Sœur Alice, terminé

I. LE PERSONNAGE.

• NOM : /
• PRÉNOM : Alice
• DATE DE NAISSANCE : 17 janvier 1900
• ÂGE : 32 ans
• CLASSE OU MÉTIER : Religieuse / Espionne
• DON(S) : /
• STATUT MARITAL : Célibataire
• AVATAR : Lily Rabe

II. LES DESCRIPTIONS.

Une femme de passions, une femme s’engageant toujours si loin dans tout ce qu’elle entreprend. Si loin, dans les extrêmes, sans jamais la moindre demi-mesure. Comme si elle ignorait comment se contrôler. On pourrait la qualifier sans se tromper de personne perturbée. D’abord amoureuse de Dieu, puis lancée dans une course effrénée pour combattre le Diable avec ses propres armes, elle ne se limite pas, elle ne voit pas le monde comme une femme normale le ferait. Et pourtant, ce mode de pensées très particulier lui a aussi permis de comprendre et de percer à nu l’âme Humaine. Elle peut comprendre si bien les tourments et les démons personnels de chacun, lire en eux comme des livres ouverts, déceler dans leurs regard leurs souffrances et leurs peurs dissimulées. Une compréhension de l’âme humaine qui en fait une si bonne espionne, elle peut cerner les gens, quasiment à la perfection, et retourner ce qu’elle apprendre contre eux. Très patiente, elle sait attendre le bon moment pour frapper, tel un serpent. Sans émotions particulières. Seule la cause qu’elle sert lui rappelle qu’elle est encore en vie. Son existence n’est, en dehors du combat, qu’une plaine aride, où elle se sent déjà morte.

Ses habits noir et son voile de religieuse sont ses perpétuels habits, jamais elle ne portera autre chose. Pour seul bijou, elle se contente d’une croix portée autour du cou, sans maquillage. Sous cette allure austère, lorsqu’elle ne sourit pas, se cache un corps qui n’a pourtant rien à envier aux belles femmes. Une chevelure très longue et blonde, attachée habituellement en un chignon serré, sous son voile, dont aucune mèche ne dépasse. Son regard est clair, chaleureux lorsqu’elle est en mission. En dehors, il reste terne, désespérément vide, quoi que très attentif, se posant sur tout et tout le monde. Pour une femme, sa voix est plutôt ferme, légèrement plus grave que la moyenne.

III. L'HISTOIRE.

Ange devenu démon.

Pour servir une cause, il convient de tout sacrifier, y compris ce qu’on pouvait être soi-même. Ce sacrifice, Alice l’a vécu deux fois, dans sa vie. Autrefois, enfant, elle ne s’appelait d’ailleurs pas ainsi mais était la petite Amandine Bénédicte Calmant…

Amandine naquit dans une famille paysanne, dans le Nord de la France, et eut une enfance tout ce qu’il y a de plus classique. Dans sa petite enfance, le travail dans les champs passait bien avant l’école, il fallait bien vivre, nourrir toute la famille, gagner de quoi vivre leur vie. Elle fut bien plus souvent au travail à la ferme que sur les bancs de l’école. A sept ans, elle fit une rencontre qui allait bouleverser le cours de sa vie, en parlant longuement à la Mère Supérieure qui s’occupait alors de l’école primaire du village et qui voulait lui faire comprendre que ses études étaient importantes. Personne ne voudrait d’une épouse qui ne sache qu’à peine lire ou écrire, lui disait-elle. Cette discussion poussa Amandine à s’intéresser à un autre domaine, dont elle avait encore une vision très naïve, la Foi.

Elle se mit à plus s’intéresser aux messes du du dimanche, à la religion et ses mystères, jusqu’à ressentir un appel, de la part de Dieu. A seize ans, elle décida, surprenant toute sa famille au passage, d’entrer dans les Ordres, devenir religieuse. Une réflexion et apprentissage d’un an s’ensuivit, avant qu’elle ne porte le voile, puis se forme plus avant. Une vie de Foi et de paix, retirée du monde, dans un couvent. Une vie sans amour corporel, sans enfants, où elle ne se consacrait qu’à Dieu. Lorsqu’elle quitta le monde pour rentrer au couvent, elle dû laisser son nom de naissance derrière elle et devint alors Sœur Alice. Ce fut pour elle comme une naissance, l’aube d’une nouvelle vie, spirituelle et rythmée par la prière. L’éloignement des vices de ce monde, croyait-elle alors… Elle ignorait que ces vices allaient resurgir dans sa vie, sous une toute autre forme.

La cruauté du monde, elle la redécouvrit dès l’été 1931. Elle était alors en mission en province, et fut prise malgré elle dans la tourmente, lorsque la police décida de se défouler sur la communauté d’élémentaires qui s’était réfugiée dans un ancien hôpital, pour échapper aux violences d’habitants de leur propre ville. Ce qu’elle vit, durant des jours et des jours, alors qu’elle et d’autres Sœurs tentaient de faire arrêter ce cycle de violences, lui fit réaliser que Dieu n’était pas qu’amour. Ou s’il l’était, qu’il y avait bel et bien une autre puissance à l’œuvre. Plus dure, plus pernicieuse, plus abjecte, et peut-être même plus puissante. Une puissance brûlant le cœur des hommes et des femmes, contre laquelle la Foi seule ne pouvait pas suffire. Ni la prière, ni les chants ne pouvaient apaiser cette noirceur.

En ce jour d’été 1931, elle fut violemment frappée par un de ces policiers, qui tenta ensuite de la violer. Ce ne fut pas la Foi qui guida sa main, mais la peur, la colère, l’instinct terrible de survie. Elle put attraper le couteau du soldat, le retourner contre lui, et le tua. La chaleur brûlante du sang qui coula sur ses mains n’était que le reflet du feu qui avait brûlé l’âme de cet homme. Il était mort. Elle l’avait tuée. Et n’en éprouvait aucun regret. Jamais, même, elle ne fut soupçonnée, qui irait croire une religieuse coupable d’un tel crime ? Ce jour là, elle réalisa qu’elle aussi avait cette part de noirceur en elle. Elle réalisa qu’on ne pouvait parfois combattre le mal que par le mal. Ce jour-là, elle mourut et revint au monde une nouvelle fois, comme le jour de ses vœux. Mais il n’était plus question de faire semblant.

Depuis toujours, Alice était une personne passionnée, bien trop, dirait son entourage. Pourtant, en tant que Sœur, elle attirait naturellement confiance et respect. On ne la voyait que comme une petite femme fragile, qui passe son temps à prier et ne prononce jamais un mot plus haut que l’autre. Elle en profita pour entrer dans une lutte active mais secrète, contre l’oppression se mettant en place. Une oppression soutenue plus tard par les « élections » de décembre 1931, puis le début officiel de la guerre civile. Sa guerre à elle était commencée depuis déjà un moment et elle apprenait sur le terrain l’art et la manière de faire. Devenue folle ? Peut-être. La tentative de viol puis le meurtre qu’elle avait commis l’avaient si profondément marquée qu’elle ne voyait plus les choses de la même façon.

Vivre ou se laisser mourir. Combattre ou abandonner. Peut-être avait-elle réellement perdu la raison, oui… Son raisonnement était fondé sur sa vision très scindée du monde, manichéenne, le Bien contre le Mal, la nécessité d’avoir à son tour du sang sur les mains. Elle avait pourtant un don pour se faire aimer et apprécier. Un véritable sourire d’ange, sur un visage radieux, à qui on donnerait le Bon Dieu sans confession. Elle se servait de cela pour approcher ses cibles, dans le but de les faire parler, simplement, ou de les assassiner. Derrière des actes de charité et de bonnes œuvres, elle écoutait, mémorisait, manipulait, intriguait, tuait. Une espionne derrière un habit de religieuse, une espionne qui perdait, chaque jour un peu plus, des étincelles d’Humanité.

IV. DERRIÈRE L'ECRAN.