au même moment. Gabriella la réceptionna puis lui mit un linge mouillé sur la figure, avec un air concentré.

– Navré, grinça-t-il. Ça fait parti de la cérémonie.

– Ça devrait aller tout de même. Tu te sens bien, Solène ?

– J'aime bien quand tu me câlines, grande sœur...

Sa supérieure en resta bouche bée, alors que lui-même baissait la tête avec un soupir. Sa jeune épouse devait être assez désinhibée car elle l'avait enlacée en fermant les yeux, souriante, posant sa tête contre sa poitrine. Elle devrait en profiter, peu de chance que ce genre de scène se reproduise avant un très long moment, peut-être pas avant des mois et des mois, sa sœur n'était pas vraiment du genre câline. Enfin, c'était vraiment adorable de les voir toutes les deux comme ça plus, mignon que jamais. Munemori avait fondu lui aussi, seul leur frère avait l'air assez choqué.

– On avait mis exprès le minimum de saké et le moins fort possible, marmonna-t-il. Solène, tu devrais vraiment t'asseoir un moment... Te reposer, un peu, tu as le temps de parler à tout le monde.
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Solène Nakajima
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Solène Nakajima
MessageSujet: Re: Shinzen kekkon   Shinzen kekkon EmptyMar 10 Nov - 21:30

Himako l'avait très longuement briefé et bien expliqué comment la cérémonie allait se dérouler mais Solène ne pouvait s'empêcher malgré tout d'être à moitié morte de peur à l'idée de faire un faux pas et décevoir Kimmitsu. Si elle oubliait un point important, n'arrivait pas à faire les bons gestes, se comportait mal ?! Elle commençait à respirer bien plus fort et vite en paniquant lorsque sa future belle-sœur vint lui prendre le visage en coupe en l'embrassant sur le front, lui assurant de sa voix douce que tout allait bien se passer. La jeune femme lui redemanda si elle en était bien certaine, d'une toute petite voix, accrochée à elle comme si sa vie en dépendait. Himako la serra dans ses bras en lui répétant de respirer, que tout ira bien, qu'elle fera une très bonne impression. La jeune femme n'était pas très convaincue, stressant bien plus pour la cérémonie qu'elle ne l'aurait fait en se mariant en France, selon les coutumes Catholiques. Rejoignant Kimmitsu et venant lui prendre le bras, elle s'appliqua à respirer doucement, le cœur battant extrêmement fort, fixant l'autel pour ne pas surtout pas regarder ni sa future belle-famille ni les invités. S'agenouillant à la gauche de Kimmitsu, elle posa brièvement la main sur son cœur, avec un regard pour la tenue qu'on lui avait fait enfiler. Elle n'était pas non plus à marcher et se mouvoir avec cela, obnubilée par l'idée de commettre une erreur et de faire honte à son fiancé. Un peu de concentration. Elle devait en profiter au maximum, se détendre et profiter de sa vie autant que possible avant de revenir dans la tourmente qui secouait la France.

Après une longue bénédiction dont elle ne saisit presque rien, excepté deux ou trois mots qu'elle put repérer, la cérémonie avec les coupes en laque rouge dont lui avait parlé Himako débuta. Solène surveilla plus qu'attentivement la façon dont procédait Kimmitsu, terrifiée. Elle ne devait absolument pas se tromper, surtout pas ! Lorsque vint son tour, elle prit un très grand soin à l'imiter, retenant une grimace en buvant la première coupe de saké. Elle ne buvait jamais d'alcool, sauf une coupe de champagne au Nouvel An, autant dire qu'elle n'était pas habituée. Quand au saké, elle détestait l'odeur, alors le goût... Elle se mordit un peu les lèvres, frissonnant lorsqu'on lui tendit la deuxième. A la deuxième gorgée de la coupe, elle avait déjà beaucoup plus chaud, ses joues se colorant d'un rose soutenue. Elle s'obligea à finir, concentrée, mais avait de plus en plus chaud et se sentait bizarre. Lorsque la troisième coupe arriva, l'alcool lui brûla un peu la gorge et elle cligna des yeux pour rester bien éveillée, les joues devenues rouges, le regard très brillant. Chaud... Vraiment chaud, là... Et bizarre, aussi, elle avait l'impression que son esprit s'était détaché de son corps et volait à l'écart. Elle prit une longue inspiration, baissant la tête un moment, pour s'obliger à rester bien concentrée. C'était comme si elle marchait sur du coton, en ce moment même, c'était très étrange. Le goût du saké lui restait dans la bouche, elle se sentait vraiment bizarre et pas du tout dans son assiette. Elle avait du mal à rester attentive.

– Voici venu le moment de l'échange des alliances.

Se levant avec un sourire, Solène reprit son souffle, ayant toujours l'impression que son corps était loin de son esprit, une certaine légèreté l'envahissait. Elle était bien, là, très bien même. Un peu trop bien, c'était étrange, elle avait peur de tomber. Kimmitsu lui passa la bague au doigt et elle fit de même avec lui, son cœur sautant en avant dans une brusque envolée, alors que la joie venait se mêler au reste, drogue toute aussi dure, sinon plus, qui semblait exacerbée en ce moment. Après tout, tout allait bien ! Même si bien, n'est-ce pas ? Le sol était confortable, sous ses pieds, elle ne sentait même plus le poids de son habit. Kimmitsu lut quelque chose mais elle ne comprit pas un mot, flottant toujours à des lieux de là. Après la lecture, on leur remit les fameux rameaux. Elle s'appliqua à suivre tous les mouvements de son nouveau mari, l'alliance brillant sous la lumière lorsqu'elle bougeait, persuadée que tous ses mouvements étaient devenus plus légers. Elle osait regarder les invités, maintenant, croisant le regard de sa grande sœur en lui souriant. Elle était très heureuse qu'elle soit venue jusqu'ici, pour la soutenir, la regarder passer ce moment si important de son existence. Un jour, Solène pourra lui annoncer qu'elle était enceinte. Elle espérait que sa sœur acceptera d'être la marraine de son premier enfant, elle était convaincue que Kimmitsu sera d'accord. Ce serait si bien... Ce sera un beau bébé, avec les yeux de son père, le sourire de sa mère, un petit être issu de deux cultures si différentes. Elle s'imaginait déjà mère, elle était prête, incroyablement légère et détendue, à présent.

Du saké fut encore servi, à la fin de la cérémonie, mais Solène n'en sentit qu'à peine le goût, même si elle eut un frisson assez marqué en le buvant. Elle était... C'était... Elle entrouvrit la bouche pour avoir un peu d'air, la fatigue lui retombant dessus, comme le contrecoup du stress. Les invités et leur famille finirent par se lever et tout mettre en place pour la fête. La jeune mariée se leva puis alla aussitôt se jeter dans les bras de sa grande sœur, nichant son nez dans son cou avec un large sourire, si heureuse qu'elle soit venue pour elle. Merci, vraiment ! Elle était adorable, pas comme ses grands frères qui avaient refusé de faire le déplacement. Ils étaient bêtes, hein, tous bêtes, un rire nerveux faillit bien lui échapper, elle se retint de justesse en s'écartant de Gabriella en titubant un petit peu. Ouh, où était Kimmitsu ? Elle se rapprocha de lui, ayant vraiment l'impression qu'elle allait perdre l'équilibre d'un instant à l'autre. Le saké était... un peu fort... Mais elle se sentait bien ! Elle trouva à tâtons le bras de son nouveau mari et s'y accrocha avec fermeté pour ne pas perdre l'équilibre. Ce serait très aimable de la part du sol de cesser de tanguer comme ça, tout de même, même une ou deux minutes, elle risquait de tomber. C'était normal qu'il fasse aussi chaud, dans cette pièce, ou c'était elle qui était trop couverte ?

– Merci d'être venue.

Solène réagit avec un temps de retard lorsque Himako, et maintenant belle-sœur, vint les embrasser sur la joue en les félicitant. Elle était adoraaable ! Elle viendra leur rendre visite en France de temps en temps, n'est-ce pas ? Ce serait bien, et ce qui serait bien aussi, c'est avoir un peu d'air. Peu de temps après, ce fut une petite fille mignonne à croquer qui vint lui offrir une broche dorée en forme d'héron, le lui glissant dans les cheveux. Solène fondit instantanément, l'embrassant sur la joue en la remerciant, avec un large sourire. Elle était si chou ! Se redressant, elle regarda autour d'elle pour trouver un peu d'eau et se mouiller le front, au moins, ayant d'abord essayé avec son don avant de se souvenir qu'elle manipulait la terre, pas l'eau. La joie contribuait aussi à lui embrouiller les idées, elle ne réfléchissait plus, ayant toujours le sentiment de flotter loin de son propre corps. Trop chaud. Il y avait des personnes qui lui jetaient de longs regards et elle sourit à tout le monde, avec parfois un signe de tête, s'aidant de son mari pour marcher, car elle avait toujours peur de tomber. Ce sol n'était décidément pas très stable, c'était agaçant. La tête appuyée contre l'épaule de son mari, elle ferma les yeux une minute pour se reprendre et respirer. Voilà, là, elle était bien... Rouvrant les yeux après un court moment, elle vit les deux grands frères de son nouveau mari approcher. Elle levait leur en vouloir... N'est-ce pas ? Hein ? Son cerveau était bloqué, elle confondait tout.

– Félicitations à vous deux, vous le méritez amplement.

Han, c'était gentil, ça ! Elle le remercia avec chaleur, son bras glissant légèrement de celui de son mari avec un léger tournis, mais d'autres bras la rattrapèrent presque aussitôt. Elle leva le nez, un peu surprise en constant que sa grande sœur la serrait à présent contre elle, mais pas question de s'en plaindre puisqu'elle commença à lui passer un linge mouillé et bien frais sur le visage. C'était gentil, elle était un peu fatiguée, là, bizarre... Gaby avait comme un air de maman lorsqu'elle s'occupait d'elle comme ça. D'ailleurs, c'était bien comme ça que Solène la voyait, une mère protectrice qui se dressait en bouclier devant tout le monde et faisait tout pour les préserver. La jeune mariée se laissa aller contre elle, se retournant dans ses bras pour se blottir contre son cœur.

– Navré, grinça-t-il. Ça fait parti de la cérémonie.

De quoi ? Solène ferma à nouveau les yeux, ravie d'être les bras de sa grande sœur et qu'elle s'occupe d'elle comme ça, c'était très agréable. Et puis, il lui fallait une ou deux minutes de répit, là, tout de suite, le temps que le sol redevienne droit.

– Ça devrait aller tout de même. Tu te sens bien, Solène ?

– J'aime bien quand tu me câlines, grande sœur...

Solène passa ses bras autour d'elle et se blottit un peu plus contre elle, posant sa tête contre sa poitrine, les yeux fermés et un doux sourire aux lèvres. Si elles avaient pu grandir dans la même maison, Gaby l'aurait conduite à l'école, elles auraient pu parler le soir, jouer ensemble, se connaître dès le berceau. Tant pis... Au moins, elle pourra voir ses futurs neveux et nièces, même si elle en avait déjà, avec leurs frères. Elle aussi voulait un bébé, elle voulait que Kimmitsu lui fasse un enfant. Un bébé... Ceux de Gaby s'étaient endormis ? Ils étaient mignons, elle fondait toujours devant leurs petites bouilles d'anges.

– On avait mis exprès le minimum de saké et le moins fort possible, marmonna-t-il. Solène, tu devrais vraiment t'asseoir un moment... Te reposer, un peu, tu as le temps de parler à tout le monde.

Elle était déjà assi... Ah non, tiens. Bon, ce n'était pas très grave, elle préférait ne pas bouger pour le moment, elle était très bien dans les bras de sa grande sœur. Elle murmura à son mari qu'elle se sentait bien, ça allait, qu'elle était bien, vraiment.

– Gaby, murmura-t-elle, pourquoi tu es partie de la maison quand tu avais mon âge ? demanda-t-elle en relevant la tête pour la regarder ? Mère m'a raconté... Tu es partie, tu avais tout quitté comme ça... Et personne n'était d'accord ou ne comprenait... Pourquoi tu avais fait ça ? Tu n'étais pas bien dans ta famille ?
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Âge RPG : 34 ans
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Gabriella de Lizeux
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Gabriella de Lizeux
MessageSujet: Re: Shinzen kekkon   Shinzen kekkon EmptySam 21 Nov - 20:12

Les jumeaux jouaient innocemment dans le couffin, tranquilles dans n coin, d'où elle pouvait les surveiller facilement, prête à réagir au cas où. Elle ne pensait pas que quelqu'un ici allait être assez débile pour les agresser mais on ne sait jamais. La salle venait de s'animer, chacun amenant tables et chaises, apportant de quoi boire et manger, jouant de la musique, discutant à vives voix. Gabriella ne parlait pas Japonais mais certains gestes et regards ne pouvaient guère prêter à confusion, voulant dire la même chose dans toutes les langues. Solène n'était pas bien vue par tous, ici, mais ce n'était rien comparé aux regards qu'on jetait à Kimmitsu, on aurait vraiment juré que beaucoup ici étaient prêts à lui sauter dessus pour l'égorger, bonjour la rancœur. Gaby retint un soupir en terminant de préparer deux biberons, au cas où les bébés avaient faim toute à l'heure. Il suffira de tour réchauffer. Elle leur donnait le sein, lorsqu'elle le pouvait, mais de un, elle n'allait pas se déshabiller ici devant tout le monde, de deux, avec toute cette masse de tissu, elle en serait incapable, de trois, elle détestait le faire en public. Elle eut un petit sourire en regardant le nouveau couple, le perdant ensuite en voyant sa sœur vaciller un peu. Qu'est-ce qu'elle... Oh. Oui, forcément, elle ne buvait jamais d'alcool.

Rangeant les biberons près de ses enfants, elle s'assura qu'ils étaient bien au chaud et en sécurité avant de revenir vers sa sœur, tendant les bras pour la réceptionner juste à temps lorsqu'elle la vie basculer. Solène s'effondra à moitié contre elle, visiblement hébétée. Et bien, heureusement qu'ils avaient mis du saké soit-disant moins fort pour la cérémonie ! Gabriella retint une remarque un peu acerbe puis prit un linge posé sur la table près d'eux, la trempant dans le bol d'eau prévu pour se laver les mains, puis passa le linge sur le visage de sa sœur pour lui éclaircir un peu les idées. Ça ira mieux dans quelques instants, elle devait juste respirer doucement. Elle échangea un regard avec Kimmitsu, debout près de ses frères, qui avait un air un peu gêné. Mais ce n'était pas de sa faute, sur ce coup-là. Solène se retourna contre elle et sa sœur passa un bras autour de sa taille pour s'assurer qu'elle reste debout et en s'effondre pas pour de bon, cherchant un verre d'eau du regard, ou quelque chose pour la rafraîchir. Au moins une boisson normale, même chaude, lui ferait du bien, ou bien quelque chose à manger pour qu'elle n'ait pas que du saké dans l'estomac, ça n'allait pas l'aider à tenir. Et ces regards agaçants ! Des regards qui la jugeaient, sans doute parce qu'elle était étrangère. Gaby respectait trop Kimmitsu pour se permettre de faire une remarque mais elle n'en songeait pas moins.

– Navré, grinça-t-il. Ça fait parti de la cérémonie.

Il n'avait pas être navré, ce n'était pas de sa faute ! C'était plutôt à ceux qui avaient collé de l'alcool aussi fort, tout en sachant que Solène était trop jeune pour être habituée, à qui il faudrait demander des comptes. Et puis, mieux valait attendre qu'elle reprenne ses esprits, respire un bon coup, mange quelque chose, tout ira mieux après. Une fois qu'elle sera un peu reposé. Kimmitsu se sentait bien, lui ? Il ne buvait jamais non plus, enfin, rarement, mais il était plus âgé et solide que sa nouvelle épouse. Gaby non plus ne supportait pas de boire, la dernière fois qu'elle avait avalé un peu d'alcool, c'était au mois de septembre 1930. Rehaussant un peu Solène contre elle, elle lui remit le linge sur le front, lançant un regard à Kimmitsu pour lui faire comprendre qu'il n'y était pour rien.

– Ça devrait aller tout de même. Tu te sens bien, Solène ?

– J'aime bien quand tu me câlines, grande sœur...

Hein ? Gabriella la fixa, bouche bée, les mains écartées d'elle sans comprendre lorsqu'elle l'enlaça tout à coup en se blottissant contre elle, posant sa tête contre sa poitrine en souriant. Quelle mouche l'avait piquée, Gaby n'était pas sa mère ! Et même avec la sienne, elle ne s'était jamais comportée ainsi. Qu'est-ce qu'elle devait faire, là, au juste ? Elle referma les bras sur elle après un long moment d'hésitation, avec un peu de maladresse, lui tapotant doucement le dos. Allez, Solène, redresse-toi un peu, tout le monde les regardait et Gaby ne savait pas comment se comporter dans ce genre de situations, elle n'était pas vraiment câline. Kimmitsu avait toujours l'air un peu gêné mais ses frères, eux, faisaient des têtes bizarres. Si l'un d'eux se permettait le moindre petit commentaire.... Et en attendant, elle essayait d'inciter sa sœur à plutôt se blottir dans les bras de son mari, ça fera déjà plus naturel et ordinaire, dans un mariage, car là, on pourrait penser qu'elle pleurait et qu'elle venait de se disputer avec Kimmitsu.

– On avait mis exprès le minimum de saké et le moins fort possible, marmonna-t-il. Solène, tu devrais vraiment t'asseoir un moment... Te reposer, un peu, tu as le temps de parler à tout le monde.

Exactement, allez, hop ! Gaby leva légèrement les yeux au ciel, regardant presque aussitôt ses enfants, plus loin, qui semblaient s'être endormis, malgré le bruit ambiant. Un vieil homme s'arrêta un instant pour les regarder puis repartit, son verre entre les mains. Tant mieux... Elle n'aimait guère qu'on les approche de trop près. Elle aurait pu les laisser en France, bien sûr, mais n'avait pas eu le cœur à les laisser derrière elle, même pour trois jours, alors que Julien se réveillait déjà toutes les nuits à cause de cauchemars. Avec ça, elle préférait les avoir sous le nez, être sûre qu'ils étaient bien près d'elles, en sécurité, protégés, prête à agir au moindre souci. Ce n'était pas de la paranoïa mais de la simple prévention. Même si elle avait du mal à manier la foudre depuis les orages, il lui restait l'eau et elle n'ignorait pas comment s'en servir pour trucider le prochain qui s'approchera trop près de ses enfants. Déposant la serviette, elle tenta de faire remuer sa sœur, occupée à marmonner qu'elle se sentait très bien. Ben voyons. Elle allait bien, à part le fait qu'elle ne pouvait sûrement pas tenir debout toute seule et que ses idées étaient rendues obscures par l'alcool. Il y avait-il un siège à proximité ?

– Gaby, murmura-t-elle, pourquoi tu es partie de la maison quand tu avais mon âge ? demanda-t-elle en relevant la tête pour la regarder. Mère m'a raconté... Tu es partie, tu avais tout quitté comme ça... Et personne n'était d'accord ou ne comprenait... Pourquoi tu avais fait ça ? Tu n'étais pas bien dans ta famille ?

– J'étais plus jeune, Solène, j'avais dix-huit ans, soupira-t-elle. Je suis partie car je n'étais pas faite pour être la femme modèle et la jolie plante verte qu'on attendait de moi. Car je ne voulais pas me marier au "bon parti" que m'avaient trouvé mes parents. Car je voulais vivre ma vie et voir autre chose. Ma famille m'étouffait, j'avais besoin de liberté. C'est aussi simple que ça et je ne regrette rien.

Oui, c'était vraiment simple, quand on y songeait bien, et oui, elle pouvait expliquer à quel point, à l'époque, sa famille l'avait prodigieusement gonflée, au point de la faire fuir, de fuir toute cette société qu'elle en supportait plus, trop hypocrite, mielleuse, attachée à des principes dépassés, des valeurs qui n'en étaient pas, tout ce qui lui donnait envie de vomir, tant elle ne s'y retrouvait pas. Avait-elle blessée ses parents, en agissant ainsi ? Très certainement et même si de l'eau avait coulé sous les ponts depuis, même s'ils avaient su pardonner en partie, elle ne comptait pas s'excuser de ce qu'elle avait fait. Surtout pas aujourd'hui, alors qu'elle avait construit toute sa vie et son identité sur ses choix de l'époque. Elle frotta doucement le dos de sa sœur pour la pousser  s'asseoir, lui donnant ensuite un verre d'eau. En se redressant, elle vit un autre homme approcher, avec un air fier et assez hautain, accompagné d'une femme qui devait être un peu moins âgée que Kimmitsu. L'homme qui jeta un long regard profondément dégoûté à Solène, méprisant, sans même se cacher. Il se mit aussitôt à cracher quelque chose en Japonais, pointant Kimmitsu du doigt puis Solène. Détail de trop, aux yeux de Gabriella, qui se rapprocha de sa sœur pour se mettre devant elle, faisant face à ce type en lui jetant un regard brûlant de colère.

– Comment dit-on "pauvre abruti" dans ta langue ?! siffla-t-elle, furieuse, pour Kimmitsu. Si ce type est un de tes amis, je comprend beaucoup mieux pourquoi tu es venu en France, l'ambiance est magnifique, depuis toute à l'heure, on ne sent que du mépris et de la rancœur.

Elle allait en rajouter, furieuse de voir ces gens qui dénigraient sa sœur sans même la connaître, lorsque le frère de Kimmitsu parla à son tour, d'une voix ferme mais ne restant poli. Kimmitsu avait n air terriblement blasé, à présent, allant vers Solène puis l'aidant à se lever, la prenant dans ses bras, d'une façon assez protectrice. Il parla au type dans sa langue maternelle puis tourna la regard vers son frère, le regard assez brûlant.

– Laisse tomber, Josuke, dit-il en Français. Ça n'a aucune importance, c'est du passé.

– La connerie n'a pas de frontières, reprit Gabriella en posant un regard glacial sur son interlocuteur. Mais l'un de vous devrait lui dire de plus jamais insulter ou menacer ma sœur. Je n'ai pas besoin de parler la même langue pour lui faire comprendre que je ne vais pas contenter de lui reprocher en criant, il y a des manières plus radicales.
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MessageSujet: Re: Shinzen kekkon   Shinzen kekkon EmptyLun 23 Nov - 21:40

[PNJ Kazuo Sasaki, 65 ans, père d'Imari.]

Méprisable, il n'y avait guère d'autres mots ! Et d'autant plus incompréhensible que son bon ami, Daisuke, lui avait pourtant affirmé avoir répudié son fils, suite à cet affront. Il était venu leur rendre visite, afin de présenter ses excuses, ne comprenant pas l'attitude son troisième enfant, qui avait couvert de honte Imari et profondément déshonoré sa propre famille. Il l'avait renié, répudié, pourtant ! Rejeté après qu'il ait refusé d'obéir à son père et de se comporter en homme respectable. Daisuke en avait terriblement blessé et déshonoré, avait-il eu besoin de cela après la guerre, d'être poignardé dans le dos par un de ses propres enfants ?!  Kazuo avait refusé de croire que ce fils renié était revenu, avec une femme étrangère qu'il compatit épouser, mais force lui était d'admettre, en cet instant, que tout était vrai. Il posa un long regard brûlant de colère et de rancune sur Josuke, qui avait permis à son frère de remettre les pieds dans cette maison et pire encore, avait autorisé ce mariage. Avec cette... Cette... Cette ridicule petite gamine blonde, qui ignorait tout de leur langue et leurs coutumes ! Et lui... Il osait revenir dans ce pays, dans cette maison, après avoir trahi son propre père d'une façon aussi odieuse. Jamais il n'aurait pu le croire sans le voir. Pourquoi diable ne restait-il pas pour de bon en France, si ce pays lui plaisait tant ?! Il y était bien mieux, qu'il y reparte, sa présence était un outrage à la mémoire de Daisuke Nakajima.

Savait-il, ce pur fils indigne, ce qu'Imari avait dû endurer après avoir été ainsi répudiée ?! Elle était son unique enfant, sa malheureuse épouse étant morte en la mettant au monde. Il l'avait élevé seul, avec le plus de dignité et d'intégrité possible, lui cherchant un gendre sérieux et responsable dès qu'elle avait été en âge de se marier, afin de lui assurer un avenir et lui permettre de fonder un foyer heureux. Tout avait été détruit lorsque ce... Ce... Il ne trouvait même pas de mots assez forts ! Il l'avait rejeté, trahie. Suite à cela, son père n'avait pu lui  trouver un nouveau mari, car qui voulait d'une femme ayant été ainsi rejetée ? Il lui avait fallu bien des années avant de pouvoir enfin la marier, à un homme veuf cherchant une seconde épouse. Le couple vivait toujours sous son toit et avait eu deux enfants. Sa fille, qu'il avait élevé avec amour et force, avait tellement souffert à cause de ce... Et il osait revenir ainsi ! S'affichant au bras d'une étrangère, qui n'avait elle-même visiblement aucune dignité ni savoir-vivre. Ce mariage répugnant était une grossière mascarade, une insulte de plus portée à la face du monde, un nouveau crachat au visage de l'honorable Daisuke. Ah, que devait-il souffrir en voyant ce si triste tableau ! En voyant que son fils premier-né laissait les enfants reniés revenir au foyer, en voyant une étrangère porter son nom ! Tout cela était véritablement terrible.

– Cette gamine fait vraiment mauvais genre, lui souffla un de ses amis en prenant un verre. Regardez-la, on dirait qu'elle est ivre. Et cette autre femme, l'autre Française ?

– Sa sœur, sans nul doute, répondit son gendre en buvant une gorgée. Je ne comprends juste pas comment cet homme ose remettre les pieds ici alors que son père l'a répudié. Il ne manque pas d'air.

Certes, elle n'était pas du même monde, elle était... Il ne saurait qualifier cela. Elle ne respirait que bêtise et naïveté. Quand à sa sœur, Kazuo avait l'impression de regarder un véritable serpent, son regard était bien trop glacial pour être naturel. Il ne put supporter longtemps le spectacle pitoyable qu'offrait la "mariée", posant sa main sur celle que sa fille avait posé sur son bras, tâchant de la réconforter. Si Kimmitsu était un homme sans vertus ni honneur, il était préférable qu'elle ne l'ait pas épousé, mais en aucun cas, ce n'était pas de sa faute ! Bien au contraire, elle avait beaucoup souffert de ce rejet et son père la soutiendra jusqu'à sa mort. Kazuo eut un reniflement de pur mépris en s'approchant de du petit groupe avec sa fille, aussi dégoûté qu'affligé en voyant cela. Il pointa Kimmitsu du doigt en lui disant d'un ton lourd et méprisant qu'il ne devrait même pas oser se présenter ici après avoir été renié par son père ! Encore plus avec ça, cette petite idiote qui ignorait absolument tout du respect et des bonnes manières. Il allait ajouter que le pauvre Daisuke devait s'en retourner dans sa tombe lorsque l'autre Française se rapprocha, grognant une tirade dont il ne comprit pas un traître mot, ce qui la rendit plus méprisable aux yeux du vieil homme. Lorsqu'on se rend dans un pays, on fait l'effort d'en parler la langue ! Mais elle devait être comme sa chère sœur, une pauvre idiote sans la moindre cervelle ni éducation.

– C'est encore plus méprisable que ce que je pensais, siffla-t-il, très raide.

Josuke prit la parole à son tour, d'une voix qu'il voulait sans doute ferme, mais resta poli, tâchant de défendre son frère. Jusqu'où allait-il encore pousser le ridicule ... ? Daisuke devait être bien malheureux de voir de tels enfants, qui ne le respectaient pas et continuaient ainsi à le déshonorer. Un tel affront... Désobéissance, déshonneur, qu'il y avait-il de pire ? Pourquoi les choses avaient tourné ainsi alors qu'il avait toujours eu à cœur d'élever chacun de ses enfants du mieux possible ?! Kazuo l'avait très bien connu, l'ayant côtoyé toute sa jeunesse et étant parti en guerre côte à côte, luttant ensemble sur ces immenses champs de bataille. Unir sa fille avec son fils avait semblé si naturel. Mais les démos s'étaient mêlés de cette histoire, qui était devenue une tragédie. Kimmitsu aida tout à coup la pauvre petite chose qu'il avait épousé à se relever, la prenant contre lui, en disant que cela n'avait plus une grande importance aujourd'hui, c'était du passé. L'ancien samouraï haussa un sourcil méprisant, alors qu'il ajoutait autre chose en Français pour la blondasse. Aucune importance, vraiment ?! Voulait-il donc vraiment s'acharner encore et encore à poignarder la mémoire de celui qui lui avait donné la vie ?! La Française en rajouta à son tour et il lui jeta un regard condescendant et hautement méprisant. Furieux. Dégoûté.

– Les années ne suffisant pas à essuyer un pareil déshonneur, cracha-t-il pour Kimmitsu. Daisuke t'a répudié, comment oses-tu revenir et souiller ainsi sa mémoire ?! Cracher au visage de tous tes ancêtres et affliger les tiens d'encore plus de honte en épousant cette petite idiote sans honneur ?! Il n'y a rien de plus grave que le crime dont tu t'es rendu coupable !

– Rien ? répondit Kimmitsu tout à coup. Rien, vraiment ?

Il se mit à sourire, secouant légèrement la tête, d'une façon si cynique que Kazuo en fut encore plus outré. Qu'il y avait-il de si drôle ?! Couvrir de honte les siens n'était pas un sujet de plaisanterie ! Il ajouta une phrase en Français et lui et la blondasse se mirent tout à coup à rire, fortement, attirant l'attention de toute la salle, d'un rire à la fois moqueur et glacial, avec une pointe de mépris évidente. Le vieil homme fut vraiment à deux doigts de le frapper, repoussant sa fille derrière lui en lui disant d'aller retrouver son époux et les enfants avant que tout ne dégénère. Kimmitsu et l'étrangère riaient toujours, ne calmant qu'au bout d'une ou deux minutes. La blondasse emmena atout à coup sa petite sœur avec elle, plus loin, la soutenant par un bras, tandis que Kimmitsu se tournait vers lui, toute trace de rire ayant quitté son visage. Il avait enfin un air sérieux, rappelant curieusement ce lui qu'avait pu avoir son père, ce qui était très perturbant.

– Vous me faites pitié, soupira-t-il. Vous êtes l'une de ces personnes tellement pétries de principes anciens qu'elles ignorent comment avancer et évoluer. Vous croyez pouvoir juger les personnes dont vous ignorez tout. Et vous pensez que le déshonneur et la honte sont les choses les plus graves au monde. C'est pathétique.

– Avoir adopté une autre culture en jetant aux orties ta culture natale ne t'autorise pas à la dénigrer de cette façon, siffla-t-il, de plus en plus furieux. Sais-tu à quel point ton père a eu honte, en venant me rendre visite ?! A quel point il a pu être malade de voir son propre enfant le poignarder dans le dos ?! Il en a tellement pleuré, je le revois encore, son propre fils rejetant son autorité, n'éprouvant aucune reconnaissance, prêt à tout renier pour partir dans un autre pays ! Ta seule présence ici est une injure à sa mémoire ! N'éprouves-tu donc aucune honte ?! Aucun regrets ?!

– Mes seuls regrets iront pour les six enfants dont je n'ai rien pu faire pour les sauver, répliqua-t-il d'un ton froid. Pour la petite Emilie, également, je regrette de n'avoir rien pu faire pour elle, d'avoir appris sa mort alors qu'elle avait à peine dix ans. Mais mes regrets ne seront jamais pour la fierté bafouée d'un homme à qui une part de contrôle a échappé, fut-il mon propre père.

Kazuo fut encore plus profondément dégoûté par cette réponse que par tout le reste. Son visage rougit un peu plus alors que Kimmitsu repartait rejoindre sa femme et sa nouvelle belle-sœur, les laissant là. Kazuo porta un regard brûlant sur Josuke, outré.

– Comment peux-tu accepter tout cela ?! Qu'il revienne alors que Daisuke l'avait renié ?!
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Josuke Nakajima
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Josuke Nakajima
MessageSujet: Re: Shinzen kekkon   Shinzen kekkon EmptySam 5 Déc - 17:03

Le mariage se déroulait, pourtant, très bien. Solène avait respecté la tradition, avait suivi les gestes de Kimmitsu minutieusement et n’avait commis aucune impudence. Seule son état d’ébriété avancé témoignait de son manque d’habitude mais ce n’était pas un signe de culture étrangère, sa belle-sœur n’avait seulement pas l’habitude de boire. Personne ne pouvait le lui reprocher. Pourtant, l’ambiance était tendue. Les membres de leur famille félicitaient la jeune mariée mais sermonnaient Kimmitsu, lui renvoyaient des regards lourds de sens, ne lui adressaient qu’à peine la parole en se focalisant sur Solène et Solène seule. Elle avait fait ses preuves avec cette cérémonie, elle avait montré qu’elle était de bonne volonté et qu’elle pouvait très bien être une épouse respectable. De plus, la jeune Française n’avait que dix-huit ans, c’était un bon âge pour se marier. Kimmitsu, lui, en avait quarante-deux... En dehors de cet important écart entre eux deux, attendre plus de vingt ans pour se marier, revenir ici sous les yeux de la femme qu’il devait épouser, était très mal vu.

C’est pourquoi Josuke avait incité son frère à le rejoindre pour aller féliciter les mariés. Comme depuis le jour où il leur avait annoncé son projet de partir, ils continueraient à le soutenir et à le défendre face à leur famille, coûte que coûte. Personne n’avait besoin de le critiquer, Kimmitsu avait refait sa vie et s’en sortait plus ou moins bien. Oui, la France inquiétait Josuke, il aurait aimé hurler à son petit frère de rester à ses côtés, de ne pas y retourner... Mais ce n’était là qu’un désir égoïste. Les élèves avaient besoin de lui, en France, Gabriella aussi. Et Genji... Il se promit intérieurement de le ramener si le danger devait trop grand et si Kimmitsu n’y arrivait plus. Mais son fils avait besoin d’un autre environnement, besoin de développer son don, besoin de grandir sans avoir l’impression d’être emprisonné. Josuke fit un sourire à Munemori et se rapprocha de son petit frère et de sa belle-sœur, un grand sourire aux lèvres. Avec ce qui s’était passé, il était franchement mal à l’aise mais... Kimmitsu n’allait pas les remballer, n’est-ce pas ? Quant à Solène, elle n’avait pas l’air très... Heu... Elle allait tenir le coup, au moins ?

Josuke – Félicitations à vous deux, vous le méritez amplement.

Mauvais plan... Solène faillit se retrouver par terre, bien entamée au saké alors qu’il était très léger. Ils y avaient veillé, sachant que la jeune Française n’était pas habituée, mais cela n’avait pas suffi. S’ensuivit une situation gênante mais adorable, Gabriella gardant sa sœur dans ses bras contre toute attente. Elle s’en occupa, abandonnant son air froid pour la première fois depuis qu’elle était arrivée ici. En la regardant ainsi, Josuke pouvait voir la mère et la grande sœur qu’elle était, la femme attentionnée et protectrice qui siégeait sous ce masque dur et froid. En fait, Solène et elle étaient les deux faces d’une pièce de monnaie, chacune pouvant prendre l’air de l’autre, le gardant bien enfoui mais toujours présent au fond d’elles. Solène, très douce, pouvait faire appel à son côté plus dur et froid s’il le fallait. Gabriella, plus dure et froide, était dotée d’un instinct maternel la poussant à être douce de temps en temps.

Jusqu’à ce que Kazuo, le père d’Imari, se rapproche d’eux en reniflant de manière méprisante... Josuke échangea un regard avec Munemori, sur ses gardes et prêt à défendre Kimmitsu. S’il venait semer la zizanie ou dénigrer les mariés, qu’il reparte, il n’avait rien à faire ici. Ils avaient été invités parce que leurs deux familles étaient amies, rien de plus. Et pourtant, Kazuo n’hésita pas à faire un scandale... Il pointa leur frère du doigt avec un air méprisant, plombant d’un seul coup l’ambiance, disant que Kimmitsu ne devrait même pas oser venir ici après que leur père l’ait renié. Oh, si, il était le bienvenu ! C’était Josuke le chef de famille, pas Kazuo, seul Josuke décidait de qui venait ou non ici. Il avait toujours dit que Kimmitsu serait le bienvenu ici aussi longtemps qu’il vivrait, qu’il ne devait pas se sentir rejeté.

Mais Kazuo n’en resta pas là... Il profitait du fait que la femme de Kimmitsu était étrangère, Française, ne comprenant pas ce qu’il disait. Pire, il traita Solène sans la moindre once de respect, parlant dans leur langue alors que leur pauvre belle-sœur ne devait rien comprendre. Josuke allait s’interposer lorsqu’il remarqua Gabriella qui se rapprochait, apparemment furieuse à cause de ce qu’elle avait vu, jetant un regard noir de colère à Kazuo. En effet, s’en prendre à sa sœur n’était pas la meilleure idée du siècle...

Gabriella – Comment dit-on "pauvre abruti" dans ta langue ?! siffla-t-elle, furieuse, pour Kimmitsu. Si ce type est un de tes amis, je comprend beaucoup mieux pourquoi tu es venu en France, l'ambiance est magnifique, depuis toute à l'heure, on ne sent que du mépris et de la rancœur.

Josuke – Bon, on se calme, un mariage n’est pas un endroit où parler de ce genre de sujet.

Josuke s’adressait directement à Kazuo, gardant un ton poli malgré la fermeté de sa réplique. Il ne voulait pas de règlement de compte ici, ce n’était ni le lieu ni le moment. Peut-être l’ancien futur beau-père de Kimmitsu était-il furieux, vexé, mais il s’était passé plus de vingt ans depuis cette histoire et il faut apprendre à tourner la page. De plus, c’était lui qui décidait, lui qui acceptait son frère ici ou non et pas Kazuo. Quoi qu’il en dise. Kimmitsu aida Solène à se relever, la prenant dans ses bras en la gardant d’un air protecteur. Il dit ensuite, en s’adressant à Josuke en français, de laisser tomber et que cela n’avait aucune importance, que c’était du passé. Le chef de famille hocha la tête, prêt à passer à autre chose, ne voulant pas qu’une dispute se déclenche aujourd’hui tout comme son frère qui essayait de calmer la directrice.

Gabriella – La connerie n'a pas de frontières, reprit Gabriella en posant un regard glacial sur son interlocuteur. Mais l'un de vous devrait lui dire de plus jamais insulter ou menacer ma sœur. Je n'ai pas besoin de parler la même langue pour lui faire comprendre que je ne vais pas contenter de lui reprocher en criant, il y a des manières plus radicales.

Kazuo – Les années ne suffisant pas à essuyer un pareil déshonneur, cracha-t-il pour Kimmitsu. Daisuke t'a répudié, comment oses-tu revenir et souiller ainsi sa mémoire ?! Cracher au visage de tous tes ancêtres et affliger les tiens d'encore plus de honte en épousant cette petite idiote sans honneur ?! Il n'y a rien de plus grave que le crime dont tu t'es rendu coupable !

Kimmitsu – Rien ? répondit Kimmitsu tout à coup. Rien, vraiment ?

... Bon, mission « calmer la dispute » échouée. Josuke grimaça à nouveau, lançant un regard à Munemori alors que Kimmitsu transmettait les paroles de Kazuo à Gabriella en ajoutant qu’il n’y avait rien de plus grave que ce qui s’était passé il y avait vingt ans... avant de partir dans un rire moqueur, glacial et fort qui attira tous les regards des convives vers eux. Mal à l’aise, il fit un signe de la main à leurs invités en leur disant que ce n’était rien, qu’ils ne devaient pas faire attention et qu’ils allaient régler le léger désaccord très rapidement. Il avait du mal à y croire mais aucun autre choix ne s’offrait à eux, ils devaient calmer le jeu et régler ce problème, quitte à pousser Kazuo à s’éloigner pour ne plus faire de scandale là où il n’en a pas le droit.

En même temps, Josuke surveillait leur semeur de troubles du regard, sachant qu’il n’en était qu’à deux doigts de frapper Kimmitsu mais refusant de les empêcher de rire. Une bonne petite humiliation lui ferait du bien, même si penser ainsi était indigne de lui. On ne s’attaquait pas à son frère le jour de son mariage ! Surtout en lui reprochant de venir fêter cet événement si spécial dans son pays natal, entouré de sa famille. Ils ne se calmèrent qu’au bout d’une ou deux minutes, Josuke pas le moins dérangé du monde, avant que Gabriella ne s’éloigne avec sa petite sœur. Très bonne idée, mieux valait ne pas tenter le diable et les éloigner toutes les deux. Il n’avait pas envie qu’un incident ne se produise à cause d’une dispute. Kimmitsu, lui, redevint sérieux, toute trace de rire envolée au moment où il se tourna à nouveau vers Kazuo. Il avait cet air que prenait leur père lorsqu’il était déterminé mais blasé, un air... Non, il était incapable de le qualifier clairement.

Kimmitsu – Vous me faites pitié, soupira-t-il. Vous êtes l'une de ces personnes tellement pétries de principes anciens qu'elles ignorent comment avancer et évoluer. Vous croyez pouvoir juger les personnes dont vous ignorez tout. Et vous pensez que le déshonneur et la honte sont les choses les plus graves au monde. C'est pathétique.

Kazuo – Avoir adopté une autre culture en jetant aux orties ta culture natale ne t'autorise pas à la dénigrer de cette façon, siffla-t-il, de plus en plus furieux. Sais-tu à quel point ton père a eu honte, en venant me rendre visite ?! A quel point il a pu être malade de voir son propre enfant le poignarder dans le dos ?! Il en a tellement pleuré, je le revois encore, son propre fils rejetant son autorité, n'éprouvant aucune reconnaissance, prêt à tout renier pour partir dans un autre pays ! Ta seule présence ici est une injure à sa mémoire ! N'éprouves-tu donc aucune honte ?! Aucun regrets ?!

Kimmitsu – Mes seuls regrets iront pour les six enfants dont je n'ai rien pu faire pour les sauver, répliqua-t-il d'un ton froid. Pour la petite Emilie, également, je regrette de n'avoir rien pu faire pour elle, d'avoir appris sa mort alors qu'elle avait à peine dix ans. Mais mes regrets ne seront jamais pour la fierté bafouée d'un homme à qui une part de contrôle a échappé, fut-il mon propre père.

Josuke sentit une chape de plomb lui tomber dans l’estomac, pâlissant un peu en écoutant son petit frère. Petit frère qui avait grandi, changé, que ce soit dans le regard, les paroles ou le comportement... Ses pensées n’étaient plus les mêmes, la France l’avait changé et le changerait encore à cause de tout ce qu’il y vivait. Malgré lui, Josuke chercha son fils du regard, inquiet, le trouvant un peu plus loin avec d’autres invités de son âge. L’envoyer en France était dangereux, il le savait. Mais quelle autre solution avait-il ? Ici, Genji déprimait, se laissait aller et risquait clairement de risquer sa vie à cause de l’ambiance. Là-bas, par contre, il y avait toujours un espoir pour que les choses s’arrangent, pour que la directrice et Kimmitsu le protègent. N’est-ce pas ? Josuke regarda son frère s’éloigner, pensif, lèvres pincées. Il allait le protéger, il en était capable.

Kazuo – Comment peux-tu accepter tout cela ?! Qu'il revienne alors que Daisuke l'avait renié ?!

Josuke – Justement, notre père l’avait renié, pas moi, dit-il calmement. Kimmitsu est mon frère, notre frère, et il sera toujours le bienvenu dans cette maison, il y trouvera toujours l’appui et le réconfort qu’il recherche. Il se bat pour des enfants, les préserve d’une mort certaine et respecte ses valeurs. A moi, ça me suffit pour l’accepter ici.

Josuke fit une pause pour laisser le temps aux mots de s’imprégner dans l’esprit de son interlocuteur, le regardant dans les yeux sans ciller. Il espérait avoir été très clair là-dessus, refusant d’entendre à nouveau des paroles dénigrantes envers son frère. Kimmitsu pouvait passer autant de temps qu’il le voulait ici, les portes lui seront toujours ouvertes et le reste de la famille ne semblait pas être dérangé par sa présence. Du moins, pas devant lui, tout le monde respectait le choix de Josuke et c’était mieux ainsi. Il fit signe à son frère d’y aller, annonçant qu’ils allaient retrouver les mariés comme ils ne pouvaient pas les voir très souvent.

Josuke – Et j’espère avoir été clair là-dessus. J’ai confiance en Kimmitsu et je suis le chef de cette famille. Si sa présence vous dérange, rien ne vous empêche de prendre congé, nous l’accepterons. Sinon, profitez de la fête, je ne vous en empêche pas non plus.

Sans rien ajouter de plus, Josuke rejoignit ses frères, Gabriella et Solène, ne regardant plus Kazuo. Il avait dit ce qu’il avait à dire, plus la peine de revenir là-dessus. Il lança un regard à Kimmitsu, hochant la tête pour lui faire comprendre que son ancien futur beau-père ne devrait plus les déranger, que l’incident était clos, avant de reporter son regard sur Solène.

Josuke – Est-ce que ça va mieux ? Si tu veux aller te reposer, tu peux, tu as déjà fait le tour des invités et personne ne t’en voudra d’avoir pris une pause. Ou peut-être veux-tu quelque chose pour te remettre d’aplomb ?
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Solène Nakajima
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MessageSujet: Re: Shinzen kekkon   Shinzen kekkon EmptySam 16 Jan - 22:14

– J'étais plus jeune, Solène, j'avais dix-huit ans, soupira-t-elle. Je suis partie car je n'étais pas faite pour être la femme modèle et la jolie plante verte qu'on attendait de moi. Car je ne voulais pas me marier au "bon parti" que m'avaient trouvé mes parents. Car je voulais vivre ma vie et voir autre chose. Ma famille m'étouffait, j'avais besoin de liberté. C'est aussi simple que ça et je ne regrette rien.

Ah, donc elle était déjà indépendante et voulait vivre sa vie ? Solène hocha la tête avec lenteur, sentant un mal de tête plutôt costaud poindre dans son crâne. Aïïïïe... C'était légal de frapper comme ça la tête des gens avec un marteau ? Elle s'accrocha à sa sœur lorsqu'elle la fit s'asseoir sur une petite chaise, la remerciant pour le verre d'eau qu'elle lui tendit avec reconnaissance. Pitié, elle avait vraiment mal, là, personne n'avait de médicament ? Ou un truc pour aller mieux, n'importe quoi, elle ne se sentait pas très bien, comme détachée de son propre corps. Solène remarqua à peine les nouveaux venus, près de leur petit groupe, reposant le verre d'eau pour mieux examiner les motifs de son kimono de mariage. C'était... des fleurs ? Non, des oiseaux. Jolis, en tout cas. Elle sourit toute seule en glissant les doigts sur le beau tissu, reconnaissante envers sa nouvelle belle-sœur qui l'avait aidé à s'habiller, se coiffer et se maquiller. Par contre, ils auraient dû mettre de l'alcool moins fort, quand même, elle ne buvait jamais et avait peur de s'écrouler par terre. Si Kimmitsu était mal à l'aise à cause d'elle, ce sera très mal, elle ne voulait pas lui faire honte. Elle s'appliqua à respirer comme il faut, se frottant un peu les yeux en voyant Gaby se mettre devant elle, comme lorsqu'elle protégeait quelqu'un. Ah, il y a une personne qui ne devait pas aller très bien.

Elle fit un effort pour se lever, se tenant à son nouveau mari, qui discutait avec un autre homme, dans leur langue. La jeune mariée ne comprenait pas un mot mais le ton de la discussion semblait plutôt agressif. Perdue, elle regarda tout le monde pour essayer de s'y retrouver, fronçant légèrement les sourcils en voyant l'air de sa grande sœur. Quand elle était comme ça, c'est qu'elle voulait frapper quelqu'un, donc attention. Qui l'énervait ? Et qui se disaient-ils ? Elle voulut poser la question, juste au moment où Gabriella l'entraîna plus loin avec elle. Solène balbutia qu'elle n'avait pas compris, portant une main à son front, entourée par les bras de sa sœur. Il y avait beaucoup de bruit et elle avait affreusement mal, mais bon, ça allait passer, tout va bien. Il y avait de l'eau, ici ? Elle se servit un autre verre, faisant un effort pour sourire et remercier les quelques personnes qui vinrent la féliciter. Là, c'est bon, elle allait très bien. On inspire, on expire, on inspire, lentement, profondément, voilà. Elle avait si chaud... Remuant un peu, elle se frotta les tempes, tenant debout toute seule, bien qu'elle se sente plus faible. Le saké était définitivement trop fort, elle était désolée, c'était douloureux, pour une cérémonie matrimoniale. Personne ne lui avait dit qu'elle aurait dû s'entraîner à boire ! Ça lui aurait semblé très bizarre, en plus, pour un mariage.

Kimmitsu vint la rejoindre assez vite, suivi par ses frères, peu de temps après. Le visage de la jeune blonde s'éclaira aussitôt d'un magnifique sourire lorsque son mari revint près d'elle, se blottissant aussitôt dans ses bras avec bonheur. Maintenant, oui, ça allait mieux, beaucoup mieux. Il l'aimait, il l'avait épousé, elle était mariée, ils auront des enfants qui viendront courir dans cette maison lorsqu'ils rendront visite à leurs oncles et tantes. Elle avait hâte d'être enceinte, de pouvoir crier au monde tout entier qu'elle attendait un enfant, de voir son ventre gonfler par la grossesse. Elle était prête ! Toute heureuse, elle posa son front contre l'épaule de Kimmitsu, imaginant leur vie à deux, à Gray, en tant que mari et femme. C'était une nouvelle étape, cette journée était d'une importance capitale, pour elle, elle refusait que quoi que ce soit vienne tout gâcher. Comment appelleront-ils leurs enfants ? Elle était sûre que leur enfant sera très, très mignon. Roh, ce serait bien s'ils avaient une petite fille. Avec les yeux de son papa et le sourire de sa maman.

– Est-ce que ça va mieux ? Si tu veux aller te reposer, tu peux, tu as déjà fait le tour des invités et personne ne t’en voudra d’avoir pris une pause. Ou peut-être veux-tu quelque chose pour te remettre d’aplomb ?

– Oui, ça va, sourit-elle avec douceur. Je voudrai une petite fille... Avec tes yeux, aussi, c'est important.

Elle se redressa pour embrasser son mari, visant sa bouche et atterrissant sur le coin des lèvres, avec maladresse étant donné qu'elle n'avait pas encore les idées très claires. Même si elle était fatiguée, pas question de s'éclipser, c'était le jour de son mariage, tout de même ! Elle voulait en profiter, vraiment, faire que ce soit une journée parfaite. Elle était peut-être jeune mais se sentait prête à devenir maman.

– Il, souffla-t-elle, il y a des gens qui te regardent méchamment... Je croyais que tout le monde sourirait, comme c'est un mariage. Mais là... Même, tout à l'heure... Pourquoi ta mère me fixe comme ça ?

Elle se fourra aussitôt tout contre Kimmitsu, gênée, les joues soudain très rouges, peu importe que cela apparaisse comme ridicule. Elle n'avait rien fait ! Pas vrai ? Ou si ? Elle avait commis un impair ? On avait un truc à lui reprocher ? Si elle allait s'excuser tout de suite ? Elle amorçait le mouvement lorsque Kimmitsu la rattrapa par la taille en disant qu'elle n'y était pour rien et qu'elle ne devait pas faire attention. Ah bon ? Mais... Il s'agissait de sa mère, tout de même... Il était sûre de lui ? La jeune mariée jeta un regard très discret et prudent par-dessus son épaule, voyant qu'il y avait bien d'autres à les regarder d'un sale œil. Elle avait vraiment dû faire quelque chose de mal et personne n'osait lui dire. Elle pouvait s'améliorer si on lui disait où elle avait commis un impair, tout le monde pouvait le lui faire remarquer pour qu'elle s'améliore.

– Je dois y aller, dit tout à coup sa sœur. Merci pour l'invitation, c'était une cérémonie intéressante. On se revoit plus tard.

Déjà ? Mais... Solène entrouvrit la bouche avec un petit air peiné. Pourquoi partait-elle déjà ? Il venait d'y avoir un problème en France et elle devait vite y retourner pour le régler ? Elle avait dit « je dois », donc il avait encore dû se produire quelque chose. Faisant la moue, Solène l'embrassa sur la joue avant qu'elle ne récupère ses enfants et aille se changer, prendre son sac puis filer. La jeune mariée soupira un peu, se consolant en disant qu'elle pourra la voir bien souvent en France, c'était bien plus facile que son mari avec ses frères et sœurs, trop éloignés pour qu'il leur rendre visite assez souvent. Ils passeront peut-être le nouvel an ici ? Et Noël chez ses propres parents, ce sera bien. La mère de Kimmitsu vint tout à coup vers eux, après avoir jeté un très long regard à Gaby qui venait de filer avec ses enfants, son sac sur le dos.

– Donc, dit-elle en Français, d'un ton agressif, cette femme a tourné le dos a sa famille, laissé tomber ses parents, refuser d'écouter les siens, et est partie au loin en se moquant de toutes les convenances ? Et c'est elle que tu as choisi d'aider, mon fils ?

Hum, du calme, c'était de sa grande sœur dont elle parlait ! Grande sœur dont elle avait découvert l'existence il y a à peine trois mois, mais grande sœur tout de même. Son mari resta parfaitement impassible, la serrant un peu plus fort contre lui en hochant la tête. Elle lui coula un regard assez inquiet, heureuse intérieurement que Gabriella n'entende pas cette conversation, elle était déjà un peu trop à cran, ces derniers temps.

– C'est aussi cette femme qui défend des centaines d'enfants, met de côté sa propre santé et sa sécurité pour défendre ses valeurs, qui a sacrifié bien des choses pour protéger ses élèves et qui en déjà aidé beaucoup. Sans elle, je serai mort cette année, en juin.

Solène pâlit un peu, serrant les doigts sur lui, par réflexe. Il ne fallait pas dire des choses pareilles ! Il s'en serait sorti malgré tout, il était solide, elle avait une entière confiance en lui. Et puis, c'était sa maman, parler ainsi... Elle fit un immense effort pour s'éclaircir les idées et l'aider à se défendre, encore embrumée à cause de l'alcool. S'il ne la tenait pas, elle aurait sans doute du mal à rester droite, détail qu'elle veillait à dissimuler.

– Mort... Et tu n'as toujours rien dit sur ça, rien expliqué ! Tu te moques toujours autant de ta famille... Rien n'a changé, pour ça. Je me demande même pourquoi tu es revenu ici, si tu n'as que faire des tiens. Si tu préfères vivre en France à défendre une femme qui... Ah, je ne trouve même pas les mots ! Pourquoi restes-tu dans ce pays ?! Et ne me dit pas que ce n'est que pour soutenir cette femme !

– Il y a aussi les élèves du pensionnat, mère. Ce n'est pas juste un travail, beaucoup de ces enfants ont perdu tous repères, ils n'ont plus de familles, plus de soutien, plus d'avenir, car leurs parents ont refusé de les accepter tels qu'ils étaient. Ça arrive dans tous les pays.

La rancœur était bien visible, dans sa voix. Solène n'osait absolument rien dire, pas plus que ses beaux-frères, à côté d'eux, se faisant toute petite dans les bras de Kimmitsu. Sa mère avait rougi puis déclaré d'une voix bien plus froide que rien de ce genre ne serait passé s'il avait lui aussi pris la peine de ne pas se servir de son don ou très peu et qu'il avait fait des efforts pour avoir plus de respect envers son père. Elle ajouta aussitôt qu'il avait toujours fallu le reprendre et le sermonner, même assez jeune, car il était incapable de respecter son père, que c'était honteux. Solène se sentait de plus en plus gêné, très rouge, tête baissée. Elle voudrait bien s'en aller mais Kimmitsu la tenait avec fermeté, elle pouvait le sentir trembler un peu contre elle, bien qu'elle ignore si c'était de peine ou de colère.

– Même aujourd'hui, tu ne tiens plus compte de ce qu'il t'a enseigné, sur aucun sujet ! Alors que tu es son fils ! Et ne parlons même de tout ce que tu as déjà bafoué... Te marier aussi tard, renier tant de principes de ta culture.

Durant un moment, la jeune femme crut que son mari allait renvoyer balader sa propre mère mais il ne répondit pas, se mordant juste un peu les lèvres lorsqu'elle lui jeta un regard noir. Même elle pouvait voir qu'il ne se contenait qu'à très grande-peine pour ne pas crier ou... Elle ne savait pas trop mais elle sentait qu'il était terriblement tendu. Il la serrait très fort contre lui, maintenant, au point qu'elle finit par se demander lequel soutenait l'autre.

– Il était difficile d'avoir de bonnes relations avec mon père, étant donné la haine qu'il avait pour ce genre de pouvoirs. Et pour ceux qui ont du mal à accepter une certaine forme d'autorité.

Ils pourraient passer à autre chose, non ? Aller parler aux invités, boire un verre d'eau, danser, discuter, sortir prendre l'air, se reposer, ce genre de choses ? Non ? Ce n'était pas censé virer au règlement de compte, il s'agissait d'un mariage ! D'un mariage, donc détente, joie, bonne humeur, amusement, discussions, jeux, bonheur, tout cela.

– Tu me fais honte...

Elle tourna les talons pour aller retrouver d'autres personnes, alors que Solène lâchait un très discret soupir de soulagement. Elle aimerait que Kimmitsu oublie cette conversation, même s'il avait eu des maux avec son père, c'était du passé, ils devaient aller de l'avant et ne pas se contenter de regarder loin derrière eux. Elle fit un effort pour sourire, tendant la main pour la poser sur la joue de son mari en lui disant d'oublier tout ça, ils devaient se fixer sur l'avenir, pas sur le passé, qu'il date de quelques mois ou de plusieurs années. Ils étaient tous les deux, c'était l'essentiel.
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